La rentrée avait été particulière, encore une fois, tandis que l'héritier Nott se faisait la pensée de posséder cette impression chaque année. Si le trajet en train s'était fait comme à son habitude, l'absence des calèches avait fait hausser bien plus d'une paire de sourcils et de nombreuses interrogations s'étaient énoncées dans les rangs. Certains, par habitude, s'étaient tournés vers lui et Hermione pour en savoir plus mais la vérité était que Theodore n'en savait rien. Il ne portait plus la fière et digne épingle du rôle de préfet-en-chef sur le haut de sa cape depuis qu'il avait quitté les rangs de sa septième année. Possédant désormais ses aspics – et ce avec brio – Theodore voyait sa promotion, du moins ceux revenus à Poudlard pour cette énième année, évoluer et devenir aussi matures que lui, sauf évidemment certains perdus à jamais du côté de l'idiotie. Le rôle de référent convoité autant par défaut qu'envie, ce n'est pas sans une réelle satisfaction qu'il se voit en être récompensé dès les premiers jours de la rentrée en compagnie de son acolyte habituelle. Tout paraît suivre son cours normal et ce n'est pas sans faire s'interroger le serpent qui voit revenir au château sa sœur par le meilleur des timings maintenant que leur père est enfermé à Azkaban. Il y a bien sûr ses blessures à soigner, les cours à reprendre et les attentes sociales de l'élite pesant un peu plus sur ses épaules maintenant qu'il était l'héritier en titre, mais n'était-il pas protégé encore pour une année de plus au château ?

C'est avec cette pensée que le Nott parcourt les couloirs jusqu'aux escaliers avant que son regard ne soit attiré par une silhouette familière semblant être bercée par la vision du lac face à elle. En contrebas et assez loin, il reconnaît pourtant la Ponds de qui il avait vu l'année passée les séparer par les aléas et ce qu'ils avaient pu chacun vivre. Par un détour aux cuisines et l'instinct qu'elle serait toujours présente là où il avait pu l'observer, Theodore s'avance à travers le parc non sans avoir oublié de récupérer une seconde tasse dans sa main gauche, la sienne remplie de café quand l'autre contient du thé. Alors que ses pas l'amènent à rejoindre l'endroit où l'aiglonne se tenait, il laisse son regard se perdre sur l'infinité du lac face à eux et sa splendeur dont il ne se lassait jamais. Il avait vécu des moments à son rivage, certains plus redoutables que d'autres mais une force particulière réussissait toujours à le ramener à son bord et à l'apaiser. Peut-être était-ce ce qu'Ethel recherchait aujourd'hui. La nuit s'apprête à tomber et le dîner n'est plus qu'à une poignée de minutes d'eux et pourtant, il comprend Theodore en arrivant à ses côtés pourquoi elle ne se défait pas de cette image. « Moi aussi il m'avait manqué. » car même si le manoir était perché dans les Highlands et l'une des plus belles contrées du monde selon son avis loin d'être objectif, il y avait quelque chose de particulier et de vibrant ici-même et face au lac. Sa main tend le thé chaud à Ethel ce qui n'est pas sans rappeler l'une de leurs rencontres appartenant à un passé lui paraissant si loin qu'il se demande, si elle comprendra la référence du geste. La dernière fois qu'ils avaient vraiment tissé quelque chose, c'était en ce même lieu et les émotions bien plus à l'affut déchiraient la sorcière. Il se demandait alors comment elle allait aujourd'hui et rechercha dans son regard et à travers un silence sans la moindre lourdeur l'existence d'un trouble déjà lu à ses iris. « Comment tu vas ? » énoncé avec tant de facilité que l'on pourrait croire que l'étudiant était habitué à s'enquérir de la sorte et avec autant de facilité des autres, les mots avaient pourtant toujours été difficiles à prononcer lorsque leur sens pouvait se percuter à sa vulnérabilité ou celle de l'autre. Mais Ethel n'était pas n'importe qui et aujourd'hui l'attestait par cet instinct qu'il eut de venir jusqu'à elle. Parcourir à mi-distance ce chemin qui les séparait avait été ce qui un jour avait pu les soulager et les aider, il s'agissait donc de souvenirs se mêlant au présent qui s'officiaient en ce lieu et en ce jour.  

Cette nouvelle rentrée à Poudlard a eu un goût étrange pour Ethel. Entre ses nouvelles fonctions de préfète, le retour de Nausicãa et d’Avalon, le départ de Warren et leur toute récente histoire qui la laissait souvent la tête dans les nuages lorsqu’elle pensait à lui et enfin les discours de prévention des professeurs au sujet des ASPICs à venir à la fin de l’année, ces premières semaines n’ont pas été de tout repos. Pas que ça déplaise véritablement à l’aiglonne, elle n’a jamais eu un train de vie particulièrement tranquille et à l’aube de sa septième année, elle est loin d’être malheureuse. Lorsqu’elle repense à son évolution au cours des dernières années, c’est avec émotion qu’elle constate à quel point elle a pu grandir. Elle est loin, l’adolescente incertaine qui cachait sa vraie nature et qui n’osait parfois pas s’affirmer devant les autres. Elle n’a plus rien de la fragile petite chose qu’il fallait à tout prix protéger après l’abandon de son jumeau car elle menaçait d’exploser à chaque instant. Le temps où elle perdait le contrôle de sa magie et où elle n’était plus que l’ombre d’elle-même semble désormais bien loin derrière et quand elle y repense, l’artiste s’en félicite. Elle n’en est pas moins surhumaine et elle le sait. Comme chacun, l’aînée des Ponds à ses failles et ses moments de faiblesses et il est indéniable qu’elle en connaîtra d’autres dans un futur plus ou moins proche. Certains qui la feront vaciller, d’autres qui lui feront perdre espoir et encore quelques-uns qui lui donneront envie de lâcher prise mais elle sait, aujourd’hui, qu’elle a les armes qu’il faut pour faire face à ce genre de défis. Plus encore, elle sait qu’elle n’est pas seule pour affronter ces épreuves, elle ne le sera plus jamais.

Tout un tas de pensées mélancoliques tournoient dans l’esprit infatigable de l’aiglonne qui laisse alors échapper un léger soupir. La nostalgie effleure son épiderme avec autant d’ardeur que le fait le vent car à l’aube de cette nouvelle année, elle se rend compte à quel point le monde et les gens changent et combien le monde adulte, s’il ne lui fait pas peur, sera bientôt là pour l’enlacer en emmenant avec lui tous les restes de son enfance. Ses mèches volant à l’air libre, elle projette sa chevelure en arrière avant de s’accorder sur le fait qu’ils seraient bien mieux attachés. Rapidement, elle les noue en une tresse grossière et pose à nouveau son regard sur le parchemin qu’elle a reçu quelques heures plus tôt, signé de la main d’un ancien lion qui a le don de créer des tourbillons dans son cœur à la simple force de ses sourires – ou en l’occurrence, de ses mots. Du bout des doigts, elle effleure les photos envoyées par Warren et esquisse un léger sourire. Jamais elle n’aurait cru pouvoir s’attacher à quelqu’un et éprouver quelque chose d’aussi fort à son égard en si peu de temps mais ce n’est pas pour lui déplaire, elle qui chérit chaque instant qu’elle passe auprès de lui avec tendresse et dont le cœur se soulève d’affection à la simple évocation du garçon.

La mélancolie continue de serrer le cœur de l’aiglonne sans qu’elle ne puisse les contrôler, elle et ses pensées volages mais la tranquillité du lac qu’elle continue d’observer parvient peu à peu à l’apaiser. Assise à même le sol du parc depuis des heures, adossée à un arbre, elle a passé son temps à observer chaque remous de l’eau jusqu’à pouvoir admirer le spectacle magnifique d’un soleil couchant se reflétant sur l’immense étendue du lac. L’esprit bientôt vide de toute pensée, elle plie ses jambes contre sa poitrine et pose son menton dessus, sur ses bras croisés. Elle ne sait pas vraiment quelle heure il est, mais elle ne s’en préoccupe pas. Ses amis sont au courant qu’elle avait besoin de ce temps pour elle seule et qu’elle sera de retour parmi avant le matin. Mais pour l’instant hypnotisée par ce spectacle, elle refuse de s’en détacher. Une voix s’élève à ses côtés et si son cœur accélère sous le coup de la surprise, elle ne sursaute pas, comme si une part d’elle savait qu’elle n’était plus seule. « Je ne me lasserais jamais de ce paysage. Il est… magique » avoue-t-elle du bout des lèvres, éludant la question du magique et laissant la possibilité au plus vieux de décider si le lac l’était plus que le paysage. L’aiglonne lève son regard vers le serpent et lui offre une esquisse de sourire lorsqu’il lui tend cette boisson chaude. Ramenée deux ans en arrière par ce simple geste, elle repense à son premier échange avec lui dans sa salle commune, cet instant qui avait marqué le début d’une relation particulière qu’ils n’avaient jamais pu explorer par les aléas de leurs vies respectives. Elle repousse la nostalgie une nouvelle fois et entoure la tasse de ses deux mains pour les réchauffer. Intimidée par l’intensité du regard que Theodore pose sur elle, elle baisse les yeux un court instant à sa question et s’autorise une longue minute pour formuler la meilleure réponse possible, sans mensonge ni artifice. « Ça va, je crois. » finit-elle par murmurer en plantant à nouveau son regard dans le sien. Mais elle sent que ce n’est pas assez, que ces quatre ridicules petits mots n’ont pas vraiment de sens et que quiconque peut les exprimer sans même les penser et sans attiser l’inquiétude de la personne qui pose la question. Malgré elle, elle repense à cette soirée durant laquelle Theodore avait dû la ramasser à la petite cuillère. Telle une épave s’échouant au milieu d’un océan agité, elle avait perdu tout contrôle ce soir-là mais il avait été là et quelque part, une barrière s’était brisée, cette même barrière qui l’empêchait de passer par des futilités pour noyer le poisson. « Je veux dire… Je suis peut-être un peu submergée par mes émotions aujourd’hui, mais globalement je vais bien. » la réponse est plus authentique et sûrement plus à l’image de ce que l’ancien préfet attendait d’elle. Et si elle se sent un peu oppressée ce soir, elle est pourtant bien loin de la bombe qu’elle était ce soir-là. Le soleil se couche et la vie au sein de la forêt interdite s’éveille au loin mais ça n’empêche pas l’artiste de rester assise sur son plaid et de se décaler pour faire une place au serpent à l’autre bout. Elle ne sait pas s’il est là pour rester – elle ne sait pas grand-chose de lui, mais sa compagnie ne lui déplaît pas, à elle. « Et toi ? Comment vas-tu ? » s’enquiert-elle avec sincérité en plantant ses océans dans les siens à la recherche d’une réponse. Si elle ne côtoie pas le brun à proprement parler, elle a pourtant eu vent de rumeurs ci-et-là, dans le cercle restreint des sang-purs mais aussi à l’école. Elle n’y a jamais vraiment prêté attention mais ce soir est l’occasion pour s’enquérir de son propre état d’esprit. Elle n’attend rien de précis l’aiglonne, ne recherche pas un monologue dégoulinant de sentiments ou de le placer en position de vulnérabilité. Elle ne cherche que la sincérité, à créer un lien effleuré bien trop de fois au travers de multiples rencontres bien trop brèves pour saisir l’essence de l’autre. La tasse apportée à ses lèvres pour en finir son contenu, elle pousse un petit soupir de bien-être avant de la reposer, laissant son regard alterner entre le visage aux traits marqués par la maturité de Theodore et la beauté du lac noir dans lequel se reflète un croissant de lune. « Je crois que c’est l’heure du banquet, je ne voudrais pas te retenir si tu as faim ou quelqu’un à aller voir. » elle se sent obligée de préciser alors qu’elle se relève pour mieux lui faire face, quand bien même soit-elle obligée de lever la tête pour le regarder dans les yeux. Elle rassemble même ses affaires, quoique lentement, pour lui faire comprendre qu’elle est prête à partir s'il le désire mais que l’idée de continuer leur conversation est loin de lui déplaire.

Il y avait des rendez-vous parfois qui semblaient improbables, comme cette soirée d'hiver au sein d'une classe abandonnée, comme en ce jour auprès de l'eau. L'imprévu se pare pourtant de sens lorsque les mots pansent les maux, lorsque la simple présence de l'autre permet de reprendre pied, de souffler, entre la réalité et l'oubli des émotions et d'une vérité qui fait mal en étroite relation avec celle qui surpasse les impressions négatives. Il suffisait parfois d'une seule personne pour ne pas faillir ou faillir un peu moins, un regard, une attention, une âme sensible à la détresse d'une autre et la main qui se tend et se referme sur des doigts tremblants. Ethel et Theodore s'étaient liés d'une façon comme peu cela arrivait dans une vie, un soir lointain attestant qu'aujourd'hui, le temps avait réussi à panser ce qui tentait de briser la sorcière mais aussi un peu lui-même fut une époque. Vulnérabilité oubliée mais fébrilité toujours quelque part présente, parce que c'est ce qui faisait l'être, humain, après tout. Les mots de la sorcière sont emplis de réflexions et le sang-pur apprécie ce simple fait de pouvoir s'adresser à elle en reconnaissant qu'elle ne relevait pas le masque auquel lui-même était habitué. Franchise des mots et du cœur qui, fut une époque, s'était déversé à leurs pieds, ils savaient quelque part qu'ils pouvaient se faire confiance. Etre submergé par ses émotions, le serpent comprenait, sans vraiment trop le faire quand lui n'avait cessé toute sa vie de vouloir empêcher leur flot à n'importe quel instant, angoissé par ce que cela pourrait provoquer en lui. On ne lui avait jamais dit qu'il avait le droit de tout ressentir, de tout exprimer. Alors quelque part, il admire secrètement ceux qui sont capables et s'autorisent de ressentir chaque émotion dans son essence la plus pure, de l'accepter sans jugement, des plus mauvaises à celles, qu'il imagine, font le plus de bien à l'âme et l'être entier.

L'authenticité d'Ethel lui fait esquisser un sourire sans qu'il n'ait à répondre et ses yeux bleus balaient le sol, s'accrochent au passage d'une légère brise faisant plier les brins d'herbe avant de préparer sa réponse avec une même sincérité après avoir pris le temps d'inspirer profondément. Il s'était rendu compte qu'il ressentait beaucoup plus de choses quand il laissait sa respiration se libérer, s'épuiser, se répandre depuis ses lèvres ou ses narines, gonflant les poumons et soulevant son thorax, quelque chose qui sommeille, bouillonne et piétine se relâche alors. « Mieux. » libre, surtout. Peut-être le savait-elle d'ailleurs, l'annonce de l'enfermement du patriarche Nott avait fait le tour de toute l'élite après tout. « Libre. » tient-il à ajouter, même si Theodore apprenait toujours à savoir ce que cela voulait dire, d'être libre. Libre de ses actes, de soi, de ressentir, d'exister. Concept autrefois sous le joug et une oppression si significative qu'il ne sait plus très bien qui il est parfois, Theo, sans la douleur et l'autorité malsaine de celui qui n'est plus. Ses lèvres au bord de sa tasse, le serpent reporte son regard attaché au sol jusqu'au lac avant de le glisser à son adresse lorsqu'elle lui parle de l'heure du banquet. Et il sait, que ce n'est pas une façon déguisée de lui demander de partir par le ton de sa voix, laissant à l'ancien gardien le réflexe de relever une épaule amicale et suggestive. Celle de signifier qu'il ne s'embêtait pas de l'heure ou de ceux qu'il pourrait potentiellement retrouver, qu'il était bien là, en silence et près d'elle. Du mouvement visuel près de la forêt interdite lui attire le regard et un sourire fend ses lèvres, discret certes, mais présent et il se demande alors Theo si elle peut les voir, il espère même que non. « ils sont de sortie ce soir.. » fait-il simplement échapper comme information avant de reporter son attention sur la brune profitant de son thé. « Hagrid a du oublié de leur donner à manger, tu t'es déjà occupée de Sombrals ? » et ça te dirait de le faire ? s'empêche t'il de la questionner même si le ton de sa voix le laisse entendre. De loin, il repère plusieurs silhouettes et commente alors « il y a même les plus jeunes, c'est rare. » Theodore rendait ponctuellement visite à l'enclot des sombrals depuis sa troisième année, la plupart du temps seul, il y avait déjà croisé de rares étudiants qui comme lui avaient assisté au baiser de la mort et trouvait toujours une grande satisfaction à la fois en comprenant qu'il n'était pas seul, mais aussi en étant rassuré de voir que beaucoup d'autres ne s'étaient pas vu offrir ce cadeau funeste.

Quelques mèches de cheveux rebelles flottant encore au vent malgré la tresse qui les emprisonne, Ethel ferme les yeux un court instant pour profiter de la sensation du vent qui caresse sa peau. Son souffle la purifie de ses tristes pensées et apporte avec lui la douce odeur de la sérénité. Submergée par des émotions trop intenses pour elle, la poupée laisse la caresse du vent les emporter au loin en lui ôtant un peu du poids pesant sur ses épaules. Elle a bien trop longtemps ignoré ses émotions jusqu’à finalement exploser pour qu’elle accepte de laisser ça arriver encore une fois. Purifiée par la douceur de la brise qui nettoie ses plaies émotionnelles, elle accueille l’arrivée de Theodore avec vulnérabilité. C’est encore différent de leur première vraie rencontre, elle est plus forte aujourd’hui, moins délicate. Elle n’est plus le fragile pétale fané qu’elle était lorsqu’il l’avait trouvée dans toute la splendeur de sa détresse presque deux ans auparavant. Elle est plus mûre désormais, plus femme, plus forte, plus elle. Malgré les failles encore présentes, elle n’est plus au bord de l’explosion, elle contrôle la tempête de son cœur et de son âme bien mieux qu’elle ne le faisait à cette époque. Par une voix posée, elle offre à Theodore la vérité sur son ressenti, des mots qu’elle n’osait même pas se prononcer à elle-même. Inlassablement concentrée sur ses proches, il lui arrive encore parfois de s’oublier dans la tempête des sentiments de ceux qu’elle aime. Il lui a toujours semblé nécessaire qu’elle devait être présente pour les autres et les protéger si bien que parfois, elle oublie de se poser et de se demander comment elle va. Elle pourrait mentir à Theodore, ils ne se connaissent pas, elle sait de lui uniquement ce qu’elle a bien pu entendre dans les couloirs et au cours de quelques réceptions mondaines mais outre ça, elle ne sait rien. Elle pourrait éluder, mais elle décide de jouer la carte de la sincérité du début à la fin. Peut-être parce qu’il l’a vu dans la pire des positions et qu’elle n’a pas à craindre un quelconque jugement ou peut-être simplement parce que tacitement, elle lui a accordé sa confiance le jour où il l’a sauvé d’elle-même.

Elle garde les paupières closes, frissonnant lorsqu’une brise un peu plus forte que les autres vient faire soulever ses cheveux avec plus de vélocité. « Libre » un mot si doux à l’oreille qu’il lui fait esquisser un léger sourire. Si elle ne connaît que les grandes lignes de l’histoire de Theodore, elle comprend ce qu’il entend par ce mot, cette liberté si durement acquise et à laquelle bien trop peu peuvent accéder. L’est-elle, libre ? Le concept est vague et lui arrache un froncement de sourcils. Libre de ses mots, libre de la plupart de ses choix, libre d’être elle, mais outre ça, a-t-elle le droit d’être libre ? De vivre pleinement selon ses propres convictions et non celles qu’on lui a inculquées ? Un léger soupire au bord des lèvres, Ethel secoue la tête pour effacer les dernières bribes de pensées envahissantes. Une nouvelle esquisse de sourire dessinée sur son visage, elle lève le menton vers Theodore et plisse les yeux. « Tu as l’air libre en tout cas. » plus apaisé aussi, aimerait-elle ajouter. Mais elle ne se sent pas légitime pour cette réflexion, ne le connaît pas assez pour se permettre d’affirmer d’elle-même s’il l’est réellement. Alors elle garde le silence, se contente d’un bref sourire tout en apportant sa tasse à ses lèvres pour en finir son contenu. La présence du vert et argent n’est pas déplaisante, même alors qu’ils gardent le silence et que les mots se font rares et pourtant, elle tient tout de même à préciser qu’il est libre de s’en aller s’il le désire, ce à quoi il répond par un haussement d’épaule qu’elle accueille avec un petit pincement agréable dans le creux des joues. Un nouveau silence galvanisant s’installe, et Ethel observe l’horizon, le reflet du soleil presque éteint s’étendre sur le lac noir pour offrir la plus belle des visions aux amateurs de beaux paysages. La voix de Theodore qui s’élève à nouveau lui fait lever le regard vers lui, une certaine curiosité lisible dans ses iris bleutées. Si elle suit son mouvement, seul le vide accueille son regard et c’est alors qu’elle s’apprête à l’interroger que le serpent lui apporte les réponses à sa question ; les sombrals. Une nouvelle fois, Ethel pose son regard sur l’horizon et ne capte la présence de l’un d’eux que par une lourde branche qui craque sous leurs pieds. D’un mouvement de tête, elle répond par la négative à sa question, mais consciente que l’obscurité naissante peut dissimuler son geste, elle se sent obligée de répondre ; « Je n’ai jamais eu l’occasion de le faire » elle se redresse et fait un premier pas hésitant vers l’endroit où elle pense trouver l’une des créatures. « J’ai toujours voulu m’en occuper, pourtant. » se sent-elle obligée de préciser dans un murmure. les circonstances étaient telles qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de s’occuper de l’un d’eux jusqu’à présent, mais elle espérait bien que ça change aujourd’hui. « Est-ce qu’ils sont nombreux ? » par-là, elle confirme qu’elle n’est pas capable de les voir, si ce n’était déjà pas évident. Sa baguette en main, elle prononce un « Accio pommes » avant de se tourner légèrement vers Theodore « J’ai lu dans les livres qu’ils aimaient ça » et elle fait un second pas en avant, quoiqu’incertain. Elle ne sait pas trop où se diriger et se contente de petits pas, inquiète à l’idée de marcher sur l’une des pattes de la créature. Une main en avant, et guidée par Theodore, elle finit par toucher le corps squelettique du cheval. D’abord surprise, elle sursaute, avant de se détendre et d’esquisser un léger sourire. « Je connais des gens qui ont peur d’eux. » c’est étrange comme sensation, de toucher cette bête, mais elle continue quelques secondes avant de poser une pomme dans sa main et de la tendre dans le vide. « Une part de moi le comprends. Ils sont malgré eux liés à un funeste présage » un brin de tristesse dans la voix, elle se sait tout de même chanceuse de ne pas être capable de les voir. « Mais je trouve ça terriblement triste qu’ils soient rejetés à cause de superstitions » elle sursaute à nouveau lorsqu’elle sent les naseaux d’un cheval venir chatouiller la paume de sa main après avoir récupéré la pomme et elle sent son cœur accélérer dans sa poitrine. Un sourire au bord des lèvres, elle tourne un regard vers Theodore, mais ne dit rien de plus. Qu’a-t-elle à dire de plus d’autre que tout ce qu’elle ne peut pas dire ? Je suis désolée que tu les voies, personne ne mérite ça

Il avait l'air libre et un sourire éclaircit ses lippes d'une arabesque simple et apaisée, à l'image de ce qu'il ressentait en sa météo interne depuis la fin du mois d'août, Theodore se sentait tout autre. Liberté nouvelle qui l'entourait et l'emplissait, qui faisait de son quotidien une réalité autre avec cette même impression pourtant que peu de choses avaient changé. Il était de nouveau à Poudlard et tous ses proches étaient encore présents pour cette huitième année, une épingle trônait toujours au haut de sa cape et le regard bienveillant des professeurs les avaient accueilli il y a quelques semaines. Le château restait le même, immuable, sécurisant, comme il l'avait été en tant que pilier tout au long de l'adolescence du sang-pur qui avait pu se construire en tant qu'homme entre ses murs. Et à travers cette liberté, il se savait à la fois à l'aube de sa nouvelle vie tout comme au point final de cette ère, jeune adulte et les responsabilités qui étaient siennes désormais plus que jamais réelles et présentes. Rien n'avait changé mais tout était différent. Et pour quelques mois encore, Theodore profiterait de la quiétude de ce lieu qu'il aimait tant et dont il ne se voyait pas encore totalement se détacher. Là, près d'Ethel, il y avait des impressions d'avant améliorées, une stabilité certaine plus appuyée tandis que la sincérité faisait état de fait, ils allaient mieux tous les deux et merci Merlin que c'était vrai. Appréciant sa compagnie, celle des sombrals s'invite non loin d'eux et le serpent ne peut s'empêcher de le lui mentionner. L'obscurité progressive d'une soirée amorçant sa venue couvrait de ses ombres toute entité embrassée par les derniers rayons du soleil et Theodore adresse un dernier regard à l'orée de la forêt avant de le glisser à son attention. Soulagé qu'elle ne puisse pas les voir, il l'observe s'approcher des créatures sans totalement savoir où elles se trouvaient et un nouveau sourire discret vint dessiner le coin de ses lèvres. Ethel était de ceux qui n'avaient pas peur des ténèbres et du mauvais présage, de cette malédiction qui collait à la peau de ces créatures qu'il appréciait. Incomprises et souvent délaissées, solitaires mais si protectrices envers les siens, sa main caresse le museau de l'un d'eux tout en l'écoutant avant de relever ses doigts afin de les attacher à son poignet pour lui permettre de mieux guider son attention. « On lit beaucoup de choses dans les livres mais pas leur réalité entière.. » lâche t'il d'un ton pensif à son aveu. Appelant d'un accio des carottes tout droit sorties de l'établi dans leur enclos, sa main se referme sur les légumes d'une poigne sèche avant d'en offrir un à l'aiglonne. Conscient que cela puisse être déroutant de ne pas pouvoir les voir, peut-être appréciera t'elle le jeu d'observer la carotte disparaître peu à peu tandis qu'il acquiesçait à ses réflexions. « Ils sont dissimulés aux yeux du monde et peut-être que c'est une chance, finalement, parce que le monde a tellement peur de ce qui diffère et des ténèbres qu'ils seraient la proie de ceux ne supportant pas leur vue.. » il s'agissait de l'une de ses théories alors que le garçon qu'il avait été y avait longtemps songé par toutes ses venues auprès d'eux. Et si Theodore n'était généralement pas friand des créatures – magiques ou non – par manque d'habitude, aussi le troupeau gardait une place particulière parmi ses affections. Comme l'impression qu'ils étaient parfois les seuls à le comprendre lorsque plus jeune, sa solitude lui pesait tant que leurs museaux tout contre sa main étaient la plus douce des attentions qu'il recevait en guise de consolation. « Ils aiment particulièrement les carottes et les balles géantes, je l'ai remarqué lorsqu'un jour un sort a mal fonctionné et qu'un véracrasse s'est transformé en ballon de baudruche. Ils jouent souvent tu sais et ils s'aiment et se protègent, frappent de leurs ailes quand ils ont faim. Juste devant toi.. il y a l'un des plus jeunes qui te regarde avec de grands yeux brillants. » un sourire sincère s'esquissait sur ses lèvres tandis qu'il décrivait ces sombrals qu'il appréciait tant, guidant à nouveau la main d'Ethel afin de lui faire profiter de la douceur du pelage du plus petit qui s'empressait de goûter au légume que l'étudiante lui proposait. Un regard en biais afin d'observer la réaction d'Ethel, il finit par ajouter. « Malgré sa signification, je suis content de pouvoir les connaître et les voir. Mon expérience à Poudlard n'aurait pas été la même. » c'était une confidence qu'il n'avait fait à personne d'autre jusqu'ici, ni même lui-même. « Quel est ton lieu préféré ici ? » se permit-il alors d'une réelle curiosité, persuadé qu'on pouvait en apprendre beaucoup sur autrui en connaissant cette simple réponse. Apaisé auprès des sombrals et en bonne compagnie, Theodore réalise que le soleil menace de disparaître pour de bon à tout moment et relève son regard aux couleurs orangées dont le ciel se pare dans un dernier tableau saluant le départ de son vieil ami jusqu'à ce qu'il ne se lève à nouveau et qu'un nouveau cycle commence et ainsi était la vie.

Aussi à l’aise en présence de créatures que d’humains, Ethel fait pourtant partie de ceux qui n’ont jamais pu côtoyer de sombrals. Non pas qu’elle ait de préjugés sur ces créatures si injustement décrites comme funestes par la communauté sorcière, mais elle n’en a simplement jamais eu l’occasion. Elle se présente ce soir, en la présence à la fois singulière et réconfortante de Theodore. Et quelque part, les circonstances de cette nouvelle rencontre entre eux amuse l’aiglonne. Depuis le début tout n’a toujours été qu’une question d’occasions attrapées, le plus souvent ratées. De brèves rencontres provoquées par un destin joueur et toujours plus d’occasions manquées. D’abord par ce verre offert qui avait attisé les remarques acerbes, puis par cette dance partagée interrompue pour finir par cette rencontre marquante dans cette salle de classe saccagée par la magie capricieuse d’une fille dont les émotions débordaient avec bien trop d’intensité. Et ce soir, Ethel se réjouit de cette nouvelle occasion qui se présente et qui ne pourra cette fois pas être interrompue ou gâchée par l’explosion de leur désarroi en ébullition. L’artiste n’hésite pas une seule seconde avant de s’aventurer dans l’obscurité pour espérer y rencontrer les créatures, le cœur brûlant d’un mélange d’excitation et d’ivresse. Là où certains tiennent à rester éloignés des ténèbres, Ethel a appris à ses dépens qu’elles sont tout autour, omniprésentes malgré eux, sans même parfois qu’ils n’en aient conscience. L’inconnu non plus ne lui fait pas peur – plus depuis longtemps et c’est pourquoi elle s’élance sans aucune peur pour la prétendue malédiction qui colle à la peau des sombrals. Il y a un rire bref qui dépasse la barrière de ses lèvres quand elle sent le souffle d’un sombral chatouiller sa main sans même qu’elle ne sache d’où il vienne puis retrouve son sérieux quand son attention s’accroche à celle de Theodore qui la guide. Elle retient presque son souffle tout le temps qu’elle l’observe et accepte le légume alors que son regard ne quitte pas les gestes du garçon. Il y a ce sourire sincère et amusé qui se dessine sur son visage quand elle voit la carotte disparaître et elle sent son cœur se gonfler d’une douceur toute particulière. Si son sourire s’affaisse à la réflexion du huitième, ses sourcils se froncent. En proie à la réflexion, son cœur se serre un peu cette fois en imaginant ce que pourraient subir ces créatures si le monde pouvait les voir. « Je n’ose même pas l’imaginer. » avoue-t-elle à voix basse, comme si le dire plus fort rendrait la possibilité plus réelle. « C’est peut-être mieux ainsi. La plupart du monde ne sait pas gérer l’obscurité, surtout quand les ténèbres sont denses. » elle en tout cas, n’avait pas su gérer l’année dernière. Et si cette expérience l’a renforcée, elle sait aussi qu’elle l’a changé, qu’elle l’a ouvert à un monde qu’elle ne comprenait peut-être pas forcément avant. Sa perception du monde s’est élargie et s’il lui a fallu du temps pour le comprendre, elle sait qu’elle est plus forte à tout point de vue. Egarée dans ses pensées, l’intervention de Theodore la ramène à la réalité et elle se racle discrètement la gorge pour éloigner l’émotion qui grandissait déjà. « Carottes et balles géantes » répète-t-elle dans un sourire en écoutant les explications du serpent. « C’est fascinant » murmure-t-elle ensuite en laissant Theodore diriger sa main vers le petit sombral. « Ils sont tellement… » elle ne trouve pas le mot adéquat pour décrire les sombrals avec justesse. Elle a beau chercher, elle ne trouve pas l’expression juste et ce n’est qu’après avoir poussé un soupir qu’elle finit tout de même par prononcer d’un ton hésitant « … vrais ? » elle ne sait pas si ça fera sens au serpent, mais ça en a en tout cas pour elle. D’aucuns seraient surpris de savoir combien des êtres des l’obscurité comme eux peuvent être aussi baignés de lumière et de pureté mais Ethel, même sans les voir, le devine aisément. Elle éclate d’un nouveau rire quand le museau du jeune sombral vient chatouiller le creux de sa main d’un coup de langue pour attraper la carotte et à côté, elle se surprend à trouver son pelage doux. « Ça chatouille… » elle marque une pause et ferme les yeux puis approche sa seconde main pour tenter d’enlacer brièvement le sombral. « Je ne pensais pas qu’ils seraient si doux à caresser. » confesse-t-elle dans un sourire, les yeux toujours fermés. Elle finit pourtant par se redresser et tourne le regard vers Theodore au son de ses confessions. Elle penche la tête sur le côté et caresse sa tresse, tentant de trouver les mots justes et c’est finalement dans un sourire qu’elle vient détourner son regard pour essayer de repérer une nouvelle créature. « J’imagine que lorsqu’on les connaît, ils sont d’un réconfort inégalable. » elle hausse les épaules et si une part d’elle ne regrette pas de ne pas pouvoir les sombrals, elle se surprend à trouver de l’apaisement dans l’idée que Theodore ne voit pas en eux que la noirceur. Elle récupère une carotte et s’accroupit un peu et soudain, légèrement bousculée par la créature invisible, elle tombe et se retrouve fesses par terre mais ça ne la dérange pas. Au contraire, elle croise ses jambes en tailleur et plisse le nez quand elle sent quelque chose tirer sur sa tresse. Elle pince les lèvres pour dissimuler son rire tout en réfléchissant à la question de Theodore – bien plus difficile qu’elle ne l’aurait pensé. Chaque lieu revêt son importance par les souvenirs qu’elle y a créer. La cabane d’hagrid et sa passion grandissante pour les animaux fantastiques ainsi que son rapprochement avec Isaac, sa salle commune, témoin de ses plus belles soirées avec ses amis, la tour d’astronomie où elle ne se lasse pas d’aller pour observer les étoiles une fois la nuit tombée, le parc de l’école qui avait été le modèle de ses plus beaux dessins d’aquarelle et plus récemment, le pont couvert qui avait été le témoin des premiers émois amoureux entre elle et Warren. Les souvenirs défilent dans son esprit, ses yeux brillent d’un éclat particulier et quand elle se retrouve à la réalité, elle tourne un petit regard presque timide vers Theodore, comme prise sur le fait. « C’était une question piège, avoue ? » ne peut-elle s’empêcher de taquiner malgré elle. Elle déplie ses jambes pour mieux les ramener contre sa poitrine et poser son menton sur ses genoux. « C’est difficile à dire, avoue-t-elle en levant ses océans vers lui. Je crois que ça dépend de mon humeur, Poudlard regorge de beautés. » pensive, elle lève un bras un peu maladroit pour retrouver la fourrure d’un jeune sombral. « Je crois que le lac est le lieu que je préfère pour me vider la tête en tout cas. » avoue-t-elle avec lenteur. « J’adore me poser là-bas quand ça devient trop lourd juste là, poursuit-elle en pointant son cœur du doigt. C’est aussi un de mes endroits préféré pour peindre. » elle laisse ses doigts se perdre dans la fourrure du sombral et quelque chose d’humide chatouiller sa joue. « Oh, je crois qu’il m’apprécie. » elle rit doucement en caressant timidement la créature. « Je ne me lasse pas de voir la magie dans chaque lieu de Poudlard. » finit-elle par avouer en relevant à nouveau son regard ver lui. « Et toi ? » la question est empreinte d’une sincère curiosité et si elle a – trop – parlé, elle espère qu’il en fera de même pour continuer d’adoucir leur soirée de si beaux souvenirs, quand bien même décident-ils de les garder jalousement pour eux.

Même si les sombrals ne lui appartenaient absolument pas, Theodore avait comme l'impression d'ouvrir à Ethel une porte sur sa vie, de celles que l'on ne dévoile qu'à de rares occasions car si peu en sont dignes mais c'était différent avec Ethel, ça avait toujours été différent. La plus intéressante des Ponds, comme il aimait la surnommer quand son sujet était évoqué entre lui et son cercle proche, Ethel n'était pas n'importe qui et le serpent l'avait compris relativement assez rapidement par leurs rares rencontres plus intenses que ce qu'il n'a déjà eu l'occasion de partager avec bien d'autres ici, au château. Elle revêtait un manteau d'authenticité qui plaisait incroyablement au garçon qui avait été élevé avec la tenue d'un masque imperturbable sur les traits, avec elle, il se savait en sécurité d'afficher sa vraie nature. Et était-ce autant intéressant et déroutant lorsque l'on savait que ces deux là pourtant ne partageaient pas mille conversations mais bien de rares mais importants moments ensemble. Lui parler des sombrals lui semblait donc presque aussi naturel que si ces derniers existaient à sa vision tandis que Theodore en a la grâce par un sombre événement, ses doigts filent sur la croupe squelettique mais non pas au toucher désagréable de l'animal ailé. Un fin sourire sur les lèvres, par le partage mais aussi les diverses réactions positives et intéressées de l'aiglonne, le sang-pur apprécie son rire tandis qu'il est capable d'observer le jeune sombral donner des coups de langue au creux de la main de la sorcière lui présentant une carotte. Theodore ne pouvait qu'imaginer combien cette expérience devait être déroutante tandis qu'elle commentait le pelage doux de l'animal, il en ajoute un peu. « Ils adorent même être brossés.. » les sombrals n'étaient pas si différents des autres finalement, juste incompris. Quand Ethel atterrit sur les fesses en étant légèrement bousculée avant de finalement rire en continuant de les caresser, son sourire persiste et Theodore commence à offrir son attention aux plus âgés en demande. Il la trouvait adorable – comment ne pas en être attendri ? - et ne s'attendait pas à l'être, découvrant une nouvelle facette chez la brune qui lui plaisait. Il commençait à se douter fortement qu'elle était de ceux qui avaient le cœur pur et se traita d'idiot de ne pas l'avoir réalisé avant. C'est peut-être pour cela que sa prochaine question aux allures banales se fait en réalité plus importante qu'à première vue. Il s'interroge Theo, sur son lieu préféré à Poudlard dont la réponse serait évidemment analysée. « Possible.. » s'amuse t'il en réponse à sa première supposition avant de l'écouter avec attention. Sa réponse le fait acquiescer puis progressivement sourire, il reconnaissait la splendeur et le choix judicieux du lac tandis que le jeune sombral se prenait de plus en plus d'affection pour la sorcière. « Superbe choix, tu m'as volé mon option.. » plaisante alors Theodore même si ce n'était pas tant que cela un mensonge. Tout comme elle, la magie de Poudlard persistait à émerveiller son âme d'enfant jour après jour malgré l'habitude qu'il sait, se fera cruellement manquante une fois sa sortie du château. Plusieurs lieux lui venaient en tête en guise de réponse à cette question. Il y avait le lac où il a pu bon nombre de fois se ressourcer ainsi qu'expier ses émotions les plus difficiles, mais aussi la cour de métamorphose où il avait rencontré Leo pour la toute première fois. Le parc de Poudlard où il s'était confronté à Ophelia lors de leur première année, son dortoir qu'il appréciait partager avec Blaise et Caïn où l'atmosphère était hantée par de nombreux souvenirs. Il y avait bien évidemment la bibliothèque et les anciens appartements qu'il occupait avec Hermione et puis « Il y a un coin au septième étage, une alcôve assez invisible aux yeux des autres où j'aime aller. On a une vue unique sur le domaine et les alentours, le coucher du soleil y est vraiment beau. C'est particulièrement.. apaisant. » il se trouvait un peu idiot de décrire ça comme ça, mais il s'agissait pourtant des mots justes. « Je pense que t'apprécierais beaucoup, c'est assez caché et calme.. pour peindre ça devrait être l'idéal. » parce qu'il savait que c'était une fille aux couleurs séchées sur les doigts, dont l'art avait fait grâce de sa beauté et sens raffiné dès la naissance, Theodore était persuadé qu'elle apprécierait. Les sombrals se raidirent soudainement en semblant entendre quelque chose au loin tandis qu'une cloche retentit soudain aux oreilles des étudiants. Il s'agissait sans le moindre doute d'Hagrid les appelant pour leur repas car le troupeau déguerpi presque trop rapidement, les rendant tous les deux pantois. Le sang-pur n'en oublia pas ses manières pour autant, s'approchant d'Ethel afin de lui tendre la main pour l'aider à se relever. Commençant à s'éloigner de la forêt, Theodore laisse son regard glisser sur le lac et la majesté du paysage l'entourant sublimé par le coucher du soleil. « Comment on va faire en dehors de Poudlard quand ça va nous manquer ? » le ton était plus léger que ce que l'idée et sa réalité le supposait, Theodore ne se sentait pas encore prêt à quitter le château mais il y faisait naturellement face finalement. Ethel au moins, avait encore une année de plus à pouvoir y vivre. « Tu penses profiter de la huitième ? » sa curiosité lui revint tandis que son regard se posa à l'adresse de son profil, elle aussi contemplait le lac durant leur marche jusqu'au château.

Bercée par la douceur de l’instant, Ethel se laisse attendrir par la complicité partagée avec Theodore. Elle le connaît encore peu et sans doute ne fera-t-elle jamais partie de son cercle d’amis intimes et pourtant, elle se sent étroitement liée à lui. Les rencontres entre eux sont rares, jamais provoquées, toujours hasardeuses, l’imprévu est leur meilleure alliée quand il s’agit de se retrouver mais en dépit de ça, elle lui fait entièrement confiance. S’il n’est pas le plus loquace, les phrases échangées suffisent à apaiser Ethel et à lui faire apprécier ce moment privilégié avec le vert et argent. Elle se considère chanceuse de pouvoir entrer dans le jardin secret du Nott, découvrir son expérience et ses secrets au sujet des sombrals et elle grave alors dans son cœur chaque détail de cette rencontre pour ne rien oublier de ses conseils, de ses aveux ou de ce brin de complicité tant apprécié. Elle peut parler librement, exprimer sans crainte ses pensées les plus volages et il le lui rend bien, c’est ce qui rend le moment encore plus précieux. Si Ethel n’est pas de ceux qui aiment porter des artifices pour plaire aux autres ou pour ne pas embrasser sa vraie personnalité, c’est encore plus le cas en cette journée avec Theodore. Elle ne retient pas ses rires et ne cherche pas non plus à se censurer, offre avec bienveillance ses commentaires sur les ténèbres sans que ça n’impacte la douceur de leur conversation et c’est aussi en ça qu’elle reconnaît les bienfaits de ce moment : rien, pas même une prétendue noirceur ne peut venir le ternir. La main de l’écossaise se perd dans la fourrure d’un jeune sombral, et elle sourit. Elle n’aurait pas pu rêver meilleure façon de terminer sa journée que d’en apprendre plus au sujet de ces créatures tant incomprises et pour lesquelles il lui est elle-même arrivé d’avoir des préjugés. Elles sont effacées maintenant, ces idées préconçues, et ne restent plus que la tendresse et la joie de mieux connaître les créatures à travers l’œil de Theodore qui n’est pas avare en conseils divers. Et alors qu’il partage cette nouvelle remarque, son sourire s’adoucit, s’attriste peut-être un peu aussi. « Ils ne sont pas différents des autres créatures, finalement. » elle caresse un peu l’encolure du sombral prêt d’elle, et lève le regard vers le serpent pour poursuivre dans un murmure. « J’aimerais que tout le monde puisse les voir comme toi tu les vois. » n’est-il pas celui qui lui a montré combien les sombrals pouvaient être purs, après tout ? Et ce alors-même qu’elle n’est pas en mesure de les voir ? Sourire plus discret sur les lèvres quand elle détourne le regard, elle se concentre longuement à la question posée par Theodore et rit légèrement quand il affirme d’un ton léger que c’est bien une question piège. Le chemin de sa réflexion est long, tant Poudlard est un endroit magnifique et pourtant, elle parvient peu à peu à mettre des mots dessus et à partager son amour pour le château tout en répondant à la question posée par le serpent. Elle a un sourire qui se transforme en une moue amusée quand il salue ses choix et elle hausse les épaules en dessinant les contours du paysage dans son esprit. « Oops… Il fallait t’y attendre, c’est l’un des plus beaux endroits de l’école. » et sur cette réflexion, alors qu’elle lui retourne la question, elle replonge dans ses pensées, se remémorant chaque instant passé près du lac, de chaque sourire et fou rire partagé, jusqu’à la façon dont il l’avait vu tomber et avait ensevelit ses cris sous ses eaux tumultueuses, puis comme l’endroit l’avait vue se relever plus forte, plus déterminée. Poudlard est sa maison, l’endroit qui l’avait vu grandir et même après, lorsqu’elle se verra obligée de quitter les lieux, le demeurera. Coupée dans ses réflexions par la voix de Theodore qui s’élève à nouveau, Ethel lève le regard vers lui pour accueillir sa réflexion. Sourcils froncés, elle essaie d’imaginer l’endroit sans toutefois pouvoir y arriver avec justesse. « Je n’arrive pas à croire que j’ai manqué un tel endroit. » dit-elle, le nez plissé par la contrariété d’avoir raté quelques beautés au sein du château. « Ça semble génial, à la façon dont tu le décris. » ajoute-t-elle en penchant la tête dans un sourire. « Je serais ravie de le découvrir. » elle s’y voit déjà, flânant avec ses pinceaux et son aquarelle, peignant toutes les nuances du coucher de soleil et du domaine, à rêver de grandeur et de beautés. « Ce sera notre secret. » et comme pour lier cette promesse, elle verrouille ses lèvres d’une clé invisible. L’endroit est sûrement connu d’autres étudiants, mais l’idée de partager ça avec Theodore lui plaît et la fait se sentir spéciale. Elle ouvre la bouche, prête à exposer une nouvelle réflexion et au loin, une cloche sonne. Elle reconnaît là la signature d’Hagrid et avant qu’ils n’aient pu s’enfuir, elle offre une dernière caresse à un sombral, leur faisant la promesse silencieuse qu’elle reviendrait bientôt les voir et ce malgré son incapacité à les voir. « Merci. » souffle-t-elle en attrapant la main de Theodore, appréciant son aide et ses manières. Dans un silence apaisant et apprécié, elle le suit et s’éloigne de la forêt pour retrouver les derniers éclats de soleil recouvrir le lac et les chatouiller d’une douce lumière orangée. Son cœur rate un battement devant la beauté de l’astre couchant se reflétant dans le lac et elle sourit, à la question de Theodore. « Je ne sais pas, pour être honnête. Il faut se raccrocher à l’idée que le reste du monde regorge aussi de beautés et profiter de chaque instant qui nous reste à l’école pour ne jamais oublier… tout ça. » et d’un mouvement de la main, elle montre le lac, les collines qui surplombent le paysage, et tout le reste. Elle aimerait parfois arrêter le temps pour profiter comme il se doit et se promet intérieurement de ne jamais oublier les bienfaits de Poudlard. « Je pense, oui. » répond-elle, songeuse. « Je crois savoir ce que je veux faire de ma vie. Je rêve de voyages, et de pouvoir travailler avec des créatures magiques, mais je ne pourrais pas quitter Poudlard comme ça, je ne suis pas prête à laisser tout ça derrière moi. » peut-être qu’elle est mature, mais elle n’en reste pas moins une jeune adulte tout juste sortie de l’adolescence et le monde ne lui fait pas peur, mais l’idée de tourner une page est légèrement plus effrayant. « Est-ce que tu sais ce que tu vas faire après Poudlard ? » il lui reste près de 8 mois pour y réfléchir mais la curiosité d’Ethel ne peut pas s’empêcher de s’élever elle aussi. Bien trop rapidement à son goût, ils arrivent aux portes du château et alors, l’écossaise s’arrête pour se tourner vers Theodore. « Merci. » elle n’en dit pas plus, lui laisse l’occasion de prendre ce merci de la façon qu’il souhaite ; pour le thé, pour ce moment partagé ensemble, pour ces informations sur les sombrals, pour cette douceur partagée, pour tout à la fois – elle ne précise pas, et laisse son imagination faire le reste. « C’était vraiment agréable. » plus qu’agréable, c’était apaisant et si elle se garde bien de le dire, la sérénité dans ses yeux parle pour elle. Elle ne sait pas comment finir sans briser l’instant et sans le rendre étrange, alors qu’elle se contente d’un léger signe de la tête de lui à souhaiter à voix basse « Bonne soirée Theodore. » avant d’entreprendre de continuer son chemin. Et alors qu’elle lui adresse un dernier sourire, elle se demande ce que l’avenir leur réserve et si le hasard leur offrira bientôt une nouvelle rencontre imprévue – parce qu'après tout, tout n’est qu’une question d’occasion attrapées entre eux.