(5 janvier 1999)

Il n'y a aucune expression animant son visage ce matin lorsque Alicia entre dans la cage de l’ascenseur la menant jusqu'à l'étage du bureau des aurors. Le monde entier tourbillonne, chaque personne autour d'elle se presse et converse déjà à propos de leurs intérêts et les tâches qu'ils seront amenés à faire durant la journée ou les prochaines, et si d'ordinaire l'anglaise aimait cette ambiance survoltée du Ministère aux heures de pointe, pas une once de cette adrénaline n'arrivait à s'attacher à elle cette fois. C'était ainsi depuis quelques jours maintenant, de longs jours qui avaient paru l'équivalent de six mois au moins tant le temps s'était allongé pour qu'à chaque seconde comptée, Alicia comprenne le tragique de la situation. Elle avait alors l'impression d'avoir pris malgré elle quelques années de plus sans le vouloir, d'avoir perdu en innocence et surtout gagné en culpabilité et chagrin. Quelques jours, c'est ce que le bureau a bien daigné lui donner pour l'aider à se relever de l'accident ou plutôt, la morsure de loup-garou que son frère avait subi. L'accident, c'était ainsi que la gazette avait nommé l'événement, comme si cela n'arrivait jamais sauf à ceux les moins chanceux. Et elle a le regard qui se brouille de larmes alors que le son de l'étage atteint la pousse à sortir de ses pensées, inspirant au mieux afin de ravaler son émotion, elle s'extirpe de la foule le menton légèrement levé car elle devait se montrer forte, elle n'avait pas le choix. Alicia espérait alors que cette journée de travail suffirait à lui faire oublier momentanément qu'Alec se trouvait à Ste Mangouste en convalescence, oublier les mots durs de leur père, le bannissement de son frère à ses yeux. Peut-être alors réussirait-elle à se concentrer sur autre chose que le malheur venant de s'abattre sur leur famille désunie, auprès de ses collègues, de Vesper et Miles principalement. Ces derniers qu'elle recherche aussitôt du regard alors qu'elle pénètre dans les bureaux, le pas qui la mène jusqu'à son instructeur qui lui commande aussitôt de partir s'entraîner afin de rattraper son retard. Pas une once de compassion pour elle, ni de commentaire, elle se dit qu'il vaut peut-être mieux finalement. Et c'est en direction des vestiaires qu'elle s'amène puis se change, gestes automatiques qui s’enchaînent sans qu'elle n'y pense, l'esprit encore ailleurs et qui le restera sans doute. Alicia ouvre la porte avec son épaule tout en attachant ses protections autour de ses mains quand enfin, c'est un regard familier qui lui fait face. « Milo. » son tout premier mot de la journée, l'un des tout premiers qu'elle lui adresse en ce début d'année depuis la soirée du nouvel an. Une vague d'émotion jaillit en elle, l’inonde sans qu'elle n'arrive à l'atténuer, il lui rappelle par sa simple présence combien il avait été un point de repère fidèle et inébranlable durant ces fêtes, combien elle avait besoin de lui. Si ce n'était pas pour l'aider avec ses nouvelles responsabilités, au moins pour qu'il l'enlace, peut-être. Et pourtant son émotion se bloque dans sa gorge et elle inspire à nouveau, avançant sa main jusqu'à son bras. « Comment tu v- » geste de recul de la part de l'auror, elle fronce aussitôt les sourcils. « vas. » Elle ne comprend pas pourquoi il a reculé son bras, pourquoi il est même désormais plus loin d'elle, son regard se plonge au sien dans une inquiétude mêlée de confusion. Ils étaient en public, certes, mais il n'y avait personne dans ce couloir là. « Quoi ? Qu'est-ce qui ne va pas ? » elle n'a pas le temps ni l'énergie de prendre des pincettes Alicia et son instinct lui hurle que quelque chose d'autre s'est passé, alors elle a peur et c'est un sentiment qu'elle déteste, mais elle a peur car elle tient à lui et au fond, elle espère ne pas se tromper sur cela aussi.

(5 janvier 1999)

« Autre chose à ajouter ? » Son pied tape nerveusement sur le sol alors que son instructeur vérifie les derniers détails concernant la mission terminée la veille. Une mission qui, à première vue, avait été menée à la perfection. Lui et Andy avaient été envoyés arrêter un sorcier accusé de recel et de vente d’objets magiques rares. Si ce dernier s’était débattu, il avait été aisé de le maîtriser et le duo n’avait plus qu’à prélever les différents objets pour les consigner au ministère et c’était-là que tout avait dérapé. Andy trop occupé à gérer le détenu, c’était Miles qui a saisi un coffre ancien noir, Miles qui a senti la décharge parcourir son corps et lui faire comprendre qu’il y avait quelque chose de particulier émanant de l’antiquité. Ce fut pire encore quand Andy posa une main sur son bras pour attirer son attention et se mit aussitôt à se plier de douleur sans qu’aucune explication ne puisse venir les éclairer. Milo a fini par comprendre, pourtant, quand l’effet se reproduisit alors qu’il tentait de l’aider. Les râles de douleur se faisaient dès lors qu’il posait sa main sur lui, ce qui poussa le sorcier à s’éloigner alors qu’il commençait à se dire que, peut-être, tout était de sa faute. Ils avaient mis l’incident sur le fait de la magie noire qui vibrait dans la pièce et le serpent s’était empressé de consigner le coffre, loin d’autres mains malheureuses. L’hypothèse se confirma quand à son contact, un autre collègue se mit à protester à cause de la vie douleur éprouvée. Il n’y avait alors plus de doute – tout était de sa faute. Parce qu’il avait été assez impulsif pour s’emparer d’un coffre maudit sans chercher à prendre la moindre précaution, parce que ce geste anodin était à l’origine d’une malédiction l’empêchant de toucher quiconque sans imposer douleur à son interlocuteur. Il aurait pu le dire, expliquer qu’il s’agissait d’un accident mais le regard de l’instructeur l’empêchait de se confier. Il n’avait absolument pas confiance en l’homme, convaincu qu’il l’évincerait à la moindre opportunité. Miles était tout à fait capable de gérer la malédiction seule, il saura trouver une solution sans avoir à craindre pour son travail. « Non, rien du tout. » affirme-t-il avec conviction tandis que l’instructeur signe le rapport donné. Soufflant, Milo sort du bureau, fait quelques pas à peine avant de s’appuyer contre le mur. S’il devait être honnête, il ne savait pas comment gérer cette situation. Tout avouer aurait été plus compliqué mais pouvait lui coûter sa carrière. Il se devait de trouver la solution seul. Hors de question de mêler Alicia à toute cette histoire et risquer de lui attirer des ennuis.

C’est en pensant à elle qui prend une nouvelle inspiration, déglutit et reprend la route vers la salle d’entraînement, à côté des vestiaires. Il espérait ne frôler personne, s’était efforcé d’enfiler un fin pull à manches longues pour pouvoir couvrir sa peau au maximum. Il s’arrête pourtant de justesse, à quelques centimètres d’Alicia seulement. Son regard croise le sien, vague de confort qui l’envahit aussitôt car elle était là, car avec elle, tout semblait plus facile et plus beau. Un sourire creuse ses joues avant qu’il ne réalise qu’il ne pouvait se permettre le moindre contact avec elle, de peur de la blesser. C’était tout sauf ce qu’il voulait. Lui faire mal le rendrait malade et il s’en voudrait plus que s’il blessait quiconque. Alors le sorcier recule d’un pas quand la brune s’approche de lui et il n’aime pas la confusion qu’il lit dans ses iris, aime encore moins ne pas pouvoir la toucher alors que tout son être lui hurlait de l’enlacer. « Rien, je suis malade et je voudrais pas te le refiler. » Ce qui n’était pas tout à fait faux, pas vrai ? Il se contentait de garder les détails pour lui afin de ne pas la plonger dans des ennuis dont elle n’avait pas besoin. « Puis n’importe qui pourrait passer alors... » Il n’est pas sûr qu’elle accepte l’excuse offerte alors que jusqu’à présent, cela ne l’avait pas arrêté. A vrai dire, Milo était prêt à l’embrasser devant la terre entière pour affirmer qu’elle était sienne, s’il le pouvait. Utopie qui n’arriverait jamais car elle n’était sienne que lorsque la nuit tombait, quand il n’y avait qu’eux et qu’il pouvait avouer sa tendresse contre la peau de son cou, masquée par deux baisers et des râles rauques. « Mais toi ça va ? » Inquiétude réelle qu’il éprouve pour la lionne qu’il détaille du regard, il n’avait pas aimé la réponse vague de l’instructeur quand il l’avait interrogé concernant son absence. Il aimait encore moins la mine fatiguée qu’elle affichait et aurait rêvé de passer ses doigts contre sa peau pour effacer le moindre de ses soucis. « T’as vraiment l’air épuisée Ali.. Tu pouvais pas rester chez toi encore un peu ? » Il ignore ce qui l’a marqué ainsi, savait seulement que c’était assez grave pour qu’elle loupe quelques jours de formation. Il n’aimait pas ne pas savoir, sentiment d’impuissance plus marqué encore maintenant qu’elle était face à lui et qu’il ne pouvait pas la prendre dans ses bras pour la protéger du moindre tracas envoyé sur son chemin.

(5 janvier 1999)

Elle est bien trop fatiguée pour réussir à deviner quelle est la raison de ce mouvement soudain et d'évitement de la part de son collègue, mais elle est également trop fatiguée pour que ça ne l'atteigne pas. Alicia le regarde lorsqu'il lui répond, son expression faciale et recherche la vérité dans ses iris du brun clair qui sait l'apaiser, réussit même à le faire à cet instant sans même qu'il n'en fasse le moindre effort. Elle soupire, laisse passer car la brune se dit qu'elle n'a pas besoin d'une dispute aujourd'hui, de doutes, de craintes, de n'importe quoi d'autre qui serait émotionnellement lourd à porter. Elle n'avait que l'envie d'être confondue dans le confort chaud de ses bras et ce simple fait la déroutait toujours assez pour qu'elle ne se pose pas de questions, mais là aussi, elle n'avait pas l'énergie de le faire plus. Alicia espère alors qu'il n'est pas trop malade, ses sourcils se froncent mais d'un sentiment de compassion cette fois, habituée à prendre soin de ses proches lorsqu'ils n'allaient pas bien c'est comme instinctif, elle tente de repérer le moindre signe lui indiquant ce qu'il peut bien avoir. « tu as de la fièvre ? mal à la tête ? il y a beaucoup de grippes en ce moment, tu devrais passer à l'infirmerie du service. » l'envie de passer le revers de sa main contre son front lui démange les doigts mais elle se retient principalement à cause de sa dernière remarque, se demandant au passage depuis quand Miles était assez prudent alors qu'il y a encore quelques jours il ne se privait pas de l'emmener dans le secret d'une pièce vide pour lui voler des baisers. Et le goût de ces derniers planent encore sur ses lèvres après ces – trop courtes – vacances improvisées ensemble, rien que lui et elle et Alicia pourrait laisser glisser un sourire sur ses lèvres à ce doux souvenir si sa vie n'avait pas à ce point été chamboulée juste après. Comme un rappel de l'ordre des choses de faire attention à rester sur la juste voie, de toujours rester vigilante. Elle n'avait pas pu aider son frère et le sauver de son attaque, elle n'avait pas été là car à ce moment là, elle battait des cils auprès de Miles Bletchey. Le même qui s'inquiète face à elle de la mine qu'elle doit sans doute montrer sans qu'elle ne s'en fasse à présent, si à l'époque elle aurait caché tout cela avec deux couches d'anti-cernes, Alicia n'avait pas même eu l'énergie d'y faire attention ce matin. Mais sa voix la rappelle au présent, l'arrache de ses pensées vers lesquelles sans le réaliser, elle s'était fait kidnapper pour de sombres raisons. « Mh mh. » elle ne confirme pas mais ne réfute pas non plus, de toute manière il devait bien voir que quelque chose clochait et elle savait qu'elle ne réussirait pas à le cacher. La jeune apprentie auror devait pourtant rester professionnelle et alerte, impliquée dans son travail et la bonne tenue qu'elle devait avoir, alors son regard fuit jusqu'au fond du couloir circulaire où ils sont, un elfe de maison appartenant au Ministère venait de se matérialiser pour frotter un coin du sol. « non il fallait que je revienne travailler. » elle serait devenue folle à rester seule avec ses pensées seulement. « puis de toute façon je déménage, ça n'aurait pas été reposant j'ai des cartons à faire et plein de papiers à remplir et des visites et.. » son anxiété grandit à mesure qu'elle énnonce tout ce qu'elle doit faire mais dont elle ne se sent pas la force, alors elle s'oblige à se taire avant de relâcher son souffle et fermer les yeux quelques instants, penchant la tête sur le côté, sourcils froncés, elle a besoin de remettre de l'ordre dans ses idées. Elle est vulnérable face à lui mais ça ne la dérange pas autant qu'avant de l'être, grâce à cette formation sans doute, grâce à leur rapprochement surtout. Une forme de confiance s'était installée entre eux, quoi qu'ils aient pu faire pour l'empêcher. Un sorcier passe dans le couloir pour le traverser et c'est naturellement qu'Alicia se déplace à nouveau vers Miles et qu'elle le voit s'éloigner d'elle, encore. « tu ne m'as vraiment pas l'air contagieux. » sa main se relève vers son front, elle a besoin de savoir qu'il va bien, que ce n'est pas de la fièvre qui le malmène, besoin de savoir qu'il va bien ou qu'il peut aller bien rapidement parce qu'elle a besoin qu'il soit fort pour eux deux, pour rester un repère, pour qu'elle n'ait pas à s'inquiéter d'une personne de plus. Car elle le sait très bien Alicia que Miles était devenu plus important au fil des semaines, tant qu'aujourd'hui elle ne désirait qu'il soit en bonne santé car si c'était l'inverse, alors elle se ferait du sang d'encre pour lui. Quoi qu'elle admette ou le veuille, la sorcière était prête à jouer la comédie longtemps mais ne le pourrait plus dès lors qu'il lui arriverait quoique ce soit.

(5 janvier 1999)

Il n’aime pas mentir à Alicia, surtout pas depuis ces journées qui avaient aidé à les rapprocher d’une façon tout à fait inattendue aux yeux de l’auror. Jamais il n’aurait cru qu’elle puisse s’ouvrir à lui comme elle l’avait fait, qu’elle puisse lui accorder cette confiance qu’il n’était pas certain de mériter. C’est pire encore quand elle s’inquiète pour lui, palpitant qui se serre car en dehors d’elle, Miles n’est pas vraiment certain que quiconque ce soit jamais véritablement fait de soucis pour lui. « Non ça ira, j’ai pas envie de louper alors que l’autre est déjà toujours sur mon dos pour la moindre connerie. » Elle saurait de qui elle parlait, impression qu’une sorte de compréhension mutuelle les liait tous les deux depuis que l’instructeur l’avait envoyé mener une mission qu’elle n’aurait jamais du gérer seule. Colère qui menace de mordre quand les souvenirs lui reviennent en mémoire, le sorcier s’efforce de penser à autre chose, ce qui n’est pas bien compliqué quand sa collègue était-là. Il s’abstient de lui dire qu’elle lui avait manqué plus que de raison, qu’il s’était inquiété à son sujet sans oser la contacter de peur de paraître trop étouffant, qu’il avait pensé à elle et aux jours passés avec elle et qui avaient été, sans conteste, les plus beaux jours qu’il avait pu vivre. Il ne lui dit pas tout ça, se préfère de verbaliser à quel point il la trouve fatiguée et s’il était soulagé de la revoir, il aurait préféré la savoir chez elle à se reposer. Ce qu’elle lui apprend pousse Milo à froncer les sourcils, surpris par ce déménagement soudain. Il ignorait ce qu’il lui était arrivé mais c’était suffisamment grave pour qu’elle quitte l’appartement qu’elle habitait avec ses meilleures amies et il n’en faut pas plus pour que l’anxiété éprouvée pour elle ne s’intensifie. « Tu déménages ? Quelque chose s’est passé avec les filles ? » Il manquait une pièce importante pour qu’il ne puisse résoudre ce problème, pièce qu’il n’avait pas et dont Alicia était la seule détentrice. « Si t’as besoin d’aide… ‘fin t’as vu mes muscles ÉNORMES, tu déménagerais bien plus vite avec moi. » plaisanterie qu’il tente sans que le cœur y soit tout à fait. Lui proposer de l’aide n’était pas la plus intelligente des offres étant donné son état actuel mais bientôt, tout cela ne sera que de l’histoire ancienne, pas vrai ? Alors il pourra être là pour elle, pleinement, sans avoir à mettre de barrières entre eux comme il s’efforçait de le faire. L’auror n’avait pourtant qu’une envie – franchir l’espace les séparant, la serrer contre lui, lui répéter que tout ira bien jusqu’à ce qu’elle finisse par y croire. Mais il ne peut pas, c’est même tout l’inverse alors qu’il se doit de faire un autre pas en arrière quand sa partenaire s’avance vers lui, quand sa main se tend vers son front. « Fais pas ça Ali » qu’il proteste alors que son regard croise le sien et il n’aime pas la lueur qu’il voit alors, n’aime pas savoir qu’il ne pouvait rien faire d’autre que s’éloigner pour la protéger à sa façon. Lui expliquer n’était pas une option,  surtout maintenant qu’il savait que le problème qui l’avait éloigné du bureau était sans doute plus grave que ce qu’il s’était imaginé. Il ignore combien de temps il pourra tenir encore, crainte de céder face à son regard qui le rendait si faible. « C’est pas vraiment de la fièvre juste.. Je me sens nauséeux. Ça passera mais j’ai pas envie de risquer de te rendre malade. » Regard qu’il détourne vers le couloir où l’instructeur fait son apparition, incitant les aurors présents à se rendre vers la salle d’entraînement. « On y va ? Faudrait pas lui donner une raison supplémentaire d’être chiant. » tente-t-il avec un sourire. Sans rien ajouter de plus, il s’avance vers la salle, prenant soin de ne pas toucher Alicia au passage par mégarde. Peut-être que les gants la protégeraient, il n’en savait rien, mais il ne voulait pas courir le risque. L’idée même de la blesser d’une quelconque façon lui tordait l’estomac, lui qui n’aspirait qu’à la rendre heureuse à son niveau. Une fois installés sur les différents bancs, l’instructeur fait son speech habituel sur la rigueur des entraînements et autres joyeusetés aussi pénibles à écouter avant de laisser leur formateur spécialisé en combat au corps à corps prendre le relai. Des duos seront faits et évidemment, c’est un « Spinnet et Bletchey, ensemble » qui quittent ses lippes. Il fallait forcément qu’il les mette ensemble le jour où lui ne pouvait même pas poser les mains sur elles, comme si la journée n’était pas assez compliquée comme ça. A peine les consignes sont-elles données qu’il bondit du banc pour aller retrouver le formateur. « On peut changer les duos ? Ryker est pas là et si on reste comme ça Astrid va s’entraîner toute seule.. Je peux laisser les filles ensemble et m’entraîner dans mon coin. » Il lui faudra quelques arguments supplémentaires mais il accepte finalement, soupir de soulagement quittant les lèvres de l’anglais. Il retourne vers la brune qui, sans doute, n’allait pas apprécier. « Hm changement de programme, tu dois d’entraîner avec Astrid comme on est en nombre impair aujourd’hui.. Mais t’inquiètes je te mettrais une raclée un autre jour. » promet-il en s’éloignant déjà, cherchant à mettre le plus de distance possible avec elle, qu’importe les plaintes de son cœur qui ne faisait déjà que la réclamer.

(5 janvier 1999)

Elle n'avait pas entièrement l'impression que quelque chose clochait parce que la réalité était qu'Alicia était bien trop fatiguée pour s'en rendre pleinement compte. Alors elle acquiesce simplement à la mention de leur instructeur que ni l'un, ni l'autre n'appréciait depuis quelques mois, confiance envolée qui aurait été imméritée dans le cas contraire, elle est épuisée Alicia, s'emmêle dans un discours confus où quelques détails lui échappent. Elle s'en rend compte en le voyant réagir et secoue sa tête de droite à gauche en premier réflexe alors qu'il s'agissait pourtant d'une réalité à laquelle la sorcière ne s'était pas encore faite à l'idée. « Oui je-, non tout va bien avec les filles. » et c'était la vérité, mis à part Angie qui semblait un peu ailleurs ces derniers temps, tout se passait bien. Miles réussit à la faire sourire, car elle voit bien que rien n'a changé dans sa façon de réagir et que quelque part, ça la rassure, lui offre une forme de stabilité pour ancrer ses pieds dans la réalité. « j'en aurais bien besoin, de ces petits muscles. » la taquina t'elle et un instant, cela lui fait du bien d'oublier le reste et de n'être qu'avec lui, à l'ennuyer un peu. Seulement elle s'inquiète et n'a pas même le droit de faire reposer le revers de sa main sur son front que Miles s'éloigne à nouveau. Cette fois, ses sourcils ne peuvent que se froncer, aussi confuse que possible. Elle ne comptait pas le déshabiller devant tout le monde, seulement vérifier s'il possédait de la fièvre. Sa réaction lui paraissait disproportionnée et ses explications ne parvenaient pas à la convaincre. Heureusement pour lui, l'apparition de l'instructeur suffit à dévier leur attention et les forcer à retourner au présent, s'échapper de cette bulle qu'ils s'étaient si facilement créés alors qu'avant, Alicia aurait tout fait pour l'éclater avant qu'elle ne se forme. Et elle est fatiguée la lionne mais s'avance tout de même en salle d'entraînement, habillée de sa tenue et renforçant ses attaches autour de ses poignets, elle tente au mieux de donner au change et écoute les instructions tout en laissant une fois ou deux son regard dévier à l'adresse de son collègue. Si vraiment ce dernier était nauséeux, que faisait-il là ? Exercice de corps à corps en vue, tous deux sont proposés en duo et elle acquiesce, accrochant de son regard la silhouette de l'auror qui n'attend guère longtemps avant de se lever du banc suite aux consignes données. Si la sorcière pense un moment qu'il le fait pour venir en sa direction, cette dernière le voit alors discuter avec le formateur et ses sourcils se froncent. Qu'avait-il donc aujourd'hui ? L'envie de ne finalement pas faire l'exercice parce qu'il était malade ? Alicia attend patiemment qu'il lui apporte des réponses et une fois fait, ne lui laisse guère le temps de rétorquer quoi que ce soit qu'il s'éloigne déjà. Venait-il donc d'échanger sa place pour ne pas être mis en duo avec elle ? Pourquoi donc avait-elle l'impression qu'il la fuyait ? Ses lèvres s'étant entrouvertes pour lui répondre se referment et l'apprentie-auror le regarde s'éloigner pour s'entraîner seul, plus loin. Elle reste alors troublée tout le long de l'exercice, même lorsqu'elle pense ne plus y penser et que ça lui est passé, Miles et son comportement continuent de lui revenir en tête et c'est malgré elle, malgré tous ses efforts à tenter de ne pas se laisser atteindre mais c'est plus fort qu'elle. Alors elle frappe plus fort, gagne et puis perd, se fait même mal par la fatigue accumulée, le manque de concentration, la frustration et quitte la salle au bout d'une heure d'entraînement pour la partie médicale du bureau. Une fiole lui est confiée, quelques gouttes d'une potion de paix offertes par l'infirmier habitué aux aurors revenant de missions délicates et perdant la notion des choses. Elle sait que c'est dangereux, qu'elle pourrait en devenir très vite, trop vite, accro et c'est en regardant la fiole qu'elle traverse les couloirs en direction des vestiaires pour se changer. Elle est énervée Alicia, agacée contre elle-même et contre Miles, un sentiment indescriptible la rongeant. Et ça lui dure quelques heures alors, même lorsqu'elle se plonge dans de la paperasse ou part déjeuner, enfilant sa cape transformée en long manteau moldu pour passer inaperçue. La voici entrant dans l’ascenseur la menant au rez-de-chaussé lorsqu'Alicia remarque qu'il y est aussi et qu'il n'y a qu'eux. Meilleur moment pour relâcher ce qu'elle a sur le cœur dans un total manque de patience. « Tu vas me dire ce qu'il se passe ? » lâche la sorcière de but en blanc, se plantant devant lui tandis que la cage de l’ascenseur se mettait en route. Elle relève sa main près de son bras pour se retenir à l'un des murs mais remarque aussitôt sa nouvelle tentative de l'éviter. « Sérieusement ? C'est quoi ton problème Bletchey ? » et elle ressent son cœur se comprimer, cela faisait quelques temps qu'elle n'avait pas prononcé son nom ainsi. Mais il était désormais de l'autre côté de l’ascenseur quand avant, il n'aurait jamais hésité une seconde à glisser une main sur elle dans le secret de ce lieu leur étant offert. Et ce sentiment désagréable lui revient, nourri d'insécurités qu'elle avait réussi à faire taire que depuis trop peu de temps pour les oublier véritablement aux premiers signaux. « Ok, je pense savoir de quoi il s'agit. » et elle espère si fort se tromper, pour la première fois de sa vie, elle a besoin d'avoir tord face à lui. « you don't even want to kiss me now, am i wrong ? » et le parti pris était peut-être audacieux car rien de concret ne s'était dévoilé si ce n'est l'avoir évité à chaque fois qu'il en avait eu l'occasion. Mais elle ne comprend pas Alicia et elle a peur, si peur d'avoir raison car si Miles s'était à ce point joué  d'elle, la brune n'était même pas sûre de comment elle allait se pardonner de s'être si fort trompée à son sujet.

(5 janvier 1999)

Il n’aime pas la confusion qu’il lit dans son regard, aime encore moins l’impression que par son comportement, quelque part, il la blesse. Ce n’était pas son intention, surtout pas alors qu’elle semblait traverser une période difficile, mais quelle autre solution pouvait-il avoir alors ? Miles ne pouvait décemment pas lui dire la vérité – encore moins maintenant qu’elle avait l’air de porter un poids nouveau sur ses épaules et qu’il se refusait à s’imposer à elle. L’entraînement lui paraît pénible, effroyablement long, bien plus que lorsqu’il est en duo avec elle. Ne pas pouvoir la taquiner un peu alors qu’ils s’affrontaient lui manquait déjà, tout comme ce sourire amusé qui ornait ses lèvres tandis qu’elle levait les yeux au ciel quand il parvenait à sortir une réplique qui l’amusait et l’agaçait à la fois. Son regard va vers elle de temps à autre sans en avoir conscience, réflexe qui ne fait que lui tordre le cœur un peu plus en réalisant à quel point le mal dont il souffrait lui imposait une distance dont il ne voulait pas avec elle. Il ne pouvait pas y avoir pire timing aux yeux de l’anglais alors qu’ils avaient passé des journées d’une douceur incroyable ensemble, alors qu’il avait eu l’impression d’avancer avec elle par ces quelques aveux qui avaient quitté ses lèvres. Le reste de la journée se passe dans le même état d’esprit alors qu’il fait au mieux pour éviter sa collègue, ce qui s’avère être une tache plus que compliquée quand ils ont l’habitude de travailler si régulièrement ensemble. Il a l’impression d’enfin pouvoir souffler quand il pénètre seul dans l’ascenseur mais Alicia s’y engouffre et la sensation d’être en apnée revient à nouveau le heurter. Elle ne perd pas de temps et s’impose à lui, regard qu’il croise tandis qu’il lance un « mais rien du tout » qui n’a rien de convaincant, surtout quand il se recule à nouveau. Miles qui se fige quelques secondes car elle utilise son nom à nouveau, ses poings qui se serrent alors que ses bras sont étendus le long de son corps. Il n’aime pas ça, n’aime pas la sonorité des syllabes glissant le long de sa langue, cette impression de revenir en arrière et de perdre tout ce qu’ils avaient construit. Il ne dit rien, incapable de trouver quoi que ce soit pour l’apaiser en dehors de cette vérité qu’il s’efforçait de garder pour lui. Il fronce les sourcils face à la brune et secoue la tête, peinant à comprendre comment elle pouvait s’imaginer pareille hérésie quand il ne rêvait que de l’attirer à lui pour faire taire ses doutes par ses baisers. Il ne voulait que la serrer contre lui, l’embrasser jusqu’à ce que leurs souffles ne se confondent et que jamais plus elle ne doute de la dévotion de son cœur pour elle. Mais il ne peut pas, frustration qui grimpe, nourrit un agacement qu’il ne devrait pas éprouver en premier lieu. « T’es sérieuse ? On a passé des jours ensemble et je t’embrassais à la moindre occasion, pourquoi je voudrais pas le faire maintenant ? » Et soudain il se dit que peut-être, elle n’avait pas tant confiance en lui que ça. Peut-être qu’elle continuait à penser le pire de lui, en dépit de cette facette qu’il avait osé montrer peu à peu devant elle lors de ces vacances qu’ils se sont offertes. « T’es sérieusement en train de faire la gueule juste parce que je t’embrasse pas aujourd’hui sur notre lieu de travail alors que je suis malade ? »  Bras croisés sur son torse, c’était là la seule posture qui lui permettait de se conserver, de garder un peu de distance avec elle et de ne pas céder alors qu’il serait si aisé de l’enlacer. « Puis, ça t’a jamais dérangé jusqu’à présent de m’ignorer quand t’en avais envie parce que tu voulais pas être vu avec moi et je t'ai jamais rien dit à ce sujet. » Son regard qui s’accroche au sien mais qu’il ne supporte que quelques secondes. « Si j’avais juste pas envie de t’embrasser je te l’aurais dit donc arrête ton caprice là, c’est vraiment ridicule. » conclue-t-il, conscient qu’il ne faisait que mettre de l’huile sur le feu, nerfs qui lâchent peu à peu et le poussent à détourner le regard tandis que l’ascenseur s’ouvre et qu’il emprunte le couloir vide face à eux – besoin de distance entre eux, besoin de s’éloigner de son parfum entêtant qui le ramenait à des souvenirs tendres d’eux, ensemble, d’elle dormant dans ses bras paisiblement, d’elle qui penche la tête pour le laisser dévorer son cou de baisers jusqu’à se rassasier d’elle. Il ne peut qu’espérer qu’il réglera vite cette situation – et surtout, qu’elle ne causera pas de dommages irréversibles à leur relation.

(5 janvier 1999)

Elle a un mauvais pressentiment qui lui tord les entrailles et il lui est impossible de le faire taire, de l'annuler, de l'oublier. Il est en elle depuis ce matin et rien de sa journée n'a réussi à l'apaiser, ni ses dernières forces épuisées dans l'entraînement du jour, ni même ses conversations auprès de Vesper. Alicia ne savait pas vraiment ce qu'il en était exactement, mais tout avait un lien avec Miles, le seul qui normalement aurait pu l'apaiser. Parce que depuis ce moment offert durant les dernières vacances de noël, quelque chose avait changé en eux, en elle tout particulièrement lorsque la lionne réalisait ne même plus se poser de questions sur l'origine de son affection pour lui, sur cette confiance qu'elle plaçait en Miles pour bien des domaines. Ils avaient dépassé un cap ensemble, sans même peut-être le réaliser ou l'anticiper, il ne leur restait qu'à écrire le prochain chapitre si seulement ils se le permettaient, si la vie décidait de leur laisser un peu de répit. Parce qu'elle était dans un drôle d'état aujourd'hui et ce depuis quelques jours déjà, depuis que le drame s'était abbatu sur sa famille tout particulièrement et que le tourment était le sien. C'est pourquoi elle doute un moment face à ses pensées négatives, car peut-être alors se trompe t'elle sur toute la ligne en ce qui concernait l'auror, peut-être n'était-elle que vulnérable et trop rapide à tirer des conclusions. Pour un bras écarté, une main retenue, un entraînement évité, pour une épaule dégagée à présent, ça s'accumule et la frustration de la brune en fait autant. Alors elle explose car elle ne sait pas faire autrement, car elle a peur de découvrir tout autre chose, car elle n'a que besoin qu'il la rassure. Seulement c'est face à une porte fermée que Alicia se confronte et si elle se sent tout d'abord ridicule par ses propos, la suite de ses accusations ne fait que l'enterrer. Elle sent les larmes lui monter et déteste cette sensation, ce fait d'être si fragile aujourd'hui au point de tout gâcher, de tout dévoiler aussi mais elle renifle entre deux phrases de l'auror tandis que son regard s'attache au sien comme un animal mi-apeuré, mi-angoissé. « fuck off. » seront les mots qui sortiront enfin lorsqu'elle l'entendra parler de caprice, ne supportant pas l’appellation ni même le fait que ç'en était peut-être un. Car jusqu'ici elle n'avait en vérité que désiré qu'il la prenne dans ses bras, s'était-elle inventée tout cela pour justifier la frustration liée au manque ? Alicia commence à douter mais les portes s'ouvrent et tous deux sont forcés d'emprunter le même couloir. « Me prends pas pour une idiote, ne me fait surtout pas passer pour cette gamine écervelée et capricieuse que tu décris, tu sais très bien qu'il y a quelque chose et je le sais aussi. » elle n'en démordait pas, quitte à avoir tord et être rongée par le doute ces prochains jours, Alicia regarde droit devant elle et n'a que la hâte de se détacher de son trajet pour en emprunter un différent. La colère l'envahit doucement, toute la nouvelle confiance qu'elle plaçait en eux deux jusqu'ici s'ébranlait petit à petit et Alicia ne pouvait rien faire pour la consolider ou la retenir de s’effondrer. « j'suis trop fatiguée pour ces conneries de toute façon. » comme derniers mots adressés à l'auror pour feindre le désintérêt ou combien cela l'atteignait, elle profite du rez-de-chaussée du Ministère pour se fondre dans la foule et disparaître de son attention, essuyant une larme orpheline ayant réussi à s'échapper. Elle a besoin de prendre soin d'elle et de gagner beaucoup de recul, de faire du tri dans ses pensées déjà tourmentées, d'apaiser ce cœur qui se comprimait d'une peine qui l'attristait car elle y avait cru, si fort, à ce qu'ils étaient en train de construire que peut-être s'était-elle projetée un peu trop vite. Elle n'avait été qu'une idiote à y croire et faire confiance aux impressions ressenties, qui ne pouvaient pas être si vraies que cela maintenant qu'elle y pensait. Le contexte avait dû y jouer, son isolement et les fêtes comme meilleures façons de la faire flancher. Elle saurait se détacher de lui très rapidement si elle le voulait, si jamais elle avait raison.

« On va au bar, tu viens ? » il faut le lui demander deux fois et poser une main sur son épaule pour que Alicia réalise qu'on lui parle. Relevant son regard du dossier qu'elle était en train d'étudier depuis une bonne heure à présent, elle remarque le regard d'Andy et la concerne de Vesper, secoue alors la tête. « Non, je suis exténuée il faut que je rentre. » et la sorcière s'active alors à tout ranger, déjà déconnectée de la conversation entre ses collègues et elle, Alicia pense à Alec, à sa famille, à son déménagement, à Miles, à Alec encore puis à toutes les démarches qu'elle doit faire. Ses bras se resserrent autour des dossiers qu'elle récupère pour emmener chez elle et tenter de rattraper son retard des derniers jours et c'est lorsqu'elle est réellement seule, dans l’ascenseur la menant à nouveau au rez-de-chaussée que son regard se brouille de larmes que pourtant, elle retient et retiendra encore jusqu'à avoir dépassé la porte de sa chambre. Tandis que les portes sont sur le point de se fermer, il faut bien évidemment que quelqu'un la rejoigne et elle regarde aussitôt ailleurs Alicia, tente de dissimuler ses yeux mouillés et sa mine épuisée. Seulement elle reconnaît forcément son parfum et la tension qui entre à nouveau dans le lieu. Elle n'ose rien dire, se contentant de s'enfermer dans un silence qui lui permettra de dissimuler sa voix fébrile et combien elle se sentait faible en ce jour, véritablement bien trop fragile. Miles devait encore être énervé après elle après tout et elle, elle ne savait même plus vraiment ce qu'elle pensait de lui, ou d'eux.

(5 janvier 1999)

Il n’aime pas lui mentir, aime encore moins ce retour en arrière qui se réalise entre eux. C’est forcément ce qui arrivera par sa faute, par cette distance qu’il se doit d’imposer quand bien même ce n’était pas de sa volonté. Peut-être qu’il n’était pas pour autant obligé d’utiliser ces mots, Milo, mais il ne sait pas vraiment quoi faire, nerfs attisés par cette situation qu’il en contrôle pas et qui l’agace. C’est Alicia qui trinque, d’une certaine façon, alors qu’elle ne faisait rien d’autre que vouloir comprendre quand lui ne lui servait que des excuses assez vagues pour s’expliquer. Peut-être que ça aurait été plus facile de tout lui avouer finalement, de lui dire qu’il mourrait d’envie de la prendre dans ses bras mais qu’il en était incapable sans lui faire mal. C’était probablement ça qui l’insupportait, le fait qu’il ne voulait jamais que son bonheur mais qu’à l’heure actuelle, il était tout bonnement incapable de le lui offrir et ne pouvait que lui apporter des douleurs qu’il n’aurait pas souhaité à son pire ennemi. Le ton monte sans grande surprise, l’auror qui ne quitte pas le regard d’Alicia quand bien même il déteste être responsable de la peine qu’il y lit. « Peut-être que tu me connais pas si bien que ça alors car je t’ai dis qu’il y avait rien. » C’est faux, pourtant, et c’est elle qui voit juste, elle qui possède une part de la vérité. Miles lui cachait bien quelque chose sans pouvoir le lui admettre ce qui le poussait à agir comme un véritable troll avec elle alors même qu’ils avaient progressé ces derniers mois. Alicia qui se détache, qui se montre plus distante à son tour, pincement au cœur qu’il éprouve alors que son comportement n’était que les conséquences du sien. Lèvres pincées entre elles, il ne dit rien alors qu’il presse le pas, ne se retourne même pas pour s’assurer qu’elle allait bien car il savait qu’il risquerait de flancher, cœur trop faible pour elle.

La journée est terriblement longue pour l’anglais qui passe son temps à éviter les contacts, à tenter de ne pas éveiller les soupçons. Il ne s’est jamais sentie si seul, Milo, lui qui passait son temps à toucher les autres de façon anodine, d’une tape dans le dos à un bras passé autour des épaules d’un ami, le sorcier a toujours été tactile. Devoir éviter le moindre contact était épuisant et l’incitait à s’éloigner le plus possible de tout le monde, sentiment qui ne fait que s’exacerber au fil de la journée. Migraine frappant ses tempes, il n’adresse qu’un signe de tête à certains de ses collègues avant de se rendre vers l’ascenseur, plus qu’heureux de voir que cette journée touchait à sa fin. Ce n’est qu’en pénétrant dans la cage qu’il réalise qu’il n’est pas seul, odeur familière qui lui chatouille les narines et semble presque le narguer. Un « Alicia » spontané qui quitte ses lèvres car il réalise alors à quel point elle lui a manqué. Elle lui a manqué quand il a cherché son regard par réflexe pour lever les yeux au ciel et soupirer suite à une remarque agaçante de l’instructeur, elle lui a manqué par ses piques mêlées à des sourires enchanteurs, elle lui a manqué par ces entraînements qu’ils partagent habituellement. Il n’avait pas remarqué jusqu’alors à quel point elle était ancrée dans son quotidien, à quel point elle le rendait plus beau encore. Mâchoire serrée au regard embué de larmes qu’il croise, volonté alors de tout lui dire, de tout avouer pour pouvoir ne serait-ce que discuter avec elle et partager ce qui la troublait. Seulement, il sent une présence dans son dos, avance et se doit d’éviter de justesse Alicia au dernier moment d’un mouvement de recul qu’elle ne peut que remarquer à nouveau. Alors il s’enfonce au fond de la cage d’ascenseur, reste derrière sa collègue, pestant contre ce sorcier qui occupait sa place, à côté de la brune, sans avoir à craindre de la blesser par un simple contact, sorcier qui lui parle sans même prendre en compte sa présence à lui. Il n’est que plus énervé alors Miles, d’être relégué à ce statut de plante verte dans le décor à cause de cette malédiction dont il souffrait. Quand les portes s’ouvrent à nouveau de longs instants plus tard, Milo réalise alors que ce sera leurs derniers instants ensemble ce jour, que cette journée entre eux aura été rythmée par ses tentatives de l’éviter et ça l’épuise autant que ça l’agace. Il a besoin de souffler, de mettre de l’espace entre lui et le reste du monde, entre lui et Alicia qu’il voudrait serrer contre son cœur pour qu’elle entende à quel point il battait pour elle. « I don’t want to talk. » qu’il lui offre quand leurs regards se croisent une dernière fois – I can’t talk to you or I’ll tell you everything because I love you too much to let you think otherwise. Pensées qu’il ne prononce pas, poings serrés contre le long de son corps tandis qu’il presse le pas pour mettre de la distance entre eux. Il n’y a pas eu de cris finalement, et c’est presque pire aux yeux du futur auror, lui habitué aux confrontations avec la lionne. C’est pire, car il a l’impression d’avoir brisé quelque chose entre eux par sa faute.