I'm just a poor wayfaring stranger Traveling through this world below There's no sickness, no toil or danger In that bright land to which I go I'm going there to see my father And all my loved ones, who've gone on I'm just going over Jordan I'm just going over home
En corolles déversées, les étoiles semblaient s'être données le mot pour s'afficher ce soir, plus brillantes que jamais, illuminant un ciel dépourvu du moindre nuage et dont la fraîcheur augurait un mois de janvier frais et sec. Remus observait le ciel avec un plaisir non dissimulé, la tête engoncée dans la capuche de son manteau, tremblant distinctement dans la calèche remontant l'allée jusqu'au château. Il avait eu la chance d'en trouver une vide d'étudiants et pour cause, il avait volontairement laissé un temps certain entre le descente des jeunes sorciers du train et la sienne, tant il avait peur que son état de santé de s'affiche clairement aux yeux de tous, comme si sa lycanthropie pouvait contaminer les autres, en miasmes invisibles reflués par sa toux, évacués contre sa volonté et qu'il refusait de diffuser autour de lui. Il suintait la mauvaise santé, la maladie, et ses traits tirés, décharnés n'étaient pas sans crier au reste du monde que la pleine lune était passée, juste la veille au soir. Il n'avait eu que trop peu de temps de repos pour revenir fouler le pavé de l'allée menant au château et il savait qu'il allait payer le prix de son manque d'à-propos. Mais voilà, il avait voulu fêter le réveillon de la Saint Sylvestre avec Sirius et déjà, l'approche de la date fatidique l'avait tant épuisé que transplaner jusqu'à la cabane hurlante pour y passer cette salle nuit lui avait été impossible. Ficelé au canapé de Sirius, au cas où, les lèvres encore entachées par la potion tue-loup, au terrible goût de poison, au goût de mort, il avait regardé les longues heures de la nuit passer, retenant au fond de lui le monstre horrifique qui se débattait et lui hurlait de le laisser sortir. La lutte avait été effroyable, comme à chaque cycle et il en était encore terriblement épuisé. Etirant sa carcasse engourdie par le froid et le sommeil qui avait menacé le balayer pendant tout le trajet, il s'extirpa avec difficulté de la calèche et remonta à allure modérée le chemin de terre jusqu'au château. La nuit était claire, belle, et s'il n'avait pas eu juste la plus grande hâte à se glisser dans son lit jusqu'à une heure indécente du lendemain matin, il aurait presque pu souhaiter en profiter un peu en faisant durer la douceur plus longtemps. Mais parfaitement exténué, soufflant bruyamment à chaque pas, comme un sombral après un vol, il parvint rapidement au château alors que le discours de Dumbledore touchait à sa fin. Discrètement, il se glissa à sa place, entre Minerva et Rubeus et applaudit à son tour la prise de parole de leur directeur. Le repas qu'il ne parvint pas à apprécier tant il avait encore en bouche le goût âcre de son dernier repas, cette fameuse potion, dura une éternité et il devait se faire violence pour ne pas piquer du nez dans son assiette. Aussi jetait-il des coups d'œil autour de lui, adressant un sourire et un signe à ceux qui le saluaient, souriant à Hermione, faisant un petit coucou à Harry et Ron mais ce fut autre chose qui le brûla dans le cou, une sensation intangible d'être observé, scruté et il se détourna vivement. Ses yeux tombèrent dans ceux de Rachael et il put y lire tout ce qu'il avait voulu éviter. Elle savait. Il leva son verre dans sa direction avec un sourire et les sourcils volontairement froncés, comme pour l'encourager à ne pas relever sa fatigue du jour. Le banquet toucha enfin à sa fin et il s'éternisa une nouvelle fois dans la salle pour ne pas être pris dans la cohue des étudiants rejoignant leurs salles communes. S'éloignant enfin, il ne rêvait plus que de son lit, peut-être même s'y jetterait-il sans se doucher, cela pourrait attendre le lendemain. Mais il avait trop tiré sur la corde aujourd'hui, et les jours précédents, pour tenter de mener sa vie le plus humblement et normalement du monde et le premier étourdissement le rattrapa alors qu'il n'était pas encore au second étage. S'agrippant fermement à la rambarde, il y apposa la tête, le front brûlant posé sur le marbre frais qui le composait et souffla pendant une minute. Il ne restait pas long, seulement quelques étages et il pourrait s'allonger - ou se jeter au lit. « Allez, allez... » L'étourdissement passa, aussi reprit-il son chemin jusqu'à être stoppé par le suivant. L'ascension risquait de durer bien plus longtemps qu'il l'avait prévu. Un soupir de soulagement qu'il ne parvint pas à réfréner s'échappa de ses lèvres; des pas dans son dos.
Alors que le début du mois de janvier signait le retour de vacances pour sorciers et professeurs, celui-ci laissait un goût amer à Rachael en l’absence de Molly, partie en ne lui laissant qu’un pauvre mot. La métamorphomage osait croire qu’elle méritait mieux qu’une brève phrase d’au revoir sur un parchemin froissé et ne pouvait pas s’empêcher de ressentir une certaine rancœur à l’égard de la médicomage, d’autant plus que celle-ci n’avait donné aucune explication à son départ, la laissant dans le flou total. Si la vie de l’ex tireuse d’élite avait toujours été plus ou moins chaotique et qu’elle avait souvent eu tendance à fuir le reste du monde, c’était différent avec Molly, elle savait qu’elle pouvait compter sur elle depuis son accident, et avec son départ, ces certitudes étaient bousculées. Elle nourrissait silencieusement une colère démesurée, ne trouvant réconfort qu’en la présence de Poudlard et des préparatifs à venir pour le reste de l’année scolaire, célébrations qui lui redonnaient le sourire et lui rappelaient combien elle avait été heureuse au château et combien elle était chanceuse d’être de retour pour y enseigner, quand bien même elle ne l’avait jamais envisagé avant que Molly ne soumettre sa candidature. Esquisse de soupir aux lèvres, Rachael chasse la blonde de ses pensées et laisse son regard traîner sur les élèves dans la grande salle, la plupart heureux de retrouver les bancs de l’école ainsi que leurs amis. Elle finit par croiser le regard de Connor, à qui elle adresse un léger sourire avant qu’il ne se retourne vers ses amis. Si leur relation n’est pas des plus parfaites, elle ne peut pas nier qu’ils se soient rapprochés et que les choses se soient arrangées entre eux. Elle n’est pas sûre de savoir tenir sur le long terme et est encore moins sûre de réussir à ne pas le décevoir, mais elle s’estime déjà chanceuse de pouvoir au moins essayer. Les pensées pleines de tout un tas de choses plus ou moins futiles, la sorcière lève son verre jusqu’à ses lèvres en continuant de scruter l’agitation du banquet causée par le discours plus que surprenant du professeur Dumbledore. Sourire en coin à la pensée de tout ce qui attend les étudiants pour les mois à venir, Rachael glisse cette fois son regard vers ses collègues afin de voir s’ils partagent les mêmes pensées qu’elle, elle pose les yeux sur Remus et son teint blafard. Ses sourcils se froncent d’inquiétude et il ne lui faut pas longtemps avant de faire les calculs - la pleine lune se tenait quelques jours plus tôt, peut-être la veille ou l’avant-veille à en croire ses yeux creusés par la fatigue. Son regard doit se faire insistant puisque bientôt, son collègue tourne les yeux vers elle avec cet avertissement dans les yeux que Rachael ignore d’un froncement sourcil et d’une très brève ondulation d’un violet terne dans ses cheveux, signe d’une inquiétude, à peine visible pour quiconque ne serait pas à la table des professeurs. Pour autant, elle respecte le souhait du professeur et ne dit rien, retourne à son repas dans un sourire crispé, sans pouvoir arrêter son esprit de penser. Elle est l’une des premières à quitter la grande salle une fois le banquet fini, déterminée à attendre son collègue pour s’assurer de son état, mais alors qu’elle l’attendait, elle se retrouve accaparée par l’un de ses élèves. Emportée dans une conversation pendant de plusieurs minutes, elle constate avec un soupir que son collègue et ami s’est déjà évaporé quand elle met un terme à sa conversation. Alors que son élève retourne dans les sous-sols de l’école, Rachael, elle, remonte résignée jusqu’au 6ème étage, mais elle n’a pas le temps d’atteindre le second qu’elle croise à nouveau le chemin de Remus, visiblement en mauvais état. Ses cheveux ondulent à nouveau d’un violet sombre alors qu’elle presse le pas pour le soutenir, attrapant sa taille. « Allons, Lupin, laisse-moi t’aider. » Elle prend sa main pour la faire glisser autour de son cou et lui permettre de mieux s’appuyer sur elle. « Appuie-toi sur moi, je vais t’aider à monter. » Elle commence déjà à gravir quelques marches, avant d'ajouter : « Tu n’as pas le choix, à moins que tu veuilles que je prévienne Poppy et qu’elle vienne te chercher elle-même. » Connue pour être redoutable quand il s’agit de ses patients, l’infirmière de l’école saurait aider le professeur comme il se doit, s’il n’acceptait pas que la métamorphomage le fasse. « Aller, nous y sommes presque. Je te ramène à tes appartements. » Elle enjolive la réalité, il leur reste de nombreux étages à gravir, mais elle est là, l’aidant un pas après l’autre à monter sans s'essouffler, lui permettant de s’appuyer de tout son poids sur elle pour qu’il ne s’épuise pas trop dans son ascension. Et si le trajet est plus rapide, il n’en reste pas moins long et laborieux, Rachael gardant un œil sur lui pour s’assurer qu’il ne s’écroule pas. Arrivés au sixième étage, elle le guide jusqu’à ses appartements et alors qu’elle s’apprête à se détourner pour repartir, elle reste finalement près de lui. « Tu permets que j’entre ? Je ne resterais pas longtemps, c’est promis. » Sa concerne se lit sur son visage et dans sa métamorphomagie, et si elle donne l’air de lui poser la question, elle n’est finalement pas sûre de lui laisser le choix, elle veut s’assurer qu’il aille bien, jusqu’au bout.
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Une vague sombre menaça de le submerger alors qu'il levait les yeux vers la nouvelle arrivante; Rachael, forcément. Il n'était pas sûre qu'après leur échange de regards, elle n'ait pas attendu dans un coin sa faiblesse, juste pour pouvoir prouver qu'elle avait raison. Avec un sourire fatigué, il s'appuya sur elle, soulagé que quelqu'un l'ait trouvé, honteux de son état de santé, comme à chaque fois après la pleine lune. Il crut un instant que les cheveux de son amie avaient changé de couleur et lui chuchota « Faut vraiment que t'apprennes à maîtriser tes métamorphoses. » C'était idiot comme réponse, mais elle lui était venue plus facilement que « Désolé, je suis une merde. » Elle l'amusa et il sentit ses jambes reprendre en vigueur. « Non, surtout pas, elle veut que je passe deux nuits à l'infirmerie à chaque fois, c'est un enfer ! » Il plaisantait; il avait rarement rencontré depuis Lily de femme autant aux petits soins que l'infirmière de l'école avec lui, mais le problème était qu'elle avait pris l'habitude d'en faire tout un plat; elle le prévenait par hibou à l'approche de chaque pleine lune, et venait s'enquérir de son état sitôt la nuit passée, lui demandant de lui décrire ce qu'il ressentait dans le moindre détail, quand lui n'avait plus envie que de s'allonger pour dormir. Les jambes de Remus faillirent lui faire défaut à plusieurs reprises mais assez rapidement, ils parvinrent au sixième étage; et il priait de ne croiser aucun étudiant, surtout pas un huitième année et lorsqu'ils longèrent le couloir menant à leur salle de repos, ils se mirent à chuchoter. « Tu es sûre? Je suis persuadé que je vais pouvoir finir le trajet seul maintenant, si tu as besoin de filer ! » Il n'y avait rien de moins certain que cela et il tremblait à l'idée de s'effondrer si elle le lâchait, mais il n'en laissa rien paraître et lui sourit. Ils parvinrent finalement à ses appartements et il se laissa lourdement tomber dans un fauteuil près de la cheminée. D'un coup de baguette las il visa l'âtre et d'un informulé, l'embrasa. La chaleur parvint rapidement jusqu'à lui mais il savait par expérience que son corps trop faible mettrait de longues heures avant de pouvoir se réchauffer. Interloqué, il la regarda avec surprise et répondit à sa question « Mais bien sûr ! Je n'aurais pas pu monter toutes ces marches sans toi, c'est avec plaisir que j'aimerais que tu restes avec moi. Pour un remontant, qu'en dis-tu ? » Un mouvement de baguette et une bouteille contenant un liquide ambré s'éleva depuis une male ouverte et deux verres en cristal suivirent. La bouteille remplit les verre avec un tintement clair et bientôt, ils flottèrent vers eux. « Merci, Rachael. Sans toi... » Il laissa sa phrase en suspens, gêné, honteux, soulagé d'être là, et plus encore triste de voir quelle faiblesse pouvait envahir son corps, au point de l'empêcher de retrouver son chemin, au point de le laisser là, vidé. Et que serait-il arrivé si elle n'était pas venue? Serait-il encore sur cette marche, tentant de s'envelopper de sa cape pour se protéger du froid de la nuit? Il chassa ses pensées et but une gorgée du whisky que Sirius lui avait ramené d'Irlande. « Comment vas-tu? » Rachael était une de ses plus vieilles amies - encore en vie - et il chérissait les moments qu'ils pouvait partager depuis qu'ils enseignaient ensemble. Ils avaient affronté beaucoup de choses et s'était toujours retrouvés, comme si leur chemin était pavé l'un de l'autre et qu'ils étaient l'assurance-même, l'absolue certitude de savoir que, où que leurs pas les mènent, une figure bienveillante y serait toujours.
Rachael n’hésite pas une seconde à venir à la rescousse de son ami, un sourire prenant place sur ses lèvres en voyant que celui-ci n’avait rien perdu de son sens de l’humour. « Et toi il faut vraiment que tu apprennes à demander de l’aide. » réprimande doucement la métamorphomage en jouant cette fois avec les couleurs de ses cheveux pour leur faire prendre une teinte or, rappelant leur ancienne maison à l’époque de Poudlard. « Cette femme est une vraie furie » confirme la sorcière dans un rire, tout en prenant appui sur la rambarde de l’escalier pour arriver à mieux supporter le poids du loup et l’aider à monter les étages menant à leurs appartements. Il leur faut quelques minutes pour y arriver, un peu de peine et beaucoup d’espoir de ne croiser aucun étudiant avant qu’ils arrivent au bout de leur ascension, mais en dépit de leur réussite, Rachael n’arrive pas à se résoudre à laisser Remus là, d’autant plus qu’elle n’était pas sûre qu’il puisse finir le trajet seul, comme il semble pourtant vouloir l’en convaincre. Elle lui offre un regard sévère qui ne laisse pas place à un quelconque refus puis continue de le soutenir jusqu’à rejoindre les appartements du sorcier où elle le relâche enfin pour le laisser respirer et se remettre de ses émotions. Gagnant la fenêtre pour observer la nuit tombée sur le parc de l’école, Rachael ferme brièvement les yeux quand le feu s’embrase, profitant de la sensation de chaleur gagnant son corps tandis qu’elle émet la suggestion de rester encore un peu, sans donner à Remus les vraies raisons de sa demande : son désir de veiller sur lui et s’assurer que tout aille bien. « J’en dis que c’est une excellente idée. » elle réceptionna le verre flottant dans les airs et l’avança vers son ami pour trinquer avec lui, balayant sa réflexion d’un revers de la main. « Arrête, pas de ça avec moi. Je suis là pour toi Lupin. » sans détour, sans rien en échange, elle est simplement présente dans le besoin, tout comme elle sait qu’il l’est aussi pour elle. Levant son verre jusqu’à ses lèvres pour en boire une longue gorgée qui lui arrache une grimace, elle s’avance jusqu’à l’autre fauteuil libre face à celui de Remus et s’y installe, retrouvant son roux naturel dans ses cheveux. « Tout va bien. » le rassure-t-elle d’un sourire. Si elle est encore agacée par le départ abrupt de Molly et que sa relation chaotique avec Connor a parfois tendance à la perturber plus qu’elle ne le voudrait, elle a su trouver un équilibre à Poudlard qu’elle n’avait plus depuis longtemps. Elle étire ses jambes devant elle, et joue avec le liquide ambré de son verre. « Je t’avoue que je suis soulagée que les fêtes soient finies, d’être de retour à Poudlard. » les fêtes de fin d’années n’étant pas quelque chose qu’elle appréciait particulièrement, elle les passait seule depuis plusieurs années, habituée à sa solitude en cette période. « Et toi ? » elle observe son visage pâle, sourcils froncés, et poursuit : « Tu es sûr que tu ne veux pas que j’aille voir Poppy ? Peut-être aurait-elle quelque chose à te donner pour que tu te sentes un peu mieux ? » elle détestait le voir ainsi, et n’aspirait qu’à l’aider et le soulager un peu du poids de sa douleur, aussi impossible cette idée soit-elle.
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Il détourna les yeux, honteux, comme à chaque fois que ses faiblesses étaient mises en avant, qu'elles le débordaient et que quelqu'un assistait à cela. C'était Rachael, d'accord, ils se connaissaient depuis tant d'années à présent; et pourtant, cela ne changeait rien. Elle s'installa face à lui et ses cheveux retrouvèrent leur couleur. « Ah! Tu as toujours mieux porté le roux, selon moi! » Ils burent une gorgée en silence et Remus apprécia la sensation que son estomac réchauffé par l'alcool venait à alimenter tout le reste. En quelques secondes, il se sentit mieux, très légèrement et sourit en s'imaginant proposer au prochain élève nauséeux un peu de Whisky pur-feu plutôt qu'un bout de chocolat. « Oh? Je trouve que c'est un bon moment pour s'éloigner un peu de toute cette agitation, les élèves sont durs, en période de Noël. » Il n'osa pas lui demander ce qu'elle avait fait à cette occasion. Bien souvent, l'envie lui était venue de lui proposer de les rejoindre, Sirius et lui, pour célébrer la nouvelle année ou simplement s'autoriser un gros repas sans forcément fêter quoi que ce soit, mais il s'était abstenu; peut-être n'en étaient-ils pas là de leur amitié, après tout. « J'ai fêté ça avec Sirius, et Harry nous a rejoint pour Noël. C'était doux. Jusqu'à ce que Sirius boive beaucoup trop, alors, tu me connais, j'ai dû m'occuper de lui. » A dire vrai, il n'en était rien, ils avaient tous deux légèrement abusé de la bouteille mais il avait passé une des meilleures soirée de sa vie, comme il se le disait à chaque fois, et chaque nouvelle soirée remplaçait toutes les autres. C'était un mystère dans sa vie, comment il avait réussi à survivre sans son ami près de lui, mais aujourd'hui, il regoûtait à tout ce qu'ils avaient été et la vie avait une nouvelle saveur. « Non, je t'assure, c'est gentil. Elle va vouloir me garder à l'infirmerie et les lits là-bas sont bien trop petits pour moi. Mais cesse de te faire du souci, d'accord ? » Il lui adressa un sourire doux en espérant qu'elle comprenne le fond de sa pensée; le débat était clos, il ne souhaitait rien de plus que rester là, en sa compagnie. Il remplit leurs verres et rajouta. « Tu t'es toujours inquiétée pour moi, pour tout le monde, d'aussi loin que je te connaisse. Tu n'as pas envie que parfois, les rôles s'inversent ? » Il savait que le départ de Molly avait creusé loin dans le moral de Rachael et il se doutait également qu'elle avait dû questionner sa place ici après cela, mais Remus avait espéré jalousement, dès qu'ils avaient découvert le départ de leur amie, qu'elle ne partirait pas. « Chocolat ? »
Esquisse de sourire sur les lèvres devant le compliment de Remus sur la couleur de ses cheveux, Rachael balaie sa réflexion d'un geste de la main. « Je suis sûre que le roux irait à merveille à ton teint. » un sourire pour sceller ce moment de complicité, et la métamorphomage se noie dans son verre, appréciant la sensation du liquide brûlant glissant le long de sa trachée. Elle n'a jamais été très friande des fêtes de fin d'année, la sorcière, habituée à sa solitude et n'avoir personne avec qui le fêter, ce qui ne l'a jamais vraiment dérangé. Peu à l'aise et encore moins douée avec les démonstrations d'affection, la proximité et l'intimité, elle n'a jamais non plus cherché à inverser la tendance et c'est pourquoi ça ne la dérange pas plus que ça d'avoir été seule pour noël. « Noël n'est pas une période des plus faciles quand on est adolescent » concéda-t-elle à son ami en se remémorant la période où elle-même était élève à Poudlard. Les fêtes de fin d'année lui rappelaient trop qu'elle n'avait plus de famille avec qui les passer, et c'est à cette époque là qu'elle a commencé à les détester. « Tu as de la chance d'être si bien entouré. » elle lève son verre en sa direction, véritablement enchantée que son ami ait des gens sur qui compter dans l'adversité et au regard de sa condition de loup-garou qui pouvait en effrayer plus d'un. Consciente qu'elle pouvait avoir l'air trop insistante dans l'expression de son inquiétude, Rachael hoche la tête, cédant à la requête silencieuse de Remus et promettant silencieusement de plus évoquer le sujet de la vieille infirmière qui aurait sans doute toutes les peines du monde à garder le professeur enfermé dans son lit, ce que la sorcière pouvait finalement aisément comprendre puisqu'elle même ne saurait accepter d'être pouponnée par Poppy, aussi gentille et bienveillante la vieille infirmière soit-elle. Elle le laisse remplir son verre, et baisse les yeux vers celui-ci à sa prochaine réflexion, sans savoir comment réagir, et ne relève le visage que lorsqu'il lui propose un morceau de chocolat. Là, Rachael esquisse un sourire et lève les yeux au ciel pour la forme. « Je connais toutes tes techniques pour faire parler les gens Remus Lupin, ça ne marchera pas avec moi. » et en dépit de ça, elle prend quand même le morceau de chocolat proposé pour le glisser entre ses lèvres, poussant un soupir d'aise en se faisant la réflexion que le chocolat est tout de même la chose la plus réconfortante au monde. Les yeux baissés vers son verre, elle s'égare quelques instants dans ses pensées, les mots de Remus tournant en boucle dans son esprit et la torturant doucement de l'intérieur. « Tu sais, à la mort de mes parents, je me suis soudain retrouvée toute seule. J'étais jeune, je ne pouvais pas m'occuper de Connor, j'arrivais déjà à peine à m'occuper de moi-même... » un rire sans joie la traverse en songeant à cette époque, elle n'a jamais vraiment dit à voix haute qu'elle a abandonné son cousin aux mains des foyers, trop honteuse après toutes ces années. « Il fallait que je me protège, le monde ne me ferait pas de cadeaux. Alors je me suis fermée aux autres, je crois. » elle fronce les sourcils, puis relève les yeux vers Remus pour lui offrir un sourire. « Et ça n'a jamais vraiment changé depuis. » elle hausse les épaules, habituée depuis longtemps à vivre ainsi si bien qu'elle a oublié ce que ça fait de ne pas être dans la position de celle qui s'inquiète et protège. « Je ne saurais pas comment inverser les rôles » avoue-t-elle après quelques instants de réflexion. « J'admire ta capacité à faire l'un et l'autre. » veiller sur et être veillé par. A dire vrai, elle l'admire aussi pour sa force et sa résilience et bien plus encore, mais elle se tait et ses yeux sont attirés par la tablette de chocolat ouverte. Réalisant ce qu'elle vient de confier, Rachael soupire et jette un regard noir à la friandise. « Foutu chocolat, c'est encore plus magique que moi ce truc là. » parce qu'elle n'a pas l'habitude d'être celle qui se confie et qu'elle déteste le pouvoir magique que Remus peut avoir sur elle en la poussant à se montrer si vulnérable.
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De la chance d'être si bien entouré. Elle avait raison, d'un côté, mais parfois, lorsque Remus se permettait d'être totalement mesquin et déraisonnable, il s'avouait que c'était simplement un jeu retour de la vie sur ses années d'errance et de solitude. Combien de Noël passés loin de tous, combien de fêtes ignorées, d'anniversaires fêtés en soufflant une unique bougie plantée dans un gâteau trop sec, combien de fois s'était-il demandé s'il ne valait mieux pas se transformer sans potion, pour fuir au moins le capharnaüm de ses pensées chaotiques ? Alors oui, il était bien entouré, il n'aurait plus manqué que cela, se retrouver seul à nouveau pour les moments importants; la petite famille qu'il s'était créée gravitait autour d'Harry et il était plus que satisfait de les voir ensemble, fonctionnels et heureux de passer du temps les uns avec les autres. Il se promit de convier Rachael dans un de leurs moments, se rappela qu'il se l'était déjà promis une bonne dizaine de fois et sourit en se disant qu'il ne parviendrait sûrement jamais à cela. Il éclata de rire à sa répartie et se coupa tout de même un bout de chocolat; n'avait-il donc plus de secret pour les gens? C'était agréable, cette sensation et il se demanda si c'était réellement une bonne chose; puis Rachael poursuivit. La sensation de bien-être était devenue confidence et il grignota son morceau de chocolat en l'écoutant parler du temps passé, de Connor, de ce qu'elle n'avait malheureusement pas pu maîtriser. Il l'écouta déverser longuement, plus encore qu'auparavant, ce qu'il subsistait de regrets dans cette femme si incroyablement campée sur ses deux pieds et il sourit à l'insulte proférée contre leur friandise. « Et qu'aurais-tu souhaité faire différemment ? » Il se redressa dans son fauteuil, tentant de se donner contenance autant que redonnant de l'ordre à ses idées et il reprit « Tu t'es retrouvé jetée dans un univers que tu ne maîtrisais pas, dans lequel tu as dû t'adapter et manœuvrer comme tu pouvais pour ne pas sombrer. Je trouve que ton parcours prouve aujourd'hui que tu as fait à merveille ce qu'il convenait de faire, à ce moment-là. » Il repris une bouchée de chocolat, avant de reprendre. « Pour ma part, je n'ai pas eu le choix, tout cela me dépassait totalement ; ça me dépasse encore. » Il lui adressa un sourire sincère, se demandant brièvement pourquoi son coeur venait de manquer un battement. « Ta façon de fonctionner a été exemplaire depuis le début même si aujourd'hui elle te cache derrière des barrières imprenables. Avec le temps, t'apprendras à abaisser tout ça et tu le feras pour les bonnes raisons, on n'est pas pressés. » Il serra brièvement la main de son amie dans la sienne avant d'ajouter. « Parce que, je vais t'apprendre un truc, Wheeler. T'es plus toute seule, maintenant. » Il lui tendit la tablette de chocolat en souriant « T'en veux encore? »
Rachael n’avait pas prévu de se prêter à de telles confessions mais Remus lui inspirait une confiance que personne d’autre ne lui avait inspirée depuis très longtemps et si cette perspective l’effrayait, elle avait aussi quelque chose d'étonnement réconfortant. C’est comme si, pour la première fois depuis longtemps, elle pouvait abaisser ses barrières et se reposer sur quelqu’un, accepter l’idée qu’elle n’est pas seule. « Je ne sais pas si j’aurais fais quoi que ce soit de différent à vrai dire » souffle-t-elle avec lassitude alors qu’une pointe de culpabilité vient lui tordre le ventre. Si on lui donnait l'opportunité de tout recommencer, de suivre un autre parcours, de prendre d’autres décisions, elle n’est pas sûre qu’elle ferait les choses différemment et pendant un instant, elle se demande si cela faisait d’elle une personne horrible sachant combien elle et Connor avaient souffert de la situation. « Tu es trop flatteur, tu ne vois que le bon chez les autres, c’est une autre qualité que j’apprécie chez toi. » et Merlin sait qu’elle en a fait, du moins bon, mais il admire tout de même son parcours, sa force d’adaptation, et Rachael se fait soudain la réflexion que Poudlard est bien chanceuse d’avoir en son sein un professeur tel que Remus, capable de tirer le meilleur de chacun. « Et pourtant tu l’affrontes jour après jour, tu ne baisses pas les bras. » rappelle-t-elle d’un ton presque sévère, comme pour le forcer à ne pas se dénigrer et à prendre conscience de sa valeur. Elle pousse un soupir en portant son verre jusqu’à ses lèvres pour en boire une longue gorgée tout en ressassant le passé dans son esprit, chose dont elle a pourtant horreur, Rachael qui s’efforce de ne jamais regarder derrière elle, qui n’est pas du genre sentimentale, à s’épancher ou à se remémorer les bons souvenirs. « La dernière personne auprès de qui j’ai baissé mes barrières est morte par ma faute, alors je ne suis pas sûre que j’y arriverais à nouveau, vois-tu. » lance-t-elle d’un ton amer en levant son verre vers Remus, pour ensuite le vider d’une traite et masquer son trouble, le deuil qu’elle n’a jamais vraiment fait. Son collègue est là, toutefois, lui rappelant qu’elle n’est pas seule, et la sorcière ne peut que tendre le bras pour attraper la tablette et lui offrir un faible sourire en retour. « C’est vraiment bas comme méthode pour me faire parler. » elle roule des yeux, mais croque tout de même un nouveau morceau de chocolat, alors qu’elle pose un regard à nouveau soucieux sur Remus. « Tu n’es pas seul non plus, tu sais, tu es entouré de plein de gens qui tiennent à toi » elle sait qu’il a toujours eu cette tendance au dénigrement, mais elle espère qu’après toutes ces années, il voit la beauté dans le monde, elle espère qu’il se sente entouré et choyé, et non plus seul et incompris. « Il se fait tard » lâche-t-elle après quelques secondes de silence, sans toutefois bouger. Elle devrait sans doute retourner dans ses appartements, laisser Remus se remettre et profiter d’une bonne nuit de sommeil mais quelque part, elle n’en pas encore tout à fait envie non plus.
Il porta un bout de chocolat à ses lèvres et mordit dedans, avidement. La discussion lui avait rendu l'appétit et sans s'en rendre compte, Rachael le guidait à nouveau vers la vie trépidante et l'enthousiasme. Il rougit allégrement à son gentil commentaire, se sentant s'embraser de la racine de ses cheveux à ses joues, et il crut un instant qu'il n'en finirait plus de s'empourprer plus encore. Voir le bon chez les autres.. Il avait eu tôt fait d'emprunter cette qualité à Lily, il l'aimait profondément pour ne parvenir à déceler que le doux chez les autres et à le faire ressortir de la plus belles des manières que lorsqu'il l'avait cernée un peu plus, il s'était vite rendu compte que c'était le genre de caractère qu'il avait envie d'embrasser. Ce n'était pas par bonté d'âme au départ, non, c'était pour s'assurer de n'être jamais seul, encore et encore ce refrain, ce besoin de ne pas se sentir délaissé et pourtant. Et pourtant il l'avait tant été pendant tant d'années que même ses vieilles astuces pour échapper à la solitude n'étaient pas parvenues à taire son chagrin. Il épousseta ses tristes pensées en secouant la tête et reporta son attention sur son amie lorsqu'elle évoqua l'accident. C'était la première fois qu'elle se laissait aller à ce genre de confidences et l'anecdote replongea Remus des années en arrière lorsqu'entre deux errements loin de la vie bruyante des sorciers qui guérissaient de la guerre il était revenu à Londres et avait visité Rachael. Elle avait été son amie, à l'école, il l'avait vue se marier, et s'ils avaient vécu leur vie séparément, parallèlement, en gardant un œil l'un sur l'autre, la voir si vulnérable dans ce lit bien trop grand pour elle l'avait ému et il avait déposé des fleurs dans un vase avant de s'enfuir loin de cette odeur de produits ménagers et de désinfectants, loin de la vie qui reprenait ses droits. Il ignorait comment relancer le sujet mais il n'en eut pas le temps et la blonde reprit la parole. Il y avait de la douceur dans ses mots, dans toutes ses phrases, peut-être plus encore dans tout ce qu'elle osait balancer au monde; cette force ternie par les épreuves, cette faiblesse passée qui se voulait vaincue mais la vulnérabilité des blessures qu'on lui avait infligées encore trop vivace. Un tournesol qui ne trouve plus de soleil assez brûlant.. « Il se fait tard effectivement.. » D'un mouvement de baguette il raviva les flammes dans l'âtre et leur resservit un verre. « Je ne suis pas fatigué. Si tu veux, tu peux rester et on pourra se changer les idées en parlant des élèves. Ou alors, tu peux tenter de baisser les armes, et te rassurer; je ne risque pas d'être blessé ici. » Il avait sourit à sa dernière phrase, espérant la faire sourire également. « Et je peux te raconter en détails la merveilleuse aventure que c'est de se transformer en loup-garou chaque pleine lune ! » Il lui tendait la main pour qu'elle ose vider le sac qui l'empêchait d'avancer correctement, qui était encore trop plein de tous ses regrets et ses remords; peut-être ce soir pourrait-il le porter avec elle.
Ce soir, dans le tourbillon de ses sentiments contradictoires, il n'y a pas plus douce présence que celle de Remus aux yeux de Rachael. Après la mort de Wes, elle ne pensait pas pouvoir refaire confiance et réapprendre à apprécier autrui, mais son collègue et ami brise peu à peu chacune de ses barrières et la pousse à s'ouvrir au monde, une idée finalement pas si désagréable que ça. Pourtant, une part d'elle refuse inconsciemment de baisser toutes les barrières, parce que si elle le faisait, ce serait prendre le risque de souffrir et elle a bien assez souffert pour toute une vie et n'aspire aujourd'hui qu'à la tranquillité d'esprit. Elle n'y arrive pas totalement, et peut-être que c'est parce que Remus est une excellente oreille, ou peut-être que c'est dû au fait qu'ils se connaissent d'avant, mais toujours est-il qu'elle se livre à des confessions inattendues alors qu'en d'autres circonstances, avec n'importe qui d'autre, elle se serait détournée sans l'ombre d'une hésitation. D'un œil distrait, elle observe le loup raviver les flammes dans l'âtre, et tend son verre sans hésitation quand il propose silencieusement de la resservir. Malgré l'heure tardive, elle accepte de rester au moins pour un verre de plus, mais sans doute aussi parce qu'une part d'elle ne veut pas vraiment être seule ce soir, bien qu'elle ne soit pas capable de l'admettre à voix haute. « Comment fais-tu ? » elle le toise, les yeux légèrement plissés, cherchant à percer ses secrets sans trop savoir quoi chercher. « Comment fais-tu pour être aussi tourné vers l'autre et ouvert à tes émotions après tout ce que tu as vécu ? » la mention de sa condition de loup-garou lui a arraché un froncement de sourcils, et si Rachael connaît le pessimisme de son ami, elle voit pourtant tout le positif de son attitude, cette façon qu'il a de ne jamais se laisser abattre, et elle l'admire pour ça. « Je ne sais pas relâcher la pression, je sais que je suis sûrement trop dure et que je suis constamment sur mes gardes, et j'admire ta capacité à être si ouvert à autrui. » elle n'a jamais été capable d'extérioriser ses émotions ou de les exprimer, et elle s'est toujours tellement appliquée à garder le contrôle de sa métamorphomagie pour justement cacher ses émotions qu'elle ne sait plus vraiment ce que ça veut dire de perdre le contrôle et montrer ce qu'elle ressent. Pourtant, ce soir, elle fait l'effort de baisser légèrement sa garde et laisse voir sa magie à Remus, et un bleu très pâle, proche du gris vient colorer ses cheveux, signe de sa nostalgie intérieure. « J'ai commencé à fonctionner ainsi à mon réveil à sainte-mangouste, et je n'ai plus jamais arrêté depuis. » et elle ne sait pas comment inverser les choses, ni même si elle le veut. Elle a apprit à aimer cette distance qu'elle met entre elle et les autres, parce qu'il est plus facile de ne pas souffrir ainsi, et ça lui convient, ça lui permet de ne pas prendre les choses trop à cœur, de ne rien regretter, de ne pas regarder vers le passé et de s'armer contre le monde dans son entièreté. Qu'est-ce que ça lui apporter de plus de tout arrêter ?
Il n'aurait pu envisager plus douce façon de passer la soirée, malgré sa fatigue liée à la dernière transformation, malgré son envie de dormir, il n'avait envie que cette soirée se termine pour rien au monde. Elle était douce Rachael, il voyait en elle cette envie de se laisser aller et cette crainte absolue de perdre le contrôle, de perdre ce qu'elle avait mis des années à rebâtir. Il aimait plus que tout ces personnes-là, celles qui en avaient bavé et avaient remis au goût du jour la résilience; ceux qui s'étaient battus et avaient gagné, quelque part. Il échoua à comprendre sa première question et le visage caché derrière son propre verre, il lui opposa un sourire interrogateur. Et puis elle précisa, alors, il fronça les sourcils et lui offrit une vraie réponse, avec tout ce qu'elle avait de plus sincère. « Parce que j'ai été trop seul, trop longtemps et que je crois qu'on n'est pas fait pour l'être. J'ai beau avoir été trahi, mis de côté, haï, je me battrai chaque jour pour ceux qui m'ont tout donné; Sirius, Harry... Toi. » Il tendit son verre dans sa direction et ajouta « C'est ça qui fait l'Humain, au final; l'Autre et notre rapport à lui. Et j'ai besoin de l'autre alors, je m'arrange pour être là, quand on a besoin. » Il sentait qu'il commençait à partir dans de longues réflexions, comme il en avait l'habitude et il n'avait pas envie de l'embêter avec ça, aussi, il sourit et fit un signe de la main, comme pour lui dire de laisser tomber les pérégrinations mentales d'un vieux loup. Il l'écouta se confier, conscient que ces moments étaient rares et ne devaient absolument pas être coupés et, sirotant son verre, il ne pouvait qu'apprécier qu'elle s'ouvre à lui. « Oui, et je trouve que tu as merveilleusement bien fait. Lorsqu'on tente de survivre, n'importe quelle tactique devient la bonne, tant qu'elle nous permet de passer les jours. » Les sourcils froncés, il repensa à la période qu'il avait passé en forêt avec ses semblables, après l'arrestation de Sirius. Ca avait été trop dur, trop compliqué à gérer, il était pointé du doigt lui aussi, l'ami d'un assassin, comment n'avait-il rien vu venir ? Alors il avait fui, et il avait survécu à tout cela. Aujourd'hui, il goûtait à nouveau au bonheur d'être entouré et aimé, et ça n'avait pas de prix. Dans sa fêlure contée, ses cheveux se teintèrent d'une couleur d'acier et il vint rapprocher son fauteuil à côté d'elle. « Avoir peur de souffrir comme tu as souffert, c'est normal, tu sais ? Mais tu es si courageuse et je n'imagine pas une vie si froide et solitaire pour toi. Je te vois être aimée, et choyée, et chérie et je ne peux voir rien d'autre. Accepter le risque d'être blessée, c'est aussi comprendre qu'on a le droit de l'être, aimé. » Il laissa échapper une seconde de silence, repassa une mèche de cheveux acier derrière l'épaule de la sorcière et ajouta « Et quand ta culpabilité t'aura laissée tranquille, nous ferons tout pour te faire comprendre que tu en as le droit, toi aussi.» Il s'imagina déjà un plan dément, où elle viendrait en vacances avec Sirius et Lui, ou aider Harry avec la maison à Godric's Hollow. Parce que c'était impensable pour lui, qu'elle passe sa vie à regretter, et à s'en vouloir.
Rachael se sent étonnement vulnérable ce soir en compagnie de Remus, et c’est assez déconcertant pour elle. L’idée de se laisser aller est étrangère à sa nature, sorcière habituée à garder le contrôle de chaque situation et de chacune de ses émotions pour ne plus que la vie la surprenne. Ce soir pourtant, quelque chose en elle aspire à cette liberté momentanée et Remus semble le comprendre, le loup qui arrive à lire entre les lignes et tous les deux se laissent alors aller à des confessions plus profondes. Buvant une gorgée de son breuvage, elle tend la main vers son collègue et ami pour presser son poignet. « C’est justement pour ça que je t’admire. Tu arrives à t’entourer de personnes malgré toutes les épreuves que tu as subies. » l’alcool lui permet de se désinhiber un peu, de parler plus franchement sans son habituelle réserve et lorsque Remus continue d’articuler ses pensées avec une sincérité touchante, elle s’autorise même un faible sourire. Elle aussi, partage quelques réflexions avec lui, des mots qu’elle n’aurait pas cru prononcer en temps normal mais un fil invisible semble les lier et les rapprocher ce soir, dans cette douce et chaude atmosphère. « Tu as raison. J’ai construit des murs, des protections pour éviter la douleur, et je ne sais pas comment les faire tomber, mais peut-être qu’il est temps d’essayer. » elle n’est pas sûre d’en avoir véritablement envie en fait, et elle en prend rudement conscience lorsqu’elle prononce ces mots. Force est pourtant de reconnaître qu’elle est touchée par les mots de Remus, et son amitié lui est terriblement importante. « C’est un risque lourd à prendre. » finit-elle par murmure du bout des lèvres en buvant le reste de son verre d’une traite. La nostalgie la gagne à nouveau à la pensée de Wes. Elle s’est autorisée à l’aimer, puis elle l’a perdu, et il lui manque chaque jour que Merlin fait, si bien qu’elle refuse de prendre le risque de revivre un tel chagrin. Rongée par une blessure invisible à l’œil nul, elle repose lentement son verre sur la table la plus proche. « Mes pensées divaguent, et je crois que j’ai assez abusé de ton temps comme ça. » elle lui offre un faible sourire et réarrange le plaid dans lequel elle était enveloppée, puis quand elle voit Remus prêt à se lever, elle pose une main sur son bras. « Ne te lève pas, préserve-toi et va te reposer, tout va bien. » elle se penche pour effleurer sa joue de ses lèvres, puis s’éloigne à reculons vers la porte. « Merci pour cette soirée, Remus. Je te souhaite une bonne nuit. » elle s’est trop laissée aller ce soir, et le regrette légèrement alors qu’en silence, et le cœur lourd, elle regagne ses appartement en silence, replaçant son masque de froideur et résolue à ne plus se laisser aller ainsi.
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