( début janvier 1999 )
@leo burgess @una eldwyn @ophelia burgess

les vacances étaient terminées, la rentrée s'était faite ce matin et il était heureux d'être de retour au château. les responsabilités retombent et le poids sur ses épaules s'allège. il est triste de quitter sa famille - sa mère et ses sœurs, principalement. sa relation avec son père était toujours marquée par la disparition et l'amnésie et peu importe le nombre d'années qui étaient passées depuis son retour, c'était différent. il n'était pas gêné par la différence ou le changement, au contraire. mais là c'était juste trop. parce qu'il était un homme qu'il ne connaissait pas et le blaireau avait l'impression de vivre avec un inconnu. il ne montrait rien pour ne pas attrister sa mère qui était elle heureuse comme jamais et pour ne pas inquiéter ses soeurs. après tout, c'était lui qui avait dû endosser le rôle d'homme de la famille lors de l'absence de son père et il s'était décidé à ce moment là, du haut de ses onze ans, de ne jamais faillir. alors il extériorise autre part. il bénit le ciel de lui avoir envoyé bea et willow qui sont des soutiens infaillibles chaque jour. il a la chance d'avoir su s'entourer d'amis de confiance pendant son adolescence et c'est sans le moindre doute grâce à eux qu'il arrive à tout faire, tout gérer, tout assumer. parce qu'il est convaincu qu'il doit porter le poids du monde entier sur ses épaules, c'est aussi agréable d'avoir une épaule sur laquelle se reposer. une main tendue pour attraper la sienne. s'il a noué diverses amitiés au château, il ne se souvient pas avoir noté le nom de leo burgess à la page des personnes pour qui il avait de l'affection. ils ne s'étaient jamais vraiment trop parlés, relation tendue dès le début de par leurs rapports respectifs avec anthony et le blaireau n'avait juste pas cherché à comprendre. alors il est surpris quand il lui glisse un mot au déjeuner lui intimant de le rejoindre au pont couvert après les cours et il ne comprend pas vraiment. pourtant il est trop curieux pour résister jax, et il fait partie des premiers à sortir de son cours de coréen - chose rare parce qu'il est habitué à discuter avec son professeur à la fin de la leçon. il se dépêche dans les couloirs et il arrive en premier sur le pont et il ralentit un peu la cadence. sa curiosité manque de l'étouffer et il s'accoude contre le rebord pour regarder le paysage en attendant, prenant des grandes bouffées d'air frais.

( début janvier 1999 )
@jax eldwyn @una eldwyn @ophelia burgess

Le cœur lourd, l’esprit torturé par de nombreuses pensées parasites, c’est un Leo morose qui avance dans la grande salle après avoir passé une nuit blanche à se tourner et retourner dans son lit, pourchassé par ses démons nocturnes. En l’absence d’Anthony, il n’avait aucun moyen d’apaiser ses songes comme il l’aurait fait dans ses bras et en résultait alors une nuit pire encore à penser à lui, à son absence et à tout ce qu’il lui manquait chez lui, de son sourire à son odeur en passant par sa manière de le comprendre et de toujours avoir les mots justes pour calmer ses tempêtes intérieures. Des cernes barrent son visage quand il s’approche de la table des Poufsouffle au petit matin pour glisser un mot à l’intention de Jax l’invitant à le rejoindre au pont couvert après les cours. Il ne lui adresse pas un regard alors qu’il s’éloigne de la table des blaireaux, pour cette fois rejoindre celle des serpents où sa jumelle y est assise tandis que d’un coup de baguette magique, c’est cette fois vers Una qu’il envoie un papier avec le rendez-vous noté à l’intérieur. Au regard inquiet de sa sœur, Leo ne répond que par un baiser déposé sur sa joue en guise de bonjour avant de se servir un verre de jus de citrouille et de trouver son échappatoire par l’arrivée de Blaise, Theodore et Caïn, lui offrant la diversion parfaite pour ne plus penser au rendez-vous donné plus tard et à tout ce qu’il impliquait. Avant de quitter la table et rejoindre son cours de magie du monde, l’Américain se penche vers sa sœur « Rejoins moi après les cours au pont couvert. » Ils en parlaient depuis quelques jours, ils savaient l’un comme l’autre que ça devrait arriver et Leo ne pouvait pas garder cette affaire pour lui plus longtemps, bien trop perturbé par ce qu’il avait appris au cours des dernières vacances pour le cacher. Dernier regard entendu à sa jumelle qui comprendrait sûrement de quoi il retournait, l’aigle s’éloigne et c’est les épaules affaissées par la fatigue et l’esprit souvent ailleurs qu’il laissera passer la journée, n’offrant que le minimum nécessaire de concentration à ses professeurs. Le soleil commencerait bientôt à se coucher et les températures baissent déjà quand Leo s’aventure vers le pont couvert, où Jax est déjà accoudé. Il songe à reculer mais il s’efforce d’avancer et de le rejoindre, s’accoudant à ses côtés dans l’espoir que l'air frais calme ses pulsions et sa tempête intérieure. « Salut » finit-il par dire au bout de quelques longues secondes de silence. Ça fait bizarre d’être là, il est même un peu mal à l’aise, mais il garde son regard fixé sur l’horizon pour prendre une photographie mentale. « Merci d’être venu, j’sais que c’est bizarre ce rendez-vous » lâche-t-il d’une voix monocorde alors qu’il se retourne enfin pour espérer voir arriver sa jumelle. « C'est vraiment important » ajoute-t-il en lui offrant un regard grave qui ne laisse pas de place à des plaisanteries. « J’me doute que t’as des questions, mais on attend encore deux personnes. » Il sait pas vraiment si Jax et sa sœur ont parlé et s’il est au courant de sa venue, mais lui lâche un bref soupir de soulagement quand sa jumelle arrive, la cadette Eldwyn la suivant de près. Sourire offert à Ophelia, Leo cherche sa main pour se donner du courage, sans trop savoir par où commencer - tout est trop frais, tout est trop embrouillé, tout est trop chaotique et il sait que c’est une bombe qu’ils s’apprêtent à annoncer, de celles qui font mal, de celles que lui ne sait pas gérer.

Una a passé la journée à triturer le bout de parchemin reçu en matinée. Elle s’est amusée tout  au long de l’après-midi à le plier et le déplier au gré de ses humeurs, le froisser pour ensuite le lisser du bout de l’ongle, avant de se décider à s’en servir comme marque page à la fin du cours de Sortilèges. Elle choisit de se présenter au rendez-vous à peu près au même moment et de la même façon qu’elle a lancé le morceau de papier entre deux pages — sur un coup de tête, donc. C’est un peu sa marque de fabrique en ce moment.

Quand elle arrive au pont couvert, deux silhouettes — qu’elle identifie rapidement comme étant celles de Burgess et de Jax — se dessinent déjà dans le paysage au soleil couchant. En même temps que son regard s’attarde sur son frère, ses pas ralentissent graduellement et c’est un peu bêtement qu’elle s’imagine, l’espace de quelques secondes, que ses jambes refuseront de la porter jusqu’à destination. La dernière fois qu’ils se sont adressé la parole, c’était durant le weekend précédent la rentrée et elle trouve ça un peu bizarre de le retrouver là — pas plus étrange que Leo Burgess leur donnant rendez-vous après les cours, ceci dit.

Tout de même. Une petite alarme se déclenche dans un coin de son cerveau et une fois lancée, impossible de la faire taire ou de s’en débarrasser.

"J’avais l’espoir d’avoir été cooptée pour rejoindre un club ultra secret, du genre sélect et dangereux, tout ça", fait-elle une fois arrivée à la hauteur de Jax et Leo. Elle laisse son sac de cours tomber au sol, juste à ses pieds, puis rentre la tête dans les épaules pour se cacher sous son écharpe aux couleurs de sa maison. "M’enfin, vu que Jax est là, c’est clairement pas ça", poursuit-elle en enfonçant ensuite les mains dans les poches de son long manteau. Un peu perplexe, et même drôlement curieuse, elle finit par demander : "quelqu’un peut me dire c’que je fais ici, au juste ?" Elle marque une pause, puis modifie sa requête en désignant son frère d’un geste de la tête, "enfin, ce qu’on fait ici ?"

Après un court silence, une idée lui traverse l’esprit. Elle ouvre de grands yeux surpris, puis fronce les sourcils et fait la navette entre Jax et Leo, le visage chiffonné par la méfiance. "On a une connaissance en commun qui a fait une connerie ?" Ou pire. Mais qui ? "J’vous préviens, si c’est pour discuter d’une aide à apporter à quelqu’un que j’connais à peine ou j’sais pas quoi, faites ça sans moi j’ai pas le temps." Surtout pas l’envie de se préoccuper de quelqu’un d’autre que d’elle-même ou Iona. Puis, il est pas marqué Poufsouffle sur son front non plus.

( début janvier 1999 )
@leo burgess @una eldwyn @ophelia burgess

le blaireau arrive en premier et il n'attend pas longtemps avant que le serdaigle le rejoigne, suivi de près par les deux vipères. il a un sourire pour sa soeur - même s'il sait qu'elle ne lui rendra probablement pas, hey. salutation lancée au groupe tout entier, il essaye de faire taire l'anxiété qui menace de le faire vomir et essaye de ne pas penser à l'enclume dans son estomac. pourtant, quand il voit la mine que font les deux enfants burgess il ne peut s'empêcher d'être encore plus anxieux. una, il réprimande automatiquement lorsqu'il l'écoute parler sans pouvoir s'en empêcher. habitude prise au fil des années à devoir élever cinq enfants alors qu'il n'en était qu'un lui aussi. pourtant, il sent au fond de lui qu'il ne s'agit pas simplement d'aider un inconnu et que c'est quelque chose de plus sans réussir à deviner quoi. alors il fronce les sourcils lorsqu'il écoute ophelia parler, croise ses bras sur sa poitrine dans un geste défensif vain. what do you mean our dads know each other? il est confus, jax. il ne comprend pas ce qu'il se passe et il sent la situation lui échapper du bout des doigts et il déteste ça. il se sent impuissant et il ne supporte pas ça. ça le fait paniquer et il prend une grande inspiration pour essayer de se calmer. notre père n'a pas travaillé depuis des années, depuis qu'il a eu son... accident. vous êtes sûrs que c'est lui? il ne comprend plus rien jax et il ne voit même pas en quoi ça pourrait être une si mauvaise chose. leurs pères ont travaillé ensemble, so what. big deal. il fait quoi comme travail votre père pour que ça paraisse aussi grave que votre voix l'implique? alors il pose la question. celle dont il est presque certain qu'il ne veut pas entendre la réponse parce qu'il sent les problèmes arriver, il sent la chute du piédestal et il sent qu'il va détester la conversation qui va suivre. pourtant il veut savoir. non, il a besoin de savoir. il a besoin de réponses, et peut-être que c'est dans le nom burgess que réside la réponse à toutes ses questions.

( début janvier 1999 )
@jax eldwyn @una eldwyn @ophelia burgess

Le cœur de Leo se serre d’appréhension. Malgré tout ce qu’il a appris au cours de sa visite sur le sol américain, il est pas sûr de vouloir ou pouvoir affronter ça pour de vrai. Le savoir c’est une chose, en parler à des gens dont il n’est pas proche en est une autre. Il sait pourtant qu’il n’a pas le choix, ils sont autant impliqués que lui et Ophelia, quand bien même déteste-t-il cette idée. La remarque d’Una à quand même le mérite de lui arracher un sourire amusé avant qu’il disparaisse aussi vite qu’il est arrivé. Il aimerait bien que ce soit si simple, qu’il ne soit question que d’un club clandestin. Ce serait tellement plus facile à dire et il sait qu’ils commencent déjà à se poser des questions, il le voit et l’entend, mais il n’est pas capable de prendre les devants et leur avouer ce qu’il se trame. Et Ophelia doit le deviner quand elle le regarde parce qu’en digne sauveuse qu’elle est, elle vient à sa rescousse en mettant les pieds dans le plats et en commençant à donner les raisons de leur présence à tous les quatre. Sa gorge se serre et il baisse les yeux, laisse lâchement Ophelia être la plus forte d’eux deux. S’il relève la tête, c’est uniquement par étonnement quand sa jumelle donne le titre de père à ce géniteur indigne qui les a mis au monde. Il devine que c’est dur pour elle, qu’elle ne le fait probablement que pour lui et montrer qu’ils font front ensemble main dans la main. Il exerce d’ailleurs une pression à sa main enlacée à la sienne, comme pour montrer qu’il comprend et qu’il est reconnaissant mais ne dit rien de plus tandis que la vipère lâche ce début de bombe qui s’apprête à remettre en question la vie des deux étudiants devant eux comme ça a été le cas pour lui, pour eux. C’est sûr. « Tu connais beaucoup de James Eldwyn, toi ? J’ai vu des papiers, des preuves. C’est votre père, ça ne fait aucun doute. » Il reste encore trop vague, suggère l’existence de preuve sans même avoir dit les termes. Il y a Ophelia qui tourne le visage vers lui et il accroche son regard pendant plusieurs longues secondes, puisant sa force et son courage qui semble avoir déserté. Il y a sa main qui serre la sienne et il se sent déjà un peu mieux parce qu’il sait qu’aujourd’hui, ils sont ensemble en dépit de tous les efforts de leur géniteur pour les séparer. Et c’est dans cette idée qu’il puise l’énergie de poursuivre, parce qu’il refuse qu’on lui ôte à nouveau son libre arbitre. Il refuse qu’on le sépare à nouveau d’Ophelia. Elle est la seule famille qu’il lui reste, la seule famille dont il ait besoin et ça lui suffit. Elle lui a toujours suffit. « Notre père, il travaille au MACUSA, aux Etats-Unis. Il a un bon poste et il est respecté. » Il renifle dédaigneusement à ces mots. S’il est respecté de ses pairs, il ne le sera jamais plus de ses enfants. Soupir au bord des lèvres, il glisse son regard jusqu’à Una et Jax qui méritent de savoir, quand bien même ça doive les chambouler et leur couper le souffle. « Pendant mon voyage là-bas, j’ai découvert des dossiers. Ils prouvent que notre père et le vôtre ont trempé dans des affaires louches. » Il marque une pause mais se sent obliger d’insister, parce qu’ils ont besoin de mettre des mots sur ce qu’il se passe. « Des affaires illégales. » Il grimace, parce qu’il se rapproche d’une pente glissante et parce qu’à en croire les regards des enfants Eldwyn, ils doivent sûrement se douter de ce qui est sur le point de se révéler. « J’ai quelques preuves, des photos. Ils ont détourné des fonds ensemble. Il y a aussi des affaires d’escroquerie, de chantage et toutes ces conneries là. » Il frappe avec colère dans un caillou qui roule quelques mètres et serre la mâchoire, mais un regard à Ophelia suffit à le calmer un peu. Il détourne les yeux pour observer le paysage par-delà le pont couvert, pour ne plus à regarder les enfants Eldwyn qui voient sûrement une partie de leur vie basculer. « Ce que je sais, c’est qu’il y avait une histoire d’association où ils bossaient tous les deux, et que notre père a fait de la contrebande en escroquant des gens. Il a vendu de faux papiers d’identités, ce genre de trucs louches et douteux. » Il enfonce ses mains dans ses poches en se rapprochant d’Ophelia en osant enfin affronter le regard des deux sorciers face à eux. « J’suis désolé, j’sais que c’est beaucoup à encaisser. » Et il l’est, désolé, parce qu’il se souvient très bien dans quel état il était quand il a appris. Alors il dit plus rien, les regarde longuement et attend patiemment des réactions, n’importe quoi même si comme lui, ça doit être la colère.

Quelque chose change instantanément chez Una. Une brèche dans son cerveau — et son coeur, de manière plus métaphorique, à moitié ouverte jusque-là, se ferme dès que la première information tombe. Le sujet de leur père est trop délicat et elle, même si elle refuse de l’admettre ouvertement, trop fragile pour accepter de l’aborder avec de simples inconnus comme les Burgess.

Elle voudrait bien avoir la force de couper court à l’entrevue — elle s’imagine lever la main pour interrompre Ophelia, puis Leo, se voit attraper le sac qu’elle a laissé tomber au sol, mais se retrouve figée sur place, avec la désagréable impression que ses pieds sont devenus trop lourds pour les déplacer. Alors, elle reste plantée là, comme une idiote, avec ce drôle de bourdonnement dans les oreilles et dans la tête. Elle ne veut rien savoir de tout ça. Absolument rien. La voix de Leo ne lui parvient que de très loin, un peu comme quand on a la tête juste en-dessous de l’eau, que les mots se contentent de ricocher sur sa surface sans la transpercer.

Quand elle parvient à prendre la parole, Una a la langue pâteuse, les joues rouges et l’impression d’être à nouveau la petite fille à qui on annonce simultanément le décès, puis le retour d’un père fantôme. "Des affaires illégales ? Illégales comment ?" Elle a un bref regard en direction de son frère, sait d’avance que, pour lui aussi, de tels mots pourraient signer la mort d’un mythe : celui du héros qu’est leur père. Détournement de fonds, escroquerie et chantage. Una accuse le coup avec un hochement de tête et le bourdonnement l’ayant coupé des trois autres jusqu’à présent disparaît entièrement. Elle pince les lèvres, se retient d’accabler Leo d’un mot auquel elle ne croit pas (menteur, menteur, menteur), simplement parce qu’il a l’air honnête — mais leur père aussi, lui a toujours semblé honnête, alors ce critère ne compte pas vraiment, ne devrait jamais avoir compté. "Attends, t'as fait quoi des preuves ?" En sa possession, celles-ci disparaîtraient sans la moindre perte de temps. Mieux vaut donc qu’elle ne mette pas la main dessus. Pas pour couver plus longuement le mythe du héros, pas pour couvrir la malhonnêteté de son père, mais parce qu’Una refuse que sa famille souffre à nouveau. Elle en a marre qu’on les torture émotionnellement depuis ce qui lui semble être une éternité.

Una se tourne vers Jax, pivote de plein degré. Elle ouvre la bouche, prête à lui demander ce qu’ils sont supposés faire, mais se souvient de leur dernière conversation, au cours des vacances d’hiver. Elle l’a supplié de lui faire confiance, de ne plus la considérer comme une enfant — hors de question qu’elle vienne chouiner dans les pans de son manteau. À la place, elle secoue la tête et lève les yeux au ciel, comme si cette situation l’exaspérait plus qu’elle ne la peinait. "On ne peut pas écrire à maman". Parce que ça la détruirait un peu plus et que ça constituerait une preuve écrite dont pourrait s’emparer le Ministère le moment venu. Que pourrait faire la brigade de police magique, de toute façon ? Leur père est resté mort, d’une certaine façon, comme puni de ses actions. "Bon, concrètement, vous comptez faire quoi ?" Cette fois, elle se tourne vers Leo, lance un coup d’oeil détaché à Ophelia. Elle a l'impression d'être à leur merci, et déteste ce sentiment. Si elle se le répète suffisamment, elle finira par y croire — cette situation ne l’atteint pas.

( début janvier 1999 )
@leo burgess @una eldwyn @ophelia burgess

jax a toujours été de nature à écouter ce qu'on lui dit. c'était le môme qui écoutait plus qu'il ne parlait et on lui a toujours dit qu'il était bon à ça. pourtant, quand il écoute les burgess, il a l'impression que ses oreilles lui font défaut. que soudainement, il ne sait plus rien écouter. qu'il ne comprend plus rien. et pendant un instant, jax il a son monde qui s'écroule. son monde tout entier qui fusionne avec celui d'un monde de malheur, celui qu'il fuyait depuis des années en se persuadant que son père irait mieux un jour, que tout irait mieux et qu'ils seraient heureux à nouveau. tous ensemble. et là, découvrir qu'il n'en sera jamais rien c'est trop. c'est trop pour le môme qui a juste envie de tourner les talons et partir, faire comme s'il n'avait rien entendu. comme si rien ne s'était passé. qu'il n'avait pas reçu le mot de leo, qu'il n'était pas venu sous ce pont maudit. parce qu'il se sentait maudit, jax. maudit jusqu'à la moelle, môme qui ne peut pas avoir la paix plus d'une semaine dans sa vie. il veut rester fort jax. il veut et il le doit parce qu'una est là, et qu'il devra le dire à iona tôt ou tard, il doit rester fort parce que c'est lui l'aîné et c'est ce qu'on attend de lui depuis qu'il est môme. réprimer ses émotions pour mieux subvenir aux besoins des jumelles puis des triplés, môme maudit à la naissance parce qu'il est né seul. et c'est dans ces moments là qu'il se dit qu'il aurait aimé avoir un jumeau à ses côtés, lui aussi. parce qu'il se dit qu'il crèvera seul jax, parce qu'il pourrait bien en mourir de cette découverte. l'impression que tout son monde est retourné, il a vécu assez longtemps pour voir le héro devenir le vilain. son pire cauchemar devenu réalité parce que ça veut dire que le grand james eldwyn n'est pas tombé au combat dans un geste héroïque mais plutôt tombé au combat parce qu'il était mauvais. — i need to see it. the proof. il relève soudainement la tête vers leo et ophelia, lui qui était silencieux et avait laissé una répondre à sa place. il avait besoin de voir les preuves pour les croire. peut-être qu'ils s'étaient trompés, après tout leur père n'était jamais allé aux états-unis à sa connaissance et ce n'est pas comme s'il aurait pu leur cacher. il a l'impression d'halluciner face à la réaction d'una, comme si elle n'était pas touchée par la situation, comme s'il était le seul impacté par ces révélations. pourtant, il sait que ce n'est pas le cas. qu'ils réagissent différemment. et pour une fois il est d'accord avec elle. — elle ne peut pas savoir. sous aucun prétexte. parce que ça suffirait à la détruire et le poufsouffle n'était pas sûr qu'elle arrive à s'en remettre cette fois-ci. la mort et réapparition de leur père avaient presque suffit à l'éteindre, petite bougie vacillante qui avait su reprendre du poil de la bête avant de devenir stable. et jax préférait mourir que ruiner ça. alors il prend une grande inspiration et se tourne vers les deux enfants burgess. — ça doit rester entre nous, je suis d'accord. il faut qu'on se serre les coudes, et il entendait déjà una lui dire que c'était so hufflepuff of you. — si un journaliste le découvre on est foutus. et il ne dit pas que les burgess ont plus à perdre qu'eux qui ont tout perdu et n'ont pas de pureté du sang à protéger. — merci de nous l'avoir dit. jax leur offre un petit sourire pour essayer de calmer la tempête qui fait rage en lui, jax leur offre un petit sourire et ravale ses larmes. jax leur fait un petit sourire pour leur montrer qu'il n'est pas mort à l'intérieur.

( début janvier 1999 )
@jax eldwyn @una eldwyn @ophelia burgess

Il déteste avoir ce rôle là Leo, celui qui donne les mauvaises nouvelles mais il sait aussi qu’il n’a pas d’autre choix tant cette situation les dépasse tous les quatre. Il déteste être le porteur de tout ça et sait qu’il n’en aurait pas été capable sans la présence et le soutien d’Ophelia. Elle est son roc, celle sur qui il peut s’appuyer au milieu de cette tempête et il est reconnaissant de l’avoir, de pouvoir lui passer le relai, inverser les rôles et s’épauler, alterner pour ne pas tout porter sur leurs épaules respectives mais partager le poids d’une douleur et d’une colère trop lourdes. Le cœur lourd et les mains rendues moites par l’annonce qu’il s’apprête à faire, Leo lâche finalement la bombe, celle qui peut tout détruire sur son passage et il voit bien sur les visages des enfants Eldwyn l’effet qu’a cette nouvelle sur eux : ils sont dévastés, ils ne veulent pas y croire. Il reconnaît l’incrédulité, l’indignation et la confusion et il compatit, Leo, parce qu’eux éprouvaient visiblement encore du respect pour leur père contrairement à lui et Ophelia qui ne voyaient en lui qu’une pourriture avec laquelle ils ne voulaient plus rien avoir à faire. Ils accusent le coup devant un Leo à l’humeur maussade qui ne trouve rien à dire pour les réconforter – il sait qu’il n’y a pas de mots assez forts pour encaisser une trahison de cette taille, pas quand leur monde, leur enfance et leur vision de leur géniteur est en train de s’écrouler sous les révélations des enfants Burgess. Il s’attend à être maudit, Leo, insulté et traité de menteur, il s’attend à tout parce qu’il se revoit, explosant sa fureur au grand jour, il ressent cette même envie de destruction se frayer un chemin dans son ventre et il imagine déjà les deux coréens en faire de même mais pourtant, ils parviennent à rester plus ou moins impassibles. Pas assez pour qu’il ne voie pas la détresse et les tentatives de reprendre le dessus, mais suffisamment pour ne pas avoir l’air de bombes à retardement, comme ça a été le cas pour lui et pour Ophelia quand ils ont découvert. Le silence et pèse un long moment entre eux jusqu’à que la cadette Eldwyn reprenne la parole, questionnant, cherchant des réponses et si Leo tente de réponse, rien ne sort plus de sa bouche, il est incapable de répondre quoi que ce soit et offre un regard reconnaissant à Ophelia quand celle-ci prend le relai. Lui et elle contre tous, unis, partageant le fardeau de leur colère pour qu’elle ne soit pas trop lourde pour l’un ou l’autre. Leo est incapable de parler, il ne peut qu’être témoin de la déchéance et de la descente aux enfers des enfants subissant les péchés de leurs parents tout en réalisant que plus jamais leur vie ne serait comme avant. Il se contente d’hocher la tête pour appuyer les propos de sa sœur, gorge toujours nouée qui l’empêche de parler tandis que l’interaction entre le frère et la sœur lui permet de souffler et de relâcher la pression en même temps qu’Ophelia presse son bras contre lui et qu’il s’appuie pour elle pour puiser sa force et son courage. Il a envie de se barrer, maintenant qu’il ont fait leur part du marché, il a envie d’aller exploser plus loin et de renouer avec ses démons intérieurs mais la cadette Eldwyn en décide autrement en les questionnant sur la marche à suivre, une question à laquelle Leo est encore incapable de répondre, parce qu’il est pas celui qui prend les décisions réfléchies, parce qu’il est celui qui a envie de foutre son poing dans la figure de son père, parce qu’il n’y a pas de mode d’emploi qui explique comment doivent agir les gamins trahis par leurs parents. Une fois encore, il peut compter sur l’appui d’Ophelia et il soupire silencieusement de soulagement, se faisant à nouveau la réflexion qu’il n’y serait pas arrivé sans elle. « Personne ne doit savoir. » insiste Leo. Ni les amis, ni les cousins, ni le chat du voisin, personne. Il n’y a personne à qui ils peuvent se fier, si ce n’est à eux-mêmes. Et à sa jumelle, parce qu’elle est la seule en qui Leo ait véritablement confiance dans cette affaire. Si lui n’a que faire de son avenir et qu’il ne s’est jamais soucié de la couleur de son sang, ce n’est pas le cas d’Ophelia et si c’est important pour elle, ça l’est pour lui, et il fera alors tout pour la protéger et préserver leur réputation et leurs secrets. La mention d’un journaliste lui coupe momentanément le souffle, il n’a pas suffisamment songé à cette éventualité, il n’a pas pris assez de précautions pour l’éviter. Ils auraient pu lancer un sortilège de silence autour d’eux, se cacher, sortir de l’école, n’importe quoi qui les auraient mieux protégés et pendant un instant, Leo craint qu’on les a suivis, paranoïa qui se réveille tandis qu’il regarde autour d’eux pour s’assurer qu’aucune oreille indiscrète ne traîne autour tandis que la voix de Jax qui s’élève pour la première fois le ramène à la réalité et le pousse à le dévisager. Il a besoin de preuves, et il ne peut que le comprendre. Si les rôles avaient été inversés, Leo n’est pas sûr qu’il aurait voulu croire quoi que ce soit sans avoir des preuves. Regard entendu avec Ophelia, Leo sort de sa poche une feuille de papier pliée en quatre. Ce n’est pas l’originale, une copie soigneusement faite parce qu’il s’attendait à cette éventualité. Il la déplie et la tend aux enfants, ce relevé de compte signé de la main de leurs deux pères prouvant les détournements de fonds. Ce n’est qu’une preuve parmi tant d’autres, mais normalement de quoi leur faire voir la vérité en face et leur montrer qu’il n’y a pas de doute à avoir sur leur collaboration. Nouveau regard vers Ophelia, il hoche la tête subtilement, parce qu’ils se sont accordés tous les deux pour qu’elle reprenne le papier et le brûle, même s’il ne s’agit que d’une copie – mieux vaut ne prendre aucun risque. Hochement de tête poli accordé à Jax face à ses remerciements, Leo soupire et glisse une main dans ses cheveux qu’il ébouriffe. « Si les rôles avaient été inversés, on aurait aimé savoir. » il hausse une épaule nonchalante. Finalement, peut-être que les Eldwyn auraient préféré ne pas savoir, eux. « Au moins vous pouvez prendre vos précautions maintenant, et digérer la nouvelle. » il soupire, encore et enlace sa main à celle d’Ophelia. « Désolé, j’sais que c’est pas facile à encaisser comme nouvelle. » et il les regarde tous et il se demande, si un jour ils oublieront, si un jour ils pardonneront, si un jour ils s’en remettront.

Una fait une drôle de grimace lorsque Leo sort une feuille en papier de sa poche, paresseusement pliée en quatre, pour la leur tendre — son visage se contracte et ses sourcils se froncent, puis ses traits s’étirent en une moue sardonique. "Attendez", fait-elle en tendant le cou afin d’y jeter un coup d’oeil rapide, "vous avez fait une copie de la preuve ?" Elle laisse à Jax le soin de s’en emparer, préférant toiser le bout de papier froissé avec dédain. La situation, au-delà de la nouvelle en elle-même, a quelque chose de lunaire — Una a l’impression de voir des enfants, après avoir enfilés les vêtements et souliers trop grands de leurs parents, jouer grossièrement un rôle pour lequel ils ne sont pas taillés.

Quand Una reprend la parole, le sarcasme a avalé tout rond les quelques sentiments (le désarroi, la déception et, finalement, l’inquiétude) qui grondaient, il y a encore quelques secondes de ça, au fond de son estomac (et de son coeur). "Laissez-moi deviner, vous avez aussi fait une copie pour la presse, histoire de leur faciliter le job ?" Una croise aussitôt les bras en un geste défensif et leur lance un regard brillant d’insolence.  

Elle sait que s’en prendre aux Burgess est injuste et, lorsqu’elle sent le regard de Jax peser sur elle, en déduit immédiatement que c’est déjà bien gentil de leur part d’avoir décidé les mettre dans la confidence. Gentils, d’accord, mais pas très subtils, les frangins.

Il lui faut quelques secondes supplémentaires — le temps de rassembler quelque chose qui ressemble à de la compassion, et se décline en une sorte de gratitude qui se sera déjà volatilisée d’une minute à l’autre — pour qu’elle se décide à admettre placidement, les yeux rivés sur un point imaginaire derrière l’épaule de Leo : "t’as pas à être désolé, c’est pas toi le véreux de l’histoire". C’est son père.

La gorge serrée, Una se penche en avant pour attraper le sac de cours qu’elle a laissé tomber au sol en arrivant et le glisse sur son épaule — plus vite elle s’échappera de ce guet-apens et mieux elle se portera. "Je pense que vous ferriez mieux de tout brûler dès que l’occasion se présente", fait-elle remarquer en se redressant, chassant d’un geste de la main la frange qui lui tombe dans les yeux, "le karma se chargera du reste, le reste étant, à l’évidence, leurs pères respectifs, peut-être même que c’est déjà le cas".

Comme souvent, les mots prennent moins de temps à sortir de sa bouche qu’ils n'en prennent pour se former dans son esprit. Pourtant, elle ne peut pas s’empêcher de penser que le sort réservé à son père (et celui de Jax), qu’elle pensait encore inéquitable il y a quelques heures, a peut-être un sens, finalement. Oh dad, what a plot twist you were — passer du hero raté au vilain, c’est un peu triste, en fin de compte et sans doute un peu pathétique aussi. Surtout pour eux — Jax, Ophelia, Leo et elle. "Bon", fait-elle après un court moment d’hésitation, "je suppose que c’est maintenant qu’on se sépare et qu’on fait comme si on se connaissait pas ?" Una sait que son empressement, qu’elle tente pourtant de maintenir à distance, se fait ressentir : elle n’a qu’une seule envie, c’est disparaître et éluder les conséquences de l’aveu des Burgess jusqu’à la fin de sa vie.