Quelques jours se sont écoulés depuis que les rumeurs des copains de Merlin ont atterri sur le tableau d’affichage des deux Salles Communes encore accessibles. Après en avoir entendu par Elijah, Caleb n’a pas trop tardé avant de descendre chez les Poufsouffle pour voir ça de ses propres yeux. C’est d’un air incrédule qu’il a tout lu, sans savoir exactement laquelle lui paraissait le plus incroyable : une professeure  utilisant ses dons de legilimancie au détriment des élèves ? Milena flirtant avec Colin ? Victoire ayant le béguin pour Mia ? Pansy associée à des filles qu’elle ne voudrait certainement pas fréquenter ? D’autres l’ont évidemment davantage inquiété ou fait de la peine, comme les accusations à l’encontre d’Eris qui la dépeignent comme une fille qu’elle n’est pas du tout, la faillite de la famille Flint étalée au grand jour, ou encore l’évocation du rapprochement entre son frère et Hestia alors que cette dernière ne doit toujours pas être au courant que leurs parents les ont fiancés. En revanche, s’il y a bien une rumeur qui l’a fait rire - exploser de rire même, lui attirant les regards interloqués de certaines blairelles présentes -, c’est celle selon laquelle il aurait retenu l’attention de Nausicãa qui viendrait lui rendre régulièrement visite. Ce dernier point n’est pas faux, certes. Mais quiconque les connaissant un minimum saurait immédiatement à quel point la déduction, elle, est improbable. L’avantage, c’est au moins que ce ragot lui aura un peu allégé le coeur - et il s’est promis de la taquiner à ce sujet dès qu’il aurait l’occasion de la voir. Le sang-pur n’a pas manqué de le faire et ils ont fini par en rire ensemble tellement c’était stupide. Et rire, passer du temps avec ses amis proches, Caleb en a bien besoin ces derniers temps. Il bénéficie évidemment du soutien de ses meilleurs amis, lesquels après l’avoir laissé un peu tranquille pour digérer sa rupture, se sont mis à l’entourer avec un mélange de bienveillance, d’envie de le secouer un peu et de désir de lui changer les idées. Et même si la déprime le guette tous les soirs une fois qu’il se retrouve seul avec ses pensées, c’est là-dessus que le brun s’efforce de se concentrer (avec son travail scolaire et ses responsabilités vis-à-vis des autres élèves, évidemment). En ce début de soirée, c’est un autre visiteur qui vient frapper à sa porte. Au moment d’ouvrir, c’est un air de surprise qui s’affiche sur le visage de Caleb, aussitôt éclairé d’un sourire. « Thomas. » Immédiatement, il ouvre la porte plus grande. Il craignait un peu d’être dérangé, mais ce n’était pas à la visite de son frère qu’il s’attendait. Depuis leur dernière conversation, ils n’ont pas vraiment eu l’occasion de passer du temps ensemble. Il y a encore beaucoup de choses à travailler entre eux, pourtant cette forme de tranquillité instauré a vraiment apaisé le benjamin des Rowle. « J’aurais pas cru que tu savais comment te rendre dans les cuisines » sourit-il, prenant les deux bouteilles que son aîné lui tend. « Je saurai garder le secret » affirme-t-il sur un ton malicieux, surtout que ce n’est rien de bien grave. « Viens, entre. » S’effaçant pour laisser passer Thomas, Caleb le conduit ensuite au salon où il l’invite d’un geste de la main à prendre place sur le canapé ou un des fauteuils. « Je dois avoir des dragées surprise et des chocogrenouilles à grignoter, ça t’intéresse ? » demande-t-il, farfouillant dans ses placards avant de disposer sur la table basse ce qu’il peut bien avoir à offrir à son invité surprise. « Ce sont les rumeurs des copains de Merlin qui t’inquiètent ? » L’aiglon se doute bien que c’est de ça dont le serpent veut parler. « Ils ont dit vrai… Pour la rupture. » Simple, bref, concis. Il préfèrerait ne pas avoir à s’étaler sur ses sentiments, même s’il ne compte pas non plus éviter les questions. « Et toi, avec Hestia ? C’est vrai que vous êtes souvent ensemble en ce moment ? » demande-t-il avec une certaine curiosité, évidemment intéressé par ce qui peut bien se passer dans la vie de son frère.

Être capable de rire de bêtises avec Thomas, Caleb n’en aurait pas espéré autant quelques mois auparavant. Pourtant aujourd’hui c’est la réalité et, au milieu de toutes ces choses qui ne fonctionnent pas du tout comme il l’espérait, c’est un fait qui lui apporte du réconfort. Mais la discussion ne s’annonce pas forcément facile car, dès qu’il a vu la tête de son frère se profiler derrière la porte de l’appartement, le brun a immédiatement compris de quoi il en retournait. Entre eux, il y a encore des sujets sensibles. Mais Caleb est décidé à faire ce qu’il peut pour que ça se passe le mieux possible et assez vite, ils sont confortablement installés dans des fauteuils moelleux avec de quoi grignoter et boire. « Merci » souffle-t-il quand Thomas lui tend sa bièraubeurre. Il boit une gorgée du liquide réconfortant, tout en écoutant le serpent lui répondre au sujet des fameuses rumeurs qui courent dans tout le château. Effectivement, il ne s’attendait pas à que l’autre Rowle soit triste au sujet de sa rupture avec Eris. Ça doit même être un soulagement pour lui, et pour toute la famille qui si elle n’est pas encore au courant le sera certainement très bientôt. Thomas ne le dit pas à haute voix, mais probablement uniquement par respect pour ses sentiments. « Ça me dérange, ce qui a été écrit à son sujet. Elle n’est pas déjà à la recherche de… D’une proie, ou je sais plus trop comment ça a été dit. » Le septième année est visiblement agacé. Il a fréquenté Eris pendant presque un an et il la connaît suffisamment bien pour savoir que ce n’est pas du tout son genre. Qu’elle soit insultée ainsi le dépasse totalement, peu importe comment les choses se sont terminées entre eux. Ses sentiments à ce sujet sont variés, même si c’est évidemment la tristesse qui domine et c’est là-dessus que Thomas s’attarde, prononçant des paroles destinées à l’apaiser. « Merci, c’est gentil. » Caleb ne sait pas à quel point il peut être une bonne âme et il a un peu de mal à penser correctement au futur hors scolarité, mais il apprécie les mots qui lui sont adressés. Néanmoins, il ne veut pas que la conversation tourne uniquement autour de lui. Et surtout, il s’intéresse à ce qui peut se passer avec celle qui est destinée à devenir sa belle-soeur. Mais Thomas lui pose une colle. « Vaste question… » Il repense à l’époque où il a commencé à sortir avec Mia, seul cas de figure qu’il a connu et qui pourrait correspondre à la situation. « J’imagine que plus on passe de temps avec une fille et plus on apprend à la connaître, les sentiments évoluent facilement et un jour, on se rend compte qu’il y a eu un déclic… » Le préfet-en-chef a conscience que la question est délicate car très sérieuse. « Peut-être qu’il y a des choses qui ne s’expliquent pas… Surtout quand ça concerne les sentiments. » Observer son aîné ainsi embarrassé a quelque chose d’attendrissant et, pas vraiment surpris dans le fond, Caleb se dit que c’est probablement une bonne chose. « Alors il semblerait que mère ait fait un bon choix… Tu comptes lui en parler quand ? » Mais visiblement, Thomas ne compte pas le lâcher de sitôt avec sa rupture - le cadet aurait dû s’en douter. « J’en suis même pas vraiment sûr… J’imagine que la réalité nous a rattrapés. On a fini par se rendre compte qu’on était trop différents et… On s’est éloignés petit à petit, jusqu’au point de non-retour. » En dépit du sujet douloureux, la mention de Nausicãa le fait sourire en coin. « Peut-être bien que ça a changé ? » Caleb ne peut s’empêcher de se demander quel effet une telle nouvelle aurait. Après tout, les Ponds ont le sang pur, même s’ils n’appartiennent pas aux vingt-huit sacrés. Mais très vite, il lève les deux mains vers le ciel. « Ça va, je rigole. Elle vient souvent me voir c’est vrai, mais principalement parce qu’elle supporte difficilement les envahisseurs dans votre Salle Commune. Et avant qu’une autre rumeur à la noix sorte, elle m’offre souvent des trucs, mais seulement parce qu’elle croit que je suis fauché je pense. » Autre terrain sensible en vue, l’aiglon poursuit dans une autre direction. « De toute façon, il est beaucoup trop tôt pour parler d’une autre fille, qui qu’elle puisse être. »

Bien que sensible au compliment de Thomas, Caleb a du mal à ne pas simplement hausser les épaules. La vérité, c’est que ces derniers mois, il n’a pas une haute estime de lui-même, paradoxalement perdu en dépit du fait que pour la première fois de sa vie il peut exprimer ses convictions à haute voix sans craindre les représailles maternelles. Sa récente rupture ne fait qu’aggraver les choses, mais c’est à lui d’apprendre à les gérer du haut de ses seulement dix-sept ans. « Merci. » Aussi posé qu’à l’accoutumée, son aîné semble choisir ses mots avec soin, pour ne pas le blesser. Mais ils ont aussi été élevés ainsi et, au fond, il aurait été difficile de dire lequel d’entre eux était le plus flegmatique. Leurs points communs sont nombreux et, si les confidences ne sont pas spécialement dans leurs habitudes, c’est peut-être ce qui les rend plus précieuses encore. « Bien sûr que je m’en souviens… C’était l’année des détraqueurs. J’étais obsédé par l’idée de ces démons postés aux abords de l’école et le fait découvrir que tu avais le béguin pour Pansy m’avait agréablement distrait » sourit-il. Évidemment, le bleu et bronze ne précise pas pourquoi les gardiens d’Azkaban le terrifiaient littéralement quand il avait douze ans (et probablement aujourd’hui encore) : ils savent tous les deux que c’est parce qu’il s’agissait d’un aperçu des horreurs subies à chaque seconde du quotidien par leur père en châtiment de ses péchés. Beaucoup trop préoccupé pour un petit garçon, ça l’avait momentanément poussé à se concentrer sur autre chose. « C’est sûr que vous deux, ç’aurait été… Quelque chose, on va dire ça comme ça. Mais Pansy attirait déjà tous les regards donc j’imagine que c’était pas trop surprenant. » Ce souvenir le fait rire, en dépit du sérieux du sujet dans le fond. « Oui, on a le droit de se tromper à notre âge… Mais le problème ne devrait plus vraiment se poser pour toi. » Qu’il s’agisse de destin ou des parents, le résultat est tout simplement le même. Et en dépit du fait qu’il n’a pas accepté ses propres fiançailles, Caleb n’est pas contre le mariage arrangé : dans leur univers, ça semble très bien fonctionner. « Ça t’inquiète, ou pas vraiment ? » Car si Thomas sait depuis toujours ce qui l’attend, il n’en resterait pas moins normal d’avoir peur de ne pas vraiment avoir le choix à son âge. Mais comme ses sentiments à l’égard de Hestia semblent avoir évolué, le benjamin est curieux de savoir ce qu’il en est. Et évidemment, la curiosité est partagée, en quelque sorte. « Je te promets que si les visites de Nausicãa devaient devenir suspectes, ce serait pas parce qu’elle m’apprécie un peu trop » assure-t-il, souriant de plus belle. « Et que si la solitude quittait ma porte, tu serais cette fois l’un des premiers au courant. » Mais ce genre de préoccupations lui semblent encore bien loin, à lui qui tente de recoller les morceaux de son coeur tout en espérant qu’Eris s’en sort mieux que lui. Et il est heureux de voir que, même si son frère a ses propres préoccupations, les choses semblent au fond plutôt évoluer dans le bon sens pour lui. « Oui, ça me paraît difficile aussi d’avancer sans que Hestia soit au courant de l’essentiel. » Prenant le parchemin que le serpent lui tend, Caleb reconnaît immédiatement l’écriture de leur mère. Il sent son coeur rater un battement, parce que cette lettre maternelle lui rappelle qu’elle lui manque plus qu’il ne l’aurait cru. « D’accord, je vois pourquoi ils ont fait ça, mais ça reste quand même aberrant de mon point de vue… » Inspirant profondément, l’aiglon replie soigneusement le parchemin en le tendant à Thomas. « Je comprends ton dilemme. Mais puisque tu me demandes ce que j’en pense… Je pense que ce sera difficile quels que soient les mots et le moment choisis. Plus le temps passe et plus ça risque d’être compliqué à avaler comme nouvelle en sachant que d’autres étaient déjà au courant, non ? Tu n’es pas responsable de ce que ses parents ont pu lui dire ou pas, mais si elle te pose la question à toi, donne-lui simplement tes propres raisons, je suis sûr que quelque part elle appréciera ta sincérité. Si tu penses vraiment qu’il y a quelque chose entre vous… Je crois, même si ça n’engage que moi, que l’honnêteté est ta meilleure carte. Elle aura peut-être besoin d’un peu de temps, mais ce sera à elle de gérer les choses avec sa famille même si tu es là pour la soutenir. »

Lorsque Thomas évoque leur mère, Caleb reste silencieux. Son aîné a beau affirmer qu’elle ne pourra pas renoncer éternellement au moindre contact avec lui, il n’en est pas aussi certain. Après tout, quand il a quitté le manoir familial, il l’a fait en toute connaissance de cause de ce que ça impliquerait. Et il ne connaît personne qui ait été renié par sa famille de sang-pur et qui ait retrouvé de bonnes relations avec elle même des années après. Pourtant, les paroles du huitième année insufflent tout de même un léger espoir au septième année, lui qui a besoin de se raccrocher à des éléments comme ses amitiés solides et sa relation en bonne voie d’être tout à fait rétablie avec son grand frère. « Je leur écrirai peut-être, à Noël… À elle et à Grand-Mère. Tu penses que c’est une bonne idée ? » Après tout, difficile de rejeter totalement un de ses proches au moment des fêtes. Même si ces dernières restent mesurées chez les Rowle, ça reste des moments de partage familial. « Merci d’être là. » La phrase est toute simple, pourtant Caleb a l’impression que ça résume beaucoup de choses. En dépit du fait qu’ils ont depuis des années des opinions différentes sur des sujets importants, il pense comprendre ce que son frère veut dire. « Elle a décidé de laisser le choix à Archie, c’est vrai. Mais elle a peut-être toujours su que de nous trois, tu serais celui qui accepterait le plus facilement sa destinée. Ou alors elle a eu un bon instinct avec Hestia… » Car même s’il ne le montre pas, l’aiglon ne peut s’empêcher de se sentir touché par les propos Thomas. « Si ton choix avait été le même que celui de Mère et que tout se finit bien, ce serait vraiment l’une des histoires les plus romantiques de notre génération. » Car au fond, quand on a le sang pur, les sentiments sont loin d’être une priorité. Ça lui fait penser à sa conversation avec Pansy car, en dépit du fait que les mariages sont forcément solides dans cet univers, on ne sait jamais vraiment si c’est par amour ou par obligation. Si son frère et sa belle-soeur peuvent être heureux en plus de remplir leurs obligations, Caleb serait comblé aussi. La légère couleur montant aux joues du Serpentard le fait sourire en coin, même si la situation reste compliquée dans les faits. « J’imagine qu’on prévoit rarement l’évolution des sentiments. Mais j’ai l’impression que vous apprenez déjà à mieux vous connaître, alors c’est une bonne chose… » Leur rapprochement n’a pas échappé à ses yeux observateurs - ni à d’autres, visiblement. « C’est sûr que tu as été mis dans une situation difficile à gérer. Mais j’ai confiance en ta capacité à prendre les choses en main et en même temps, tu commenceras à… Faire tes preuves en tant que futur mari, si on peut dire. » Écoutant Thomas évoquer ses craintes, le benjamin des Rowle repose sa bouteille désormais vide sur la table basse. « Euh… Oui, il ne vaudrait sans doute mieux pas mêler Flora à ça… Ce sont à eux de régler leurs histoires de famille, même si ça finira par devenir la tienne aussi, j’imagine que le mieux serait que tu te tiennes le plus possible à l’écart d’éventuels conflits. » Les jumelles sont différentes mais ont l’air fusionnelles, comme ça semble souvent être le cas. « C’est sûr qu’elle sera choquée. Elle a été mise à l’écart d’une situation qui pourtant la concerne en tout premier lieu. Elle aura peut-être du mal à comprendre au début pourquoi tu ne lui as rien dit. Mais même si sa réaction n’est pas celle que tu espérais… Si elle en éprouve le besoin, laisse-lui du temps. Tu as eu des mois pour t’y faire, ce sera tout frais pour elle. Tu auras peut-être besoin de t’armer de patience pendant un moment, mais la situation finira forcément par s’arranger. » Car au final, sentiments ou pas, Hestia et Thomas n’ont de toute façon pas vraiment le choix.

Réalisant que ce sera la première fois qu’ils ne passeront pas les fêtes ensemble, Caleb ne dit rien. En effet, ils ne vivent plus sous le même toit et les choses ont forcément changé, même si Thomas semble penser que rien n’est irrécupérable. « Merci. » Remettre les pieds au manoir familial, ça lui semble bien trop tôt pour l’instant. Mais une reprise de contact, même distante, n’est peut-être pas une si mauvaise idée que ça. Le soutien de l’aîné est forcément important, étant donné que c’est lui qui est destiné à reprendre les rênes de la famille. Mais le benjamin ne voudrait pas non plus le mettre dans une position délicate. « À la tête des Rowle, tu t’en sortiras très bien » assure-t-il, parce qu’il lui paraît important de le souligner. Caleb n’aurait pas aimé être à la place de Thomas et assumer les mêmes responsabilités que lui, il l’a déjà dit haut et fort. Position privilégiée parce qu’il n’est pas l’héritier principal, c’est ainsi qu’il voit les choses, même s’il regrette que le fardeau repose sur les épaules de son frère. « Bien sûr qu’il y aura toujours ce lien entre vous. » Bien que très différents l’un de l’autre, la relation entre ses deux aînés a toujours été particulière : ce sont pas des jumeaux pour rien. « On le sait tous les deux, depuis des années… Que les espoirs reposent sur toi et que donc, ça fait automatiquement moins de pression pour nous. » Le jeune homme a baissé d’un ton, parce que le sujet est forcément délicat. « On n’en parlait pas vraiment entre nous et j’étais encore petit à l’époque où… Où tout ça est arrivé, mais il en est conscient aussi. » Époque traumatisante, famille déchirée, ça lui rappelle beaucoup de mauvais souvenirs. Il préfère donc revenir sur le présent, sur les situations sur lesquelles ils peuvent encore avoir un minimum de prise. Le Serpentard semble être d’accord pour dire qu’en ce qui concerne ses fiançailles, la meilleure chose est encore de dire la vérité à Hestia. « Tu as cette capacité à prendre les choses en main, depuis des années déjà. » Caleb est bien placé pour le savoir. Cela fait-il partie de la personnalité de Thomas, ou est-ce qu’il a fini par développer ça en raison de sa position de premier héritier ? Il ne sait pas trop, mais ça n’en demeure pas moins vrai. « Et si la confrontation avec Flora est inévitable, les choses finiront forcément par se temporiser. » L’aiglon a envie de rester optimiste, tout simplement parce qu’il a confiance en son frère. Et dans sa propre situation, il s’efforce toujours de penser qu’avec le temps, les choses finissent par s’arranger… « Oui, j’espère bien être le premier au courant. » Car même s’il ne s’intéresse pas aux ragots, ça n’a rien à voir : il s’agit de tout l’avenir d’un de ses deux frères. Et même s’il n’est pas le plus exemplaire en ce qui concerne le fait de s’ouvrir et de se confier au sujet des relations amoureuses, Caleb se sent forcément concerné par les tourments du huitième année. « Et tu as raison, un jour tout sera derrière nous. » L’avenir lui paraît encore bien flou, mais au moins il est entouré, plus encore que nécessaire. « En tout cas, ma porte te sera toujours grande ouverte. Que ce soit pour parler, te changer les idées ou… Juste s’asseoir avec de la bièraubeurre » sourit-il. Quelque part, le préfet-en-chef a l’impression que leur relation s’est détendue depuis que les choses sont claires. Il a beaucoup perdu en fuyant le manoir familial, même s’il a gagné en liberté de pensées et d’actions. Mais au moins, ils sont toujours là, ensemble, à discuter de choses importantes, et ça représente plus encore pour lui qu’il ne saurait l’exprimer à haute voix.