Les mots du professeur de journalisme semblent lui parvenir de loin quand bien même Ophelia s’efforce de les noter dans un geste mécanique. Si elle est présente en cours, son esprit vadrouille, se perd dans des contrées qui sont tout sauf agréables. Inlassablement, elle pense à cette soirée, à ce qu’elle avait vu, à ce qu’ils avaient fait. Ils étaient allés trop loin mais comment étaient-ils supposés réagir ? Au-delà de cette fin de soirée et des conséquences qui en découlaient, elle revoyait en boucle le geste de l’homme, la violence dont il avait fait preuve envers sa femme sans la moindre retenue. Des craintes égoïstes s’ajoutent à celle que leur acte ne soit découvert – et si c’était ce que son futur mari attendait d’elle ? Qu’elle soit docile, qu’elle n’ose jamais prononcer le moindre avis de crainte de souffrir de cette violence pourtant si banalisée. Elle déglutit, Ophelia, appuie plus fort sur sa plume. Elle ne sait rien de ce futur mari qu’elle ne pourra sans doute même pas choisir – pas avec ce scandale qu’elle venait de découvrir sur son père et qui menaçait d’éclater à chaque instant. Si l’affaire venait à être ébruitée, alors elle pourra dire adieu à tout impact qu’elle pourrait avoir sur le choix de son fiancé, impact déjà minime. Elle s’agite, peine à rester en place avant qu’un « Ophelia ! » ne la tire de ses rêveries au même moment où la plume se brise sur le parchemin. Perdue, elle tourne la tête vers Natalia qui la fixe, les sourcils froncés. « Tout va bien ? Le cours est terminé depuis deux minutes déjà mais t’avais l’air… Ailleurs. » Elle bat des cils plusieurs fois, regarde autour d’elle les élèves qui rangent leurs affaires. « Oui, non, je me demandais juste où j’ai rangé mon foulard. » Natalia n’a pas l’air convaincue mais n’insiste pas, se lance dans un monologue qu’elle écoute à moitié alors qu’elles quittent la salle de classe.

Ce n’est que lorsque son regard se pose sur Theodore qu’Ophelia s’oblige à quitter cette torpeur dans laquelle elle était plongée depuis de longs instants maintenant. Elle avait envie – ou plutôt besoin – de passer du temps avec lui, loin d’éventuels ennuis. Elle voulait souffler, l’américaine, prétendre que tout allait pour le mieux. Elle ignore la silhouette de Daphne près de son meilleur ami, ne comprenant toujours pas comment ce dernier pouvait apprécier la vipère – peut-être s’était-il cogné la tête, ou alors avait-il perdu tout sens de goût. Se redressant, elle s’excuse auprès de sa meilleure amie et se faufile jusqu’aux cuisines. Elle y croise un elfe qui répond à ses demandes et repart avec un petit sac contenant ce qu’elle avait réclamé. C’est vers la salle commune qu’elle retourne, y aperçoit Theodore lisant un journal et elle sait bien ce qu’il cherche, ce qu’ils ont tous cherché ces derniers jours. La sorcière lève les yeux au ciel en voyant des jeunes années discuter bruyamment près du feu, peu étonnée par ce manque de savoir vivre. « Theo ? Il faut que je te montre quelque chose. » Excuse avancée pour inciter le serpent à la suivre même si elle n’en avait pas vraiment besoin. Ensemble, ils parcourent les couloirs du château jusqu’à quitter s’arrêter dans la cour de métamorphose. « Bon je dois avouer que je n’avais rien de particulier à te montrer.. » confesse-t-elle en se tournant vers lui, faisant quelques pas en arrière, un sourire aux lèvres. C’était ce qu’elle devait faire – se montrer forte, être là pour alléger l’âme déjà trop abîmée de son meilleur ami quand il en avait besoin, l’inciter à respirer et à ne pas se perdre dans les pires hypothèses possibles, surtout après ce qu’ils avaient fait. Autour d’eux, quelques feuilles volent, automne qui règne en maîtresse absolue sur le château et Ophelia en profite pour en faire voler quelques unes vers son meilleur ami en riant. « J’ai juste envie de passer du temps avec toi. » Loin du stress, loin des inquiétudes qui ne les quittaient plus. Elle prend la main de Theodore pour l’inciter à la suivre et à s’asseoir avec elle sur un banc en bois. Seulement alors, elle lui tend le petit sac dans lequel était rangé une part de tarte à la mélasse. « J’admets avoir amené avec moi de quoi t’acheter et t’obliger à rester... »  Fossette qui se creuse quand elle sourit, se veut plus légère que ce qu’elle avait ressenti tout l’après-midi. Qu’importe que la parenthèse soit éphémère, du moment qu’elle la passait avec son meilleur ami.

A peine Daphne quitte ses côtés que sa main attire un journal laissé sur l'une des tables basses de leur salle commune, Gazette du sorcier entre les mains, il est prêt à passer en revue chaque article Theodore. De ceux les plus mis en avant aux dissimulés des dernières pages, l'exercice se répète chaque jour qu'il en devient presque expert que tout aussi las. Il recherche un nom le serpent et pas n'importe lequel, celui d'un disparu – ou du moins c'est ce qu'il devrait être. Seulement des semaines se sont passées depuis l'incident et pas une seule fois n'ont ils entendu reparlé du Yaxley. Si Theodore veille autant, c'est pour essayer d'anticiper le coup qui n'épargnera sans doute aucun d'eux d'ici peu et sa pensée se focalisait maintenant à l'adresse de Darcy Yaxley, se questionnant sur la possibilité de lui envoyer un hibou afin de demander, dans un exercice subtile, ce qu'il était advenu du père. Il ne remarque pas tout de suite l'arrivée de sa meilleure amie dans la salle commune, n'entend qu'à peine les élèves faisant du bruit non loin, capacité à s'extirper du monde avec aisance, c'est à son prénom qu'il relève son regard et sans s'en rendre compte, ses épaules se détendent aussitôt ce dernier se pose à l'adresse de la brune. « Mh ? » il s'obtempère, bien conscient que la salle commune n'était pas toujours le meilleur lieu pour avoir une conversation secrète ou importante, il s'inquiéta un peu. Avait-elle reçu des nouvelles à propos de leur altercation ? Est-ce que cet air courroucé et ailleurs qu'il croisait souvent habillant son visage possédait une raison supplémentaire ? Le serpent replia le journal et le reposa sur la table avant de se lever prestement pour la suivre en dehors de leurs espaces communs, escaliers grimpés et couloirs traversés. « que se passe t'il ? » quelque peu inquiet dépassant ses lèvres sans réussir à s'adapter à de quelconque silence, jamais avec elle. Cour de métamorphose rejointe, ses yeux bleus parcourent le lieu à la recherche du moindre indice mais tout paraît des plus calmes, le bruit de l'eau de la fontaine coule en continu et les oiseaux plus rares en cette période sont entendus par leur froissement d'ailes. A sa confession alors, un sourire étire ses lèvres, l'observant faire quelques pas en arrière tandis qu'il avançait évidemment en sa direction d'un pas plus tranquille désormais, les feuilles d'automne accompagnent leur chorégraphie, celle d'une meilleure amie attirant son attention pour l'extirper de ses pensées, celui d'un meilleur ami entièrement dévoué. « is that so ? » le ton est amusé et le sourcil relevé, complicité qui était la leur et qu'il n'échangerait pour rien au monde. Main attrapée et ses doigts profitent de la chaleur des siens avant d'être amené à s'asseoir sur l'un des bancs. Ils sont seuls à cette heure-ci et ça ne pouvait leur faire que du bien, de l'être un peu et rien qu'à deux pour une fois. Ses doigts caressent la chaleur laissée par les siens d'un mouvement distrait du pouce contre l'index. « tu sais que tu n'as pas à trouver d'excuses pour m'emmener quelque part ? » la questionne t'il quand même d'un air toujours un peu amusé avant que son regard ne tombe sur une part de tarte à la mélasse et qu'une expression de surprise ne dessine son visage. « par merlin, t'as réussi à les convaincre. » et il était épaté et conquis, ne détachant pas son regard du met et avançant ses doigts jusqu'à la tarte, sur le point d'en croquer un bout avant de se rappeler des convenances et de suspendre ton geste. « hm, t'en veux ? » il esquissa un sourire avant d'en manger un premier bout sans attendre sa réponse, se jouant d'elle au passage. « mhhhhhhh. » et il ferme les yeux un instant. Theodore était totalement différent lorsqu'il avait affaire à de la tarte à la mélasse, ç'en était presque troublant pour ceux ne connaissant que son masque imperturbable mais n'était-il pas dans les meilleures conditions dans ce lieu calme, en compagnie d'Ophelia et de cette part ? « damn, ça va me manquer quand on partira d'ici. » et il était rare qu'il évoque leur futur en dehors du château, lui comme bien d'autre bien trop confortable encore ici. « t'as pas besoin de ça pour me faire rester Ophelia, par contre maintenant, il est certain que je peux faire n'importe quoi pour toi. alors, quel est ton vœu cher ? » un air amusé sur le visage, les sentir tous les deux détendus lui faisait vraiment du bien, exception à leur réalité plus stressante, bulle de complicité et hors du temps qu'ils s'offraient en cet instant grâce à la sorcière. Son dos se raidit un instant et par réflexe en voyant un groupe d'élèves passer non loin non sans qu'il ne s'empêche de manger un autre bout de sa part, car pour rien il ne sacrifierait un aussi bon moment avec elle et.. et Ophelia évidemment. Ses doigts libres remontent jusqu'aux cheveux de la vipère afin de décaler quelques mèches derrière son oreille dans un geste tendre. « how are you ? » et il ne la lâchait pas du regard, tentant d'analyser ce qu'il pouvait lire à travers le sien, prêt à tout moment à palier à un besoin de la part de la brune s'il en avait le pouvoir. Il voulait simplement la voir heureuse Ophelia.

Elle n’a pas pensé à l’inquiétude qu’elle pouvait générer chez lui, si près après ce qui était arrivé à nouvel an, Ophelia. Elle s’efforçait d’être légère car c’était ce dont elle avait besoin, ce dont son meilleur ami pourrait aussi avoir besoin pour se changer les idées. Il avait beaucoup pris sur lui ce soir-là et il continuait, en cherchant frénétiquement le moindre indice pouvant révéler ce qui était advenu du sang-pur. Passer quelques instants à l’air libre, loin de ce qui pouvait l’inquiéter, lui sera peut-être bénéfique. En tout cas, ça le sera pour la sorcière, tout comme le fait de côtoyer son meilleur ami sans être interrompue par la présence d’indésirables. « Je sais..Mais c’est bien plus amusant de te voir chercher ce que j’ai à te montrer. » Sa main dans la sienne est tout ce dont elle a besoin pour se sentir apaisée, Theodore qui se faisait ancre en pleine tempête, hier comme aujourd’hui, seule certitude qu’elle pouvait avoir. « Bien entendu que j’ai réussi, ce ne sont pas quelques elfes de maison un peu grognons qui pourront s’interposer entre ce que je veux et moi. » avance-t-elle avec un sourire, fière d’avoir déclenché cette réaction chez son ami. La vérité était qu’elle était prête à beaucoup pour lui, meilleur ami qui méritait ce qu’il y avait de meilleur. Elle était prête au meilleur comme au pire quand il s’agissait de ses proches – s’il fallait mentir et manipuler pour obtenir ce dont ils avaient besoin, elle le ferait sans même se sentir coupable un instant. Elle secoue la tête, observant Theodore d’un œil amusé. « Non, je voudrais pas te priver de la moindre miette. » taquine-t-elle alors que l’amour que vouait son meilleur ami à la tarte à la mélasse l’avait toujours fait rire. Tendresse qui l’étreint quand elle le voit ainsi, plus apaisé qu’à l’ordinaire quand il était avec elle et c’était tout ce à quoi elle aspirait, être là pour l’aider à se sentir bien même quand le monde cherchait à s’en prendre à lui. « Tu sais… Je suis persuadée que tu pourrais en trouver en dehors du château. » Mais quelque part, elle comprenait. Ophelia appréhendait la fin de leur scolarité plus qu’elle ne voulait l’admettre – que se passera-t-il, une fois Poudlard terminé ? Auprès de qui devra-t-elle faire sa vie, elle qui n’aura aucun choix véritable à ce sujet ? La question qui la taraude, l’angoisse quotidiennement maintenant quand bien même elle n’évoque pas l’inquiétude qui la ronge. Sourcil arqué, elle fait mine de réfléchir. « Hm va falloir que j’y réfléchisse car c’est une lourde responsabilité que ce vœu que tu m’offres... » Et elle n’avait besoin de rien à cet instant, si ce n’est sa présence, près d’elle, aujourd’hui et pour toujours, besoin de la certitude qu’il restera ce meilleur ami qu’il était pour elle depuis des années. Palpitations qui s’emballent aux cheveux replacés derrière son oreille, regard de Theodore qu’elle soutient quelques secondes. Les mots se bloquent dans sa gorge alors qu’elle aurait voulu le rassurer, lui assurer qu’elle allait bien sauf qu’elle n’aime pas lui mentir, l’américaine, elle qui ne voulait qu’honnêteté entre eux. Alors elle détourne le regard, mains qui s’agrippent aux rebords du banc. « Dis Theo, je me demandais... » Ses mots restent en suspens quelques instants alors que sa jambe trépigne nerveusement. « Si demain, on apprenait quelque chose de terrible sur ma famille, tu sais, le genre d’éléments qui peuvent créer un scandale dans notre milieu et nous transformer Leo et moi en sorciers à éviter à tout prix... » C’était précis, trop précis, pour qu’il ne se pose pas de questions. Il n’était pas dans les habitudes d’Ophelia de se perdre dans des conjonctures sans intérêt et il la connaissait, sans doute mieux que quiconque. « Qu’est-ce que tu ferais ? Tu resterais mon meilleur ami alors même qu’il serait dans ton intérêt de ne plus être vu en public à mes côtés ? » Sa voix tremble et elle doit déployer tous les efforts possibles pour ne pas tout lui dire là. Ce n’était pourtant pas ce qu’elle avait prévu aujourd’hui – mais ses peurs sont là, lui martèlent quotidiennement le cœur quand elle réalise à quel point ce scandale pourrait tout lui coûter, y compris la présence de ceux qu’elle affectionnait réellement. Elle réalise alors à quel point la réponse l’effraie, crainte qu’il ne fasse partie de ceux qui s’éclipseraient, de ceux qui préféreront sauver leur réputation que de la soutenir – et comment leur en vouloir, quand son propre père n’avait jamais daigné la choisir elle ? « Tu sais quoi ? C’est ridicule, oublie. Tu m’as demandé quel était mon vœu et… mon vœu, c’est qu’on passe du temps ensemble là, maintenant, sans être perturbés par la moindre histoire ridicule. » Larmes ravalées, elle se redresse et lui offre un sourire encore fragile alors qu’elle se tourne vers Theodore. Qu’importe ses craintes – elle voulait lui offrir du temps plus léger et c’était ce qu’elle comptait faire en dépit de ce qu’elle éprouvait.

Il ne le savait pas encore combien mais passer ce temps privilégié en compagnie de sa meilleure amie lui paraissait important. Comme une pause dans leur quotidien chargé avec les différents cursus qu'ils suivaient, cette inquiétude qui s'accrochait à leurs cœurs et consciences depuis la nouvelle année sans un seul jour ne leur offrir un peu de répit, elle était là à ses côtés tout comme il l'était pour elle.. une part de tarte à la mélasse en plus entre les doigts. Et juste pour cela, Ophelia aurait pu détenir son attention – presque – éternelle, lui demander n'importe quoi, que le sorcier aurait sans doute cédé plus facilement que le reste du temps, déjà qu'elle pouvait aisément faire de lui ce qu'elle voulait en temps habituel. Il y a un sourire en coin qui dessine ses lippes, Theodore se sent progressivement plus détendu grâce à elle, oubliant le tracas au nom d'un sang-pur disparu, oubliant ses responsabilités et même ses révisions. « tu m'en feras ? » il sautait évidemment sur l'occasion d'une promesse qui saurait le ravir, met qu'il n'avait jamais fait reproduire en dehors du château. « ils se basent sur les recettes d'Helga Poufsouffle, il faudrait la récupérer avant de partir. » ce qui ne serait finalement que dans si peu de temps si ils ne faisaient pas attention. Cette recette étant sûrement l'une des rares et meilleures choses que cette maison avait à offrir, il en convenait. Le vœu s'offre sans avoir besoin du moindre génie, déjà réchauffé par sa présence et celle du sucre teintant son palais et le ravissant de gourmandise, il esquisse un sourire entendu avant que ses doigts ne replacent l'une de ses jolies mèches brunes derrière son oreille. Son regard se voit aussitôt captivé par le sien, elle est belle Ophelia, l'a toujours été et l'est de plus en plus chaque année se succédant, à se demander comment cela pouvait même être possible alors qu'on pouvait penser qu'elle ne pouvait pas l'être plus. Seulement c'est son attachement plus que sa contemplation qui lui inspire cette vérité, admirant sa meilleure amie chaque jour lui étant donné de le faire, Theodore ne comprend pourtant pas tout de suite le trouble dans son regard, ne fait que l'entendre au détour du début de tirades attirant son attention. Il la sent nerveuse, par cette jambe qui sursaute, ce regard qui le fuit. Et son hypothèse ne lui inspire aussitôt qu'une inquiétude appuyée à son sujet, à celui de Leo, car tout cela était bien trop précis pour que cela soit anodin. Il se demande un instant si elle parle de l'affaire Yaxley et ses sourcils se froncent, jamais Theodore ne les laisserait tomber pour eux tous. Et sa question le déroute, non pas d'avoir à y réfléchir mais bien qu'elle puisse douter du fait qu'il resterait à ses côtés même si ce ne serait pas dans son intérêt. Essuyant ses mains sur une feuille récupérée, Theodore la laisse tout exposer dans un calme précaire, une multitude de réponses claires dans son esprit qu'il s'empresse d'organiser afin de les lui délivrer dès lors qu'il voit son sourire fragile, dès qu'il l'entend tenter d'annuler tout ce qu'elle a pu lui délivrer. C'est le mouvement de sa main qui répond pour lui en premier, toujours plus démonstratif par les gestes que par ce que sa langue lui laissait dire, ses doigts se resserrent autour des siens dans une tendresse prouvant son attachement. « si demain je t'apprenais que j'étais mi-vampire mi-humain, tu m'abandonnerais ? » il eut un sourire à sa propre bêtise, tentant d'alléger l'humeur de sa meilleure amie. « mon intérêt est auprès des deux personnes qui comptent le plus pour moi. » et cette fois le ton s'était fait plus sérieux, son regard s'ancrant au sien dans l'assurance que ce qu'il avançait était sincère. « peu importe le scandale ou ce que vous pouvez bien faire tous les deux, je ne compte pas partir. » et Theodore le ressentait profondément jusque dans son être, que c'était vrai, qu'il pourrait faire bien des choses pour tous les deux, comme les protéger jusqu'à ce que son souffle ne s'éteigne, comme couvrir un meurtre inattendu. « si c'est à cause de cette histoire avec Yaxley, jamais vous tomberez pour ce qu'il s'est passé, pas à deux, pas même nous tous et j'y tiens. » ce n'était pas pour rien qu'il s'affairait à faire taire cette histoire depuis les premiers instants, le sang-pur les protégerait tous, quitte à s'y brûler. Et tant que ce n'était pas fait, alors il profiterait d'eux, d'Ophelia vers qui son bras s'avance afin de passer derrière ses épaules pour l'attirer à lui et l'enlacer, lui laisser la place de poser sa tête contre lui, tenter de soulager ses craintes par son soutien. « laisse moi m'inquiéter de cela pour toi, quoi qu'il arrive je serai là. » il dépose un baiser sur le haut de ses cheveux, glissant ses doigts jusqu'aux mains de la vipère en espérant sincèrement qu'elle le croit, qu'elle puisse se décharger de ce qui la malmenait auprès de lui car il était là l'un des plus précieux rôles qu'il possédait et qu'il n'échangerait pour rien au monde. A jamais il serait là pour elle Theodore, comme une promesse et dans un dévouement éternel, meilleure amie sans qui sa vie n'aurait pas de sens.

Elle pourrait presque tout oublier, Ophelia, du moins si elle ne passait pas autant de temps à tout calculer, à réfléchir à chaque possibilité depuis qu’elle avait appris ce que son père avait fait. Tout paraît pourtant moins grave aux côtés de Theodore, peut-être parce qu’il a toujours eu ce pouvoir sur elle, cette faculté de l’apaiser sans rien faire d’autre qu’être là pour elle. Alors même si elle fait mine de réfléchir, sa décision est déjà prise car c’était évident qu’elle était prête à beaucoup pour lui, y compris à passer des heures à cuisiner pour lui préparer la tarte à la mélasse parfaite. « Je vais voir ce que je peux faire. » Rien ne garantissait qu’elle ne soit aussi bonne que dans les châteaux, même si la course à la perfection permanente de la sorcière la pousserait à vouloir le meilleur. Si elle avait voulu que tout soit léger entre eux par désir de souffler et d’aider son meilleur ami à en faire de même, ses craintes reviennent la heurter et avec elles, une, incessante, constante, celle de voir Theodore l’abandonner si le scandale venait à salir son nom. Elle pourrait encaisser beaucoup, Ophelia – sa force de caractère s’était développée au fil des années, cette même force qu’elle sait taire quand la situation l’exigeait mais qui n’en était pas moins présente pour autant. Seulement, elle n’était pas sûre de le supporter si son meilleur ami venait à se détourner d’elle alors même qu’elle aura besoin de lui plus que jamais. Tout ce qu’elle craint glisse entre ses lèvres, les mots qu’elle n’arrive pas à retenir, l’angoisse qu’elle ne freine pas alors que l’anxiété pèse lourdement sur son estomac. Les doigts de Theodore autour des siens poussent la vipère à relever les yeux vers lui, à retrouver le souffle qui lui avait été subtilisé par cette angoisse saisissante grâce à ce qu’elle lisait dans ses yeux. Un faible sourire étire ses lèvres à sa plaisanterie alors qu’elle secoue la tête, incapable de parler véritablement sans craquer davantage. C’était évident qu’elle ne l’abandonnerait pas, elle qui de toute façon, ne se fiait jamais véritablement à l’élite pour savoir qui il fallait fréquenter ou pas – il y avait bien longtemps qu’elle doutait de leur légitimité même si elle avait pris le parti d’entrer dans le moule, de s’adapter pour un jour pouvoir tout bousculer. Les mots de Theodore achèvent de la réconforter. D’abord parce qu’il affirme sa présence à ses côtés,à leurs côtés, car Leo en avait besoin autant qu’elle, et aussi parce que la sang-pur sait bien qu’il n’est pas du genre à se gaspiller en paroles et que chaque mot est sincère. C’était comme si un poids se soulevait de ses épaules. Si tout n’était pas réglé, Ophelia savait qu’elle pourra s’en sortir car Theodore sera là, qu’il ne la lâchera pas si l’innommable venait à être révélé. Ses crainte s’apaisent, répit qu’elle accueille même temporairement, elle qui avait passé ces dernières journées à s’inquiéter à ce sujet, en plus de ce qu’ils avaient vécu à nouvel an. Sa tête posée contre l’épaule de son meilleur ami, elle laisse échapper un soupir de soulagement. Elle n’aimerait que ça, la Burgess, se reposer sur lui, le laisser s’inquiéter pour deux mais elle sait pertinemment que ce n’était pas possible, qu’elle devra combattre de front les obstacles qui ne manqueront pas à échouer sur sa route. Toutefois, elle peut prétendre, s’accorder quelques instants de répit et croire que tout ira pour le mieux. Elle relève la tête, dépose un baiser sur sa joue tout en serrant ses doigts entre les siens. « Merci Theo. Tu ne peux pas savoir à quel point j’avais besoin d’entendre ça. » Qu’importe qu’il mette son inquiétude sur l’accident de nouvel an, elle savait ses mots sincères et vrais peu importait les circonstances. « J’étais sérieuse quand je disais que je voulais qu’on passe une journée sans histoire tu sais.. Et c’est pas trop tard. » Qu’elle offre alors qu’elle tente de se reprendre – car elle voulait vraiment que Theodore ne profite un peu sans avoir à s’inquiéter constamment que leur crime ne soit découvert. Alors c’est par la main qu’elle l’attire pour une promenade qui n’a d’autre but que de le subtiliser quelques instants supplémentaires, marchant main dans la main à ses côtés avec cette certitude que rien ne viendrait l’atteindre.


Elle ne prête pas attention aux murmures, Ophelia, ni aux quelques regards qui se tournent soudainement vers elle. Elle est trop occupée à rire à cause d’un débat ridicule que Theodore et elle ont sur la prononciation d’un mot russe et qui est affreusement différente selon les versions offerts par chacun, le cœur léger par ce moment des plus simples partagé avec son meilleur ami. Pourtant elle entend son prénom, attention attirée par Caïn. Il lui suffit de croiser son regard pour comprendre que quelque chose ne va pas, journal qu’il lui tend et qu’elle saisit avec hâte. Sous ses yeux, son nom et celui des Eldwyn écrit en gras et en lettres capitales. Elle n’a pas besoin d’en lire plus pour comprendre que ses pires craintes se sont réalisées, que ce qu’ils avaient découvert quelques semaines plus tôt venait d’être dévoilé aux yeux du monde entier. Elle parcoure l’article rapidement, s’arrête sur le nom qui a signé l’article, colère flamboyante en réalisant qu’il ne lui était pas inconnu. Pourtant sa colère ne dure pas car elle réalise alors tout ce que cela impliquait. A nouveau, leur nom était sali, impliqué dans des malversations commises par un paternel qui ne lui aura jamais rien apporté de bon si ce n’est Leo. Elle comprend, Ophelia, que tous les efforts qu’elle a pu faire pour sembler être la parfaite sang-pur allaient être balayés d’un revers de la main par cet article, qu’alors, tout son avenir allait se retrouver chamboulé. Si elle ignore encore tout ce qui allait changer, elle sait en tout cas qu’elle allait devoir supporter les regards et le mépris dans les semaines à venir, que peut-être, tout ce qu’elle avait prévu pour cet avenir se dessinant devant elle n’allait pas se réaliser. Tout devient flou autour d’elle sans comprendre que c’est pas ce regard qui s’embrume. Elle ne peut plus respirer Ophelia, elle ne peut qu’avoir l’impression de suffoquer, de s’étouffer dans des informations et hypothèses qui mènent tous à cette même conclusion ; sa vie allait être irrémédiablement changée pour le pire, probablement. Un étau semble lui comprimer le cœur, l’organe qui s’affole sans comprendre quoi faire alors qu’elle reste figée, qu’elle refuse de relever les yeux des mots qui dansent sous ses yeux. Ses doigts serrent le papier, sa gorge se noue – et ce serait le pire endroit pour craquer, elle le sait, elle le sent aux regards posés sur elle pour certains et qui n’attendent sans doute que ça pour nourrir les ragots, pour la ternir un peu plus. Mais elle refuse Ophelia, n’offrira jamais cette joie à qui que ce soit et en même temps, elle ne sait pas comment faire pour ne pas s’effondrer, comment faire pour trouver la force de continuer sans céder sous le poids des différentes émotions qui s’agitent et menacent de l’emporter tout à fait. C’est la main de Theodore qu’elle sent sur la sienne qui la tire de ses pensées, qui l’oblige à détourner le regard et à tourner la tête vers lui. Elle aimerait parler, lui dire que ce n’était pas sa faute, qu’elle n’avait jamais rien fait, elle, sinon qu’être la fille jamais désirée de son père, elle aimerait dire qu’elle ne savait pas pourquoi c’était à elle de payer, pourquoi elle devrait supporter sa honte quand il n’avait jamais daigné lui offrir le moindre geste affectueux – plus que tout, elle aimerait hurler, hurler à tous qu’ils n’étaient qu’une bande d’hypocrites, que leurs parents ne valaient pas mieux sous prétexte qu’ils ne s’étaient pas encore fait prendre – aimerait hurler qu’un jour, c’est leur nom qu’elle exposera sans la moindre état d’âme, qu’alors, elle sera celle qui les regardera de haut. Mais elle ne fait rien, Ophelia. Elle se contente d’accrocher son regard à celui de Theodore, se contente de chercher en ses iris noisettes la force dont elle avait besoin pour ne pas s’effondrer et c’est grâce à lui qu’elle ne le fait pas, ce meilleur ami qui l’aide encore une fois à ne pas flancher. Puis, elle pense à son frère, cherche du regard son jumeau en ignorant les autres prunelles croisées. Aucun signe de Leo et ça l’inquiète car elle craint qu’il ne soit seul quand il apprendra et ça ne doit pas être le cas, elle se doit d’être présente. Alors la vipère souffle, prend sur elle et se tourne à nouveau vers le référent. « On en discutera plus tard, je dois trouver mon frère. » Sa main qu’elle serre malgré tout avant de se lever, déterminée à remuer tout le château pour retrouver sa moitié s’il le fallait. Elle n’accorde aucun regard aux autres, Ophelia, se contente de garder la tête haute alors qu’elle progresse dans la grande salle, bien décidée à ne pas leur donner la moindre miette dont ils pourraient se régaler. Progression qui lui paraissait impossible encore quelques secondes mais c’était Theodore qui le lui permettait, maintenant – ce qu’elle avait lu dans son regard, ce soutien qu’il lui offrait sans qu’elle ne demande quoi que ce soit, tant d’éléments qui lui permettaient de continuer à avancer même quand plus rien n’allait car elle pouvait encore compter sur lui, toujours.

Tout change pratiquement en un instant et Theodore le remarque pratiquement aussitôt. Les épaules de sa meilleure amie se tendent pour ne pas s'affaisser, tout ce qui existait avant ne l'était plus et il ne savait pas encore combien cette affirmation était vraie. Il les entend soudain les murmures, sans même avoir besoin de détourner le regard, il sent la multitude se poser à leur adresse, la sienne tout particulièrement et ses sourcils se froncent aussitôt. Theodore tend sa main en direction du premier journal à sa portée et pose ses yeux sur sa couverture, gros titre pour l'un des articles mis en avant mettant en valeur le nom de famille de ses meilleurs amis. Un sentiment désagréable lui secoue l'échine, comme l'impression d'être devant le fait accompli de quelque chose qu'il n'a pas vu venir mais qu'il aurait dû anticiper. Il y avait eu les signes, l'inquiétude des jumeaux et leur façon d'être ailleurs, cette conversation avec Ophelia sur un banc de la cour de métamorphose. Le sang-pur lui avait renouvelé sa fidélité mais il comprenait aujourd'hui en quoi cela avait été aussi important de le faire, d'où venaient ces insécurités qu'il avait senti tordre les entrailles de celle à qui il avait tenu la main et enlacé les doigts parce que c'était la chose à faire, parce que ça ne pourrait jamais être autrement. Son attention parcourt l'article et il remarque rapidement les mots clés qui en ressortent, le ton accusateur des mots qui condamnent toute une famille, une lignée, à l’opprobre et la possible exclusion future de leur nom parmi cette élite qui n'attendait pas un instant avant de les mépriser. Et il ne peut que remarquer que politiquement, les journaux ont de moins en moins peur pour salir le nom de ces familles associées au rang pur et ça l'inquiète autant que ça l'intrigue. A ce moment précis, l'effroi s’énonce et se ressent, Ophelia ne dit rien mais par ses yeux tempête posés sur elle, Theodore remarque aussitôt un voile détesté devant ses yeux. Sa main vient alors se poser au dessus de la sienne sous le bois de la table tandis que son regard pèse un moment sur elle. Il voudrait tant lui éviter cette épreuve, il voudrait la soulager et lui dire que tout irait bien, qu'il allait régler cela mais Theodore avait beau réfléchir, il ne voyait pas quelle solution mettre en place afin de lui éviter un tel tourment. Impuissant face à cette détresse qui l'envahissait et qui s'abattait sur eux deux, il a envie de tout annuler, revenir en arrière, créer un retourneur de temps et l'utiliser quitte à enfreindre la loi, aider les deux personnes les plus importantes de sa vie qui étaient ciblées et qui ne méritaient en aucun cas le mépris qui s'amenait. Et tout cela se lit dans son regard parce qu'il ne sait le dire à voix haute, il sait aussi que ça ne suffirait pas à l'aider qu'elle le sache, pour la première fois de sa vie Theodore ne savait pas quoi faire. Trop surpris, étourdi par la nouvelle, le sang-pur n'anticipe même pas encore à quel point ce moment est terriblement décisif pour les jumeaux et lorsqu'Ophelia se lève, son cœur se comprime à ce qu'il peut apercevoir dans son regard. Theodore acquiesce, la mâchoire serrée par la frustration qui l'emplit, dans cette envie si grande de la protéger mais de ne pas pouvoir le faire. Elle est forte Ophelia, si forte mais cette épreuve là n'était pas la plus facile à surmonter et il se demande déjà Theodore, comment ils allaient s'en sortir. Les cérulées se posent à son sujet en l'observant partir quand l'entente des murmures reprend de plus belle et il sent la colère monter, se retourne en direction de sa table en recherchant le premier regard coupable qu'il croiserait. « need any help ? » le ton est dur et aussi froid que son regard tandis que d'autres regards s'attardent à lui par son intervention. Il sent son pouls accéléré et son envie de tous les détester et leur faire comprendre son humeur et la pénitence qu'il aimerait leur infliger, mais il se retient, encore un peu, bien que pas tout à fait car de ses lèvres s'énonce ensuite « if anyone has something to say to her, you can come and see me first. » et qu'ils osent, Theodore n'attendait que ça, pouvoir défouler cette frustration et la colère qui était la sienne sur qui que ce soit pouvant remplacer temporairement l'injonction qu'il aimerait faire aux vrais auteurs de ce problème.

Il passe la journée à y penser et entendre les murmures se taire sur son passage, le serpent n'a d'ailleurs jamais autant détesté ce château et cette école qu'en ce jour. Ce n'est pourtant pas un soucis relatif à lui mais bien à ses meilleurs amis, néanmoins Theodore le prend personnellement. Il sait, le comprend au fur et à mesure de cette interminable journée, que tout s'apprête à changer. Et quelque part il en a peur lui aussi désormais, pas qu'il soit prêt à quitter leurs côtés, le sang-pur comprend que les dynamiques s'apprêtent à changer, que plus rien ne sera comme avant et ça l'agace, le frustre, l'énerve, c'était tout simplement injuste et il ne pouvait absolument rien faire pour palier à la situation. C'était aussi sans doute ce qui l'ennuyait le plus, il n'avait pas de solution, rien qu'il puisse apporter aux jumeaux afin de les soulager et diminuer l'impact du scandale. Il détestait cette situation, le père Burgess qui avait mis à mal sa famille de la façon la plus idiote possible, les journalistes ayant publié cet article sans le moindre respect pour les familles ciblées, cette élite et son fonctionnement qui ne tarderait pas à sévir en faveur de l'avis général. Une place laissée par une lignée était l'occasion de récupérer plus de pouvoir et d'influence pour d'autres et si l'élite se vantait d'une fidélité aux mœurs et au sang pur, il n'y avait rien de plus déloyal qu'eux, vautours assoiffés jamais rassasiés. Aujourd'hui, Theodore les méprisait plus que jamais et si sa lignée n'était pas impactée, quelque chose était désormais différent en lui, il y aurait un et un après à ce triste jour au sujet de ses convictions et prises de position, le Nott le sentait déjà en lui. Il ne croise pas les jumeaux du reste de la journée et ça l'inquiète, n'osant pas non plus les rechercher afin de leur laisser le temps qu'il fallait afin d'encaisser la chose ensemble, le serpent ne peut qu'être soulagé qu'ils se soient rabibochés il y a peu de temps afin d'affronter cela à deux. Alors il veille et hante exprès l'un des fauteuils près de l'entrée des dortoirs quand vient le soir et que son repas fut pris en compagnie de ses amis quand les jumeaux avaient encore brillé par leur absence. Incapable d'aller se coucher sans s'être au moins assuré qu'Ophelia ne rentre dormir dans leur salle commune ce soir ou ne lui adresse au moins quelques mots, ses entrailles se nouent d'appréhension comme rarement ça a pu être le cas à ce jour. Il ne pense qu'à eux, lorsqu'il relit l'article et balance ensuite le journal au feu, lorsqu'il tente de se concentrer sur quelques lignes d'un manuel, lorsqu'il plonge son regard dans le vide car rien n'arrive à assez l'occuper pour apaiser son esprit. Quand enfin Theodore aperçoit la silhouette de sa meilleure amie se détacher de l'ombre du fond de leur salle commune et avancer en sa direction, un soupir s'épuise sur ses lèvres et son attention lui est toute entière. Le serpent se lève, droit comme l'ancre sur laquelle il veut qu'elle s'appuie pour l'aider autant qu'il le peut, recherchant son regard afin de tenter de deviner quelles sont ses émotions, ses pensées, son degré de force à cet instant. Il l'accueillerait dans ses bras quoi qu'il arrive et à chaque instant mais tant de regards persistent à son adresse dans cette pièce et Theodore fait alors le choix d'attraper son manuel et de s'éclipser avant qu'elle n'arrive dans le couloir que la vipère s'apprêtait à emprunter. Dans le secret et la pénombre de ce dernier, il l'attend et ne tarde pas à l'attirer dans ses bras dès lors qu'elle dépasse la porte à son tour et qu'ils sont à présent plus qu'à deux. Ils vacillent, de deux pas en arrière, ses bras qui se resserrent autour d'elle dans une intensité sécurisante et d'un soutien immense, son visage se nichant contre ses cheveux en expirant un soupir qui part d'un cœur angoissé et s'expire maintenant qu'il est un minimum comblé de la retrouver. Il a envie de tant Theodore, de l'aider, de la soutenir dans n'importe quelle voie, de savoir comment elle va, de la serrer dans ses bras à jamais afin de lui épargner tout ce qui s'annonçait. Et pourtant il se tait, laisse ce moment au silence et à la fidélité de leur amitié. I'm here, ne fait que s'exclamer son cœur, pour toujours et à jamais, à jamais.

Elle a passé la journée à voguer d’entretien en entretien sans jamais laisser apercevoir la peine qui gangrenait son cœur depuis l’arrivée des journaux le matin même, gardant la tête haute en dépit des questions et des hypothèses concernant la suite des évènements. Leo avait été à ses côtés tout le long et c’était sans doute pour cette raison qu’elle ne s’était pas tout à fait effondrer. Malgré ce qu’avait voulu assurer le directeur du château, rien ne s’arrangerait, elle en était intimement convaincue. Cela ne pouvait pas être le cas quand son nom était écrit en gras et en majuscules sur la une de tous les journaux sorciers. Tout allait être bousculé par l’article écrit, le nom de la Yaxley qu’elle avait repéré comme étant à la source de tout, sorcière qu’elle rêvait déjà de confronter sans se soucier de ce qu’ils avaient pu vivre ensemble par le passé, sans se soucier des relations de sa famille. Elle paiera, tout comme son propre père paiera, elle s’en faisait la promesse silencieuse alors qu’elle écoutait la voix monotone de son directeur de maison. Ils étaient là tous les trois, à faire le point avec Leo et elle comme s’ils n’étaient pas au courant. Ophelia restait silencieuse, ne faisant que sentir sa colère grandir en croisant le regard désolé du professeur Flitwick et elle déteste ça, peut-être plus encore que le mépris. Elle comprend alors qu’il n’y aura que ça désormais, que ceux qui la méprisent d’un côté et de l’autre, ceux qui les prendront en pitié, ce qui ne fait que nourrir ses envies de vengeance. Qu’importe le temps que ça prendra mais elle aura sa vengeance, prête à s’en prendre à quiconque aurait le malheur d’oser ne serait-ce que lancer un regard mauvais à son frère. Quand enfin on les laisse repartir, Ophelia laisse un soupir de soulagement lui échapper. Elle ignore l’heure qu’il est mais n’a pas l’intention de manger, appétit coupé par tout ce qui n’avait de cesse de se percuter dans son esprit. Une étreinte avec son frère lui permet de trouver la force nécessaire à retrouver sa salle commune, consciente des regards que certains lui lanceront probablement. Quand elle y pénètre, son regard balaie la pièce, ignorant volontairement les sorciers qui ne l’intéressaient pas. Enfin elle aperçoit Theodore, soulagée de retrouver son meilleur ami mais il y a trop de monde, trop d’iris scrutant le moindre de ses gestes et elle n’avait pas envie que sa réputation ne l’entache alors elle tourne les talons pour rejoindre le couloir supposé la mener vers son dortoir. Des mains la rattrapent, l’attirent contre un torse qu’elle reconnaît aisément quand son parfum vient la heurter et elle se détend aussitôt Ophelia, consciente alors que rien ne pouvait lui arriver à ce moment-là. Naturellement, ses bras entourent le corps de son meilleur ami, paupières qui se ferment alors qu’elle a l’impression de pouvoir enfin lâcher du lest pour la première fois depuis que tout était arrivé. Theodore était là, toujours, fidèle à cette promesse faite de ne jamais la quitter et elle ne peut qu’en être soulagée, cœur un peu apaisé de pouvoir s’appuyer sur lui comme elle l’a déjà tant fait. Ses mains s’agrippent à sa veste et elle ignore combien de temps elle reste blottie contre lui, à simplement retrouver un peu de sa force pour tenir encore. Quand elle s’écarte un peu, sa gorge est nouée, regard qu’elle relève à l’attention du référent. « Je te rejoins après. » Elle n’a pas besoin de préciser sa pensée la vipère, habitude qu’ils avaient tous les deux quand l’un d’entre eux n’allait pas – mais également quand ils en avaient simplement l’envie aussi. Elle lui adresse un faible sourire avant de s’éloigner pour retrouver son dortoir. Elle y récupère ses affaires avant de retrouver la salle de bain. C’est une fois sous l’eau brûlante de la douche qu’elle s’effondre, sanglots qu’elle avait retenu toute la journée et qui dévalent de ses lèvres pour se mourir contre les parois qui l’entourent, se noyant dans l’eau qui recouvre son corps. Elle tente pourtant de les étouffer Ophelia mais elle n’y arrive pas, pas après avoir passé la journée à prétendre que rien ne l’atteignait. Elle avait besoin de relâcher cette pression qui s’était accumulée, tout ce qu’elle avait réussi à retenir alors qu’elle n’avait eu que l’envie d’exploser à de nombreuses occasions. La sang-pur y passe de longues minutes à expier le chagrin qui avait menacé de l’envahir, profitant de la solitude offerte par la douche en cette heure tardive.

Quand elle en ressort, elle se sent vidée, exténuée, mais a l’impression que rien n’a véritablement changé, qu’elle n’a pas été vraiment soulagée. C’est naturellement qu’elle se faufile dans le dortoir de Theodore, vieille habitude entourée de prudence car elle sait à quel point être trouvée ici ne ferait qu’empirer la situation. Son meilleur ami est déjà là et l’attend et elle ne perd pas de temps avant de venir se blottir contre lui Ophelia, glissant un bras sur son torse. « I’m okay, don’t worry about me. » murmure-t-elle contre son oreille avant de déposer un baiser sur sa joue. Elle ne l’était pas, évidemment, mais elle n’avait pas envie de l’inquiéter plus que ça car elle savait déjà qu’il le ferait naturellement, qu’il veillait toujours sur elle depuis des années déjà. Sa main qui retrouve la sienne, entrelaçant leurs doigts alors qu’elle ferme les yeux. Elle ne trouve pas le sommeil la vipère, pas tout de suite en tout cas, mais elle arrive déjà à faire le vide et c’est plus que ce qu’elle aurait pu espérer. Elle arrête de réfléchir encore et encore, arrête de se torturer avec de trop nombreuses hypothèses concernant son avenir plus incertain que jamais. Ici, elle est à l’abri, blottie contre Theodore, entourée par ses bras, auprès de ce cœur qui la connaissait mieux que quiconque. Et quand elle finit par s’endormir, elle sait que ce n’est que grâce à lui, grâce à sa présence et à ce qu’il lui apportait chaque jour, ce meilleur ami sans lequel elle n’aurait jamais pu tenir, elle le savait.


« Joyeux anniversaire ! » Mots lancés avec entrain alors qu’elle révèle au serpent le coin aménagé tout en haut de la tour d’astronomie. Ce n’était pas grand-chose, finalement. Une couverture installée, quelques bocaux pour les réchauffer et les éclairer, de quoi grignoter et boire pour profiter d’un moment loin de tous. Si elle avait tout préparé pour Theodore, Ophelia devait avouer que cet instant qu’ils partageront lui fera autant de bien qu’à lui, peut-être même plus. Car alors il n’y avait pas d’autre regard que celui du Nott, qu’ils ne seront pas interrompus, qu’ils pourront profiter en étant eux et rien de plus. « Je t’ai prévu une part de gâteau – bon, d’accord, une part de tarte à la mélasse car je te connais assez pour savoir qu’aucune autre pâtisserie ne trouverait grâce à tes yeux – mais je voulais te donner ton cadeau d’abord. » Son cœur s’emballe d’une certaine nervosité alors qu’elle lui donne le paquet de forme rectangulaire. Elle ignorait si ça allait lui plaire, craignant soudainement que peut-être, ce n’était pas le plus adéquat des cadeaux alors même que lorsque l’idée lui était venue, elle s’était convaincue qu’il l’apprécierait. Elle avait mis du temps à le faire réaliser Ophelia, déjà parce qu’il avait fallu trouver un artiste digne de ce nom capable de réaliser un tableau qui rendrait justice à ce qu’elle voulait pour son meilleur ami. Entre ses mains il y avait une miniature du tableau qu’elle avait fait livrer chez lui. Il pourra y voir une peinture le représentant à l’âge qu’il a actuellement aux côtés de sa mère, réalisation possible grâce à deux photos proposées au peintre. Elle avait peiné à en trouvé une de la mère du sorcier Ophelia mais elle avait fouiné pendant des jours avant de trouver une photo de groupe d’une vieille réception de sang-purs qui, elle l’avait espéré, suffirait. Elle avait du vendre sa plus belle robe et quelques bijoux légués par sa mère pour avoir assez de gallions afin de payer l’artiste mais si ça plaisait à Theodore, alors ce serait suffisant. « Ce n’est qu’une miniature. L’originale sera livrée chez toi demain matin. » précise-t-elle. Son regard se relève vers lui et elle se mord l’intérieur de la joue car elle craint d’être peut-être partie vers un cadeau qui le bouleverserait trop. « Je – si c’est trop je peux toujours tout récupérer et te trouver autre chose, j’aurais du te demander ton avis avant de faire ça. » Elle n’est plus sûre de rien Ophelia et elle ne sait pas si c’est à cause de ses nerfs trop souvent mis à vif ces derniers temps ou si ce n’est que le résultat de ce cadeau si différent de ce qu’elle lui offrait habituellement. Seulement Theodore méritait le meilleur et surtout, il méritait de vivre en paix avec certains aspects de sa famille, et si ce tableau n’allait pas tout résoudre, il pouvait au moins le pousser à emprunter un pas vers cette direction.

Un sourire fend ses lèvres au moment d'arriver sur les lieux, sa main enlaçant celle de sa meilleure amie, les iris bleues ont du mal à quitter son visage pour observer ce qu'il y a autour d'eux. Parce que c'est elle la source de son sentiment heureux de l'instant partagé, elle qui le fait sourire ainsi alors que Theodore sait que ce n'est pas le mois le plus simple pour elle. Si il s'était montré soutien infaillible pour la vipère depuis des jours, il n'avait malheureusement pas l'impression que c'était assez. Rien ne l'était pour soulager sa peine et sa frustration et il le sentait bien, impuissant face à tout cela et frustré de l'être, il tentait alors au mieux d'être là pour elle lorsqu'Ophelia en avait besoin, que ce soit en des regards appuyés ou mains enlacées, de jour comme de nuit, il était là et le serait encore et encore. Et son regard finit par admirer tout ce que la sorcière lui avait préparé, par ce coin confortablement aménagé et puis une part de tarte à la mélasse éveillant aussitôt son appétit. Il eut un léger rire à sa remarque en admettant « il se pourrait que ce soit vrai. » tout à fait humble face à cette presque-addiction qu'il portait envers cette recette si bien cuisinée au château, il fut curieux mais aussi raisonnable en sachant qu'Ophelia lui avait trouvé un cadeau. « tu n'étais pas obligée. » surtout pas lorsqu'elle devait déjà avoir mille choses à penser ces derniers temps ni surtout la tête à cela, Theodore attrapa tout de même le paquet et glissa ses doigts sur sa forme rectangulaire afin d'en deviner le sujet emballé. Le serpent n'ouvrait que peu de cadeaux depuis des années, noël et son anniversaire avaient perdu toute saveur avant son amitié avec Ophelia. Lorsqu'il déballa le papier cadeau, il ne réalisa pas tout de suite – ou du moins son cœur mis bien plus de temps que son esprit à comprendre – observant les traits du tendre visage de sa mère peints, si bien qu'il ne jeta qu'un bref regard aux siens. Il y avait l'élégance qu'il lui avait toujours connu et sa douceur éternelle, si douce à son cœur qu'il sembla enfin s'éveiller dans un aussi précieux sentiment, comme la tendresse d'une caresse sur sa joue, d'un baiser sur le haut de ses cheveux. Il revoit son sourire et il sent un chaud sentiment l'étreindre, l'enlacer comme sa mère le faisait à l'époque alors où elle le pouvait. Et de l'observer debout à ses côtés lui offre une émotion tendre comme peu il était capable d'en ressentir depuis ces dernières années, Theodore n'avait pas réalisé qu'à ce temps présent il la dépassait par sa taille. Et il aimerait tant l'enlacer si il en avait encore le pouvoir. Le regard rivé sur elle, il ne réalise pas qu'il s'est un peu humidifié, ne revient au présent que lorsque Ophelia lui précise qu'il s'agit d'une miniature d'une œuvre livrée chez lui le lendemain. Elle s'excuse, est confuse quand lui se sent étreint d'un sentiment aussi apaisant que nostalgique dans ce silence qui s'est installé à mesure de son admiration pour la beauté de sa mère et la force qu'elle réussissait à lui transmettre par sa simple image. Elle lui manquait terriblement. « c'est parfait Ophelia. » et sa voix avait ce quelque chose d'un peu cassé témoignant de son émotion. « Elle est si belle, j'aurais aimé qu'elle te connaisse. » et quelque part il espérait que ce soit le cas, qu'elle soit témoin de tout ce qu'Ophelia apportait à sa vie, il aimerait qu'elle sache qu'il retrouvait un peu d'elle dans sa meilleure amie, par sa force redoutable, sa beauté pure, ses convictions affirmées et si justes. Sa main se déplace afin de saisir celle de sa meilleure amie pour lier la chaleur de sa paume à la sienne. « t'es incroyable. » cette fois, son regard s'était relevé au sien et il la contemplait avec la même admiration qu'il avait éprouvé envers la figure maternelle peinte entre ses doigts. Ophelia avait fait plus que lui donner un simple cadeau d'anniversaire, elle venait de lui offrir l'image qu'un fils avait toujours désiré avoir auprès de lui, celle d'une mère auprès de lui sans avoir été abîmée par la vie, la projection de ce qu'il ressentait en étant parfois convaincu qu'elle vivait toujours d'une certaine façon près de lui. « j'aime le fait qu'elle soit peinte debout près de moi, c'est exactement comme ça que je me la représente encore aujourd'hui. » et Ophelia comprendrait sans doute ce qu'il voulait dire, portraits des femmes dans l'élite sang-pure qui n'étaient parfois même pas affichées ou l'étaient de façon abaissées, souvent assises et la main de leur mari posée sur les épaules. C'était comme découvrir sa mère sous un nouveau jour, nouvelle image remplaçant la toute dernière qu'il possédait d'elle avant qu'elle n'expire son dernier souffle, Theodore inspire douloureusement avant d'expirer ce trop plein lié à son deuil jamais entièrement fait. Son pouce caresse distraitement la joue de sa mère avant qu'il ne regarde Ophelia à nouveau et ne délie sa main de la sienne, la glissant sur sa joue puis jusqu'à sa nuque, Theo l'approche de lui pour lui déposer sur ses lèvres la spontanéité d'un baiser appuyé en tendre affection et remerciement. Collant son front au sien pendant quelques secondes lorsqu'il se détache, il esquisse un « Merci. » sincère, qui ne parvient pas même être à la hauteur de ce qu'il ressentait. Merci pour ce cadeau incroyable, merci pour son amitié inestimable et surtout pour qui elle était.

Ophelia lui offrait sans le moindre doute le plus beau cadeau d'anniversaire qu'il n'ait jamais reçu et si il ne savait pas très bien comment agir afin de lui montrer combien il lui plaisait, Theo décidait de seulement laisser parler son affection et sa reconnaissance à travers ses gestes et quelques mots qu'il sut lui délivrer. Il était touché par l'attention, par la pensée si juste de sa meilleure amie pour lui et le souvenir de sa mère, pour son futur et ce qu'elle lui offrait, la possibilité de se sentir à l'aise dans son manoir, autrement, commencer à fonder de nouveaux souvenirs, un foyer. Car il était vrai que le sang-pur n'avait pas réussi à s'engager dans cette voie-là encore, il était trop tôt, il souffrait encore des années de tourmente dans lesquelles son père l'avait mis et ce souvenir ne disparaîtrait pas du jour au lendemain. Toutefois, il avait le droit à une seconde chance, une nouvelle étape dans sa vie et son histoire et si sa mère n'était pas là, elle le serait d'une certaine façon avec ce tableau, avec son souvenir à elle qui surpasserait tous les autres. En s'allongeant près de sa meilleure amie, Theodore passe son bras autour de ses épaules et la laisse se lover contre son épaule dans un sourire distrait. Il le se sentait bien à ce moment, à observer les étoiles et passer le meilleur anniversaire avec elle, lâchant un bref rire à sa remarque taquine. « Elles savent tout. » les astres l'observaient toutes les nuits rester les yeux ouverts et craindre parfois même de trouver le sommeil, étoiles l'ayant couvé de nombreuses fois au fil des années lorsque le repos ne voulait pas le trouver, ni même l'apaisement. Il s'habituait tout juste à trouver un sommeil convenable ces derniers temps, mais Theodore avait toujours eu confiance dans les étoiles et cette lueur nocturne caressant son visage. La nuit était plus calme, plus douce pour son âme et ce soir participait à son apaisement. Seulement son sourire s'efface au moment où son regard se pose sur la marque brune qu'il remarque sur la peau de sa meilleure-amie et ses sourcils se froncent. Ses mots ne sonnent pas correctement à ses oreilles tandis que Theodore se redresse alors aussitôt sur ses coudes, attirant sa main par la sienne et décalant son bracelet à nouveau. Comme l'impression qu'un seau d'eau froide venait de se déverser sur lui, ce qu'il voit l'effraie, parce que c'est une marque subie par une violence qu'il avait déjà connu sur sa propre peau mais avant tout vu sur celle de sa mère, parce qu'il ne sait rien, n'a aucune idée de ce qui a pu arriver à Ophelia et surtout qui en tenir coupable. « Qui t'a fait ça ? » sa voix est grave, Theodore a perdu tout calme et sentiment de légerté, comment avait-elle pu lui cacher cela, rester muette à ce sujet sans lui en faire part ? Et il n'a guère longtemps à attendre avant d'apprendre que c'est son père qui est l'auteur de cette marque, information qui ne fait qu'empirer l'effroi qui s'emparait de lui. « Ton père ?! » depuis quand était-elle en contact avec lui et pourquoi lui avait-il fait cela ? De nombreuses questions se bousculaient tandis que ses doigts se crispèrent sur sa main et lorsqu'il se rendit compte, Theo les éloigna pour ne pas lui faire peur, pour ne pas lui transmettre ce qu'il ressentait. « Que s'est-il passé ? Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? Pourquoi t'a-t'il fait du mal ? » ses craintes se multipliaient, il s'était rassis à présent et son cœur battait plus vite, le ton était dur, envers cet homme et la situation, parce qu'il regrettait ne pas avoir pu être présent, parce qu'il craignait à présent toutes représailles futures. « J'aurais dû être là Ophelia. » et il ancrait son regard au sien d'un air courroucé et inquiet, finissant par attraper sa main pour ensuite passer ses doigts sur sa marque comme dans l'envie de la lui effacer, la soulager, lui prendre cette douleur qu'elle avait pu ressentir et la faire sienne. Car il pourrait tout endurer pour elle, il le ferait si il le pouvait, en toutes circonstances et il refusait qu'Ophelia ne vive un centième que ce que sa mère avait pu vivre, même s'il s'agissait de son père. Personne n'avait le droit de porter sa main à l'adresse de sa meilleure amie qui vivait déjà bien trop de choses en ce moment pour en plus subir un courroux non désiré de la part de son géniteur.

Plus Ophelia lui révèle comment s'étaient déroulées les choses, moins Theodore est confiant. Parce qu'une rencontre avec son père ne lui disait rien qui vaille, surtout pas en ces temps si compliqués pour les jumeaux. Ils étaient dans la difficulté par sa seule faute, c'était leur avenir qui se jouait à cause d'un seul et même homme. Celui que Theodore n'arrivait plus à respecter d'une quelconque façon si ce n'est pour la seule raison qu'il n'avait au moins pas levé la main sur ses enfants lorsqu'ils étaient plus jeunes. Retrouver donc des traces rougies au niveau des poignets de sa meilleure amie lui fait perdre son tempérament, sa volonté de retenir tout commentaire ou geste envers cet homme qui ne méritait plus un seul mot ou une seule attention de ses enfants. Et il écoute patiemment le récit d'Ophelia tout en gardant ce contact entre eux de caresses légères l'encourageant à libérer sa parole, à ne pas avoir peur en sa présence. Forcément sa colère s'éveille et gronde en lui en entendant le plan que cet homme avait vis à vis des jumeaux, en découvrant comment il avait tenté de manipuler Ophelia et une grimace de dégoût s'affiche sur ses traits quelques instants. Il perdait peu à peu foi en ces figures d'autorité, surtout celles paternelles qui ne cessaient de les décevoir encore et encore. Finirait-il comme l'un d'entre eux une fois qu'il aurait leur âge et responsabilités ? C'était l'une des craintes de Theo d'oublier ce qui le révoltait aujourd'hui, de devenir comme eux, comme son propre père. « il ne peut pas être sérieux.. » il ne fallait vraiment pas connaître sa fille, ses enfants, pour imaginer qu'ils puissent se trahir de la sorte, le serpent lui-même savait qu'il en était impossible malgré des années de difficultés entre eux. Leurs doigts enlacés, ses caresses au dessus de sa main se stoppent au moment où elle exprime que son père ne doit pas être habitué à ce qu'une sorcière lui tienne tête. Ses épaules se crispent, sa mâchoire se contracte et ses yeux se ferment en bougeant la tête de droite à gauche, si il ne bougeait pas plus ce n'était que pour se retenir de prendre aussitôt un portoloin pour faire regretter son geste à cet homme. Personne ne devrait s'octroyer le droit de lever sa main sur sa meilleure amie. Et ça le révolte, parce qu'il s'agit d'une violence qu'il ne supporte pas et qu'il haït d'autant plus puisqu'il s'agit d'elle. Alors ses doigts se pressent aux siens. « Non ce n'est pas rien. » glisse t'il entre ses dents, regardant ailleurs pour tenter de garder son calme. Mais tout ce qu'il pouvait imaginer en fermant les yeux c'était la scène du paternel Burgess levant sa main sur sa fille. « il n'a aucun droit sur toi, surtout pas celui de la violence. » et il inspire profondément mais c'est compliqué, l'émotion le tourmente dans son thorax, comme si il réalisait avec le retard d'un jour que ça aurait pu finir de façon bien pire, que sans le savoir il aurait pu la perdre si cet homme avait été un peu plus violent ou déterminé. « pourquoi tu ne m'as pas demandé de t'accompagner ? c'est sérieux Ophelia, tu le sais que ça l'est, tu es libre de tes gestes mais tu te dois de veiller à ta protection aussi. » le ton était un peu plus dur, les bleues tempête glissant sur l'horizon qu'il refusa de contempler parce que la seule qui comptait c'était elle, elle à qui son attention revient avant de regarder ses blessures et d'y passer à nouveau son pouce d'un geste tendre. « les hommes comme lui n'abandonnent jamais et ça aussi tu le sais. » assez pour en avoir encore peur et il le savait Theo, qu'Ophelia se doutait que ce n'était peut-être pas terminé comme elle semblait vouloir lui faire croire. Seulement ils avaient bien trop attesté la détermination des hommes sang-purs à obtenir ce qu'ils désirent pour se laisser bercer par un mensonge tel que celui-ci. « préviens-nous, ou juste parle moi si ça arrive à nouveau. Et pas juste le lendemain quand le mal a été fait. » le reproche était présent mais la peur qu'il ne lui soit arrivé quelque chose de plus grave persistait sous-jacent derrière sa demande. « je ne pourrais pas le supporter qu'il t'arrive quoique ce soit Ophelia. » et c'était une vérité qui le tenait parfois éveillé la nuit quand il s'inquiétait pour elle, qui occuperait un peu plus encore ses pensées maintenant qu'il savait ce qu'il s'était produit entre elle et son père. « Leo le sait ? » il n'imaginait pas comment son meilleur ami avait pu réagir face à cette nouvelle et si il en avait pas encore entendu les échos, alors Theodore était prêt à parier qu'elle le lui avait caché à lui aussi. Et d'une certaine façon, il comprenait, mais sa si haute affection pour Ophelia le menait à vouloir la protéger contre tout et surtout le pire, à s'inquiéter pour elle et ne vouloir que son bien, surtout quand elle expérimentait ce qu'il y avait de pire chez l'homme et il lui fallait lui même faire un effort surhumain pour ne pas éclater de colère envers lui à ce moment.

Il parvient à la comprendre, difficilement, mais il y arrive. Parce que lui-même avait cru pouvoir sauver sa situation avec son père durant des années, s'était laissé enchaîner par des illusions qui n'avaient finies qu'être que plus destructrices, il la comprend aussi parce qu'il sait qu'elle a le cœur bien placé. C'est l'une des choses qu'il a toujours admiré chez sa meilleure amie. Elle était bien meilleure que lui, que bien d'autres d'ailleurs et personne ne saurait le convaincre du contraire. C'est pourquoi une réelle frustration agite son cœur déjà inquiet à son sujet, de ne pas avoir été là pour empêcher ses traces de teinter sa peau de la plus injuste des raisons et façons, il aurait dû être à sa place et parer le coup, il aurait dû empêcher toute violence à son égard, quelle qu'elle soit. Attristé parce qu'il sait qu'elle réalise d'autant plus combien les choses sont vouées à ne probablement jamais se régler entre elle et son père, il sait ce que c'est de faire le deuil de ses propres parents, qu'ils soient vivants ou non. Et aurait tant aimé que Ophelia n'ait pas à le vivre. Si ça ne tenait qu'à lui, il passerait son temps à la garder en sécurité quelque part, comme ce conte que lui racontait sa mère lorsqu'il était enfant sur une jolie danseuse dissimulée au sein d'une boîte à musique. Mais Ophelia méritait tout et surtout sa liberté, quitte à se confronter aux dangers du monde. Ses doigts se resserrent aux siens par soutien et compréhension lorsqu'elle lui évoque la possible réaction de Leo, il acquiesce Theodore, il savait qu'elle avait raison. Les choses avaient beau avoir été compliquées entre eux, les jumeaux s'aimaient d'un amour pur et inconditionnel et ça aussi, il le savait, en avait été le premier témoin depuis des années maintenant. Il était si soulagé qu'ils se soient retrouvés. De toute son attention, le serpent se concentre sur Ophelia et plonge son regard dans le sien lorsqu'elle semble si troublée que cela lui resserre le cœur, au fond, il avait tout simplement peur pour celle qui avait tant d'importance dans sa vie. Les bras de sa meilleure amie viennent l'enlacer et les siens l'entourent aussitôt pour la laisser se blottir contre lui, lui apporter ce soutien et assurance physique qu'il serait toujours là pour elle. C'était une promesse qu'il s'était faite depuis des années maintenant et dont il ne comptait jamais se libérer, il l'enlace aussi fort et longtemps qu'elle en a besoin et lui aussi. Un baiser déposé sur le haut de ses cheveux peu avant qu'elle ne relève les yeux vers lui. Elle était si belle. « t'as absolument rien gâché Ophe. » le ton s'était fait plus doux tandis qu'il acceptait évidemment de clore le sujet, la soulager de cette peine qui lui resterait pourtant en tête jusqu'à être sûr et certain que ce père là soit entravé de tous gestes envers ses progénitures mille fois meilleures que lui. « il faudra que tu me racontes comment tu réussis à convaincre les elfes de faire ces tartes sur leur temps libre. » lui glissa ensuite Theo dans le but de divertir leurs pensées, bras continuant de l'enlacer, il ne la lâcherait pas pour le reste de cette douce soirée qu'elle lui avait préparé, il ne la lâcherait jamais de toute leur vie. Il lui était dévoué en une multitude de façons et le sang-pur espérait sincèrement qu'elle le sache.