Ooh, the reason I hold on Ooh, 'cause I need this hole gone Well, funny you're the broken one But I'm the only one who needed saving 'Cause when you never see the light It's hard to know which one of us is caving
Tout en Islande était magique. Des paysages, aux coutumes locales, en passant par les histoires héroïques des ancêtres de leurs hôtes, Hestia était subjuguée par ce qu'ils vivaient ici. C'était déjà le quatrième jour mais elle profitait un maximum de cette expérience, se levant aux aurores pour observer les dernières aurores, puis partant en cours dans les ténèbres les plus totales puisque le soleil ne se levait qu'aux alentours de 10h30, quand ils étaient en amphithéâtre. Ils avaient pu en profiter toutefois, accordant de nombreux regard aux couleurs merveilleuses teintant le ciel alors qu'il s'illuminait tout juste et pendant une belle dizaine de minutes, leur attention n'avait plus été à leurs professeurs qui, conscients de leur émerveillement, ne leur en avaient pas tenu rigueur. Flora et elle avaient déjà fait de nombreuses promenades aux alentours du Manoir mais elles ne s'éloignaient pas énormément, consciente de pouvoir se perdre à tout moment. L'air glacé de l'Islande était même parvenu à souffler un peu de légèreté sur la situation qui l'attendait en rentrant en Grande Bretagne et elle avait décidé de la laisser de côté pour l'instant. Elle avait croisé Thomas à plusieurs reprises mais il semblait l'ignorer, aussi avait-elle mis de côté avec ses problèmes ce sentiment terrible qu'elle ressentait depuis qu'elle avait compris qu'elle ne l'intéressait pas vraiment. Elle allait profiter de leurs vacances pour vivre des moments magnifiques avec sa sœur et ses amis, et le reste pourrait bien attendre, encore un peu. Elle avait chaussé ses bottes les plus chaudes et avait descendu la pente menant au village, convaincue qu'elle trouverait un cadeau de Noël pour sa sœur par ici. Si elle était chanceuse, peut-être pourrait-elle mettre la main sur quelque chose pour Caïn mais cela allait être bien plus compliqué. Elle trottina jusqu'aux chalets du marché de Yule et déambula un long moment entre les étals, séduite par tout ce qu'elle voyait, désirant tout s'offrir, sans savoir trop quoi privilégier. Les décorations étaient magnifiques, autant que les présentoirs à encens, ainsi que toutes ces fioles remplies de flammes de toutes les couleurs possibles. Elle acheta un pendentif ensorcelé pour sa sœur, dont le pendentif était une de ces fioles contenant un liquide aux couleurs chatoyantes, changeant selon l'état d'esprit du sorcier le portant, pouvant même lui indiquer une anxiété qu'il n'aurait pas ressenti. Elle se dépêcha de remettre ses gants et en se retournant, heurta de plein fouet quelqu'un passant trop près. Elle manqua tomber et vit avec désespoir le paquet contenant le cadeau se précipiter au sol, disparaissant totalement sous quatre centimètres de neige. « Oh mais non ! » Elle retira le gant qu'elle venait tout juste de remettre et plongea sa main dans la neige, parvenant à récupérer le paquet, totalement imbibé d'eau. « Tu devrais faire plus attention !» Elle redressa les yeux. Evidemment. Evidemment.. Thomas.
Cette nouvelle journée sur le sol islandais avait commencé par un autre réveil amer pour Thomas. Habitué à l'angoisse et l'incertitude depuis que la main d'Hestia avait lâché la sienne pour y laisser une brûlure qui ne le quittait plus, il savait que la première minute était la pire dès lors qu'il ouvrait les yeux. Comme s'il était sorti des quelques heures de répit que lui offrait le sommeil par un coup de poing dans le ventre. Puis en même temps qu'il aspergeait d'eau son visage, il pouvait se parer de son habituelle impassibilité et faire taire sa peine pour affronter un autre jour du mieux qu'il pouvait. Pendant la soirée clandestine dont il lui restait un écho de mal de tête, pendant le peu de temps qu'il passait avec ses quelques amis, pendant les cours, il s'efforçait d'oublier autant que possible ce qui était pourtant devenu le centre de sa vie : ses fiançailles. Oh, qu'il se détestait, le Rowle, d'être aussi faible, de rester à la croisée des chemins depuis des mois, lui qui avançait toujours peu importe les tempêtes. Qu'il se haïssait de se morfondre et de penser inévitablement à elle sous le ciel de Skógar lorsqu'il aurait juste dû admirer le paysage et se sentir chanceux d'être là. Mais qu'est-ce que la beauté d'un ciel scandinave en hiver si on est seul pour le contempler, comment apprécier cette splendeur si elle le renvoyait sans arrêt au visage le plus doux qu'il connaisse, ses deux prunelles azur dont la brillance dépassait celle des étoiles que Dieu a faites ? Thomas savait que l'heure des explications sonnerait, dès qu'Hestia serait capable de tolérer sa présence et d'entendre ses paroles. Mais quand ? Est-ce qu'elle comprenait qu'il avait choisi de s'effacer pour lui laisser le temps de digérer la nouvelle ? Il y avait tellement de choses qu'il voudrait lui dire qu'il avait du mal à les organiser dans sa tête. Comment lui expliquer la sincérité de ses sentiments, comment ne pas donner l'impression qu'il avait agit uniquement par devoir, lui, si à cheval sur ses principes ? Le vert et argent ne trouvait rien de mieux à faire présentement que de tout lui raconter, depuis le début, ne plus rien lui cacher. En attendant cet hypothétique moment qui lui inspirait hâte et crainte à la fois, c'est au village que Thomas avait choisi de passer le temps après les cours du matin, avec l'intention de choisir quelques cadeaux pour sa famille. Son oeil avait été attiré par une enseigne mystérieuse qui s'avérait être une herboristerie et, ses pas guidés vers un article en particulier qui avait capté son attention, le Rowle eut soudainement l'idée d'en faire un présent pour Hestia. Idée saugrenue ou non, il verrait bien, peut-être qu'il n'aurait même pas l'occasion de lui offrir, pensait-il en se dirigeant vers les chalets qui ornaient la charmante place de Skógar, son paquet à la main. S'arrêtant à un stand de bijoux ensorcelés parmi d'autres élèves emmitouflés dans leurs manteaux et écharpes, il fit quelques pas de côté, cherchant quelque chose de joli pour sa mère. Thomas ne remarqua pas la silhouette qu'il aurait du trouver familière à côté de lui, et la percuta alors qu'elle se retournait pour partir. Il eu à peine le temps de réagir, penaud, et était sur le point de s'excuser en se baissant pour ramasser l'objet qu'il avait fait tomber. Mais la voix de la jeune fille qui avait été plus rapide que lui le paralysa alors qu'elle se relevait déjà, ses beaux yeux lançant des éclairs avant de s'arrondir de surprise lorsqu'elle les releva vers les siens. Hestia. C'était finalement le hasard qui avait décidé pour eux. "Tu as raison... Je devrais faire plus attention." lâcha finalement Thomas d'une voix rauque après un instant de flottement, sans la quitter des yeux. Laissant passer trois secondes qui parurent hors du temps où ils restèrent là à se regarder l'un l'autre, le vert et argent reprit la parole, essayant de dissimuler tant bien que mal le paquet quelque peu volumineux qu'il tenait sous son bras : "Je suis désolé... Tu permets ?" dit-il en sortant sa baguette de sa main libre. Il utilisa rapidement un petit sort afin de sécher la pochette qu'Hestia avait récupéré. Réfléchis. Dis quelque chose. Un autre silence gênant qui amorce le départ. Elle va partir... Non. Pas cette fois. "Je peux t'offrir un verre ? Ou t'accompagner faire un tour... Peu importe en fait, tant qu'on peut se parler, si tu veux bien." osa t-il en essayant de masquer l'imperceptible tremblement dans sa voix. La mâchoire serrée et remerciant le Ciel qu'elle ne puisse pas entendre le vacarme que faisait son coeur, il attendit sa réponse.
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C'était le pire coup du sort qu'elle aurait pu envisager mais elle se morigéna intérieurement; depuis quand était-elle chanceuse? « C'est rien, ne t'en fais pas. » Il était dur de quitter les prunelles de Thomas et, une infirme seconde, elle ne sut plus pourquoi elle était en colère. Ah oui, c'était vrai, les fiançailles arrangées, sa connaissance du sujet, le fait qu'il n'avait rien fait pour la prévenir, la laissant dans l'ignorance la plus totale. Elle se rappelait, maintenant. Elle l'observa silencieusement sécher les affaires qui étaient tombées dans la neige, étudiant du regard l'écharpe qui entourait son cou, les mèches blondes désordonnées sur son crâne et l'océan au fond de ses yeux. Elle récupéra sans mot dire le paquet qui n'était plus humide et l'écouta lui proposer d'aller boire un verre. Elle hésita un instant, pour la forme, remarquant avec dépit que sa colère n'était plus si sourde qu'auparavant, malgré sa volonté manifeste de l'entretenir. « Suis moi. » Elle avait déjà été, accompagnée de sa sœur ou même de Ginny, gonfler les rangs des étudiants s'échouant sur la terrasse du seul café de Skogar, dont la terrasse magiquement réchauffée ne désemplissait pas. Là, elle avait pu goûter des boissons qui semblaient éclater contre son palais, certaines qui crépitaient contre sa langue et d'autres, encore, qui paraissaient pouvoir la réchauffer toute entière. Sans rien dire, ils s'installèrent autour d'une table, près du brasero aux flammes bleues et observèrent sans rien dire la neige commencer à tomber doucement sur Skogar. La serveuse vint prendre leur commande et elle laissa Thomas prendre ce qu'il désirait, après avoir elle-même choisit une boisson chaude au caramel islandais. Les seconde s'égrenèrent dans le silence, la paix presque revenue sur leur binôme mais les mots lui brûlaient la langue et elle ne put les retenir bien longtemps. « Je suis tellement en colère contre toi, Thomas, tu n'imagines pas... » Elle ne parvenait pas à le regarder, pas plus qu'elle n'était sûre de pouvoir encore contrôler cette discussion; les choses lui échappaient, à nouveau et elle ne savait plus quoi en penser. Les lettres d'encre incrustées sous sa peau se mirent à brûler et elle se rappela cette fameuse soirée. Le lâcher prise, accompagnée de filles qu'elle n'avait jamais côtoyées avant. La promesse de toutes se moquer d'eux, de toutes imaginer quelque chose qui les ferait rire, si elles étaient amenée à se recroiser à nouveau, autour d'un "Action or Dare". Les promesses faites et jamais regrettées. Alors, elle se lança et, accrochant le regard de Thomas, sans rougie, mentant effrontément, elle lui déclara « Ecoute, Thomas. Il y a une raison à tout cela, une raison au fait que je ne souhaite pas me marier, une raison à cette réaction que j'ai eu. » Elle baissa la tête en soupirant, surprise de l'aplomb qu'elle avait, cette facilité à se jouer de lui, se déculpabilisant légèrement en se répétant qu'il l'avait bien mérité. « Flora et moi, on est maudites. » Elle marqua une pause, choisissant soigneusement ses mots suivants. « Il y a une vieille malédiction chez nous, qui se transmet de génération en génération et ... c'est délicat, mais... » Le silence continua d'ériger entre eux une forteresse de glace, de douleur et d'incompréhension. « Je risque de mourir, à chaque moment où Flora se trouve à plus de cent mètres de moi. Là, actuellement, elle doit être sur la place et ne peut retourner au manoir sans moi. » Elle plongea dans ses yeux, culpabilisant très peu de ce qu'elle lui disait, consciente qu'il ne s'entendait pas avec sa soeur et qu'il devrait étudier l'impact qu'aurait cette union sur lui, s'il finissait par l'accepter. « En gros, si tu m'épouses, tu devras l'épouser aussi, en quelques sortes, et nous devrons vivre tous ensemble. » Elle espérant l'achever ainsi, jubilant presque de voir à quel point le sang semblait avoir quitté son visage. Et pourtant, il était encore si séduisant, à ses yeux.
L'espace de quelques secondes alors que sa proposition restait en suspend, c'était comme si rien ne s'était passé. Pas de secret, pas de complot familial, juste elle et lui et le temps arrêté autour d'eux alors que les autres personnes, soudainement inintéressantes et insipides, se mouvaient au ralenti sur la place. Thomas osait à peine respirer alors qu'Hestia semblait hésiter à lui répondre. Le Rowle avait bien remarqué, ressenti jusque dans les tréfonds de son ventre le trouble qui s'était installé et qui avait redoublé d'intensité alors que sa main gantée frôlait celle de la brune pour lui rendre son paquet. Lueur d'espoir, une étincelle qui lui murmurait que les sentiments qui avaient à peine eu le temps d'éclore entre eux étaient toujours là. Mais rien n'était acquit et le vert et argent s'attendait à voir son offre déclinée alors qu'Hestia se décida finalement à l'inviter à la suivre. Surprit par le ton assuré de la jeune fille et le cœur bondissant de joie, Thomas lui emboîta le pas, maîtrisant son euphorie intérieure. Ce moment qu'il avait tant redouté lui apportait au final simplement le bonheur de pouvoir la voir, lui parler. Pouvoir recommencer à respirer pleinement. S'expliquer enfin, puis prier de toute son âme pour qu'elle lui pardonne et que l'orage passe. Hestia les avait dirigés vers le café de Skogar et avait déniché une petite table près des flammes bleues qui reflétaient leur danse sur sa courte chevelure et ses yeux azur. Leur commande arriva - Thomas avait posé le cadeau qu'il avait choisit sous la table et opté pour un café crème tandis qu'Hestia s'emparait de sa tasse chaude à l'odeur de caramel. Immobiles, leurs tasses dans les mains, aucun des deux n'avait l'air de savoir par où commencer, mais l'ambiance était étrangement sereine. Thomas plongea dans le regard qui lui faisait face et lui adressa un sourire, sincère et lourd de sens. Mais il se dissipa quand Hestia prit la parole et prononça les mots auxquels il s'attendait, détournant ses yeux - il n'était même pas digne d'être regardé en face, apparemment. Bien entendu, qu'elle était en colère. Explique lui tout, et pour l'amour du Ciel ne mélange pas les mots. "Je... Je sais. Je n'ai pas d'excuse, du moins, je ne vais pas te faire l'affront de justifier mes actes. Mais s'il te plaît, laisse moi m'expliquer." commença Thomas. Il avala une gorgée, remit ses quelques mèches rebelles en arrière en s'appuyant sur le dossier de sa chaise avant d'inspirer un coup. D'un élan incontrôlé, sa main droite débarrassée de son gant vint chercher celle d'Hestia sur la table. Il caressa légèrement le bout de ses doigts fins comme si il ne pouvait pas réellement les atteindre, avant de lever vers elle un regard implorant. "Regarde moi... Je voulais te le dire. C'était ma première intention en posant le pied en gare de Pré-Au-Lard, te trouver et parler avec toi. Je t'ai trouvée et j'ai aussi appris que tu ne savais rien, et à partir de là... Je n'ai plus su comment faire.". Le Rowle sirota difficilement son café. "Je ne me suis pas rapproché de toi par devoir, mais afin de trouver le moment opportun pour tout te dire. Mais plus je passais du temps avec toi, et plus j'étais incapable de te faire le moindre mal parce que...". Parce que je t'aime, parce que je me suis pris à t'aimer toi qui était sous mon nez depuis toujours. Non, c'était certainement la dernière des choses à dire, le but n'était pas qu'elle prenne ses jambes à son cou. Thomas reprit en reculant sa main à regret : "Mais je t'ai fais du mal quand même. Et je te demande pardon, Hestia, mille fois pardon. Je n'ai jamais voulu que ça se passe comme ça.". Il aurait encore une quantité de choses qu'il voudrait lui dire, lui préciser, il pouvait déblatérer des heures si il le fallait pour prouver sa sincérité. Mais il garda le silence et observait une Hestia qui semblait perdue dans ses pensées avant de reprendre une mine impassible et de le fixer avant de lui répondre. Et plus elle parlait, plus Thomas avait la sensation d'avaler du sable à la place de son café. Il ne s'attendait certes pas à recevoir des bouquets de fleurs, mais il aurait espéré autre chose. ... Ne souhaite pas me marier ? Qu'est-ce que ça voulait dire ? Ils avaient refait le monde ensemble plusieurs fois après le club de lecture, et elle n'avait jamais mentionné d'opposition au mariage. Thomas croisa les bras sur sa chaise et haussa ses sourcils, incrédule, en entendant la suite. "Maudites ?" la coupa t-il, nageant dans l'incompréhension la plus totale au fur et à mesure qu'Hestia expliquait une fumeuse histoire de malédiction familiale qui la liait avec Flora. Il senti le sang quitter son corps, littéralement, et le froid de l'Islande pénétrer chacun de ses pores. "Qu'est-ce que... C'est quoi cette histoire ?", balbutia t-il en tournant sa tête vers la place puis la retournant vers Hestia. "Je vous ai déjà vues à plus de cent mètres l'une de l'autre, c'est ridicule..." reprit-il dans un rire jaune. Le vert et argent réfléchit, et le fait est qu'il n'arrivait PAS à se rappeler d'un moment où il les avait vues loin l'une de l'autre. Il avait déjà passé quelques moments seul avec Hestia cet automne mais, quelle preuve pouvait-il avoir que Flora ne se trouvait pas dans un rayon de moins de cent mètres ? La couleur se ses joues virait au blanc alors qu'il réalisait que cette histoire pouvait bien être sérieuse. "Si tu m'épouses, tu devras l'épouser aussi en quelque sorte...". Thomas leva des yeux ronds vers Hestia, ses dernières paroles agissant comme un coup de grâce. Flora Carrow et ses humeurs incessantes ? Chez les Rowle ? Flora au lever, Flora au déjeuner, Flora au SOUPER ? Non. Thomas avait envie de se laisser couler sur sa chaise et de rouler sur le sol glacé à tout jamais, la morsure des engelures étant moins désagréable que sa future belle-soeur. "Elle... On a discuté elle et moi, elle a probablement du t'en faire part. Mais elle n'a pas parlé de ça... Pourquoi ?". Parce que Flora s'était bien joué de lui et savait que dans tous les cas, elle gagnait ! Il savait maintenant pourquoi chacune des fiançailles d'Hestia avaient été brisées. Mais qu'en serait-il cette fois-ci ? Il ne pouvait se résoudre à renoncer à elle, pas plus qu'il ne pouvait se résoudre à vivre sous le même toit que Flora. "On... On... Va s'arranger ?" bafouilla t-il en retenant son envie d'aller se crever les yeux sur la place publique.
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Du choc, il passa par la colère, puis enchaîna avec le doute pour finalement tomber dans l'acceptation, son visage s'étant coloré entre temps de plusieurs nuances d'orange avant de se vider de ses couleurs. Elle n'aurait pu jubiler plus qu'à cet exact moment, alors qu'il se décomposait devant elle pour ne plus lui offrir qu'un masque de pâleur, figé et ébahi. Elle avait gagné, et elle n'aurait pu s'en sentir plus fière; elle avait hâte de raconter ça à Flora. Elle le regarde tituber là, sous son crâne, bien loin d'elle alors qu'il tentait de revenir à leur moment et à ce qu'elle venait de lui dire. L'idée s'était frayée un chemin jusqu'à son cerveau et elle voyait bien qu'il tentait de réfléchir de manière très pragmatique à cette nouvelle situation. Elle jubilait. Elle ignorait encore combien de temps elle allait faire durer le suspense, mais elle se régalait beaucoup trop pour couper court à ce jeu. Elle lui en voulait de ne pas lui avoir dit, quand bien même sa justification était entendable, elle lui en voulait; était-ce ainsi qu'il avait voulu faire naître quelque chose entre eux? Sur la base d'un mensonge? "Mais plus je passais du temps avec toi, et plus j'étais incapable de te faire le moindre mal parce que..." Ses mots, quelques instants avaient été doux, cependant, et s'ils avaient réchauffé le coeur d'Hestia, ils tournaient dans sa tête à présent. Oui, certes, quelque chose s'était joué entre eux, un regard nouveau sur un visage si souvent croisé, une chaleur inconnue et nouvelle dans le ventre, mais n'était-ce pas faussé? Les vœux prononcés sans eux, par leurs parents, à leur place n'avaient-ils pas biaisé tout ce qui aurait pu se jouer entre eux? "Je vous ai déjà vues à plus de cent mètres l'une de l'autre, c'est ridicule..." Elle garda le silence, attendant de voir s'il parvenait à lui citer un des nombreux exemples qui aurait simplement achevé sa blague alors qu'elle venait tout juste de débuter. « Tu es sûr ? » Le silence à nouveau alors qu'il était, elle en était sûre, tout juste en train de prendre pleinement conscience de ce que cela impliquerait de passer sa vie avec Flora. Elle le laissa patauger à nouveau dans ses questionnements et interrogations et se rendit compte qu'elle prenait un plaisir mesquin à le savoir en panique, très juste retour du bâton; elle avait été si mal en apprenant la situation que ses nuits s'en remettaient à peine. Le prank n'était pas terminé, cependant. « Je suis contente que tu penses qu'on peut s'arranger. Je sais que la situation est difficile mais peut-être qu'on ne doit pas laisser ça se mettre entre nous.. » Elle lui adressa un sourire, désespérément déterminée à prendre sa revanche. « Le voyage dure encore quelques jours, on pourrait peut-être prendre du temps tous les deux? » Une envie mesquine lui était venue; qu'il l'invite au bal et qu'elle puisse en profiter pour continuer à se jouer de lui. La fin du voyage en Islande promettait de belles choses...
Les rouages de son esprit ne s'arrêtaient plus. Même si il avait assuré aux seules personnes au courant de son histoire avec Hestia, en l'occurrence Caleb et Keira, qu'il n'avait pas d'attentes, Thomas ne pouvait s'empêcher de sentir la frustration monter en lui. Dans le fond, il avait espéré une réconciliation féérique sous le ciel scandinave et se laissait parfois aller à rêver, s'imaginant caresser les cheveux de la brune aux yeux bleus à la lueur d'une aurore boréale. Mais ses explications pourtant débordantes de sincérité avaient été ignorées et il avait eu à la place la perspective d'une vie partagée avec Flora Carrow, chose qui était à l'opposé de ce qu'il pouvait qualifier de "féérique". Et si il s'était trompé quant à ses espérances ? Et si Hestia n'était pas capable de lui pardonner, et qu'elle le classait désormais dans les gens avec qui elle était "cordiale" ? Ça expliquerait pourquoi son regard habituellement doux lorsqu'il se posait sur Thomas s'était durci, tout comme sa voix quand qu'elle lui demanda s'il était sûr de lui. "Non, je ne suis pas sûr." avait-il répondu d'un ton volontairement plus froid. Il était hors de question pour le Rowle de s'abaisser à montrer ses sentiments à nouveau si elle avait décidé que ce n'était plus réciproque, même si cette idée le réduisait en miettes de l'intérieur alors qu'il feignait l'assurance en disant qu'ils pourraient s'arranger face à cette histoire de malédiction. Hestia reprit la parole et, une fois de plus, remit en cause tout ce que Thomas venait de penser à l’instant. NOUS ? Prendre du temps, nous deux ? Il émit un léger ricanement en refusant d'écouter son palpitant qui se remettait à faire des bonds dans sa poitrine. "Entre nous ? Donc subitement, il y a quand même un nous ?" lâcha t-il en appuyant sur ce dernier mot. Le vert et argent sentait que quelque chose se tramait et était littéralement torturé par ce sentiment de ne rien comprendre. Il n'aimait pas cette impression qu'on se jouait de lui et fut soudainement traversé par une idée en levant des yeux quelque peu douloureux vers son interlocutrice : "Hestia... Est-ce que tu me racontes cette histoire de malédiction pour me faire partir ? Si tu ne veux plus me voir, je préfèrerais que tu sois sincère plutôt que d'inventer quelque chose d'aussi tordu." dit-il avant de terminer sa tasse d'un trait. "Et si cette histoire est réelle, j'ai dis qu'on s'arrangerait, pas que je m'y ferai. Tout sort qui a été fait peut être défait, en attendant... Il y a une niche qui ne sert plus dans le jardin." osa t-il d'un air faussement sérieux. Bien sûr, il ne le pensait pas (à moins que...), mais l'humour noir était le seul qu'il lui restait présentement. Le Rowle s'était promit de ne plus se montrer sentimental, pourtant il ne put s'empêcher de plonger dans ses yeux pour répondre à la proposition d'Hestia, qui lui paraissait surréelle et presque trop belle pour être vraie. "Je suis toujours partant pour du temps avec toi. Ton pardon ferait de moi le plus heureux, le plus chanceux, oui... Chanceux. Je sais que ça a mal démarré, qu'on a rien pu décider, mais je me considère chanceux que les décisions d'autres personnes m'aient mené ici, maintenant. Leurs manigances ont bien peu d'importance comparé à ce que j'ai trouvé avec toi." plaida Thomas en guise de réponse. Elle avait ce pouvoir de faire tomber ses barrières et ses convictions par sa simple présence près de lui, son air détaché qui le partageait entre la colère et l’envie de l’attraper par la nuque pour l’embrasser. Je suis irrécupérable, pensa t-il en fouillant sa poche, laissant de la monnaie sur la table pour leurs boissons, prenant son courage à deux mains pour ce qui allait suivre. "Si tu veux qu'on passe du temps ensemble, je veux que tu le fasses parce que tu le veux vraiment, parce que tu te sens capable de laisser tout ça derrière nous. Pas comme ça en un claquement de doigts, mais... Un jour. Parce que je suis conscient d'être fautif, mais je ne me flagellerai pas éternellement peu importe... Peu importe ce que je ressens pour toi." commença Thomas, ne sachant pas si il allait se tirer une balle dans le pied ou débloquer la situation. Mais il avait besoin d'être clair. "Si tu le veux toujours, on pourrait aller à la cascade ou même... Aller au bal de Yule ensemble si c'est ça que tu avais en tête ?" se risqua t-il, les ongles de sa main gauche enfoncés dans sa jambe et son regard qui fouillait toujours celui d'Hestia, attendant une réponse fatidique.
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Il y avait une drôle de tempête qui se préparait entre eux, de celles qui dévalaient les plaines, ravageant la lande et ne laissant plus derrière elle que des paysages ébahis et dévastés. La première bourrasque la secoua lorsqu'il eu envers elle, pour la première fois, un ton étonnamment froid qui n'était pas sans rappeler celui de son père lorsqu'il s'adressait à elles. Le ciel autour d'eux s'éclaircissait et pourtant, de nouvelles rafales s'échinaient à la retourner à chaque phrase qu'il jetait entre eux. Il était froid, dur, l'œil brillant d'un éclat qu'elle ne lui connaissait pas. Avait-il fini par montrer son visage? Abandonnant par-là le masque qu'il avait endossé à l'annonce de leurs fiançailles? En avait-il enfin terminé avec ses mensonges et la volonté feinte de la séduire pour finalement parvenir à la marier? Elle l'écouta attentivement, sentant son coeur se mettre à battre douloureusement, comme autant d'éclats de verre se répandant dans ses artères. Et puis il en vint à évoquer Flora, Seigneur, pourquoi l'avait-il fait ? L'air sembla se glacer alors que le visage d'Hestia se vidait de son sang. Ce dernier pulsa quelques secondes à ses tempes et elle se demanda s'il ne valait pas mieux vider sa chaise immédiatement; elle sentait pourtant que ses jambes l'en aurait empêchée. Une niche? N'avait-il donc aucun respect pour celle qui complétait sa vie, celle qui le ferait pour toutes les années à venir plus encore qu'aucun homme n'en était et n'en serait jamais capable? Une niche. Il avait traité Flora de chienne. Le fil de la pensée d'Hestia n'avait malheureusement pas suivi celui de Thomas et elle ignorait que c'était une blague, quand bien même l'aurait-elle su, elle n'aurait probablement goûté la subtilité de sa plaisanterie. Et voilà qu'il lui parlait de pardon alors qu'elle ne parvenait plus à respirer, son souffle coupé depuis une dizaine de seconde. Une niche... Elle n'avait pas parlé depuis la fin de son prank, ne sachant quand rebondir, quoi dire pour ne pas hurler. Il y avait très peu de chances qu'ils puissent un jour sceller cette union, et elle avait envie de pleurer devant l'espoir avorté de cette vie rêvée. Où était-il, le Thomas aventureux, bienveillant et chevaleresque qu'elle avait cru connaître ? Le vent se chargea encore plus en électricité entre eux et des mèches de cheveux s'échappaient des oreilles derrières lesquelles elle les avait coincées pour flotter autour d'elle. Une énième bourrasque acheva d'assécher ses yeux dont elle avait cru un instant qu'ils allaient trahir son émotion. Sa voix s'éleva, se traînant en dehors des lèvres qu'elle avait tenté de garder pincées, pour ne pas déverser les mots qui s'étaient précipités contre elles, à les tambouriner, à les fracasser pour s'en extraire. « Je te croyais plus intelligent que cela, Thomas. » Elle attrapa dans sa poche de la monnaie qu'elle jeta à côté de celle qu'il venait de déposer sur la table. Ne dépendre de personne. « La malédiction, c'était une blague. » La tempête s'éleva à nouveau, glaçante, enveloppant Hestia et Thomas. Elle devint battante, les frappant comme autant des dizaines de milliards de minuscules morceaux de verre se fichant sous leur peau et les maltraitant à chaque mouvement. Elle devint battante. Hestia devint glace. « Si tu veux qu'un quelconque Nous ait encore une infime chance d'exister, j'attendrai tes excuses. » Elle se leva et poursuivit, le regard brillant, la voix claire et douce. Affreusement douce. Horriblement froide. « Si tu n'as pas compris ce qu'elle représente pour moi alors, c'est que tu n'as rien compris.» Elle tenta d'adoucir ses propos pour ajouter « Je peux mettre tout cela sur le compte d'un quiproquo idiot et d'une incompréhension tout aussi stupide, si c'est ce que tu souhaites. Je suis prête à pardonner ton manque de considération qui t'a poussé à ne pas me dire pendant de longs mois que nous étions fiancés. Je suis même prête à t'accompagner au bal, et te prouver que cela est vraiment derrière nous. » Elle acheva de se redresser, serrant son manteau autour d'elle, enchaînant volontairement ses phrases pour qu'il n'ait pas l'outrecuidance d'interrompre la première fois de sa vie où elle se tenait droite. « En revanche, traite encore une fois Flora de chienne, et je t'assure que tu n'auras pas même d'avenir seul. » Elle avait mal des propos qu'il avait tenu, mal de ce qu'elle venait de lui dire, mal de se savoir fiancé à lui, mal d'avoir tant envie de lui, de ses bras autour d'elle, de s'excuser, mal d'avoir à attendre qu'il le fasse, sachant qu'il ne pouvait que s'énerver après cela; elle avait surtout mal de savoir qu'elle ne regrettait aucun de ses mots, tant elle ne pouvait supporter ce qu'il venait de dire sur sa sœur. Alors, pourquoi avait-elle tant envie de pleurer, maintenant qu'elle venait probablement de mettre un terme à son rêve de mariage d'amour ?
Elle avait gardé le silence, alors qu'il tentait de comprendre ce qu'il se passait, qu'il s'empêtrait dans ses pensées, des "et si", des tentatives d'explications. Thomas avait le sentiment de ramer à contre-courant, ce dernier l'emmenant toujours plus vers la tornade dans son esprit ; ses sentiments à demi-avoués et ignorés, cette malédiction qui sortait d'on ne sait où, lui qui ne savait plus quoi dire, quoi faire, et qui avait finit par se taire après avoir invité Hestia au bal. Avec la nette impression qu'elle était sourde et aveugle à tout ce qu'il avait pu dire depuis plusieurs minutes et que ses yeux azur se faisaient orage. La voix de la brune s'éleva dans les airs, cinglante, et, une fois n'est pas coutume, il ne comprit pas. Comment ça, plus intelligent ? La suite ne se fit pas attendre. Thomas l'avait sentie, cette impression d'être prit pour un idiot. Cette histoire bien trop grosse pour être vraie. Il retourna la tête vers la place du marché avec un sourire goguenard, conscient cette fois que Flora n'y était pas et prenant toute la mesure de la stupidité dont il avait fait preuve à croire à une pareille fable. En effet, question intelligence, on avait vu le Rowle faire mieux. Mais le doute avait fleuri dans sa tête et, n'ayant pas de preuve du contraire, il avait décidé d'accorder du crédit à cette blague. "C'est ça, ta revanche ?" demanda t-il d'un air blasé. Son interrogation fut balayée par une Hestia qu'il n'avait jamais vue s'énerver depuis les quelques quinze années qu'ils se connaissaient. Des excuses ? Que Diable avait-il pu dire pour déclencher pareille tempête ? Le vert et argent ne saisit pas tout de suite ce dont il était question. "Des excuses ? Tu les as eues il n'y a pas plus tard que cinq minutes. Mais je suis prêt à les répéter tant qu'il le faudra afin que tu...". Il observa les pièces de monnaie que sa belle avait nerveusement claquées sur la table à l'instant. "Le coup de la niche ? C'est sérieusement pour ça que tu te mets dans un état pareil ?" comprit-il avant de soupirer, s'appuyant sur son dossier, inspirant un grand coup en remettant ses cheveux en arrière. Les mots d'Hestia étaient entrain de l'énerver plus que de raison et Thomas lutta pour ne pas être plus dur avec elle que ce qu'il ne le voulait. Pouvait-elle réellement être aussi susceptible et colérique que sa soeur au point de dire n'importe quoi ? "Oh mais je comprends, je comprends ce que représente un jumeau et je sais même ce que ça fait quand il s'en va et que les gens oublient visiblement son existence, ne t'en fais pas." répliqua t-il quelque peu agressivement, dans un rictus douloureux comme à chaque fois qu'il pensait à Archie. Les phrases et les reproches s'enchainèrent en face de lui, et il lança un regard plus qu'hostile aux deux ou trois têtes curieuses qui s'étaient tournées vers eux, les invitant silencieusement à remettre le nez vers leurs tables. Thomas observa Hestia resserrer son manteau autour de sa taille alors qu'elle s'était levée. "Tu as finis ?" demanda-il en levant les yeux vers elle malgré son cœur serré et l'envie d'être à ses pieds, de l'étreindre et de faire revenir le soleil après les nuages. Mais la fierté et le désir de remettre les choses à leur place prirent le dessus. "Ce n'est plus un raccourci que tu fais à ce stade, c'est un viaduc. Je n'ai insulté personne, c'était une simple boutade. Tu as toi-même élaboré ta petite fable pour me faire réagir en sachant qu'on ne s'apprécie pas pas elle et moi, tu t'attendais à quoi ?" précisa t-il d'une voix ferme et d'un ton sans appel avant de continuer. "Je n'ai jamais eu que du respect et de la courtoisie envers Flora malgré ses provocations et ses à-priori sur moi, et ça continuera, de mon côté. On a un point en commun, toi." poursuivit le Rowle d'une voix plus calme. On y était. Le tonnerre avait éclaté entre eux. C'était probablement inéluctable. Elle était toujours là, l'étincelle, alors qu'ils se regardaient, leur cerveau qui devaient être occupés par les mêmes pensées à peu de choses près. Thomas ressenti finalement le besoin de déposer les armes. Il pouvait bien le faire, pour elle, pour ses yeux brillants qui lui tordaient les entrailles. En fait, il le devait. Il se leva à son tour, faisant face à Hestia, ses yeux dans les siens. "On s'est mal comprit. Je pense que c'était un peu trop, tout ça." commença t-il en agitant ses mains devant lui, désignant l'amas fictif de tous leurs problèmes. "Je suis désolé de m'être mal exprimé. Je ne voulais pas te blesser... Encore. Oh et, laisse moi t'inviter, s'il te plaît, c'est moi qui ai suggéré de boire quelque chose.". Pouvait-il être plus en miettes qu'à cet instant, est-ce qu'il y avait un mélange qui pouvait être pire que la colère, la tristesse et l'amour qui tournaient dans sa tête et nouaient son estomac ? Parce qu'il l'aimait, oh qu'il l'aimait, cette Hestia qui avait voulu se venger, cette Hestia colérique, il l'aimait peut-être plus encore qu'il y a une heure. Et sans doute moins que demain, pour faire écho à son auteur favori. Maintenant que la glace avait été brisée et qu'elle acceptait toujours d'aller au bal avec lui par il ne savait quel miracle, il se promit de tout faire pour la rendre heureuse alors que sa voix, calme mais toujours menaçante, s'élevait une dernière fois pour le mettre en garde. Thomas la regarda avec un mélange de tendresse et de défi en s'avançant vers elle, osant poser une main sur sa taille et l'attirant légèrement à lui, leurs visages n'étant plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. "Tu te crois impressionnante... ?" dit-il d'un air largement effronté afin qu'elle comprenne le second degré, cette fois. "...Parce que tu l'es.". Elle l'était, bien plus que sa sœur ne pouvait l'être, mais il savait qu'il n'était pas objectif en entendant les battements dans sa poitrine et en sentant les frissons électriques jusque dans la pointe de ses doigts toujours posés sur Hestia. "Je maintiens ce que j'ai dis, je suis chanceux... Nous sommes chanceux. Je te le prouverai." dit-il d'une voix plus basse en lui remettant doucement une mèche de cheveux derrière son oreille. Thomas se rappela du paquet qui traînait sous la table et se détacha de la brune pour le récupérer, avant de le lui tendre. "Je suis passé devant ce matin, et j'ai pensé à toi. Tu n'es pas obligée de l'ouvrir maintenant, mais j'espère que tu aimeras..." dit-il en lui souriant franchement cette fois-ci. Rien n'était encore acquis, mais il se sentait déjà délesté d'un énorme poids. Pour une fois, peut-être qu'il dormirait bien cette nuit.
Ooh, the reason I hold on Ooh, 'cause I need this hole gone Well, funny you're the broken one But I'm the only one who needed saving 'Cause when you never see the light It's hard to know which one of us is caving
Elle s'attendait à la colère, aux éclairs et au tonnerre, aux vents violents et à d'autres mots, plus terribles encore. Elle s'attendait à la foudre et au sang, pas tellement à la réponse qu'il lui apporta. Comment parvenait-il à garder son calme dans cette situation? Ne ressentait-il donc rien? Elle se sentit bouillir plus encore devant cette absence apparente de réaction et ouvrit la bouche pour répondre. L'ersatz d'excuses qu'il lui présenta modifia toutefois la donne et elle ravala la réplique cinglante qui brûlait ses lèvres. Peut-être était-ce le maximum de ce qu'il pouvait lui offrir dans la situation ? Qui était-elle pour exiger plus? Elle ne voulait pas se marier, pas dans ces conditions, alors était-il important de mettre plus encore les choses au clair? Parce qu'elle avait bien prévu de rentrer, pendant ces vacances, et de dire à son père qu'elle refusait ces fiançailles; elle avait prévu de se battre, cette fois, et de ne plus être la fille soumise qu'il connaissait, celle qui se taisait et acceptait. C'était terminé. Elle scruta les yeux de Thomas, à la recherche d'une quelconque étincelle l'informant qu'il souhaitait faire de même. Mais elle ne trouva rien hormis l'éclat de tristesse qu'elle y avait déjà vu poindre, quelques minutes auparavant. Elle garda le silence un moment, l'observant ramasser les pièces qu'elle avait déposé et les lui rendre. Qu'allaient-ils devenir? Elle le regarda sans le voir se lever et s'approcher d'elle. Glissant une main dans son dos, il l'approcha d'elle avant qu'elle puisse comprendre ce qu'il se passait. Elle ressentit tour à tour l'envie de se dégager de cette étreinte surprise et celle de se lover plus près encore de lui, de le laisser la rassurer et d'accepter tout ce qui était à venir. "...Parce que tu l'es." Son coeur battait douloureusement, différemment à présent, et elle était quasiment certaine qu'il pouvait le sentir. Quelle idiote.. Croire qu'elle pouvait échapper à ce qu'elle ressentait, non, mieux, croire qu'elle pouvait décider. Et elle se sentit s'empourprer alors qu'il remettait en place une mèche de cheveux, comme une imbécile, comme l'enfant qu'elle était. Elle était bien trop amoureuse de lui pour se le cacher, à présent, mais il était tout de même hors de question qu'elle le lui laisse à comprendre. Hors de question. Elle soupira tout de même, lorsqu'il relâcha leur étreinte, consciente qu'elle avait été bien trop passive dans cette histoire, le repousser ou profiter de ses bras, elle aurait dû choisir. Mais il ne lui laissa pas le choix et relâcha pour elle ce qui avait été leur premier rapprochement. Quel supplice. Il lui tendit alors le paquet qu'il avait apporté avec lui et elle se sentit finalement tout à fait perdue. Il lui soufflait le chaud puis le glacial, elle lui faisait comprendre sa colère et il lui offrait un cadeau ? Qu'était-il en train de se passer. Elle attrapa d'une main tremblante le paquet et lui chuchota « Je suis encore très énervée... » Consciente qu'elle devait être ridicule, elle le remercia et se figea. « Ne crois pas qu'un cadeau rattrape nos débuts catastrophiques, Rowle. » Elle ajouta un sourire timide à sa réplique, désireuse d'enterrer la hache de guerre maintenant que menaces et excuses avaient été proférées. C'était également à elle de faire l'effort nécessaire à une réconciliation. Elle se rassit sur sa chaise, et déchira délicatement le papier cadeau qu'il avait plié avec soin. « Tu n'étais pas obligé, tu sais..? » Le papier retiré, elle posa les yeux sur une magnifique boîte en bois dans laquelle on avait sculpté de nombreuses runes dans des arabesques somptueuses. Un loquet en vieux métal poli permettait de la maintenir verrouillée mais, en le rabattant vers le haut, elle put l'ouvrir. Elle contenait de nombreuses compartiments équipés de minuscules fioles et des bocaux et le fond était drapé d'une velours sombre. Elle eut du mal à comprendre ce qu'elle avait devant les yeux avant de sortir une des fioles qui s'agrandit dans sa main, dès sa sortie de la boîte. Merlin, que cela serait parfait pour contenir ses herbes et potions. Elle sentit ses yeux s'embuer et lui adressa un sourire sincèrement ravi. « C'est merveilleux. » Un tiroir attira son regard et en l'ouvrant, elle y trouva de vieux parchemin couvert de l'écriture et de mots scandinaves qu'ils avaient pu effleurer lors de leurs cours de langue en amphithéâtre. « Je vais avoir besoin d'aide pour déchiffrer tout cela ! Merci Thomas, où l'as-tu trouvée? »
Ils étaient dans une barque, au milieu de nulle part, Hestia et lui. Comme quand il avait voulu lui rentrer dedans avec cette annonce de fiançailles à la rentrée, sur les rives du lac, et qu'il s'était arrêté net en comprenant qu'elle n'était pas au courant. Un flash de ses yeux levés vers lui, du premier trouble alors qu'il se demandait comment il allait bien pouvoir gérer la situation. Thomas revivait la même scène, et la barque pouvait soit regagner la rive soit couler à pic lorsqu'il attira Hestia vers lui d'un bras ; il ne savait pas trop pourquoi il avait fait ça au risque de se faire stupéfixer ou de finir avec un café brulant sur sa tête. La lassitude de se battre en sachant qu'il n'y aurait pas de gagnant autre que la douleur, probablement, et l'amour qui prenait le dessus sur l'envie d'avoir raison. Mais Hestia était restée là, immobile contre lui, son cœur battant aussi fort que le sien, et il savait que si il avait une infime chance que tout finisse bien, il devait la saisir. La fierté du Rowle n'était pas la priorité, elle l'était. "Je sais..." lui répondit-il en se rasseyant alors qu'elle faisait de même, son cadeau sur ses genoux. "Et c'est normal. J'ai été stupide, Hestia, jusqu'au bout... J'ai cherché le bon moment pour tout te révéler alors qu'il n'y en avait pas, j'ai nié le fait que j'aimais de plus en plus passer du temps avec toi..." souffla t-il. "Puis je suis venu ici avec l'intention de te faire comprendre que je ne me flagellerai pas à vie, qu'il fallait qu'on passe rapidement à autre chose. Comme un fier imbécile.". Thomas posa une main sur le bras de la jeune fille, son regard toujours dans le sien. "J'ai eu du temps pour me faire à l'idée, mais pas toi. Je sais que je n'en ai pas l'air pourtant, je suis désolé. Pour tout. Ça prendra le temps qu'il faudra mais je serai là en attendant ton pardon, je ferai ce qu'il faut pour que tu me l'accordes." poursuivit-il en retirant sa main alors qu'Hestia commençait à ouvrir délicatement son paquet. Il la regarda faire, l'admira, savoura la paix revenue entre eux. Le vert et argent rendit son sourire à la brune qui le mettait en garde et répliqua : "Entendu, Carrow. Je ne vous prendrai jamais pour acquise, croyez-moi.". Et Dieu, qu'il était sincère, même si elle ne savait pas à quel point. Le papier enveloppant son présent se déchirait et Thomas croisa les bras, quelque peu anxieux ; il espérait ne pas être à coté de la plaque ou ne pas en avoir trop fait. Il observa le doux visage d'Hestia passer de l'intrigue à la surprise, puis à la joie alors qu'elle prenait en main les objets contenus dans le coffret. "Non, je n'étais pas obligé... Mais en voyant ça, j'ai forcément pensé à toi et tes talents d'herboriste ! Je l'ai trouvée par hasard pendant que je cherchais quelque chose pour Caleb et mère, en passant devant la vieille boutique au panneau bizarre. Enfin, ce n'était peut-être pas tant le hasard que ça..." lui expliqua t-il en souriant. Sourire, c'était tout ce qu'il savait faire alors qu'il était au bord du gouffre il y a dix minutes. Hestia était là malgré tout, elle était elle, elle était belle. Elle attrapait la main qu'il lui tendait, ils s'en sortiraient. Et Thomas était prêt à soulever des montagnes pour lui prouver qu'ils en valaient la peine, peu importe ce qu'on avait arrangé pour eux, peu importe les circonstances qui les avaient menés l'un vers l'autre.
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