C’était un weekend calme. Alors que tous ses camarades s’attelaient à leurs devoirs pour ne pas avoir à les faire à la dernière minute, Alex avait déjà terminé tout ce qu’on leur avait assigné. Ce n’était pas rare pour l’aiglonne de prendre de l’avance, au contraire. Elle profitait donc du reste de son après-midi pour changer d’air, malgré le froid de l’hiver écossais encore bien présent. Les rayons du soleil avaient tout de même pointés le bout de leur nez, rendant cette balade d’autant plus appréciable. Le lac avait déjà dégelé et le soleil scintillait contre les vaguelettes causé par le calmar géant et autres créatures aquatiques vivant près du château.

Sa promenade paisible fut pourtant interrompu plus tôt que prévu lorsqu’elle entendit les jurons provenant du bord du lac. Alexandra ne reconnut pas la voix qui pestait immédiatement, mais sa détresse évidente attira la jeune fille. Malgré ses envies de solitude et de calme, elle ne pouvait pas ignorer  une camarades qui avaient des ennuis et elle accouru en directions du bruit. Le sol boueux près de la rive l’empêchait de marcher aussi facilement qu’elle l’aurait voulu, mais elle arriva finalement juste à temps pour voir Amaryllis se faire traîner vers les profondeurs du lac par un strangulot contrarié. Résistant autant qu’elle le pouvait à l’attaque de la créature aquatique, il était clair que le sol glissant et marécageux n’était pas en la faveur de la blairelle. Alex sorti sa baguette immédiatement. Encore éloignée de plusieurs mètres, elle n’était pas sûre qu’Amaryllis l’ait encore remarquée. Cette dernière se débattait autant que possible pour ne pas s’empêtrer dans le sol et se faire traîner dans l’eau glacée et noire du lac. L’aiglonne voulait lancer un sort, mais les deux créatures se débattait trop – l’une décidé à ramener un trophée dans le fond de l’étendue glaciale, l’autre plutôt enclin à rester sur la terre ferme. Leur lutte était trop serrée, et lancer un sort sur le strangulot était trop risqué pour Amaryllis. La scène ne dura qu’une poignée de secondes mais Alex savait que, si elle hésitait trop, Amaryllis pouvait facilement glisser dans ce terrain boueux et perdre son avantage. Il fallait qu’elle agisse vite, qu’elle fasse quelque chose pour empêcher la jaune et noir de perdre son équilibre.

« Eh le moche ! T’en prends pas à mon amie. » Les mots étaient sorties de la bouche d’Alex sans qu’elle ai eu le temps de réfléchir, et elle s’immobilisa pendant une ou deux secondes, elle-même surprise de son courage. Ou de sa stupidité, elle le saurait bien assez tôt. Alexandra n’était pas sûre de savoir pourquoi elle avait dit ça, c’était très différent de ce qu’elle avait pour habitude de faire. Après tout, Amaryllis et elle ne se connaissaient pas tant que ça. Elle s’était croisées à plusieurs reprises, et l’aiglonne n’abhorrait pas sa compagnie, ce qui était déjà un petit miracle en soit. Mais de là à se mettre en danger pour elle, cela était nouveau. Peut-être Alex était-elle vraiment en train de changer, de s’ouvrir aux autres ? Alors que toutes ces questions s’amassaient dans la tête de la jeune fille, Amaryllis et le strangulot cessèrent de lutter pendant un moment. Elle n’était plus qu’à quelques mètres d’eux à présent, et la créature aux aspect démoniaques se tourna vers elle immédiatement. Son attention dévié de sa proix, Alex continua de gesticuler pour attirer son attention, espérant que cela donne assez de temps à sa camarade pour le pétrifier.

C’était avec un immense soulagement qu’Alex vit le strangulot délier son emprise de la cheville d’Amrayllis empêtrée dans la boue. Les cris de la Poufsouffle s’atténuèrent avant qu’elle n’insulte la créature aquatique une dernière fois, puis celle-ci disparut dans les profondeurs sombres du lac. Les remous s’apaisèrent à leur tour, laissant les deux jeunes filles dans un silence lourd. Le cœur encore battant, la peur de voir sa camarade traînée dans l’eau glacée se calmait peu à peu. Elle n’avait eu aucune envie de devoir y plonger à son tour pour la sauver des griffes du strangulot, la température encore négative en ce mois de janvier n’y était pas favorable.
La Slughorn quant à elle ne semblait pas si chamboulée par cette courte aventure. Elle accourut vers l’aiglonne en la dévisageant, probablement surprise de l’avoir entendue crier sur la bête qui l’avait attaquée. Alex elle-même ne se serait pas cru capable d’intervenir dans cette situation avec autant de spontanéité et d’assurance. Malheureusement sa timidité reprit le dessus immédiatement et ses joues rougies alors que la jaune et noir s’exclama. Elle attrapa le visage de la jeune fille, ses joues rondes et écarlates devenues moites dû au mains d’Amaryllis, humides par la vase et sa lutte avec le strangulot. Le flot de paroles qui s’échappait de sa bouche ne laissa pas le temps à la jeune fille de lui répondre. Lui attrapant la main et la traînant jusqu’à ses affaires, Amaryllis se justifiait de ne pas avoir eu sa baguette sur elle pour se défendre, bien qu’Alex n’en avait pas beaucoup à faire. Du moment que sa camarade était saine ou sauve, elle s’en fichait. Les accidents arrivaient, mais elle avait l’intime conviction qu’Amaryllis réussissait à trouver des ennuis plus facilement que d’autres. En comparaison à l’aiglonne, elle était impulsive, tête en l’air. Elle n’aurait pas pu trouver quelqu’un qui lui ressemblait moins.
Du revers de sa manche, la bleu et bronze essuya son visage sali par les mains de la Poufsouffle, même si cette dernière ne semblait pas du tout avoir remarqué. Fouillant dans ses affaires, elle se sécha en une seconde une fois sa baguette récupérée. Elle ne semblait toujours pas affectée par ce qu’il venait de se passer, même à présent que l’adrénaline avait décrut. Alex, quant à elle, voulait surtout s’assurer qu’elle n’était pas blessé, même de manière superficielle. Elle s’assit auprès de sa camarade, voulait lui dire de lui montrer sa cheville mais il était impossible pour elle d’ouvrir la bouche tant Amaryllis était bavarde et inattentive. Elle dégaina son appareil photo plus vite que l’éclair. Alexandra fronça des sourcils et regarda son amie d’un air sévère au même moment où l’appareil émit un flash assez éblouissant pour effrayer toutes les créatures vivant dans le lac. En vérité la situation était comique, et l’idée que cet instant soit immortalisé pour toujours dessina un sourire sur les lèvres de l’aiglonne, qui ne pu retenir un petit rire qui fit écho tout autour d’elles.
Personne n’avait prit Alexandra en photo à Poudlard avant. Chez elle, parfois, elle pouvait retrouver quelques portraits, mais elle était habituellement trop discrète pour que qui que ce soit prenne la peine de l’inclure. Cela ne la dérangeait pas tant que ça, mais de savoir qu’elle allait à présent se retrouver dans le carnet de la Poufsouffle lui faisait tout bizarre. « Tu me développera une copie ? » demanda-t-elle timidement. « Je n’ai aucune photo de moi ici. » Elle passa sa main dans ses cheveux alourdis par l’humidité ambiante. Un sentiment d’embarras se prit d’elle – qu’il était ridicule de ne pas avoir prit le temps de prendre une seule photo durant ces quatre années à Poudlard, alors qu’Amaryllis en avait probablement des centaines ! L’inquiétude que sa camarade la trouve étrange ou stupide était plus forte que son bon sens. La jaune et noir était une personne si bienveillante – du moins c’est ce qu’Alex avait remarqué chez elle – et bien qu’elles soient très différentes toutes les deux, elle ne l’imaginait pas avoir beaucoup d’idées préconçues sur Alex. Et pourtant, cela n’empêchait pas la cadette de se sentir jugée.