Une épaisse fumée blanche l'entoure et lui pique les yeux, forçant la lionne à presser ses paumes de mains tout contre ses paupières en évitant de justesse de sortir un juron. Que se passait-il ? Elle n'en savait fichtrement rien tandis qu'un bruit sourd l'avait alerté et rendue curieuse, même inquiète de ce que cela ait pu être. La dernière chose que Bea avait eu devant ses yeux ne fut que l'ouverture d'une porte et l'explosion la prenant de court et elle tousse, elle tousse et s'étouffe presque sous cette épaisse fumée venant la faire suffoquer et bloquer sa gorge. L'étudiante a besoin d'air et vite, se dépêchant de courir à l'opposé d'où elle se tenait dans l'espoir d'acquérir un peu d'oxygène, seul instinct de survie qui se fait urgence dans ses pensées affolées. Sa respiration est difficile, elle voit des élèves accourir en sa direction et ils observent le nuage de fumée blanche. Au moins elle n'était pas la seule à le voir et peut-être, discerneraient-ils mieux qu'elle ce que c'était. « Vous avez vu quelqu'un en sortir ? » sa question reste sans réponse mais elle voit le visage de l'un d'eux fixer un point flou en sa direction avant de se raviser, ils discutent alors ensemble, ignorant royalement Bea. Les sourcils froncés, elle ne s'insurge pas, toujours occupée à tenter de calmer son pouls et de profiter du maximum d'air qu'elle peut, se retournant en direction de la fumée ayant disparue, la porte refermée. Tout avait disparu et il était presque impensable de croire que quelque chose s'était passé. Pourtant les étudiants sont là tout comme elle et ont forcément étés attirés par le bruit, seulement ils tournent leurs talons et quand un nouveau camarade approche, Bea remarque enfin un détail des plus curieux. Son reflet n'est plus présent et sa main se relève pour l'en attester mais rien ne s'agite. « What the fuck ? » elle ressent pourtant l'air passer entre ses doigts et la chaleur des derniers rayons de soleil courir sur sa peau à travers les hautes fenêtres du couloir, lorsqu'elle attrape l'une de ses mèches de cheveux, celle-ci roule entre ses doigts et elle en ressent la texture. Pourquoi donc n'apparaissait-elle pas dans le reflet ? Bea se retourne alors en direction de deux élèves avançant dans le couloir et semblant en longue conversation et quitte à être ridicule, elle agite sa main devant leurs visages. « Hey, hey vous me voyez ? » tout ce qu'elle parvient à faire, c'est de leur faire peur alors que les yeux s'écarquillent sans jamais se poser sur elle. « Par Merlin, c'est quoi ça encore ? » qu'elle grommelle, le cœur tambourinant à mille à l'heure. Elle avait besoin de retrouver Jax et Willow. Mais Willow était en sortie pour son exposé et Jax en plein entraînement de quidditch et déjà qu'il ne voyait pas grand chose quand il était dans les airs, comment arriverait-elle à ne serait-ce que lui attirer l'attention ? Hermione pourrait éventuellement l'aider, même Harry et Ron qui s'étaient tant mis dans une multitudes d'embrouilles comme celle-ci depuis le début de leur scolarité, mais elle n'avait aucune idée d'où ils pouvaient être. Et tandis que ses pensées se font chaos, elle avance le long des couloirs, bouscule même un élève sans s'en rendre compte et qui devient perplexe de ne pas comprendre pourquoi il s'était senti frappé par quelque chose d'invisible. « Sorry ! » qu'elle répond brièvement à son interjection sans pourtant se préoccuper de son cas.

Bea était perdue dans ses pensées et c'est face aux escaliers mouvants qu'elle repéra enfin celui sur qui elle comptait tout miser. N'était-ce pourtant pas évident qu'il était le seul qui pourrait la voir ? Comme en lien avec ce qu'ils vivaient déjà au quotidien, il avait fallu un coup du destin pour que leurs regards s'accrochent mais une attention particulière pour que leurs cœurs décident de l'intérêt si haut porté. Seulement Caïn n'est pas seul, accompagné de Zabini et de Nott, elle hésite à s'imposer alors qu'elle a pourtant grimpé sur les mêmes marches qu'eux. Bea sait, qu'elle demeure invisible, elle a cette curiosité d'écouter ce dont ils peuvent discuter mais ne le fait pourtant pas, se contentant de triturer nerveusement ses doigts. Elle pouvait à tout moment réapparaître et paraître comme la fille la plus louche de tout Poudlard et sa réaction se ferait sans doute en rires si ça devenait le cas, amusés tout autant que nerveux. Lorsqu'ils arrivent au rez-de-chaussée, un simple réflexe la pousse à le tirer légèrement par la manche. « Hey.. » qu'elle lui laisse en murmure à son oreille, consciente qu'elle saurait l'interpeller mais aussi peut-être l'inquiéter. « J'ai besoin que tu m'aides, rejoins-moi devant la salle de métamorphose. » Bea peut apercevoir sa surprise et son réflexe de regarder là où elle se tient mais ses amis arrêtent leur marche pour l'attendre et il est rapidement questionné. Quelques minutes plus tard, la lionne l'attend au lieu de rendez-vous convié et voit son palpitant se réjouir à son arrivée. Se positionnant devant lui sans même qu'il ne la voit, Bea l'observe sans réserve et d'un léger sourire entièrement satisfait. Cette invisibilité avait au moins le positif de lui offrir le luxe de pouvoir le contempler sans se priver et ses doigts attrapent les siens avec douceur. « Je suis là. » son amusement trahit le ton de sa voix tandis qu'elle tente de lui expliquer « Je sais pas ce qu'il se passe, j'crois que je suis devenue invisible.. » Pour combien de temps ? Elle ne le savait mais ses doigts se resserrent aux siens et une crainte s'éveille. « Mais tu m'entends, hein ? Tu me sens ? » par pitié, faites qu'elle existe encore.

Le repas terminé, le serpent avait machinalement monté les étages jusqu’au sixième et la salle de repos réservée aux huitièmes années. Petit rituel inconsciemment instauré par la plupart des élèves de la promotion, ils avaient presque tous avec la même excuse : ici au moins, on ne retrouvait pas de gamins bruyants et turbulents incapables de se taire. Il ne doutait pas des drames se tramant dans l’ombre – il lui suffisait de voir les regards noirs lancés par certains de ses camarades à d'autres en travers la pièce – mais pour l’instant, les adultes semblaient se contenir, évitant les effusions publiques et ça lui convenait parfaitement. Il savait qu’il en était de même pour Blaise et Theo, le second avec qui il entamait justement une partie d’échecs près de la cheminée. Le mélange entre les maisons restait timide pour beaucoup, habitués à côtoyer les mêmes personnes depuis sept ans, raison pour laquelle on ne pouvait pas vraiment leur en vouloir. Un groupe de filles entra en riant dans la salle commune et s’il n’était pas de nature distraite lorsqu’il jouait, Caïn leva les yeux une première fois ennuyé, puis une deuxième en apercevant une chevelure rousse. Malheureusement pas celle qu’il aimait particulièrement, il se concentra à nouveau sur l’échiquier sous le regard inquisiteur de l’italien qui n’avait pas rien raté de cette inattention. Le Flint savait qu’il n’avait rien à craindre de lui et ce, même s’ils n’avaient jamais ré-évoqués leur conversation d’avant été. Il tentait d’être discret du mieux possible en ce qui concernait la récente direction de son cœur et le moins qu’on puisse dire, c’était qu’il avait encore des efforts à faire dans ce domaine. Déception de ne pas voir le visage de sa lionne enfouie pour ne laisser place qu’à la partie en cours, celle-ci dura encore une bonne heure et gagnant, il affronta le Zabini avant que le trio ne décide de retrouver leur salle commune pour la nuit. Si leur nouveau couvre-feu leur permettait de traîner en longueur le soir, il n’en abusait pas, sauf quand l’envie de rejoindre la tour d’Astronomie le prenait alors qu’ils étaient dans les dortoirs. Il aurait pu profiter du fait que son ami soit en plus le référent pour lui accorder des sorties mais sachant que Theo tenait à ce rôle autant que celui de préfet qu’il avait exercé ces dernières années, le serpent restait raisonnable. C’était d’ailleurs le sujet de discussions dans les escaliers menant aux cachots tandis qu’il essayait de savoir qui avait déjà abusé des passe-droits depuis la rentrée. Coincés plusieurs secondes sur les marches menant au rez-de-chaussée, il écouta la réponse du Nott pourtant, un léger courant d’air le fit naturellement s’arrêter et regarder autour – où il n’y avait rien ni personne – jusqu’à sentir le pan de sa robe, au niveau du bras, tiré par une force invisible. Ravi d’être hors de la vue des deux garçons lorsqu’il sursauta comme un première année effrayé, le brun écarquilla les yeux en entendant la voix de Bea proche de son oreille. Certain de rêver ou de devenir fou – au choix – il hocha malgré tout la tête à la requête, soupirant un grand coup quand elle s’éloigna et attirant logiquement l’attention sur lui. « Caïn, ça va ? On dirait que t’as vu un fantôme. Ce qui ne devrait plus t’étonner après sept années » lui fit remarquer Blaise, ironique, comme souvent. « Je viens de me rappeler, j’ai un détour à faire. Ne m’attendez pas » Et parce que l’avantage des Serpentards était qu’ils ne posaient pas de question, les deux sorciers continuèrent leur marche vers le sous-sol pendant que Caïn remontait les étages jusqu’à la salle de métamorphose. Il devait s’assurer que la demoiselle allait bien ; espérant même qu’il ne s’agissait que d’un petit jeu pour s’amuser. Et aussi s’assurer qu’il n’hallucinait pas. Dans le cas contraire, l’infirmerie n’était pas loin… ! « Bea ? » chuchota t’il, le couloir pourtant vide de monde. Lâchant un soupir de soulagement qu’il ne pensait pas tenir en entendant à nouveau la voix de la belle, il eut un mouvement de recul en sentant ses doigts attrapés mais se détendit rapidement, le geste désormais familier. « Tu crois ? Je peux t’assurer que tu l’es vraiment » répondit-il en tentant de la regarder. « Les gars vont croire que j’ai perdu la tête. Si je finis à Ste Mangouste, ce sera ta faute » Jamais dans l’exagération le Flint, non, jamais. « Bien sur que je te sens » Et pour appuyer ses propos, il relâcha doucement les mains de la lionne pour les poser sur ses bras et ainsi remonter jusqu’à son cou, les doigts caressant légèrement ses joues – enfin normalement. « Tu vas bien ? » Il ne pouvait évidemment pas vérifier de ses yeux mais le sang-pur lui faisait confiance pour qu’elle dise la vérité. Puis il la connaissait et saurait l’entendre au son de sa voix. « Dans quoi est-ce que tu t’es encore embarquée, Hastings ? » demanda t’il en laissant finalement échappé un rire, amusé par cette situation qui, il y a encore quelques minutes, l’avait terrifié – chose qu’il n’avouerait jamais, même sous la torture. Un peu plus sérieux et aussi inquiet, il s’empressa d’ajouter pour s'efforcer de comprendre ce qui lui arrivait. « Est-ce que quelqu’un t’a lancé un sort ? » Une pensée qui ne le réjouissait absolument pas et qui, au contraire, aurait le don de l’angoisser et le contrarier davantage. Peut-être n’était-il question que d’une mauvaise blague, et Merlin, il valait sans doute mieux pour le coupable.  

(c) mars.

S'empêcher de rire en voyant le serpent sursauter s'était montré être un exercice des plus difficiles alors qu'il lui avait fallu mordre ses lèvres invisibles pour s'empêcher de tout son pouvant la trahir. Et tandis que Bea délaisse Caïn pour rejoindre prestement le lieu du rendez-vous – qu'elle jugeait suffisamment à l'abri des regards indiscrets pour qu'ils puissent échanger en paix – la lionne restait dans l'incertitude qu'il la rejoigne, qu'il ait pu véritablement comprendre. Ses mains relevées devant ses yeux, elle ne s'aperçoit même plus elle-même et c'est dans le silence imposant de l'étage rejoint que son inquiétude prend place, remplit tout l'espace, celui entre les murs aux pierres froides du château tout comme dans tout son esprit. Et si elle restait ainsi indéfiniment ? Et si, elle disparaissait petit à petit de la réalité ? Bea n'était pas même un fantôme, entité certaine que l'on pourrait définir par des traits irréels et flottant dans les airs, mais elle ne se sentait pas décédée de toute façon. Seulement, invisible. Drôle de coïncidence quand elle s'était sentie ainsi durant de longues années auprès de ses propres parents, mais elle avait appris depuis qu'elle ne pouvait pas compter que sur elle-même ou l'espoir qu'un jour ils la considèrent à sa juste valeur. Elle était bien entourée, par ses amis devenus sa famille, par Caïn qu'elle voit arriver vers elle sans même la discerner. Et un sourire plane sur ses lèvres au moment de s'avancer vers lui. Ses doigts se mêlent aux siens, il était là. Pour elle. Et ça valait tout l'or du monde en cet instant, pas vrai ? Et si ses craintes sont nombreuses, les voici calmées dès que son attention entière lui est offerte. « Tu m'autoriseras à être ton infirmière alors ? » la sorcière s'amuse de la même manière que lui et cela lui permet d'un peu plus se détendre, ses yeux bleus relevés vers lui et son ventre se tord dans tous les sens au moment où ses doigts remontent le long de ses bras et glissent sur ses joues. Caïn reconnaît sa présence par son simple toucher et peut-être reconnaitra t'il son sourire creusant ses joues réchauffées par ses doigts. « Je vais bien. » le rassure t'elle d'un ton plus doux tandis que l'une de ses mains repose sur ses doigts et que l'autre se place contre son torse face à lui. Et un rire plus léger et discret s'échappe de ses lèvres au moment d'entendre le sien, parce qu'elle préfère l'écouter et se satisfaire de ce moment où cette mélodie devenue si chère à son cœur remplit la pièce. Et la gryffondor en oublie même de répondre, bercée par ce rire qui l'emporte et lui fait hausser plus haut son sourire, qu'aurait-elle pu répondre de toute façon ? Elle-même ne savait pas dans quel plan foireux elle venait de s'engager malgré elle. Sa concerne suivante lui fait pencher légèrement sa tête sur le côté, sourire plus mesuré, consciente de inquiétude. « Non.. enfin je pense pas. J'ai entendu un bruit étrange et quand je suis arrivée, une porte s'est ouverte et j'ai eu un.. un nuage je pense, un nuage de fumée qui m'a soufflé au visage et c'est à partir de là j'imagine, que je suis devenue comme ça.. » sa voix s'était faite de plus en plus incertaine et dévoilant son trouble. « .. mais au moins tu m'entends et tu me sens, toi. » se hissant sur la pointe de ses pieds, Bea ose lui voler un baiser, un de plus s'ajoutant à tous ceux ayant composé ce jeu n'en étant plus tout à fait un aujourd'hui. Ses lèvres pressées contre les siennes avec un peu plus d'insistance, elle profite de la douceur de l'échange pour se sentir encore ancrée dans leur réalité et un léger rire s'échappe au moment de s'en séparer. « Si quelqu'un te voyait à ce moment là, il ne comprendrait pas.. » Bea se love dans ses bras, elle en profite, parce que sans cette invisibilité, il lui était impossible de le faire en temps normal. Et c'est en silence qu'elle s'y plaît, avec douceur et réconfort. « I love it. » finit par s'énoncer après avoir mordu longtemps ses lèvres, parce qu'elle n'était pas habituée à assumer ce genre d'aveux, parce que même cela c'était nouveau entre eux. « Monsieur Flint aurait-il une idée pour m'aider ? A moins de me maquiller de peinture, je t'avoue que je sais absolument pas quoi faire.. » bien plus détendue et légèrement décalée en arrière afin de capturer l'expression de son regard, Bea garde un contact avec lui pour lui permettre de la repérer, parce qu'elle sait que ce ne sera que dans ce moment finalement plus positif que prévu qu'elle le peut, en public. C'est à cet instant précis que des élèves déboulent dans le couloir non loin d'eux et Bea en profite pour attraper les doigts du serpent pour l'attirer ailleurs sans qu'il n'ait l'air de rester stoïque au beau milieu d'un couloir pour rien. « On devrait peut-être en profiter, je resterai innocente si personne ne me voit voler des muffins ou récupérer un objet confisqué.. » il y avait tant de choses à faire que la lionne était même étonnée de ne pas avoir songé à toutes ces opportunités en premier lieu. Le regard tourné vers Caïn sans même qu'il le sache, ils s'avançaient sans réelle destination mais au moins, étaient-ils ensemble.

Il aimait toujours les retrouvailles avec Bea. Parfois prévues parfois improvisées et plus souvent dans l’ombre, à l’abri des regards, Caïn n’avait pas imaginé que cette fois, il n’aurait pas réellement l’occasion de la voir. Mais il l’avait entendu et bien sûr, voix reconnaissable entre toutes, il avait réussi à s’éclipser de son groupe d’amis sans trop attirer l’attention et monter jusqu’au troisième étage. Il ne savait pas comment elle avait fait pour lui parler sans que personne ne la remarque : avait-elle utilisé un sortilège d’invisibilité pour se jouer de lui, eux qui n’étaient jamais contre l’idée de se lancer dans de nouveaux défis amusants, ou pire – et ce qui lui était venu immédiatement en tête en montant les escaliers mouvants – quelqu’un avait-il osé lui lancer une malédiction ? Les phénomènes étranges se multipliaient depuis la rentrée des classes et si le Flint avait d’abord cru à des mauvaises blagues de Peeves, l’esprit frappeur du château, il pensait de plus au fait qu’une ou plusieurs autres personnes l’aidaient dans ses farces. Pas d’humeur à se lancer dans une chasse aux sorciers impossible jusque-là, peut-être reverrait-il ses plans après cette soirée si jamais il comprenait que ces petits plaisantins avaient jeté leur dévolu sur sa lionne favorite. Celle-ci même qui lui avait attrapé les mains pour signaler sa présence. Remarque sur son état de santé physique pas prise une seconde au sérieux par la belle, il laissa un sourire narquois apparaître au coin de ses lèvres. « Seulement si tu enfiles la blouse » Evidemment qu’il ne pouvait pas passer à côté de l’occasion pour la taquiner. Mais elle avait commencé et savait certainement à quoi s’attendre avec lui désormais… les dernières semaines leur ayant permis d’en apprendre un peu plus l’un sur l’autre. Et Caïn avait laissé tomber l’image du sang-pur snob et méprisant avec elle il y a bien longtemps. Au lieu de ça, il se montrait même attentionné et protecteur, de cette même façon qu’il l’était avec les gens qui comptaient. Et elle comptait pour lui, Bea, bien plus qu’il ne pouvait l’admettre. Rassuré qu’elle aille bien, il soupira de soulagement et hocha la tête, sentant la main de la belle se poser sur son torse. Il posa alors la sienne par-dessus, contact inévitable pour savoir où elle se trouvait et donc où il devait regarder. « Un nuage de fumée ? Est-ce que tu étais seule ? » Et il n’était pas question de surveiller ses fréquentations, le serpent voulait réellement savoir ce qui lui était arrivée. « C’est trop étrange. La magie ne devrait plus nous surprendre pourtant » Ils étaient dans une école de sorcellerie après tout, où des centaines de sorciers en herbe vivaient et une bâtisse vieille d’un nombre incalculable d’années. Il y avait forcément des choses inexplicables. Incapable de prédire ses gestes sans plonger dans ses azurs, il fut surpris de la sentir contre ses lèvres quelques secondes plus tard mais ne pouvait prétendre que ce n’était pas une agréable surprise. Un sourire se perdit d’ailleurs sur ses lippes et il grimaça quand elle les sépara. « Il se moquerait sans doute en pensant que je m’exerce à embrasser le vide en attendant de pouvoir conquérir la fille de mes rêves » s’amusa t’il volontairement de la fin de sa phrase, passant les bras autour de Bea lorsqu’elle se serra contre lui. « Et à l’enlacer aussi, apparemment » ajouta t’il avec un sourire, déposant un baiser sur le haut de son crâne à sa confession. Il se sentait coupable, d’une certaine manière, de ne pas leur donner la possibilité d’être ensemble en public et ce sentiment s’accentuait de jour en jour depuis quelques temps. Notamment quand il la voyait entourée par d’autres au quotidien et que lui pouvait à peine la regarder sans que cela soit analysé. Pensée balayée par la proposition de Bea – qui n’en était pas vraiment une mais lui la prenait au mot bien sur – il ne put dissimuler le haussement de sourcil presque aguicheur. « L’idée me plaît bien… » Il n’était pas artiste dans l’âme, loin de là, mais pour elle il pourrait faire un effort ! « Une véritable œuvre d’art. Et verte pour la couleur, cela va sans dire » Clin d’œil pour attester de ses paroles, Caïn savait que malgré tout, la situation ne serait peut-être pas si facile. Elle serait toujours invisible et il n’aurait alors droit qu’à sa silhouette – pas qu’il n’aimait pas sa silhouette, il l’adorait, au même titre que tout le reste chez elle. Et même cette ingénuité quand au fait de vouloir uniquement voler des muffins quand une multitude d’idées plus périlleuses auraient pu lui venir en tête alors qu’au même moment, des étudiants dévalèrent de l’étage supérieur dans leur couloir. Il ne leur prêta qu’un maigre regard et ne lâcha pas un mot pour ne pas se faire remarquer, entraîné plutôt par la rousse dans le sens inverse. « Alors attends, laisse-moi reformuler. Tu es inapparente, absolument personne ne peut te voir, et la première chose que tu veux faire, c’est te faufiler dans la cuisine pour voler des muffins à ses pauvres elfes ? » Cette fois, il rigola franchement, amusé mais surtout le regard attendri vers la lionne, future voleuse de pâtisseries certes mais qui par contre avait déjà dérobé son cœur. « Tu sais que si tu leur demandes, ils te les donneront sans problème ? » Ils étaient des elfes de maison, heureux de servir n’importe quel sorcier si pas leurs maîtres attitrés. « Tu ne serais pas curieuse de découvrir les salles communes des autres maisons par exemple ? » Le Flint savait que c’était formellement interdit mais il semblait être un adepte des règles brisées ces temps-ci alors… Serrant les doigts de la gryffondor dans les siens tandis qu’ils marchaient l’un à côté de l’autre – assez proches pour ne pas éveiller les soupçons si jamais ils croisaient à nouveau quelqu’un – Caïn lâcha soudainement un « Je suis désolé, tu sais » Et non, sans doute ne savait-elle pas pourquoi alors il se devait de s’expliquer. « Qu’il y ait besoin que tu sois invisible pour qu’on puisse faire ça – il posa les yeux sur leurs mains liées mais il parlait aussi de leur proximité, des câlins, des baisers, tout – autre part qu’isoler chez toi ou seulement quand tout le monde dort » Naturellement, il détourna le regard pour ne pas qu’elle lise à quel point ça le contrariait. Il se sentait presque mal de profiter de la situation pour ne pas avoir à discerner la peine, la déception ou tout autre sentiment dans ses iris bleutés si affectionnées mais il n'avait pas su retenir cette réflexion.

(c) mars.

Le retrouver semblait comme une évidence alors que sa main reposait sur la sienne glissée sur son torse, le regard relevé au sien sans pourtant qu'il ne puisse y croiser ses iris apaisées. Un sourire pond sur ses lèvres par la concerne qui semble habiter le brun à son sujet, rapidement balayé par l'un de ces baisers qu'elle n'offrait qu'à lui. A sa réponse, ses joues se creusent d'un sourire ravi, les joues s'empourprant légèrement sans même que Caïn ne le sache, se laissant enlacer par ses bras où Bea adorait retrouver sa place. Sensation dont elle ne se lassait et se lasserait jamais. Car il était si sécurisant de sentir entourée de la sorte, par la chaleur de son corps l'encerclant et la contenant dans un cocon doux et apaisant, ses paupières se referment par douce et nouvelle habitude au moment où il lui embrasse le haut de ses cheveux. Si profitable était l'idée de pouvoir avoir ce genre d'attentions en plein milieu du couloir. « Quelle chanceuse.. » souffle t'elle alors avant de remarquer un sourcil aguicheur à l'idée d'user de peinture. Malice qu'elle récupère par son propre sourire avant de commenter. « Mmh mh.. Etrangement il va y avoir beaucoup de rouge tout d'un coup quand on passera à ton cas.. car ne croit pas que je serais la seule à être peinte ! » la lionne avait légèrement enfoncé son index sur son torse pour appuyer son point, le rire menaçant ses lèvres et s'entendant dans le ton de sa voix. A sa proposition tout en emmenant Caïn au loin, Bea ne s'était absolument pas préparée à sa réaction et lâcha cette fois un vrai rire, léger, sincère, car elle était heureuse à ses côtés et en ce moment et ce malgré les circonstances. Son rire perdant en intensité pour mieux écouter le sien offrant de vrais saltos à son palpitant sous le charme, il ne le voit pas mais elle le regarde intensément et avec pure affection. « Oui bon, j'ai pas eu le temps de réfléchir d'accord ? » réplique t'elle d'un ton amusé et presque boudeur avant d'être soudainement intéressée par sa proposition « Ce serait vraiment, vraiment cool.. tu crois que ça fonctionnerait ? » une note d'espoir teinte le ton de sa voix à sa demande tandis qu'elle ressent Caïn lui serrer les doigts, marchant côte à côte dans un long couloir désert.

Elle apprécie ce moment, comprend également que le silence du serpent n'est pas anodin. A son aveu, son cœur s'emballe mais cette fois-ci pour des raisons moins douces. La lionne reste touchée qu'il lui en fasse part, mais elle ne possède le moindre mot pour le rassurer ou atténuer ces circonstances qu'aucun ne maîtrisait. Ses iris se relèvent avec fébrilité en sa direction pour seulement s'apercevoir qu'il observait la forme de leurs mains entrelacées. Les faits étaient pourtant tels que Bea serait forcée d'être véritablement invisible si elle désirait être à ses côtés. Ce n'était pas de leur ressort de décider d'avoir le droit d'être heureux, ensemble, aux yeux du monde, ça ne l'avait même jamais été. Des les premiers instants où l'intérêt avait fait place à l'affection réelle, on leur avait volé ce droit. Et aussi injuste cela était, Bea avait semblé l'accepter au fil de ces dernières semaines. Parce qu'avant cet été le mystère faisait partie intrigante du jeu s'officiant entre eux deux, parce que l'été les avait protégé des regards indiscrets et du jugement. Tout était plus compliqué depuis la rentrée et parfois, Bea se demandait si tout n'était pas trop dangereux. Pour lui avant tout, depuis qu'elle savait ce qui était arrivé à son grand-frère, la lionne ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. Peut-être étaient-ils trop incompatibles et défiaient-ils leurs destinées de façon à ce qu'on leur fasse comprendre, inlassablement, qu'ils n'avaient aucun droit envers l'autre. La nature et profondeur de ce qu'elle ressentait à ses côtés et pour lui n'étaient-elles pourtant pas les plus vraies qui soient ? Alors un silence suit ses mots qui réveillent en elle un sentiment qu'elle tentait du mieux que possible d'effacer la plupart du temps, sentiment négatif, qui étouffe, pèse sur ses épaules et son cœur parce qu'elle connaît le poids des secrets et leurs terribles conséquences, parce qu'elle était trop entière pour continuer cette dynamique trop longtemps, elle le savait. Comment le lui dire pourtant ? Elle ne le savait et à vrai dire, ne le désirait. Parce qu'elle avait peur que ça mette un terme à tout ce qu'ils vivaient, tout simplement. « We'll figure it out. » s'échappe seulement de ses lèvres dans un souffle presque douloureux, ailleurs, perdue dans la bataille de ses pensées que Bea tente de chasser rapidement pour reprendre le court de leur journée.

« allez, montre moi ton chez-toi.. » lui murmure Bea d'un air qui n'est pas encore totalement véritablement amusé car encore sous le joug des sentiments précédents. Elle fait pourtant l'effort d'aller de l'avant et de repousser tout cela à plus tard et ses doigts se serrent aux siens. En plus de posséder une véritable curiosité à propos de la célèbre antre des serpents, Bea était muée par l'envie d'en voir plus, d'en savoir plus sur sa vie, son quotidien, ce qu'il connaissait et faisait de chez lui – sien. Et c'était dangereux bien évidemment, notamment si le sortilège se coupait alors qu'elle se retrouvait au beau milieu de leur salle commune mais n'était-ce pas non plus suffisamment trépidant ? « je m'en voudrais de rater cette chance.. » cette fois, le ton est bien plus amusé alors que leurs pas les guident naturellement vers les cachots que généralement, elle évitait. « t'as juste intérêt à me cacher si jamais je réapparais d'un coup.. » le rire éclaire le couloir par lequel ils passent, à l'idée même d'imaginer tous ces regards tournés vers elle avec leurs yeux écarquillés. La lionne ne ferait que pâle figure face aux nombreux crocs prêts à déverser leur venin mais, il serait là, pas vrai ?

Si l’invisibilité soudaine de Bea l’avait d’abord inquiété, Caïn ne pouvait réfuter le sentiment de soulagement de la sentir dans ses bras puisque quand bien même il ne la voyait pas, il avait passé suffisamment de temps à la regarder pour l’imaginer. Plus que son doux visage et les taches de rousseur apparentes qu’il adorait, il aurait été capable de dessiner beaucoup plus que ça et cette pensée le renvoya quelques semaines en arrière, au cœur des Highlands où la lionne habitait et lieu qui avait abrité un nouveau chapitre à son histoire ; seulement il était dépourvu de talent dans ce domaine et se contentait donc de le faire avec ses yeux. Il espérait sincèrement que le sortilège ne durerait pas et que ses iris retrouveraient leur tableau préféré mais en attendant, le serpent ne pouvait nier les battements de son palpitant de la savoir toute contre lui alors qu’il lui aurait normalement fallu attendre que le château ne s’endorme presque totalement pour la retrouver et profiter d’une étreinte si réconfortante pour son cœur et même son âme. Alors il la serra et lui embrassa le haut du crâne dans un élan d’affection qui lui était propre et un sourire se dessina machinalement sur ses lippes à cette idée de la recouvrir de peinture. « Si je te disais que je commence à aimer certaines nuances de rouge, tu me croirais ? » demanda t’il avec un clin d’œil à cette confession qui n’avait rien d’extraordinaire pour le commun des mortels mais qui peut-être servait simplement de métaphore au brun pour lui faire passer un message. Il s’amusa de l’index qu’il sentait lui touchait le torse, imaginant très bien son expression à cet instant mais fut incapable de contrôler son rire, réfutant l’envie de commenter que sa réaction était adorable – parce qu’il n’était pas si épris n’est-ce pas ? Le déni, ce n’est pas mal comme endroit pour se réfugier lui fit remarquer une voix dans sa tête en riant et il haussa les épaules en réponse à Bea. « On peut toujours essayer » Il ne savait pas à quel point l’entrée des salles communes était sécurisé mais c’était l’occasion de le découvrir et une part de lui se sentait enthousiaste à l’idée de le découvrir avec elle.

La chaleur de ses doigts enroulant les siens était la seule chose qui lui permettait de croire qu’ils étaient réellement en train de se balader dans les couloirs du château à une heure où n’importe qui – élèves et professeurs – pouvaient les surprendre et cette réflexion le poussa à dire tout haut ce qu’il pensait tout bas depuis la rentrée scolaire. Leur relation n’était plus la même qu’avant l’été – elle était plus avancée, plus forte, plus importante que jamais à ses yeux – et pourtant, Caïn était contraint de garder pour lui sa source inépuisable de bonheur. Il le savait bien sûr, ils le savaient tous les deux depuis le jour où il avait réalisé que si son regard cherchait constamment le sien en classe ou dans la grande salle ; que si son sourire apparaissait uniquement quand elle n’était pas loin ; que si son cœur se perdait à chaque rencontre, ce n’était pas anodin. Il le savait mais cela ne l’avait pas empêché de plonger et aujourd’hui, il s’en voulait de l’avoir entraînée dans cette histoire qui se compliquerait si les mauvaises personnes venaient à la découvrir. Et pourtant, il n'y avait aucun regret. Elle était son plus beau secret, le plus grand aussi mais cet aspect de leur relation lui suffirait-il encore longtemps ? Il rêvait de pouvoir montrer au monde – et surtout aux sorciers un peu trop collants à son goût – qu’elle était sienne cependant ce serait la mettre en danger, l’exposer à l’élite sorcière trop conservatrice et médisante – celle qui l’avait élevé – et aux langues de vipère qui ne comprendraient pas. Qui ne les accepteraient pas elle et ses origines, elle et sa bienveillance, elle et son caractère de feu. Elle si belle, si spontanée, si entière, elle dans sa globalité et qui justifiait pourtant l'attachement du bouclé et bien plus que ça encore. Il se rendait compte des efforts que cela demandait à Bea, aux mensonges et cachotteries que leurs retrouvailles entraînaient et dans le fond, le Flint n’avait peur que d’une chose : qu’elle décide que c’était trop pour elle. Trop lourd à porter comme le poids des responsabilités dans un tout autre contexte l’était pour lui. Et il ne pourrait même pas la blâmer pour ça mais l’accepter ? C’était moins sûr. La fatalité ne le rattraperait pas tout de suite et s’il avait son mot à dire alors elle ne le ferait jamais. S’excuser n’était pas assez, il en convenait mais c’était tout ce qu’il pouvait lui offrir pour l’instant – aussi insupportable cette pensée était-il – et après avoir lâchement regarder partout sauf dans la direction de l’invisible Bea, il posa finalement ses prunelles vulnérables sur elle quand elle s’exprima, hochant la tête à ses quelques mots. « Yeah » dit-il doucement en resserrant son emprise sur leur étreinte. « Together » ajouta t’il avec un léger sourire. Et s’ils n’avaient jamais réellement mis de mot sur leur statut, Caïn attendrait au moins qu’elle ne soit plus invisible pour lui en parler. Plus tard, dans la soirée, se promit-il intérieurement avant de l’entraîner dans les escaliers menant aux cachots.

Cette petite infiltration n’avait rien de méchant à première vue et il n’avait même pas pensé aux conséquences jusqu’à ce que la rousse en énonce une à haute voix – et certainement pas la meilleure. La salle commune des serpentards n’était peut-être pas l’endroit qu’il préférait à Poudlard mais il s’y sentait bien. Chez lui, d’une certaine façon, et sans doute la pièce était, en termes d’ambiance et décoration, ce qui se rapprochait le plus du manoir. Avec plus de vie et il fallait le croire pour le voir, de chaleur. « Tu n’as pas l’air très convaincue » la taquina t’il en lui donnant un léger coup de coude. « I won’t let anything happen to you » Une promesse à laquelle il ne dérogerait jamais parce qu’il n’était pas question de laisser qui que ce soit lui faire du mal – et encore moins ses proches. Le couple arrivé devant le mur menant à l’antre des serpents, il donna le mot de passe non sans lui murmurer quelques mots avant que celui-ci ne s’ouvre pour les laisser entrer. « Ne t’éloigne surtout pas de moi, je veux te sentir à chaque instant » Il ne la perdrait surtout pas ici. « Les plus jeunes doivent déjà être couchés » Et il se tut au moment de pénétrer au cas où quelqu’un le regardait. L’avantage avec les vert et argent, c’était leur discrétion et le manque d’effusion entre ses membres, amis ou non. Ils avaient l’habitude de se comporter comme des sorciers fiers et bridés plus que comme des adolescents excentriques. Soulagé de voir que ni Blaise, ni Theo n’étaient dans la pièce principale – parce qu’il les avait quand même abandonné de façon étrange tout à l’heure – il soupira doucement et se rapprocha des canapés en cuir noir pour laisser l’opportunité à la lionne d’observer les lieux. Il profita d’entendre deux serpentards parler et même rager sur leur partie d’échecs pour demander doucement : « Telle que tu l’avais imaginé ? » Forçant une toux pour ne pas attirer l’attention sur lui, Caïn l’entraîna cette fois près des grandes fenêtres à la vue particulière. « Les profondeurs du lac comme tu ne les as jamais vues » Et il se souvenait de sa peur des eaux mais il ne pouvait rien lui arriver d’ici et il la rassura d’une douce caresse sur la main, lui offrant désormais l’occasion de l’emmener lui, où elle le voulait dans cette pièce, si elle en avait envie.

(c) mars.

« Fuck » qu'il s'exprime, agacé par la réalisation qu'il venait de se faire en pensant à l'absence de son livre en médicomagie. Il se relève de son lit où il s'était échoué et avait commencé une rapide lecture des notes prises l'après-midi même. Peu concentré depuis quelques heures déjà à cause de son entrevue surprenante avec Hermione avant le cours de médicomagie, ses pensées tournaient en boucle au sujet qu'ils avaient traité, aux dernières minutes échangées également avant que la salle de classe ne se remplisse et qu'ils ne soient forcés de rompre tout contact. La lionne était désormais au courant pour les soirées clandestines – et quelle ne fut pas sa réaction d'ailleurs en apprenant qu'il faisait partie des investigateurs, lui, son acolyte sérieux depuis toujours. La réalisation de la brune resterait dans sa mémoire pendant encore un long moment, parce que la surprise lue sur son visage valait tous les gallions du monde, parce que le sourire en coin qu'elle lui avait lancé ensuite en acceptant de se joindre à lui dans l'aventure l'avait entièrement conquis. Peut-être même un peu trop. Blaise relève un regard en sa direction en l'entendant jurer et le serpent ne fait que secouer légèrement la tête. « C'est rien, j'ai oublié mon livre là-bas. » Parce que lorsque Caïn les avait quitté – pour on-ne-sait-quoi ou qui – les deux amis étaient descendus jusqu'aux cachots comme convenu et avaient passé un rapide moment dans leur salle commune avant de préférer la quiétude de leurs dortoirs. Quelle ne fut donc pas sa surprise lorsqu'en y revenant, après avoir enfilé des affaires décentes pour une apparition publique, ce même ami, revenu de son escapade semblait en pleine contemplation des profondeurs du lac. Avec un sourire légèrement moqueur et diablotin, Theodore récupère son bien avant de venir derrière lui. « On admire quoi au juste là ? » il fallait bien l'avouer, on ne voyait trois fois rien derrière ces grandes fenêtres en profondeur et le paysage était réellement toujours le même. Les rumeurs que quelques selkies machiavéliques au teint diaphane passaient parfois devant la salle commune ne faisaient que le rester et Theodore ne comprenait donc pas ce que Caïn faisait. Plus encore, son léger sursaut et la façon dont il sembla tâter tout autour de lui fit relever au sang-pur un sourcil. « Ca va ? » ajouta t'il forcément en commentant de son regard les gestes du serpent face à lui qui semblait loin d'être des plus à l'aise. « T'as perdu quelque chose ? Pourquoi tu fais pas un accio ? » les sourcils se froncent à présent et lui aussi regarde autour de Caïn, peut-être avait-il perdu sa baguette.

Ses doigts fidèlement enlacés à ceux de Caïn, le duo avance dans le long couloir des cachots menant jusqu'à la salle commune des serpentards, non sans qu'une légère, petite, minuscule pointe d'anxiété ne naisse au sein de la lionne. Si sa curiosité et son amour des aventures la poussait à suivre le serpent jusqu'à l'antre de ses pairs, elle savait, quelque part, que ce n'était pas sa place et qu'il y aurait de sacrés conséquences si cela venait à se découvrir au moment où elle y était. Parallèle agaçant avec ce qu'ils vivaient ensemble dans leur relation interdite, ce n'était qu'invisible que Bea avait le droit d'en connaître plus sur lui et son monde, sans ça, elle ne serait jamais acceptée. Et ô combien cela était énervant. A sa promesse alors, un sourire fend ses lèvres et elle se détend légèrement. Les mots de Caïn importaient et elle savait qu'il ne disait pas cela en l'air. « D'accord. » lui souffle t'elle, quelque part un peu charmée également par les mots utilisés par le brun, elle sourit, énormément, à sa phrase mais aussi à ce qu'elle découvre et heureusement qu'elle est invisible Bea. Parce qu'ici, elle ne peut que dénoter. De sa crinière rousse et uniforme aux couleurs inversées, ses expressions loin d'être mesurées, elle a envie de tout découvrir et d'observer chaque détail avec attention. La découverte est particulière, parce qu'elle ressent aussitôt l'esprit serpentard du lieu et de la maison et à chaque instant, craint de se voir dévoilée. Sa main toujours dans la sienne, Bea lève la tête et observe les plafonds et décorations subtiles, tout ce jeu de textures et couleurs différentes et pourtant tirant dans les mêmes teintes. Près des canapés, ses doigts caressent le cuir noir tout en écoutant le silence si peu de fois dérangé qui plane dans la pièce. Tout était si différent de chez elle, des lions, peut-être comprenait-elle un peu mieux Caïn de cette façon aussi. Et Bea relève son regard vers lui sans qu'il ne la voit, admirant le tableau du serpent dans ce qu'il doit considérer comme étant une pièce importante dans sa vie. « C'est si.. différent. » ne peut-être s'empêcher de répondre sans vraiment penser à si sa réponse allait ou non le blesser. « Au moins vous n'avez pas de vrais serpents de partout.. » dans son murmure s'entend son amusement bien vite coupé par la vue si mystique et particulière des profondeurs du lac. L'étudiante n'y aurait jamais songé mais les teintes et l'atmosphère se dégageant par la vue qu'ils possédaient était presque envoûtante et si spéciale. « C'est.. » elle en perd les mots, premièrement parce qu'elle ne sait comment qualifier ce que cela génère en elle, mais aussi parce qu'elle discerne avant Caïn l'arrivée de l'un de ses amis. Alors elle s'efface un peu mieux, délaissant sa main dans un glissement subtile de ses doigts afin de le contourner. Le Nott intervient et Bea écoute d'une oreille discrète, essayant de faire le moins de bruit ou de mouvement possibles, remarquant que Caïn la recherche aussitôt. Ses doigts se posent sur son dos avec calme et en tentant de l'apaiser en lui signifiant sa présence, glissant subtilement pour également un peu s'amuser en pianotant du bout des doigts sur sa chemise. Elle garde le contact de cette façon, avec un amusement certain à l'imaginer devoir garder son calme malgré tout. Mais elle se tait Bea, parce qu'elle sait qu'il serait inconvenu de se dévoiler de la sorte devant leur référent, se mordant les lèvres au moment où elle remarque que Caïn vient de sursauter par sa faute. Alors Bea cesse de l'embêter et s'écarte du champ d'action du Nott – juste au cas où – restant entre l'échiquier et la grande fenêtre par laquelle ils regardaient ensemble jusqu'à présent, un sourire malin sur les lippes en attendant de voir comment son presque petit-ami allait bien pouvoir se débarrasser du curieux.

Cette idée de faire entrer Bea dans sa salle commune était risquée et il savait que les répercussions seraient importantes si jamais on venait à la découvrir dans l’antre des serpents pourtant, Caïn en avait envie. A défaut de lui faire visiter le manoir des Flint aussi aisément qu’elle lui avait ouvert les portes de sa maison en Ecosse, il pouvait au moins lui présenter cet endroit normalement réservé aux vert et argent et ce qui se rapprochait le plus d’un foyer à ses yeux. On y trouvait certainement les mêmes éléments que dans les autres salles communes comme le coin salon près de la cheminée, les tables où se posaient les élèves pour étudier ou même l’échiquier magique pour lequel il s’était pris d’affection l’année précédente. Et malgré tout, les couleurs devaient être différentes tout comme l’ambiance qui se dégageait. Mais c’était chez lui et il avait au moins la chance de retrouver la plupart de ses amis ici. Sa main dans la sienne qu’il ne lâchait pas, Caïn aurait sans doute aimé voir sa réaction plutôt que l’entendre et l’imaginer seulement c’était impossible et intérieurement, il priait Merlin pour que les effets du sortilège ne se dissipent pas tout de suite. « J’imagine oui » répondit-il en serrant ses doigts, pas étonné ni vexé par ce constat naturel et évident. Mais la prochaine remarque le fit rire et il dut retenir un petit gloussement. « C’est ce que tu pensais ? » Il ne pouvait pas lui en vouloir après tout et secoua la tête, visiblement amusé. « Si tu veux tout savoir, je suis certain que la moitié des serpentards ont en réalité peur des serpents » Parce qu’il s’agissait d’une crainte courante et que porter l’écharpe verte ne leur permettait pas d’y échapper. Pas que qui que ce soit s’amuserait à le raconter partout, ils étaient trop fiers pour ça. Et tandis que le duo s’était perdu dans l’observation du lac à travers les grandes fenêtres – panorama qu’il connaissait parfaitement mais dont Bea découvrait tous les détails – Caïn n’entendit pas le mouvement derrière lui mais sentit la main de la rousse se défiler et il se retourna brusquement pour la chercher, tombant nez-à-nez avec son ami. « Theo hey ! Je ne t’ai pas entendu arriver » Et s’il voulait paraître le plus simple possible pour ne pas éveiller les soupçons, il laissa son regard tomber à côté du référent comme si dès cet instant, il avait la possibilité de voir Bea pourtant toujours invisible. C’est lorsqu’il sentit sa petite main se poser sur son dos qu’il relâcha un soupir, soulagé, le cœur toujours battant trop vite dans sa poitrine. « Oui, oui, ça va » affirma t’il en se raclant la gorge, espérant que le Nott ne se doutait de rien. Mais son attitude n’avait rien d’habituel – quoique ces temps-ci, le Flint n’était plus vraiment le même alors peut-être que Theodore ne ferait qu’ajouter cette drôle de soirée au comportement étrange de son ami et ce, sans poser de questions. Partagé entre l’envie de rire du petit jeu de la lionne dans son dos et celle de la sermonner pour son imprudence, il sursauta d’ailleurs à un nouveau contact et tenta de garder une mine indifférente, sans succès. « J’ai eu un frisson. Tu ne trouves pas qu’il fait plus froid que d’habitude ici ? » Une justification pas si stupide mais Caïn ne se plaignait jamais des basses températures, lui, l’enfant né au cœur de l’hiver. L’absence soudaine de corps autour de lui créa un vide détestable et inéluctablement il tâtonna discrètement, comme un idiot, puis passa finalement une main dans ses cheveux dans un geste nerveux. Une idée, vite, une idée. « La plume préférée de Flora. Elle va me tuer si je ne la retrouve pas » plaisanta t’il dans un petit rire. Il y avait mieux comme excuse. « Un accio pourrait la dégrader et je suis sûr qu’elle le verra, s’il n’y a rien qu’un petit accroc. Tu la connais » Sa meilleure amie pouvait être excessive même si cette fois, il exagérait clairement pour ne pas attirer plus l’attention sur lui. Ce qui était sans doute raté d’ailleurs. S’il trouvait toute cette situation vraiment stressante – son palpitant ne s’arrêtait plus – le sang-pur ne réfutait pas le côté excitant de celle-ci. Et un rappel du genre de jeux qui avait animé ses premières rencontres avec Bea bien que cette aventure surpassait les autres par son côté interdit et la présence d’autrui. « Je vais continuer à chercher un peu et je vous rejoins après » Il faisait beaucoup trop de mystères ce soir et s’il voulait ne pas susciter les suspicions chez ses proches, il allait devoir se faire petit à l’avenir. Se mouvant légèrement vers l’arrière, Caïn bouscula la personne invisible ne pouvant être que Bea et poussée par le serpent, elle essaya certainement de se rattraper d’une main à la table sur laquelle était posée l’échiquier, renversant les pièces sur le plateau. Le sorcier sauva d’un réflexe celle qui avait failli tomber sur le sol et se décala légèrement pour ne plus écraser la née-moldue, tout en restant devant elle pour faire barrière – alors que, toujours, Theo ne la voyait pas. « Et remettre tout ça en place aussi, évidemment » osa t’il avec un sourire perplexe, ne souhaitant plus qu’une chose : que son ami et référent retourne dans leur dortoir avant de tout comprendre.

(c) mars.

En observant son ami, Theodore se demande quelle malédiction a bien pu le frapper pour être aussi tourmenté. Parce que quelque chose se passe dans la vie du Flint ces temps-ci et ni Blaise, ni lui, ne sont aveugles. Les garçons passaient suffisamment de temps ensemble pour remarquer que Caïn avait un comportement changé ces derniers temps, par ses absences mais aussi ces pensées qui semblent ailleurs, il avait parfois des sourires plus prononcés quand d'autres fois une colère dont il ne savait la justification semblait déranger Caïn. Et si Blaise ne l'évoque pas, Theodore sait qu'il n'est pas le seul à le remarquer.. figurant parmi le cercle proche du sang-pur, il fallait être aussi bête qu'un bubobulb pour ne pas remarquer quoi que ce soit. Ce soir, en plus de les avoir quitté pour une mystérieuse raison, Caïn semblait avoir les pensées occupées par l'ailleurs, littéralement lorsqu'il l'observe observer tout autour de lui comme si il était à la recherche de quelque chose. Il a les sourcils un peu froncés Theodore, pas très certain de pouvoir y faire quelque chose tant que le Flint ne lui dirait rien, il tente pourtant, de comprendre, d'avaler les balivernes qu'il lui sort. « Mmh mh. » ne fait-il que lui répondre à sa question, révélant bien évidemment qu'il comprenait que quelque chose n'allait pas, un sourire discret étirant le coin de ses lèvres afin de dédramatiser la situation. « t'étais avec une fille ? c'est pour ça que tu nous as lâché et que tu sembles.. différent. » c'était le mot, véritablement et ce, pas que depuis ce soir et ce moment. Pourtant le tout est lancé avec un ton léger pour ne pas agiter non plus le Flint, après tout n'étaient-ils pas censé se retenir de toute tentation avant le mariage selon les traditions ? Theodore savait que Caïn avait un fardeau alourdi depuis le départ de Marcus – comment ne pas l'être autrement ? Assumer l'absence de l'aîné et héritier en titre de la famille avait du faire l'effet d'un bézoard enfoncé dans la gorge. Caïn reporte l'attention de Theo sur la plume disparue de Flora et le serpent acquiesce en laissant son regard voguer de meuble en meuble, juste au cas où. « Très bien. » accepte t'il ensuite en l'entendant lui dire qu'il les rejoindrait plus tard, le dos tourné à l'échiquier quand celui-ci chute, son attention se reporte une dernière fois sur son ami. « Mmh mh. » à nouveau, un sourire discret étirant ses lèvres tandis qu'il décida de le laisser à ses activités sans pousser plus loin sa suspicion. Theodore était persuadé que quelque chose se tramait avec le Flint mais ne réussissait pas à mettre le doigt dessus, plus encore, il lui faisait confiance pour savoir que Caïn leur en parlerait si il en ressentait le besoin. Alors il revint jusqu'à leur dortoir et croisa à nouveau le regard de Blaise à son retour, son livre récupéré en main et l'attitude de Caïn toujours en esprit, il s'assoit sur son lit avant de lancer à l'italien. « Caïn est vraiment bizarre ces temps-ci. » le serpent ne se formalisa pas du regard semblant compréhensif de la part de Blaise, ni même de son manque de réponse réelle. Il faisait confiance à Caïn et ne lui souhaitait que de reprendre ses esprits – ou au moins d'assumer ce qui le tracassait – pour les jours à venir.

« Non mais tu sais, vu que nous on a un lion fait de magie qui se balade entre les canapés, je pensais que.. » tente t'elle d'un mouvement de la main négligé sans même qu'il ne la voit alors que la gryffondor ne racontait que des bêtises dans le simple but de rattraper sa propre remarque. Amusée par les propos de celui dont les doigts enlacés aux siens réussissaient à eux seuls à réchauffer son être tout entier, Bea ajoute d'un ton un poil trop satisfait « ça ne m'étonne même pas. » Combien devaient-ils être au sein de cette maison à avoir peur de voir un autre serpent l'attaquer de son venin ou de se mordre eux-mêmes leur queue ? Même Caïn ne semblait pas pouvoir accorder une confiance générale à ceux qu'il avait de toujours côtoyé et aux yeux de la lionne qui à défaut d'avoir eu une vraie famille, se l'était créée à sa façon avec une bonne partie de ses camarades rouges et or, combien trouvait-elle cela triste. Parce qu'elle n'ose imaginer le nombre de fois où le sang-pur devait surveiller ses arrières ou retenir ses mots ou ses gestes et ce, depuis peut-être même plus longtemps que son arrivée au château. N'étaient-ils pas finalement privés d'une grande part de leur liberté d'être, eux les enfants de l'élite ? Un regard de concerne aux sourcils froncés commente ses traits à cette pensée, elle s'inquiète Bea, pour lui mais aussi parfois parce qu'elle mesure qu'elle ne sait pas entièrement tout ce qu'il a à vivre chaque jours et par le statut qui est le sien, réalisant combien ils peuvent être différents. Mais ne se sentaient-ils pourtant pas si bien en la présence de l'autre ? Main dans la main à visiter cette pièce qui lui était si inconnue et différente de la sienne destinée au même usage, Bea ne parvient pas à ressentir quoi que ce soit de négatif malgré l'apparence un brin austère de certains détails qui dans d'autres circonstances lui auraient peut-être fait esquisser une moue. En la présence de Caïn, tout n'était qu'embelli car il appartenait à ce tableau et d'une certaine manière, Bea savait qu'apprendre à aimer le serpent était aussi apprendre à faire avec son monde et aussi, était-elle moins rebutée à l'idée qu'elle ne l'aurait cru. Quel pouvoir étrange et puissant qu'était l'affection, la vraie. Celle qui fait hisser de nombreux sourires et réprimer même quelques rires à Bea lorsque Caïn sursaute et réagit avec une urgence à peine dissimulée quand son ami les interrompt sans le savoir. Elle écoute tout d'une oreille attentive Bea, pour une fois proche d'eux et de Caïn près d'un ami à lui sans avoir à partir, elle profite de son invisibilité et ne rate aucun instant. Des excuses du brun jusqu'à la mention du prénom de la Carrow, du scepticisme du Nott jusqu'aux mains tâtonnantes de Caïn autour de lui, elle se mord les lèvres Bea pour éviter de laisser échapper un rire. Appuyée contre la fenêtre, elle ne remarque pas le geste un peu plus vif que prévu de Caïn reculant vers elle et manque soudainement de tomber par terre, les mains ancrées à la table basse, les pièces de l'échiquier se bousculent et atterrissent au sol en fracas quand elle, a failli les rejoindre. Il lui faut alors aussitôt plaquer une main devant sa bouche pour s'empêcher de faire le moindre bruit tandis qu'elle ressent la main de Caïn l'avoir rattrapé et désormais bien décidée à perdurer ce contact entre eux qu'elle n'évite plus. Essoufflée par le rire qu'elle contient, Bea observe le Nott les quitter et expire presque bruyamment quand il est enfin parti. Les pièces progressivement ramassées, elle confie au sorcier « si tu savais combien je me retiens de rire actuellement. » Elle recherche son regard Bea, pour s'assurer qu'il aille bien tout de même et c'est à cet instant que de multiples sensations vinrent lui picorer l'épiderme. Attrapant sa main, Bea se redresse et l'attire aussitôt vers la sortie, un dernier regard pour cette salle commune qu'elle ne reverra sans doute jamais. « je, il y a quelque chose qui cloche, ça picote de partout. » comprendrait-il l'urgence qui faisait battre son cœur bien plus vite à cet instant ? Dépassant la porte de la salle commune des serpents, Bea se sent tout de même bien mieux une fois extirpée des cachots où elle a pressé le pas. Seulement il y a des personnes dans le hall d'entrée et aussitôt, sa main se détache de celle de Caïn, juste au cas où. Par réflexe, ce foutu instinct qui l'ennuie profondément à cet instant mais son audace et caractère têtu lui font pourtant enlacer à nouveau les doigts du brun en attirant à une nouvelle fois sa main à la sienne. Bea se sent de plus en plus étrange et sait qu'il ne lui reste que quelques secondes avant de redevenir elle-même, d'un mouvement rapide, elle les emmène dans l'un des couloirs afin de s'engouffrer dans le premier placard qu'ils croisent. Là dans le noir sans réellement l'être, son souffle court lui échappe et son corps se voit collé tout contre le sien. Elle se hisse sur la pointe des pieds, ferme les yeux et ses mains glissent en coupe autour de la mâchoire de Caïn. Tandis que ses lèvres s'appuient contre les siennes, son apparence tout entière revient progressivement à l'œil de n'importe qui, telle une vague lui parcourant le corps à mesure qu'il réapparaissait.

Léger sourire à la remarque de Bea concernant la salle commune des lions, il secoua la tête, pas convaincu. « Je ne te crois pas » Il aurait été moins étonné de découvrir que peut-être, le fantôme d’un lion hanté la tour des Gryffondors mais ce n’était pas comme s’il avait l’occasion de le découvrir par lui-même. Cette situation était inédite et il était tellement ravi de pouvoir partager une partie de lui, de sa vie, avec la rousse, qu’il baissa la garde et se fit surprendre par une tierce personne. Son premier réflexe avait été de regarder dans la direction de la jeune femme seulement c’était là le meilleur moyen de se faire griller. Il fallait en plus qu’il s’agisse de Theodore plutôt qu’un élève lambda de première ou deuxième année qu’il aurait pu renvoyer dans son dortoir sans aucun remords. En plus d’être l’un de ses amis les plus proches, le référent était intelligent alors si Caïn ne gérait pas cette intervention, il y avait de grandes chances que le sorcier devine ce qui se tramait ici. Bea toujours à ses côtés – il la sentait – c’était encore la seule chose qu’il contrôlait. « Différent ? Tu as raison, je suis peut-être un peu distrait ces temps-ci » Noyer le poisson pour ne pas attirer plus d’attention sur lui, c’était ça le plan. Ou une partie en tout cas. « Rien d’alarmant cela dit » Le plus beau mensonge qu’il avait pu sortir jusqu’à maintenant alors qu’il était en réalité plus préoccupé que jamais. Entre sa famille, son histoire avec Bea, son avenir professionnel incertain qui s’était logiquement installé avec cette dernière année, le Flint avait décidément matière à penser. Raison pour laquelle il veillait tard le soir, trouvant difficilement le sommeil et l’idée de prendre des somnifères lui ayant déjà traversé l’esprit. Regard à nouveau posé sur le Nott et cet air mystérieux que Caïn trouvait encore plus tordu que s’il lui avait clairement dit ce qu’il pensait de son comportement actuel, le sang-pur fit de son mieux pour rester naturel jusqu’à prier toutes les divinités existantes pour que son ami remonte dans leur dortoir. L’échiquier renversé lui offrit le soulagement dont il avait besoin depuis que la main de Bea ne touchait plus son dos, signe qu’elle était toujours là, près de lui, et après avoir promis à Theodore de tout ranger, celui-ci s’éloigna enfin, Caïn relâcha le long soupir qu’il gardait dans ses poumons depuis cinq minutes. Il se rassura en tâtant à nouveau autour de lui et en posant une main sur son bras parce que même s’il ne l’avouait pas, il avait eu peur pour elle. Lorsque sa voix lui parvint à nouveau aux oreilles, il secoua la tête, partagé entre l’envie de rire lui aussi et celle de la sermonner pour les dangers encourus. Mais elle n’était pas la seule à blâmer et il aurait été hypocrite de le faire alors il se contenta de souffler et de ramasser les pièces, laissant malgré tout un sourire en coin orné son visage. « Ravi de voir que mon infortune te fasse rire » se défendit-il avant que Bea ne lui attrape la main et qu’il la serre comme si ce contact pouvait suffire à lui faire oublier cette mésaventure – et d’une certaine manière, c’était le cas. Parce qu’elle était là Bea et qu’ensemble, ils pouvaient tout affronter, pas vrai ? Seulement il n’eut pas le temps de réfléchir plus longtemps que déjà, la lionne le tirait vers la sortie, Caïn essayant de suivre sa course sans être vu ou en tout cas, sans que l’on se demande pourquoi une force invisible lui prenait la main pour l’emmener Merlin-savait-où. A la sensation qu’elle avait exprimée cependant, il se doutait de ce qui était en train de se passer et il ne savait pas pourquoi ça l’effrayait plus qu’autre chose. Lui reviendrait-elle entièrement ? Des pensées interrompues par d’autres voix inconnues dans le couloir et des doigts qui lui échappèrent une nouvelle fois, contre son gré. Un geste volontaire et sans doute inconscient, résultat d’une habitude qu’il aimerait pourtant tellement changer… Quand elle les enlaça à nouveau, il ne la vit toujours pas, Bea, encore victime de ce sortilège d’invisibilité et quelques secondes plus tard, elle les enfermait dans un placard à balais sombre et étroit. Il aurait pu grimacer dans d’autres circonstances avant de plaisanter quant à son choix de lieu pour passer un moment avec lui mais blagues et réflexions furent rapidement évincées par la lionne qui l’entoura de ses bras et scella leurs lèvres dans un baiser qu’il prolongea aussitôt. C’était cette sensation là, celle de bien-être, cette certitude d’avoir trouvé sa moitié qui le poussait à prendre tous ces risques. C’était elle et personne d’autre. Séparant leurs lippes à contre cœur mais le front collé au sien tandis que dans son dos, il dessinait quelques caresses du bout des doigts, Caïn reprit finalement la parole. « So are you back, for real ? » demanda t’il doucement, craignant un peu trop une réponse négative. La rousse confirma et il sortit sa baguette magique de sa robe de sorcier pour lancer un « Lumos » et venir éclairer son visage. Sourire réel et sincère en la voyant cette fois de ses propres yeux, il posa sa main libre sur sa joue et l’observa sans rien dire pendant de longues secondes, incapable de fermer les paupières parce qu'il y avait la peur de la perdre et pas uniquement à cause d’un petit plaisantin trouvant ça drôle de jouer avec sa baguette magique. Non, c’était beaucoup plus que ça. Et à cet instant, sans trop savoir pourquoi, les mots de Theodore un peu plus tôt se bousculèrent dans sa tête, assez pour qu’il trouve le courage d’énoncer ses pensées. « And you’re not just a girl, you know ? » Pas juste une fille avec qui il s’amusait comme avait pu le faire croire son ami avec ses propos et s’il n’avait jamais pris la peine de lui dire la façon dont il ressentait réellement les choses alors peut-être que c’était le moment. « You’re my girl » glissa t’il en s’accrochant à ses iris bleutées, le message qu’il espérait clair et un pronom possessif qui signifiait plus qu’une simple envie de marquer son territoire ou une autre bêtise du genre. Et il avait conscience de tout ce que cela engendrait, de par leurs différences à tout point de vue mais jusque là, ça n'avait pas arrêté Caïn. « I mean, if you dare » ajouta t'il en haussant un sourcil, de ce regard joueur qui avait accompagné leurs premières rencontres dans le parc. Elle était elle avant tout Bea – et il savait à quel point ça comptait pour elle – mais aussi elle était sienne. Ses doigts caressant toujours le bord de sa joue, il approcha de ses lèvres pour l’embrasser encore, tendrement d’abord puis avec passion et à la hauteur de ses sentimentsvpour elle. Ici, derrière cette porte close, ils pouvaient être ce qu’ils voulaient.

(c) mars.

Elle se sentait bien à cet instant, malgré l'espace étroit dans lequel ils étaient nouvellement, malgré l'obscurité qui les environnait et ce palpitant qui frappait fort dans sa poitrine par l'urgence qu'avait été la situation à partir du moment où la gryffondor avait commencé à ressentir tout son épiderme picoter. Elle avait su qu'elle reprenait progressivement son apparence, que bientôt, tout le monde la verrait en compagnie du sang-pur et dans sa salle commune et c'était pourtant tout à fait impossible à imaginer, n'est-ce pas ? Non seulement parce qu'elle était interdite d'accès dans cette salle réservée aux serpents, mais surtout interdite dans son monde. Pourtant, alors que leurs lèvres se scellaient là dans ce placard à balais quelconque, n'est-ce pas tout un monde qui se créait à l'impact, galaxie entière aux mille étoiles remplies de promesses, de ce qu'ils sont, à l'origine d'une infinité de possibilités qui contredisent toutes les chances qu'on leur attribue rien que pour avoir l'audace de s'apprécier. Et dans le secret qu'ils forment en ce lieu et en cet instant, Bea ressent pourtant toute la force et la conviction qui l'anime pour contrer ce à quoi on les prédestine, pour eux, ce qu'ils formaient d'aussi unique et qui se lisait au moindre geste qu'ils avaient l'un pour l'autre, au seul regard qui s'échangeait avec une intensité particulière qui soufflait au cœur de l'autre 'You're the one'. Un sourire étire ses lèvres au moment de ressentir les caresses de Caïn dans son dos puis d'enfin pouvoir se dévoiler à nouveau sous son attention et elle notait, Bea, la façon différente dont son regard révélait les pensées du brun à son égard. Et elle aimait ça, cette façon qu'il avait de la regarder comme si elle était ce qu'il y avait de plus beau et de précieux dans une pièce, comme si elle était importante pour lui, véritablement. Parce que chez elle, il l'était vraiment et que son sourire adouci l'exprimait parfaitement, Bea s'offre à sa vue et contemple son visage éclairé du lumos entre eux, profitant de chaque instant comme si c'était le dernier. Elle qui a déjà le cœur qui bat fort, voit redoubler son rythme au moment où de nouveaux mots franchissent ses lèvres et attestent d'une vérité qu'elle avait secrètement désiré entendre depuis un long moment déjà. You're my girl, qui se répète dans son esprit et vient lui faire ressentir une agréable sensation de chaud dans tout le haut du corps tandis que ses lèvres se pincent d'un sourire emprunt d'un plaisir qu'elle ne sait dissimuler, le regard pétillant et relevé vers celui contre qui elle est blottie. C'était différent, de l'entendre et de le savoir, comme une nouvelle étape de leur relation après tant d'autres franchies, quelque chose de plus officiel auquel elle se raccrochait et qui lui reconfirmait une nouvelle fois combien tout cela était vrai et réciproque. La sorcière ne voulait pas réfléchir aux conséquences et aux difficultés que ça engendrerait, parce que face à son regard se trouvait tout simplement celui à qui elle confiait son cœur un peu plus à chaque instant. Son sourire s'étira en un véritable et sincère, joueur également au défi qu'il ajouta tandis qu'elle se laissa capturer ses lèvres d'une douceur devenant passion. Ses bras glissèrent derrière la nuque de Caïn à nouveau afin d'y croiser ses mains et laisser ses doigts flirter dans les sillons de sa chevelure qu'elle aimait tant, prolongeant ce baiser dont la saveur se faisait différente encore tandis que son cœur semblait défaillir d'affection pour lui. « Yes. » accepta t'elle entre deux baisers, d'un soupir apaisé et amoureux. « You and me. Us, for real. » et son nez rechercha le sien dans une caresse taquine tandis que ses lèvres ne cessèrent de creuser ses joues d'un sourire comblé avant de plonger à nouveau sur ses lèvres afin de les capturer à son tour. Elle se sentait spectaculairement bien en ce temps précis et mémorisait tout ce qui lui était offert à cet instant, les sensations, ce qu'elle ressentait, la douceur de ses cheveux sous ses doigts, de ses lèvres contre les siennes, sa carrure sécurisante contre elle, la chaleur de son corps et son parfum enivrant qu'elle reconnaissait à présent et aimait tant. Elle se sentait chanceuse Bea, d’avoir cette place là dans la vie de Caîn, de l’avoir véritablement rencontré il y a de cela quelques mois tout juste, d’avoir le privilège de pouvoir attester qu’elle connaissait une part de qui il était - et ô combien l’aimait-elle, cette part dont jamais elle ne s’est lassée jusqu’ici et dont jamais elle ne comptait le faire. La lionne se sentait capable de défaillir à chaque instant pour le simple des sourires qu’il lui offrait et l'une de ses mains glissa jusqu'à son torse afin de se placer juste au-dessus de son cœur dont elle ressentait le palpitement contre, une arabesque comblée sur les lèvres, toujours. D'une certaine façon, tous les deux s'offraient la possibilité d'un avenir, l'espérance et la conceptualisation de celui-ci en officialisant ainsi et il s'agissait de tant aux yeux de la rouquine. A tel point que ce soir là quand elle rejoignit sa tour, Bea fut incapable d'arrêter de sourire. Bien trop transportée par les sentiments qui la remplissaient depuis cette entrevue unique et dont le souvenir était impérissable en elle, elle oubliait cette crainte qu'on les découvre, cette déception d'avoir à le quitter dès leur sortie du placard. Elle ne pensait qu'à lui, qu'à eux-deux et combien elle aimait pouvoir enfin les définir en tant que couple. Caïn était désormais son petit-ami et la lionne oubliait tout parce que ce qui importait n'était qu'eux deux et c'était bien suffisant.