Sous le regard malicieux de Parvati, Padma s’emmitoufle soigneusement. Pendant qu’elle s’habille le plus chaudement possible, elle tente tant bien que mal de faire abstractions des remarques moqueuses de sa soeur. Il fallait certes s’y attendre, mais ça n’en demeure pas moins agaçant. Alors pour ne pas risquer de se faire taquiner davantage, elle prend soin de ne rien répondre du tout. Pourtant, d’une manière un peu ironique, elle ne peut s’empêcher de penser qu’elle était la première à trouver que c’était une excellente idée de partager le dortoir par année plutôt que par maison. Ça voulait dire qu’en plus d’être avec Lisa, elle serait aussi avec Parvati, Lavande, Stella et bien d’autres filles qu’elle aime beaucoup. Ça voulait dire soirées confidences, rigolades et compagnie agréable. Mais à l’instant précis, la jeune femme regrette un peu que sa jumelle en vienne naturellement à connaître ses faits et gestes, ne manquant pas de susciter un questionnement poussé. « Bon après-midi à toi aussi » finit-elle par souffler en espérant être un peu tranquille. Couverte jusqu’au cou et au bout des doigts, Padma sort du dortoir, passant par la Salle Commune en saluant Seamus au passage. Continuant son chemin, elle retrouve Arthur dans l’entrée du manoir. « Paré à l’aventure ? » sourit-elle, attendant qu’il ouvre la porte pour le suivre à l’extérieur. Immédiatement, le froid s’engouffre à l’intérieur et la bleue et bronze referme la porte. « J’avais jamais connu de telles températures ! » Vivant dans le sud de l’Irlande, Padma ne s’estime pas particulièrement frileuse. Pourtant, elle est aussi habituée à la météo de l’Inde, qui elle n’a absolument rien à voir. « Heureusement que ça en vaut largement la peine. » Car forcément, ce voyage scolaire ravit le coeur de l’étudiante. Opportunité unique à saisir, Padma est enchantée de découvrir un nouveau pays aux côtés de ses amis. Non seulement les paysages sont à couper le souffle, mais en plus le manoir est un lieu de rêve pour passer quelques jours et elle apprend un tas de choses intéressantes. C’est aussi le but de cette sortie de l’après-midi, se promener tout en se cultivant un peu. « Il paraît que c’est la plus belle cascade du pays. J’ai hâte de voir ça ! » Heureusement, en dépit du froid polaire, il fait relativement beau. Le soleil parvient à percer parfois pour effleurer leur peau de ses doux rayons, réchauffant ainsi l’irlandaise. « Alors, qu’est-ce que tu aimes le plus, pour l’instant ? » Padma elle-même serait bien incapable de répondre à sa propre question. Entre le village enchanteurs, les centaines de possibilités d’activités toutes plus passionnantes les unes que les autres et le fait de partager tout ça avec ses amis, les idées ne manquent pas. L’aiglonne est bien décidée à profiter de chaque instant et de chaque possibilité qui lui est offerte. « Merci en tout cas de m’avoir proposé cette sortie, ça me fait plaisir. » De partir à la découverte mais aussi de passer un peu de temps avec lui. Certes, ça lui a valu de se faire embêter par sa jumelle, mais Padma ne dit rien à ce sujet, car elle ne peut s’empêcher de trouver ça un peu embarrassant.


La galanterie d’Arthur ne manque pas de toucher Padma, laquelle a l’impression de le redécouvrir en Islande. C’est comme si le fait d’être à l’étranger leur permettait de se côtoyer d’une manière différente, ouvrant d’autres perspectives. La jeune femme ne saurait pas très bien l’expliquer, mais ça lui semble en tout cas être un sentiment tout à fait positif même si elle ne le partagerait pas forcément à haute voix. Au lieu de ça, elle se concentre sur des pensées tout à fait terre-à-terre. « Oui, quand on rentrera à l’école, peut-être qu’on arrêtera de dire qu’il fait froid là-bas. » Car c’est évidemment un tout autre niveau ici, mais après tout le changement fait aussi partie des voyages. Et si ces températures donnent envie à Padma de s’emmitoufler dans un énorme plaid avant de se poser devant la cheminée avec de la bièraubeurre, il est hors de question de louper une seule opportunité s’offrant à eux pendant cette escapade enchantée. C’est pour ça que la brune a accepté sans hésiter la proposition du jeune homme, peut-être aussi parce qu’elle apprécie particulièrement sa compagnie. C’est le cas depuis qu’ils sont en première année, mais elle se souvient aussi en souriant de l’époque où son coeur s’était accroché à son beau regard ténébreux. Rien n’aurait pu être possible entre eux à l’époque et elle n’y pense plus (ou du moins, c’est ce dont elle veut se persuader elle-même). Mais elle garde toujours une profonde affection pour lui, ce qui transparaît probablement dans sa manière de se comporter avec lui. « Trop de touristes, hein ? Et nous, on sort des sentiers battus, c’est ça ? » Sourire aux lèvres, Padma ne l’interroge pas davantage, acceptant de se laisser la surprise pour la suite. « On dirait que tu as bien préparé notre escapade. » Et ça lui fait plaisir, forcément. Marchant aux côtés du né-moldu, elle l’écoute évoquer sa visite au musée viking. « Tu as dû apprendre plein de choses intéressantes ! » Appartenant tous les deux à la maison des aigles, ils ont ce point commun d’aimer découvrir et se cultiver. Ça leur fait toujours de belles choses à partager, même si Arthur semble insinuer qu’il a tendance à en faire un peu trop. Elle rit de bon coeur. « Tu m’ennuies jamais, tu le sais bien. J’aime bien t’écouter. » C’est toujours intéressant, ou alors peut-être sait-il particulièrement bien sélectionner les informations capables de l’intriguer et de la passionner. « Non, j’ai pas encore eu l’occasion d’aller voir des aurores boréales. Je voulais sortir ce matin, mais je me suis dit que j’allais peut-être laisser un peu le temps à mon corps de s’habituer à des températures aussi glaciales… Après, je veux pas non plus rater trop d’occasions, alors j’aimerais bien y aller dès demain. » À voir si elle arrive à tirer Parvati ou Lisa du lit, mais c’est une autre histoire. Pour l’instant, c’est l’heure de profiter des cascades, ou autres surprises réservées par le brun. « Et qu’est-ce que tu as le plus hâte de découvrir ? » Les cours sont intéressants bien sûr, mais il y a tellement d’autres choses à voir. Heureusement, pour l’instant, le vent s’est calmé et les nuages semblent s’être éloignés, comme si l’univers était favorable à leur sortie. Sur ce chemin entièrement recouvert de neige, l’indienne suit l’autre bleu et bronze sans poser de questions, sachant déjà qu’elle va aimer l’endroit où il compte l’emmener. Et au moment où ça commence à devenir un peu escarpé, c’est spontanément que Padma glisse son bras autour d’Arthur pour s’accrocher à lui, geste à la fois naturel et pourtant assez intime en même temps, lui procurant un peu de chaleur sans qu’elle comprenne bien pourquoi.

« Peut-être que d’autres élèves ont eu l’occasion d’aller en admirer et qu’on peut demander des recommandations autour de nous ? » Simple suggestion et pourtant, Padma est certaine que ce serait le mieux avant de partir à la découverte des aurores boréales. L’aventure n’est pas précisément son fort et elle préfère partir préparée, même si la spontanéité réserve également de belles surprises. « C’est vrai, il y a trop de belles choses à découvrir dans le coin. Et moi aussi, je suis contente d’être avec toi. » Ses joues mates s’empourprent légèrement, mais elle espère que ce n’est pas trop visible. C’est également le cas au moment où elle glisse son bras autour du sien, sans arriver à déterminer si c’est uniquement pour avancer avec plus de facilité ou si ce n’est pas aussi par simple plaisir de se rapprocher de lui. Mais elle se trouve stupide et tente aussitôt d’éloigner de son esprit ce genre de pensées. « Je suis prête, je pense ! » Le chemin est couvert de neige et devient parfois escarpé, alors ils avancent plus lentement, mais sûrement. Les rochers les entourent désormais et la jeune femme se tient derrière le brun pour pouvoir progresser à sa suite. La main qu’il glisse dans la sienne la surprend agréablement. Padma est de nature tactile et est rarement embarrassée quand il s’agit de tenir ses amis : c’est plutôt rare qu’une arrière-pensée se glisse dans son esprit. Mais à l’instant précis, elle ne peut s’empêcher de se demander si le geste est tout à fait banal ou s’il revêt une autre signification. Elle comprend donc que c’est en réalité ce qu’elle souhaiterait et, à vrai dire, ce n’est pas vraiment une bonne nouvelle. Elle ne se souvient que trop bien des tourments passés de son coeur, en quoi les choses seraient-elles différentes maintenant ? Pourtant, c’est plus fort qu’elle, de se laisser aller à des rêveries presque inespérées. Il faut dire aussi que le cadre s’y prête tout à fait. Émerveillée, la brune découvre à la suite du jeune homme les merveilles du paysage alentour. « C’est… C’est magnifique. » Elle lui lâche la main à contre-coeur, s’avançant pour embrasser les environs du regard. C’est assurément une vue dont elle ne pourrait jamais se lasser. La lumière projetée par la baguette d’Arthur illumine le tout, rendant les lieux encore plus magiques. « C’est une légende passionnante ! » À la demande du bleu et bronze, l’indienne se rapproche à son tour pour déchiffrer des runes qui brillent dans la roche. Elle laisse son regard les parcourir, ses doigts gantés se posant sur la roche pour en toucher les anfractuosités. La lumière se reflétant sur les reflets bleus sublime les environs de mille éclats, captivant les yeux sombres de Padma. « Qui croirait que de telles merveilles existent dans le monde ? » Un large sourire éclairant son visage radieux, elle se tourne vers l’autre huitième année. « Merci de m’avoir emmenée ici ! » Elle n’y serait pas venue d’elle-même et, sans sa proposition, elle aurait raté un très bel endroit. Et au fond, l’aiglonne se doute que le fait de partager ces instants avec Arthur les rendent plus précieux encore. Bien malgré elle, contre sa volonté, les battements de son coeur s’accélèrent légèrement et elle réalise à quel point le cadre est romantique, à quel point l’endroit serait propice pour un moment plus intime entre deux personnes très attachées l’une à l’autre. Et c’est cette petite flamme, cette lueur d’espoir, ce désir profondément enfoui, que Padma tente au mieux de réfréner. Pourtant, elle ne peut s’empêcher de glisser à son tour sa main dans celle du sorcier, silencieusement à ses côtés pour profiter de la beauté de l’endroit et de l’instant.


Oreille attentive, Padma sourit de voir Arthur s’enthousiasmer. Elle le connaît depuis suffisamment longtemps pour savoir que c’est un passionné, mais elle ne peut s’empêcher de le trouver attendrissant quand il s’emballe en faisant le récit de légendes populaires. Et si elle le trouve beau depuis longtemps, c’est encore plus le cas que d’habitude au moment où son visage s’anime. Forcément, ça l’enthousiasme elle aussi dans la foulée, comme si elle était contaminée d’une belle manière. « Tu imagines retrouver de l’or dans ces montagnes ? Je suis sûre que beaucoup ont cherché, au fil des siècles. » Tout naturellement, le regard de la jeune femme s’attarde sur les couloirs qui partent de ce lieu et s’étendent probablement sur des kilomètres. Certains se sont-ils perdus là-bas ? Rien qu’à cette idée, Padma frissonne légèrement. « Restons au stade des légendes, tu veux bien ? Même avec les sortilèges qu’on connaît, je suis pas sûre qu’on réussirait à s’orienter correctement. » C’est en tout cas un risque qu’elle ne voudrait pas prendre, bien loin de la fougue et du courage de sa soeur jumelle. La bleue et bronze a toujours été plus posée et plus réfléchie ; c’est probablement l’une des raisons pour lesquelles le Choixpeau magique a décidé de l’envoyer à Serdaigle. En dépit de sa déception initiale d’être séparée de sa meilleure amie de toujours, Padma y a rencontré des personnes formidables : Lisa, Victoire, Terry, Anthony, Michael et bien sûr Arthur. Il semblerait précisément qu’en présence de ce dernier, la brune perde quelque peu sa capacité de réflexion habituelle. Elle a beau essayer de se raisonner avec des arguments rationnels, elle n’arrive pas à empêcher son coeur de s’emballer, de battre un peu plus fort, de se gonfler d’espoir. Pourtant, au moment où il l’entraîne à nouveau vers l’entrée de la grotte en affirmant avoir une question pour elle, Padma est très loin de se douter de ce dont il s’agit. Fascinée par la cascade, elle laisse son regard s’attarder sur les innombrables gouttelettes qui s’en échappent. Il n’y a pas à dire, se retrouver derrière permet de profiter d’autant plus du paysage enneigé enchanteur. « Je t’écoute. » Comme il l’invite à le faire, l’irlandaise se pose sur une roche plate à côté de lui. Comprenant qu’il a un peu de mal à s’exprimer, elle tente de l’encourager du regard, avec un sourire bienveillant. Elle n’a absolument aucune idée de ce dont il s’agit, mais quand il lui demande finalement à voix basse de l’accompagner à la soirée, elle en resterait presque bouche bée. « Je… » Elle est tellement surprise que pendant quelques secondes, elle reste silencieuse, avant de réaliser que son absence de réponse pourrait laisser planer la confusion. « Oui, bien sûr. Je serai ta cavalière avec grand plaisir. » Heureusement qu’il a clarifié lui-même la proposition, sinon elle se serait posé la question. Les choses sont plus claires comme ça, même si ça pourrait quand même vouloir dire beaucoup de choses ou d’autres. « Depuis le temps que j’attendais que tu me le proposes ! » Pour dissiper un peu le malaise qu’il y a toujours dans ce genre de situation, Padma choisit de plaisanter. Incapable de détacher son regard du sien, elle a l’impression que quelque chose vient de changer entre eux - quelque chose qu’elle espérait pendant longtemps, tout en faisant de son mieux pour le refouler. « Sans le gant, ça devrait être mieux. » Elle lui adresse un sourire, d’abord un peu timide, puis plus complice. « Merci de m’avoir amenée ici. Et merci pour ton invitation, j’ai déjà hâte d’y être. » L’aiglonne n’aurait pas pu être plus sincère : elle est impatiente d’être à son bras.