Il n'avait eu aucune envie de se rendre à cet entretien, Caïn, parce que même si les stages des huitièmes années approchaient à grand pas, il faisait partie de ces étudiants perdus à l'avenir complètement flou. Il avait eu des rêves, bien sûr, tous aussi grandioses que les autres et beaucoup impliquant sa passion pour le ciel et les étoiles mais le gamin avait vite déchanté en réalisant que son futur ne pourrait jamais ressembler à ça. Des responsabilités gagnées en même temps que le titre d'héritier, de celles qu'il avait finalement toujours désiré sans avoir conscience des sacrifices que cela entraînerait pour lui, le Flint voyait le temps avancer, les autres aussi ; ses proches qui n'avaient pas de mal à se projeter tandis que lui stagnait, un peu impuissant. Il se demandait si son état d'esprit des derniers mois n'avait pas joué dans tout ça ou si simplement, il manquait d'ambition mais pendant que ses pensées lui envahissaient la tête à lui en donner mal, le serpent ne remarqua pas tout de suite que l'ascenseur dans lequel il était monté pour rejoindre l'atrium s'arrêta à plusieurs reprises, provoquant des à-coups qui n'avaient pas lieu d'être et qui bien sûr, commencèrent à inquiéter les quelques sorciers présents dans la cage avec lui. Le système de l'appareil visiblement défaillant, il comprit seulement que son retour à Poudlard serait retardé et que même, il raterait sans doute son portoloin pour l'Ecosse. La perspective le fit évidemment soupirer puisqu'il lui faudrait attendre le prochain - et dépenser des gallions qu'il n'avait plus en quantité extrême - à moins de transplaner jusque Pré-au-Lard mais dans tous les cas, il lui fallait déjà sortir d'ici. Et si Caïn avait souvenir d'être venu plusieurs fois avec ses parents quand il était petit, c'était bien trop loin pour qu'il se rappelle de la direction à prendre, départements et services qui lui paraissaient innombrables à cet instant. Il se fit la réflexion que peut-être, il devrait se retrouver dans ce labyrinthe géant un jour parce qu'il y exercerait quotidiennement cependant, ce fut une grimace qui lui répondit. S'il n'avait pas d'idée claire et précise du métier qu'il souhaitait exercer à sa sortie du château, Caïn savait en tout cas qu'une carrière au sein du ministère ne lui conviendrait pas - ou en tout cas, pas pour toujours. Quinze bonnes minutes à se battre avec l'ascenseur, magie presque inutile dans une telle situation, la porte s'ouvrit enfin pour faire sortir les passagers et le bouclé se dépêcha de s'échapper, incapable de rester plus longtemps enfermé là-dedans, avec si peu de place et bien trop de gens. Pas de nature claustrophobe, il n'y avait pourtant rien d'agréable à être confiné dans une petite cage et c'est un soupir de soulagement qu'il lâcha sans la moindre retenue. Mais pas d'atrium en vue, on les avait abandonné à un étage différent de celui qu'il avait plus ou moins visité juste avant et curiosité emportée par les beuglements et protestations dans l'un des couloirs adjacents, le Flint avança vers le groupe, l'oreille tendue. Et il sût, au moment d'entendre la voix familière de son frère, que c'était celle-ci qui avait du pousser son instinct à s'approcher ; instinct qu'il méprisait secrètement à cet instant pour lui faire vivre un tel épisode. Il aurait du rebrousser chemin sans même se retourner parce que Marcus n'était plus qu'un étranger à ses yeux - du moins, il s'en était persuadé depuis leur dernière rencontre mais c'était apparemment plus facile de l'ignorer quand ils étaient loin l'un de l'autre. Sentant certainement les tensions autour d'eux, le groupe se dispersa pour ne les laisser qu'à deux. Il amorça un premier mouvement de recul, sans trop savoir pourquoi, tentant de ne laisser aucune émotion apparaître sur son visage tandis qu'à l'intérieur, c'était la confusion qui dominait. Le blâmer encore, le frapper, s'excuser pour la violence singulière et inhabituelle - celle dont il refusait de dépendre - se moquer de lui en repensant aux mots d'Helena il y a à peine quelques jours à son sujet ou avoir pitié. Beaucoup trop de sentiments à contenir et rien qui ne puisse le trahir, à part peut-être le fin fond de son regard, lorsqu'il opta pour l'indifférence complète et un « Tu crois que tu serais capable de me montrer la sortie de cet endroit ridiculement grand et visiblement mal indiqué pour les visiteurs ou bien ce serait trop te demander ? » Et il aurait pu s'adresser à n'importe qui, Caïn, y compris à un employé mais il avait choisi de parler à Marcus et la raison de cette décision lui échappait totalement. Il se reprit, d'ailleurs, à peine une seconde plus tard en voyant le visage du Flint - trop similaire au sien - le sonder. « Laisse tomber, je vais me débrouiller seul » Il ne pouvait compter que sur lui-même après tout et en présence de l'autre garçon, cette pensée n'avait jamais été aussi vraie que ces derniers mois, et même ces deux dernières années.

Ces derniers temps, Marcus enchaîne les rendez-vous professionnels, et c’est une partie de son boulot qui l’emmerde profondément. Entre le check-up à l’hôpital, la visite de promo dans un chenil – qui lui avait certes permis d’adopter un chien – les conférences, les visites pour renouveler ses tenues de Quidditch et maintenant la visite au ministère pour renouveler son passeport international pour ses quelques déplacements dans le cadre de ses matchs parfois situés dans d’autre pays, il n’en finit plus des rendez-vous. Ça l’emmerde d’autant plus qu’il ne joue pas assez au Quidditch à son goût ces derniers temps, ce qui a le don de le frustrer davantage quand le sport et l’une des rares choses qu’il apprécie vraiment dans la vie et qu’il peut faire pendant des heures sans se lasser. Il a pas envie d’être au ministère et préférerait annuler le rendez-vous, les lieux lui rappelant bien trop son enfance, sa famille et le milieu dont il provient, mais il sait qu’il n’a pas le choix et c’est avec réticence qu’il est arrivé presque en retard avec la seule motivation d’un entraînement avec les frelons en fin d’après-midi qui le motivait à espérer que la journée passe plus vite. Rendez-vous passé et passeport commandé, Marcus sort des bureaux et prend l’ascenseur pour remonter à la surface mais celui-ci l’entraîne plus bas sans qu’il ne puisse rien y faire, malheureux coup du sort de la magie capricieuse cédant au désir d’un sorcier qui voulait descendre mais n’avait finalement même pas pris l’engin. Grognant dans sa barbe, le déchu soupire, agacé de rester plus longtemps que nécessaire en ces lieux et s’extirpe de l’ascenseur en essayant de se repérer. Il retrouve son chemin après quelques instants mais est accosté par un gros lourd l’ayant reconnu et exigeant une photo. Si en d’autres circonstances, il aurait été flatté – notamment si ça avait été une jolie fille – l’insistance de l’homme l’ennuyait plus qu’autre chose, d’autant plus qu’il rameutait d’autres personnes et que le brun se trouvait alors entouré d’un petit groupe qui lui donnait la migraine. « J’ai pas le temps, désolé messieurs dames, mais une autre fois ok ? » il lâche en essayant de s’extirper de tout ça tout en sentant une nouvelle tension se former dans ses épaules. Il en comprend l’origine une poignée de secondes plus tard, quand il tombe nez à nez avec Caïn, frère renié et détesté qu’il n’a pas revu des mois malgré de récurrentes pensées à son égard. Sourcils froncés, le brun redresse ses épaules pour ne pas avoir l’air du pathétique être humain que son frère pense qu’il est, et verrouille son regard pour n’y laisser passer aucune émotion. Mâchoire et poings serrés, il s’attend à tout, Marcus : recevoir un nouveau coup de poing, se faire engueuler, cracher dessus ou même menacé, mais il ne s'attend pas à l’indifférence. Et il s'attend encore moins à ce que ça lui fasse mal. Parce qu’en un sens, quand Caïn était encore en colère, ça voulait dire que ça comptait encore pour lui, n’est-ce pas ? L’idée qu’il l’ait totalement rayé de sa vie aujourd’hui est étrangement désagréable pour Marcus qui éloigne tant bien que mal une pointe de douleur de sa cage thoracique pour ne se concentrer que sur l’étrange demande de son frère. Il ne répond pas, bousculé et interloqué par les événements, préférant sonder le visage du bouclé pour chercher les raisons de sa venue, mais quand Caïn se ravise et fait demi-tour, Marcus réagit enfin et fait un pas en avant. « Attend ! » mais il aucune idée de quoi lui dire, ils ne sont pas de ceux qui se contentent de banalité ou de cordialité, pas après tout ce qu’ils ont vécu. Alors il opte pour la stratégie de son frère à coup de : « Tu vas dans le mauvais sens-là. » et à vrai dire, il a aucune foutue idée d’où se trouve la sortie ni si c’est bien dans la direction que prenait Caïn, mais c’est le seul prétexte qu’il a trouvé pour le retenir. A sa droite, deux hommes – qui pourraient bien être des frères – parlent à voix basse ensemble et Marcus réussit à attraper quelques bribes de leur conversation et un indice sur son objectif – la sortie de ce labyrinthe de l’enfer. Feignant l’indifférence, la nonchalance et l’innocence, le sportif fourre ses mains dans ses poches et laisse les hommes s’éloigner tout en s’approchant d’un pas de son propre frère tout en continuant de le toiser d’un air méfiant. « Bon tu veux sortir de là ou quoi ? » il hausse les épaules et prend la direction que les deux hommes ont pris quelques instants plus tôt. « Laisse tomber, fait comme tu veux. » en écho aux mots précédents de son frère, il recule et il lui tourne le dos en commençant à s’éloigner, sans pouvoir s’empêcher de jeter un œil derrière son dos pour voir si Caïn le suit, l’espoir idiot et refoulé que ces deux phrases échangées ne soient pas la seule interaction qu’ils aient. Un étrange sentiment le traverse quand il voit Caïn le suivre – du soulagement ? – mais il ne dit rien et garde le silence quelques secondes en prenant plusieurs directions en faisant genre de savoir où il va (ce qui n’est clairement pas le cas). « Qu’est-ce que tu fous là ? T’as pas des cours et un avenir à assurer ou un truc du genre ? » il finit par lâcher pour briser le silence tendu régnant entre eux (et aussi pour ne pas faire voir à Caïn qu’il ne sait pas où il les emmène) sachant très bien que chaque mot peut être mal interprété et qu’il ne faut qu’une étincelle pour rallumer le brasier entre eux et laisser les flammes de la colère les brûler à nouveau.

Un petit rire lui échappa en voyant le brun essayer de se débarrasser des quelques fans présents autour de lui, réalisant par la même occasion que c'était donc à ça que ressemblait la vie de Marcus aujourd'hui ? Peut-être qu'avoir été déshérité et ne plus avoir le droit de porter leur nom de famille - bien qu'heureusement, les lois mêmes sorcières et archaïques n'allaient pas jusque là - n'avait pas que des inconvénients, chose que Caïn n'avait jamais vu sous cet angle avant, sans doute parce qu'il s'était peu consacré au quotidien de son frère depuis qu'il ne l'était plus vraiment. Le plus jeune y avait seulement vu la honte du bannissement, les privilèges qui lui avaient été retiré, les remarques désobligeantes de leurs parents au sujet de son aîné qui avaient eu comme principal but de faire peur à l'héritier restant tout en lui faisant croire que l'existence de Marcus résultait maintenant à un enfer dans lequel il ne voudrait jamais plonger. Seulement il y avait eu les quelques matchs auxquels il avait assisté en secret et aussi leur discussion, la première, en deux ans qui avait fait comprendre à Caïn que c'était peut-être lui, finalement, le plus malheureux de l'histoire et une part de lui était en colère pour ça aussi à défaut d'en être ouvertement jaloux ; ajouté à tout le reste pour un cocktail bien explosif. Celui-là même qui avait éclaté, leur laissant un souvenir commun particulier - son nez s'en rappelant encore. Il s'était alors promis de ne plus jamais lui adresser la parole mais à défaut de briser tout de suite sa promesse, il se dit que lui demander son chemin n'en faisait pas partie puisqu'il aurait pu le faire avec un total inconnu. N'en était-il pas un, d'une certaine façon ? Une pensée qui faisait toujours mal malgré la rancœur parce qu'avant d'être ces deux garçons qui ne se comprenaient pas, ils avaient été des gamins, qui ne se comprenaient peut-être pas plus à l'époque mais que la fraternité avait uni. Leur relation actuelle devait faire peine à voir mais il ne montra rien, Caïn, et encore moins devant ce groupe de sorciers qui heureusement, ne resta pas. Sans une seule onde d'émotion, il haussa un sourcil face au mutisme de Marcus, à deux doigts de lui envoyer une insulte, mais choisit de partir sans se retourner et faire comme si ce moment n'était jamais arrivé. Ses mots, enfin, l'obligèrent à s'arrêter et il sentit ses propres épaules s'affaisser sans s'être rendu compte qu'elles étaient tendues depuis le début. Un dialogue de sourds semblait prendre place entre les deux frères alors que Caïn ne bougea pas, se retournant seulement au moment d'entendre les mêmes paroles sortir de sa bouche. Ils étaient les mêmes, des idiots complets. Une seconde, peut-être deux, avant de soupirer et décider de le suivre jusqu'à le rejoindre et se retrouver côte à côte. L'image devait avoir des allures d'exception, lui-même n'y aurait pas cru. « Le silence commençait à être pesant mais finalement, je crois que je préfère quand tu ne dis rien » lui lança t'il avec un regard noir en réponse. Une nouvelle fois, Marcus lui prouvait qu'il n'avait pas changé. « Et toi alors ? Je ne savais pas que tu avais des heures ministérielles à faire dans ton contrat de sportif » Il ne voulait pas avouer qu'il était effectivement là pour un stage et par extension, son avenir professionnel parce que ce serait confirmer qu'il suivait la voie toute tracée pour lui, l'officiel héritier. Après encore plusieurs secondes, il lâcha tout de même un « Un entretien sans importance » parce qu'à ses yeux ça l'était même s'il avait tenté de se comporter comme le petit sang-pur parfait pour pouvoir impressionner le futur maître de stage. « De toute façon, ce n'est pas ton problème » Ca ne l'était plus, tout comme ce qu'il se passait dans la vie de Caïn et ce, depuis des années. Il continua quand même de suivre le plus âgé avant qu'un détail ne le frappe et qu'il en fasse la remarque. « On est pas déjà passé dans ce couloir ? » Regard accusateur pour son frère, celui-là qui n'était même pas capable de les diriger correctement, il eut le mérite - pour une fois - de retenir le fond de sa pensée. « A quoi tu joues ? Tant mieux si ça t'amuses tout ça mais moi, je n'ai pas de temps à perdre avec tes conneries ok ? » Du moins pas ici, dans cet endroit trop grand qui lui donnerait la nausée quand il y serait pour son stage, et pas non plus avec l'une des seules personnes qu'il croyait détester.

Marcus ne s'attendait pas à croiser son frère ici, il ne s'attendait pas à le croiser où que ce soit à dire vrai, peu certain de se retrouver à ses côtés un jour après tout ce qui a bien pu se passer entre eux ces derniers mois. Pourtant ils sont là, l'un en face de l'autre, et l'indifférence de Caïn couplée à son regard dénué d'émotion est sûrement la pire des punitions. Si encore il y avait de la colère ou de la rancœur dans son comportement, Marcus y verrait une forme d'attention, l'assurance que ça compte encore pour une petite part de lui, mais cette indifférence, c'est comme si son frère lui hurle qu'il n'est plus rien aujourd'hui. Le banni se surprend à être blessé par cette attitude, émotion qu'il dissimule au travers d'un regard aussi vide que celui de son frère tandis qu'il le toise un moment, cherchant ce qu'il attend de lui après tout ce temps. De frères à amis à aujourd'hui inconnus, ils ne se connaissent plus et ne sont plus que des étrangers l'un pour l'autre, nouveau constat qui arrache une pointe de douleur à Marcus, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi ou même qu'il ne l'assume. Un vieux souvenir remonte à la surface quand Caïn se retourne et soudain, il le revoit une dizaine d'années plus tôt, quand il n'était encore qu'un enfant et qu'il cherchait à lui ressembler. Cette époque lui est si lointaine que Marcus a l'impression que c'était une toute autre vie parce que l'homme qui est devant lui et le dévisage ne ressemble en rien à l'enfant avec qui il jouait des années plus tôt, tout comme lui n'a plus rien du grand frère affectueux qu'il a un jour pu être avec son cadet. Les émotions reviennent, et le joueur de Quidditch hausse les épaules devant le regard noir de son frère, pas impressionné par celui-ci mais trouvant une certaine forme de réconfort dans le fait de le retrouver. « Juste des papiers à renouveler pour mon prochain voyage. On affronte les Balais de Braga dans quelques semaines. » il lâche sur le ton de la conversation, comme si ça intéressait vraiment Caïn de savoir qu'il allait voyager au Portugal d'ici quelques semaines. Il se racle la gorge en fourrant ses mains dans ses poches et en continuant de marcher à ses côtés, fronçant les sourcils à la mention de l'entretien avant de se souvenir de l'existence des stages pour les élèves de huitième année de Poudlard. « Yeah you're right, i don't care anyway. » lâche-t-il, vexé du rejet de son frère et de sa manière de faire la conversation pour mieux le repousser après – comme si lui ne faisait pas constamment la même chose avec lui, et comme s'il n'avait pas lui-même engagé cette conversation. Soupir au bord des lèvres, Marcus tâche d'expirer sa tension mais en dépit de ses efforts, ses épaules restent tendues et l'air continue d'être chargé d'électricité entre eux et la situation ne va pas en s'arrangeant quand Caïn comprend enfin que l'aîné ne sait absolument pas où il va, et qu'il aide surtout à les perdre plutôt qu'à leur faire retrouver la sortie. « Je vois pas de quoi tu parles. » tente-t-il de se justifier avant que le bouclé ne commence à s'énerver et lui lance une remarque qui n'a pour effet que d'agacer le plus vieux qui s'arrête soudain en plein milieu du couloir. « C'est vrai que t'as pas de temps à perdre avec moi, tu dois vite retrouver ta maman et ton papa pour qu'ils t'ouvrent toutes les portes. » il éclate d'un faux rire sans joie teinté d'amertume et avance dans le couloir, incapable de tenir en place. « Tu sais quoi ça m'étonne pas que tu fasses ton stage ici, t'es le parfait petit héritier que les parents veulent que tu sois, t'as ton chemin tout tracé et tu restes leur adorable petit larbin et ça changera jamais. » il est mal placé pour parler, Marcus, mal placé pour relancer la dispute et encore plus mal placé pour parler de la relation de Caïn avec leurs parents, mais ce dernier à le don de l'énerver et il ne peut que riposter et frapper le premier avant d'être frappé. Il lance les hostilités, parce que c'est à ce petit jeu qu'ils sont les meilleurs, et que c'est aussi le meilleur moyen de savoir si tout ça compte encore un minimum pour Caïn, ou s'il n'existe rien de plus que de l'indifférence entre eux à partir d'aujourd'hui. « Vas-y, si tu te crois plus intelligent et génial, trouves le chemin de la sortie. Si tu crois que ça m'amuse d'être coincé avec toi, j'ai autre chose à foutre. » ils sont les mêmes dans le fond, si semblable dans leurs colères, leurs façon de parler et de se comporter, de s'engueuler et de rire que ça effraie parfois Marcus. « Faut bien que tu te repères puisque tu vas passer le reste de ta vie ici. » ajoute-t-il après un instant d'un ton ironique, mention à sa précédente pique concernant sa façon de suivre le chemin tout tracé par leurs parents qui ne lui laisseront sûrement jamais aucun autre choix. Il sait qu'il joue avec le feu, Marcus, et qu'il risque de se brûler mais quelque part, il vaut mieux jouer avec le feu que faire face à une barrière et voir leurs chemins se séparer à nouveau.

Il ne savait pas vraiment comment il réussissait à ne pas s'énerver plus, Caïn, comment il parvenait à laisser l'indifférence prendre le dessus sur la colère toujours présente en lui, menaçant de gronder à chaque instant mais n'était-ai ce pas finalement de cette façon qu'il avait éduqué ? Si Marcus avait joué les rebelles la plus grande partie de sa vie, son cadet n'avait fait qu'obéir aux ordres et appris à se comporter comme le parfait petit sang-pur. Et s'il commençait à renier chaque jour un peu plus les principes et valeurs qui l'avaient vu grandir, s'il y remarquait désormais les problèmes qui avaient longtemps été normaux pour lui, Marcus ne pouvait pas vraiment le savoir. Parce qu'il avait disparu de son cercle proche après avoir été banni et qu'ils n'avaient pas réellement discutés lors de leurs dernières rencontres mais l'ancien serpent devait avoir deviner que ses allégeances n'étaient plus les mêmes, pas vrai ? Il avait aidé à mettre en avant son plus gros faux pas après tout, son histoire avec une sorcière inacceptable aux yeux de leur famille et de l'élite entière alors que lui fallait-il de plus ? Croyait-il, comme la matriarche, que Bea n'était qu'une passade ou juste un moyen de se rebeller à son tour ? Il fronça les sourcils à cette pensée - que fallait-il qu'il fasse pour leur prouver à tous le contraire ? - revenant à la réalité quand son frère évoqua le prochain match et il dut se retenir de dire qu'il savait ; cela trahirait le fait qu'il suivait les rencontres sportives des Frelons. Les performances et résultats de Marcus ne devaient pas être son problème, tout comme la présence de Caïn au ministère ou le stage obligatoire qu'il allait devoir faire et qui l'ennuyait déjà profondément. Trouvé par son paternel fier d'avoir encore des relations professionnelles malgré la situation bancale des Flint, il n'avait pas pu se défiler parce que de toute façon, il n'avait rien trouvé d'autre. Suivant son guide qui ne l'était finalement pas vraiment, il s'énerva d'être perdu ici, avec lui, quand il avait juste envie de rentrer au château. Grinçant des dents à sa remarque, il lâcha un « Shut up » bien prononcé, se moquant de l'endroit où ils se trouvaient ou de qui pouvaient les entendre. Marcus ne savait rien de ce qu'il pensait aujourd'hui, de ce qu'il vivait et il n'avait pas le droit de lui balancer tout ça au visage de cette manière. « Ca aurait pu être toi si t'avais été un peu moins con mais visiblement, ça non plus ça n'a pas changé » lança t'il à la volée, incapable de ne pas insulter l'ancien héritier qu'il avait tant envié de par cette place de premier enfant mais qui maintenant regretté que son aîné n'ait pas tenu le rôle pour lequel il était né. Qu'il ne l'ait pas protégé en quelque sorte. Il laissa échapper un petit rire à cette pensée saugrenue, aux dernières informations qu'il avait appris aussi et qu'il n'allait pas pouvoir garder pour lui ; l'attaque pour l'attaque, c'était tout ce qu'ils connaissaient. « Je crois que dans la catégorie larbin, c'est toi qui as gagné le gros lot » Et pour mieux accentuer ses propos il ajouta : « J'ai vu Helena à Pré-au-Lard il y a quelques semaines, ce qui est déjà plus que ce que tu peux dire n'est-ce pas ? Je pensais qu'encore une fois, elle t'avait mêlée à ses petites combines bien ficelées mais ce n'était pas le cas. On dirait que même pour suivre un plan, tu es trop nul... Ou qu'elle en avait simplement rien à foutre. Je ne sais pas si ça me réjouit ou si j'ai de la peine pour toi » Il n'avait aucun mal à lui faire comprendre qu'il n'avait été qu'un pion pour leur mère en novembre, qu'elle l'avait utilisé à ses fins et qu'une fois terminé, elle l'avait jeté comme un malpropre. Que qu'importe ce qu'il faisait, Marcus ne serait jamais plus vu comme son fils. « T'as choisi le mauvais camp, Marcus » insista t'il comme une piqûre de rappel à ce qu'il avait fait à Caïn. Il pouffa ensuite et tenta l'un des nombreux chemins du ministère pour trouver le bon, sortir de cet endroit immense qui commençait pourtant à l'étouffer. « Tu as quelqu'un à voir peut-être ? » Pas que ça l'intéressait, loin de là. « Un copain ? Une copine ? » Petit rire moqueur à la fin de sa question parce qu'il savait que le sujet n'était pas son préféré mais ça ne l'empêchait pas de l'évoquer. « Histoire que je sache qui prévenir du traître que tu peux être dès que mère est aux commandes » Non, la pilule n'était pas encore passée ni digérée malgré le temps, bien que maintenant il avait conscience qu'Helena s'était servi de lui et qu'il avait craqué de l'attention qui lui était donnée... n'avaient-ils pas tous les deux recherchés son affection dès lors qu'elle avait cessé de s'occuper d'eux pour l'éducation plus stricte d'Augustus ? Une part de lui comprenait, dans le fond, minime, et il avait de la chance que c'était celle-ci qui ressortait aujourd'hui parce que c'était très rare. Caïn ignora sa dernière tentative de l'énerver principalement parce qu'il ne se voyait pas lui dire qu'il ne se projetait pas au ministère dans dix ans, désirs et aspirations concernant l'avenir qui n'appartenaient qu'à lui et préféra prendre un énième couloir qui mena à un ascenseur... dysfonctionnel. « Shit ! » Et il n'y avait personne pour les guider alors il se tourna à contre-coeur vers son frère pour demander : « A quel étage on est, déjà ? » Lui n'en avait aucune idée, ascenseur qui avait des siennes quand il était monté puis descendu, puis remonté. « Je déteste déjà cet endroit » maugréa t'il dans sa barbe naissante, pas destiné à ce que le Flint l'entende et souhaitant en sortir au plus vite. De ce ministère et de cette nouvelle confrontation avec son frère qu'il n'avait pas prémédité.

Chaque fois qu'ils se retrouvent dans la même pièce, les tensions montent et ils ne peuvent pas s'empêcher de s'engueuler. Aujourd'hui n'échappe pas à la règle, et si Marcus a d'abord tenté de paraître courtois et poli pour donner le change, les bonnes habitudes ont la vie dure et il se retrouve inévitablement à critiquer son frère pour ne pas être le seul à sombrer sous les attaques de l'autre. Parce que Caïn sait piquer là ou ça fait mal, il réussit même très bien et ça énerve Marcus d'être autant à sa merci même après tous mois passés sans se parler. Malgré les banalités qu'ils échangent sur le travail, les cours ou le prochain voyage de l'adulte pour son prochain match, ils recommencent vite à se lancer des piques, et l'aîné sait qu'il devrait juste se retourner et s'en aller avant que les choses ne dégénèrent encore plus  mais c'est plus fort, que lui, il n'en est pas capable parce que d'une certaine façon, si Caïn est là à lui renvoyer ses piques, ça veut dire qu'une part de lui continue de lui accorder de l'importance, et c'est tout ce à quoi Marcus peut se raccrocher maintenant que les frères sont devenus des inconnus l'un pour l'autre. Le fait que le plus jeune réponde à ses attaques, ça prouve que ça lui tient encore à cœur, et quelque part, mieux vaut ça que l'indifférence ou l'ignorance, parce que ça voudrait dire qu'il n'y a plus rien à sauver. C'est idiot, c'est toxique comme manière de raisonner, mais Marcus peut pas s'en empêcher et se retrouve inévitablement à le chercher pour trouver son point faible et déclencher une réaction, ce qu'il réussit à en croire le visage crispé de Caïn et la première insulte qu'il lui décroche qui arrache un sourire narquois à l'aîné qui a l'air de dire ''bah alors, on sait pas se tenir ?''. Il ne semble pas s'offusquer de l'insulte pourtant, et le prouve en haussant les épaules d'un air nonchalant, parce que finalement, malgré tout les désagréments que son bannissement lui ont causé, il est au moins libre de ses propres choix, il a choisi son métier en dépit des envies de ses parents et ça n'a pas de prix, quoi qu'en dise Caïn. Il est encore un peu détendu, certain de mener le jeu pour une fois, mais les tensions le gagnent dès que le cadet fait mention d'Helena et de son rôle de larbin. Ses muscles se contractent, sa mâchoire se serre et toute trace d'amusement disparaît de son visage alors qu'il écoute son frère déblatérer au sujet de leur mère, enfonçant un peu le couteau dans la plaie encore béante de Marcus. « Shut up Caïn, don't push me. » il déteste ça Marcus, mais Helena est toujours son point faible, même après tout ce qu'elle a fait. Il aimerait mieux être indifférent à la situation, mais le fait est qu'il a si longtemps cherché son approbation et son affection qu'il n'est pas capable de faire comme si de rien était. Ça continue de l'atteindre, parce qu'une infime petite part de lui, malgré tout, continue d'espérer que sa mère change d'avis et que pour une fois dans sa vie, elle l'accepte comme il est. Il se berce d'illusions Marcus, ça n'arrivera jamais et Caïn ne fait que le lui prouver une fois de plus en lui rappelant combien il n'a toujours été qu'un raté si ce n'est un pion aux yeux de leur mère. « Seems like any camp that isn't yours is the right one. » désirs de trêves déjà oubliés, Marcus réplique, incapable d'admettre pleinement ses erreurs ou de reconnaître qu'ils pourraient être forts s'ils étaient dans le même camp tous les deux. Il préfère continuer de le rejeter et de l'insulter pour répondre à ses attaques plutôt que poser les choses à plat et tenter une réconciliation – de toute façon, aucun d'eux ne semble capable de faire ce premier pas. « J'ai personne à voir si ce n'est n'importe qui qui ne serait pas toi. » hors de question de parler de Vesper dont le visage s'impose immédiatement à lui, Marcus ne veut pas lui donner ce plaisir de détruire ce qu'il y a entre eux, même si lui-même ne sait pas vraiment ce que c'est. Seulement, la prochaine réflexion de Caïn le fige sur place, et fait naître une profonde colère en lui. Il ne réfléchit pas à ses gestes qu'il attrape son frère par le col avec violence et rapproche son poing de son nez, prêt à le lui coller dessus. « I said shut the fuck up. » des regards se tournent vers eux, et c'est seulement pour ça que Marcus daigne relâcher son frère, non sans s'éloigner de quelques mètres pour reprendre ses esprits et apaiser sa colère. Sa dernière réflexion l'a touché plus qu'il ne pensait, et il serre la mâchoire pour refouler l'image d'une certaine blonde dans son esprit. S'ils sont dans un entre deux inexplicable que Marcus apprécie énormément, une part de lui sait qu'il n'est pas bon pour elle, qu'elle mérite mieux, surtout après sa trahison le jour de leur mariage, mais l'idée qu'elle puisse le détester ou qu'elle s'éloigne à nouveau de lui à cause d'Helena, de Caïn, ou pire, de lui-même l'effraie. Plongé dans un mutisme inébranlable, l'ex-serpentard ne sait même pas ce qui le pousse encore à suivre son frère dans les couloirs quand il pourrait juste prendre un autre couloir et le quitter, mais toujours est-il qu'ils se retrouvent coincés dans un ascenseur dysfonctionnel. « Super. Manquait plus que ça. » son pied frappe dans la grille métallique de l'ascenseur sous le coup de la frustration. « J'en ai aucune foutue idée Caïn, tu vas me blâmer aussi pour ça ? On sait jamais que j'ai aussi provoqué cette merde. » il a la rancœur aux lèvres, le cœur noirci par l'amertume et il s'adosse à la paroi de l'ascenseur puis lève les yeux au plafond pour ne pas avoir à regarder son frère, sans pouvoir s'empêcher d'émettre un rire sans joie à la dernière réflexion du plus jeune. « A qui la faute. » marmonne-t-il en retour sans daigner le regarder. Il pense à Augustin, à Helena, à leur famille dysfonctionnelle et au souvenir de toutes les piques déjà envoyées, Marcus ne peut pas se contenir davantage. « Pourquoi tu restes là-bas au juste ? Pourquoi tu continues d'écouter ce qu'ils te disent ? On est plus une famille depuis longtemps Caïn. Même quand j'étais encore là on était déjà plus une famille. » il rigole sans joie en secouant la tête et s'avance vers son frère en le pointant d'un doigt accusateur. « Même après ce qu'Helena a fait tu continues d'écouter ce qu'elle dit comme un bon petit toutou. » une part de lui a envie de lui faire mal comme il lui en a fait. « Au fond t'es pas mieux que moi. » il marque une pause, et le regarde dans les yeux. « I may be a traitor, but you're just a coward. At least, I fought for what I wanted. » l'ascenseur s'arrête à un étage, mais Marcus est toujours incapable de dire où ils sont. Un long couloir de portes s'étend devant eux, et aucune sortie à l'horizon. « On ferait mieux de retourner dans l'ascenseur, on pourra pas se perdre encore plus » il est las, il veut sortir de là, abandonner son frère, et ne plus penser à toutes ces conneries qui font mal même quand il se persuade que ce n'est pas le cas.

Ils n'arrivaient définitivement pas à se tenir ces deux-là et Caïn ne savait pas vraiment ce que cela révélait sur eux. Qu'ils étaient et seraient incapables de se supporter jusqu'à la fin de leurs jours, que leurs différends seraient toujours un problème et qu'ils ne parviendraient jamais à passer au-dessus ; le Flint n'en avait aucune idée et parfois il en venait à regretter que leur relation soit à ce point conflictuelle. Et d'autres, comme à l'heure actuelle tandis que Marcus le cherchait par des reproches qu'il pouvait lui renvoyer sans honte, il regrettait plutôt de ne pas avoir été enfant unique. Une pensée qui le fit grimacer intérieurement parce que si les mots avaient déjà été maintes fois prononcés lors de disputes entre frères lorsqu'ils étaient gosses, il n'était pas assez ignoble pour souhaiter qu'il lui arrive quelque chose. Une limite, d'une certaine façon, qui peut-être lui prouvait que tout n'était pas perdu. Il avait tenté de feindre l'indifférence chaque fois qu'ils s'étaient revus ; il aurait voulu ne pas réagir à ses provocations et juste s'enfuir, Caïn, sortir de ce qu'il avait déjà l'impression être une prison pour lui, seulement il n'avait pas réussi et désormais, c'était une nouvelle battle qui se jouait entre les deux frères dans les couloirs du ministère. « C'est pourtant si facile de t'atteindre. T'es trop faible » lâcha t'il dans un rire mauvais en voyant le brun se contracter face à lui et perdre peu à peu de son contrôle. C'était ce qui manquait à Marcus depuis tout ce temps, capacité à s'énerver rapidement qui dépassait le stade de l'entendement et qui lui avait causé tant de tort déjà à l'époque de Poudlard. N'avait-il pas compris la leçon ? Il y eut cette phrase qui impacta néanmoins le plus jeune, cette mention de camp qu'il avait lui-même lancé parce qu'il avait désormais cette sensation, Caïn, celle d'être bloqué d'un côté avec Helena de l'autre pour tirer les ficelles, les cordes invisibles desquelles il ne pensait pas être piégé un jour. « Très bien alors casses-toi ! C'est ce que tu sais faire de mieux » rétorqua t'il en grinçant des dents, n'ayant pas anticipé la réaction plus violente de son frère qui l'attrapa par le col pour - visiblement - lui coller un poing dans la figure. Pas qu'il ne l'aurait pas mérité mais surpris l'instant d'une seconde, il perdit de son sourire rageur et même de sa contenance, s'attendant désormais à repartir avec un nez cassé. Sauvé par le gong en les présences d'autres sorciers trop curieux, Caïn relâcha un soupir, respiration qu'il avait retenu sans s'en rendre compte et regarda son frère s'éloigner de lui tout en évitant soigneusement son regard. Il fronça les sourcils en remettant sa veste correctement, silence de Marcus qui l'étonnait après ce débordement d'émotions. « Alors quoi, j'ai raison ? Il y a quelqu'un ? » demanda t'il d'un ton sérieux, presque curieux, qui n'avait rien de moqueur pour une fois. Il savait que son aîné resterait silencieux dans tous les cas, déjà parce qu'il n'était pas du genre à se confier mais surtout parce que c'était Caïn et qu'ils n'avaient jamais été proches. Au lieu d'attendre une quelconque réponse, il avança dans le couloir puis s'arrêta devant l'ascenseur en panne. « De la magie partout mais ils sont pas capables de réparer un ascenseur ?! » râla t'il pour la forme, ignorant la remarque de Marcus même si tout son être avait envie de lui crier que oui, c'était sa faute, que tout ce qui déconnait dans sa vie depuis deux ans était sa simple et seule faute tout en sachant que c'était faux. Il devait être au moins autant responsable que lui, que leurs parents, que le monde sorcier tout entier. Tournant la tête vers le garçon aux traits physiques similaires des siens quand il reprit, Caïn ferma ses poings le long de son corps pour s'empêcher de réagir et lui sauter à la gorge au moindre petit mot de travers parce qu'il s'était promis de ne plus laisser la violence l'emportait sur son tempérament d'ordinaire plus modéré mais il devait avouer que c'était compliqué de se tenir quand en plus, ils étaient dans un espace si restreint tous les deux. Alors au lieu de l'attraper comme Marcus l'avait fait avec lui quelques minutes auparavant, le bouclé s'avança juste dangereusement vers lui, ses mains tremblant de colère mais s'interdisant de le toucher, s'interdisant d'être touché par l'insulte de lâche que lui-même se répétait en boucle dans la tête ces temps-ci. Il était plus fort que ça, plus fort que lui, plus fort que la rage qui bouillonnait en lui. « I fight for what I want » cracha t'il presque au visage de l'ancien serpent en ayant bien sûr l'image de Bea dans son esprit, celle qui valait toutes les batailles y compris celle-ci. « Mais contrairement à toi, je veux faire les choses bien » C'était ce qui le retenait de tout envoyer en l'air comme l'avait fait Marcus, parce que toute sa vie Caïn avait les choses bien et ça n'avait jamais été suffisant ; il souhaitait que cette fois-ci, ce le serait. « Je ne peux pas tout leur laisser, même si tout ce qui reste, c'est ce foutu nom de famille. Celui-là qu'on portera toujours, Marcus, qu'on le veuille ou non. Regardes-toi, t'as été banni et pourtant, tu l'as encore. Ça veut dire qu'ils ont beaucoup de droits mais pas assez pour tout nous enlever » C'était sans doute pas grand chose à quoi se raccrocher. « J'ai toujours voulu cette place d'héritier, tu es le mieux placé pour le savoir. Bea... ce n'était pas prévu, elle n'était pas prévu mais elle a tout changé pour moi. Je pourrais tout quitter et j'imagine qu'on pourrait être heureux quand même ; mais je pourrais aussi tout garder, faire en sorte qu'elle soit acceptée, être fier de moi et... qu'elle le soit aussi » Les derniers mots avaient été murmuré, presque pas assumés en tout cas pas devant lui, et il soupira en réalisant qu'il en avait sans doute dit trop. « Et tant pis si tu comprends pas, je n'attends pas que tu le fasses » ajouta t'il en haussant les épaules comme si ça ne comptait pas. Parce que c'était le cas, pas vrai ? Il écouta pourtant le prochain conseil de Marcus et entra dans l'ascenseur, le regardant l'air de dire t'attends quoi ? avant d'appuyer sur le bouton menant à l'atrium sans réelle conviction. La cage recommença son manège en montant un peu, puis redescendant, avant de complètement lâcher - du moins ce fut son impression - et que la vitesse les soulève du sol vers le plafond sous ses yeux ébahis, gamin se frottant l'arrière de la tête qu'il venait de cogner au moment de l'impact. « Holy shit » jura t'il encore avant de demander « Ça va ? » à l'attention de son frère, même si évidemment, ce n'était qu'une banalité, il ne s'inquiétait pas vraiment pour lui.

De l'eau a coulé sous les ponts, les deux Flint sont aujourd'hui tous les deux adultes mais en dépit de tout ce qu'ils ont vécu, il semble qu'ils ne soient pas capable d'entretenir une conversation civilisée l'un avec l'autre. C'est désolant, et Marcus s'agace lui-même du peu de patience qu'il a quand il est question de son frère, mais le fait est que Caïn est l'une des seules personnes qui sache vraiment où viser pour le blesser et le pousser à s'énerver. Il le connaît par cœur, il est au courant de toutes les erreurs qu'il a faites, de toutes ses failles et ses faiblesses, et qui d'autre que son propre sang peut alors frapper là où ça fait mal en s'attaquant à ses points faibles ? « Va chier Caïn. » ce qui l'énerve encore plus, c'est qu'il a raison, qu'il est faible et qu'il est facile de l'atteindre, et il déteste l'encourager en lui laissant croire qu'il a une emprise sur lui – ce qui est finalement le cas. Il serre la mâchoire, luttant contre l'envie de s'en prendre physiquement à lui comme il a l'habitude de le faire avec tout le monde quand il sature pour éviter de lui donner raison, mais ça devient de plus en plus difficile à mesure que la conversation s'éternise. Entre ses allusions à sa tendance à fuir, et la mention d'un « quelqu'un » qu'il aurait dans sa vie, Marcus n'arrive plus à contrôler ses émotions. Il a raison, et c'est ce qui est le plus difficile à avaler dans tout ça. Lui et sa fâcheuse tendance à fuir, c'est ce qu'il y a de pire en lui, ce contre quoi il ne sait pas lutter, et la raison pour laquelle il sait qu'il ne mérite pas Vesper, sa gentillesse et son pardon. Il a déjà fui par le passé, il ne peut pas promettre qu'il ne fuira pas à nouveau et l'idée que Caïn ait raison lui donne la nausée, raison pour laquelle il cède à ses pulsions en le soulevant de par terre, prêt à le frapper jusqu'à ce qu'un éclair de lucidité le frappe et qu'il le relâche non sans lui adresser un regard meurtrier et en serrant les poings pour se contenir. « Va chier Caïn » il répète d'un ton mauvais. « Fais pas comme si tu t'intéressais à ma vie soudain. » il refuse de parler de Vesper avec lui, parce que même s'il ne sait pas ce qu'ils sont tous les deux, elle est la seule chose de vraiment positive dans sa vie et il veut pas laisser le pouvoir à son frère de gâcher ça aussi. Bloqués dans l'ascenseur, enfermés l'un avec l'autre dans cet espace restreint dans lequel ils ne peuvent ni s'échapper ni oublier la présence de l'autre, Marcus, piqué dans sa fierté et la colère serrant son cœur, se retrouve à insulter son frère, à le dénigrer et à le détruire comme s'il sait si bien le faire. Parce que si Caïn connaît toutes les failles de son aîné, l'inverse est vrai aussi et le déchu sait très bien où frapper pour blesser son cadet, ce qui semble marcher à en croire ses mains tremblantes, une vision qui arrache à Marcus un rictus arrogant. Seulement, le plus jeune répond de plus belle, accentuant la colère de l'aîné. « Non mais tu crois quoi ? Que tu vas tout résoudre avec tes belles paroles et tes promesses ? » il marmonne, la mâchoire serrée et le ton cinglant. « Tu te voiles la face si tu penses que tu peux tout changer avec tes bonnes intentions, jamais ils te laisseront faire » il lève les yeux vers son frère, un rictus amer déformant son visage. « Tu crois qu'ils peuvent pas m'enlever mon nom ? Moi je pense qu'ils veulent que je le garde pour me rappeler à quel point je suis une merde qui a plus aucune valeur à leurs yeux et que même comme ça ils font ce qu'ils veulent de moi. » il a d'abord eu de l'espoir, c'est vrai, l'espoir que garder son nom signifique que tout n'est pas perdu, mais son espoir est mort le jour où il est devenu orphelin de deux parents qui ne veulent pas d'un raté comme lui en tant qu'enfant. « Regardes-toi à jouer au héros. Tu crois vraiment que t'es meilleur que moi, que t'as trouvé la voie juste ? » il secoue la tête et un rire sarcastique s'échappe de ses lèvres. « Tu veux faire les choses bien mais tu peux pas échapper à la merde qui colle à notre nom. Tu penses qu'en agissant en gentil petit sorcier tu pourras sauver notre réputation et notre monde ? Putain réveille-toi Caïn, jamais les parents accepteront quoi que ce soit. » le fait est qu'il ne comprend pas totalement, non, il ne saisit pas tous les enjeux ni pourquoi Caïn veut tellement changer les choses. Il pousse un soupir, lassé de se battre et de cette conversation alors qu'ils entrent dans l'ascenseur. « Écoute fuis dans tes illusions si c'est ton truc de croire que tu peux tout réparer dans ton petit mon parfait, ça m'est égal. » il ne veut que partir, Marcus, passer à autre chose et oublier son idiot de frère, seulement l'ascenseur n'en fait qu'à sa tête et bientôt, tout semble hors de contrôle. Un grincement strident se fait entendre, et Marcus sent son estomac se soulever alors que la cage dégringole dans le vide, puis remonte, et redescend de plus belle. Un sentiment de terreur prend naissance dans son estomac et il se cramponne aux parois de l'ascenseur, les yeux écarquillés, laissant échapper un juron inarticulé. Il croise le regard de son frère, prêt à subir l'impact final quand la descente folle s'arrête tout aussi brusquement qu'elle a commencé, secouant les deux frères dans l'espace confiné. Un silence tendu règne entre pendant quelques secondes et doucement, Marcus réalise que le pire n'est pas encore arrivé, contre tout attente. Il pousse un large soupir et se relève difficilement sur ses deux jambes après avoir chuté. « Merde, on est encore en vie. » il marmonne, un rire nerveux perçant dans sa voix. Il n'est pas prêt à admettre qu'un soupçon de soulagement l'envahissait de voir son frère – et surtout lui-même – sain et sauf. « Ca va. » il grommelle en s'assurant que toutes les parties de son corps sont bien là, au bon endroit. Il tend la main vers lui pour l'aider à se relever – et peut-être aussi pour signer une trêve entre eux même s'il ne l'avouerait pas, et pile à ce moment-là, les portes grinçantes de l'ascenseur s'ouvrent enfin, révélant un atrium chaotique mais familier du ministère de la magie. « J'pense qu'on est plus très loin de la sortie. »  Marcus sort précipitamment pour ne pas se laisser surprendre encore par la magie, et jette un regard noir à l'ascenseur derrière lui. « Foutue magie défaillante. » ascenseur dysfonctionnel symbole de leur relation tumultueuse, Marcus passe une main dans sa nuque et soupire à nouveau en jetant un œil aux longs couloirs qui s'étendent devant eux. « J'pense que c'est par là mais si t'as pas confiance tu peux aller de l'autre côté. » il hausse une épaule, sans animosité cette fois – ou tout du moins amoindrie alors qu'il toise son frère du regard et se racle la gorge pour tenter d'apaiser un peu les tensions après ce qu'ils viennent de vivre. « J'dis pas que je suis d'accord avec ce que tu fais, et on est pas obligés d'être meilleurs amis, mais ça sert à rien ça, c'pas comme ça  qu'on va se sortir de cette merde. » c'est étonnant venant de lui, cet élan de maturité, et ça le surprend lui-même, ça lui donne presque envie de vomir d'ailleurs, mais il garde quand même la tête haute, peut-être parce qu'une part de lui veut lui faire payer et lui faire voir qu'il n'est pas le minable qu'il pense, et il a aucune idée de quoi faire après ça, mais il sait qu'ils peuvent pas passer le reste de leur vie à se sauter à la gorge dès qu'ils se voient. Il attend toutefois pas de réponse avant de prendre la direction indiquée, déterminé à trouver la sortie de cet enfer et de pouvoir tirer un trait sur cette journée.

Il y avait une certaine fierté chez Caïn que de réussir à secouer Marcus par de simples mots parce que là où l'ancien serpent avait souvent recours à ses poings pour se faire entendre, son cadet préférait les remarques piquantes, les insultes aussi quand son frère était concerné puisque tous les deux semblaient incapables de se parler sans jurer à tort et à travers. Alors ça l'amuse de le voir déstabilisé, de le sentir fébrile malgré les gros bras et muscles qu'il affichait dignement. Et il réitéra ses paroles quand le bouclé fit volontairement allusion à une fille, se demandant vraiment l'espace d'un instant si Marcus avait une petite-amie. L'idée lui paraissait étrange parce qu'il ne se rappelait pas l'avoir vu avec une fille à son bras, sans être assez stupide pour croire que le garçon n'en avait connu aucune. Son statut de joueur professionnel attirait sûrement plus de popularité que Caïn ne pouvait l'imaginer et si son frère avait eu une enfance et une adolescence difficile en étant mal dans sa peau, il lui semblait que le brun s'était relevé depuis. Il avait changé physiquement et ça, tout le monde l'avait remarqué. « T'as raison. Qui sait ce que je pourrais lui raconter si tu me disais son nom. Je pourrais aider notre chère mère à essayer de la séparer de toi » l'attaqua t'il encore d'un air plus mauvais que le sien encore. Avant d'ajouter dans un rire faussement ironique. « Ah mais non ! C'est toi ça » Et ils n'étaient pas les mêmes tous les deux, ne l'avaient jamais été malgré les mêmes cheveux bouclés et les mêmes yeux marrons, Caïn s'en était assuré. La rancœur toujours présente, il y avait ce sentiment qui revenait chaque fois même quand il pensait que la rancune s'était atténuée, cette douleur qui le frappait à nouveau pour lui rappeler à quel point sa trahison avait fait mal. Qu'elle avait été de trop dans cet ensemble de moments qui contenait leurs vies et le lien qui les unissait encore aujourd'hui. Il était toujours en colère contre lui, contre le monde entier pour rendre son quotidien aussi compliqué quand il aurait voulu que ce soit simple pour lui, pour Bea, pour leur couple. Il était toujours en colère et pourtant, avec la rousse à ses côtés il avait envie de croire que ça irait pour eux, espoir qui prenait un peu plus de place dans sa tête et son cœur depuis plusieurs semaines et que contre toute attente il dévoila à Marcus lorsque le lâche atteignit son palpitant pour le blesser. Et il ne savait pas à quoi s'attendre de la part de son frère, Caïn, bien qu'il pariait sur des moqueries pour rêver si fort à un avenir si irréel, mais ce n'était pas vraiment ce qui sortit de la bouche de son aîné. Il n'était pas question de se foutre de lui mais plutôt de lui ouvrir les yeux sur sa propre réalité, celle qui constituait leur monde aujourd'hui, celle que le serpent avait presque oublié l'espace d'une seconde. « Ils n'auront pas le choix » dit-il en grinçant des dents, incapable d'y voir une autre issue pour l'instant. « Si je fais ce qu'ils veulent alors peut-être qu'ils me laisseront faire ce que moi je veux. Je sais que ce n'est pas gagné, je ne suis pas aussi idéaliste que tu le crois » Et les mots de Marcus faisaient mal, plus que des insultes, parce que s'il n'avait pas cherché à avoir son soutien, il espérait quand même autre chose que ses fausses mises en garde. « Les parents ne seront pas toujours là » Il y aurait pu y avoir une menace ici mais ce n'était pas le cas, c'était la vérité. « Et je sais que ça ne passera pas non plus auprès des autres familles mais j'ai le droit d'essayer » Il en avait même le devoir absolu, pour sa petite-amie mais aussi pour lui. « Peut-être qu'un jour, tu comprendras » Ou peut-être qu'il n'en serait jamais capable mais le sorcier ne l'attendrait pas de toute façon. « Tant mieux parce que je me fiche aussi de ce que tu penses Marcus » Au moins sur ce point, ils étaient à égalité et à vrai dire il n'avait pas envie de s'expliquer plus longuement avec lui. Pas envie de se justifier auprès de son frère qui, sans doute, n'avait pourtant pas tout à fait tort dans ses propos. Et c'était ce qui était le plus dur à accepter pour Caïn, l'air soudain plus renfrogné. Il n'avait pas demandé à venir ici aujourd'hui, n'avait pas demandé à croiser son frère pour un affrontement verbal éreintant et il n'avait pas non plus demandé à être coincé dans un foutu ascenseur dysfonctionnel mais il était quand même dedans et cette journée ferait certainement partie du top dix des pires journées de cette année. Ascenseur qui n'en avait pas encore fini avec eux en leur offrant une dernière frayeur, le brun chamboulé qui se frotta l'arrière de la tête avec sa main, sûr qu'une bosse apparaitrait dès le lendemain. Il sortit de la cage en acceptant par miracle l'aide du plus âgé des Flint et le suivit sans un mot parmi la foule pour retrouver la sortie. Il soupira à sa remarque, confiance en lui qu'il n'était pas prêt de retrouver, il le savait et Marcus aussi ou alors il était sacrément bête. Bête oui mais plus mature soudainement, du moins suffisamment pour étonner Caïn qui s'arrêta dans leur course pour l'observer en retour et l'écouter aussi. « On ne sera jamais d'accord, c'est comme ça » lâcha t'il en secouant les épaules parce que ça l'avait toujours été et qu'il y avait peu de chance pour que ça change, n'est-ce pas ? Un long soupir de consentement lui traversa les lèvres et il hocha la tête néanmoins, comme un accord tacite entre eux malgré leur passé plus que tumultueux, accord qui n'assurait pas une paix éternelle entre les deux frères parce que ça lui semblait impossible à cet instant mais une trêve à durée limitée - de ça il en était presque sûr - et au moins jusqu'à ce qu'ils sortent de cet endroit bondé. Alors toujours dans le silence il avança d'un pas dans la direction donnée par son frère précédemment et ensemble, sans s'insulter, ni se donner des coups, les deux Flint quittèrent le ministère de la magie, leurs chemins bifurquant presque naturellement une fois devant le grand bâtiment. L'un pour Poudlard, l'autre pour Wimbourne jusqu'à la prochaine fois ; s'il y en avait une.