C'était la seconde fois que Bea abîmait sa plume à trop appuyer dessus, cours de sécurité magique moins intéressant aujourd'hui, plus théorique et sérieux d'une certaine façon qui n'arrivait pas à capturer son attention bien longtemps. Si la lionne était habituellement plutôt attentive en cours, aujourd'hui ce n'était pas le cas et ce n'était pas uniquement à cause de son meilleur ami à ses côtés avec qui elle n'avait pas encore crevé l'abcès de ce qui s'était révélé au nouvel an, ni même à cause de la fatigue qui était la sienne parce qu'elle dormait mal ces derniers temps. La raison de sa déconcentration est cette chevelure noire et bouclée sur laquelle son regard ne peut s'empêcher de revenir régulièrement. Et elle remarque bien Bea que son dos semble pris de tension, épaules nouées, Caïn n'est pas le plus détendu et elle a cette désagréable sensation de deviner en être la cause. Si Bea et Jax ne s'étaient pas mis ailleurs, ce n'était que par manque de place et de choix, jamais elle n'avait provoqué cette situation tout comme jamais elle n'aurait pensé que cela agace à ce point son ex petit-ami. Bea qui ne sait toujours pas ce qu'il a, pourquoi il semblait lui en vouloir depuis les vacances de noël, se raccrochant à leurs derniers souvenirs complices ensemble juste avant de quitter la gare de King Cross, c'était un sourire et un regard profond comme il savait lui en offrir qu'elle gardait en mémoire les jours où il lui manquait le plus, les jours où elle avait l'impression d'une certaine manière, de l'avoir définitivement perdu. Et ce sentiment se renforce lorsqu'elle l'entend parler à son voisin, de façon assez claire pour qu'elle l'entende parfaitement lui et son commentaire sur les personnes qui changent d'avis et déçoivent, l'amertume amplement ressentie et qui l'atteint elle aussi et immobilise ses gestes. Elle casse une dernière fois sa plume à ce moment précis et son parchemin se tâche d'encre se propageant sur ses notes mais elle n'y fait plus même attention Bea, bouillonne sur place alors que ses mots raisonnent dans sa tête. Si ça ne tenait qu'à elle et sans répercussions, la lionne aurait fait voler son bureau et serait venue lui demander aussitôt des comptes mais la voix de l'enseignante raisonnait en fond derrière le chaos de ses pensées et l'étudiante s'efforça au mieux de respirer calmement. Jax comprit bien vite que quelque chose n'allait pas à cause du comportement inhabituel qu'était le sien et elle secoua la tête Bea, soupira en lui donnant une réponse aussi évasive que pourtant précise. « c'est rien, je supporte juste plus les gens aigris. » et son cœur persiste à taper fort au sein de sa poitrine, si bien qu'elle n'entend pratiquement que lui les dernières minutes du cours qu'il leur reste. Quand ils sont enfin libérés, Bea range ses affaires et remarque bien le temps supplémentaire que Caïn prend, elle décide d'en faire de même car il n'était pas question qu'il puisse s'échapper sans qu'au moins l'un des scénarios qu'elle venait d'imaginer dans sa tête ne s'était déroulé. « Flint. » l'interpelle t'elle tandis qu'ils sont parmi les derniers à sortir de la salle, le ton se fait le plus détaché possible mais lorsqu'on la connaissait, on pouvait noter le courroux de sa voix. « ça va ? j'te dérange pas surtout ? » ce n'était absolument pas ce qu'elle comptait lui dire en premier lieu, ce n'était ni la longue tirade agacée imaginée, ni même les questions choisies par son esprit lorsqu'elle y avait longtemps pensé – cinq longues minutes quand même. Elle improvisait Bea car son regard réussissait à la décontenancer, à lui faire oublier la moitié de tout ce qu'elle voulait lui dire. « tu m'as pas prévenu que t'es reparti en Islande pendant les vacances de noël, t'y as gagné un cœur de glace ou comme ça se passe ? » Ses bras sont croisés devant sa poitrine tandis que la foule des élèves quittant leurs classes et rejoignant leurs prochains cours passait autour d'eux. La lionne ne les voyait pourtant plus, fulminant suffisamment pour ne voir que lui, l'aimant suffisamment pour n'avoir besoin que de lui.

Il n’avait pas été impatient de reprendre les cours, Caïn, scolairement dissipé depuis des mois déjà – chose qui n’avait pas manqué de faire réagir son paternel quelques jours avant la rentrée – mais il avait été soulagé et même content de quitter le manoir familial après l’avoir à peine retrouvé. Des vacances dont il ne se souvenait pas de tous les moments, d’autres qu’il aurait préféré oublier, le Flint n’était pas moins maussade qu’avant les fêtes de Noël. S’il avait perçu une onde d’espoir après l’Islande et surtout après avoir prouvé à son ex petit-amie qu’il était prêt à assumer leur relation au grand jour malgré les risques encourus, tout s’était envolé le matin du vingt-cinq décembre avec ses quelques mots posés sur un bout de parchemin. Et il y avait de la colère, de la déception mais surtout beaucoup de tristesse du côté du serpent ; mélange qui ne faisait définitivement pas bon ménage. L’amertume ne le lâchait plus, il n’arrivait absolument pas à croire que Bea l’avait quitté à nouveau et cette fois, sans en être forcé et sans regrets non plus puisqu’elle avait trouvé quelqu’un d’autre. Il n’avait pas eu besoin de se creuser la tête bien longtemps pour trouver de qui il s’agissait ; il n’y avait pas besoin d’être un génie pour comprendre que le garçon en question n’était autre que le Eldwyn avec qui elle semblait passer tout son temps – encore plus que d’habitude. Il y avait eu cette étreinte à Pré-au-Lard le soir du nouvel an, la confirmation de Fleming un peu plus tôt lors de cette soirée des plus chaotiques et évidemment, il y avait tous ces regards, les sourires qu’il devinait même en étant à une table derrière eux, et il en crevait de jalousie, Caïn, cœur serré de les voir ensemble, complices, quand il avait eu cette place particulière dans la vie de la rousse pendant des mois tout en réalisant qu’il ne l’avait peut-être pas vraiment eu, du moins pas comme Jax le pouvait, et que c’était possiblement la raison pour laquelle la lionne en avait eu assez de lui, assez d’eux. Se dandinant sur sa chaise avec pour seule envie que le cours se termine bientôt, son comportement attira l’attention de sa voisine de classe et il haussa les épaules en direction d’Ophelia. « Cette leçon est aussi décevante que certaines personnes » Et c’était une remarque évidemment visée. « Toi aussi, tu changes d’avis comme de vêtements ? Est-ce que c’est un truc de filles ? » Il aurait pu être réellement intéressé par la réponse si le regard assassin de la Burgess ne l’avait pas retenu d’ajouter quoique ce soit. Il savait qu’il ne fallait pas plaisanter avec la vipère ; bien qu’en d’autres temps le bouclé s’en serait amusé. Il n'avait pas la tête à ça maintenant et l’impression que jamais, cela reviendrait. Pourtant ce fut un rire, froid, qui échappa de sa bouche au moment d’entendre la réponse de la gryffondor – une qui ne lui était certainement adressé. Il n’y avait rien de drôle et surtout pas leur situation actuelle. Il se renfrogna directement et salua rapidement sa camarade sortie, réunissant ses affaires en silence non sans jeter des coups d’œil discrets – ou pas – en direction de Bea. Il s’attachait encore, Caïn, quand il aurait sans doute du lâcher prise mais c’était plus fort que lui. Il l’aimait trop pour la détester ; et n’y avait-il pas déjà bien trop de noms sur sa liste noire comme ça ? Celui de l’ami de la lionne pas très loin de ceux placés tout en haut et c’est bien sur un regard noir qu’il balança à Jax en train de quitter la pièce. La voix familière de Bea le ramena à elle, voix normalement adorée mais ton cinglant qui entraîna un haussement de sourcils insolent. « Quoi ? » Et en pensant qu’elle parlait du blaireau, il ajouta un « Je l’ai pas touché ton petit-copain » Les derniers mots lui arrachant littéralement la langue, il maugréa les prochains dans sa barbe inexistante. « Pas encore » Il en avait eu envie depuis son retour, plus d’une fois, mais il s’était retenu et honnêtement, il ne savait pas comment. Avançant à la suite de la belle jusqu’à la sortie, l’ancien couple se retrouva bien trop vite dans le couloir, élèves passants pour se rendre d’une classe à l’autre comme ils auraient dû le faire. « Parce que ça t’intéresse à nouveau ce que je peux faire de mes vacances ? » Il n’avait jamais été cruel avec elle, il s’en voulait même de lui parler de cette façon mais Caïn avait gardé beaucoup de choses en lui. « Je devrais peut-être te remercier de m’avoir prévenu alors » Et il n’était pas question du programme de ses vacances plutôt de la personne avec qui elle les avait passé. « J'espère que tu as passé un bon Noël. En tout cas, vous aviez l'air de vous amuser à nouvel an » Plus acerbe que jamais, il retint même une grimace à cette image. Il avouait l'avoir vu lors de cette soirée, celle qui avait d'ailleurs si mal tourné à partir de ce moment. « Je ne valais pas plus qu’une dizaine de mots sur un papier ? » demanda t’il un peu à contre-cœur. Comme si leur histoire n’avait rien mérité de plus alors qu’elle avait tant compté à ses yeux, Bea. Qu’elle comptait encore. Son regard accroché au sien, ignorant tout autour de lui, le Flint attendait une réponse, n’importe laquelle. Parce qu’il était las de fuir, las d’encaisser sans rétorquer, las de tout.  

Elle ne comprend pas Bea comment les choses ont pu empirer depuis noël, depuis qu'ils s'étaient quittés en Islande à vrai dire. Car ils avaient passé de si bons moments, de ceux qui lui avaient redonné de l'espoir, où elle s'était dit que peut-être elle pouvait s'autoriser plus qu'elle ne l'avait imaginé. Ses bras, ses sourires, ses baisers, la chaleur qui enveloppait son cœur lorsqu'il la regardait, la joie qu'elle possédait et qui tissait ses lèvres en arabesques apaisées quand Caïn était à ses côtés. Tout cela, ils y avaient regoûté à nouveau et ça avait tant fait du bien, qu'alors peut-être, s'était-elle dit que tout irait mieux à présent. Mais il avait suffit d'une lettre, une seule pour que tout change. Pendentif qui ne quitte pas son cou mais demeure caché sous sa chemise, cadeaux échangés et pourtant, c'est la teneur de ses mots qui vint confronter et annuler tout ce qui commençait à changer pour le mieux. Alors la sorcière aurait voulu relire ses lettres pour savoir si elle avait pu dire quelque chose qui aurait pu être mal interprété mais il lui en avait été impossible, Atria envolée depuis longtemps quand elle avait reçu ses missives en réponse, la toute dernière reçue après le nouvel an ayant eu le don de tout particulièrement lui faire froncer les sourcils. Car il y a cette hypothèse soulevée par Caïn et qui est incroyablement fausse, qui se répète encore aujourd'hui devant elle alors que Bea vient de l'interpeller. Jax n'était pas son petit-ami mais le serpent semblait s'être convaincu du contraire. Ou peut-être était-ce une façon de parler de l'appeler ainsi ? Elle était remplie de doutes mais surtout d'agacement tandis que  la foule se pressait tout autour d'eux, les ignorant royalement à moins que ce soit eux qui étaient plus que capables de retourner dans leur bulle d'intimité à chaque occasion. Et elle le provoque Bea, parce qu'elle ne sait pas faire autrement pour briser la glace qui semblait s'être emparé de son ex petit-ami, parce qu'elle a besoin de réponses et l'impression que si elle ne le secoue pas un peu, jamais elle ne les aurait. Et malgré tout, la sorcière fut surprise de sa répartie envers elle, car jamais le serpent ne s'était adressé à elle ainsi. Ses sourcils se froncent à nouveau mais la confusion prend également place sur son visage, comment pouvait-il dire ça alors que le contenu de ses lettres ne laissait en rien penser le contraire ? Évidemment qu'elle s'intéressait à lui et à ses vacances. Sa remarque suivante la laisse tout aussi confuse, effort de mémoire pour se souvenir de ce qu'elle a bien pu lui dire, était-ce le fait d'avoir passé quelques jours chez Warren qui l'agaçait ? Il avoue alors l'avoir vu au nouvel an et cette fois, la confusion s'efface pour laisser place au vrai agacement. Si il était tant ennuyé par ce qu'elle avait pu faire, pourquoi donc n'était-il pas venu la voir ? Son regard l'avait cherché, elle ne pouvait mentir, mais pas une seule fois ne l'avait-elle vu contrairement à son frère dont elle se serait bien passé la rencontre. « tu étais là.. » glisse t'elle dans un ton plus bas que le sien, le laissant encore une fois prendre la parole sans comprendre, à nouveau, ce qu'il semble avancer. Et son regard accroché au sien la déstabilise un instant, elle doute Bea, de tout ce qu'elle a pu dire ou écrire et qui aurait pu le mettre dans cet état là envers elle et qui ils étaient. « ma première lettre était pourtant claire et complète.. » entonne l’écossaise en premier lieu tandis qu'elle accroche fermement ses doigts à la lanière de son sac pour empêcher le flot des élèves de l'agripper sans le vouloir. « je comprends pas pourquoi tu réagis comme ça alors que j'ai rien fait de mal ou quoi que ce soit pour t'agacer. » elle avance à son tour vers lui, d'un pas seulement car un peu plus et elle penserait bien trop au confort de ses bras lui manquant. « tu agis comme un gnome pas content alors qu'il n'y a absolument rien eu et si t'étais là au nouvel an, pourquoi tu n'es pas venu ? » elle plante son regard dans le sien elle aussi, tente de démêler le vrai du faux, la raison qui le rend ainsi envers elle depuis des semaines maintenant mais tout ce qu'il peut lui répondre jusqu'ici ne fait que la rendre plus confuse encore. « et jax n'y est pour rien alors arrête de râler contre lui, il ne devient pas aussi froid qu'un glaçon du jour au lendemain quand on parle au moins. » une main appuyée sur sa hanche et ses sourcils relevés l'air de lui dire qu'il ose prétendre le contraire à son sujet, elle a beau être plus petite que lui, elle fait le poids Bea. Lionne prête à défendre son meilleur ami mais aussi à connaître ce qui ennuie profondément Caïn car si ce n'était que pour les trois jours passés en compagnie de Warren, il allait l'entendre.

Il avait tant de choses à lui dire et à la fois si peu, l'impression qu'après ce Noël - qui avait été pire que tous les autres réunis alors qu'il n'avait pas pensé que celui qui avait suivi le bannissement de son frère serait indétrônable - il n'en avait plus le droit. Qu'il n'avait plus aucun droit sur elle excepté peut-être d'être blessé ou en colère par la façon abrute dont elle avait terminé les choses entre eux. La sensation de déjà-vu en lisant les quelques mots et son coeur qu'il avait senti se fendre à nouveau sans le moindre avertissement. Parce que tout allait bien, mieux, depuis l'Islande et qu'il avait cru à un nouveau tournant pour eux, un nouveau départ pour cette année quand les mois précédents avaient été un véritable calvaire pour bien des raisons. Et il avait espéré se sortir de cette spirale infernale, de ce mal constant en lui parce qu'il avait retrouvé sa lumière en Bea, la meilleure partie de lui, de sa vie, mais elle l'avait encore quittée et cette fois, il avait le sentiment que rien ne pourrait la ramener à lui. La première séparation avait été orchestré par sa famille pour la tenir éloigné, la rousse avait été forcé de le faire non pas par joie ou par manque d'affection, d'amour s'il osait même le dire, seulement là, c'était différent. Bea avait rencontré quelqu'un d'autre - même s'il était persuadé que ce quelqu'un d'autre elle le connaissait depuis des années - et Caïn ne lui convenait plus. Des doutes qu'il avait eu presque tout au long de leur relation parce qu'elle méritait mieux, la lionne, que ce qu'ils avaient, mieux que lui et sa famille élitiste aux multiples préjugés. Peut-être qu'au moins, avec l'autre, elle serait appréciée de ses proches à sa juste valeur et pas uniquement par lui même s'il avait voulu croire que ça suffirait. Il avait été égoïste aussi. Il avait certainement sous-estimé ses capacités à la garder et la rendre heureuse tout comme il sous-estimait sa capacité à rester calme et stoïque en lui parlant aujourd'hui, pour la première fois depuis cette lettre. « La dernière l'était encore plus, ne t'inquiètes pas pour ça » Et il avait du mal à retenir ce ton brutal, loin de celui qu'il lui réservait habituellement. Avant. « Tu te fiches de moi, pas vrai ? » Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi il était si froid, pourquoi il semblait lui en vouloir après tout ce qu'ils avaient vécus et la manière presque lâche à ses yeux qu'elle avait utilisé pour le repousser ? « Je ne comprends pas pourquoi tu fais comme si tout devait aller bien pour moi alors que j'ai juste envie de - » disparaître, l'enlacer, tout envoyer en l'air, l'embrasser, frapper Jax, la blâmer, partir à l'autre bout du monde avec elle et seulement elle. Il s'arrêta dans sa phrase en secouant la tête, passant une main dans ses cheveux jusqu'à en tirer l'extrémité pour ne pas totalement dérailler. On lui reprochait son manque d'entrain ces derniers temps, sa mauvaise humeur et sa facilité à s'énerver ; et il leur donnait raison une fois de plus. « Tu étais avec lui, c'est une raison suffisante non ? » Ca lui semblait clair et logique pourtant. Si elle semblait avoir tourné la page, la leur, si aisément, ce n'était pas son cas et une part de lui savait que ça ne le serait jamais vraiment. Elle avait laissé son emprunte en lui et il ne pourrait pas l'effacer. Et ça lui faisait mal de voir qu'elle avait été si vite à passer à autre chose. « Que voulais-tu que je fasse ? Que je tienne la chandelle ? Que je te dise que j'étais content de te voir alors que c'était faux ? » Et il mentait là, Caïn, parce qu'il n'était pas juste pas content de la voir accompagné du brun qu'il soupçonnait avoir eu des sentiments pour elle depuis plus que deux semaines. « J'ai eu assez d'Eldwyn pour toute une vie dans cette foutue grotte en Islande » ajouta t'il en exagérant clairement. Puis plus doucement, il continua « Si tu es heureuse tant mieux Bea, mais ne me demande pas de l'être sans toi » Cette soirée avait été catastrophique à bien des niveaux et voir la lionne en compagnie du blaireau n'avait été que le début. Il regrettait d'ailleurs d'avoir bu autant, de ne pas se rappeler de tout, et même s'il n'avait aucun remords pour la bagarre contre Yaxley, il appréhendait évidemment, comme les autres présents, les conséquences. Il était déjà suffisamment dans le viseur de ses parents. Pensées qu'il refourgua au second plan, son regard remonta sur Bea, sur leur proximité malgré les mots échangés, sur son corps qui l'appelait autant que son coeur à cet instant et un peu inconsciemment, contre tout principe, il avança sa main vers elle jusqu'à la poser sur sa joue. Contact qui réanima tellement - trop sans doute - en lui et ce soupir d'aise, de soulagement il ne savait pas très bien, lui permit de respirer à nouveau. Qu'il le veuille ou non, elle était toujours son seul souffle. Il la relâcha et sentit ce froid l'envahir, celui qu'elle évoquait précédemment peut-être, ou bien celui du couloir, magie des saisons jouant avec eux depuis des jours. Un fantôme fit même une apparition et le Flint le regarda simplement, moitié dubitatif, moitié blasé, avant de les laisser à nouveau seuls. Le bouclé tenta difficilement de se reprendre après cette interruption. Bea était aussi sa plus grande faiblesse visiblement, et dans cette situation, c'était plus pathétique que beau. Plus durement qu'il ne l'aurait voulu - chose qui ne plairait surement pas à la belle - il lâcha :  « Stop playing with me » Avec son coeur et ses sentiments, parce qu'il ne pouvait plus le supporter.

Elle ne comprend pas Bea et pour une fois, elle se tait. Elle le laisse parler autant il en ressent le besoin, encaissant la froideur et la façon dont il lui parle qui était si différente de toutes les autres fois, c'est d'ailleurs peut-être pour cela qu'elle ne dit rien. La sorcière comprend que quelque chose de plus profond se joue là pour qu'il réagisse comme ça et elle l'écoute dans le simple but de rechercher quoi, pour l'apaiser, pour les sauver, d'une certaine façon. Car si Bea avait bien évidemment remarqué le côté jaloux, voir possessif, de son ex petit-ami, jamais cela n'avait dépassé les bornes, ni été à ce point où la rouquine avait tout simplement l'impression qu'il lui parlait comme si.. comme si elle l'avait trompé. Son regard porte la confusion qui paralyse ses pensées et ses gestes, perdue elle l'était, car pour elle il ne s'était rien passé de particulier depuis leurs moments en Islande, depuis la dernière fois qu'ils s'étaient dit au-revoir avant de retourner dans leurs foyers respectifs. Alors peut-être avait-elle rencontré le frère aîné du brun mais elle doutait qu'il soit le sujet de cette colère qu'elle voyait le malmener, ses sourcils se fronçaient d'impuissance et ses mains se fermaient en poings tout contre son corps. « je ne comprends pas.. » souffle t'elle dans un murmure alors qu'elle n'avait que l'envie de le repousser pour réussir à réfléchir à nouveau, l'attirer contre elle pour enfin respirer pleinement. Car Bea avait l'impression qu'ils avaient perdu tout ce qu'ils possédaient en le voyant ainsi, qu'elle était fautive du fossé qui s'était bien plus creusé entre eux qu'elle ne l'imaginait. Comment en trois semaines à peine, les choses pouvaient à ce point empirer ? « mais on s'est juste croisés au nouvel an et, et on s'est à peine parlés, on s'est fait bousculer, j'ai voulu lui dire plein de choses et au final je n'en ai pas eu le temps ni.. » elle évoquait Marcus en tentant de se défendre jusqu'à ce que le nom de son meilleur ami ne soit cité, dès lors, ses sourcils se froncèrent cette fois de mécontentement. « mais de quoi tu- » elle se tait, une boule d'émotion logée dans sa gorge, elle ne sait pas si elle doit s'en aller et expier tous ces ressentis désagréables qui la tourmentaient, ou si elle devait rester et se battre pour faire justice à ce qu'ils avaient. Et si c'était trop tard ? Et si Caïn était si blessé et en colère, que plus jamais ils ne retrouvaient ce qui avait fait leur complicité ? Elle ressentit une lourde peine en y pensant et qui persista même lorsque par surprise, la main du serpent vint glisser sur sa joue. Ils étaient toujours en public, des élèves – bien que moins nombreux à présent – passaient en vitesse dans les couloirs pour éviter d'être en retard mais il n'y avait plus qu'eux à cet instant. Plus que lui et son regard fixé sur elle, soupir dévalant ses lèvres tandis que Bea restait accrochée à ses iris brunes en quête de savoir ce qu'il pouvait bien penser maintenant qu'elle semblait avoir compris au moins ce qu'il ressentait. Son regard se brouilla lentement de larmes malgré elle, de cette émotion qui lui secouait l'âme tandis qu'elle avait peur que ce soit le dernier acte pour eux, qu'ils se quittent pour de bon sur un si grand malentendu sans que jamais elle n'ait ses réponses. Elle a la gorge si serrée qu'elle ne sait lui dire quoi que ce soit pour aider, déçue dès l'instant où il rompt ce contact chaud contre sa peau. Fantôme qui passe non loin d'eux et demeure spectateur éphémère de ce qui se jouait. Bea ne sait pas si Caïn la déteste ou si il lui fait ses adieux et lorsqu'il lâche sa dernière demande, son cœur se comprime et s'enflamme à la fois. Ce n'était pas un jeu, ça ne l'était plus depuis longtemps même si ça avait commencé comme cela entre eux à la soirée clandestine puis à travers les bosquets, aux multiples rendez-vous pour se voler le dernier baiser. Et elle ne comprend pas comment il peut croire qu'elle se joue de lui, combien il peut croire qu'elle est comme ça. « tu penses vraiment que je suis toujours en train de jouer avec toi ? » sa voix se casse, elle ravale ses larmes Bea, piquée dans sa fierté, sa confiance, son amour. Sa main se pose sur lui pour le repousser en arrière d'un pas alors que son regard se pose à son torse dans un hoquet réprimant un sanglot. « t'as pas le droit Caïn, t'as pas le droit de me dire ça. » elle relève ses iris bleutées sur lui et l'exercice est pénible quand elle déteste le sentiment qui s'est emparé d'elle. « Jax est mon meilleur ami et tu es mon ex petit-ami, rien n'a changé mis à part que tu t'énerves pour rien car il ne s'est absolument rien passé depuis trois semaines. » ses bras se croisent à nouveau contre sa poitrine, pour se soutenir, pour le tenir éloigné, elle refuse qu'il la voit pleurer. « et même si il s'était passé quoi que ce soit tu n'aurais pas ton mot à dire. » c'était un peu faux, surtout avec ce qu'il s'était passé entre eux en Islande. « si vraiment tu m'en veux à ce point et crois que je suis capable de me jouer de toi à ce point, tu peux jeter mon cadeau, brûler nos lettres ou même ne plus me parler car je ne compte pas supporter ta colère plus longtemps. » elle cille Bea en le regardant, hésitant sur le contenu de ce qu'elle venait de lui dire car elle n'y croyait absolument pas, elle ne voulait pas qu'il le fasse, par Merlin non. Mais elle refusait d'être prise comme un punching-ball émotionnel, accusée de tords qui n'étaient pas les siens et elle préfère se détourner de lui finalement pour commencer à remonter le couloir en chemin inverse sans même encore savoir où elle allait. Au bout de quelques pas, elle s'arrête pourtant et se retourne à nouveau vers lui, son cœur se comprime à sa vue en train de la regarder s'éloigner. « tu peux vraiment être con quand tu t'y mets tu sais. » elle n'avait pas envie de partir, elle n'avait pas envie de se disputer avec lui, de ressentir autant de colère pour celui qui continuait de faire furieusement battre son cœur encore aujourd'hui.

Il y avait les mots sur ce papier qu'il n'arrivait pas à oublier, ceux qu'il avait relu une dizaine de fois sur le moment avant de ne plus jamais ouvrir le parchemin. Et peut-être que si Caïn avait pris le temps de le faire, peut-être que s'il n'avait pas tant pensé que le jour où Bea rencontrerait quelqu'un d'autre - quelqu'un qui lui convienne mieux - arriverait forcément alors il aurait pu remarqué que l'écriture sur ce dernier n'était pas la même que sur les précédents. Mais il n'avait pas pris la peine de s'y attarder, le serpent, comme si elle ne lui avait jamais montré qu'elle tenait à lui au moins autant qu'il tenait à elle et pour cela, il s'en voudrait certainement longtemps. Et il ne comprenait pas qu'elle ne comprenne pas et elle ne comprenait pas non plus qu'il ne comprenne pas, discussion qui n'avait aucun sens mais dont il était incapable de se rendre compte pour l'instant, trop aveuglé par sa colère et sa peine, cycle qui semblait se répéter encore et encore et qu'il détestait. Il détestait être au plus mal, avoir la sensation permanente de tomber, se noyer, sans être capable de remonter à la surface. Ni pour lui, ni pour personne. Le sorcier réalisait qu'il ne devait pas être agréable pour ses proches de le supporter et parfois, lui-même ne supportait pas cette mauvaise humeur constante et ce manque d'envie. Mais tout lui paraissait fade sans la rousse incendiaire face à lui, parce qu'elle avait su rendre son monde plus beau quand lui pensait que ce n'était pas possible ; et qu'il était perdu désormais. Impossible pour lui de se taire cependant maintenant qu'elle était là - il s'empêcha de remarquer à quel point elle était belle, Bea, toujours - il écouta ses explications d'une oreille, n'en déchiffrant pas le sens. « Non, toi, de quoi ou de qui tu parles ?! » Il n'était plus question de Jax et il l'avait compris puisque si ses yeux avaient bien vu, la lionne n'avait pas fait que bousculer le blaireau, elle avait fait bien plus que ça. Et c'était la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase ce soir là, tandis qu'il avait espéré se tromper sur toute la ligne. Pourtant, même s'il y avait cet autre garçon, il ne put retenir ce geste affectif, cette main posée sur sa joue et le sentiment de bien-être, l'envie et le besoin de plus que ça qui lui tordait le ventre. C'était elle, ça avait toujours été elle et ça le serait toujours. Il l'avait su quand ils étaient ensemble et il le savait encore maintenant même si son cœur réclamait un peu de paix. Une demande qu'il concrétisa par ces quelques mots, une requête qu'il formula trop durement et maladroitement, chose qu'il assimila rapidement en voyant le regard de la lionne changer et les larmes qu'elle retenait. Malgré tout, Caïn se sentait coupable de réagir ainsi, de la faire souffrir autant parce que c'était exactement le genre de personne qu'on attendait qu'il soit, n'est-ce pas ? Son regard suivit le sien jusqu'à voir sentir sa main le repousser et il s'apprêta à ouvrir la bouche pour rétorquer, se défendre - il ne savait pas vraiment - mais Bea en rajouta et cette fois, il réussit à murmurer un « Je ne te crois pas » Et Merlin savait qu'il en avait envie, mais comment, quand il l'avait vu avec lui, comment, quand elle lui avait dit passer à autre chose et que tout s'était juste emboîté dans sa tête comme un puzzle. « Rien n'a changé » répéta t'il en se forçant à hocher la tête. « Ce n'était pas rien pour moi d'être à ton bras le soir du bal, tu le sais. Ca signifiait que je voulais être avec toi, devant tout le monde et que les conséquences m'importaient peu ! » Et il croyait qu'elle l'avait compris mais visiblement, il avait eu tort. C'est un regard sévère qu'il lui offrit à sa prochaine remarque, grincement de dents à ce qu'elle insinuait et même si techniquement, c'était vrai, ça ne le stoppait pas de trouver ça débile. Et extrêmement énervant. « Peut-être mais j'ai quand même bien envie de lui refaire le portrait » lâcha t'il parce que, qu'elle le veuille ou non, qu'elle le trouve agaçant ou non, le Flint était jaloux. Trop, sans doute, mais il n'avait jamais affirmer être parfait. Et il était encore en train de penser à tout ce qu'il pourrait bien faire au Eldwyn sans que Bea ne s'énerve - ce qui paraissait donc très compromis - quand elle lui laissa en quelque sorte le choix de la suite des choses pourtant il tiqua sur l'une de ses propositions. « Quel cadeau ? » Instinctivement, il laissa glisser ses yeux vers son cou à elle, pour voir si elle portait le collier qu'il lui avait offert, mais avec sa chemise et la cravate de sa maison, il ne voyait rien. Et il n'avait pas vraiment porté d'importance au fait de ne pas recevoir de présent en retour du sien surtout après la dernière lettre mais maintenant qu'elle l'évoquait, Caïn avait l'impression de manquer quelque chose. « Et si tu ne sors pas avec lui, alors c'est qui ? » Tout se mélangeait dans son crâne, de sa première lettre des plus détaillées et joviales aux suivantes beaucoup plus courtes et forcément différentes, en raccord avec les siennes. Perdu dans ses pensées à se remémorer chaque arrivée d'Atria, il ne la vit pas s'éloigner jusqu'à entendre cette nouvelle accusation - pas si fausse. Avait-il été si idiot que ça ? Quelque chose ne collait pas dans cette histoire, dans cette discussion et il avait été trop stupide pour s'en apercevoir.

« Att- » Heureusement elle n'était pas partie, comme si elle n'attendait qu'un mot ou un geste de sa part pour s'arrêter et c'est ce qu'il fit en attrapant son bras, la retenant finalement par la main. « Et toi t'es sacrément têtue comme sorcière quand tu t'y mets tu sais » répéta t'il sur le même ton qu'elle en relevant un sourcil avant d'ajouter « And still, I can't help loving you » Il ne réalisa pas vraiment la déclaration venant de franchir ses lèvres dans une émotion pourtant particulière ; tout comme il n'avait surement pas imaginé le faire de cette façon, en pleine dispute, dans un couloir bondé d'étudiants de leur promotion et même plus jeunes. Il ne réalisa tellement pas qu'il reprit rapidement derrière, Caïn, les doutes lui martelant l'esprit, le palpitant aussi, celui-ci accélérant le rythme dans sa poitrine. « Je n'ai pas reçu ton cadeau Bea. Juste cette lettre qui disait que... qui disait que tu voulais que je te laisse tranquille » Ce qu'il n'avait pas su faire en lui répondant, ce qu'il ne réussissait toujours pas à faire aujourd'hui parce qu'il ne l'avait pas seulement dans la tête, le cœur ou chaque partie de son corps, Bea, il l'avait dans la peau.

Elle ne savait pas combien le cœur pouvait s'engourdir de peine aussi vite, aussi fort, une fois qu'elle peut voir que la confiance que Caïn plaçait en elle était vaine, que ce qu'elle avait cru être assez puissant pour enfin tout surmonter à deux n'avait été qu'éphémère. Car elle y avait cru elle aussi, plus qu'elle ne l'aurait sûrement dû mais elle s'était sentie revivre Bea en étant auprès de lui, elle s'était sentie bien à nouveau, enfin elle-même. Détestant cette façon de dépendre d'autrui, la rouquine s'était peut-être naïvement dit qu'au moins elle n'avait pas à avoir peur parce qu'elle plaçait sa confiance en Caïn et qu'il ne pourrait pas lui faire de mal. Mais elle s'était trompée et la désillusion opéra dès les premières jours suivant noël. Elle n'avait pas voulu y croire, se forçant à imaginer un ton différemment entrepris au fil de sa lecture, se rassurant en se disant qu'ils se reverraient bientôt et que tout irait pour le mieux, mais rien ne s'était arrangé et les voici, l'un face à l'autre, à se déchirer d'une manière qui n'avait jamais été actée entre eux. Il lui demandait de cesser de jouer avec lui, elle se demandait quand est-ce qu'il avait commencé à croire que tout cela n'était qu'un jeu à ses yeux. Car ça ne l'était définitivement plus depuis un long moment, le cœur toujours en miettes depuis leur rupture, comment donc Caïn pouvait croire cela d'elle ? Et elle a beau se défendre, la lionne n'est pas entendue, secouant la tête en l'écoutant rétorquer, elle s'immobilise lorsqu'il lui parle du soir du bal. Son cœur s'emballe, ses sourcils se froncent de confusion à nouveau, parce que la rouquine avait évidemment pris en compte l'avancée dans leur relation publique en dansant à ses côtés, seulement elle n'avait pas compris sous quel angle le sang-pur l'avait entrepris et elle réalise alors qu'elle était passée à côté de cela, combien il en était d'autant plus déroutant de voir quel comportement l'animait aujourd'hui. « je ne le savais pas. » et c'était sa plus sincère vérité, aussi idiote se sentait-elle de le réaliser à peine maintenant, ils n'avaient pas parlé de tout cela ensemble, ils n'avaient fait que se laisser porter par l'instant présent sans se soucier du lendemain qui avait été bien plus difficile que prévu.

Et elle se sent mal Bea, se dit que c'est peut-être bel et bien sa faute tout cela, si au moins elle avait pu être plus attentive. Mais Caïn était énervé maintenant et la raison se trouvait dans une jalousie qu'elle n'expliquait pas. C'est peut-être un peu trop pour elle tout cela, trop de sentiments négatifs, trop de confusion, trop de peine et son réflexe est de reculer, de l'inviter à la détester comme il l'enchante vu que le brun ne semblait pas vouloir se soulager de son fardeau, n'acceptant pas de supporter sa colère plus longtemps, elle recule et secoue la tête de dépit en l'écoutant la questionner en pensant qu'il se moquait d'elle. Peut-être était-elle allée trop loin avec son présent, peut-être restait-il convaincu que Jax était son petit- ami malgré ses dires. « je pensais que tu ne me croyais pas ? à quoi bon te répondre dans ce cas.. » passablement agacée et peinée, elle s'éloigne mais ne peut pas s'empêcher de s'arrêter pour lui lancer une toute dernière phrase et dans son regard baigne l'envie qu'il ne la retienne, qu'ils n'arrangent les choses ensemble et qu'ils ne se séparent pas pour de bon ainsi. Car c'était vers cela qu'ils s'avançaient avec cette dispute, non ? Elle en avait mal dans l'estomac par l'appréhension qui la tourmentait jusqu'à ce qu'il ne lui rattrape le bras, la forçant à relever son regard sur lui tandis que d'une certaine manière Caïn lui retournait sa remarque. Mais il y avait toujours quelque chose de puissant entre eux et elle le ressentait, rien que par cette décharge électrique qui lui parcourut le bras en sentant la chaleur de sa paume contre la sienne, par la façon dont leurs regards étaient captivés l'un par l'autre. Elle frissonne à ses prochains mots, le cœur rebondit, venait-il vraiment de lui dire qu'il l'aimait ? Si Bea s'en doutait et lui avait demandé de ne pas le lui révéler lors de leur rupture, il y a cette drôle d'impression chaleureuse et agréable qui s'épanouit en elle, qui la fait tressaillir à la fois, se sentir heureuse et toute aussi confuse. Si bien que la sorcière en perd ses mots et sa contenance, oubliant le monde entier qui fourmillait autour d'eux, elle a le cœur qui bat fort et ne veut pas s'apaiser après avoir entendu de tels mots. Pensait-il vraiment ce qu'il venait de lui avouer ? Mais elle n'a guère le temps de se poser plus de questions que ce qu'il lui dit ensuite parvient à la perturber d'une autre manière car jamais elle n'avait écrit ces mots et son cadeau avait bel et bien été réel. « je n'ai jamais écrit ça Caïn. » son regard tomba sur sa main retenant toujours la sienne, contact qui la ramenait à lui, qui le ramenait à elle et qui l'apaisait. « j'ai envoyé ma lettre le vingt-quatre au soir, je t'ai même proposé qu'on se voit et j'y ai mis mon cadeau pour toi qui était fait de ce que tu aimes et de souvenirs à nous.. » et leur ton s'était radouci, ses yeux bleus se relevaient sur lui à présent alors que son cœur battait toujours aussi fort, de crainte maintenant sur ce avec quoi il avait pu se méprendre. « je n'ai rien envoyé d'autre si ce n'est lorsque j'ai répondu à ta lettre avec ton cadeau.. » et Bea avait pensé que tout allait bien, avait même trouvé cela amusant qu'ils se soient offerts des cadeaux simultanés sans le prévoir mais c'est la réponse de Caïn à son présent qui l'avait aussitôt fait déchanter. Alors peut-être enfin comprenaient-ils que quelque chose clochait, que la vérité leur avait échappé depuis tout ce temps. Et Bea reste tourmentée par tout cela, aussi confuse que peinée que ça ait pu en venir jusqu'à ce point. Un enchantement faisant voler un papier plié en la forme d'un oiseau arrive soudainement jusqu'à eux et si la lionne ne libère pas sa main de la sienne, c'est l'autre qui l'attrape par réflexe et habitude. Elle n'a pas besoin de le déplier afin de savoir de quoi il s'agit, elle le sait déjà et s'en agace quelque peu même si il est là l'opportunité rêvée pour pouvoir respirer mieux, reprendre souffle peut-être et digérer tout ce qui venait de se passer. Car jamais Bea n'avait songé à tous ces mots et ces ressentis en venant l'interpeller un peu plus tôt, jamais non plus n'avait-elle anticipé qu'il ne lui fasse part de ses sentiments au milieu de tout cela, même si ça avait pu être accidentel. « on m'attend pour un cours de tutorat. » aussi perturbant ce timing pouvait être, Bea glisse les yeux à leurs mains toujours liées, hésitante. La lionne savait déjà qu'elle ne comptait pas en rester là et ses doigts resserrent doucement les siens avec affection malgré tout, seulement quelque chose lui reste dans la gorge, comme un ressenti d'amertume prononcée qu'elle détestait et qui allait sans doute lui rester un long moment. « dis le moi, quand tu sauras qui nous a fait ça. » car il était évident qu'on leur avait saboté leur noël, qu'on avait fait exprès de semer le trouble entre eux-deux et elle inspire en tentant d'être plus forte que cela Bea mais ça réussit tout de même à l'atteindre, à lui faire ressentir une colère que rarement elle ne ressentait. Elle détache finalement sa main de la sienne car la colère de Caïn lui reste en tête, les ressentis négatifs partagés depuis des jours et ayant éclatés juste avant continuent de grouiller sous sa peau dans un sentiment plus que désagréable. « j'ai- je crois que j'ai besoin de me vider la tête. » l'oiseau de papier s'agita au creux de sa main, elle allait être en retard mais c'était en réalité le dernier de ses soucis. Elle aurait pu rester pour lui, pour eux, mais chacun avait sans le moindre doute besoin d'analyser et d'encaisser ce qu'il venait de se passer. Dans un geste distrait et d'une complicité qui leur restait, la sorcière replace la cravate de son ex-petit-ami qui avait glissé sous son veston avant de complètement retirer ses mains de lui à nouveau. Ses yeux bleus se relèvent vers les siens et un soupir dévale ses lèvres avant qu'elle ne lui adresse ce qui seront sans doute ses derniers mots. « je ne t'ai jamais demandé de me laisser tranquille, je voulais simplement passer du temps avec toi. » et son cœur se resserre, comme l'impression que c'était peut-être trop tard, que Caïn pouvait abandonner ce qu'il leur restait en étant épuisé par tout ce que cette relation ensemble impliquait en terme de conséquences. Bea ne savait pas très bien comment elle se sentait elle, lasse, en colère, épuisée, mais amoureuse très certainement. Et la peur de le perdre la suivait encore et toujours.

S'il avait du mal à croire aux paroles de Bea, ce n'était parce qu'il la pensait capable de mentir - elle n'était pas comme ça, franche et honnête dans cette impulsivité propre aux membres de sa maison - mais bien parce qu'il était blessé, Caïn. Lorsque son ciel s'était assombri par les événements précédents, l'Islande l'avait de nouveau éclairci et il avait alors cru, naïvement certainement, que tout redeviendrait comme avant ou qu'au moins, ce serait facile désormais. Facile d'être avec elle sans avoir à se cacher parce que s'il y avait eu cette dimension excitante au fait de vivre leur relation dans le plus grand des secrets les premières semaines, le Flint avait rapidement ressenti le besoin de plus. Il ne doutait pas que le nombre de personnes gravitant autour d'elle dans l'espoir d'obtenir autre chose qu'une amitié avait été l'une des raisons de cette envie soudaine de les exposer au moindre regard critique mais plus que ça, c'était l'étendue de ses sentiments pour elle qui l'avait poussé à la retrouver le soir du bal et la faire danser devant tout le monde. Mais peut-être qu'il avait vu grand, le serpent, peut-être avait-il été égoïste encore une fois en ne pensant qu'à lui alors qu'elle imaginait les choses autrement. C'était ce genre d'idées qui avaient hanté son esprit toutes les vacances, ça et les images de la lionne dans les bras d'un autre, heureuse. Et il en avait l'estomac noué rien que de repartir dans cette direction là tout de suite, l'accablant de reproches en croyant que de cette façon il aurait moins mal mais ça ne fonctionnait pas comme ça, rien ne fonctionnait comme il l'entendait depuis des jours, des semaines même, et ça l'épuisait. Autant que ça le tuait de lire la peine dans le regard de la rousse, reflet parfait de ce qu'il ressentait quotidiennement depuis cette nouvelle rupture - en tout cas ce qu'il en avait déduit avec sa lettre. Et il aurait pu y détecter la confusion dans les iris bleutés de son ex petite-amie s'il y accordait plus d'attention, celle qui suivit sa confession concernant le bal, ses mots qu'il n'avait pas prononcé clairement ce jour là et qu'elle n'avait apparemment pas compris. Il resta comme un idiot face à sa réponse, incapable de répondre, incapable de bouger jusqu'à ce qu'elle ne le réveille en évoquant Jax et que bien sûr, il s'emporte encore. Jalousie qui ne semblait pas le quitter quand il s'agissait du poufsouffle, ce n'était pas leur complicité - bien qu'évidente - qui l'agaçait mais ce qu'il pensait avoir remarqué chez le Eldwyn, peut-être à tort, il se ressaisit en entendant la sorcière confirmait qu'il n'était que son meilleur ami. Si ce n'était pas lui alors qui ? Son cerveau tourna à toute allure pour tenter de mettre un prénom sur ce dont il était certain mais elle refusa de lui répondre et il prit ça pour une confirmation. Elle avait quelqu'un d'autre et il l'avait perdu. Encore.

Il ne sut pas ce qui le força à la retenir à cette réalisation parce que ses chances de la récupérer lui semblaient réduite à néant cette fois mais c'est ce qu'il fit, le Flint, en l'attrapant par le bras. Peut-être lui avait-elle transmis un peu de son courage de gryffondor durant les mois qu'ils étaient ensemble ou peut-être, en avait-il simplement marre de voir son monde s'écrouler en y étant qu'une marionnette de quoi on tirait les fils d'en haut. Peut-être avait-il envie de se battre pour elle, pour eux, même si elle était passée à autre chose. Les circonstances n'étaient pas les mêmes que la dernière fois dans sa tête et si une voix intérieure lui criait que c'était trop tard, son coeur lui avait autre chose à dire et c'est ce qu'il fit, déclaration détournée et imprévue au bout de ses lèvres, laquelle il pensait pourtant de tout son être. Bien sur qu'il l'aimait, Caïn, et qu'il n'avait jamais cessé de le faire malgré les épreuves - ceux-ci dont il ne se serait pas soucié si tant de sentiments et d'émotions n'entraient pas en compte. L'espoir le regagna en l'entendant parler d'un cadeau et il se concentra sur ça plutôt que sur les battements anormaux dans sa cage thoracique en voyant Bea, ses yeux dans les siens qui lui confirmèrent en une fraction de seconde ce qui venait de sortir de sa bouche. Ce n'était pas le moment, l'endroit ni le moment et il était presque sûr que c'était ce qu'elle allait lui répondre alors pour éviter un quelconque malaise, le serpent revint à cette histoire de cadeau. Un qu'il n'avait jamais eu entre ses doigts parce qu'il savait que si ça avait été le cas, il l'aurait gardé précieusement. Il fronça les sourcils, à la fois curieux et inquiet d'imaginer sa lettre dans les mains de quelqu'un d'autre, une personne mal intentionnée - et ça, il en connaissait un paquet en commençant par sa famille. Et il tapait inconsciemment en plein dans le mille à cette réflexion mais encore une fois, il préféra canaliser toute son attention sur Bea. Bea qu'il n'avait plus touché depuis des semaines et sa main sur son bras qu'il descendit jusqu'à ses doigts pour les enlacer. Bea avec qui il n'avait plus parlé, joué, embrassé, souri depuis des semaines parce qu'ils avaient préféré s'éviter et s'ignorer plutôt que faire face à leurs craintes finalement. « Je n'ai pas eu ton cadeau » répéta t'il comme s'il s'agissait de la chose la plus importante au monde alors que non, pas vraiment, mais chose à laquelle il s'accrochait désespérément maintenant. « Je n'ai... » Il s'empêcha de le dire encore parce qu'elle allait le prendre pour un fou. « J'aurais adoré qu'on se voit » Et ce n'était pas un mensonge. Quand il pensait à ces dernières vacances, Caïn avait juste envie de les effacer de sa mémoire tant elles avaient été mauvaises et insoutenables. Tant il les avait détesté au point de passer plusieurs jours sous l'influence de l'alcool pour les oublier, pour l'oublier elle sans pourtant jamais y arriver. Et c'était tant mieux, n'est-ce pas ? Ils restèrent presque immobiles pendant plusieurs minutes à juste se regarder et sans doute assimiler tout ce qui venait de se produire, les mots échangés, les vérités recouvrant les nombreux mensonges et blessures au point peut-être de réussir à les refermer prochainement. L'oiseau de papier fut ce qui le tira de ses pensées, l'obligeant à jeter un oeil dessus plutôt que sur le visage toujours confus de la belle et il hocha machinalement la tête à sa remarque sans pour autant la relâcher. Il maudissait l'élève ayant besoin des cours de soutien de Bea à cet instant, celui qui la lui enlevait une nouvelle fois sans qu'il ne puisse s'y opposer. Même s'il connaissait la réponse, Caïn laissa échapper un « Tu es vraiment obligée d'y aller ? » Il retint un soupir évident avant qu'elle ne brise tout contact avec lui et qu'il en ressente le vide presque tout de suite. Sa chaleur le quitta pour le laisser froid à nouveau et les prochaines paroles de la lionne ne firent qu'alimenter cette froideur, austérité pour celle qu'il devinait coupable lui revenant avec force. Si la colère envers sa mère avait demeuré aussi intact que son affection pour Bea, il savait qu'il valait mieux se laisser envahir par le deuxième plutôt que le premier. « Je ne crois pas avoir besoin d'aller très loin pour trouver » lâcha t'il avec facilité mais lassitude dans la voix, boule dans la gorge à l'idée de savoir ce qui l'attendait. Il n'était pas prêt à la laisser gagner cette fois. La tristesse soudaine s'empara de lui et c'est un « Je suis désolé » sincère qu'il souffla, des excuses qui ne suffiraient pas à tout effacer - il en avait conscience - mais qu'il avait besoin d'exprimer pour qu'elle les entende. Désolé d'avoir été stupide, d'avoir douté d'elle et de ses intentions, désolé d'avoir été méchant avec elle alors qu'il s'était promis que ça n'arriverait jamais, désolé d'être le fils d'une femme aussi cruelle et que Bea en soit la victime. Il était désolé pour ça et pour bien plus encore. Les doigts de la née-moldue attrapant sa cravate, il baissa les yeux dessus comme s'il ne croyait pas qu'un geste aussi tendre et naturel soit encore possible entre eux et les releva pour s'attacher à son regard, ce bleu qu'il adorait hier et qu'il adorait aussi aujourd'hui. Bleu qu'il adorerait toujours. Il hocha la tête à confession, preuve qu'il la croyait cette fois. « Et je n'ai jamais voulu que toi, que nous » Et ce, qu'il soit en colère contre le monde entier ou non. « Je vais régler ça, je te le jure » Il ne savait pas encore comment parce que ses actions étaient plus que limitées du château mais Caïn ne s'arrêterait pas là, c'était certain. « Je suis déçu de ne pas avoir eu ton cadeau » ajouta t'il en essayant de laisser apparaître un sourire même s'il l'était vraiment, déçu. « Tu me diras ce que c'était ? » Une façon détournée mais bien à lui de reconvenir d'un rendez-vous avec elle, n'importe où, n'importe quand, pourvu qu'elle en avait envie autant que lui. Et elle comprendrait surement très bien le message, n'est-ce pas ? Quand Bea se détacha totalement de lui pour partir, il lâcha un « Travaille bien » des plus ridicules, retenant seulement l'envie de la retenir ou encore celle de la suivre pour envoyer paître l'élève qui avait besoin d'elle et de ses conseils. Mais elle avait dit avoir besoin de temps, Bea, et le lui donner était la moindre des choses qu'il pouvait faire après avoir s'être comporté comme un idiot fini.  

Quelque chose gronde en Bea, quelque chose de profondément agacé par l'injustice vécue et découverte, injustice qu'elle n'avait ni le temps ni l'énergie de prendre pleinement en compte. Car elle était fatiguée par tout, par les mauvaises vibes, par tout ce début d'année qui pesait déjà suffisamment trop sur son mental pour accepter de se prendre plus la tête avec cela, maintenant. Elle avait besoin de souffler, de se libérer de toute la frustration qui courait encore dans ses membres avant d'être capable de se pencher sur cela, d'en avoir le courage malgré la colère que ça allait libérer en elle. Bea la sentait gronder et si il y avait bien quelque chose qui lui volait plus son énergie qu'autre chose c'était bien ce sentiment désastreux qui avait habité Caïn toutes ces dernières semaines et elle comprenait alors enfin pourquoi il avait été différent. La colère pouvait faire des ravages et n'avait malheureusement pas épargné son ex petit-ami et combien elle ressentait de la peine à ce sujet. Elle qui aurait pu l'en soulager en une seule conversation honnête et ouverte, se retrouvait aujourd'hui face aux faits et l'épuisement de l'un et de l'autre. Et elle aussi aurait adoré qu'ils se voient, passer de meilleurs vacances de noël car il aurait été là et qu'elle aurait alors pu se blottir dans ses bras face à une grande cheminée. Mais on leur avait volé ces moments et jamais ils ne leur seraient rendus. Comme si ce n'était pas assez, ils sont interrompus par un oiseau en papier que Bea aurait aimé ignorer, impuissante face à cette responsabilité qui l'attendait, elle acquiesce silencieusement à sa question en délaissant sa main, consciente que cela ne les aidait guère mais qu'elle n'avait pas le choix. Une part d'elle aurait préféré rester, l'autre se rassure en se disant que cela lui permettrait d'encaisser tout cela. Et son regard qui s'était verrouillé à son torse face à elle se relève en sa direction lorsqu'il s'excuse, tristesse qu'elle ressent se lier à la sienne, la lionne n'arrive pas à sourire pour le soulager d'une quelconque façon. Elle a envie de l'enlacer, de lui dire que ce n'est pas grave qu'ils sont plus forts que cela, que ce n'est qu'une virgule dérangeante dans leur histoire mais elle en est incapable aujourd'hui. Alors elle l'exprime autrement, en lui remettant sa cravate en place et aplanissant ses mains sur son torse un peu plus longtemps qu'elle ne le devrait, en prenant soin de lui silencieusement, oser finalement lui dire à demi-mots ce qui avait été sa volonté première durant tout ce temps. Lui, lui et encore lui, rien d'autre. Les iris relevées à son adresse, le bleu se confond dans son regard par l'intensité qu'elle y lit, la tendresse aussi et ça lui fait du bien, tout autant que ces mots qu'il lui confie et qui enveloppent le cœur d'une douce chaleur quelque peu réparatrice. Il jurait régler tout cela à l'avenir et elle acquiesça, n'espérant qu'une chose « fais attention à toi surtout. » parce que Bea avait bien compris maintenant que cette famille était capable de bien des choses, elle se fichait des dommages collatéraux. « je te le dirai oui. » une faible esquisse étire ses lèvres, cadeau qu'elle avait pris le temps de customiser pour lui et lui faire plaisir tombé dans le néant, sans le moindre doute brûlé ou au fond d'une poubelle depuis longtemps. La rouquine savait surtout qu'en lui disant cela, c'était lui promettre de le revoir possiblement bientôt. Quand, elle ne le savait pas mais ils jouissaient d'une proximité idéale au château qui leur arrangerait sans le moindre doute une prochaine rencontre d'ici peu. Ca avait toujours été comme ça pour eux, la sorcière ne voyait pas comment cela serait différent à présent. Et c'est avec dépit que la gryffondor se détache de lui sous ses mots pour rejoindre son cours de tutorat, acquiesçant à nouveau seulement ainsi que silencieusement, elle accroche une dernière fois son regard au sien et se retourne alors pour s'éclipser dans le couloir, tourner au virage et laisser enfin quelques pénibles et tristes larmes lui échapper une fois qu'elle est certaine qu'il ne les verra pas.