Un soupir quitte ses lèvres alors que son regard se perd sur le plafond. Son pied s’agite sur son lit, tapotant nerveusement alors que son esprit file dans tous les sens. Par un miracle qu’il ne saurait nommer, il a terminé ses devoirs en avance. Le temps pluvieux et orageux ne lui permet pas de sortir comme il le voudrait et tous ses amis semblent occupés. Si Levi pourrait profiter de ce rare temps calme pour se reposer, luxe qu’il n’avait que trop rarement, il n’y parvient pas réellement. Il est bien trop habitué à l’agitation, aux activités constantes qui lui permettent de ne pas sombrer dans des pensées trop lourdes. Alors qu’un énième soupir le quitte, il se redresse soudainement, idée qui le frappe alors qu’il repense aux mots adressés par Maisie quelques jours plus tôt, quand elle prétendait qu’il ne serait pas capable de lui faire peur même s’il le voulait vraiment. Il s’était alors promis qu’il trouverait le moyen de l’effrayer – gentiment, évidemment. Enfilant ses chaussures, le sorcier s’empresse de quitter son dortoir, excité par la perspective de surprendre son amie dans les jours qui viennent. Encore faudrait-il qu’il réussisse, évidemment… Mais il avait tout le temps du monde pour s’entraîner puisqu’elle n’était au courant de rien. Empruntant les escaliers, il arrive au troisième étage une dizaine de minutes plus tard. Il file vers la galerie des armures, un léger sourire aux lèvres alors qu’il tient fermement sa baguette. Alors qu’il s’approche d’une armure, il se penche légèrement pour l’observer, réfléchissant à la meilleure façon de la faire se déplacer. Il imaginait déjà Maisie qui sursautait alors qu’il avait ensorcelé l’armure pour bouger à son passage, sachant déjà qu’il trouvera la scène bien trop drôle. Croyant apercevoir un morceau de l’armure un peu tordu, le blaireau se penche pour tenter de le redresser… Sauf qu’il n’arrive à rien d’autre qu’à la faire tomber ainsi que celle d’à côté, vacarme assourdissant qui le fait grimacer. Et parce qu’il aura visiblement peu de chance aujourd’hui, l’armure est tombée d’une drôle de façon, un peu en diagonale alors que l’autre lui est tombée dessus dans une position relativement équivoque qui fait forcément éclater de rire Levi. Torse secoué par ses éclats, il entend soudain des pas qui semblent s’approcher et il n’a pas le temps d’essayer de corriger sa bêtise qu’il sent une présence dans son dos. Se tournant, il tente d’afficher une mine désolée mais il n’y arrive pas vraiment, encore trop hilare de la scène se déroulant juste derrière lui. « C’est vraiment, vraiment pas ce que tu crois. » Car l’objectif n’avait jamais été de réaliser un tel tableau même si, pour le coup, il était persuadé que ça ferait rire Connor et Maisie presque autant que lui.

Dans un geste totalement désespéré, Eris referma brusquement son livre de potion, récoltant au passage des regards noirs et de chut de l’autre bout de la rangée. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle avait tenté de s’installer dans la bibliothèque pour faire ses devoirs en sachant pertinemment qu’elle était incapable de se concentrer plus de cinq minutes sur son cours. Cela n’avait rien à voir avec la matière ou le professeur Snape qui avait tendance à terroriser les plus jeunes et fragiles ; le problème venait d’elle. Il n’était pas si difficile que ça d’apprendre les différents ingrédients nécessaires à la création de l’élixir éternelle pourtant, c’était une énième leçon qu’elle ne se saurait mémoriser, l’esprit trop dérangé. Elle voyait ses notes descendre encore et encore sans réussir à les arrêter et si jusque-là, Eris avait toujours accepté l’idée de n’être qu’une élève aux résultats moyen, c’était désormais et chaque fois l’impression d’être juste médiocre et loin de ce qu’on attendait d’elle. Levant les yeux au ciel à la réaction de quelques Serdaigles autour d’elle, elle tira la langue à Colin, un peu plus loin qui semblait réviser difficilement lui aussi et après un sourire en direction de son ami, elle quitta l’antre des plus studieux où elle n’était clairement pas à sa place pour retrouver sa salle commune où, peut-être, elle pourrait apercevoir le visage de ses amis – ou d’un certain aiglon – pour lui remonter le moral. Seulement elle n’avait pas encore atteint le troisième étage que déjà, un bruit sourd se fit entendre à quelques pas. Ecarquillant les yeux mais curieuse, toujours, quand il s’agissait de s’occuper et de trouver une distraction, la blairelle avança dans les couloirs afin d’élucider le mystère. Tout devenait rapidement une aventure avec la Goldstein, âme d’enfant prête à bondir à la moindre occasion tandis qu’elle remettait correctement son sac de cours sur son dos. Il y avait bien quelques élèves qui sortaient de classe mais aucun ne semblait avoir entendu le raffut précédent et elle se faufila parmi la foule d’étudiants, très rapidement pour ne pas laisser le temps à leurs émotions de l’envahir totalement. Alors elle courait presque, Eris, et s’arrêta net devant la salle des Trophées, porte grande ouverte, statues tombées l’une sur l’autre et à côté… son cousin en train de rigoler. « Levi ? » Innocente oui mais pas totalement naïve – en tout cas pas pour tout – la position des armures eut le don de la faire rire elle aussi, et la réaction du brun encore plus. « Je crois surtout que si un professeur arrive, tu vas avoir des problèmes » répondit-elle en haussant un sourcil, amusé. Et à partir de maintenant, elle en aurait sans doute aussi parce qu’il n’était pas question de le dénoncer pour quoique ce soit. Il était sa famille après tout. « C’est toi qui as fait ça ? » Et elle ne parlait pas de la chute des armures mais bel et bien de la représentation face à eux. « On pourrait les laisser comme ça mais je ne suis pas sûre que Chourave ou McGonagall apprécierait le spectacle » Même si leur directrice de maison était assez cool dans son genre selon Eris qui, par cette rencontre hasardeuse, voyait l’occasion de passer un peu de temps avec Levi. Et cette pensée la faisait sourire.

Il est soulagé, Levi, quand il réalise que c’est Eris qui est là. Après tout, il aurait pu tomber sur un préfet ou sur un autre sorcier barbant qui n’aurait rien trouvé de mieux à faire que le sermonner ou reporter ce qu’il avait fait à un professeur. Avec sa cousine, au moins, il savait que les choses n’iraient pas jusque là. Celle-ci ne manque d’ailleurs pas de rire, probablement contaminé par l’hilarité de Levi qu’il parvint enfin à calmer. « Ça dépend le prof… Tu vois, je suis sûre qu’Hagrid trouverait ça vraiment drôle. » Peut-être pas, à vrai dire, mais ça l’avait fait et rire et au passage, il en avait fait de même avec sa cousine, même involontairement, alors c’était tout ce qui comptait. Haussant les épaules à la question de la brune, il était sans doute le responsable de ce désastre mais tout était accidentel. Lui n’avait voulu que piéger Maisie et le voilà qui se retrouvait à devoir expliquer à Eris pourquoi deux armures se retrouvaient en position compromettante en plein milieu du couloir. « Oui enfin tu sais, je voulais pas vraiment faire ça ! Je voulais les ensorceler pour les faire bouger mais… ça a un peu dégénéré. » Rien qu’un peu, bien entendu. Un soupir déçu quitte les lèvres du blaireau face à la vérité énoncée. Il savait bien qu’il lui était impossible de tout laisser ainsi car il finirait par avoir des ennuis. Cela ne le dérangeait pas réellement, mais l’idée de faire perdre des points à sa maison ne l’enchantait pas réellement. « T’es sûr ? Imagine, on pourrait déguiser les statues en serpentards, je suis sûr que ces coincés seraient tous offusqués ! » Du moins c’était l’image qu’il avait des serpents – des individus qui passaient plus de temps à être scandalisés par tout et rien plutôt qu’à présenter un réel intérêt. Ils n’étaient probablement pas tous à mettre dans le même panier mais en attendant, ils étaient la cause principale des altercations qui éclataient par moment dans le château. « Bon, ok, je suppose que t’as raison… Tant pis pour l’art que je viens de créer.. » dit-il en portant une main sur son cœur pour feindre d’être blessé, avant de rire bêtement. Observant la meilleure démarche à suivre pour se sortir de cette situation sans faire trop de bruit, Levi récupère sa baguette et se tourne vers sa cousine. « Tu m’aides ? » Il a l’impression de détecter une sorte d’hésitation dans son regard, ce qui le pousse à continuer. « Je peux le faire tout seul mais t’as vu le résultat quand j’ai voulu tout gérer... » Sourire amusé qu’il lui offre, le blond ne pouvait qu’admettre qu’il avait lamentablement échoué, même en dépit de toute l’adresse dont il pouvait faire preuve habituellement. « On peut rendre ça plus amusant… Et dire que le dernier a redressé son armure et à la remettre à sa place aura un gage. Sauf si t’as trop peur de mes merveilleuses idées de gages et que tu préfères te dégonfler ! » D’humeur taquine, il était finalement plus que ravi de passer ce moment imprévu avec sa cousine, comme c’était souvent le cas.

Avoir été envoyé chez les poufsouffles à son arrivée au château avait été une fierté pour Eris qui suivait les traces de sa mère de la plus belle des façons et si d’un côté, elle avait été déçue de ne pas être répartie dans la même maison que son frère, elle avait ressenti un soulagement conséquent en croisant le regard de son cousin à leur table ; repère dans cet inconnu qui l’attendait. Avec Levi, il avait été question de beaucoup de repas familiaux lorsqu’ils étaient plus jeunes, des vacances aussi passés ensemble quand les Kowalski n’étaient pas déjà en voyage de l’autre côté de la Terre et naturellement, les cousins s’adoraient. « Normal ! Hagrid est notre professeur mais il est aussi notre copain à tous » C’était l’impression que l’ancien garde-chasse donnait à tout le monde et à Eris la première. Cette même passion pour les animaux les liait après tout et elle aimait beaucoup lui parler en dehors des heures de classe. « On peut dire que tu as réussi. Elles ont bougé » s’amusa t’elle avec un léger sourire. Pas comme il le voulait, comme il l’avait avoué, mais elles avaient changé de place pour se retrouver l’une sur l’autre. « Ok, j’avoue que ce serait drôle de voir Parkinson scandalisée par un tel spectacle. Je veux dire, elle s’énerve un peu vite, tu ne trouves pas ? » Elle ne voulait pas juger, Eris, jamais, parce que ce n’était pas son genre même quand elle n’avait aucune affinité avec les personnes visées mais cette sorcière là en faisait toujours des tonnes, ce n’était pas un secret. Incapable de rester sérieuse devant le jeu d’acteur de son cousin, elle secoua la tête en riant, pas vraiment surprise de voir que quelques minutes en sa compagnie suffisaient à lui faire oublier ses révisions précédentes – et l’échec que cela avait été. « Bien sûr » affirma t’elle, prête à lui donner un coup de main en sortant sa baguette magique de sa poche. Magie défaillante principalement quand le moral n’était pas au beau fixe ou que son esprit se voyait trop préoccupé, la blairelle haussa malgré tout un sourcil à sa tentative de provocation – qui fonctionnait parfaitement. « Je te rappelle que je deal avec toi et tes merveilleux gages depuis toujours, ce n’est pas aujourd’hui que je vais me défiler ! » Si elle avait plutôt tendance à faire plaisir aux gens plutôt qu’autre chose, elle n’en restait pas moins compétitrice pour autant, en tout cas pas quand il s’agissait de ce genre de défis qui ne pouvait faire de mal à personne. Main levée en direction des statues, elle tenta de cacher son malaise lorsque son sortilège se dévoila moins puissant qu’il n’aurait dû, malgré tout heureuse de n’avoir rien cassé. Ramasser le désordre leur prit encore quelques minutes avant que le garçon ne parvienne à redresser totalement son armure tandis qu’elle galérait encore. « Ok, ok, je m’incline devant le grand Levi Kowalski… mais seulement pour cette fois » Sauf qu’elle choisit cet instant pour relâcher son enchantement et l’amure n’étant pas totalement droite, elle retomba sur le sol… dans leur direction. Dans un réflexe de survie, elle tira sur le bras de Levi pour les pousser sur le côté et éviter la collision avec ce qui les aurait certainement écrasés sans remords. Le cœur battant la chamade de peur, un rire nerveux accompagna sa relevée et elle osa un « C’était moins une ! » soulagé mais le stress toujours présent. « Je crois qu’on peut dire que la maladresse est de famille… » Ce n’était rien de le dire ; malchance lui collant à la peau depuis sa naissance. Le laissant lui-même s’occuper de remettre en place la statue, Eris s’adressa quand même à son cousin en haussant les épaules. « J’accepte la sentence. Allez, je t’écoute ! Quel sera mon gage ? » Elle était presque sûre qu’il serait gentil et clément avec elle parce qu’évidemment qu’elle était sa cousine préférée (et peut-être la seule mais qu’importe) !

Eris avait sans doute raison – au fond, Hagrid ne ressemblait en rien aux autres professeurs qu’ils avaient. Les enseignants auraient sans doute été très agacés par sa farce et sa maison aurait perdu des points, ce qu’il ne désirait absolument pas. Les remarques de sa cousine font rire le blond qui ne peut que valider ce qu’elle avance, même si ses propos sont sans doute un peu trop mesurés. Il n’en est pas étonné toutefois, parce qu’elle avait toujours été plus bienveillante que lui, même avec ceux qui ne le méritaient pas. « Un peu ? T’es beaucoup trop gentille, Eris ! » Ce qui était d’ailleurs un trait de sa personnalité que Levi adorait et elle espérait surtout que jamais elle ne change. Le monde aurait besoin de plus de sorciers comme elle, il en était réellement convaincu. L’envie de passer du temps avec elle se manifeste à travers cette petite compétition qui n’avait rien de réellement sérieux au fond. Sa cousine ne recule pas devant un défi éventuel, ce qui ne l’étonne pas. « Tu as réussi à les gérer… Pour l’instant ! Qui sait ce que je peux avoir en tête, maintenant. » Jamais rien de bien méchant en tout cas, pas avec elle et elle le savait, Eris. Il la considérait comme une autre petite sœur et ne voulait que le meilleur pour elle, prêt à jouer des poings avec quiconque chercherait à lui faire du mal. Si tôt la compétition lancée, Levi se concentre et ramasse un morceau du bras qui s’était détaché pour l’emboîter à nouveau au reste de l’armure. Puis, il soulève celle-ci grâce à sa baguette et se concentre pour ne pas la faire tomber à nouveau. Au bout de quelques minutes, il parvient à la repositionner à sa place exacte, ce qui le pousse à se tourner vers sa cousine avec un sourire satisfait. « C’est pas la première fois et ce sera pas la dernière fois, c’est sûr ! » Forcément qu’il déborde d’assurance même s’il en riait plus qu’autre chose, le blaireau. Seulement, le sort d’Eris n’était pas tout à fait terminé et l’armure retombe. Il se retrouve poussé en arrière, évitant de justesse qu’elle ne lui tombe dessus. Yeux écarquillés alors qu’il se tourne vers la brune, Levi éclate pourtant de rire, loin d’être inquiet face au danger qu’ils venaient pourtant de courir tous les deux. « Tu parles, je vois vraiment pas pourquoi tu pourrais penser ça... » Clin d’œil qu’il lui offre avant de diriger sa baguette vers la dernière armure, prenant quelques instants pour la remettre à sa place initiale. Il n’en reste pas moins inquiet, Levi, car en dépit des sourires et plaisanteries qu’il offre à Eris, il sent que quelque chose est différent. Il n’a pas besoin de son don pour remarquer qu’elle n’est pas tout à fait elle-même car il la connaît et voit à travers son regard qu’elle est perturbée. Il est bien déterminé à l’aider comme il le peut, même si pour l’instant, il se contente de lui offrir un énième sourire. « Dans ce cas, je vais réfléchir à un moyen de te torturer... » Il fait mine de réfléchir alors qu’il n’a pas l’intention de lui offrir un gage bien compliqué, loin de là. « Mais pendant que je réfléchis, on devrait aller manger un bout, j’ai faim ! » Il ne lui demande pas si elle a envie de venir – sa cousine partageait sa gourmandise, les deux n’étant pas chez les blaireaux pour rien. Eris à ses côtés, c’est ensemble qu’ils quittent le couloir pour emprunter à nouveau les escaliers. Son regard ne peut qu’aller vers la brune de temps à autre, inquiet. « Tu sais… J’ai l’impression que quelque chose ne va pas vraiment. » Il hausse les épaules comme s’il disait ça avec nonchalance alors qu’en réalité, cela lui tenait véritablement à cœur. « Je sais pas vraiment quoi mais juste… T’as pas l’air comme d’habitude. » Il le voyait à son regard, au stress qui émanait d’elle aussi. De nouveau dans le hall, c’est vers les cuisines qu’il se dirige désormais. « On peut en parler, si t’en as envie. » Il ne compte pas la forcer à discuter, conscient que ce serait tout simplement inutile. Il était le premier à vouloir s’isoler et à ne pas s’expliquer quand il était perturbé par quelque chose alors il serait hypocrite d’obligée sa cousine à lui parler. « Faut me le dire, si je dois aller casser la tronche d’un abruti ! » Il pousse légèrement son épaule en riant – même s’il était prêt à s’exécuter, si véritablement tout était de la faute d’un sorcier qui ne la mériterait sans doute pas.  

Un petit rire lâché à la remarque de Levi concernant sa gentillesse et elle haussa les épaules d’un geste naturel. « Je ne la connais pas » Pas personnellement en tout cas et pas suffisamment pour pouvoir dire que Parkinson était toujours comme elle le montrait aux autres. Certains se dresser une carapace ou se donner une image particulière ; et même si elle avait l’impression que la reine des vipères n’était que ça : une vipère, Eris lui offrait le bénéfice du doute. « Des tonnes de choses, je le sais très bien. Tu sembles un peu trop doué à ça d’ailleurs… » Trouver des défis plus drôles les uns que les autres, c’était une partie de sa personnalité qu’elle adorait, la brunette, parce que son frère avait toujours été trop sérieux à son goût – en tout cas plus que son cousin – et qu’elle appréciait donc passer du temps avec Levi et plus tard, ses petites sœurs, bien que les occasions de voir les jumelles semblaient moindres à côté des vacances entre cousins qu’Anthony et elle avaient eu la chance d’avoir. Après quelques coups de baguette magique, le poufsouffle avait réussi à remettre en place son armure et avec encore des efforts, Eris y parvint aussi mais en deuxième, de quoi récolter le fameux gage dont ils parlaient depuis de longues minutes. Une grimace étirant ses traits à cette maladresse apparemment génétique, elle le laissa régler les derniers détails seulement il la surprit – à moitié – par son envie d’aller manger quelque chose et elle secoua la tête, amusée. « Evidemment que tu as faim. Un grand gaillard comme toi, il faut le nourrir » plaisanta t’elle en lui donnant un coup dans l’épaule qui n’avait rien de méchant – et de toute façon même si elle avait voulu lui faire mal, Eris était certaine de ne pas y arriver. En route vers les cuisines, chemin qu’il connaissait visiblement trop bien tous les deux, l’inquiétude de Levi la toucha particulièrement et pourtant, elle avait bien trop de choses en tête pour oser se livrer de la sorte. C’était Levi, un membre de sa famille, et peut-être pourrait-il la comprendre mieux que personne finalement ou au contraire, il ne verrait pas les problèmes comme elle les voyait elle. « T’es qu’une brute, Levi » répondit-elle en riant légèrement lorsqu’il proposa de régler ses soucis avec la violence. Elle savait qu’il était beaucoup plus que ça en réalité surtout quand avec elle il n’avait toujours été que bienveillant et adorable. « Mais non, aucun garçon à frapper » ajouta t’elle en le poussant du bras de manière familière. « Je vais bien, je t’assure. Juste un peu préoccupée. Les cours sont de plus en plus durs » C’était un fait, après tout, elle passait d’année en année et il était normal que la difficulté augmente. Cependant, elle se doutait que si Levi l’interrogeait, c’était aussi parce qu’il avait lu le journal de l’école qui parlait d’elle et de ses frasques amoureux. Elle soupira parce qu’il attendait encore une réponse et prit un air tout à fait dramatique – qui ne lui allait pas – pour dire : « Ok alors j’avais un copain depuis des mois – ne me regarde pas comme ça Levi, je ne suis plus si petite – mais maintenant, j’en ai plus » Ou comment résumer l’évidence en quelques mots. « Mais je vais bien ! Je suis juste triste de lui avoir fait de la peine mais ça va passer. Il est beaucoup mieux sans moi » D’ailleurs sans elle, peut-être que Caleb n’en serait pas là où il en était aujourd’hui, ignoré par sa famille et vivant chez l’un de ses meilleurs amis. « Et j’ai faim moi aussi. Ça prouve que je suis en pleine forme, n’est-ce pas ? » s’amusa t’elle avec un clin d’œil tandis qu’ils arrivaient près des cuisines. « Tu penses que si je demande aux elfes de me faire un sandwich plutôt qu’une pâtisserie, ils voudront bien ? » On approchait de l’heure du goûter plus que de celle du souper mais elle avait envie de salé. « Et toi alors ? Est-ce que tu as un petit secret à confier à ta merveilleuse cousine ? » Elle l’embêtait, clairement, mais il ne lui tiendrait pas rigueur, elle en était persuadée.  

Il plie son bras, Levi, comme pour mettre en avant ses muscles avant d’éclater de rire. « T’as vu cette toooonne de muscle ? Évidemment qu’il faut que je mange ! » Comme si c’était la seule raison pour laquelle il grignotait si souvent, alors même qu’il avait hérité de la gourmandise légendaire des blaireaux. Et même si le sorcier avait tendance à souvent plaisanter et à prendre les choses à la légère, il savait se montrer plus sérieux, notamment quand il s’agissait de ses proches, de sa famille. Son côté protecteur était bien plus attisé auprès des siens et il n’y avait rien d’étonnant à le voir s’inquiéter pour Eris. Il avait grandi avec elle et la considérait comme sa sœur alors il ne voulait que ce qu’il y a de mieux pour elle. Il hausse les épaules en riant alors qu’il savait qu’elle plaisantait. Peut-être y avait-il une part de fond, car même s’il n’était pas du genre à chercher les ennuis sans raison, il n’hésitait jamais à se joindre à la bagarre quand celle-ci était lancée et qu’il voulait protéger ses proches. Alors qu’ils avancent, Levi ne peut s’empêcher de laisser son regard se tourner vers elle, essayant de vérifier qu’elle ne tentait pas simplement de le rassurer. « Je voudrais bien t’aider mais je suis sans doute pas le mieux placé pour ça. » Parce que le blond sait qu’à force de s’éparpiller, il est loin de l’excellence qu’on pourrait attendre de lui. Ses résultats sont corrects et sans doute qu’il pourrait faire mieux, mais il était tellement occupé à tout vouloir gérer qu’il lui était impossible de pouvoir aider sa cousine dans ce domaine-ci. D’autres seraient sans doute bien mieux placés que lui. Le Kowalski hausse un sourcil en entendant Eris évoquer un petit-ami -depuis quand pouvait-elle sortir avec quelqu’un, elle qui était encore si jeune ? C’était comme si elle lisait dans ses pensées puisqu’elle s’empresse d’apporter une précision sur son âge et il devait admettre Levi qu’il exagérait sans doute un peu. « Mouais, ça j’ai du mal à y croire… Faudrait être un imbécile pour être mieux sans toi, t’es géniale.. Ce qui est normal après tout, c’est de famille. » Évidemment qu’il se sent obligé de plaisanter et de se vanter un peu, sinon, ce ne serait pas vraiment lui. « Si tu dis que ça va, je vais dire que je te crois.. Même si je suis pas vraiment convaincu. » Il ne pouvait qu’être honnête avec elle, Levi. Surtout, il connaissait suffisamment Eris pour savoir qu’elle avait tendance à minimiser ce qu’elle ressentait pour ne pas importuner son entourage. « Évidemment qu’ils voudront, comme s’ils pouvaient te refuser quoi que ce soit ! » Surtout pas les elfes, alors que sa cousine était la première à les traiter avec respect, ce qui n’était pas le cas de tous les sorciers du château. Enfin dans les cuisines, le sorcier hausse les épaules mais ne répond pas de suite alors qu’ils s’installent tous les deux à une petite table. Sandwichs demandés à l’elfe croisé, Levi hésite un peu avant d’abdiquer. « Moi ça va, j’ai rien à cacher. Juste.. J’ai hâte de retrouver Rebecca et Ruth. » C’était bien le plus compliqué finalement, être si loin d’elles alors qu’elles avaient besoin de lui pour combler l’absence de leurs parents. Ce n’était pourtant pas son rôle que de prendre leur place mais il refusait qu’elles ne vivent la même enfance que lui. Alors quand les vacances arrivaient et qu’il retrouvait ses sœurs, il faisait de son mieux pour leur faire tout oublier et pour s’occuper d’elles. « Mais ça va aller, les vacances vont vite arriver ! » Il force un sourire pour Eris, conscient que de toute façon, il n’avait pas d’autre choix. Leurs sandwichs sont posés face à eux, remerciement que Levi offre à l’elfe avant reporter son attention sur la brune. « J’ai trouvé ton gage ! T’aimes bien danser, pas vrai ? » Un léger sourire étire ses lèvres alors qu’il découpe un bout de son sandwich et le glisse entre ses lèvres. « Prochain repas, à la fin, quand tout le monde se lève pour partir et que les professeurs ne sont plus là… Tu devras te mettre debout sur ta table pour faire une petite danse. » Il se retient de rire, Levi, alors qu’il imaginait facilement sa cousine se lâcher sous les regards surpris des sorciers encore présents.  

Devant la fausse arrogance de Levi et cette démonstration de muscles, elle approcha sa main pour toucher son bras tout en secouant la tête. « Non, vraiment, je ne vois pas de quoi tu parles » Et elle haussa les épaules, Eris, bien trop fière de sa blague. Son cousin ne manquait pas de force physique et elle le savait très bien mais l’embêter lui semblait beaucoup plus drôle. Il était de ces personnes à qui elle pouvait tout dire, sans avoir peur des représailles et c’était rafraichissant pour une demoiselle aussi honnête qu’elle. Elle avait du mal à cacher ce qu’elle pensait, la Goldstein, et détestait le mensonge pourtant, en ne confiant pas réellement tous ses problèmes au garçon, c’était ce qu’elle faisait d’une certaine façon. Mais son cœur la punissait en la faisant se sentir mal alors elle réussit à lui donner quelque chose, une vérité à laquelle elle ne pouvait plus échapper. Sa mère apprendrait bientôt que ses résultats scolaires étaient en chute libre et elle ne doutait pas que les prochaines vacances ne seraient pas les plus tranquilles à cause de ça. « Ne t’inquiète pas, ça va aller. Et si ce n’est pas le cas, je pourrais toujours demander à Anthony de m’aider » Chose qu’elle ne ferait pourtant pas parce que son frère avait déjà ses propres cours et devoirs à gérer et qu’elle ne voulait pas le déranger. Tout comme ses amis devaient s’occuper de leur scolarité et non de la sienne. Peut-être finirait-elle par demander des cours supplémentaires au professeur Chourave, si c’était nécessaire. En attendant, elle préférait profiter de ce moment entre cousins, elle préférait profiter de tout que de potasser sur des leçons qu’elle ne comprenait qu’à moitié à vrai dire. « Je t’assure que si, c’est… c’est mieux comme ça » soupira t’elle sans lui donner plus d’explication. Elle avait peur qu’il ne voie pas les choses comme elle et ce serait certainement le cas parce qu’il était Levi, toujours prêt à la défendre et croire le meilleur venant d’elle. Elle grimaça à sa réponse, pas surprise de constater qu’il ne la croyait pas – n’était-il pas aussi doué qu’elle pour cerner les gens et leurs émotions ? – « Si ça devient critique, tu n’es qu’à quelques chambres de la mienne, n’est-ce pas ? » dit-elle avec un léger sourire pour le rassurer. Et se rassurer elle-même en quelque sorte parce que sa présence dans la salle commune lui procurait un sentiment de confort, de familiarité. « Tu as raison ! C’est parce que je suis adorable avec eux » se vanta t’elle avec modestie concernant les elfes. Chemin jusqu’aux cuisines habituel, ils s’installèrent à une table et demandèrent aux occupants de leur servir des sandwichs. Croquant une première bouchée, elle hocha la tête à la mention de ses cousines qu’elle n’avait pas vu depuis l’été. « Est-ce qu’elles vont bien ? Elles t’écrivent souvent ? » Elle se rappelait sa propre frustration lorsque son aîné avait rejoint Poudlard pendant qu’elle devait rester à la maison avec ses parents et suivre l’école moldue. Les filles avaient au moins la chance d’être à deux même si Eris avait conscience que sa tante et son oncle n’étaient pas souvent à la maison. C’était la raison pour laquelle Levi et ses sœurs passaient du temps chez les Goldstein pendant les vacances quand ils étaient plus jeunes. Une main posée sur son épaule en guise d’empathie, elle lui offrit le même sourire. « Les Kowalski rentrent pour Noël ? » s’enquit-elle tout de même de demander, la peur que Levi, Ruth et Rebecca soient seuls pour cette fête normalement familiale. Si jamais c’était le cas, sa mère ne serait pas contre l’idée de les convier à leur table, elle en était persuadée ! Encas absorbés en silence un moment, ce fut le garçon qui cassa le silence en évoquant son gage – qu’elle pensait qu’il aurait oublié – et tendit la main vers lui pour qu’il la serre. « Marché conclu ! Mais si un préfet me retire des points pour ça, tu tomberas avec moi » s’amusa t’elle, sachant que les préfets n’iraient pas jusque-là. Du moins, elle l’espérait vraiment. « C’était délicieux ! Si je ne mange pas ce soir au repas, on saura pourquoi » glissa t’elle à l’attention de l’elfe récupérant son assiette, comme une excuse par avance de celle qu’elle laisserait sur la table un peu plus tard. Son estomac d’ogre se retrouvait vite rassasié ces temps-ci, allant avec ses humeurs changeantes au final. « Je crois qu’on devrait y aller. En essayant de ne rien casser en retour cette fois » Elle parlait bien évidemment des armures qui se rappelleraient longtemps de leur passage. « Merci pour ce goûter… particulier Levi » Particulier parce qu’en général, on mangeait des biscuits, pas un sandwich jambon fromage. « Et je sais que je te l’ai déjà dit mais tu es mon cousin préféré » Et peut-être qu’il était le seul mais que si elle en avait eu d’autres alors il serait toujours son cousin préféré, en tout cas c’était ce qu’elle aimait croire parce que Levi Kowalski était un garçon génial et qu’elle avait de la chance de le compter parmi ses proches, sa famille. Alors elle n’était pas étonnée que cette journée, aussi frustrante et épuisante était-elle à cause de… et bien tout, soit un peu meilleure après ce moment passé en sa compagnie.

Il acquiesce, Levi, conscient qu’Eris avait la chance d’avoir Anthony à ses côtés. Anthony qui se montrait bien plus sérieux que lui, du moins en ce qui concernait son travail scolaire. Il pourra probablement l’aider plus efficacement que lui, même s’il était capable de travailler d’arrache-pied si elle venait à avoir besoin de lui. Il était pourtant plus doué lorsqu’il s’agissait de comprendre ce qu’elle éprouvait, comme quand elle prétendait que tout allait pour le mieux. Si c’était en partie grâce à son empathie, le sorcier pouvait également compter sur ce qu’il savait d’elle, blairelle qu’il avait vu grandir et qu’il connaissait aussi bien qu’elle ne le connaissait lui. « Exactement. Tu m’appelles et je débarque en un claquement de doigts ! Bon peut-être pas dans ton dortoir, je voudrai pas faire paniquer les autres sorcières... » dit-il en riant, ne pouvant qu’imaginer la surprise de ses camarades s’il faisait irruption sans prévenir dans leur dortoir. Riant à la remarque de la brune, il ne pouvait qu’avouer qu’elle avait raison – Eris était adorable avec tout le monde, parfois un peu trop au goût du sorcier. Le blaireau n’était pourtant pas la premier à se montrer sociable et serviable avec les autres mais il avait parfois l’impression que certains pourraient aisément profiter de la gentillesse de sa cousine, ce qui l’agaçait. Il chasse toutefois ces pensées pessimistes, grignotant le sandwich déposé face à lui et profitant plutôt de la présence de la Goldstein. Un sourire tendre étire ses lèvres quand il évoque ses sœurs, véritables rayons de soleil de sa vie. « Au moins une fois par semaine.. Mais c’est souvent bien plus, elles me racontent absolument tout ce qu’elles font ! » Ce qu’il aimait évidemment, car recevoir aussi régulièrement des missives parvenait à effacer la culpabilité éprouvée alors qu’il trouvait qu’il n’était pas assez présent pour elles même s’il faisait au mieux. Il avait l’impression de partager leur quotidien, d’être là chaque jour alors même qu’il ne pouvait la voir que lors des vacances scolaires – et lors des rares week-ends qu’on lui octroie de temps en temps. Haussement d’épaule couplé à un soupir, il sait d’avance que les fêtes seront compliquées. « Normalement oui. Mais je serais pas étonné s’ils annulaient au dernier moment. » Si Levi pouvait comprendre l’investissement demandé par leur métier, ils comprenaient moins l’égoïsme monstre dont ils faisaient preuve en étant si peu présent pour eux, et surtout, pour les jumelles. Ils semblaient avoir tout oublié des responsabilités qui étaient devenus les leurs quand ils avaient décidé d’ être parents – comme s’il suffisait de les couvrir de cadeaux pour compenser leurs absences. Levi était prêt à échanger tous les gallions du monde pour avoir des parents un minimum investis dans sa vie et celle de ses sœurs mais il savait que ça n’arriverait pas. « Et vous alors, vous allez faire quoi ? » Lui aussi s’inquiète pour Eris et Anthony, conscient que la situation avec leur père était des plus compliqué. Heureusement, ils pouvaient tous se soutenir lors de cette période compliquée. Sujet plus léger abordé, il n’est pas étonné de voir que sa cousine accepte sans hésiter le gage qu’il lui octroie – contrairement à ce que certains semblaient penser, les blaireaux pouvaient être aussi téméraires que les lions. « De toute façon on est dans la même maison alors tes points sont les miens !» dit-il avec un léger sourire amusé. Il assumera sans aucun problème être le réel fautif de cette perte de points si ça lui permettait de voir Eris danser sur leur table. Remerciements adressés envers l’elfe qui récupère son assiette, le batteur se redresse, prêt à repartir avec sa cousine. « Si jamais on casse quelque chose, on aura qu’à accuser des serpentards, ça passera. » dit-il en haussant les épaules avant de rire, conscient que la brune ne serait pas vraiment enchantée à l’idée d’accuser d’autres sorciers. Si Levi était du genre à assumer, il devait avouer que certains serpents étaient tellement odieux qu’ils méritaient bien d’être réprimandés même s’ils n’avaient rien fait à ce sujet. La remarque d’Eris lui réchauffe le cœur alors qu’il éprouve une vague de gratitude, celle d’avoir quelqu’un d’aussi attentionné qu’elle dans sa famille. « Et toi, t’es vraiment ma cousine préférée. » Elle était même plus que ça, une troisième sœur qu’il était prêt à protéger et qu’il désirait voir heureuse plus que tout au monde. Et c’est accompagnés de leurs rires raisonnant dans les couloirs qu’ils quittent les cachots, côte à côte.  

SUJET TERMINE.