« Peeves ceci, Peeves cela, ils devraient me remercier d’apporter de la joie de vivre dans ce château » flottant dans les couloirs de l’école, l’esprit frappeur tira la langue à un tableau qui lui demanda de baisser d’un ton. A quelques jours de la rentrée scolaire, le fantôme avait préparé la plus grosse farce de sa carrière pour accueillir la nouvelle promotion d’élèves. Des farces et attrapes avaient été installées dans tout le château, à commencer par les bancs de la grande salle en passant par les dortoirs fraîchement préparés, sans oublier les chaises des salles de classe encore vides. Il lui avait fallu des semaines pour mettre tout ça au point et une simple erreur avait gâché toute sa surprise. Surpris par Nick-Quasi-Sans-Tête accompagné du concierge de l’école et de sa chatte, Dumbledore avait presque aussitôt été mis au courant de la nouvelle lubie de l’esprit frappeur, mettant ainsi un terme à sa quête d’anarchie. Mais l’esprit frappeur ne tient pas sa réputation de simples rumeurs et c’est ainsi qu’il s’était promis de mettre à exécution au moins l’un de ses plans pour s’amuser au retour des élèves au château.

Une nouvelle année débute à Poudlard en ce 1er septembre 1998 et les élèves retrouvent les bancs de l’école avec joie pour certains et indifférence pour d’autres. Après une arrivée au château chaotique pour les élèves, tous espèrent que ce n’est qu’une coïncidence et que cette année sera rythmée par une stabilité à laquelle ils aspirent. Pour la deuxième année consécutive, Poudlard accueille une promotion supplémentaire dont les uniformes détonnent avec ceux de leurs camarades, mais plus personne ne semble s’en étonner et la plupart se réjouissent même de retrouver leurs camarades pour une dernière année.

Aux quatre coins de la grande salle, des élèves aux visages inconnus guettent les sourires de leurs camarades, aucun d’eux ne sait ce qui les attend. Quand c’est au tour des fantômes de faire une entrée magistrale au cours du banquet d’ouverture, Peeves s’en donne à cœur joie en essayant d’effrayer les plus jeunes sous les regards désapprobateurs des préfets. Ses plans tombés à l’eau, son désir de chaos est loin d’être rassasié et certains semblent même remarquer combien l’esprit frappeur est plus agité cette année. C’est ainsi qu’une fois le festin terminé et les élèves congédiés, Peeves pourra intercepter un message à son nom dans lequel il pourra y lire une invitation qui lui arrachera un rictus sardonique.


Le futé petit esprit frappeur devine que les incidents de ce soir sont l’œuvre de ce groupe de perturbateurs et d'insolents et qu’ils n’ont pas dit leur dernier mot. « On va enfin s’amuser » dit Peeves d’un air rusé, fier qu’on reconnaisse enfin son talent pour mettre le chaos, lui qui attendait depuis si longtemps des compagnons pour l’accompagner dans ses pitreries. Bien trop souvent accusé des bêtises du groupe l’année dernière, il n’est plus que la victime aujourd’hui, mais il est sur le point d’entrer dans le complot.
Si Dumbledore est au courant de l’existence de ce groupe, il n’en a jamais parlé à quiconque et ne semble pour l’instant pas déterminé à mettre un terme à leurs agissements tant que leurs farces restent innocentes et ne font pas de blessés. Au contraire, il continue d’y voir un aspect positif et espère que ce groupe de farceurs, dans leurs aventures, permettront aux élèves de continuer à se rapprocher et de coopérer jusqu’à ne former qu’un et oublier les querelles qui lient les maisons les unes aux autres. Si certains espèrent qu’ils vont se fatiguer tout seuls en cherchant à les piéger, d’autres spéculent sur les identités des farceurs et une dernière poignée de personnes se demande qui seront les prochains à être touchés et surtout, à quel point les dégâts seront considérables.

Alors qu’une bataille de nourriture fait rage dans la Grande Salle et que l’attention des professeurs et élèves est détournée par cette farce au goût de polynectar, quelque chose de plus mystérieux et de bien plus profond se trame dans les tours du château… Machination d’un vieil homme sénile qui n’est jamais assez satisfait des rapprochements inter-maisons ou vaste farce des copains de Merlin qui frappent à nouveau ? Les rumeurs vont aller bon train pour trouver les coupables… Pour l’heure, pendant que les rires résonnent dans toute l’école, l’insouciance des étudiants les protège momentanément de la surprise qu’ils sont sur le point de connaître quand ils découvriront un château changé et un remue-ménage auquel ils ne sont certainement pas préparés. Une fois les farces découvertes, le professeur Dumbledore en a été le premier informé. Désireux de se rendre sur les lieux après en avoir discuté avec l'équipe professorale, ce dernier a chargé les préfets-en-chef de veiller et garder les élèves dans la Grande Salle. Accompagné de plusieurs autres adultes, il est allé sur place pour mesurer l’ampleur des dégâts et s'est rendu compte que, même aidé de ses meilleurs professeurs, il ne pourrait pas régler ce souci en une soirée. De retour dans la Grande Salle, Dumbledore tente alors de dissiper le chaos d’élèves paniqués par les rumeurs qui pullulent déjà entre les tables mais l’unique information qu’il leur donne ne suffira pas à apaiser le vent de panique ; les salles communes situées dans les tours sont pour l’instant impraticables.

Salle commune de Gryffondor
Il semblerait que la situation ait dégénéré chez les lions après que la Grosse Dame ait quitté son poste… En effet, certains l’auraient entendue admettre que lors du banquet, elle se trouvait chez son amie Violette pour fêter Halloween ensemble. Elles auraient passé la soirée à manger et à boire le vin du tableau des moines ivres dans une pièce avoisinant la Grande Salle. Une fois la fête finie, la Grosse Dame a tenté de retourner dans son portrait, prête à accueillir les élèves, en vain. Comme bloqué, celui-ci la repousse inlassablement lorsqu'elle essaie d'y entrer. Elle a même demandé de l’aide à un voisin mais le résultat reste inchangé. Sans personne pour en contrôler l’accès, l’antre des lions devient inaccessible. La gardienne de Gryffondor s’est empressée de quitter son cadre et d’en parcourir une centaine d’autres pour rejoindre la Grande Salle et prévenir le professeur Dumbledore. Une fois sur les lieux, bien évidemment accompagnés de Minerva McGonagall, ils ne sont pourtant pas au bout de leurs surprises. L’antre des lions est désormais habitée de plusieurs centaines de lutins de cornouailles, petites créatures bleues incroyablement farceuses qui prennent un malin plaisir à saccager la salle commune. Livres de cours déchirés, robes de sorciers déchiquetées, fauteuils brûlés, rien n’échappe à la malice des petits êtres. Ils sèment le chaos tout autour d’eux sans que quiconque ne puisse les en empêcher au risque de se faire tirer les oreilles. Sans qu’on ne sache comment, ils ont apporté avec eux une première fournée d'œufs de billiwig. Ce petit insecte est à première vue invisible et c’est pourquoi il est si difficile à débusquer et à éradiquer. Son dard étant très fin et sa piqûre dangereuse, il est redoutable et provoque chez le sorcier lambda des vertiges suivis d’un état de lévitation pendant quelques jours. Mais avant de pouvoir affronter cette horde de créatures, quiconque voudrait rentrer devrait d’abord affronter un maléfice placé dans le tunnel menant à la salle commune. Il produit un effet aléatoire en fonction de la personne qui s’approche. En effet, il peut à la fois provoquer un fou rire si puissant que n’importe qui en perdrait le souffle, faire danser les jambes ou même provoquer une désagréable confusion linguistique. Dans un cas comme dans l’autre, il est difficile de prononcer le moindre sort une fois face à cette accumulation de facéties en série.

Tour de Serdaigle
La situation au sein de la salle commune des serdaigles n’est guère meilleure que celle des gryffondors. D’une part, car l’accès à cette dernière s’avère impossible et d’une autre car les pièges qui attendent derrière n’ont rien de l’accueil et de la chaleur coutumiers de la pièce. En effet, l’oracle qui d’ordinaire propose à chaque entrée de nouvelles énigmes ne semble plus fonctionner. Les questions posées n'ont aucun sens, des alignements de mots incompréhensibles et pour les plus chanceux qui parviendraient à recevoir une véritable énigme, aucune réponse valable ne correspond. L’oracle ne semble plus dépendre de logique et de sagesse et met désormais en déroute les esprits les plus brillants. Derrière cette porte pourtant se dissimulent des épreuves bien pires que la confusion apportée par l’oracle. Alors que le contenu des étagères, à l’accoutumée si ordonnées, jonche à présent le sol, les canapés et fauteuils de la pièce sont désormais occupés par une colonie de chartiers qu’il ne vaut mieux pas déranger. Ces envahisseurs, bien que de nature inoffensive, ne font pas preuve d’un langage fleuri et n’entendent pas céder la place de leur nouvel habitat. Ils ne sont pas les seuls à profiter du chaos présent dans la pièce. En effet, les lieux sont envahis de ciseburine qui se délectent de tous les objets magiques oubliés par les élèves, saccageant les dortoirs avant que les affaires ne soient déplacées. Comme ils prolifèrent énormément grâce aux fourrures d’animaux, il n’est pas impossible qu’ils soient arrivés grâce aux chartiers, néanmoins pour des raisons de sécurité, les animaux domestiques (rats, boursouflets et chats) seront placés en quarantaine le temps de mettre un terme à l’invasion. Ils se reproduisent si rapidement que de nouveaux œufs éclosent avant même de s’être débarrassés de la moitié d’entre eux et leur nombre ne cesse d’augmenter encore et encore, rendant impossible toute tentative de les déloger seul. Les flacons de potion sont désormais brisés partout à travers la pièce, permettant aux parasites de se nourrir. Gare à l’élève qui aurait oublié sa baguette magique car nul doute qu’il ne la retrouvera pas. Enfin, la nature semble avoir repris des droits sur la pièce des érudits puisqu’un lierre étrangleur recouvre tout une partie d’un mur, plus agressif que jamais. A présent hors de contrôle, la plante prolifère à une vitesse folle et ne compte en rien céder son nouveau territoire. Quiconque entre dans la pièce devient un ennemi qu’elle veut éliminer et les attaques de cette dernière sont dangereuses. Les plus observateurs reconnaîtront le lierre étrangleur du club de botanique, projet d’année qu’ils menaient à bien tous ensemble avant que la plante ne disparaisse quelques jours avant les faits. Désormais la salle commune ne ressemble plus à ce que les élèves ont connu, elle est désordonnée, les meubles sont détruits, tout est saccagé et les réparations prendront du temps, car le temps de se charger d’un problème, le second se multiplie, et inversement.

Invasion et déménagements
Ce n’est qu’après avoir pris connaissances des situations désastreuses dans les salles communes de gryffondor et de serdaigle que Dumbledore réapparaît dans la Grande Salle. Les effets du polynectar à présent dissipés, les élèves attendent avec appréhension de connaître la raison de ce remue-ménage qui les retient dans la pièce depuis quelques heures. La nuit est désormais tombée depuis un moment et le couvre-feu largement dépassé, tous comprennent que quelque chose de particulier s’est passé. Les plus jeunes élèves se sont endormis sur les tables, sous l’œil rassurant de leurs aînés. Le directeur partage une œillade mystérieuse avec ses professeurs avant de prendre la parole et d’informer les élèves que les deux salles communes concernées ont été les cibles d’une attaque et qu’elles sont désormais inaccessibles. Un brouhaha d’indignation et de spéculation s’élève soudainement que le professeur Dumbledore fait taire, afin de poursuivre. Les élèves désormais privés de dortoirs seront répartis dans les salles communes de Poufsouffle et de Serpentard. Un nouveau flot d’indignation s’élève dans la pièce mais le professeur Dumbledore n’y prête plus attention, désormais c’est vers ses professeurs que son attention se tourne. Il charge les directeurs de maison d’organiser le déménagement en les informant que les elfes de maison se chargent d’ores et déjà du transfert de leurs bagages. Dans un dernier mot, Albus Dumbledore reprend la parole pour leur assurer à tous qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter sans pour autant apporter plus de détail. Les premières informations à ce sujet ne circuleront qu’au lendemain par le biais des professeurs. Le directeur de l’école ne semble toutefois pas pressé de régler la situation et aurait même informé ses professeurs qu’il n’est pas urgent d’arranger les choses. Le mystère plane, les questions hantent les esprits et en attendant, les élèves vont devoir réapprendre à cohabiter et à se supporter. Les poufsouffles et les serpentards ont été les premiers à se rendre dans leur salle commune pendant que les lions et les aigles ont attendu encore un peu d’être répartis dans l’une ou l’autre maison d’accueil.

Il aura fallu un mois pour permettre à l’ensemble du personnel de Poudlard, ainsi qu’aux professionnels appelés pour l’occasion, de rendre à nouveau les salles communes habitables. Un mois durant lequel lions et aigles ont dû quitter les hauteurs du château pour aller cohabiter dans les sous-sols avec serpentards et pouffsouffles. Ce n’est qu’au petit matin de ce premier jour de décembre que le professeur Dumbledore s’est avancé sur l’estrade de la Grande Salle lors du petit déjeuner, pour annoncer aux oreilles encore endormies la fin de la cohabitation. Les élèves concernés pourront dès lors rejoindre leur salle commune à la fin des cours, le temps de permettre aux elfes de maisons d’effectuer le déménagement de leurs affaires. Les premières discussions débutent et rapidement un brouhaha s’empare de la Grande Salle qui était, quelques minutes auparavant, encore silencieuse. De nombreuses interrogations circulent, certains trouvent étrange qu’il ait fallu exactement un mois pour mener à bien les réparations nécessaires, ailleurs on trouve étrange que les copains de Merlin aient réussi à générer autant de dégâts sous l’œil pourtant vigilant des professeurs, remettant en cause leur implication ou non dans cette pénible expérience, les plus complotistes soupçonnent même le professeur Dumbledore d’avoir volontairement prolongé l’expérience, ravi de voir ses élèves cohabiter au-delà des frontières de leur maison. Parmi ces innombrables groupes en questionnement, certains élèves ne pensent à aucun complot et se réjouissent simplement de retrouver leurs animaux de compagnie et la quiétude de leur propre salle commune. Nul doute pourtant que chaque élève peu importe sa maison ne peut qu’être ravi de retrouver ses habitudes perdues.

Les salles communes
Et effectivement les premiers arrivants ont le plaisir de retrouver ces pièces qu’ils ne connaissaient que trop bien, identiques à leur souvenir comme si rien ne s’était passé. Personne en entrant dans l’une des salles communes n’aurait soupçonné une attaque de lutins de cornouaille ou encore une invasion de billywig. Chaque recoin d’une salle commune ou de l’autre était d’une propreté inégalée, fauteuils et étagères placés à l’identique face à un feu de cheminée déjà crépitant. Gryffondor comme Serdaigles ont le plaisir de constater que rien n’a changé et d’être accueilli dans ce foyer chaleureux qui leur avait tant manqué. Les plus érudits remarquent sans doute quelques différences, mais rien de plus normal après un mois de travail pour restituer la pièce. C’est avec le sourire que ce mois de décembre débute, laissant derrière lui les premiers jours difficiles de cohabitation et ce mois passé loin de leurs repères. Bientôt cette expérience ne deviendra qu’un lointain souvenir, il se murmure dans les couloirs que le personnel du château serait même en train de préparer quelque chose digne de leur faire oublier les mésaventures de novembre.