Deux jours s’étaient écoulés depuis le lancement de la première épreuve. Deux jours de repos où les quatre jeunes élèves ont du apprendre à vivre ensemble. S’entendre, parler et se découvrir. Mais en se levant ce matin Eloan n’avait qu’une crainte c’était que la seconde épreuve ne soit annoncé. Il le craignait à chaque fois qu’il ouvrait les yeux et tout au long de la journée. Mais deux jours c’est long et il sentait que le jour J allait approcher. Et ça ne manquait pas lorsqu’un feufolet vint à leur rencontre. Lumière blanche et pure qui n’inspirait rien de bon au plus jeune des Ponds qui finissait seulement son petit déjeuner. Mine d’appréhension en observant l’entité lumineuse tournant autour d’eux pour leur faire comprendre de le suivre. Un coup d’œil empli d’inquiétude en direction de Hope et les voilà qui se mettaient en chemin.

Suivant le feufolet d’un pas actif, l’équipe numéro quatre fut rapidement rejoint par d’autres feufolets et d’autres équipes. La moitié à en juger au nombre, par rapport à ceux de départ. Dans la foule, Eloan pu distinguer son grand frère @Aidan Ponds avec sa propre équipe. Par pudeur et pour ne pas s’inquiéter d’avantage, il avait cependant choisi de rester proche de @Moira Haywood et d’@Hope Abramovitch et de ne pas s’éloigner. Ils auront tous le temps de parler une fois sorti de l’épreuve. S’ils en sortaient vivants, évidemment. Leurs pas les avaient alors mené jusqu’au parc du château face au grand lac. Mais ce qui attirait l’attention de chaque élève furent ces espèces de bulles géante. Elles étaient immenses et transparentes et pourtant on ne pouvait voir à l’intérieur. Eloan commençait sérieusement à se demander ce qui allait les attendre à l’intérieur mais il tentait de reprendre courage. Il pensait à la récompense finale mais aussi à ses coéquipiers et il ne devait pas faiblir. Leur propre feufolet les emmena face à leur propre bulle, celle dont la porte correspondait à la couleur de leur équipe.

Il ne leur restait plus qu’à entré dedans. Ce n’est pas Eloan qui franchissait le pas de la porte en premier, il restait au contraire en retrait, observateur des autres bulles et des autres équipes les pénétrant. Une fois à l’intérieur, ses prunelles vertes s’étaient posées sur chaque recoin de la pièce à la recherche d’un indice sur ce qui allait les attendre. Déjà personne n’était séquestré et l’équipe restait au complet. Il avait sursauté en entendant la porte se refermer derrière eux mais n’avait rien dit. La porte sans poignée face à eux n’inspirait rien de bon à Eloan qui ne cessait de la fixer. « Quelque chose me dit que ce qu’il y a derrière cette porte ne vas pas nous plaire. » Il avait peur, la première épreuve l’avait totalement effrayé même s’il relativisait toujours quand il en parlait. Pourtant il était le gryffondor du groupe et c’était à lui de représenter le courage. Il en faisait déjà beaucoup pour son jeune âge mais il voulait toujours faire plus.

Ce n’est qu’en remarquant le changement de couleur du feufolet passant du rouge, au jaune, au bleu puis au vert qu’Eloan se concentrait vraiment sur l’entité lumineuse. Qu’est ce que ça signifiait. « Pourquoi la lumière prend la couleur de nos maisons… » Il ne comprenait pas encore où ça voulait en venir tandis que le feufolet continuait inlassablement à changer de couleur jusqu’à s’arrêter sur une. Le rouge. Étrangement Eloan se sentait concerné puisque cette couleur représentait sa propre maison et sans doute lui. Mais pourquoi. « P-pourquoi ça s’arrête sur le rouge ? » Un regard en direction de ses ainés, il déglutissait ne réalisant pas qu’il allait devoir commencer cette épreuve seul. Il était encore trop jeune pour comprendre ce que symbolisait ce feufolet, leur ordre de passage.

Deux jours. Deux jours déjà. Le temps passe vite. Si vite. Trop vite. Surtout quand on se repose. Ca vous a laissé le temps de vous connaître. Bon, t’as pas vraiment fait d’effort. T’es restée dans ton coin. T’adores Eloan. Moira t’énerve. Et t’as encore oublié le nom du serdaigle avec vous - et tu ne feras aucun effort pour le retenir. Tu veux bien faire des efforts pour la vie en communauté. Pour supporter le reste de ton équipe une semaine. Mais faut pas trop t’en demander non plus. Tu regrettes déjà de n’être plus que seule avec eux. Tu veux retrouver Emrys. Pansy. Tes amis. Toussa toussa. T’as besoin de râler. Mais si tu le fais, non seulement tu vas ternir ton image, mais en plus, tu sais que ça va pourrir les relations déjà bancales de votre équipe. Alors tu serres les dents. Tu fais comme si tout allait bien. Mais dieu que tu te lâcherais quand tout ça sera terminé.

C’est pour ça que t'accueille à bras ouverts l’arrivée du feu follet. T’as besoin de te défouler. Et maintenant, tu vas mieux. Alors tu vas te défoncer. Clairement. Tu prends les devants. Tu le suis sans te préoccuper du reste. Tu te doutes que les autres vont suivre. Et puis, t’as besoin d’être un peu seule. Tu ne t’émerveilles même pas devant les immenses bulles devant vous. Rien d’extraordinaire de toute façon. Quoique, ça te donne des idées pour des numéros. Il faudra que tu notes ça plus tard. Pour le moment tu te contentes de fixer la porte colorée devant laquelle on vous a guidé. Et tu vois que personne n’y va. ‘Oh allez, vraiment… Y a personne pour y aller ? Très bien…’ Et tu prends les devants… T’es un peu dépitée. Mais bon. Tu vas te débrouiller pour faire avec. Même la réflexion d’Eloan te gonfle. Tu l’adores Eloan. Mais là, tout de suite… Non. T’as besoin qu’il soit courageux. Au moins un peu. ‘Oh vraiment, tu penses ?’ T’es complètement ironique. Mais sans ça, tu sais que tu ne tiendras pas. Tu t’en veux, juste un peu, mais tant pis.

Le feu follet se colore. Il vire du rouge au bleu en passant par le jaune et le vert. Et ça finit par se stabiliser. Du rouge. Bon. Ca doit être pour Eloan, non ? Pourtant… Il ne semble pas comprendre. Ralalala… Vraiment ? ‘Ca, je crois que ça veut dire que ça veut dire que c’est pour toi. Y a pas de raison que ça se passe mal, hein ?’ Ou si peu. Souviens-toi de la première épreuve. Enfin bon… Vous verrez ça plus tard. Et au pire des cas, vous serez là pour lui. Tu seras là pour lui.

Sauf si t’as la flemme.
Mais bon, l’équipe avant tout, pas vrai ?

Deux jours se sont écoulés depuis la fin de la première épreuve. Comme le reste de son équipe, Moira a écopé de quelques blessures légères et si elle se terre dans un silence monstrueux depuis deux jours, préférant se faire discrète que d’importuner ses camarades, la douce fleur est bien heureuse d’avoir Eloan avec elle. Sa présence la rassure quelques peu et lui rappelle la bienveillance de sa famille, famille qu’elle cotoie depuis déjà plusieurs années. Hope l’effraie un peu par son franc-parler acéré alors elle préfère se taire de que s’attirer les foudres d’une vipère clownesque. Mais la seconde épreuve est déjà à leurs portes alors que la jumelle Haywood grignote doucement son petit-déjeuner.  Un feu-follet s’active devant les yeux et elle échange des regards surpris avec ses camarades et sans trop faire de vague, Moira les suit en silence. Elle imite leur pas et en arrivant face au lac elle essaie d’apercevoir Ethel, sa fratrie pour échanger avec eux des douces sucreries que sont ses sourires. Moira écoute Eloan affirmer que ce qu’il se trouve derrière tout ça n’est pas forcément synonyme de bons présages et la blondinette hoche doucement la tête. L’équipe s’engouffre dans la bulle et la poufsouffle prend quelques secondes pour observer les alentours qui viennent alors de se transformer en pièce. La pièce semble confortable et un léger sourire lui étire les babines alors qu’elle vient s’asseoir sur le canapé de la pièce. Seulement, son regard est attiré par le feu-follet qui s’agite et qui passe par les nuancés de leur maison respective avant de s’arrêter sur le rouge. Moira comprend instantanément et son regard se pose sur le lionceau qui ne semble pas comprendre la signification de ce soudain arrêt. Hope lui explique à sa façon et la blairelle lance un sourire encourageant à Eloan. « Allez Eloan, tu peux le faire. On croit tous en toi. » Elle croit en lui, Moira, bien plus que Hope ou Mirage. Elle sait qu’il va réussir. C’est un garçon futé et courageux. Il n’y absolument aucune raison que cela se passe mal, si ?

Il était dit que les Gryffondor étaient courageux, les Serpentard fourbes, les Pouffsoufle loyaux et les Serdaigles intelligents. Que la force des rouges est au-dessus de tout, que l'on ne peut faire confiance à un vert, que la tolérance des jaunes est sans égale et que les bleus ne connaissent que l'individualité. Tout cela, Mirage n'avait jamais été d'accord avec. Ce n'était que des archétypes donnés et où de nombreuses personnes stoppaient leur regard. Certains traits avaient été confirmés pendant la première épreuve, une évidence des plus simple à déduire sinon personne n’aurait été bien réparti, mais la jeune femme voyait aussi au-delà de ce qu’un blason disait, comprenant l’intérêt de ce tournoi mis en place. Il avait été décrié, mais pas par elle.

Assise avec les membres de son équipe, en ce lundi matin post-première épreuve, la Wind menait une évaluation de cette dernière après ces deux jours de repos. Il y avait eut des erreurs, elle n’avait pas été celle étant en meilleure posture, mais il y avait aussi eut des surprises. Il est vrai que Mirage était partie avec des a priori malgré son ouverture d’esprit. Elle ne connaissait pas vraiment les personnes de l’équipe et n’avait eut que peu de temps pour tenter de les cerner. La proximité présente pendant deux jours avaient aidé, mais elle n’avait pas fini de se faire son avis. Il était impossible de juger quelqu’un si rapidement.

Et c’est pourquoi, elle n’était pas celle se mettant en avant, restant en retrait, observant, analysant et n’intervenant que lorsqu’elle le jugeait nécessaire. Certains pouvaient lui trouver un air hautain ou désintéresser à agir ainsi, mais elle ne faisait qu’appliquer ce qu’elle avait toujours fait en cours. L’adolescente fonctionnait avant tout sur la réflexion et non la précipitation. C’est pourquoi, quand il y avait eut ce feufollet dans la grande salle, jouant sur leur attention, elle était d’abord restée silencieuse, l’observant et cherchant à comprendre sa signification. Il n’y avait pas besoin d’être un génie pour comprendre l’association aux épreuves, mais donnait-il un indice à son sujet ? Était-ce un patronus sensé délivré un message ? En tout cas, contrairement à elle qui prenait le temps de comprendre, Hope avait pris les devants pour suivre l’invocation. Mirage avait retenu un soupir face à cette impulsivité trahissant son empressement, mais elle n’avait rien dit. À quoi bon ? Son but n’était pas de créer des braises à attiser par la suite.

Alors Mirage fermait la marche, suivant le petit groupe dont elle était l’aînée. Une pensée était allée vers sa sœur, sa jumelle, se demandant comment elle s’en sortait. Elle l’avait à peine croisée pendant ce temps de repos mais ne doutait pas de l’efficacité de Esmée.

Le groupe se retrouvait devant une bulle et la septième année n’avait toujours pas dit un mot. Elle était grande cette bulle et l’on pouvait même presque se demander si ce n’était pas une illusion qui allait se briser au moindre contact, s’il n’y avait pas cette porte sur sa surface. Toujours guidés par le feufollet et – ne serait-ce pas de l’impatience de sa part ? – par Hope, ils avaient tous fini à l’intérieur de cette bulle illusoire où Mirage prit appui sur l’accoudoir du canapé. Ceux ayant créé ce « lieu » avaient pris la peine de le meubler de façon précaire, pourquoi ne pas s’en servir ?

« Ne t’en fais pas Eloan, tout devrait bien se passer. Hope a raison. »

Si elle était l’aînée du groupe, Mirage considérait qu'il était dans son rôle d’encourager et de rassurer le plus jeune. C’était à lui de commencer, le feufollet en avait décidé ainsi. S’il avait fait défié les couleurs des quatre maisons de l’école, c’était pour montrer l’individualité de l’épreuve. Les filles ne pouvaient accompagner le Gryffondor, mais la Serdaigle lui apportait son soutien mental.

« Tu as réussi la première épreuve, pourquoi pas celle-ci ? »

Le pousser vers le haut, et même Hope, qui avait été un peu plus brusque avant, s’était montrée encourageante. Moira aussi avait montré son soutien. Même si tous les caractères ne pouvaient s’accorder ensemble, elles étaient toutes les trois d’accord sur le soutien apporté au jeune.

Une profonde inspiration remplissait les poumons du jeune lion, qui lui tentait d’aspirer du courage. C’était à lui d’y aller. Il l’avait de suite bien compris même s’il avait espéré de tout son être se tromper. Il avait jeté un dernier regard déterminé à Hope, Moira puis Mirage. Trois personnes qui comptaient sur lui et qu’il ne voulait pas décevoir. Mais Eloan avait peur, il était terrorisé même. Parce qu’il n’y aurait pas Moira pour s’assurer que tout aille bien, pas Mirage pour analyser minutieusement les situations et surtout pas Hope pour le protéger. Il allait être seul. Mais Eloan était un lion, il devait se montrer fort et surtout fier. C’est pourquoi après avoir inspiré c’est un regard déterminé qu’il avait lancé à chacune de ses équipières y ajoutant un sourire quelque peu forcé. « Bon bah c’est parti »  Malgré tout, sa voix disait une chose mais ses jambes n’avaient pas envie d’avancer et pourtant il y allait sans se retourner, quittant cette salle presque chaleureuse pour rejoindre une autre preuve, sans doute celle le séparant de son épreuve.

Une nouvelle inspiration, avant de la franchir. A peine entré, celle-ci se refermait derrière lui automatiquement avant qu’un bruit sec de verrouillage se face entendre. Plus de marche arrière, il devait aller de l’avant. Il ne comptait pas faire demi-tour. « Bon Eloan, c’est pas le moment d’avoir peur… » Il se parlait à lui-même comme pour réchauffer son cœur de l’ambiance froide. Il était seul face à un couloir sombre. Il commençait à paniquer Eloan. La solitude était son angoisse. Et s’il mourrait là personne ne le saurait. Mais faute de pouvoir ressentir de la compagnie, il savait qu’il pourrait au moins repousser l’obscurité. « Lumos » Il avançait de quelques pas dans le couloir jusqu’à l’apercevoir. Un immense filet du diable, impossible à contourner et dont il ne pouvait voir la fin. Lorsqu’il avait diriger sa baguette en direction de la pieuvre végétal, Eloan avait pu apercevoir ses tentacules se reculer légèrement. Hélas il ne pourra pas faire reculer la plante indéfiniment. Il devait se résigner à la traverser. Difficile compte tenu de son passif avec les végétaux depuis sa précédente épreuve.

Troisième inspiration, le cœur battant la chamade et des sueurs froides dans tous le dos. Eloan avait envie de faire demi-tour et de hurler qu’il abandonne. Mais quel piètre gryffondor il ferait s’il agissait ainsi. Hermione lui avait déjà raconté avoir eut à faire à ce genre de plante lorsqu’elle l’avait aidé à réviser ses cours de botanique en première année. Il ne connaissait plus les circonstances exactes mais il se souvenait grâce à elle de ce qu’il fallait faire pour ce genre de situation. Ne pas bouger. Ce qui allait être horrible et impossible à faire pourtant il n’avait pas vraiment le choix. Un pas en avant, puis deux alors qu’il stoppait l’émanation de lumière qu’il provoquait. Il ne fallut pas bien longtemps à la pieuvre végétale pour se saisir d’abord de sa cheville l’entrainant en son centre sans jamais cesser de l’étreindre un peu plus. Ses bras, ses jambes son ventre et même son cou. Tout allait trop vite et Eloan avait d’abord commencé à se débattre avant de sentir l’étreinte du filet se resserrer tout autour de son cou.  Il avait tenté de fermer les yeux, essayant de penser à toutes les personnes chère à son cœur. Bizarrement, c’est l’image d’Emrys qui l’aida à se calmer. Il devait être comme son ami, paraitre impassible et rester calme.  Quatrième inspiration bien plus difficile que les autres, il ferma ses yeux et tenta de limiter tous ses mouvements. Il essayait d’oublier qu’une plante l’étranglait et ne pas céder à la panique. «Allez Elo, restes calme...»

Et finalement ses efforts sur lui-même paie. Eloan était parvenu à suffisamment se détendre jusqu’à sentir l’étreinte du filet du diable se relâcher. Et c’est sur le sol qu’il s’était étalé maintenant hors de porté des lianes de la pieuvre végétale. Il avait toussé d’abord, portant instinctivement ses mains à sa gorge avant de se redresser. Etrangement, sa première réaction après être parvenu à obtenir ce calme en lui fut de paniquer. Il eut presque comme une difficulté et chercha avec panique sa bagette. Celle-ci était resté toujours bien à l’abri dans sa poche, mais il n’avait qu’une hâter pouvoir se servir à nouveau du sortilège de lumière afin d’observer l’espace autour de lui. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’espace était étroit. Eloan ne se sentait pas du tout à l’aise, bien au contraire. Il faisait froid et humide et un frisson venait de parcourir son échine. Il se demandait ce qui allait l’attendre d’autant plus que maintenant qu’il était sous la plante, il n’allait tout simplement plus pouvoir faire demi-tour. « Allez Elo, t’as affronté une plante, tu peux tout affronter. » Pas de sortie, pas de passage secret, rien. Il ne restait alors qu’au jeune lionceau de suivre les murs de cette cavité.

Malgré tout le jeune gryffondor restait sur ses gardes, observant coins et recoins à l’aide du faisceau lumineux que propageait sa baguette magique. Au fil de ses pas, d’abord douloureux, Eloan avait fini par apercevoir un immense mur de brique semblant être le terminus de ce petit trajet souterrain. Il essayait de rester calme et concentré, mais même le passage d’un rat risquerait de le faire sursauter tant il était à cran. Visiblement ce mur était son prochain adversaire puisqu’il allait devoir l’escalader. Deux options s’offraient à lui. C’est d’abord la longue corde qu’Eloan avait vu mais son regard fut rapidement attiré par l’échelle. Il allait falloir être stratégique. L’échelle semblait être un gain de temps considérable. Seul hic : cette dernière est à première vue légèrement bancale et pas très rassurante, contrairement à la corde qui paraissait neuve mais qu’il allait falloir accrocher. Eloan n’était même pas sûr d’être capable de l’envoyer suffisamment haut pour l’y accrocher. Son instinct lui conseillait de se servir de l’échelle. Il se sentait épuisé et s’il possédait grâce au quidditch une bonne condition physique, il se disait qu’ajouter des courbatures à ses bras n’étaient pas une bonne idée. Déjà que le filet du diable lui laissait encore de bien mauvaises sensations sur tous le corps. L’échelle n’était pas forcément sûr mais il était léger et il se disait qu’il ne ferait surement pas vraiment un immense contre poids. Alors avec calme, il l’avait replacé à sa guise pour commencer à grimper dessus. Heureusement pour lui, le lionceau ne craignait pas le vide ni la chute. C’est ce qui lui permit de monter assez rapidement sans regarder derrière lui. A maintes reprises l’échelle avait menacé son avancée par des mouvements de déséquilibre mais contre toute attente, il était parvenu à se hisser en haut du mur avec bien plus de peur que de mal. Maintenant tout en haut du mur Eloan observait la suite des lieux. Qu’est ce qui allait l’attendre encore…

Le lionceau restait pour l’instant plutôt calme, assez mal à l’aise mais plutôt calme. Il avait hâte de sortir d’ici, il avait franchement toujours peur de ce qui l’attendait mais il essayait de ne pas y penser. Maintenant hissé au dessus du mur qu’il venait d’escalader, Eloan pouvait encore apercevoir le filet du diable derrière lui. Mais c’est droit devant lui qu’il devait d’avantage se concentrer. Il se sentait épuisé, son corps lui faisait payer cet effort physique imposé après plusieurs jours à dormir dans le froid.  Malgré tout il devait avancer. Il repéra bien assez vie l’espèce d’entrée circulaire au sol. « Bah voyons, toujours plus petit, toujours plus étroit… » Il soupirait. Il avait beau être petit, le tunel l’obligeait tout de même à se mettre accroupi pour y passer la tête. Le lionceau choisissait d’avancer à quatre pattes, pour pouvoir fuir plus rapidement si quelque chose se mettait à le poursuivre. Il s’imaginait déjà le pire, et pourtant il y allait.

Le trajet lui semblait interminable, il avait l’impression que jamais il n’allait en voir le bout. C’était angoissant, pas un son, pas un mouvement, pas une odeur. Eloan avait l’impression d’être privé de tous ses sens. Il essayait pourtant toujours de garder son calme, même s’il ressentait constamment une sorte de tension en lui ainsi que la peur qui lui tiraillait les entrailles. Enfin, après un certain temps seul avec lui-même à sursauter dès qu’il faisait bouger un caillou, le lionceau commençait à entendre quelque chose. Comme un bruit d’eau qui cool, un son fort désagréable cela dit, accompagné de la fin de ce fichu tunnel. « Mais qu’est ce que c’est que ça… » Il observait les lieux, une espèce de cuve qui se remplissait d’eau. Jusque là rien qui l’inquiétait, Eloan avait grandit entouré d’étang et il se plaisait autant en nage que les pieds sur terre. Sa joie fut de courte durée lorsqu’il comprit l’enjeu qui l’attendait. Cinq piquets au centre de la pièce, une personne maintenue prisonnière  sur chacun d’eux. « Wesley mais qu’est ce que tu fou là » C’est la première personne qu’Eloan reconnu avant d’apercevoir son capitaine de Quidditch, un poursuiveur de celle de Serdaigle. Il remarquait Moira ensuite mais surtout… « EMRYS ?! » Il s’était approché de son corps inconscient. Eloan ne saisissait d’abord pas le sens de cette épreuve. Il allait devoir les délivrer ? Il n’avait pas saisi l’enjeux avant de comprendre que l’eau allait continuer de monter. Il remarquait seulement à cet instant que ça baguette n’était plus dans sa poche. Il l’avait cherché en vain, retournant même rapidement vers le tunnel. Mais impossible de la récupérer. A main nue il n’allait jamais pouvoir tous les aider, il ne savait même pas s’il arriverait à en libérer au moins une. Il comprenait qu’il allait devoir faire un choix. C’était quoi cette épreuve de malade ?

La panique le gagnait tandis que son corps se mettait à trembler comme une feuille. Que devait-il faire ? Ron, Moira, Caelius, Stelian et Emrys… Pourquoi eux ici ? Pourquoi maintenant ? Qui était-il pour faire un choix ?! Eloan avait vu d’autres entrées et se disait bien que le but de l’épreuve était de ramener son propre équipier. Mais il semblait le premier arrivée et l’eau continuait de monter à une vitesse folle sans qu’il ne sache quoi faire. Pas le moindre bruit de personne qui arrive. Il avait d’abord tenté de défaire les liens à mains nus en vain.  Son cœur battait la chamade, il ne réfléchissait plus correctement, il ne réfléchissait plus du tout. Il n’aurait sans doute jamais vu le couteau si la table ne s’était pas mise à trembler à cause de l’eau. Heureusement il l’avait vu. Il ne pensait pas correctement, pas avec logique. Il avait peur.

Le couteau entre ses mains il s’était dirigé en direction des corps. Eloan devait sauver Moira en première, c’était le but de l’épreuve. Mais il ne pensait plus à l’épreuve. Le jeune Ponds ne parvenait plus à faire aucune distinction, il ne savait pas le niveau de l’équipe d’Emrys et il ne voulait pas risquer la vie de son ami. Il était encore jeune et avait prouvé à maintes reprises ne pas savoir réfléchir sous la panique. Il ne savait pas quoi faire. Mais Eloan ne serait pas Eloan s’il n’agissait pas toujours avec son cœur. L’épreuve n’était qu’un lointain souvenir, sa peur du danger aussi. Tout ce qui comptait était de libérer ses amis. Et bêtement c’est à Emrys qu’il avait pensé en premier, c’est Emrys qu’il libérait de ses liens. "J'vais te sortir de là t'en fais pas..." Parce qu’il ne pouvait se résigner à abandonner son ami. Cette fois seulement, il ne pouvait pas se résigner à faire semblant de ne pas le connaitre. Une larme coulait le long de sa joue sous le stress. Il était parvenu assez rapidement à le placer dans le tunnel même s’il avait eut du mal. Dire qu’il était le plus léger. L’eau continuait de monter à une vitesse folle. Il ne pourra rien faire pour les autres. Stelian, Caelius ou Ronald était trop lourds pour lui, de toute façon il avait à peine le temps d’aider une autre personne. Moira. Elle était aussi son amie et la meilleure amie de sa sœur, il ne pouvait pas la laisser ni abandonner son épreuve. Alors Eloan était retourné dans l’eau. Il avait essayé de détacher au plus vite Moira mais il n’y parvenait pas. Il tremblait et n’arrivait pas à les couper. « Allez ! MAIS ALLEZ » Il s’énervait sentant constamment l’eau qui montait un peu plus. Et soudainement il y parvenait, Moira lui tombait presque dans les bras. Il la trainait à son tour difficilement jusqu’au tunnel. Il commençait sérieusement à fatiguer. Mais il n’était pas au bout de ses peines, il comprenait qu’il allait refaire le tunnel en sens inverse.

Mais il n’avait pas abandonné, il avait préféré ne pas jeter de derniers regards à ceux qu’il abandonnait derrière lui pour se concentrer sur le serpentard et la poufsouffle. Il les tirait difficilement. Parfois il se demandait s’il allait y arriver. Les minutes s’écoulaient à mesure qu’il les tirait toujours vers lui. Mais il voyait enfin le bout. Il était à nouveau dans le couloir avec eux. Mais il ne pouvait pas porter les deux sur son épaule, ni aucun même. Alors il les tirait franchissant cette porte soudainement apparut dans le couloir. Lorsqu’il la traversa, le changement de poids soudain au bout de ses bras le fit tomber en arrière. Surpris, il regardait autour de lui pour savoir où il était et ce qui l’attendait. Mais l’endroit ressemblait à la pièce de départ. Alors il regardait ses mains, en direction des deux corps qu’il trainait. Mais ils n’étaient plus là remplacer par deux sacs. Et en réalisant qu’il avait paniqué à ce point pour rien. Pour deux vulgaires sacs, Eloan fondait soudainement en larme devant ses camarades surement médusés d’un tel comportement. « C’est rien.. C’est… C’est rien… Juste le stress qui redescend… » Il inspirait profondément une dernière fois frottant ses yeux. « Tout vas bien… Je crois que c’est à vous… »

Mirage n’avait pas bougé de son appui après l’engagement d’Eloan dans l’épreuve. Elle aurait pu émettre des hypothèse, mais préférait se concentrer sur ce qui l’attendrait elle. Si les étapes étaient individuelles, ce n’était pas pour rien, et elle en cherchait la raison. Était-ce pour pallier le niveau de chacun ? Symboliser la maison ? S’adapter aux forces et faiblesses de chaque individu ? Il y avait d’innombrables hypothèses et y réfléchir l’aidait à se concentrer pour la suite. Ne pas savoir ce qui l’attendait pouvait être angoissant et elle ne voulait pas de cette angoisse. Se laisser envahir par cette émotion pouvait être des plus destructeurs et faire perdre tous ses moyens. Alors elle ne regardait pas les minutes défiler au point d’être presque surprise de revoir Eloan revenir. Pas un instant la jeune femme ne savait le temps que cela avait pris.

« Prend ton temps Eloan, ce n’est rien. Tout s’est bien passé ? »

Le voir ainsi l’avait fait bouger, se soucier pour lui. Être dans différentes maisons ne devait pas entrer en compte dans son attitude alors qu’ils formaient une équipe. Mais elle n’allait pas avoir le temps de se préoccuper du Gryffondor alors qu’une nouvelle couleur prit part pour donner les indications. Le bleu, sa couleur, sa maison, son tour.

Sans perdre de temps, Mirage s’était engouffré dans la salle. Enfin elle allait savoir ce à quoi elle allait se confronter et immédiatement ses yeux détaillaient la pièce dans laquelle elle se trouvait. Une salle de classe des plus banale, mais avec deux objets pouvant être ordinaire. Elle resta un moment, figée face au puzzle puis au casse-tête, les sacs présents. La consigne semblait simple, mais la Serdaigle craignait de passer à côté d’une difficulté cachée.

Elle prit d’abord place face au casse-tête, cherchant à l’observer sous tous les angles possibles, puis se tournait vers le puzzle. Les pièces étaient imposantes, mais elles devaient être mobiles. Ce temps de réflexion, lui permettant de voir le sujet du puzzle la fit se décider. C’était vers ce dernier qu’elle allait se tourner afin d’obtenir cette épreuve. Se poser et réfléchir à l’emplacement des pièces, voilà donc ce qu’elle ferait.

Se dirigeant vers les pièces, Mirage cherchait à reconstituer mentalement l’image. Elle ne voulait pas avoir à les déplacer inutilement. La force n’était pas son point fort, l’intellect oui. Retracer dans son esprit ce plafond qu’elle a vu tant de fois, lors de ses heures d’errance sur l’un des canapés de la salle commune. Elle revisitait chacune des constellations, essayant d’imbriquer les pièces du puzzle pour visualiser l’image finale. Mais cela était vain, elle n’y arrivait pas.

Se retroussant alors les manches, elle commençait à pousser certaines pièces, prenant appui sur ses pieds afin de les positionner. Elle essayait d’être logique. Le puzzle devait avoir une forme rectangulaire ou carré à la fin. Ainsi, elle cherchait comment faire coordonner les traits tout en maintenant des contours réguliers. Une pièce, une deuxième, jusqu’à ce qu’au final la cinquième ne coïncide pas. Une seconde d’arrêt afin de comprendre pour finalement inter changer deux des pièces. C’était bon, la cinquième passait. Mirage ne s’était pas attendu à un tel poids de pièce, mais trouvait intéressant de pratiquer l’exercice sans magie. C’était une contrainte, mais c’était ainsi que faisait les moldus.

Le souffle tout de même un peu court pour avoir courbé l’échine le temps de mouvoir les morceaux, elle se redressait, fière de voir que tout coïncidait. Cetus se tenait face à elle, brillant tel que dans ses souvenirs et, avec cette symbolique, l’accès au sac à récupérer. La Serdaigle se permit une seconde pour souffler, et admirer le chef d’œuvre du travail. C’était digne de Poudlard. Puis elle termina par prendre le sac sur son épaule afin de passer cette porte lui faisant rejoindre les autres.

« A qui le tour ? »

Avait-elle sorti en franchissant la porte avant de déposer le sac près du canapé.

Le temps défile et Eloan arrive enfin, fondant en larmes. Aussitôt, Moira se lève et s’inquiète, accourant silencieusement aux côtés du plus jeune de la bande sans un mot. Elle enveloppe son bras autour de ses épaules, étreinte affectueuse pour le frère de sa meilleure amie. Mirage lui conseille de prendre son temps alors qu’elle se dirige à son tour vers son épreuve. La Poufsouffle se demande ce qu’il peut bien avoir derrière cette porte pour qu’Eloan fonde ainsi en larmes et la blondinette espère qu’une seule chose, c’est que tout se passe bien pour l’ainée de leur équipe. Mais la Serdaigle les rejoint à peine quelques minutes après et visiblement, tout semble d’être bien déroulé pour elle. Pas le temps d’oser demander de plus amples détails à Eloan et à Mirage pour se rassurer que le feu-follet vrille du bleu au jaune. Moira déglutit et fixe longuement cette lueur qui l’appelle pour passer son épreuve individuelle. Tétanisée, il lui faut quelques secondes et plusieurs encouragements de la part de ses coéquipiers pour se relever et s’avancer prudemment vers cette porte, vers sa destinée.

Aussitôt franchie, la porte se referme derrière elle et Moira jette un coup d’œil paniquée à celle-ci. Elle souffle et observe cette pièce circulaire qui se dresse devant elle. L’ambiance y est chaleureuse et cette atmosphère soulage les inquiétudes de la blairelle qui les pense alors sans fondements. Devant elle, sont présentées plusieurs sphères et curieuse, la Haywood tend prudemment la main. Au cas où, sait-on jamais.

Et là soudainement, c’est toute sa vie à Poudlard qui défile. Elle se revoit monter dans ce train avec sa sœur jumelle, jacassant doucement sur leur vie commune dans cette école. La blonde se rappelle avoir fait le trajet avec Ethel avec qui dès lors, une grande amitié s’est installée. Elle se rappelle la répartition où elle a tout d’abord vu Arabella se faire répartir ailleurs qu’à Poufsouffle et de la déception qui lui a enserré le cœur d’être séparée d’elle. Avant de se complaire dans les bras sécurisants de son frère aîné qu’elle retrouvait enfin. La déception de voir Ethel être séparée d’elle. Moira se rappelle de ses premiers cours de vol où elle s’est brisée la cheville, se rappelle des premiers éclats de rire avec ses camarades de dortoir. Et les années défilent, la frayeur de premiers examens, son amitié avec Gabrielle Delacour lors de sa troisième année et les débuts de cette année difficile. Sa mise en binôme avec un Serdaigle, Halloween ponctué par Peeves, le mois de Décembre qui a signé cette apparition de symptômes inquiétants et sa dispute avec Arabella. Le cœur qui se serre mais les souvenirs partagés avec Ruben dans la chaleur de la salle commune apaise cette culpabilité. Finalement, la sphère s’arrête sur une scène en particulière et le sourire apaisé sur le visage de la blonde fane comme une fleur déchue. Mirage, Hope et Eloan partageant une poule, profitant de son absence pour établir une complicité qu’ô grand jamais, elle n’arriverait à établir avec eux, bien trop timide et discrète pour se faire. Le cœur se serre alors que Moira a soudainement l’impression d’être le poids mort de cette équipe. L’impression d’être inutile et l’envie de disparaître, d’abandonner le tournoi pour les laisser tous les trois. Ils seraient bien mieux sans elle, c’est une certitude. Après tout, si ce n’est tricots chauds, que peut-elle leur apporter ? Le cœur se brise, profondément attristée par l’idée qu’elle soit tant inutile, qu’ils sont bien mieux sans elle. Finalement, cacher ses symptômes et en mourir dans le plus grand secret est décidément la meilleure des solutions. Personne ne regrettera cette frêle demoiselle. Alors, Moira rompt le contact, la mort dans l’âme et se dirige sans aucune conviction vers la seconde porte de la pièce, intimement persuadée d’embrasser alors un destin inconnu certes mais dénué de lumière, un destin où sa disparition apporterait à son équipe, Moira en est certaine, la victoire.

La pièce suivante emprunte une transparence déconcertante. Les murs laissent apercevoir ses coéquipiers et si Moira essaie à plusieurs reprises d’attirer leur attention, forcée de constater qu’elle n’y arrive pas. La transparence fait écho aux images choquantes trouvées quelques secondes plus tôt et le cœur déjà lourd, glisse sur le silence. « Bon… » Souffle-t-elle, les lèvres pincées. Ils ont beau ignoré son existence, Moira sait qu’elle existe à sa façon et elle profite de ces quelques minutes solitaires pour laisser tomber discrétion et timidité, pour laisser fleurir l’âme d’une adolescente brimée par sa santé. La blairelle continue d’observer ses alentours et un sourire attendri vient fleurir sur ses lèvres quand elle aperçoit le poussin trôner sur un coussin. A ses côtés, une fiole où est inscrit « veritaserum ». Moira hausse un sourcil et s’approche prudemment des deux seuls objets d’intérêt de la pièce. Elle tend la main et prend le poussin dans la main. L’oiseau piaille et un rire léger s’échappe des lèvres de l’adolescente alors que d’une phalange, elle vient  tendrement caresser le plumage de ce juvénile animal. « Promis. Je ferais en sorte qu’ils ne te fassent pas de mal à toi aussi… » Alors qu’elle prononce ces mots, Moira s’aperçoit de la présence d’Hagrid assis dans une pièce différent de la sienne grâce au mur transparent. Et le tableau lui fend le cœur.

Seul, Hagrid est secoué de larmes et il ne faut pas longtemps à la douce pour comprendre que c’est la perte de sa poule qui le met dans cet état. Le deuil est quelque chose de vraisemblablement cruel et elle jette un regard dur à ses coéquipiers qui ne se doutent pas une seule seconde qu’elle est capable de les voir. « Je vais demander aux elfes de cuisiner leur animal domestique, on va voir s’ils rient encore longtemps. » La solitude l’embrase et pour une fois dans sa vie, loin du regard des autres, une barrière tombe. Alors, sans hésiter une seule seconde, consciente que le poussin sera bien plus en sécurité avec Hagrid, la blairelle prend la direction de la pièce adjacente. Avant d’être ramenée de force à côté du veritaserum. Elle jette un coup d’œil à la bouteille et avide de justice, elle avale sans réfléchir la fiole. Et finalement, elle rejoint Hagrid.

A peine a-t-elle traversé le pas de la porte que la timidité lui tord de nouveau l’estomac et l’étouffe. Elle hésite et sans un mot, elle s’avance vers le garde-chasse malheureux. Sa main se pose doucement sur l’épaule du géant qui relève alors son visage boursoufflé vers les larmes. « Je… Tenez, c’est pour vous… » Le garde-chasse prend avec sa légendaire délicatesse l’animal dans sa main et tente un sourire. « Ne faites confiance à personne… » Souffle Moira avant de reprendre, l’animosité subtile dans ses yeux. « Ce sont mes coéquipiers qui… enfin… sont responsables… de la mort de votre poule. Ne leur faites plus confiance. » Hagrid dévisage la blondinette avant d’hocher silencieusement la tête. Moira lui offre un sourire tremblant et alors qu’elle s’apprête à rejoindre ses coéquipiers malhonnêtes, un sac lui tombe dans les bras. Un sac entouré de blanc. Sans plus de cérémonie, elle quitte enfin cette pseudo-solitude non sans avoir oublié de jeter un coup d’œil à l’adulte malheureux et elle rejoint finalement ces coéquipiers.

Les regards se tournent vers elle et sans un mot, elle lance avec grande désinvolture le sac sur le canapé. Elle ne pipe pas mot et s’accole contre le mur, relevant ses cheveux blonds comme de l’or dans une queue de cheval. Mais le regard parle pour elle. Moira ne se prononce peut-être pas mais il y a une déception certaine mêlée à un grand mépris pour les gens qui se tiennent devant elle. Et elle a du mal à y croire. Mais le frère de sa meilleure amie semble être comme les autres. Un vrai salopard.

Tu les vois partir à tour de rôle. Tous. Eloan, qui revient dans un état désastre. La serdaigle dont tu n’as toujours pas retenue le nom, pour qui tout semble avoir été d’une simplicité enfantine. Moira, dont le regard semble avoir changé et ce n’est peut-être pas plus mal, à ton avis. Finalement, vient enfin ton tour. Tu fais fis des bruits à l’extérieur. Ca te fait chier que vous n’ayez pas gagner, certes, mais ce n’est certainement pas de ta faute. Ce sont tes coéquipiers qui ont été trop lents. A toi de jouer pour rattraper ça et faire en sorte que tout se termine au plus vite. C’est sans aucune hésitation et avec le sourire aux lèvres que tu te lèves pour aller franchir la porte. Tu sais que tu vas réussir, Hope. Tu le sais parce que tu es programmée pour réussir tout ce que tu entreprends. Sauf en amour, mais ça, c’est une autre histoire. C’est le pas assuré que tu traverses le chemin qui te guide jusqu’à une autre porte. Bien sûr. C’était trop simple de mettre directement la bonne porte ? Franchement…

Lorsque tu pénètres dans la salle, ton regard est immédiatement attiré par une silhouette vaguement familière. Nott ? Qu’est-ce qu’il ferait ici ? Comme c’est étrange… Mais tu n’as pas le temps d’approfondir la question qu’il a quitté la salle, te laissant seule face à toi-même. Maintenant, tu prends le temps d’observer l’endroit où tu te trouves. Une pièce circulaire, sombre. Cinq portes face à toi. Celle derrière toi s’est refermée d’ailleurs et tu doutes de pouvoir l’emprunter à nouveau. Et au centre de cette pièce, une table. Et des pots. Avec des trucs à l’intérieur - il te faut quelques instants pour te rappeler de leur nom : mandragore. La botanique, c’est vraiment pas ton truc. A côté, il y a des gants. De la terre. Un protège-oreille. A non, t’avais déjà assez donné de tout ça étant plus jeune. L’expérience ne t’avait pas plu la première fois, tu ne comptais pas la réitérer… Tu t’approches ensuite des différentes portes. Tu remarques des inscriptions au-dessus de chacune. Ton préfet est passée par la porte Belladone. Ce nom, comme les quatre autres, ne te disent absolument rien - tu te doutes seulement qu’ils sont liés à la botanique. Génial. Tu ne comprends rien à ton épreuve. Super.

Fait chier.

Tu te doutes - bien sûr - que cela à quelque chose à voir avec les pots au milieu de la table, mais tu ne comprends pas la présence - bien que brève - de ton préfet. Vous ne faites pas partie du même groupe. Vous n’êtes pas rentré au même endroit, alors pourquoi ? Ca n’a vraiment aucun sens pour toi… Peut-être… Peut-être n’es-tu pas censée voir cela ? Après tout, personne n’est infaillible. Surtout avec autant d’élèves et d’épreuves en parallèle. Tu t’approches de la porte franchie par Nott et tu réfléchis. Pourquoi t’embêter à faire quelque chose que tu ne supportes pas, alors qu’un raccourci a été mis devant toi. Alors, oui, bien sûr, tu n’aimes pas quand les choses ne sont pas faites par toi-même. En temps normal. Sauf que cette fois, ça ne concerne pas que toi, déjà. Sauf que cette fois, ton esprit de compétition est au plus haut. Alors bien sûr, on pourrait émettre un doute. Après tout, Théodore aurait pu se tromper. Mais cette idée ne t’effleure pas un seul instant. Tu as entendu combien ton préfet était doué en cours. Quand bien même ce n’est pas la personne que tu portes le plus dans ton coeur, tu le respectes. Assez pour lui faire confiance en cet instant en tout cas - surtout si ça peut t’éviter de manipuler des plantes, chose que tu ne supportes pas. Il faut savoir profiter des atouts que la vie met sur son chemin, pas vrai ? C’est sans aucun remord - aucun - que tu décides de franchir la porte Belladone. Avant de franchir la porte, tu prends le sac qui lévite jusqu’à toi. Puis la porte se déverrouille et enfin, tu peux rejoindre tes petits camarades. On ne peut pas dire que cela a été bien long… Qui sait, vous avez peut-être encore une chance d’être bien classé ?