(w/@nicholas burke)

Plus de dix jours passés, isolé, à s’épuiser dans des recherches qui ne menaient à rien. Il voyait Marcus de temps à autre mais même alors, Milo avait l’impression d’être seul et coupé du monde. Il lui était impossible de toucher qui que ce soit sans le faire souffrir et il détestait ça plus que tout au monde. Il était constamment vigilant et en avoir parlé à l’instructeur n’avait pas mené à grand-chose. Il avait été surpris quand celui-ci ne s’était pas empressé de mettre un terme à sa formation avant de comprendre qu’il préférait se servir de son isolement pour le pousser à suivre des missions qui n’avaient rien d’officielles. Loin d’être idiot, le futur auror gardait une trace de tout, échanges enregistrés dès la deuxième entrevue car il avait l’impression qu’à tout moment, son supérieur direct pourrait tenter de le manipuler. Un soupir quitte ses lèvres quand il achève la lecture d’un livre sur les malédictions, énième bouquin qui n’aura rien apporté de nouveau concernant son problème. Il ne faisait que se heurter à un mur à chaque fois, quelques sorts qu’il avait essayé sans que rien ne change. Retrouvant le chemin de la salle de bain, il récupère une potion contre les migraines qu’il avale d’une traite avant de se rincer le visage. Il est cerné, Miles, sans doute car ses nuits sont agitées, qu’il ne parvient pas à trouver un sommeil véritablement apaisé. Ce quotidien si différent du sien habituellement le frustre, sorcier qui se montre toujours tactile à la moindre occasion. Tout lui manque, de son poing qui s’écrase contre celui d’Andy à son bras s’entourant sur les épaules de Marcus tandis qu’il éclate de rire, mais surtout aux étreintes tendres auxquelles il s’était habitué, besoin viscéral de sentir Alicia se blottir contre lui, seul remède efficace aux maux qui le rongeaient. Mais Alicia n’était pas là, leur relation n’était plus que celle de deux collègues se croisant et c’était pire que tout, pire que la haine, pire que les disputes qui auraient pu éclater. Le manque le dévorait, le transformait en une ombre incapable de chasser les pensées négatives qui s’entrechoquaient entre elles. Quelques coups à la porte le tirent de ses pensées, futur auror qui se tend aussitôt. Cela ne pouvait pas être Marcus car il savait que celui-ci devait s’entraîner plus tard que prévu. Il s’approche de la porte d’entrée discrètement, décidé à ignorer la personne se trouvant de l’autre côté de la porte jusqu’à ce que la voix de Nicholas ne lui parvienne. Il fronce les sourcils, Miles, car il n’avait pas souvenir qu’il soit un jour passé chez lui, bar qui était plutôt leur lieu de prédilection quand ils passaient du temps ensemble. S’il s’apprêtait à faire comme s’il était absent, le ton de la voix de son supérieur l’inquiète. Il ne l’a jamais entendu ainsi et il sait alors que quelque chose ne va pas, que ça doit être grave si c’est vers lui qu’il décide de se tourner. Alors sans réfléchir, doutes mis de côté, il ouvre la porte. Un coup d’œil vers lui ne fait que lui confirmer ce qu’il savait déjà ; Nicholas est dans un piètre état et il s’inquiète Milo, car au fil du temps, il était devenu un de ses amis et que la liste n’était pas si longue que ça. « Nicholas ? Qu’est-ce qui se passe ? » Mais le pas de sa porte n’était sans doute pas le lieu adéquat alors il s’écarte et ouvre la porte en grand. « Entre. » Il fait bien attention à ne pas le frôler, à lui laisser assez de place pour qu’il puisse entrer sans prendre de risque à son sujet. L’anglais referme la porte et guide Nicholas jusqu’à son salon pour le laisser s’installer sur son canapé. « Tu veux quelque chose à boire peut-être ? » Même si à en juger par son air, ce n’était pas un café ou une bière qui viendrait l’aider à se sentir mieux. A la fois curieux et inquiet, il fait quelques pas vers lui tout en conservant une certaine distance, essayant de comprendre ce qui avait poussé le sang-pur à chercher refuge chez lui. « Qu’est-ce que tu voulais me dire ? » Il ne compte pas passer par quatre chemins car, visiblement, Nicholas semblait avoir besoin de lui parler, alors pourquoi attendre ? Il espérait seulement que les choses ne soient pas trop graves pour son ami.

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Il n’a jamais vu Nicholas dans un tel état Miles et c’est pour ça que ça l’inquiète, car son supérieur lui a toujours semblé faire partie de ces personnes capables de prendre sur elles, de ces personnes qui ne montrent rien et parviennent à rester calmes dans bien des situations. Il y a cette façon qu’il a d’éviter soigneusement son regard qui l’inquiète alors qu’il l’observe faire les cent pas alors quand il lui demande de ne pas le couper, il ne peut que hocher la tête pour donner son accord, restant près du fauteuil à le regarder s’agiter, réfléchir, cogiter. Quand il s’arrête près du plan de travail de la cuisine, Milo pivote un peu vers lui tandis que son supérieur commence à lui parler. Il ne sait pas vraiment où il veut en venir, comprend seulement que ce qui le tourmente doit forcément être lié à ses parents. Il acquiesce, pense à peu près comprendre – sa famille n’était pas liée à toutes ces histoires de mariage arrangée mais il peut concevoir que certains couples voués à cette union trouvaient des arrangements pour vivre ensemble. C’était un drôle de monde à ses yeux car il se voyait mal se marier pour autre chose que l’amour, même s’il n’était pas tout à fait certain que ce soit fait pour lui, que quiconque puisse le supporter pour toute une vie. Des lettres sont évoquées et il peine à comprendre Miles, tout lui semble brouillon mais il se doute qu’il devrait bientôt avoir les réponses à ses questions. Pourtant Nicholas marque un temps de pause, semble même hésiter en relevant le regard vers lui. S’il meurt d’envie de l’interroger, le futur auror s’abstient pourtant et le laisse prendre son temps. Il écarquille les yeux quand enfin, il révèle le terrible secret, celui d’un adultère, d’une infidélité ayant conduit à la naissance d’un enfant. Nicholas avait un frère ou une sœur et forcément, il comprend mieux pourquoi il était aussi perturbé. L’image qu’il avait de ses parents était alors complètement fausse, couple qui n’avait rien de l’union parfaite finalement. Et alors qu’il s’imaginait que son agitation n’était due qu’à ce fait, une énième révélation quitte les lèvres de Nicholas. Et s’il ne s’agit que d’un chuchotement, il a l’impression qu’une véritable tornade en résulte. Il y a d’abord le silence, celui de la réalisation. Sa mère. Sa mère avait envoyé des lettres au père de Nicholas. Miles fronce les sourcils, reste interdit un instant. « Ma mère ? Non, enfin.. tu.. » Ce n’était pas possible, pas vrai ? « Tu as du mal lire. » Il secoue la tête, peine à accepter une vérité qui lui semblait trop dure à accepter. Il savait pourtant, l’anglais, qu’il était le fruit d’une liaison avec un sang-pur. Il n’avait jamais eu que ces informations là venant de sa mère quand il l’interrogeait, à l’époque. Alors pourquoi ne pourrait-il pas s’agir du patriarche Burke, après tout ? Peu à peu, l’idée se fraye un chemin et ne semble pas si incongrue que ça. Miles agrippe le rebord du canapé par ce besoin de prendre appui sur quelque chose de physique. Il cligne des yeux plusieurs fois, relève la tête. « Mais ça voudrait dire que... » Il déglutit alors que son regard croise pour la première fois celui de Nicholas pour la première fois depuis de longues minutes. « Que t’es mon frère ? » Et contre toute attente, il se met à rire, d’un rire bref qui raisonne dans la pièce et comble l’espace entre eux. Nicholas, un des rares amis qu’il avait, était en réalité son frère. A croire qu’il n’était pas capable de construire de vrais liens sans que l’autre parti ne soit obligé de se lier à lui – n’était-ce pas le cas de toutes ses relations ? Alicia ne s’était-elle pas rapprochée de lui uniquement car elle s’était retrouvée coincée avec lui par ce binôme qu’ils formaient tous les deux ? Nicholas, désormais, n’était pas son ami mais son frère, le mot qui lui pèse encore et qu’il peine à assimiler à son supérieur. « Mais c’est.. Je sais pas, c’est... » Il ne sait même pas ce qu’il éprouve, Miles. Il est partagé entre la surprise, la stupéfaction et peine à tout à fait réaliser. Pourtant, il y a un élément qui lui revient, une précision à laquelle il n’avait pas prêté attention jusqu’à présent. « Attends…. T’as trouvé les lettres l’été dernier ? Tu sais depuis l’été dernier que t’es mon frère ? » Il fronce les sourcils et se redresse en lui faisant face, réalisant alors que l’information de leur lien fraternel n’était pas une nouveauté pour lui mais bien quelque chose qu’il savait depuis des mois déjà. Il fait le lien, Miles, car avant cet été là, ils n’étaient rien de plus que des connaissances, qu’ils ne s’étaient rapprochés que ces derniers mois. « Pourquoi tu m’as rien dit avant ? Pourquoi… C’est pour ça que t’as commencé à me parler ? » Ses poings qu’il serre alors que son cœur tambourine avec force sous l’effet du coup qu’il encaisse encore et des doutes qui l’assaillent avec la certitude, cependant, que son monde venait de changer.

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La sentence tombe et confirme ses doutes. Nicholas l’avait abordé parce qu’il était son frère, rien d’autre. Il n’avait pas commencé à lui parler car il l’appréciait ou parce que sa personnalité l’attirait, ce n’était rien d’autre que les conséquences d’un lien qu’il ne pouvait pas éviter tous les deux. Miles reste silencieux, son regard posé sur le sorcier face à lui, tentant d’assimiler les nouvelles informations qui lui parvenaient peu à peu. En dépit de ce qu’il lui disait, il peinait à comprendre comment il avait pu laisser des mois passer sans jamais lui en parler alors que l’occasion avait du se présenter maintes fois. Il ne dit rien, silence qui ne lui ressemble pas mais qui cache à quel point il réfléchissait, tentait de faire les liens dans ce qui était arrivé dernièrement. Le calme qu’il tente de garder vole en éclats pourtant quand Nicholas tente de se plaindre de la situation, de faire comme s’il n’était pas le seul fautif en ayant gardé tout ça pour lui si longtemps. « Excuse-moi, vraiment, quelle horreur t’as du vivre tous ces mois en gardant ton secret à la con ! » Il prend tout mal, Milo, a l’impression que passer ces instants à ses côtés pouvaient être assimilés à une corvée. Il n’avait rien dit de tel, évidemment, mais il ne pouvait s’empêcher de tout remettre en cause. Tout ce qu’il savait de leur amitié était faux, n’était que des mensonges servis pour pouvoir l’endormir. Peut-être avait-il eu envie de voir s’il en valait la peine, s’il était digne d’être son frère. Après tout, un tel test ne serait pas surprenant, sorcier habitué aux jugements de valeur grâce à sa mère qui n’avait eu de cesse de souligner tout ce qui n’allait pas chez lui. Peut-être que c’était ce que Nicholas avait voulu faire, lui aussi, désir de s’assurer qu’il ne serait pas lié à n’importe qui. L’agacement se transforme peu à peu en une colère qui finit par gronder et exploser jusqu’à ce qu’il se retrouve totalement possédé par elle, l’auror qui franchit l’espace les séparant pour le frapper, poing qui percute sa mâchoire avant qu’il ne le pousse pour l’éloigner de lui. Il oublie tout de cette malédiction qui l’isole du reste du monde, il n’existe que sa colère et rien d’autre. Il ne croyait pas en ces explications données par Nicholas, convaincu que la vérité était toute autre, que sans doute, il avait honte d’avoir un frère comme lui, qui était loin de ressembler aux membres de l’élite sorcière comme c’était le cas du Burke. « Va t’faire foutre Nicholas ! » Les mot crachés alors que ses poings s’agitent, les phalanges qui se replient sur elles-mêmes à plusieurs reprises. « Tu m’as menti pendant des mois, tu m’as parlé juste par intérêt et t’imagines que j’vais avoir de la peine pour toi en plus ? » Il secoue la tête alors que tout s’embrouille et est bien trop confus, son monde qui se retrouve changer alors qu’il peine à accepter ce lien nouveau qui se présentait. Pourtant, ça pourrait être positif – peut-être qu’il pourrait enfin avoir un bon lien avec un membre de sa famille, pour une fois. « T’as décidé de rien me dire alors que t’en as eu l’occasion pendant des mois, tu peux t’en prendre qu’à toi même pour ça. » Qu’il n’essaye pas d’accuser la situation visiblement compliquée – Milo ne l’accepterait pas, incapable de prendre de la distance à ce sujet alors qu’il venait d’apprendre qu’il avait un frère quelques minutes plutôt seulement. « Tire toi, j’ai pas besoin d’un frère, encore moins de toi. » Le dos qu’il lui tourne alors qu’il impose de la distance entre eux tandis que sa colère vibre encore et menace de se raviver à la moindre provocation, les nerfs aiguisés face à une situation qu’il ne sait pas véritablement gérer.

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Il voulait que Nicholas parte, qu’il entraîne avec lui cette nouvelle qu’il venait d’apporter et qu’il n’était pas encore prêt à accepter. Ce serait plus facile de prétendre que rien n’était arrivé, qu’il ne venait pas de découvrir que cette amitié n’en était pas une mais plutôt un moyen de l’atteindre, de vérifier s’il valait le coup ou pas. Mais évidemment, ce n’est pas si simple et le sorcier ne part pas. Il aurait du s’en douter, Miles. Trop aveuglé par sa colère, il n’a pas pensé au fait que Nicholas pourrait répliquer alors il lui tourne le dos, grossière erreur. A peine quelques secondes plus tard, le futur auror sent la main du sorcier sur son épaule, ce qui le pousse à se retourner. Aussitôt, son poing vient percuter son nez, douleur lancinante qui vient irradier son visage. Un « fuck » quitte ses lèvres alors qu’il porte sa main à son nez, sent du liquide en couler. Nicholas avait frappé assez fort pour lui faire mal et le faire saigner. Ses oreilles bourdonnent, sûrement à cause de la douleur éprouvée et il n’a que l’envie de faire mal à nouveau, de le frapper jusqu’à le faire taire. Car il parle, encore et encore, Milo qui l’observe d’un regard noir et qui se retient de ne pas cogner jusqu’à en avoir mal aux mains. « Mais tu crois que j’en ai quelque chose à foutre de ton avis ? Retourne voir tes parents j’ai pas b’soin d’un crétin comme toi ! » Et s’il ne frappe pas, c’est uniquement parce qu’il se souvient dans une poignée de secondes de lucidité ce qu’il se passe quand il touche quelqu’un d’autre, malédiction qu’il avait réussi à garder secrète et qui se révélerait s’il touchait encore le sorcier. Sa mâchoire se serre aux mots de Nicholas qui parviennent à le heurter plus qu’il n’aurait voulu l’admettre. Il ne valait pas le coup, il le savait, mère qui lui avait assez fait comprendre ce fait pour qu’il ne l’assimile comme une vérité contre laquelle il n’allait pas. Il ne valait pas le coup, certainement pas de perdre sa famille en tout cas. La colère flamboie à nouveau parce qu’il n’a jamais rien demandé de tout ça, qu’il n’a jamais voulu l’avoir dans sa vie alors de quel droit se permettait-il de le juger ? « Ouais tire toi, j’en ai rien à foutre de ta gueule de toute façon ! » Il claque la porte derrière lui, reprend ce souffle qui lui avait échappé sans même le regarder. Il fait les cent pas, Miles, jusqu’à ce que son pied n’envoie valser d’un grand coup une chaise restée dans son chemin. Il agrippe le plan de travail avec force, jusqu’à ce que les jointures de ses mains s’en retrouvent blanchies. Il ne sait plus quoi faire ni quoi penser alors qu’en l’espace de quelques minutes, sa vie venait d’être chamboulée et remise en question, ce qu’il n’était pourtant pas prêt à affronter.

RP terminé.