(fin janvier)

Cela faisait déjà quelques heures maintenant qu'Alicia était partie du bureau pour revenir chez elle et si la lionne avait l'occasion de pleinement profiter d'une soirée sans la moindre tache à faire ou responsabilité à relever, elle tournait en rond. Incapable de se reposer tant son cerveau tournait à vive allure, journée qui lui restait dans les jambes et l'esprit, autant par la fatigue ressentie qui s'accumulait dangereusement au fil des jours que par ce qu'elle avait appris. Il ne lui avait suffit que d'une rencontre avec Marcus pour découvrir ce qu'elle avait été incapable de comprendre il y a maintenant deux semaines. Gouffre immense s'étant creusé entre Miles et elle depuis le temps, Alicia n'avait pas pu taire ses inquiétudes et s'empêcher de travailler le meilleur ami de l'auror sur les raisons qui animaient à la fois son comportement et pourquoi il avait mis un terme à ce qu'ils avaient. Et elle portait cette blessure en elle depuis tout ce temps sans réussir à la traiter, ni même à l'apaiser tandis que divers scénarios lui étaient passés en tête sans réussir à savoir lequel se révélait juste tant l'auror était devenu une vraie tombe, tant aussi elle avait tenté de se protéger et de mettre de la distance – ce qu'elle aurait dû faire depuis le départ. Seulement depuis qu'Alicia sait, les choses ont changé pour elle et autant déteste t'elle le fait qu'il ait pu lui mentir sur quelque chose d'aussi grave sans lui faire confiance pour l'aider, autant ne supporte t'elle pas l'idée de sentir ce besoin de refaire un pas en avant là où elle aurait préféré en faire trois arrière de plus. Mais c'était quelque chose de relativement nouveau et qui avait pris naissance depuis leurs derniers rapprochement, Alicia tenait véritablement à lui désormais. Assez pour dépasser sa fierté touchée, sa blessure évidente face à son comportement et tout ce qu'elle a pu en penser depuis. Parce qu'elle était désormais rongée de doutes, se demandant si l'ancien serpent ne s'était tout simplement pas joué d'elle en la lâchant une fois qu'il avait eu ce qu'il désirait, une fois qu'il s'était lassé d'elle. Et si elle détestait cette idée, une part d'elle remplie d'insécurités liées à leur passé ne pouvait que le lui murmurer dès qu'elle croisait son regard, dès qu'elle le sentait la fuir ou qu'elle-même le faisait. Ces deux dernières semaines avaient sans doute été les plus longues de leur formation jusqu'ici, les plus silencieuses entre eux également et donc les plus tristes. Parce qu'il n'y avait pas eu de challenge, de cris et encore moins de longs regards ou de sourires, il n'y avait eu que de l'indifférence et c'était sans doute ce qui avait fait le plus mal.

Mais ce soir, elle ne pouvait pas rester de marbre. Alicia ne pouvait pas s'allonger dans son lit sans avoir le fin mot de l'histoire, cette raison qu'il lui cachait depuis le début sans lui faire confiance, son esprit ne trouverait pas le repos tant qu'elle n'en saurait pas plus et c'est pourquoi elle préfère travailler sur un dossier après le repas, s'occuper l'esprit et taper du pied contre le sol le temps afin de tenter de se contenir, en vain. Se servant du remontant qu'Aenas lui a confectionné quelques jours plus tôt, sa pupille se dilate et son esprit semble plus aiguisé mais aussi bien trop vif et à la fois alerte sur trop de choses à la fois. C'est plus tard que la sorcière craque alors et revêt une veste en cuir au dessus de son col roulé noir, bottes à talons enfilées au dessus de son jean, tenue des plus moldues pour arriver au bureau alors que le Ministère est pratiquement vide. C'est en déposant un dossier sur son bureau et en recherchant un autre que l'apprentie-auror discerne des voix masculines quitter le bureau de l'instructeur toujours allumé et voit alors la silhouette de Milo en sortir. Ses sourcils se froncent, faisant aussitôt des connexions peu agréables dans son esprit et comprenant facilement qu'il était sans le moindre doute soit sur une mission officieuse, soit mis sur le carreau par leur supérieur. Alicia se fait la plus discrète possible et quitte le bureau, les pensées s'entrechoquant tandis que sa main serre contre elle le dossier récupéré, la sorcière est distraite, tant qu'elle ne prend même pas le chemin de retour pour son appartement mais sort dans les rues de Londres avant de transplanner près de chez lui. Elle a le cœur qui tambourine sous sa poitrine en réalisant ce qu'elle fait et en revenant sur ce chemin tant emprunté le mois dernier, porte de l'appartement de l'auror qui ne tarde pas à lui faire face et Alicia attend quelques secondes avant de trouver le courage d'y frapper trois coups. Elle ne savait même pas très bien ce qu'elle comptait lui dire mais quelque chose d'urgent lui serrait les entrailles et la poussait à être ici sans lui donner d'autre choix. C'est peut-être aussi dû à cette nervosité mêlée à une fausse énergie que le remontant lui offre, mais Alicia ne tient pas en place, comme une lionne faisant les cent pas devant cette porte qui demeure fermée, l'arrivée de Milo quelques minutes plus tard offre à son cœur une accélération interdite et ses sourcils se froncent. « super longue ta conversation avec l’instructeur. » oui elle l'avait vu et non elle ne s'en cachait pas, Alicia mettait les pieds dans le plat ou du moins usait de sa vérité sans le moindre soucis, elle. C'était du moins ce qu'elle se répétait pour justifier cette envie de tout faire éclater qui n'était pourtant pas aussi grande que celle d'avoir des explications de sa part. Elle réalise que ce sont les premiers mots qu'elle lui offre depuis deux semaines et d'une certaine façon, ça lui fait un peu mal au cœur, ça appuie sur cette blessure encore ouverte qu'elle tente au mieux d'ignorer, n'était-elle pas plus forte que ça ? Quand il ouvre sa porte, Alicia ne perd pas de temps et n'attend pas non plus à ce qu'il l'invite que sa main s’aplatit contre le bois et qu'elle entre avant lui, faisant glisser son sac de son épaule pour le mettre sur sa table, dossier posé juste à côté. « j'en ai rien à faire que t'aies pas envie de parler. » comme premiers mots tandis qu'elle s'avançait vers lui, drôle d'énergie débordante encore en elle alors qu'elle était la plus épuisée possible ces derniers temps, il s'agit du remontant mais aussi de l'adrénaline qui l'animait d'être si proche des réponses à ses questions. Alicia s'approche de lui et verrouille son regard au sien et ce simple fait est capable de la faire chavirer, alors les iris caramel glissent sur son torse pour se défaire de cette impression chaude qui venait de l'envelopper, elle n'en voulait pas. Sa main se relève et vient volontairement se positionner en parallèle de son bras, suffisamment proche pour le voir s'écarter, elle réitère le geste du côté de l'autre bras, puis encore une fois à droite. A chaque fois, l'auror s'écarte et un air à la fois fier et implacable s'affiche sur son visage quand elle réalise que les informations de Marcus sont véridiques. « i knew it. » et Miles n'allait pas s'en tirer comme ça. Aussi idiote était cette scène de la voir multiplier des mouvements aussi vifs qu'en combat sans une seule fois le toucher quand lui les esquivait, elle secoua la tête et le regarda à nouveau. « t'es vraiment un idiot. » et qu'importe si ça l'agaçait, elle se sentait survoltée, d'énergie, par ses pensées, jusqu'au point où un sourire fend ses lèvres avant qu'un rire ne les dévale. « j'arrive pas à y croire, vraiment. » et comme si ça ne suffisait pas, sa main revient effectuer un mouvement vif près de son bras. « t'as peur que j'te touche hein, t'aimerais arrêter mon poignet mais tu ne le peux pas. » elle sourit encore, sans même savoir comment mais au fond, peut-être que ça l'amuse un peu, car aussi un soulagement apparaît, celui de se dire que ce n'était finalement pas elle la cause de son recul, du forfait qu'avait pris leur relation désormais au point mort.

(fin janvier)

« C’est tout ? » Miles hoche la tête, les bras croisés sur son torse. Il venait de passer trois heures à surveiller et à noter les allées et venues de sorciers dans un entrepôt sans savoir de quoi il était véritablement question. Il détestait être ainsi dans le flou, n’avoir que des bribes balancées par cet instructeur qui semblait profiter un peu trop de la situation dans laquelle il se trouvait. Il n’aurait jamais du lui parler de ce dont il souffrait, Milo, mais comment aurait-il pu continuer à garder le secret ? Le piège s’était refermé sur lui rapidement et, quelques jours après l’incident seulement, il avait fini par tout raconter à son supérieur. Bien entendu, qu’il n’avait pas manqué cette occasion pour le descendre à nouveau, pour lui faire comprendre à quel point il avait une nouvelle fois tout foiré. Pourtant, il n’avait pas évoqué de rapports ou autre trace à laisser dans son dossier – il lui avait plutôt proposé cet accord qui l’inquiétait plus qu’il ne voulait l’avouer. Il assurerait quelques missions non officielles le temps qu’il ne trouve ce qui parviendra à le guérir et tout serait réglé. Il était méfiant, Miles, l’était toujours avec lui, personnalités qui ne s’accordaient pas, désaccords qui avaient été légion jusqu’à présent. Il n’avait pas eu d’autre choix que d’accepter pourtant. « C’est tout, oui. J’imagine que je n’ai toujours pas de rapport écrit à fournir ? » dit-il en relevant les yeux vers l’homme qui balaie sa question d’un revers de la main. Qu’importe ce qu’il pouvait bien dire. Le futur auror avait absolument tout noté et conservait des traces de ces différentes missions conservées, preuves qu’il accumulait au cas où il chercherait à se jouer de lui. Il n’en avait parlé à personne. Comment le pourrait-il, de toute façon ? Marcus était le seul qui connaissait sa condition et il ne voulait pas lui imposer un sujet aussi délicat. En ce qui concernait Nicholas.. Il ne préférait même pas y penser, souvenirs de leur altercation qui étaient encore vivaces. Il était hors de question d’en parler à Alicia, celle qu’il s’efforçait de préserver sans doute de la pire des manières. Il n’avait fait que l’éviter ces deux dernières semaines et il aurait pu jurer que jamais ses journées ont été aussi longues et mornes. Il ne se sentait pas lui même, Milo, partie de lui qui lui manquait, qui lui donnait l’impression que son cœur agonisait dans l’attente de retrouver son âme-sœur. Il a tout ignoré, pourtant. Il a ignoré son envie de lui parler, de tout lui raconter, pour pouvoir lui expliquer qu’il ne s’était jamais joué d’elle. Il a ignoré son envie de glisser sa main sur sa joue, de juste pouvoir la sentir se blottir contre lui. Finalement, il ne réclamait pas grand-chose, l’anglais, si ce n’était sa présence près de lui pour pouvoir revivre au moins un peu. « Vous avez trouvé comment me débarrasser de.. de mon problème ? » Le manque d’Alicia qui le pousse à l’interroger, à chercher ce qu’on lui promettait sans pour autant qu’il ne voit le moindre progrès à ce sujet. « Ce n’est pas si facile de réparer ton erreur, je t’avertirai quand ce sera le cas. » Mâchoire serrée, il acquiesce sans rien ajouter en dépit de cette envie qui le démangeait, l’impression alors que l’instructeur faisait peut-être traîner les choses pour pouvoir profiter de la situation. Il ne dit rien de plus, Miles, le laisse évoquer la mission qui l’attendrait le lendemain avant de quitter son bureau, lassé.

Quand il arrive en bas de son immeuble, il écrase et jette sa cigarette, humeur maussade qui pousse le sorcier à traîner les pieds. Dans son couloir, une voix familière attire son attention et le pousse à relever la tête brusquement. Elle était là, Alicia, à l’attendre devant chez lui. Son cœur loupe un battement et pendant un instant, il a l’impression de revivre car ils n’ont sans doute jamais été aussi proches depuis deux semaines. Il pourrait presque sourire si ses mots ne le poussaient pas à réaliser ce qu’elle savait, sorcier qui déglutit alors qu’il se demande ce à quel point elle les avait entendus. « J’avais des heures à rattraper c’est tout. » Il ment mal, trop fatigué pour faire un véritable effort à ce sujet. Il s’avance d’elle, le cœur battant à tout rompre de s’avancer vers elle comme il le faisait. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » C’était dangereux, beaucoup trop pour lui qui avait si peur de la blesser sans s’en rendre compte. Elle ne lui laisse pas le choix et entre à sa suite, s’imposant alors et Milo ne sait pas vraiment ce qu’il éprouve à ce sujet. Une part de lui est inquiète, craint ce qui pourrait arriver. Une autre, plus grande, est surtout heureux, soulagé, car il avait peur que ce temps passé loin d’elle ne la pousse à s’éloigner davantage sauf qu’elle était là, Alicia, qu’elle n’abandonnait visiblement pas et cette information fait naître de dangereux espoirs au creux du palpitant du futur auror. Veste déposée négligemment sur son porte manteau, il dépose les notes prises sans autorisation sur son plan de travail et se tourne vers sa partenaire sans savoir quoi dire. Il n’en a pas le loisir, toutefois, car Alicia s’avance et que son souffle est en suspens, qu’elle s’approche et qu’il fait un pas en arrière. Sa main s’approche et chercher constamment à toucher son bras, mouvement qu’il se doit d’éviter à plusieurs reprises. « Mais qu’est-ce que tu fais ? » Sourcils froncés, son cœur se serre à son exclamation. Elle savait. Comment pouvait-elle savoir ? Il n’en avait parlé à personne en dehors de Marcus et de l’instructeur et aucune des deux ne pouvait le lui avoir dit, pas vrai ? Seulement il n’a pas le temps de réfléchir car elle enchaîne, qu’il doit se concentrer pour l’éviter, reculer, mais ça ne change rien car elle continue. Puis cette dernière phrase, celle qui achève de le persuader qu’il y avait quelque chose d’étrange chez elle à cause de son air et de sa façon de lui parler, même s’il n’arrive pas à savoir de quoi il s’agit. « Putain mais si tu sais pourquoi tu fais ça ? » L’énervement qui a raison de lui alors que ses nerfs sont mis à rude épreuve depuis deux semaines déjà, qu’il ne s’est jamais senti aussi seul et que ce n’était pas ainsi qu’il s’imaginait que les choses se seraient passées si elle devait apprendre les raisons de son éloignement. Il s’attendait à de l’énervement, sans doute, mais pas à ça. Il s’éloigne, se dérobe d’elle et recule de plusieurs pas pour creuser la distance. « Je fais en sorte de toucher personne depuis deux semaines parce que j’ai envie de blesser personne et surtout pas toi et toi… toi tu t’amuses avec ça ? » L’incompréhension qui teinte ses traits et incite le sorcier à se retourner pour s’emparer d’une nouvelle cigarette rapidement allumée, comme si ça pouvait suffire à calmer ses nerfs. « Je pouvais pas te le dire, je pouvais pas car c’est mon erreur, c’est à moi de gérer, t’as pas à subir mes conneries. » Son regard qui ne la quitte pas parce qu’il craint encore qu’elle ne s’approche mais aussi parce qu’elle est trop belle, Alicia, toujours beaucoup trop belle et qu’elle lui a manqué, terriblement. « Comment t’as su ? » Question qui lui revient, qui le taraude alors qu’il expire la fumée de sa cigarette. Son pied tapote contre le sol alors que sa nervosité ne le quitte pas. « T’es… différente. Je sais pas pourquoi, mais je le sais, t’es pas comme d’habitude. » Ses iris qui cherchent les siennes, besoin de la sonder, de réussir à cerner cette énergie particulière qui émanait d’elle. Finalement, ses épaules se détendent, défenses qu’il choisit d’abaisser car il est épuisé de lutter, épuisé d’être si seul face à ce qu’il affrontait. « Please stay away. I don’t want to hurt you. I just... I can't bear it.» Surtout pas elle, jamais. Il préférait souffrir encore et encore seul que lui imposer une quelconque douleur, Milo, incapable de supporter cette seule idée.

(fin janvier)

Il est agacé mais ça tombe bien, elle aussi l'est. Depuis des semaines maintenant et cela ne semblait pas vouloir s'apaiser, pas même en étant auprès de lui alors que ce n'était que ce qu'elle avait désiré tout du long, ça et l'oublier complètement, réussir à passer à autre chose sans le moindre soucis. Sauf que ça n'avait pas été aussi simple, ça avait même été impossible et une part d'elle rugit face à cette injustice, à tous ces efforts vains car une grande part d'elle restait bien trop attachée à Miles Bletchey quoi qu'elle fasse ou se convainc. C'est sûrement à cause d'elle qu'elle est là aujourd'hui et face à lui, qu'elle pénètre dans son appartement comme dans sa vie à nouveau après en avoir été éjectée sans même comprendre pourquoi. Elle détestait ça Alicia, se sentir aussi dépendante de son attention, de son avis, confuse face à sa décision de prendre de la distance, finissant par se convaincre qu'il n'avait fait que s'amuser durant tout ce temps d'un jeu qu'elle aurait du continuer, elle aussi, de jouer. Peut-être y avait-il eu méprise, peut-être n'aurait-elle dû pas lui faire confiance aussi rapidement. N'avaient-ils pas été en conflit assez de temps pour qu'elle apprenne de cette leçon ? Pourtant la voici chez lui et Miles recule d'un pas lorsqu'elle avance. Si la lionne refrène ce sentiment de peine qui l'emplit à ce moment comme à chacun des gestes similaires qu'il a pu faire, elle continue son jeu qui n'en était pas vraiment un, piège aurait été mieux nommé. « je vérifie quelque chose. » elle répond du tac au tac, ne se laisse pas déconcentrer tandis que les sourcils se froncent face à elle. Qu'importait. Miles se ficherait très certainement qu'elle le touche si elle avait tord, elle voulait simplement savoir Alicia, si rien n'avait compté, si elle n'avait été qu'un jouet temporaire pour lui, une conquête de plus. Incapable de le verbaliser à voix haute afin de le lui demander, elle s'amuse sans le faire, laisse court à ses impulsions guidées par le remontant qu'elle avait pris. C'était grâce à cela que la sorcière se sentait un peu plus courageuse aujourd'hui, assez pour être déterminée à lever le voile sur tout ça sans avoir peur de s'effondrer de fatigue physique et émotionnelle ensuite au vu de tout ce qui lui pesait en ce moment. Et qu'il l'évite et s'énerve ne fait que lui confirmer le soupçon traitant de vérité que Marcus lui avait à demi-dévoilé plus tôt dans la journée tandis que ses mains retombent contre elle et qu'elle observe l'auror se dérober d'elle. Le fossé entre eux deux se rétablit, peut-être se sent-il plus en sécurité loin d'elle. Et Alicia ne peut faire autrement que de tortiller ses mains entre elles, trop d'adrénaline en elle pour le moment, l'envie de faire les cent pas, de crier, de tournoyer, c'est dans sa tête qu'elle le fait en supportant le flot de ses pensées, en contenant cette énergie fausse débordant d'elle. Lorsqu'enfin Milo s'exprime, elle s'immobilise pour de bon, retenant son souffle comme une enfant qu'on gronde avant de le relâcher. Elle réalise dans le ton de sa voix la lourdeur de ce fardeau ou du moins l'effleure, le reproche à son égard ne tardant pas tandis qu'il allume une cigarette dont elle regarde la première bouffée se volatiliser. Et son regard reste sur elle comme le sien demeure sur lui, incapable d'en dévier, plus maintenant et surtout pas après ces deux semaines. Elle essaie de comprendre Alicia parce que même si elle débarque avec ses accusations, elle ne sait pas tout. « t'aurais pu nous le dire à nous, pas à lui mais à nous, à moi, on est une équipe. je t'ai donné mille chances de le faire en plus. » lui reproche sa coéquipière sans se retenir tandis que d'un mouvement de main elle balaie les airs en rétorquant « peu importe comment j'ai su, comment t'as fait pour avoir ça toi ? y a absolument rien d'écrit dans les rapports. » car forcément la sorcière l'aurait su, elle avait cherché d'ailleurs, un détail qui aurait été différent dans leur vie professionnelle et privée mais rien n'était apparu. Et Alicia réalise que son coup de pouce ne lui semble pas inaperçu, la connaissait-il aussi bien que cela ? Elle serre ses bras devant elle, ses doigts jouent avec l'élastique autour de son poignet dans un geste nerveux mais contenu. « c'est moi qui suis pas comme d'habitude ? Je te rappelle qui se transforme progressivement en demiguise dans la pièce ? » répondre sur la défensive pour éviter de se réveler, tout ce qu'elle avait trouvé de mieux tandis qu'elle finit par se taire quand il lui demande de rester loin de lui. Et c'est à ce moment qu'elle ressent une véritable peine pour ce qui lui arrivait, pour ce qu'il avait dû vivre ces deux dernières semaines, seul. Il avait l'air épuisé et isolé, plus qu'elle ne l'avait imaginé et quelque chose en elle s'adoucit aussitôt, là où elle s'était efforcée de relever de solides barrières entre elle et lui tout ce temps pour se protéger, elle se rend compte Alicia qu'ils auraient pu faire front ensemble finalement. Elle n'a que l'envie de s'approcher et le fait alors doucement, assez pour lui montrer qu'elle vient en paix cette fois et recherche son regard. « you won't hurt me, i know you will not. » sa voix s'était faite plus basse, elle même espérait y croire entièrement à ce qu'elle avançait. Ne l'avait-il pas d'ailleurs répété deux fois qu'il ne désirait pas lui faire du mal, tout spécialement à elle ? Alicia ne savait pas encore vraiment comment traiter cette information, trop blessée de ces deux dernières semaines pour qu'elle en soit touchée, elle savait pourtant que ça lui tournerait véritablement en tête à présent. Elle avait l'impression d'avoir accès à cette version de Milo qu'elle avait aimé découvrir, dont elle s'était approchée ces dernières semaines jusqu'à ce qu'il n'impose une distance et une froideur qui avait été insoutenable pour elle. Il n'avait pas le droit de lui dire ça, en somme. « i will not touch you, i promise. » même si à cet instant, elle en mourrait d'envie. « even if i want to punch you for not telling me all this time. » mais elle persistait à vouloir le prendre dans ses bras et effacer ce qu'elle lisait dans son regard et entendait dans le ton de sa voix. « and i think you have stayed enough far from me until now. » ses mains ramenées le long de son corps ne cessaient de plier et déplier ses doigts contre les paumes de ses mains, énervement interne à cause de la potion avalée qui l'empêchait d'être tout à fait calme, à l'image de ses pensées tandis qu'elle savait d'avance qu'elle voulait trouver une solution pour l'aider. Il le fallait, non seulement parce qu'ils étaient partenaires et collègues, mais parce qu'après tout ce temps, peut-être aussi car ils étaient enfin devenus au moins amis.

(fin janvier)

Il ne sait pas si c’est mieux ou pire, que de voir Alicia. Peut-être mieux parce qu’enfin elle est là, qu’ils peuvent échanger plus que les deux mots partagés ces deux dernières semaines. Mieux parce que son regard est à nouveau posé sur elle et qu’elle lui a cruellement manqué. Pire, parce qu’elle était proche de lui et qu’il ne pouvait pas la toucher. Pire, parce qu’il craignait de lui faire mal par inadvertance. Mais il comprend qu’il n’a pas vraiment le choix Milo, il lui suffit de croiser le regard de la sorcière pour comprendre qu’elle n’accepterait aucun refus de sa part et qu’elle ne partirait pas. Elle a cette attitude étrange qu’il ne comprend pas, cette drôle d’énergie qui semble déborder d’elle sans qu’il parvienne à en identifier l’origine. De lui même, il s’écarte, calmant ses nerfs sur une cigarette qui ne suffira pas à l’apaiser. Il n’a pas envie de lever la voix contre elle, ne veut pas d’une dispute alors même qu’ils ne se sont pas parlés depuis deux semaines. Il n’a pas vraiment le choix, pourtant, pour se faire entendre et réussir à esquiver les gestes de sa partenaire. Sorcier qui ne peut que comprendre les reproches qui lui sont adressées. A sa place, il aurait aimé savoir aussi, plutôt qu’être laissé dans le flou comme lui avait pu le faire. « Je sais. » un murmure, rien de plus, car rien ne pouvait véritablement justifier ses choix outre son envie de la protéger de ses propres actions, de conséquences dont elle n’avait pas à subir le poids. « Parce que je l’ai pas indiqué dans le rapport. » Il détourne le regard car ça avait été là sa première erreur. Peut-être que s’il avait été franc depuis le début, alors la situation ne se serait pas éternisée comme elle l’avait fait. Il n’y avait pas vraiment réfléchi sur le coup. Il savait seulement que sa relation avec l’instructeur était catastrophique et qu’il aurait pu s’en servir contre lui, ce qui lui semblait idiot, maintenant qu’il avait fini par aller le voir. Miles qui relève la tête vers elle parce qu’il voit bien qu’elle tente d’éviter le sujet, qu’elle cherche à détourner l’attention, geste nerveux qu’il observe aussitôt. « Cherche pas, je sais que tu mens. » affirme-t-il sans hésiter. Et s’il met l’information entre parenthèses car Alicia a besoin de réponse, il ne compte pas abandonner et a bien l’intention de comprendre ce qui pouvait la mettre dans un tel état. Sa tête s’appuie contre le rebord de la fenêtre derrière lui alors qu’il expie la fumée entre ses lèvres avant d’observer avec méfiance les gestes de la lionne. Elle avance, lentement cette fois et c’est la prudence dont elle fait preuve qui la pousse à ne pas s’éloigner à nouveau. Alicia semblait avoir compris le dilemme face auquel il se trouvait, l’anglais qui déglutit face à la confiance qu’elle portait en lui. Comment pouvait-elle en être si sûre ? Ne l’avait-il pas déjà blessée, d’une façon, en s’éloignant sans rien lui dire comme il l’avait fait ? La peur de lui faire mal, physiquement cette fois, le pousse à guetter ses gestes, craignant qu’elle ne s’élance brusquement comme elle avait voulu le faire à peine quelques minutes plus tôt. Fumée aspirée et recrachée à nouveau, il sent ses épaules se détendre face à la promesse d’Alicia. Il lui faisait suffisamment confiance pour y croire, pour comprendre qu’elle ne chercherait plus à tester sa théorie maintenant qu’il la lui avait confirmé. Il en vint à écraser sa cigarette après ses derniers mots, affirmation avec laquelle il était plus que d’accord. Il s’était éloigné trop longtemps d’elle, Miles qui avait pris certaines habitudes lors des vacances de noël, celle de sa présence à ses côtés notamment. L’anglais se redresse et se penche vers elle, tout en conservant une certaine distance, paupières qui se ferment à peine quelques secondes quand sa fragrance lui parvient. « Alicia.. » son prénom murmuré dans un souffle avant qu’il ne prenne une profonde inspiration, tente d’effacer les souvenirs associés à son odeur qui reviennent subitement l’attaquer – la même odeur qui avait chatouillé ses narines en se réveillant, un matin, avec la brune dans ses bras, le sourire apaisé qui en avait découlé.

Quand il rouvre les yeux, il sait alors qu’il n’aura pas d’autre choix que de s’ouvrir un peu plus sur ce qui était arrivé s’il ne voulait pas totalement gâcher ce qu’il y avait eu entre eux. Sa main s’appuie sur le plan de travail, pas très loin de celle de la brune. « Il y a eu une mission, début janvier.. Quand t’as du t’absenter. » Sur ces mots, il sonde son regard à la recherche de quelque chose, n’importe quoi, qui l’aiderait à comprendre. « Ne crois pas que tu t’en sortiras comme ça, d’ailleurs, après ça tu me raconteras pourquoi t’es si différente. » Il n’en démordait pas Milo, refusait de la laisser comme ça sans tenter d’être un minimum là pour elle. « Il y avait cette espèce de boîte… Et je sais pas, j’ai juste voulu la prendre mais il y a eu comme une décharge. Après ça, je pouvais plus toucher qui que ce soit. » Deux semaines déjà qu’il en était au même point, deux semaines que rien ne changeait. « Je pensais pouvoir tout gérer seul, vraiment. J’ai tout essayé, j’ai passé mon temps à lire ces livres à la con qui n’ont apporté aucune solution. » L’agacement qui monte, qui se manifeste à travers le ton de la voix alors qu’il détourne soudain le regard. « Et… Je trouvais pas et j’en pouvais plus Alicia, j’arrivais plus à mentir et à trouver comment éviter tout le monde au bureau. » Les interrogations qui avaient fini par être plus nombreuses sur ces entraînements solitaires qu’il voulait constamment mener, lui qui n’était jamais contre le travail d’équipe avant ça. « Je lui ai tout dit. » Il se mord l’intérieur de la joue car il aurait préféré tout lui dire à elle, mais elle semblait avoir déjà tellement à gérer, comment aurait-il pu arriver chez elle et réclamer son aide, en ajouter au poids pesant sur ses épaules alors qu’il venait de passer autant de temps à l’éviter ? « Et c’est bizarre, Ali, car il a pas fait de rapport, rien. Ça fait quelques jours qu’il dit chercher sans rien trouver et en attendant il m’envoie sur des missions officieuses. » Miles relève les yeux vers elle, trouvant un étrange réconfort en cette proximité qui n’était pourtant pas aussi efficace que de la sentir contre lui, que de pouvoir enlacer ses doigts aux siens. « Le genre de missions où on te demande que des rapports oraux, rien d’écrit, surtout. » précise-t-il quand leurs regards se croisent. Il n’a pas besoin d’en dire plus, Alicia, car elle comprendra forcément. Elle comprendra à quel point leur instructeur profitait de la situation pour l’isoler, pour l’envoyer accomplir des missions qui n’avaient rien d’officielles. Évidemment qu’il conservait des traces de tout Milo, confiance qu’il n’avait pas en leur supérieur et qui le poussait à se méfier de tout. De tout, sauf d’Alicia, vérité criante qu’il ressent par ce palpitant prêt à la retrouver pleinement, soulagé de n’être plus séparé de ce qui lui avait tant manqué.

(fin janvier)

Elle bouillonne sur place Alicia, ne parvient pas à comprendre pourquoi il leur a caché quelque chose d'aussi important, comment il a pu penser que personne ne finirait par comprendre. Pourquoi, surtout, ne leur avait-il rien dit ? Ils étaient une équipe tous ensemble où l'entente et la confiance étaient primordiales, plus que cela, elle avait cru que quelque chose de supplémentaire les liait tous les deux. En dehors des chauds échanges et des rapprochements qui avaient été pour eux, n'étaient-ils pas avant tout des partenaires ? Mais la langue se délie enfin et un soupir de soulagement s'échappe de ses lèvres, si sa tension interne ne voulait pas diminuer à cause de ce qui l'agitait toujours par la potion prise, Alicia avait au moins la satisfaction de le voir enfin céder en déployant la vérité. Et son regard le détaille, comme elle l'avait tant de fois fait mais c'était différent cette fois, elle se demandait si elle arriverait à se défaire de cette sensation désagréable de s'être sentie trompée et mentie tout le long, si elle arriverait à oublier cette chaleur diffuse dans son corps à chaque fois que ses iris se connectaient aux siennes un peu trop longtemps. Et ses bras se raffermissent contre elle en secouant la tête, levant brièvement les yeux au ciel lorsque Milo ramène le sujet à elle sans en démordre. Elle n'était pas ce qu'il y avait de plus important à ce moment précis, elle voulait tout savoir. « Continue. » car elle ne partirait pas tant qu'elle ne saurait pas ce qu'il s'était passé. Alors l'auror l'écoute en silence et fronce les sourcils tandis qu'une partie de son cerveau tente déjà de résoudre certaines hypothèses, elle le croit quand il dit qu'il n'a pas fait exprès, qu'il a cherché des solutions et n'en pouvait plus. Miles n'était peut-être pas l'ami de tous – loin de là d'ailleurs – mais ces deux dernières semaines avaient été pénibles, même rien qu'à le voir aussi isolé. Ce n'était pas dans sa nature, même elle le savait. Alors elle se raidit lorsqu'il évoque l'instructeur et son cœur s'emballe mais pas pour la bonne raison. Evidemment qu'il s'est servi de lui, évidemment que c'est à cause de lui si rien n'est réglé à ce jour. « Je.. non mais c'est pas vrai ! » elle s'énervait en défaisant ses bras de devant sa poitrine, commençant à tourner en rond dans la pièce tout en écoutant la fin de son histoire qui ne la fit que s'agacer plus encore. L'instructeur ne l'avait pas une seule fois aidé, redirigé vers le bon service, mais s'était amplement servi de lui et une colère l'envahissait à cette idée, à la peur aussi qu'il ne l'ait impliqué dans des choses trop louches. Une main passe devant son visage tandis qu'un long soupir dévale ses lèvres lorsque la lionne s'arrête, se pinçant l'arrête du nez et tentant de réfléchir au mieux, de tout remettre en contexte. « évidemment qu'il en a profité. » elle avait envie de lui hurler dessus, de le dénoncer aux autorités compétentes mais il était la leur et leur promotion en serait aussitôt mise sur la touche. « il va pas s'en tirer comme ça. » ajoute t'elle en plantant son regard dans celui de Miles et c'est à ce moment-là alors, qu'elle se radoucit. Comme si un vent nouveau soufflait en elle, éteignait les braises voraces pour la faire changer de cap sur l'urgence de la situation. « on va trouver une solution et puis on s'occupera de lui. » Ses mains se posèrent sur le plan de travail devant elle qui la séparait de Milo, ses ongles claquaient en rythme sur la surface tandis qu'elle réfléchissait à toute allure. « on a une amie commune avec Katie qui travaille au service des malédictions, on pourrait la voir dès demain pour qu'elle nous aiguille. » une chose était certaine, Alicia ne comptait pas laisser Miles seul dans cette situation. Utiliser son répertoire et ses compétences, ses rares heures de repos pour potasser des livres ou tenter n'importe quoi pour le débarrasser de sa malédiction serait l'une de ses nouvelles priorités. « quand est-ce que tu vas comprendre que t'es pas tout seul par contre ? » son agacement se reportait quand même un peu sur lui, ses sourcils légèrement froncés, elle était finalement plus blessée qu'en colère. « on est une équipe, tous ensemble, mais toi et moi aussi.. » et une boule se logea dans sa gorge à ce qu'elle évoquait, le réalisant et tentant aussitôt de se ressaisir mais son cœur épuisé parlait pour elle ce soir, la lionne était sans filtre. « on va trouver une solution. » réitéra t'elle en ancrant à nouveau son regard au sien. « mais ne me mens plus, s'il te plaît. » et ça lui coûtait après ces deux semaines de mettre de côté toute sa fierté et son égo blessé, mais elle tenait bien trop à lui aujourd'hui pour tout simplement claquer la porte et le laisser se débrouiller tout seul. Elle serait là pour lui quoi qu'il arrive Alicia, c'était ce que deux partenaires faisaient, mais surtout, deux amis. « Est-ce que.. est-ce que toi, ça te fait mal ? » c'était la crainte qui s'était formulée après de nombreuses secondes, cœur étreint de penser qu'il pourrait souffrir depuis deux semaines dans le plus total des silences. Elle se demande alors pourquoi et comment il a pu s'infliger ça, à quel moment on pouvait s'isoler à ce point pour subir en silence et qui dans sa vie n'avait pas su être un assez bon modèle, parent ou ami pour l'amener à croire qu'il ne valait pas assez pour se défendre ou prendre soin de lui.

(fin janvier)

Même s’il avait voulu tout garder pour lui, Milo ne pouvait qu’admettre que pouvoir enfin tout raconter lui faisait un bien fou. Il n’était plus obligé de calculer chacun de ses mots et de ses gestes, luxe qui n’était plus le sien depuis plus de deux semaines maintenant. Voir Alicia s’énerver peu à peu contre leur instructeur avait quelque chose d’étrangement satisfaisant aussi car cela ne faisait que confirmer que son impression était la bonne, qu’il ne s’était pas démené pour l’aider mais avait plutôt choisi de faire traîner les choses afin de profiter de la situation le plus longtemps possible. Ils étaient deux, à douter de lui, c’était le cas depuis cette mission qui aurait pu leur coûter bien plus en septembre et plus le temps passait, moins les choses allaient en s’arrangeant. Miles ne faisait que compter les jours le séparant de la fin de leur formation afin d’être délivré de son emprise, de pouvoir ensuite agir comme bon lui semblait sans avoir à craindre qu’on ne vienne pourrir son dossier. Il acquiesce, conscient que l’urgence n’était pas tournée vers leur instructeur mais plutôt vers sa situation, celle qui le rendait dépendant aussi d’une certaine façon de leur supérieur. « J’ai gardé des preuves. » précise-t-il. Hors de question qu’il se fasse avoir si facilement, qu’il ne se laisse faire sans chercher à avoir de quoi réagir. « Je note absolument tout ce qu’il me demande et ce que je vois lors de ces missions. » Le futur auror ignore si ça pouvait lui servir un jour mais il s’en servait comme un réconfort, comme l’assurance que si leur instructeur cherchait à attaquer l’un d’eux, alors il aurait de quoi lui tenir tête et s’assurer qu’il n’aille pas trop loin. Le sorcier hoche la tête brièvement, reconnaissant qu’elle trouve déjà une piste – peut-être que c’était ça dont il avait eu besoin tout ce temps, de quelqu’un qui l’aiderait à avoir de nouvelles idées, lui qui avait l’impression d’avoir déjà retourné le problème dans tous les sens. Miles qui relève la tête vers Alicia à sa question, il perçoit l’énervement dans sa voix et le comprend, quelque part. A sa place, il lui en aurait sans doute voulu aussi de l’avoir tenu à l’écart, d’avoir chercher à tout gérer seule quand il aurait pu être là, prêt à retourner chaque centimètre carré de cette Terre pour lui apporter tout ce dont elle pourrait avoir besoin. « Je sais. » Il ne dit pas qu’il n’a une confiance aveugle qu’en elle, même au sein de l’équipe. Leur relation est différente, plus intense qu’elle ne pouvait l’être avec quiconque et quand bien même il avait confiance en chaque membre de son équipe, il n’y avait qu’à elle qu’il se fiait pleinement. « Je suis… j’ai pas l’habitude. » Il se retient de s’excuser une nouvelle fois et explique plutôt son comportement – pourquoi s’excuserait-il d’un comportement déclenché par des années de négligence, par une vie passée à se détacher de tout, à tout régler seul car jamais personne ne se souciait de ce qui pouvait bien lui arriver ? Son regard s’accroche à celui d’Alicia quand il offre un « promis » sincère, la garantie de ne plus lui mentir, surtout pas quand il s’agissait d’un sujet aussi important et dangereux pour lui. La question de sa partenaire le désarçonne. Ce n’était pas grave ce qu’il ressentait, pas vrai ? Il n’y avait pas vraiment pensé ces derniers temps, trop occupé à éviter de blesser son entourage. « Un peu. Mais.. Mais ça va, ça. » Il pouvait gérer la douleur physique qu’il ressentait au moindre contact avec un autre. La solitude, c’était différent. Ça le hantait constamment, comme un fantôme qui lui collerait à la peau et ne le lâcherait jamais, lui murmurant ses craintes les plus terribles à l’oreille, celle d’être seul, toujours, finissant par le convaincre que ce serait ce qui l’attendrait à jamais. Spontanément, sa main s’approche de la sienne, posée sur le plan de travail. Elle reste là, à quelques centimètres de la sienne à peine. Son cœur se serre en la voyant si proche sans pouvoir la saisir, sans pouvoir enlacer ses doigts aux siens. Son regard reste rivé sur leurs mains quelques secondes alors que le manque le frappe davantage encore. Il ne rêvait que de ça, Milo – de pouvoir l’enlacer à nouveau, pouvoir sentir ses courbes familières se blottir contre lui pendant qu’il profiterait de la tendresse ressentie par une telle étreinte. Il relève la tête vers Alicia, croise son regard. « I just feel lonely. » admet-il dans un murmure. Il ne la supportait toujours pas cette solitude, ne parvenait pas à s’y faire alors qu’il avait du s’isoler totalement. Prenant une profonde inspiration, Miles ramène sa main vers lui. « Et toi ? Comment tu vas ? » L’inquiétude qu’il éprouvait était réelle alors, qu’en plus du reste, l’anglais avait éprouvé une véritable frustration de ne pas pouvoir être présent pour sa partenaire quand elle en avait véritablement besoin. « Just talk to me please. » Qu’elle lui dise ce qu’elle éprouvait véritablement, sans mensonge, sans détour. Elle en avait besoin sûrement autant que lui, de ces retrouvailles en demi-teinte. Peut-être plus, même. A vrai dire il n’était pas bien sûr de ce dont elle avait besoin – Milo savait juste qu’il ferait de son mieux pour le lui apporter car elle seule comptait, plus que n’importe quoi d’autre.

(fin janvier)

Il y avait un soulagement qui l'avait étreint au moment de savoir que Miles avait fait attention de garder des preuves, un autre en réalisant qu'ils étaient enfin capables de parler à nouveau ensemble sans se fuir. Et combien ça lui avait manqué, juste même quelques mots échangés, mais ce regard surtout, iris d'un brun clair qu'Alicia aimait tant et de toujours, qu'elle avait craint ne plus lui être vraiment dédié. Elle entend alors, ses aveux, ce manque d'habitude à faire confiance et agir en équipe lorsque cela le concernait, par extension, à prendre soin de lui. Et quelque part elle comprenait et à la fois, elle s'inquiétait. Si Miles n'avait pas même eu l'idée d'en faire part à l'un d'entre eux, alors Alicia ne savait pas entièrement à quel point son collègue dédiait sa confiance aux autres, plus méfiant ou prudent qu'elle ne le pensait, sans doute aussi d'une certaine façon négligeant envers lui-même et ça l'ennuyait, pour lui. Il ne méritait pas ce qu'il venait de vivre ces deux dernières semaines, la lionne n'avait même pas idée de combien ça avait pu être difficile. Sa promesse emballa son cœur d'un drôle de sentiment qu'elle s'efforça à calmer aussitôt, ce n'était pas le moment de le laisser reprendre du terrain après avoir fait tant d'efforts à le faire taire, elle était là en tant qu'alliée et amie, pas en cette position de plus qu'ils s'étaient offerts, qui n'avait jamais abouti à quoique ce soit, interrompus avant que ça n'aille plus loin, peut-être avait-ce été tout simplement un signe. Et elle saisit Alicia combien cette promesse n'était pas rien, importante et traitant véritablement de l'avancée de leur relation, il y a sa crainte qui se formule et puis les doigts de l'auror qui s'approchent des siens. Et alors elle comprend la lionne, combien ça a dû être difficile pour lui, si difficile de ne toucher personne, alors que des crépitements courent le long de ses doigts qu'elle observe elle aussi, si proche des siens, dans cette envie de les lier sans pouvoir le faire. Idée tragique de savoir qu'ils se feraient tant mal ainsi, son cœur se comprime de peine, plus encore à l'aveu que Milo lui offre tandis qu'elle relève son regard au sien et l'y accroche. Elle en ressent un long frisson désagréable, l'envie de lui prendre sa peine et annuler ces deux dernières semaines, une boule dans la gorge se formant tandis que oui, elle réalisait combien ça l'avait isolé. Si Alicia avait très mal vécu tous ces jours loin de lui, elle imaginait sans mal comment ça avait pu être et c'est une part de cette compréhension qui lui pardonne, qui apaise le tourment qui avait été le sien. Miles n'avait rien voulu de tout ça. « it's over now. » lui murmura t'elle tandis qu'il ramenait sa main plus loin sur ce plan de travail qu'ils partageaient, une idée lui traversant l'esprit.. et si.. ? Mais il ne lui laisse pas le temps d'agir, pas encore car sa question la désarçonne et si elle l'a détesté ces dernières semaines – car à peu près tout le monde la lui avait posé – elle réalise Alicia que c'est différent lorsque c'est Milo qui la formule. Parce que ça lui paraît plus simple et réconfortant de lui évoquer ce qui la tourmentait, surtout maintenant que les choses étaient mises à plat, c'était tout ce qu'elle avait désiré ces deux dernières semaines finalement, pouvoir s'appuyer sur lui, même juste un peu. Mais Alicia cilla légèrement parce qu'elle ne serait pas Alicia si elle n'hésitait pas à faire peser son fardeau sur un autre, mais c'était Milo et elle ressentait déjà le soulagement l'étreindre de pouvoir enfin lui en parler. Elle ne savait pas non plus comment formuler tout ça, que dire aussi, si elle devait tout lui dévoiler ou en retenir un peu quand même, le contrecoup du remontant d'Aenas la fatiguant et la rendant un peu confuse à présent, Alicia sort tout de même sa baguette et se sert de son écharpe afin de la métamorphoser en une paire de gants temporaires. L'un qu'elle enfila, l'autre qu'elle repoussa en sa direction en relevant son regard vers lui en l'invitant à essayer son idée. « Pas très bien. » lui avouait alors la lionne au bout d'un moment, inspirant lentement pour faire le tri dans ses pensées. « Je suis épuisée. » et enfin l'admettait-elle tandis qu'elle ne cherchait qu'à performer pour l'oublier depuis tout ce temps. Alicia se racle la gorge, s'apprête à dire une vérité qui lui semblait toujours autant impossible, inimaginable. « Je.. j'ai appris au début du mois qu'il était arrivé quelque chose à mon frère, celui que nous avons croisé en décembre à la foire. » la lionne ne le regardait pas, se contentant de fixer ces gants de fortune et temporaires qui habillaient leurs mains tandis que petit à petit, elle glissait ses doigts vers lui, tentait de réciter son histoire et son tourment de façon détachée, laisser les émotions à la Alicia dont les barrières n'étaient plus aussi hautes la nuit tombée et une fois seule dans son lit. « il a été retrouvé agressé, mordu par un.. » elle dut inspirer afin de se donner du courage, un sentiment de colère et de profonde tristesse l'envahissant à nouveau. « par un loup-garou. » et ses mains s'étaient mises à trembler à nouveau, alors elle retourna celle gantée avec la paume tournée vers le plafond en espérant qu'il ose, lui fasse assez confiance. « c'est très dur parce que.. » et ça l'était tout autant à le conter, boule se formant dans sa gorge à nouveau, elle tentait d'être plus forte que ses émotions mais c'était compliqué. « parce que mon, notre père l'a mis à la porte lui aussi, enfin il refuse de le voir ou de le reconnaître comme son fils à présent donc c'est comme si Alec perdait tout. » ses yeux s'étaient embués de larmes, sa colère aurait pu se transformer en haine envers son géniteur si la peine pour son frère n'était pas aussi importante. « donc j'ai décidé de le soutenir et de le prendre avec moi, je déménage parce que je n'ai pas envie d'imposer tout ça aux filles, je fais beaucoup d'aller-retours avec l'hôpital et le bureau, et il a encore du mal à reprendre pied ou même à me parler parfois.. » elle n'évoque pas la peur terrible qui la tient toujours d'avoir pu perdre son frère ou qu'il ne fasse une bêtise, que ses blessures ne l'emportent, elle ne parle pas de ces heures supplémentaires qu'elle s'impose au bureau pour rattraper son retard mais aussi pour compenser car elle n'arrive plus à être toute seule quelque part et sans rien faire sous peine d'être prise par de fortes crises d'angoisses. Mais avouer tout cela à Miles, sans détour ou faux semblants, lui faisait malgré tout du bien, plus qu'elle ne l'aurait imaginé, c'était à lui qu'elle avait voulu confier tout cela ces deux dernières semaines, dans ses bras qu'elle aurait aimé se confondre pour oublier tout, tirer la force dont elle avait besoin. Plus fébrile que jamais mais enfin sous son regard, elle n'a pas besoin qu'il la touche pourtant à ce moment précis pour se sentir soutenue et entendue, le brun de ses yeux lui offre suffisamment d'espoir. Et de rares larmes s'échappent sans qu'elle ne les ait autorisées, alors sa main vient aussitôt les sécher, ne désirant pas totalement craquer maintenant, pas après tout ce temps. « On va trouver une solution pour ton problème, pour finir cette formation et puis, pour aller mieux. » conclut Alicia d'un ton pas aussi assuré qu'elle n'avait voulu transmettre, pourtant elle y croyait à présent qu'ils se parlaient à nouveau.

(fin janvier)

Il attend, Miles, le regard posé sur elle avec l’envie de lui retirer toutes ses peines, de les porter pour elle car elle ne méritait que le positif, Alicia, et que plus le temps passait, plus il voulait s’assurer de son bonheur, ce même bonheur pour lequel il était prêt à tout. Il voudrait chasser ses cernes, la pousser à se reposer en la serrant contre lui jusqu’à ce qu’elle s’endorme et qu’il puisse veiller sur elle pour chasser chaque mauvais rêve qui tenterait de s’imposer à elle. Son regard descend vers l’écharpe métamorphosé en gants et il ne lui faut que quelques secondes pour comprendre ce qu’elle désirait en la voyant en enfiler un et lui tendre l’autre. Il sent son cœur se serrer tandis qu’il enfile un gant, relevant la tête vers elle quand sa partenaire reprend la parole. Il comprend à quel point elle devait se sentir mal – Alicia n’était pas du genre à se plaindre, jamais. S’il y avait bien quelque chose qu’il admirait, c’était sa capacité à prendre sur elle pour faire passer les autres en premier, une qualité qui pouvait l’inquiéter parfois car l’auror aurait aimé qu’elle soit plus égoïste, qu’elle s’autorise plus souvent à penser à elle avant toute chose. Alors, si elle en venait à admettre que ça n’allait pas, c’était que ça devait être pire encore que ce qu’elle insinuait. Miles reste silencieux, conscient qu’il lui fallait du temps pour lui raconter ce qui la tracassait. Alors, il ne peut qu’attendre, l’observer hésiter, lutter, avant de lui apporter un début de réponse. Il se contente d’acquiescer car elle voyait bien de qui elle parlait, souvenir de ce frère plus jeune croisé alors qu’ils partageaient un souvenir plus qu’agréable, un de ceux auquel il s’était accroché alors qu’il était loin de tous. Son souffle se bloque quand le loup-garou est évoqué et alors, il sent son cœur se briser pour elle, pour son frère, pour eux. L’anglais ne pouvait pas imaginer à quel point tout avait du être douloureux et particulièrement difficile à affronter. Une pointe de culpabilité l’étreint mais il la chasse car ses ressentis ne comptaient pas, que seule Alicia comptait et cette envie de lui remonter le moral, même juste un peu. Son regard se pose sur sa main tournée vers lui alors que Miles glisse la sienne vers elle, peu à peu, hésitant par crainte de la blesser. Quand son père est évoqué, il se fige quelques secondes avant qu’une colère flamboyante ne lui morde le cœur, l’envie d’affronter cet homme qui osait rejeter son fils alors qu’il était dans la pire situation possible, de lui dire à quel point il ne savait pas ce qu’il perdait en agissant ainsi et, surtout, de lui faire regretter d’agir comme il le faisait. Dans une impulsion alors il glisse sa main sur celle d’Alicia, attendant une, deux secondes, avant de réaliser qu’il ne se passait rien. Il en est soulagé le sorcier, entrelace ses doigts aux siens et même si ce n’était pas tout à fait pareil que le contact réel qu’il y avait entre eux habituellement, c’était mieux que tout ce qu’il avait connu ces dernières semaines. Surtout, c’était une façon d’apporter son soutien à la lionne, de lui montrer qu’il était là alors qu’il avait l’impression qu’elle s’était isolée, elle aussi, peut-être pour tout gérer sans s’imposer aux autres. Sa force l’impressionnait sans le surprendre et ça ne l’aide pas alors que ça le fait plutôt tomber un peu plus amoureux d’elle. « Alicia... » Il serre sa main dans la sienne alors qu’il voit quelques larmes se frayer un chemin sur ses joues, son envie de tout effacer qui se fait bien plus forte encore alors qu’elle s’empresse de les sécher et de le rassurer, comme si elle non plus n’était pas à réconforter. « Et on trouvera une solution pour toi aussi. » Milo ne voulait pas qu’elle s’oublie, qu’elle se perd en tentant de l’aider quand, elle-même, avait besoin de souffler, de s’occuper d’elle. « Tu n’aurais jamais du vivre ça, ton frère non plus et je suis vraiment désolé pour vous. » commence-t-il. Aucun mot ne saurait la réconforter, pas totalement en tout cas, mais il se devait d’essayer. « Ton père n’est qu’un troll. Il… Vous méritez mieux tous les deux et même si ça n’a pas l’air d’être le cas, c’est lui qui finira par regretter. » Du moins c’était ce que le futur auror espérait. Il lâche sa main, contourne le comptoir en faisant quelques pas vers Alicia, toujours aussi hésitant. « T’es incroyablement forte mais tu n’as pas à gérer ça toute seule. » Son regard s’accroche au sien tandis qu’il s’arrête à quelques centimètres à peine d’elle. « Je suis là. Qu’importe l’heure du jour ou de la nuit, je suis là. Peu importe ce que tu veux, demande et je te l’apporterai. » I could give you the world - you already have my heart and my soul anyway. Ses mots sont prononcés avec fermeté alors que, doucement, il pose sa main gantée sur sa joue, la caressant à l’aide de son pouce. « Je suis sérieux Alicia. Tu n’es pas seule. » répète-t-il dans un murmure, tentant de lui faire passer la sincérité éprouvée à travers son regard. Ils venaient de passer des semaines compliquées, tous les deux, mais il savait qu’ils s’en sortiraient désormais car ils étaient ensemble.  

(fin janvier)

C'est à son toucher retrouvé qu'elle s'accroche, au regard qu'elle retrouve enfin après des semaines que la sorcière se retient pour ne pas craquer, céder face à la fatigue et l'épuisement, la tristesse et la solitude qu'elle avait ressenti et ressentait toujours quelque part depuis trop longtemps. Et elle l'avait détesté de l'avoir fui après tout ce qu'ils avaient vécu, ce qu'elle avait ressenti et puis elle s'était dit que peut-être il avait tout simplement joué avec elle et son cœur, son corps, avant de s'en lasser. Peut-être n'étaient-ils réellement que de simples collègues comme elle s'efforçait de le répéter malgré tout ce qu'ils avaient pu vivre ensemble et combien les choses avaient pourtant changées entre eux. Et puis aujourd'hui elle comprenait enfin pourquoi. Si Alicia y trouvait la force de lui pardonner et de passer à autre chose, deux semaines de solitude pesaient toujours sur son cœur et la simple façon dont Miles prononçait son prénom et serrait sa main, lui prouvait à nouveau qu'ils n'étaient pas que de simples collègues. Elle ne voulait pas lire la moindre pitié dans son regard et ce ne fut pas ce qu'elle y trouva, cœur soulagé, les yeux qui glissent au sol en l'entendant lui dire qu'ils méritaient mieux et sa conscience acquiesce quand elle ne faisait que se tenir debout devant lui en essayant de chasser ses émotions débordantes pour mieux se reprendre. Elle est épuisée de tenir bon Alicia, épuisée par sa vie actuellement et puis il y a les mots de Miles qui viennent comme un baume couvrir tout cela. C'est temporaire et elle le sait très bien, mais ça lui fait incroyablement du bien de l'entendre, de le sentir si près d'elle à nouveau, comme cette ancre qu'il commençait à devenir pour elle malgré ces deux dernières semaines à tenter de toutes ses forces de la déterrer loin d'elle. Miles était là et renouvelait cette vérité à voix haute, il était là, enfin, là. Muette par la gorge serrée qui était la sienne, par ce flot d'émotions qu'elle persistait à retenir, elle acquiesce finalement et pose sa main sur celle qu'il vient glisser sur sa joue, frissonnant à ce simple contact. Ses yeux se ferment quelques secondes, joue qui recherche ce toucher réconfortant avant de lui adresser à nouveau ses caramels à son murmure. Si proche de lui et à la fois si loin, Alicia n'a que l'envie de se blottir contre lui mais se retient et c'est cruel, pour le moment partagé et ressenti. « tu es là. » et ça lui faisait du bien de le réaliser et le prononcer, de l'établir après ces si deux longues semaines et malgré les épreuves qu'ils traversaient. Il était là, alors tout serait peut être plus doux, c'était ce que son cœur lui soufflait sans même le réaliser, sans même qu'elle ne lui ait autorisé. Et cette soirée scella un parfait tournant pour l'un comme pour l'autre tandis qu'un nouveau chapitre s'écrivait à partir de ce moment. Le fossé enfin franchi entre eux deux, c'est durant deux longues semaines supplémentaires que les deux aurors passèrent leurs heures libres à faire des recherches et tests afin de soulager Miles de sa malédiction. De rendez-vous à Ste Mangouste en feuilletage de vieux livres, par des visites d'apothicaires plus ou moins douteux et quelques recherches sur l'allée des embrumes, de pizzas partagées à même le carton déballé dans le salon de l'auror en bières ouvertes au fil des soirées pour accompagner leurs hypothèses et conversations, ils ne relâchèrent pas une minute avant de trouver une piste, un moyen de l'aider. Alicia y dédiait tout son temps libre même lorsqu'il n'en était pas bien ravi, mais pour compenser, elle acceptait de faire quelques siestes supervisées sur son canapé. Elle ralentit les remontants qu'Aenas lui refilait de sorte à ce que Milo ne tombe qu'une seule fois dessus – s'en était suivi un remontage de bretelles plutôt coriace d'une bonne heure de la part de l'auror, Alicia ne s'étant jamais sentie plus remise à sa place par lui que ce jour-là. Et puis enfin, la trace d'une solution trouvée dans un vieux grimoire, piste remontée jusqu'à une vieille plante achetée dans une boutique tenue par une vieille sorcière peu aimable en Irlande. Potion confectionnée par l'amie d'une amie à Ste Mangouste qui avait suivi de près l'affaire en tentant de les aider, Alicia qui en vient à être assise là, dans une salle d'attente en étant agacée qu'on lui ait refusé l'accès à la salle de soin alors qu'il ne s'agissait que d'une potion à avaler. On leur avait averti sur les risques des effets secondaires dangereux de la mixture et ses ingrédients et si la lionne s'était aussitôt insurgée de peur qu'il n'arrive quoique ce soit à Miles, elle avait vite compris qu'ils n'avaient pas d'autre solution et que c'était un risque qu'il était obligé de prendre. Alors elle se fait un sang d'encre, assise sur une chaise inconfortable à observer frénétiquement l'horloge puis la porte. Elle connaissait par cœur la prescription pour l'avoir longuement étudiée avec lui, elle savait que cela faisait déjà cinq minutes qu'il l'avait prise et que bientôt, les cinq autres minutes supplémentaires de surveillance seraient passées. Peut-être était-il en danger sans même qu'elle ne puisse le savoir, peut-être souffrait-il le martyr sans même qu'elle ne puisse le prendre dans ses bras. Et Alicia a envie de crier, de se lever, d'entrer de force dans cette pièce tant le stress la ronge, tant la peur emprisonne ses poumons, sa capacité à respirer convenablement, à penser à quoique ce soit d'autre de positif. Deux longues semaines à s'inquiéter pour lui, trois longues journées à craindre que la potion n'empire les choses et c'était trop, elle ne pouvait plus tenir Alicia. Elle avait le droit, de venir dans cette pièce, d'être là pour lui, elle avait le droit de se lever et d'ouvrir cette foutue porte et personne ne lui dirait quoique ce soit sous peine de l'entendre lui hurler dessus. Et c'est ce qu'elle fit, se relevant d'un mouvement déterminé pour traverser le couloir et enclencher la poignée, entrant dans la salle d'examen dans un mouvement hâtif et imposant. Elle n'entendait plus rien d'autre que son cœur frappant furieusement dans sa poitrine et raisonnant jusqu'à ses tempes, recherchant aussitôt du regard celui de Miles pour s'assurer qu'il aille un bien, un simple « Alors ? » rempli d'espoir dépassant ses lèvres comme la seule syllabe qu'elle était capable de prononcer à ce moment précis.

(fin janvier)

Tout change à partir du moment où Alicia est là. C’est différent parce que Milo n’est plus seul, plus réellement, et qu’il se sent incroyablement soulagé par la présence de la lionne. Il est rassuré parce qu’il avait eu peur d’avoir tout gâché, d’être responsable d’une fracture éternelle entre eux. Il n’en est rien, il le remarque à la façon dont ils se frôlent et se retiennent de justesse, parfois, alors que leurs mains sont proches de s’attraper, à cette détermination que sa partenaire met à l’aider. Il se retrouve à devoir la gronder, à insister pour qu’elle se repose car elle avait déjà trop à gérer, elle aussi, et qu’il s’en voulait de lui imposer cet énième soucis. Elle n’en démord pas et ça ne fait que renforcer son affection pour elle, ce qu’il ne croyait pourtant pas possible. Pourtant il se surprend parfois à poser un regard tendre sur elle alors qu’elle est penchée sur un livre, les sourcils froncés, à essayer de trouver une solution, à l’observer dormir, un sourire aux lèvres tandis qu’il pose une couverture sur elle pour s’assurer qu’elle n’attrape pas froid. Le ton ne monte que lorsqu’il découvre cette potion énergisante et alors il comprend mieux sa drôle d’attitude quand ils s’étaient retrouvés, peur qui lui saisit le cœur à l’idée qu’elle ne plonge dans ces mixtures un peu plus au point d’atteindre un point de non retour. Miles garde forcément un œil doublement attentif sur elle après ça mais ne retrouve plus jamais les fioles en question, pour son plus grand soulagement. Le même soulagement qui commence à naître en lui alors qu’ils semblent enfin avoir trouvé une solution, piste qui était véritablement prometteuse cette fois. Il est installé seul dans la chambre, la médicomage face à lui qui lui explique comment ils vont procéder. Finalement, une fois la potion prête, le reste est incroyablement facile. Il ne reste à l’anglais qu’à avaler la préparation, qu’à attendre dix minutes avant d’être enfin fixé. S’il aurait aimé qu’Alicia soit là, il comprend aussi pourquoi elle n’y était pas autorisée – effets secondaires qui peuvent être compliqués à vivre et à regarder et même si c’était rare, ça pouvait arriver. Son pied tapote nerveusement contre le sol alors qu’il ne peut rien faire d’autre qu’attendre, assis sur le lit, la médicomage prenant des notes pendant ce temps. Les minutes s’écoulent et il ne ressent rien à part une sensation désagréable, comme s’il avait l’impression de sentir la potion se répandre dans son corps. Ce n’était rien qu’il ne pouvait pas supporter, surtout si ça lui permet de retrouver une vie normale, de pouvoir quitter cette situation compliquée et serrer à nouveau Alicia contre lui. Alicia qui surgit soudainement dans la pièce, l’inquiétude qu’il retrouve aisément dans son regard et qu’il comprend car il n’aurait pas aimé cette attente non plus à sa place, qu’il n’aurait sans doute pas supporté ne rien savoir. Milo tourne la tête vers la médicomage qui observe le sablier terminant enfin de s’égrainer. « Vous pouvez y aller, tout se passera bien. » C’est l’assurance de la spécialiste qui parvient à le convaincre, à le pousser à faire quelques pas vers Alicia. Son regard croise celui de la brune alors qu’il tend une main tremblante vers elle. Il a peur, Miles, peur de lui faire mal, peur de réaliser que ça n’a pas fonctionné et qu’alors, il resterait coincé ainsi pendant un moment encore. Ses doigts viennent effleurer les siens et en constatant qu’il n’y avait aucune trace de douleur sur son visage, il avance un peu plus franchement, laisse ses doigts toucher la paume de sa main. Toujours rien. Son cœur se soulève grâce au soulagement ressenti et sans contrôler quoi que ce soit, le futur auror attire Alicia à lui, l’entoure de ses bras et la serre contre lui. Il ferme les yeux pour profiter de la moindre sensation, de cette impression d’enfin revivre après des semaines passées à n’éprouver rien d’autre que ce vide qui menaçait de l’avaler. C’était à elle qu’il s’était accrochée tout ce temps, à ce moment qu’il avait attendu avec force et dont il avait rêvé. C’est cette étreinte qui lui avait manqué plus que tout même s’il ne l’avait jamais dit. Son coeur bat à tout rompre et il ne pensait pas qu’enlacer quelqu’un pouvait un jour lui faire éprouver des sensations aussi fortes mais ce n’est pas n’importe qui, c’est Alicia, c’est celle que son âme réclamait un peu plus chaque jour, celle qui détenait son cœur sans même le savoir. Avec elle dans ses bras, il se sentait à sa place, celle qui lui était réservé et qui l’aidait à se sentir enfin complet. Quand il desserre son étreinte, Milo ne le lâche pas tout à fait, se reculant mais gardant ses mains sur ses bras pour la garder contre lui. « I’m sorry I... » Sa gorge se serre alors que leurs regards se croisent, qu’une main remonte pour venir caresser tendrement sa joue du bout des doigts. « I just really needed that. » Un sourire soulagé aux lèvres offert à son âme sœur, Miles qui peine à se remettre vraiment du fait de pouvoir enfin à nouveau respirer et vivre, maintenant qu’elle était contre lui.

(fin janvier)

Elle a le cœur qui bat furieusement au sein de sa poitrine et ses caramels qui cillent sur la silhouette de son partenaire, dans la crainte que rien ne soit résolu et que pire encore, il ne cède sous une douleur fulgurante. Et chaque battement lui rappelle dans une litanie incessante la peur qu'elle possède pour lui, si forte, si réelle et impactante, chaque battement lui rappelle combien elle tient à lui contrairement à ce qu'elle s'efforce de faire croire à tout le monde. Milo était devenu essentiel à sa vie depuis quelques temps qu'elle le veuille ou non et en ces instants, elle ne désirait que cela et qu'il le reste. Sans faux semblants ni parades, qu'il reste sain et sauf quoi qu'il ait pu se passer entre eux depuis leur adolescence, quoi que son cœur meurtri ait pu lui dire au fil de ces dernières semaines, emmêlé dans le doute et la peur qu'il ne se soit juste joué d'elle. Elle comprend bien Alicia que ça n'a jamais été question de cela quand un soulagement intense l'emplit au moment où ses doigts effleurent les siens, quand c'est sa paume de main que l'anglais vient rechercher. Elle le voit dans la façon dont il ferme les yeux et combien cela lui fait du bien, de se reconnecter à l'autre, à elle peut-être. Son ventre se tord timidement d'une émotion réelle, qui vient embuer son regard alors qu'elle l'observe sans oser bouger d'un pouce. Et puis le soulagement ultime semble se présenter dès lors que Milo la prend dans ses bras pour la première fois en plusieurs semaines, quand il est enfin libre de le faire et qu'elle peut elle aussi l'entourer de ses bras. L'étreinte n'est nullement pareille à toutes celles qu'ils ont pu s'offrir, elle possède une valeur à elle seule qu'Alicia n'est pas prête d'oublier, qui lui barre la gorge d'une émotion vive. Une chaleur l'enveloppe en sentant enfin son corps épouser le sien, en pouvant à nouveau se reconnecter réellement à lui après tout ce temps, en étant si soulagée pour lui. Car si Alicia avait finit par savoir pour la malédiction, elle ne pouvait pas imaginer entièrement ce qu'avaient pu ressembler ces longues semaines sans toucher personne, à s'éloigner du monde entier. Expérience solitaire et de rejet terrible qui prenait enfin fin en ce jour. Quand Miles se sépare un peu d'elle, son cœur continue de battre à tout rompre tandis qu'ils ne se relâchent pas, oubliant même le médecin prenant lui-même congé d'eux. « hey, it's ok. » sa main remonte sur sa joue en même temps que la sienne n'épouse son visage, profitant d'enfin pouvoir le toucher tandis que ses paupières se ferment quand il lui offre une douce caresse. « i'm so glad it's over. » lui avoue t'elle en plongeant à nouveau son regard au sien, glissant sa main sur le torse de l'auror non sans se lasser d'être à nouveau dans ses bras. « now it's time for peace.. and revenge. » sourire en coin qui se fait aussi sincère que son regard dont un éclat de sérieux à ce sujet se précise. Parce qu'ils n'oubliaient pas combien leur instructeur avait profité de la position de Milo sans lui porter secours, ils n'oubliaient rien de ce qu'il leur faisait endurer. Et si son cœur était enfin soulagé de le retrouver malgré des semaines de doute et de déni pur, Alicia ne perdait pas l'objectif de le venger. Car peut-être alors ce nouvel objectif l'aiderait à temporiser suffisamment et faire de l'ordre dans ses pensées, être à nouveau dans ses bras redéfinissait tout, même ses promesses de ne plus recraquer pour lui. Pourtant en relevant ses caramels à lui, on ne pouvait y lire que sa dévotion. Et fort heureusement à ce moment précis, l'interruption du médecin fut ce qui leur permit de ne pas craquer à nouveau pour l'autre. Pas ce jour-là en tout cas.