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My lost love {Nicholas}
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Cicely Vale
Cicely Vale
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sorciers adultes

- Lun 21 Nov - 22:19
my lost love ☾

Made me promise I'd try To find my way back in this life. I hope there is a way To give me a sign you're OK. Reminds me again it's worth it all So I can go on. All of my memories keep you near. In silent moments imagine you here. All of my memories keep you near. Your silent whispers, silent tears.



Lundi 21 Décembre, au matin

Ses bottines crépitaient contre le sol du Ministère la cadence assassine de son cœur affolé, dont chaque battement palpitant de colère la rongeait de culpabilité. Son arrivée au siège du monde sorcier s'était fondue dans l'effervescence matinale fourmillant là dès l'aube à mille silhouettes hâtives, déferlant depuis le vaste Hall jusqu'au dédale tortueux des bureaux. Elle n'avait rien été que l'écho d'un transplanage sitôt dissous dans la clameur, qu'un profil empressé de plus dans l'essaim bourdonnant ; comme d'autres elle avait décliné les pages de la Gazette vendues à la criée, sa cape s'était empoussiérée de la même cendre qu'éternuaient les âtres en enfilade où d'autres mages ne cessaient d'émerger. Dans aucun des regards qui l'entouraient, pourtant, l'émeraude embrasé des flammes de Cheminette n'avait semblé réverbérer un vert d'effroi comme il en luisait à présent à ses pupilles. L'arabesque solaire ricochant toujours de ses lèvres en réponse aux saluts qu'on lui offrait ne rayonnait pas, et rien n'éclot dans son sillage ordinairement fleuri que des germes de conversation flétris par son silence. Plus que marcher elle courait presque, aiguillonnée d'urgence.

Fendre la foule jusqu'aux ascenseurs combles lui parut une interminable éternité tant il lui fallut jouer des coudes et briser les conglomérats bavards qui l'entravaient, ralentissant l'accès au Département de la Justice Magique. Ses lèvres mordillées ne taisaient qu'à grand peine les incitations excédées dont elle aurait voulu brusquer tous les lambins, et seuls ses ongles estampillés en croissant de lune dans la chair tendre sa paume, calfeutrée sous sa cape, trahissaient l'angoisse viscérale que chaque seconde, que chaque petit instant gâché ne soit irrattrapable. Qu'une bribe de retard de trop suffise à condamner tout espoir de retrouver sa trace.

Tout autour de Cicely bruissaient des badinages dont elle jalousait l'anodine insignifiance des matins dénués d'importance, elle qui n'avait plus rien en tête que le vertige obsédant d'incertitudes qu'on lui avait ôter le droit d'éclaircir. Les étages du Ministère défilaient en calvaire de lenteur sous ses yeux arrimés au cadran, s'obstinant à n'en pas dévier, comme si seulement ciller aurait suffi à raviver la scène sous ses paupières et l'y imprimer plus profondément encore, pour la rejouer en boucle chaque damnée fois qu'elle clignait tant soit peu des yeux. Les vantaux éventrés de sa porte d'entrée pendant piteusement sur leurs gonds, les tiroirs retournés dans un cataclysme d'objets gisant à terre, d'habits fouillés par des mains anonymes, foulés aux pieds. Le fatras de tableaux tanguant de guingois et de babioles brisées, de tulipes chiffonnées baignant les flasques déchirures de leurs pétales dans le tapis visqueux, imbibé d'eau. Son petit monde saccagé à semelles indifférentes et phalanges intruses, dont elle avait franchi le pillage à jambes et poitrine frissonnantes jusqu'à sa chambre, jusqu'au coffre à bijoux, jusqu'à ce seul trésor dont l'absence déchirante avait tétanisé jusqu'au souffle trop court qu'elle exhalait.

Le camée délicat aurait tout aussi bien avoir reposé dans l'écrin de son coeur velours tant elle sentait encore s'y imprimer le dessin ciselé, les plus menues aspérités qui s'étaient adoucies au fil des ans sous la caresse de ses doigts somnolents. Tandis qu'elle faufilait son empressement à la sortie de l'ascenseur et le précipitait dans les couloirs du Ministère, Cicely refoulait vainement la boule qui lui grimpait en gorge et l'étranglait de colère et chagrin mêlés. L'interdiction de son supérieur de se joindre à l'enquête et l'ordre qu'il lui avait enjoint d'abandonner le dossier l'éperonnait d'une frustration trop douloureuse pour être tue, et il n'en était qu'un détenant le pouvoir d'y remédier - lui seul, aussi, saurait comprendre toute la valeur de ce qu'elle avait perdu. Dévalant le département à en perdre haleine, elle s'engouffra dans les bureaux de la direction sans s'attarder un seul instant sur les conséquences de son geste, sur les répercussions que lui vaudrait d'outrepasser un ordre pour en appeler à l'autorité surplombant celle de son supérieur.

Leur histoire lui avait déjà été arrachée si cruellement, que rien ne la forcerait à tolérer qu'on lui en dérobe le dernier vestige sans y opposer plus que la souffrance impuissante de ses dix-sept ans. Elle n'avait pas résigné leur avenir pour supporter qu'on lui vole aussi leur passé, suspendu au destin de ce collier comme le camée l'avait été à sa chaîne d'or. Il n'y eut alors pas un seul frémissement d'hésitation dans sa voix lorsqu'elle franchit le seuil du bureau de Nicholas sans patienter qu'une secrétaire médusée l'y invite, sa voix déliant aussitôt la raison de son souffle court, de ses yeux ardents d'une fougue au chagrin violent. "Il y a eu un nouveau vol dans l'affaire des cambriolages et Bayliff m'a écartée du dossier." Les mots avaient fusé sans préambule et hors d'haleine, révélant l'empressement que trahissaient déjà ses longs cheveux noués en hâte, sa capeline frappée du sceau de la Brigade encore ourlée de cendre de Cheminette, ses joues rougies d'avoir couru pour le rejoindre. "A Mayfair." La précision du quartier cible suffisait seule à révéler l'ampleur de ce qu'elle remettait entre ses mains, combien les criminels agaçant la Brigade depuis des semaines l'avaient soudain percutée personnellement.

Cicely s'approcha d'un nouveau pas, ancrant au regard du sorcier les turbulences en bleu d'orage qui ombrageaient le sien. L'écœurement du cambriolage et de son exclusion de l'affaire s'estompèrent un instant pour dévoiler la peine à ses iris, la crainte d'avoir égaré son ultime souvenir d'eux. "Ils ont tout pris. Les bijoux, ils ont tout..." Les mots lui manquèrent tandis qu'un élan d'incrédulité lui fit imperceptiblement secouer la tête de gauche à droite, voulant dénier ce qui n'était que trop réel. Le souffle saccadé qu'elle s'efforçait de reprendre faillit lui manquer à l'idée que jamais le camée ne lui revienne, que Nicholas ne puisse en rien l'aider à réintégrer l'enquête, ni lui accorder le droit de se battre pour le peu qui avait survécu de leur amour condamné. Il lui fallut chaque rugissement d'un cœur de lionne pour ne pas dévier des pupilles dont elle chérissait les nuances en silence, tant elle sentait grimper sa culpabilité chaque once d'instant qu'elle se tenait devant lui, rebelle et démunie devant l'aveu, le gouffre de sa perte.

Elle en aurait presque oublié que son appartement n'aurait pas été vulnérable à la merci d'un vol sans son subit départ de Londres samedi dernier ; que sa tristesse jalouse d'avoir vu Nicholas sourire au charme joueur d'une sorcière au détour d'une fête hivernale en plein Cambridge avait suffi pour lui faire fuir la célébration avant même qu'on ne l'y remarque, fuir la capitale, son foyer, tous les menus objets chez elle qui lui auraient rappelé de plein fouet qu'il ne serait jamais sien, qu'elle ne serait jamais sienne. Elle s'était exilée dans le refuge lointain de la campagne anglaise sans emporter le pendentif, dormant d'ordinaire chaque nuit contre son sein depuis qu'il l'avait pour la première fois glissé à son cou en gestes amoureux. L'instant ressuscité chaque soir vivant contre sa peau, absurde nostalgie d'un réconfort qui ne serait peut-être lui aussi bientôt rien qu'un souvenir...

CODAGE PAR LAVEI

Nicholas Burke
Nicholas Burke
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- Mer 23 Nov - 9:49
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Londres s'était éveillée avec douceur, comme une toile de brume soufflée par le vent; sans bruit. Elle avait trouvé Nicholas tiré de ses songes bien avant que l'aube lance ses premières nuances d'orange dans le ciel et trop profondément éveillé pour ne pas se sentir épuisé. Rapidement, il avait chaussé ses baskets et était sorti dans le froid de ce mois de décembre. Les poumons brûlés par les températures négatives malgré l'écharpe lui cachant la moitié du visage, il n'avait pourtant pas émis le moindre signe d'agacement, la grande silhouette sombre marchant à ses côtés suffisant à son apaisement. Owen lançait sur le monde l'entourant un regard encore chaque jour intrigué, malgré son statut de chien adulte maintenant, et Nicholas ne pouvait se passer de leurs promenades matinales. Les mêmes nuages de vapeur s'échappant à chacun de leurs pas, ils marchèrent à vive allure vers le parc où il se consacrèrent pendant une belle heure à la recherche active de tous les jouets que le sorcier pouvait lui lancer et qu'il ramenait, irrémédiablement satisfait de plaire à ce que son maître lui demandait. Frigorifiés mais visiblement de bonne humeur, ils rentrèrent dans l'appartement très peu investi qu'ils occupaient au 31, cornwall crescent et Nicholas s'occupa de se préparer un solide petit déjeuner avant de revêtir son habituel costume noir qu'il aimait à porter au travail. Classique. Efficace. Il aimait par dessus tout cette période de l'année, et même si sortir Owen relevait parfois de la folie, ils s'étaient bâti tous les deux de belles habitudes qu'il n'aurait abandonné pour rien au monde. Le chien se réchauffait au coin du feu qu'il avait magiquement allumé lorsqu'il l'embrassa avant de transplaner dans un craquement sonore. Le hall du ministère était déjà plein à craquer alors que le jour était encore jeune et il se faufila au milieu des corps se pressant dans diverses directions, là pour demander un renseignement à l'agent d'accueil, ici pour rejoindre les ascenseurs magiques. Il salua poliment tous ceux qu'il croisait et connaissait, le même flegme souriant l'envahissant chaque fois qu'il rejoignait le Ministère. Le département de la justice magique était situé au deuxième étage et il s'y rendit sans grande difficulté, imperméable aux éclats de rire provenant de la salle de pause des aurors qui prenaient ensemble leur petit déjeuner chaque jour; les saluant, il continua son avancée vers son bureau qui se trouvait au fin fond du service, proche de celui d'amelia bones, la directrice du département. Cette dernière était absente cette semaine et ce lundi matin marquait pour lui le début d'une semaine pleine de responsabilités qu'elle lui cédait volontiers, dès lors qu'elle pouvait se le permettre pour rester en famille. Sur son bureau, chichement décoré, s'échouaient déjà de nombreux mémos datant du week-end même ou du petit matin et l'enjoignant à s'occuper de tâches requérant son temps: un recrutement pour la formation d'auror, un entretien à venir avec un étudiant de poudlard, et l'attente de sa lettre pour l'école des jeunes sorciers, afin de valoriser le ministère pour la recherche des stages des huitième année. Se délestant de la veste de costume sur le dossier de son fauteuil, il se lança dans cette dernière tâche, conscient qu'elle lui prendrait peu de temps et ne fit pas attention au soleil qui poussa ses rayons dans son dos, traversant la fenêtre magique qui s'ouvrait dans le mur derrière lui. Il n'entendit pas le claquement furieusement régulier de Ses talons contre le sol carrelé du Ministère tant il était à sa tâche, et mit même quelques secondes à s'apercevoir du haussement de voix de Tara, sa secrétaire aigrie et désagréable, le bruit des talons s'approchant toujours plus de la porte de son bureau jusqu'à ce qu'elle s'ouvre sans délicatesse. Il ne bougea plus, le regard attiré par Sa flamme, comme toujours, par ce regard décidé qui ne laissa pas plus de place à Tara pour s'imposer, par cette attitude de reine dont elle s'était toujours vêtue et qui n'était pas détonante dans ce bureau. Déjà, elle lui offrait la raison de sa visite, et il se tourna vers sa secrétaire qui était entrée à la suite de son amie. Son amie.. « C'est bon Tara, je m'en occupe, vous pouvez disposer. Et fermer la porte. Merci. » Il ne lui avait plus accordé un regard, consciente qu'elle passerait probablement une longue heure à sa pause à jacasser auprès des autres du manque de respect que Cicely lui avait offert. Cicely. Elle semblait immensément paniquée, ses cheveux désordonnés, ses yeux mouillés de larmes qui ne coulaient pourtant pas. C'est quelque chose qu'il avait toujours aimé, toujours respecté; elle n'était pas prompte à se laisser submerger, roseau face à la tempête, toujours debout, si incroyablement vivante, même lorsqu'il pensait que lui-même tomberait. Elle était belle, se répéta-t-il pour la millième fois, depuis qu'il la connaissait. Ou bien était-ce tellement plus? Il la regarda, attendant qu'elle lui donne plus d'éléments lui permettant de comprendre pourquoi elle déboulait de la sorte dans son bureau. Si cela ne le dérangeait pas le moins du monde, leur dernier moment passé ensemble remontant à plusieurs mois, ils étaient sur un lieu de travail immensément hiérarchisé et il était rare qu'elle passe directement par lui. "A Mayfair." Il se leva. L'inquiétude qu'il ressentait actuellement l'empêcha de comprendre immédiatement où elle voulait en venir, et l'idée que des possessions puissent lui manquer lui sembla dérisoire. « Tu n'as rien? » A l'évidence, non, tant elle se tenait droite et visiblement indemne, il contourna tout de même le bureau pour se planter devant elle, se faisant violence pour ne pas la serrer contre lui. Lui échappait encore l'importance de ce que Cicely avait perdu et à ses traits tendus, il lui opposa un sourire qu'il voulait rassurant. « Je sais combien tes bijoux comptent pour toi, nous allons nous en occuper. » Son esprit fourmillait de choses à faire, de personnes à convoquer, Bayliff, les brigadiers en charge du reste de l'affaire. Il en avait eu écho, tant cela faisait de semaines qu'un petit groupe de sorciers cambriolait leurs pairs. En accord avec le ministère moldu, ils avaient repris l'affaire après avoir obtenu des preuves sur le terrain que les portes avaient été magiquement déverrouillées. « Je vais avoir quelques petites questions à te poser, autant que je prenne ta déposition moi-même. » Il l'invita à s'asseoir dans l'un des deux sièges face à son bureau et s'installa dans le second. « Te rappelles-tu de l'heure à laquelle tu as quitté ton domicile? Et les sortilèges de protection que tu as lancé derrière toi? » Il mentait. Il se mentait. Ce n'était pas du tout son rôle de faire ça, de prendre sa déposition, mais il était hors de question qu'il laisse quelqu'un faire cela, qu'il demande à un autre sorcier de s'interroger sur la vie privée et intime de Cicely, il en était hors de question. Il se perdit un instant dans l'océan de son regard, fiché sur un promontoire précaire, conscient qu'à tout moment, il lui était possible de perdre l'équilibre, de tomber, de s'y noyer.


@Cicely Vale + mention @Ernie Macmillan

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- Ven 2 Déc - 16:27
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Rien ne subsistait plus de l'attention solaire dont elle enrobait le monde, attardant d'ordinaire une arabesque lumineuse sur quiconque accrochait le pétillement à ses pupilles ; aveugle au carmin courrouçant les joues de la secrétaire et sourde aux récriminations dont elle l'invectivait, Cicely ne lui offrit pour seul écho que la ligne d'un dos indifférent. Elle aurait pu répandre sa colère en aigres remontrances de longues minutes encore que la sorcière n'aurait pas concédé d'une once son inflexible volonté, tant sa quête impérieuse l'avait toute entièrement cristallisée. Et lui - lui. Son regard n'avait plus dévié de Nicholas depuis qu'elle avait franchi le seuil de son bureau et aboli d'un pas toute frontière hiérarchique pour réfugier sa peur au creux rassurant de ses mains, diluer son chagrin noir dans l'azur pur de ses iris. Quelques ordres à voix grave suffirent à congédier l'intruse, dont l'œillade crucifiante battit en retraite sous une grêle de talons contrariés. En d'autres temps, en d'autres vies, son départ aurait sonné le glas de l'insoutenable distance planant entre eux et toute retenue aurait cédé à la consolation de ses bras puissants l'empêchant de s'éparpiller en miettes, de la chaleur lénifiante de son étreinte et de la caresse, paume contre peau, de sa main contre son dos.

Mais la porte se rabattit sans le moindre bruit, verrou contre cliquetis, sur l'insupportable réserve régnant à bienséance forcée entre eux -  et les chimères de ce qui auraient pu être se désagrégèrent en débris d'illusions, vestiges de rêves aux coupures de tessons. Il se leva de son bureau, et tant de barricades durent brusquement s'édifier en elle pour s'interdire d'aller quérir réconfort contre lui qu'elle s'en raidit, censurant par la force le besoin déchirant qu'elle avait de lui. L'inquiétude assombrissait le regard dont il l'enveloppa tout en s'approchant, la même qu'elle y avait déjà devinée lorsqu'un Cognard l'avait heurtée de plein fouet et qu'elle avait chuté en tourbillonnements d'inconscience, s'éveillant guérie dans d'immaculés draps d'infirmerie et les doigts de Nicholas entrelacés aux siens. Et tant d'années, cette longue éternité sans lui plus tard, ses yeux s'obscurcissaient de l'exact même trouble. L'idée ne l'avait pas même effleurée qu'elle puisse être blessée au contact des criminels - elle aurait même troqué n'importe quelle entaille et des déclinés de bleus en ecchymose contre le droit de les surprendre, s'interposer entre leurs sorts avides et l'inestimable collier pour le défendre. Si elle n'avait rien..? Si, j'ai le cœur en vrac, j'ai besoin de toi, je suis terrifiée d'avoir perdu le seul fragment de nous qu'on ne m'ait pas encore arraché. A s'en brûler les lèvres, sans rien pouvoir avouer, rien pouvoir dévoiler qu'un léger hochement de tête achevant de le rassurer. "Je n'étais pas chez moi, je suis seulement rentrée à Londres ce matin." L'urgence l'avait tant disputé au choc depuis son transplanage de l'Oxfordshire jusqu'à la capitale qu'elle s'en sentit subitement marquée au fer rouge ; et devant lui, la douceur assassine de son sourire, parfait depuis le sillage de parfum frais à son costume élégamment taillé, la précipitation de ses propres mèches en désordre et de sa capeline empoussiérée entachèrent le peu de fierté qu'elle n'avait pas déjà abandonné par son appel à l'aide.

Glissant de longs doigts délicats dans l'obscure soie de ses cheveux, Cicely les délia furtivement et en rassembla le torrent à vifs gestes gracieux - s'apprêtant à les nouer du ruban à son poignet lorsqu'elle s'interrompit, laissant lentement tomber ses bras à ses côtés et le flot d'ébène le long de son dos. "Je sais combien tes bijoux comptent pour toi, nous allons nous en occuper." Elle se figea, les cils enténébrant d'ombre tempête le bleu de ses yeux, meurtris d'incrédulité douloureuse. Rien dans la voix de Nicholas n'avait trahi une quelconque émotion à ce qu'elle avait perdu, le moindre signe qu'il se rappelait seulement quel trésor se cachait parmi l'insignifiance d'autres gemmes. S'il avait souvenir d'avoir glissé un jour le pendentif contre sa peau, d'en avoir scellé le frisson d'un chaste baiser à son cou fleuri, la sorcière n'en décelait rien. Elle qui chérissait en son cœur la façon dont l'ancien camée ciselé de froid s'était peu à peu réchauffé contre elle, la tiédeur des phalanges amoureuses qui l'en avaient ceinte. Avait-il oublié, aussi, avoir remis le bijou au creux de sa paume lorsqu'elle avait voulu lui rendre au soir de leur rupture ? Garde-le. Et elle l'avait gardé, chaque jour dans un écrin velours, chaque nuit contre sa poitrine assoupie, seule à aimer encore la relique d'une histoire qu'il abandonnait peu à peu à l'oblivion... Elle ignorait ce qui la tuerait plus profondément, qu'il n'en ait plus souvenir ou qu'il n'en conçoive plus qu'indifférence. La honte, peut-être, d'avoir cru qu'il y accorderait encore autant d'importance qu'elle - d'avoir cru, naïve, que sa loyauté envers leur amour condamné ne finirait jamais par lui inspirer une sollicitude dégorgeant de pitié.

La gorge soudain opprimée d'un chagrin violent, Cicely refoula rageusement les larmes lui embuant les yeux à longues exhalaisons et se força à accepter le fauteuil qu'il lui proposait, relevant sensiblement le menton pour s'inciter à un courage qui ne lui avait jamais failli, mais menaçait dangereusement de lui faire défaut. Plus proche du sorcier qu'elle ne l'avait été en d'interminables mois, elle ne goûtait pas même à la consolation de sa présence pour seul réconfort auquel elle puisse encore prétendre. Il ne lui appartenait même plus d'exiger de lui qu'il compatisse, qu'il se souvienne, qu'il s'explique sur la femme dont il avait lové le rire au creux de ses bras. Il ne lui appartenait plus, tout court. Et elle, avec le bleu de ces yeux qui s'emparèrent des siens, manqua d'y naufrager avec la conviction qu'en ce monde ou ailleurs elle lui appartiendrait toujours. Brisant leur regard échangé pour sauvegarder ce qui restait de son sang-froid et réfléchir aux questions qu'il posait, ses paupières se clorent un instant et son front se froissa, comme il l'avait vue faire cent fois lorsqu'elle invoquait sa concentration devant l'un ou l'autre parchemin d'examen. "Je suis partie vers 16h30" annonça-t-elle d'abord, puis se corrigeant aussitôt en un brin de confusion qui ne lui ressemblait que peu, "16h45". Le temps pour elle de transplaner jusqu'à Cambridge pour se mêler aux célébrations hivernales, d'en fuir en le surprenant sourire noyé dans un déluge de cheveux bruns, de ne retrouver son appartement que pour y grappiller quelques affaires et.... d'oublier, parmi les autres sortilèges et dans les affres corrosifs de sa jalousie, d'activer l'enchantement d'alarme qui ne l'avait prévenue d'aucune intrusion. "Salveo Maleficia, Repello Inimicum... Je n'ai reçu aucune alerte du week-end, j'ai sans doute mal activé mon sort d'alarme. J'ai dû partir précipitamment, et je..." , ajouta-t-elle en une explication succincte et nébuleuse pour justifier l'échec de ses propres défenses, comme une insulte à sa fierté de brigadière et tout un poids pesant de plus dont garnir ses remords. Je suis partie pour m'exiler loin de Londres, loin de cet appartement où j'ai gardé trop de souvenirs de toi. Et dans le tourment de sa fugue éperdue, dans sa hâte de fuir quelques heures l'amour insensé qu'elle lui vouait encore, elle n'avait réussi qu'à perdre tout ce qui lui en restait.

S'il n'éprouvait sincèrement rien qu'une imperturbable insensibilité pour ce collier, si elle était la seule à chérir encore en silence les décombres chéris de leur destin brisé, sa douleur lui palpiterait un tel néant dévorant en travers les veines qu'elle s'y annihilerait toute entière. Incapable soudain de continuer sa déposition dans un semblant de neutralité qui la menait à bout de patience, les mots lui vinrent aux lèvres ardents de véhémence. "Je me fiche de tous mes bijoux, Nicholas..!" Pulpe des doigts apposée à son front pour lui masquer le tourment ciselant ses traits, Cicely se leva du fauteuil en égarant une main frissonnante dans ses cheveux, esquissa un pas en arrière comme pour se protéger du coup que son cœur devrait subir et retrouva, enfin, le chemin des pupilles azurées qui lui manquaient de l'aube aux primes étoiles, des Noël solitaires au printemps floral. "En les emportant tous ils m'ont aussi volé le tien, ils ont pris mon collier... Ton collier ? Celui que tu m'avais offert ?" L'aveu fissura sa voix claire tandis qu'elle s'arrimait à son regard en y laissant s'y échouer les remords qui la noyaient de culpabilité, en y ancrant sa supplique silencieuse. Tu te souviens ? Dis-moi, jure-moi que tu te souviens...


@Nicholas Burke

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Nicholas Burke
Nicholas Burke
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- Sam 31 Déc - 16:21
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Il ne parvenait encore qu'à deviner ce qu'elle vivait actuellement, il avait du mal à discerner ce qu'elle ressentait, mais elle était là, et pourtant, elle ne l'était pas réellement, ses contours rendus flous par la crise qui l'agitait et elle n'était plus tout à fait celle qu'il avait connu. Elle habituellement solaire, elle toujours souriante, pleine d'une énergie qui aurait écarté les eaux aussi sûrement que Moïse l'avait fait, elle... Elle était floue, il ne parvenait pas à trouver d'autre mot et, posant la main sur son bras, il tenta autant de retracer ses contours que de la faire réintégrer l'espace où elle se trouvait. Floue. C'était une sensation étonnante. Il l'observa rassembler ses souvenirs, lui offrir une heure de départ qu'il nota précieusement sur le parchemin qu'il avait attrapé. 16 h 45, que faisait-il à cette heure-ci vendredi ? Il ne s'en souvenait même plus.. Il intercepta cependant un mot qui virevolta jusqu'à lui et qu'il inscrivit également sur la page posée sur ses genoux. Précipitamment. Elle avait quitté Londres précipitamment. Pour quelle raison ? Son cœur rata un battement en imaginant Cicely partir au chevet d'un quelconque amant, et se rappela qu'il n'avait pas le droit de ressentir cela. Se morigénant, réajustant le parchemin sur ses genoux et écrivant ce qu'elle venait de dire, il se contenta de garder le silence. C'est très exactement au moment où elle reprit la parole, où elle évoqua ses bijoux qu'il fit le lien qui s'était dans un premier temps substitué à sa mémoire. Le camée. Une éternité auparavant, il avait trouvé en sa grand-mère la parfaite confidente. Elle était lassée depuis des années par les guerres d'influence dans lesquelles se lançaient les familles de sang-pur, et si elle recevait avec politesse toute la petite famille pour les fêtes de fin d'année, elle éprouvait un plaisir non dissimulé à passer des soirées entières avec Nicholas. Elle appréciait l'esprit vif du petit garçon et surtout, le fait qu'il ne soit pas encore trop entaché par l'éducation élitiste à laquelle se pliait son propre fils. Bien souvent, il se couchait beaucoup trop tard, quand la maison était déjà endormie, et elle l'accompagnait après qu'ils aient passé ensemble une soirée d'aventures, et son talent de conteuse avait réchauffé bien plus d'un hiver glacial. A l'aube de son adolescence, il n'était pas rare qu'il demande à aller la voir lors des vacances scolaires et bien souvent, c'est elle qui était venue le chercher à King's Cross, son chapeau haut de forme faisant soulever bon nombre de sourcils autour d'eux. C'est d'ailleurs durant un été loin de Poudlard, loin de Londres, juste avec elle qu'il lui avait parlé de Cicely. Elle avait discerné dans ses propos l'amour comme le lui avait conté, celui qui fait voyager, grandir, celui qui élève, celui qui est beau. Et lui, grâce à elle, avait cru entrevoir à cette époque la légitimité de l'amour sur toute autre chose. Il l'avait cru bien longtemps avant de déchanter mais pourtant, il gardait de l'idéalisme de sa grand-mère une douceur que ne parvenait pas à éroder le temps. Quelques années après, et alors que son état se dégradait considérablement, elle lui avait offert un camée, un trésor inestimable à ses yeux et il s'était interrogé quelques jours sur le sens de ce cadeau. Avant de le comprendre parfaitement. C'était un cadeau pour Cicely, et sa façon à elle de dire que quelque part, des gens accepteraient la personne qu'il aurait choisi, quelle qu'elle fut. Alors, il l'avait offert à Cicely et durant de longues minutes, ils s'étaient extasié sur la finesse de la gravure, ce qu'elle représentait et rapidement, les baisers avaient remplacé les mots. Elle se leva brutalement, coupant ainsi le ruissellement de ses souvenirs et elle arpenta la pièce, en proie à une agitation peu coutumière, qu'il ne savait comment interrompre. Bien sûr qu'il se rappelait. Derrière chacun de ses pas se propageait une douce odeur de fleurs, son parfum, celui qu'il lui avait toujours connu, différent de la flagrance qu'elle déposait à la naissance de son cou et derrière ses oreilles, c'était simplement l'odeur de sa peau, celle dont il s'était gorgé à se nombreuses reprises, le nez plongé contre elle, à s'enivrer totalement d'elle, à ne rien vouloir d'autre qu'elle. Elle voletait derrière elle, lui donnant juste envie de se lever et de l'emprisonner dans ses bras. Il se fit d'abord violence pour rester assis, puis pour se lever avec douceur, posant son parchemin sur le bureau mais resta à quelques mètres d'elle. Les mètres salvateurs, qui l'empêcheraient d'outrepasser ce qui lui restait de droits la concernant. « Ne t'énerve pas, s'il te plaît. » Le silence s'épaissit brièvement, et il tenta de le fragiliser, en ajoutant « Je me rappelle. Je me rappelle surtout combien j'aimais le voir retomber sur ton pull, se mélanger à tes cheveux. Je me souviens de la façon qu'il avait d'habiller tout ce que tu portait, de rendre élégant le moindre de tes jours, même quand tu étais malade ou fatiguée. » Il fit un pas vers elle. « Je sais que nos rapports sont cordiaux depuis... Depuis.. Enfin, je le sais, je pensais simplement que peut-être, tu avais préféré t'en débarasser... C'est tout. » Il s'était approché en parlant, et n'était plus qu'à quelques pas d'elle. « Je n'ai jamais rien oublié, Cicely, je te conjure de me croire. » Sa voix avait été murmure, conscient qu'il ne respectait pas du tout l'engagement qu'il avait pris en secret vis à vis d'elle; celui de ne plus jamais lui faire attendre quoi que cela fut, celui de la respecter à la hauteur de ce qu'elle méritait. Elle était l'amour de sa vie, celui qu'il ne connaîtrait jamais plus. Il devait s'y faire et l'accepter. Mais pourquoi avait-il tant de mal à décrocher ses yeux des siens?

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- Jeu 9 Fév - 20:13
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Mille fois déjà le fil de l'existence aurait pu vaciller à ses chevilles. Là où certains n'y risquaient qu'à tâtons toute l'infinie prudence d'un pas précautionneux esquissé après l'autre, Cicely avait dansé l'heureuse voltige de ses années légères sans plus de crainte qu'un papillon sans pesanteur voletant de bourgeons d'aventures en joies fleuries, butinant au sucre des bonheurs simples le nectar enivrant de sa jeunesse. Le fil avait bien frémi quelques fois à ses semelles en tressaillements d'incertitudes - face au mépris moqueur d'un professeur de potions aigri, aux dangereuses trajectoires d'un Cognard fusant vers elle en déchirures de ciel, aux imperturbables jurés de la commission d'admission à la Brigade - mais aucun de ces troubles n'avait jamais déjoué son équilibre et elle les avait survolés, lumineuse, comme un rayon de soleil perce les nuages. Une fois auparavant, une seule, le fil avait tremblé trop fort et ses iris avaient dévisagé le vertige du précipice béant, réalisant trop tard que l'abîme pulsant de douleur n'était rien d'autre que son cœur pulsant à l'agonie de leur rupture, et qu'elle était en train de chuter. Elle s'était juré depuis ce terrible jour de ne plus jamais tomber.

C'était pourtant le même glissement à son sang-froid, ce chavirement qui achèverait de la déstabiliser du myocarde jusqu'au bout des doigts si la sorcière ne reprenait pas ses esprits, si on la dérobait de ce qui restait de lui. Quelques grammes d'or et de précieuse agate manquant à son cou dénudé suffisaient à la faire chanceler, et elle peinait à ne pas s'éparpiller en gâchis d'émotions futiles, à ne pas sombrer dans ce cœur d'abysse qui lui faisait insupportablement défaut, qui ne lui avait plus appartenu depuis qu'elle l'avait remis aux mains du sorcier, à leurs lèvres frôlées. Pire encore que son inhabituelle vulnérabilité, elle se détestait de l'avoir laissée paraître si fort qu'elle s'en était trahie. Nicholas se levait calmement, solide en la tempête qu'elle déferlait en son bureau, rassemblant à voix grave les fragments d'elle qui s'émiettaient. Ne t'énerve pas, s'il te plaît. Sa voix seule éveillait trop d'échos contraires en elle - l'un l'adjurant silencieusement de ne pas s'approcher plus sous peine d'absoudre la réserve qu'ils s'imposaient, l'autre implorant l'étreinte d'un impossible réconfort soupiré au creux de ses bras. Il déliait leurs souvenirs comme il avait parfois dénoué les tresses à ses cheveux, infusant leur distance d'une nostalgie douce-amère aux fragrances, comme un ancien parfum dont l'on inspire les regrets languissants. Les bribes de passé lui étaient venues si aisément, résonnèrent si puissamment en elle que l'anglaise en resta interdite. Les mailles arachnéennes de la chaîne d'or mêlées à celles de son pull léonin, au désordre charmant de ses cheveux, aux doigts de Nicholas délinéant les pourtours du bijou contre sa peau, faufilant leur caresse au gré constellé de ses grains de beauté. L'arôme de leurs réminiscences aurait suffit à l'étourdir, exhalaison chagrine qui désarma le tourbillon d'agitation où l'entraînaient ses doutes. D'autres mémoires lui montaient à la tête et presque en bouche tant la brûlait l'envie de lui dire, moi aussi je me rappelle, mais elle en réprima le flot et ne parvint à garder contenance qu'en décochant un "Je ne suis jamais malade" un peu buté, absurde bravade de principe pour feindre une assurance qui lui manquait toujours face à lui, taire le souvenir de ces baisers qu'il blottissait contre son front, à l'infirmerie de Poudlard, pour accompagner son inéluctable fièvre hivernale vers le sommeil. Jamais malade - un grand mensonge s'il en était - mais fatiguée, si profondément lasse d'intimer silence à son cœur chaque fois qu'elle le croisait, l'apercevait au détour des couloirs du Ministère. Chaque fois qu'il s'approchait comme il le faisait là, d'un nouveau pas. Un éclat surpris assombrit furtivement son regard en l'entendant supposer qu'elle ait jeté le bijou - presque blessée qu'il ait pu douter d'elle et de son immortelle loyauté à leur passé. La brigadière secoua imperceptiblement la tête pour appuyer ses dires, fierté farouche couvant sous sa voix radoucie.

"Je sais de qui tu tenais ce collier, je me serais débrouillée pour le lui rendre moi-même plutôt que de m'en débarrasser. Je n'ai jamais pu me résoudre à le confier à Gringotts, alors m'en séparer... Je l'emporte même toujours avec moi dès que je quitte Londres, d'habitude."A peine lui eut-elle échappée qu'elle regretta sa confidence, ce mot ultime trahissant à lui seul l'inhabituelle précipitation l'ayant poussée à fuir la capitale, la jalousie mordante qui lui avait rongé les sangs à en éclabousser la nuit passée de cauchemars. Et révélant, aussi, qu'il lui était encore intolérable huit ans après d'abandonner le camée ne serait-ce que l'insignifiant temps d'une nuit. L'intense clarté de ses mandorles ne cillait pourtant pas lorsqu'elle les arrima au regard de Nicholas. "Je n'ai rien jeté, depuis." Ce depuis que le sorcier avait lui-même lancé sans plus avoir besoin d'en détailler l'horreur, l'indicible depuis de leur condamnation planant dans les non-dits de leurs silences assourdissants. La plume ayant orné cent fois pour lui des lettres enjolivées d'encre amoureuse, les fragments de parchemins discrets glissés sur une table vernie dans le calme étouffant de la bibliothèque, des photos d'eux baignées d'amour et de soleil aux berges scintillant d'été du grand Lac Noir, des fleurs qu'il lui avait offertes et qu'elle avait figées dans le temps d'un enchantement sollicité auprès de Flitwick en salle des professeurs - non, elle n'avait rien jeté, depuis. C'était déjà assez d'avoir à se séparer de lui.

Comment supportait-elle seulement d'avoir été séparée de lui..? Il s'avançait, et le moindre détail de son visage s'esquissait plus précisément, plus douloureusement que ces derniers mois. S'il s'approchait encore, les fenêtres du Ministère brilleraient l'illusion de leurs faisceaux d'or à ses yeux, et ils en miroiteraient d'un bleu dont elle n'émergerait jamais. Je n'ai jamais rien oublié Cicely, je te conjure de me croire. La ferveur de ses chuchotements dessinant des frissons contre sa nuque, parjurant l'accablante interdiction de ne jamais plus quérir quoi que ce soit l'un de l'autre. Le souffle faillit lui manquer tant lui embrasa le cœur l'envie d'y croire, en lui, la folie de ses mots et le bleu profond de son regard - cette force résolue qu'il exhalait et la rendait éperdument fragile, mourant et craignant à la fois de prêter foi à ce qu'il lui jurait. Mais pourquoi s'abaisser à des mensonges si plus rien ne les engageait, si rien n'était en jeu ? Pourquoi la rassurer s'il n'en pensait pas un seul mot ? A leurs plus tendres heures comme aux plus ombrageuses, il ne lui avait jamais rien offert que la plus pure des sincérités - dans l'espoir délirant d'une vie à deux qui les avait bercés, dans la sentence qui les avait assassinés. Je n'ai jamais rien oublié, Cicely. Son prénom murmuré n'avait jamais été mensonge entre ses lèvres... La vaine bravoure d'un sourire triste s'ourla en arabesque tandis qu'elle inclinait doucement la tête - je te crois. "Moi non plus. Mais ça ne change rien à rien, pas vrai..?" Sa gorge se serra violemment tandis que les visions de Cambridge l'assaillaient de hantise, le rire de Nicholas échoué dans une cascade de cheveux fous, ses bras enserrant l'autre qu'elle, la barbe courant à sa mâchoire chatouillant sa peau. En dépit de son menton délicat fièrement relevé, de ses intonations maîtrisées, une alchimie de résignation chagrine et jalouse assombrissait ses prunelles cristallines. "Je cours après des souvenirs, et tu t'en crées de nouveaux." Et elle n'avait aucun droit d'exiger qu'il s'en empêche - aucune alliance ni aucun ban de mariage, aucun serment ne l'attachait plus à elle et sa peine déchirante, sa possessivité douloureuse, se déversaient en torrent corrosif dans le puits sans fond de son cœur, sans posséder la moindre légitimité à se répandre ailleurs. Elle aurait pu en hurler.

Qu'avait-elle espéré, au juste ? Qu'il s'astreigne à la solitude au seul nom de leur amour perdu, renonce aux autres femmes qui auraient le sang assez pur pour avoir le droit de le rendre heureux? D'avance elle les haïssait toutes et s'écœurait de son propre égoïsme, de ce lancinement dans la poitrine qu'elle camoufla en une inspiration déterminée, invoquant son courage de lionne tandis qu'elle attachait ses cheveux d'une gracieuse vrille de son poignet. L'azur de son regard avait quelque chose de l'acier lorsqu'elle les arrima de nouveau à Nicholas, inflexible métal forgé dans l'abandon de leur histoire consumée, derrière lequel se repliaient ses sentiments en bouclier. Rien ni personne ne devait, ne pouvait lui briser le coeur. Ni ses espoirs stupides, ni le restant du monde, ni une clique de cambrioleurs. "Je vais retrouver mon collier, Nicholas. Bayliff peut consigner un blâme à mon dossier, me faire passer en commission ou me suspendre de la Brigade, je me fiche des conséquences pourvu que je le récupère. Je resterai pas là, sagement de côté pendant qu'on me vole encore du peu que j'ai pu garder. Pas cette fois." Les criminels pouvaient garder en leur butin sa gourmette de baptême, les boucles d'oreilles tintinnabulantes de ses dix-huit ans, sa bague ciselée et sertie d'ambre, mais elle récupérerait ce camée au prix de sa carrière, s'il le fallait. Jamais elle n'avait pardonné qu'on ait fauché le futur florissant auquel ils avaient tous deux cru, et s'était fait serment de ne plus laisser quiconque lui prendre ce qu'elle possédait. Peut-être était-ce la raison même qui faisaient des cambriolages ses interventions préférées à la Brigade, celles qui lui apportaient le plus fort sentiment de justice ; rendre à d'autres lésés ce qu'elle n'avait jamais pu récupérer pour elle, comme si traîner en geôle les responsables de leur drame pouvaient la consoler, un jour, de voir le nom des siens auréolé de gloire et d'élégance dans la Gazette. Comme si guérir pour d'autres ce qui ne suturait jamais en elle l'aiderait à oublier ce qu'on lui avait volé et l'amère perte des années déchues, l'intangible douceur de leur avenir perdu, sans que s'altère jamais la conviction que si leur monde lui raflait encore la moindre chose, elle irait désormais le lui arracher toute seule. "J'ai besoin de ton aide."J'ai besoin de toi.


@Nicholas Burke

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- Mar 14 Mar - 11:13
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Ses sentiments allaient et venaient en lui, en ballet incessant qu'il ne parvenait pas à calmer, et c'était comme si une digue menaçait de céder et que, silencieusement, il s'efforçait de la maintenir en place. Il fallait tenir droit, ne jamais baisser les bras, c'était simplement de cette manière qu'il était parvenu à avancer jusque là. Mais son cerveau ne semblait pas vouloir le laisser en paix; ses cheveux lâchés aux épaules lui ravivèrent les nombreuses fois où il avait joué avec une de ces mèches, du bout des doigts, l'entortillant encore et encore, pendant que, lovée contre lui, elle lui contait un avenir plus que scintillant. Ses lèvres lui soutiraient les souvenirs indénombrables de ces soupirs échappés entre leurs lèvres scellées, de ces moments suspendus où plus rien n'avait compté que de l'embrasser, de l'embrasser à en perdre le souffle, peu importe ce qui pouvait advenir autour d'eux. Jusqu'à sa veste rappelant à Nicholas le nombre de fois où il avait jeté la sienne sur ses épaules, sourd aux récriminations de Cicely lui disant que non, elle n'avait pas froid, ignorant le bout de son nez rougi ou la chair de poule jetée sur ses bras. Il secoua la tête. C'était une torture d'avoir tant de souvenirs d'eux, restés aussi clairs, aussi vivaces dans son esprit et il se répéta, une nouvelle fois, combien tout aurait été plus facile s'il était parvenu à oublietter leur histoire. Non pas qu'il en eut envie réellement, mais plusieurs années après leur séparation, c'était encore elle qui marchait au creux de ses songes et il n'avait jamais trouvé comment l'en déloger. Et alors qu'elle évoquait son départ précipité de Londres, c'est une vague sombre de jalousie qui s'insinua en lui. Oh, ils étaient parvenus à conserver l'un envers l'autre une once de respect les ayant détourné de la haine échue aux couples qu'ils avaient connus durant leurs études et qui aujourd'hui, ne parvenaient plus à prononcer le prénom de l'autre. Ils s'étaient gardés de cette haine, de ces ressentiments et Nicholas en avait hérité cet espoir secret qu'un jour, ils connaissent une fin plus digne d'eux, plus douce, plus belle. Mais la promesse des fiançailles à venir lui revint en tête et une nouvelle fois, il eut l'impression de couler. Elle était là, luttant pour un souvenir d'eux deux quand lui devait déjà se projeter avec une autre. Contre sa volonté, certes, mais tout de même... Depuis. Le mot flotta entre eux, et s'il l'avait invoqué plus tôt, il l'exécrait au plus haut point. Depuis quoi? Depuis qu'ils s'étaient séparés, à cause de lui. Depuis qu'ils avaient grandi, bien trop tôt et avant de passer les mois suivants, à attendre la fin de l'année scolaire, pour ne plus se revoir. Depuis qu'il avait jeté aux ordures leur histoire, leurs promesses, ses mots doux et ses caresses, depuis qu'il lui avait laissé entendre qu'elle n'était pas assez bien.  « D'accord.. »  En vaine tentative de l'apaiser, ou bien d'apaiser également le gouffre qui s'était réouvert dans son estomac, il chuchota encore une fois, D'accord. Et elle avait raison, cela ne changeait rien. Rien à rien. Je cours après des souvenirs, et tu t'en crées de nouveaux. Un nouveau moment figé. Et il n'eut aucun mal à comprendre de quoi elle parlait. Cet instant, à Cambridge quand, solidement arrimé au bras de Leanne il avait cru la reconnaître dans cette silhouette s'échappant du bar. Ainsi donc, c'était bien elle et il ne s'était pas trompé. Il garda le silence. Qu'y avait-il d'autre à ajouter? Non, mieux, qu'aurait-il pu ajouter à cet instant qui aurait été légitime à dire? C'était pourtant toi que je cherchais, dans ce bar, un peu de toi, quelque part, ton regard dans tous ceux des autres, tes doigts contre les miens, c'était toi et t'étais pas là, c'était toi et j'aurais pu t'enlever au monde ce soir-là, si tu n'étais pas partie, tant c'est toi, tant ça a toujours été toi, tant ça le sera toujours. Il garda le silence. Déglutissant avec peine une salive qu'il n'avait plus, tant il se retenait de respirer depuis plusieurs secondes, il se dirigea vers la fenêtre magique et observa un instant le faux extérieur, tentant de retrouver sa contenance, l'esprit résonnant encore de tout ce qu'il ne pouvait plus lui dire alors qu'elle continuait sur sa lancée, en terribles promesses. C'est toi, ça sera toujours toi. Il se retourna, plus blanc qu'auparavant, mais une inflexibilité peinte sur son visage et en quelques pas, fut auprès d'elle. Il posa avec pudeur la main sur son bras, dans un geste qu'il voulait rassurant, enveloppant, sans trop savoir pourquoi il continuait d'ainsi flirter avec les limites de ce qui était juste et digne. Il ne pouvait plus se permettre de jouer avec son coeur, pas alors qu'il était déjà fiancé à une autre et qu'elle l'ignorait. « Je vais m'occuper personnellement de cette affaire et je m'arrangerai pour qu'un nombre suffisant d'agents soient impliqués. En revanche... » Il la relâcha de son étreinte et s'appuya contre le bureau, derrière lui. « J'aimerais que tu n'y prennes pas part. » Croisant les bras, il acheva « Bayliff déteste ce genre d'initiatives et de comportement et j'aimerais autant que tu ne perdes pas ton emploi pour une histoire dont je peux m'occuper. » Parce que si elle était renvoyée parce que trop impliquée sur une affaire, il ne pourrait plus compter sur ses moments volés dans les couloirs où, devisant comme deux amis, ils essayaient d'ignorer la force de ce qui les lierait toujours. Et il ajouta, chuchotant « Fais moi confiance, Cicely. » Elle était venue avec l'espoir qu'il l'aide, et il lui proposait de le faire. Il savait que leur entretien était terminé, et pourtant, comme il espérait qu'elle ne parte pas.

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- Dim 2 Avr - 0:14
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Un effleurement de lui suffit à fendre de fêlures sa belle armure, toute d'obstination et de fierté forgée, faufilant à sa nuque un long frisson qu'elle ne put réprimer. La main ceignant son bras, cernant ses craintes pour en apaiser la tempête d'un unique geste - cet étrange don qu'il possédait de désarmer ses véhémences par le calme assuré de sa présence. Du bout des doigts, soudainement faire chanter son cœur qui danse. Toute une interminable éternité avait eu le temps de s'écouler depuis qu'elle l'avait senti si proche d'elle, juste à portée d'une impossible étreinte dont le mirage cruel n'en cessait plus de lui échapper. Cicely aurait tout aussi bien maudit ou remercié l'hiver d'avoir drapé une veste à ses épaules, imposé une frontière d'étoffe aux phalanges du sorcier, tant elle doutait d'avoir pu bâillonner la chamade en son sein si leurs peaux s'étaient frôlées - aussi violente, aussi fervente qu'au temps secret de leurs premières douceurs timorées. Le temps n'avait rien altéré du rose fleurissant légèrement ses joues à son contact, rien adouci de l'ardeur avec laquelle il bouleversait sans même s'en rendre compte son cœur en vrac. Cils frémissants tant que dura la brève étreinte, s'attardant souffle court sur les veines sillonnant sa main, sur leur dessin, sans que s'estompe le souvenir d'en avoir tant de fois délinéé à caresses nonchalantes le pur tracé. Rien n'avait changé, depuis. Les saisons s'étaient écoulées dans une indifférence suprême aux meurtrissures de leur rupture, sans rien atténuer de l'inextinguible amour qu'elle lui vouait en silence, enraciné si profondément désormais qu'il en était indémêlable du moindre des battements transis pulsant au secret de sa poitrine.

Huit ans à ne plus chérir que son absence, à ne pouvoir s'endormir qu'après avoir blotti au creux de sa paume le maigre réconfort de quelques maillons d'or, à retracer les lignes d'un camée comme s'il pouvait s'agir des traits qu'elle adorait - à ne pouvoir s'assoupir dans les bras d'aucun autre, ces rares hommes échoués en ses draps des soirs à la dérive, dont elle forçait le départ à l'amer des nuits noires, pour ne dévisager dans le miroir de l'aube que son portrait rongé de culpabilité, défait du sentiment nausée de l'avoir trompé. Lui le gardien de son éternel serment de fidélité, dont elle courait éperdument après l'ancien collier comme s'il pourrait jamais le remplacer, dont elle espérait l'ombre consolante à chaque couloir avec une patience navrante. Qu'était-elle en train de faire ? Huit ans après, l'appeler à l'aide pour son bijou perdu comme s'ils n'étaient encore que des enfants rivés aux bancs estudiantins ?  Par quelle pathétique fièvre osait-elle faire irruption dans son bureau de sous-directeur et exiger de lui qu'il intervienne en sa faveur en dépit insolent du Ministère, violant ouvertement le gouffre de neutralité qu'ils s'étaient acharnés à ne plus jamais franchir ? Lui imposer de pourchasser leur passé, tandis qu'il ne niait même pas s'engager dans d'autres futurs ? L'absurdité de sa déraison la gifla subitement en pleine figure.

Il l'effleurait d'une main, même en travers le lin, et son cœur d'agonie se mourait de lui.

Les phalanges du sorcier glissèrent de sa manche en même temps que tombait pour l'anglaise le masque de ses illusions, ce mensonge qu'elle s'était répété comme l'on se berce d'un refrain seriné, pour se convaincre à chaque aurore qu'elle avait accepté l'idée d'une vie sans Nicholas. D'un geste seul il avait fracturé l'incorruptible hargne dont son audace avait impulsivement fait montre quelques instants auparavant, et tandis qu'il s'appuyait à son bureau tout en l'appelant à la tempérance, Cicely ne put qu'opiner à sa logique ; que l'influence tienne aux intonations chéries de sa voix grave ou aux arguments raisonnés qu'il assurait, il avait toujours su trouver les mots pour lénifier la houle de ses orages et l'arrimer à des rivages plus réfléchis ; elle ne pouvait se permettre une désobéissance frontale aux ordres directs de Bayliff et risquer le licenciement. A présent que sa fougue l'avait abandonnée et que n'en subsistait plus qu'une indicible lassitude, son regard étincelant de détermination semblait douloureusement éteint.

"Je t'ai toujours fait confiance" murmura-t-elle, toute audace évanouie dans cet aveu possédant malgré lui des airs de regrets chuchotés. Je t'ai fait confiance, même si j'en ai eu le coeur brisé. Je te fais confiance, même si je ne devrais pas me fier à ce que je ressens quand tu me frôles et que tu me parles et que tu es là et que tu renverses tout ce en quoi je crois, qu'aucun vertige ne vaut celui de mon prénom entre tes lèvres, l'étourdissement de toi. "Mais je n'ai aucun droit de te demander ça, de te compromettre pour moi. Je n'aurais jamais dû." Il s'agissait sans doute du choix le plus responsable, des  mots les plus adultes qu'elle ait prononcés ce matin-là ; plus que l'impertinence de sa requête envers un dirigeant du Ministère, sa seule irruption effrontée moquant tout protocole hiérarchique affligerait Nicholas de rumeurs par sa seule faute. Qu'il investisse officiellement l'autorité de son nom dans l'affaire du cambriolage et c'en serait fini de l'obligation de neutralité que sa fonction attendait de lui, Cicely le percevait désormais clairement et,  contrevenant à tout ce qu'elle venait de lui demander, se refusait à accepter l'aide qu'elle était égoïstement venue chercher. Il avait déjà réussi à ne pas corrompre pour elle l'honneur de son sang pur, et le coût leur avait été trop douloureux à payer pour qu'elle fasse un gâchis de leur sacrifice en jetant sa réputation aux loups.

Un cauchemar l'éveillait souvent en sursaut de larmes, depuis. Leurs années tendres d'insouciance ou l'avenir heureux qu'on leur avait volé étaient scellés au velours d'un écrin mis aux enchères, et elle précipitait son espoir en délire sur les fauteuils de Sotheby's pour les récupérer, le plus précieux trésor qu'elle ait jamais pu posséder ; mais ni l'empire ni la fortune des Vale n'étaient jamais assez, et ses enchères insignifiantes demeuraient vaines, accusant le mépris moqueur d'un commissaire-priseur aux traits souverains de Lord Burke. Ici, assénait-il, les avenirs heureux ne se payaient qu'en sang pur. Elle s'éveillait en s'agrippant à l'oreiller froissé de sanglots tandis qu'on la traînait hors de la salle, bras liés derrière le dos sous un déluge narquois de rires condescendants.

A s'arranger pour toujours croiser Nicholas dans les méandres du département, à espérer le moindre de ses sourires et le sillage de son parfum, sa seule et plus profonde erreur avait été d'oublier qu'elle ne serait jamais assez riche pour prétendre payer le prix de son bonheur - et qu'il lui fallait cesser, immédiatement, là, tout de suite, à présent, rester pour lui l'ombre harcelante d'un passé dont il se détournait. Aux côtés de celle de Birmingham, il ne l'avait pas nié. Et elle, qui venait le supplier de l'aider à retrouver un collier d'il y a dix ans, sans lequel elle ne pouvait jamais dormir... Son égocentrisme ridicule lui nouait terriblement la gorge, menaçant d'accabler sa voix de frémissement tandis qu'elle se préparait à sortir, partir, s'enfuir, tout plutôt qu'affronter un instant de plus le douloureux portrait de ce qu'ils étaient devenus. "Dis bien à ta grand-mère que je suis désolée si on ne le retrouve pas." Un noeud tordit son ventre en songeant que l'unique personne ayant jamais su croire en leur amour l'en saurait finalement indigne, pas même fichue de préserver son inestimable camée - alors l'ancestral prestige de leur famille..? L'arabesque chagrine d'un sourire triste lui vint aux lèvres, fragile vestige de son courage mourant tandis qu'elle se brisait le cœur et prononçait l'intolérable, l'insupportable écho à leur rupture."Peut-être qu'au fond c'est mieux comme ça." L'azur étourdissant de ses iris s'égara en dernière caresse sur le visage de Nicholas comme un indicible baiser d'adieu, se gorgeant des détails de lui que les rayons de soleil redoraient d'ambre - l'angle de sa mâchoire, la ligne de son nez, mon dieu, le dessin de ses lèvres.... Avant que sa volonté à l'agonie n'achève de lui faire défaut, Cicely se fit violence pour détourner de lui sa résolution déchirante et laissa cliqueter dans son dos la lourde porte de son bureau. Sans doute le destin était-il las de la voir irrémédiablement s'ancrer aux remembrances d'un grand amour perdu et s'était-il chargé, à Birmingham puis par le vol de son collier, de l'inciter à lâcher enfin prise sur leur histoire, de force si ce n'était pas de gré. Peut-être ne resterait-il plus d'autres traces du pendentif ni de leurs baisers qu'une photographie d'amoureux, ivres de rires sous la langueur d'un doux soleil d'été. Elle en retrouvait encore la chaleur dans ses larmes embuées.

@Nicholas Burke


FIN


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