A l'entrée de Pré-au-lard, Ethel se fige. Grimace désabusée sur les lèvres, elle regrette déjà d'avoir accepté ce rendez-vous dans le petit village sorcier et songe brièvement à faire marcher arrière. Alors qu'elle marche sur les pavés direction les trois balais, c'est devant la vision des banderoles, des ballons en forme de cœur et de toutes les marques de la saint-valentin qu'elle se fait la réflexion qu'elle est sûrement folle à lier. Après les retrouvailles prévues avec Warren dans ce même endroit, et le lapin posé par l'ancien lion au dernier moment, elle trouve pourtant le moyen d'y revenir et de rouvrir ses plaies. Elle est folle, Ethel, et il semblerait qu'elle aime se faire du mal pour accepter de voir le visage de son ex petit-ami sur tous les cupidons, sentir son odeur dans toutes les fleurs et entendre sa voix dans chaque recoin du village. La tête prise dans un étau de souvenirs, elle ferme les yeux pour reprendre contenance et éloigner la sensation de son cœur broyé dans sa poitrine, avant de reprendre sa marche direction le bar. Elle est fatiguée, Ethel, elle a les traits tirés mais fait l'effort de se tenir debout, menton haut et tête droite, peu encline à se laisser abattre à cause de la maladie de l'amour et d'un idiot de garçon. Elle slalome entre les couples, observe les uns s'offrir des cadeaux de saint-valentin, les autres s'embrasser ou s'enlacer et elle ne peut pas s'empêcher de ressentir un mélange de colère, de dégoût et de tristesse en se disant qu'elle aurait pu et du être à leur place. Elle lève les yeux au ciel, agacée contre elle-même et peut-être aussi un peu contre le monde entier et, arrivée devant les trois balais, main posée sur la poignée, elle s'interrompt et prend une profonde inspiration, puis une seconde, et enfin une troisième pour se calmer avant d'entrer dans le bar. Elle observe son reflet dans la vitre, et constate que ses joues rougies par le froid lui donnent une allure plus humaine et vivante et elle s'en remercie tandis qu'elle s'avance vers le comptoir pour commander un gigantesque chocolat chaud avec supplément chamallow et chantilly pour se réconforter au milieu de tous ces couples et de tout cet amour. Elle cherche des yeux son rendez-vous, et ne tarde pas à apercevoir Alexandra, installée à une table, et visiblement mal-à-l'aise, quoi que perdue dans ses pensées. Froncement de sourcils devant son regard perdu dans le vide, Ethel en oublie ses propres préoccupations et s'approche de sa petite protégée, plus si petite que ça d'ailleurs. Elle semblait aujourd'hui loin, l'enfant que la sorcière avait prise sous son aile et qu'elle avait appris à considérer comme une amie, une protégée, une sœur au fil des années. « Alexandra ? Bonjour. » sourire doux en direction de la jeune aiglonne, Ethel retire son écharpe et son bonnet, et s’assoit face à elle, collant ses mains contre son mug pour se réchauffer le bout des doigts. « Tu vas bien ? Tu avais l'air ailleurs, à quoi tu pensais ? » elle sort de son sac un paquet de friandises apportées pour l'occasion, et le poste sur la table pour qu'elle et Alexandra puissent se servir librement. Doucement, elle sent la chaleur se faufiler dans ses muscles et la réchauffer, et elle pousse un soupir d'aise, tout en essayant d'ignorer autour d'elle toutes les effusions d'amour – elle refuse de se laisser aller, de penser à Warren et de continuer à souffrir.

Quand Ethel pose les yeux sur Alexandra, elle ne peut pas s'empêcher de la revoir, quelques années plus tôt, si jeune, petite et perdue et elle fronce les sourcils un instant en essayant de se rappeler leur première rencontre, et ce qui les a fait se rapprocher mais impossible pour elle de se souvenir, elle a juste l'impression qu'Alexandra a toujours été là et qu'elle l'a immédiatement prise sous son aile. Si elle a appris à considérer la jeune fille comme une protégée à leurs débuts, elle est aujourd'hui plus comme une amie ou une sœur bien qu'elle ne saurait vraiment mettre de nom sur leur relation si particulière et si douce. Ainsi, lorsqu'elle s’assoit à ses côtés, elle lui glisse un sourire, toujours heureuse de la retrouver pour un moment, le dernier en date étant en Islande le temps d'une promenade en chien de traîneaux qu'elle avait particulièrement appréciée. « C'est vrai qu'on a pas choisi le meilleur endroit pour être tranquille.. » commenta-t-elle en observant à son tour tous les couples autour d'eux, ces gens heureux qui ne faisaient que lui rappeler qu'elle même n'a plus personne avec qui fêter ce jour si particulier. Secouant la tête pour éloigner ses pensées, elle dissimule un soupir et lève à son tour les yeux au ciel, désespérée par toutes ces effusions de rose et d'amour dégoulinant. Elle déteste cette ambiance et n'a qu'envie de retrouver le confort de sa salle commune, près du feu avec un bon thé et du livre mais pour Alexandra, la préfète fait l'effort d'éloigner ces pensées pour mieux se concentrer sur elle et pas sur ses petits problèmes insignifiants. La remarque de sa cadette lui fait d'ailleurs relever le visage vers elle elle plisse le nez, soudain songeuse. Il est vrai que le temps passe vite, elle a l'impression qu'elle se baladait au Malawi quelques jours plus tôt, qu'elle recevait son badge de préfète hier encore et qu'elle entamait tout juste cette septième année. Elle n'y a jamais vraiment pensé jusqu'à présent mais maintenant qu'Alexandra soulève ce point, elle doit reconnaître que le temps passe bien trop vite, et que la fin de l'année arrivera tout aussi vite, une perspective qui l'effraie finalement plus qu'elle ne voudrait l'admettre. Toutefois, elle ne veut pas trop s’appesantir sur ses propres émotions et c'est pourquoi elle se contente de hocher doucement la tête en portant sa tasse jusqu'à ses lèvres. « C'est vrai, je ne l'avais pas remarqué jusqu'à présent, mais le temps passe très vite. » elle boit une gorgée de son chocolat chaud et ferme les yeux l'espace d'une seconde pour profiter pleinement de la sensation du liquide brûlant venant réchauffer l'intérieur de son corps. « Je n'arrive pas à croire que dans quelques mois, j'aurais le choix entre rester, ou partir pour faire ma vie en dehors de Poudlard. » elle fronce les sourcils en se rendant compte qu'elle n'a jamais vraiment et pleinement réfléchit à ces éventualités, à ce choix qui sera bientôt le sien. Dès que l'annonce de la huitième année a été officielle, elle s'est toujours imaginé qu'elle la suivrait, mais elle n'a jamais vraiment réalisé avant aujourd'hui qu'elle a le choix, et qu'elle peut partir pour construire sa vie et son avenir en dehors des murs du château. Cette pensée lui coupe le souffle et elle doit faire un effort pour arriver à se concentrer à nouveau sur Alexandra et lui offrir son attention. « Est-ce que ça te fais peur ? Le temps qui passe. » elle questionne, intriguée par sa réponse, intriguée de savoir si le futur lui fait peur, l'inquiète, si elle sait où elle va, si elle craint l'inconnu, si elle est confiante en son avenir ou si au contraire, elle est perdue et ne sait pas ce qui l'attend sur le chemin qui la conduit vers le monde adulte et ce, en dépit du temps qu'il lui reste à Poudlard.

Ça a quelque chose d'effrayant d'imaginer la vie en dehors de Poudlard. Au sein de l'école, ils sont entourés, accompagnés et également protégés d'une certaine manière mais en dehors de celle-ci, ils seront livrés à eux-même, et Ethel n'est pas sûre d'être prête pour la vie réelle, tout comme elle n'est pas sûre de pouvoir – ou vouloir – signer pour une nouvelle année à l'école, surtout ces dernières semaines où les doutent se montrent plus présents et insistants. Ça a quelque chose d'angoissant de penser au temps qui passe, à tout ce qu'ils ratent, tout ce qu'ils vivent, la façon dont ils évoluent, stagnent, ralentissent, aiment, souffrent, vivent. Ça a quelque chose de déstabilisant de se rendre compte qu'ils ne sont plus des enfants mais de jeunes adultes en devenir qui écrivent leurs propres histoires et que leurs choix n'appartiennent qu'à eux, que les chemins qu'ils suivent se sont tracés par des décisions qu'ils ont prises. Ça a quelque chose d'oppressant d'imaginer comment la vie aurait pu être s'ils avaient fait d'autres choix, pris d'autres chemins, noué d'autres amitiés. Ethel s'est toujours efforcée de ne pas y penser, ce genre de réflexions ne l'a jamais atteint, jusqu'à aujourd'hui. Aujourd'hui, ça l'étouffe, ça l'oppresse, ça l'effraie. Elle aimerait soudain pouvoir ralentir le temps, mettre le monde sur pause le temps d'un instant pour reprendre son souffle et faire le point sur ce qu'elle est, qui elle est et ce qu'elle a accompli jusqu'à présent mais la peur la submerge et l'en empêche. Elle est rongée par des angoisses qu'elle n'a jamais connu, Ethel, qui s'élèvent brusquement au fil de cette conversation et qu'elle aimerait pouvoir chasser sans toutefois en être capable. C'est seulement grâce à Alexandra qu'elle sort de ses rêveries transformées en piques de panique pour se concentrer sur ses mots, ses aveux, ses peurs à elle à défaut de se concentrer sur les siennes. Elle ne l'interrompt pas, elle se contente de la regarder et de triturer la cuillère dans son chocolat chaud tout en portant sa tasse à ses lèvres pour en boire une gorgée qui dénoue un peu le nœud de sa gorge. Si elle se reconnaît dans ses mots et qu'elle en comprend le sens, elle ne trouve toutefois aucune réponse à lui apporter, aucun réconfort et la remercie silencieusement de relancer la conversation par une autre question qui lui permet de prendre du recul et de mieux réfléchir à la situation et à ce qu'elle implique. Elle ne répond pas immédiatement, elle laisse le silence s'installer quelques secondes pour mieux se plonger dans ses pensées et lui offrir la réponse la plus sincère possible et après quelques minutes, il lui semble enfin l'avoir trouvée. « Oui... et à la fois non. » soupire Ethel en appuyant sa tête dans sa main pour regarder à travers la fenêtre d'un air distrais. « Tout ce que j'ai vécu, toutes les décisions que j'ai prises, ça fait de moi la personne que je suis aujourd'hui. » elle fronce les sourcils et tourne cette fois son regard vers Alexandra. « Tout comme tes propres décisions t'ont forgée, toi aussi. Je ne peux pas dire si j'aurais aimé une autre version de moi en faisant d'autres choix, mais je ne crois pas que j'ai vraiment envie de le savoir. » tous ses choix, toutes ses expériences l'ont menée là où elle est aujourd'hui. Et elle a souffert, Ethel, à vouloir s'en arracher le cœur, mais elle a aussi aimé avec ardeur, ri a gorge déployée et elle n'est pas sûre qu'elle voudrait voir disparaître tous ses bons souvenirs pour savoir quelle personne elle aurait été sans eux. Elle soupire, encore. « C'est super cliché je sais, mais tu es encore jeune, c'est normal de ne pas savoir ce que tu veux ou ce qui t'attends, tu as encore le temps d'y réfléchir. » elle finit sa tasse de chocolat chaud, et en recommande immédiatement une seconde en faisant signe au serveur si bien qu'une minute plus tard, sa tasse est à nouveau pleine. « Il n'y a pas de bonne ou mauvaise décision, il n'y a que des choix, des possibilités, et une centaine d'issues à chaque problème. Tout n'est pas blanc ou noir tu sais, il y a du gris et un million de nuances entre les deux. » et pourtant tous les problèmes n'ont pas de solution, et Ethel ne sait pas si ses mots auront du sens pour Alexandra, mais c'est tout ce qu'elle est capable de lui offrir. Si elle a toujours vu en elle un modèle, l'aînée n'est pourtant pas infaillible et elle même a des questions, des doutes, des appréhensions qui n'ont sans doute pas de réponse, mais que peuvent-elles contre ça ? Tout ce qu'elles peuvent faire, c'est vivre, laisser leurs choix les porter et ne pas lutter contre le destin tout en gardant à l'esprit que c'est à elles et personnes d'autres d'écrire leurs propres histoires et que rien n'est gravé dans le marbre, le futur est malléable, et il n'appartient qu'à elles de le modeler de la façon dont elles le souhaitent.

Si chaque rencontre avec Alexandra donnait lieu à des discussions plus ou moins profondes, teintées de confessions et de complicité, Ethel avait l’impression qu’aujourd’hui avait lieu la conversation la plus profonde qu’elle ait pu avoir avec sa cadette. En un sens, ça ne devrait pas l’étonner, Alex a grandi et si elle reste une adolescente, elle est loin de l’enfant de douze ans qu’elle a pris sous son aile et qu’elle a appris à apprécier et à conseiller comme une sœur. Elle aime ça, l’idée de pouvoir avoir de plus profondes conversations avec l’aiglonne, ça lui donne l’occasion d’échanger sur le sens de la vie avec d’autres personnes et elle voit combien sa cadette semble en avoir besoin à cet instant précis - tout comme elle, bien qu’elle se refuse à y croire. Un soupir s’échappe d’entre ses lèvres alors qu’elle prodigue à sa cadette des conseils qu’elle même n’arrive pas toujours à suivre et quand le silence revient, elle passe en revue ses dernières années. Elle a aimé, Ethel, et si elle a aussi souffert, elle sait que ses expériences - amoureuses ou amicales - ont contribué à forger qui elle est aujourd’hui, et si elle persiste à s’auto-persuader qu’avec Warren, elle ferait les choses différemment pour ne pas souffrir si on lui offrait l’occasion de revenir dans le passé, elle sait pourtant qu’elle ne changerait rien et qu’elle l’aimerait avec autant d’ardeur, parce que c’est dans ses yeux qu’elle s’est sentie femme pour la première fois et cette expérience l’aura forgée autant que les autres. Si parfois, elle aimerait pouvoir revenir en arrière et changer les choses, prendre de meilleures décisions, tenter d’autres voies, elle sait qu’elle ne serait pas la même personne, et elle ne sait pas si elle aimerait être quelqu’un d’autre que ce qu’elle est aujourd’hui : une sorcière forte qui a toujours su garder son intégrité et son coeur pur. « J’imagine que oui » soupire-t-elle en réponse à la réflexion d’Alexandra. « Mais… Si je quitte Poudlard, je ne peux pas faire machine arrière, je ne pourrais pas revenir » et si elle n’a pris aucune décision et que la réflexion est toujours active, elle craint de faire le mauvais choix et de se retrouver perdue, livrée à elle-même. Ses yeux se perdent brièvement dans le vide, en proie à des réflexions internes quand elle repose le regard sur une Alexandra fuyante, visiblement submergée par l’émotion. Ethel fronce les sourcils et sent une pique d’inquiétude s’élever en elle. Sans connaître la raison de son trouble, elle imagine qu’il retourne encore de cette discussion et c’est pourquoi elle avance la main pour la poser sur celle de sa cadette et lui donner une petite pression réconfortante. « Hé, tu sais, même si tu as l’impression d’avoir raté des expériences, ce n’est pas forcément le cas. Il te reste des années à Poudlard, tu as tout le temps de rendre le professeur Flitwick complètement fou, de faire tes erreurs, d’accomplir des choses, de tester des clubs, de te découvrir tes passions ou des activités que tu détestes, de trouver ta voie. Tu as le temps. » Elle épèle chaque mot de sa dernière phrase avec lenteur pour que le message s’imprègne dans l’esprit de sa cadette alors qu’elle esquisse un sourire réconfortant en sa direction et adresse une nouvelle pression à sa main pour appuyer sa présence. « Tu n’es pas seule » juge-t-elle important de préciser après une courte pause, comme pour finir de la rassurer. Il est dur d’être un adolescent, d’affronter ses émotions, ses doutes, ses peurs, mais avec du recul, Ethel comprend que ça n’est pas impossible, et qu’elle a eu tout le temps d’apprendre le faire.

Ethel sent la chaleur de la main d’Alexandra sous la sienne et elle lui adresse une petite pression réconfortante. Les émotions palpables de la jeune aiglonne, bien qu’étouffées, résonnent entre elles et un élan de compréhension traverse l’aînée. Dans les yeux d’Alexandra, elle peut y lire sa vulnérabilité, et elle est touchée d’être la confidente de la jeune fille qu’elle a pris sous son aile des années plus tôt. La voir grandir, évoluer, se découvrir et découvrir le monde, ça a quelque chose de doux, d’une certaine façon. Ça lui rappelle le temps où elle était à sa place, et une part d’elle aurait sûrement voulu avoir une figure d’autorité pour la guider. Pour autant, elle n’estime pas tout savoir de la vie, aiglonne qui a encore bien des choses à découvrir sur le monde, mais l’idée que ses mots et sa présence puissent apaiser un peu Alexandra est étrangement réconfortante. Le rire étouffé d’Alex résonne dans l’atmosphère feutrée des trois balais, et Ethel esquisse un sourire devant son petit effet. Elle espère que le simple fait de rire, même aussi légèrement, est une libération pour sa cadette, et elle resserre sa prise sur la main de celle-ci, transmettant à travers ce geste le soutien et la compréhension qui débordent de son cœur. Si les paroles de la préfète semblent avoir apaisé la plus jeune, les mots résonnant encore dans l’air comme une promesse de solidarité et d’améliorer, elle sait pourtant qu’il est difficile d’y croire pleinement, que l’enfance et l’adolescence laissent des empreintes indélébiles dans le coeur mais Ethel espère que, même après Poudlard, Alexandra se souvienne qu’elle a une amie sur qui compter pour avancer, et qu’il n’y a rien qu’elle ne puisse surmonter. Elle ressent un petit pincement au cœur à l’aveu de la jeune sorcière, la perspective de se séparer, inévitable à un moment donné, plane dans l’air mais Alex exprime ce désir que leur amitié persiste au-delà des murs de Poudlard, et Ethel est touchée. Une pointe de nostalgie la gagne alors qu’elle se rappelle des années passées à construire des souvenirs avec ses amis, des liens formés et déformés au gré des années et des expériences, des choix de vie. L’idée de quitter cet endroit qu’elle a toujours considéré comme sa deuxième maison la remplit d’un mélange d’excitation, d’appréhension et de mélancolie. La gorge serrée par l’émotion, elle garde le silence et se retrouve bercée par Alex qui suggère de lui offrir le même réconfort qu’elle vient de recevoir. Les paroles maladroites sont empreintes d’une profonde vérité – les amis qu’elle s’est fait, les expériences partagées, tout ça forme une toile d’entraide et de soutien, et Alexandra, à son échelle, est membre à part de cette toile immense qui englobe tout le vécu de l’artiste à Poudlard. « Merci, ça fait du bien de l’entendre aussi. » souffle-t-elle d’un sourire taquin. L’aiglonne, habituée à prendre soin des autres, n’a pas aussi souvent que ça l’habitude qu’on prenne soin d’elle et même Alexandra le fait à sa petite échelle, c’est tout de même réconfortant de le savoir. « J’ai encore quelques mois pour y réfléchir de toute façon. » elle soupire alors que sa tasse de chocolat chaud se remplit magiquement devant elle et qu’elle la porte à ses lèvres pour en boire de nouvelles gorgées qui adoucissent davantage son humeur et apaisent ses terreurs et quand elle rouvre la bouche, c’est pour promulguer de nouveaux conseils à sa cadette, consciente que c’est le moment ou jamais et que le moment est propice à ce genre de confessions. « Écoute, quoi que tu rencontres sur ton chemin, n’aie pas peur de vivre pleinement, d’accord ? Les erreurs font partie de la vie, elles façonnent la personne que tu vas devenir, mais elles ne définissent pas qui tu es. » elle sait que la nuance est faible et qu’elle peut être difficile à saisir, mais elle espère qu’Alexandra saura comprendre de quoi elle parle. « Et soit indulgente avec toi-même, il n’y a pas de mal à se tourner vers le passé, à avoir peur ou à ne pas toujours prendre les choses en main. » conseil qui fait écho à leur discussion plus tôt, elle offre un sourire réconfortant à sa cadette en espérant que ses mots trouvent sens en elle. « Et… tu sais, peu importe quand je pars, tu auras toujours mon hibou, je serais ravie de recevoir de tes nouvelles. » elle marque une pause, puis reprend. « Que je sois là ou ailleurs, ce qui nous lie sera toujours avec nous et je ne doute pas que l’on se reverra. » l’idée ne lui déplaît pas, revoir la jeune sorcière, continuer de la voir grandir et s’épanouir, c’est une idée qui plaît à Ethel, bien peu déterminée à lui tourner le dos et à lui dire au revoir un jour, ce qui lui semble inconcevable. Même si elle part à la fin de l’année, Ethel est convaincu qu’elle n’offrira que des au revoir à ses proches, et non des adieux – alexandra y compris – et si c’est un pas vers l’inconnu, le futur n’est pas que noirceur, il y a du beau et du positif dans l’incertitude. Les trois balais résonnent de leurs murmures et de leurs conversations, de la douceur qui les lie et Ethel, elle se fait la réflexion que l’avenir est un peu plus doux depuis qu’elle a eu cette conversation.

Cet échange avec Alexandra se hisse aisément en tête de classement des meilleurs moments qu’Ethel a passé avec sa cadette. La sorcière savoure ce moment et se nourrit de l’atmosphère douce imprégnée de leur complicité et même si la perspective de peut-être quitter Poudlard et de se lancer dans de nouvelles aventures lui provoque peur et appréhension, elle ne peut pas nier ressentir une certaine excitation à l’idée de construire de nouveaux souvenirs. Elle a apprécié ce moment pour tout ce qu’il lui a apporté ; des remises en question, de la douceur, la possibilité d’apprendre à connaître Alexandra sous un angle différent. Elle l’a vue grandir, évoluer, changer pour devenir une jeune femme surprenante et éblouissante, et Ethel est fière d’elle, fière d’avoir pu assister à ces changements, d’avoir eu un impact sur elle, aussi minime soit-il, fière de son évolution. Elle est loin, l’enfant qu’elle a prise sous son aile trois ans auparavant, quand elle-même n’était encore qu’une enfant aussi. Elle a l’impression que trois éternités se sont écoulées depuis ce jour-là, quand elle avait affaire à une jeune femme renfermée qui parlait peu, souvent dans son coin et bien trop timide. Elle est restée sensiblement la même, à la différence près qu’elle a mûri et qu’elle voit désormais la vie d’un autre œil, et l’aiglonne ne peut qu’être fière d’avoir pu contribuer un peu à ces changements, et impatiente de voir la femme qu’elle deviendra bientôt dans les années à venir. Le coeur serré de nostalgie et d’émotion devant cet instant de complicité qui s’étend, Ethel conseille sa cadette mais reçoit en retour des paroles qui la touchent en plein coeur, et elle comprend davantage qu’elle tient à cette amitié, et qu’elle n’est pas à sens unique mais qu’elle aussi trouve son compte dans cette relation qu’elle chérit tant et qui lui a à elle aussi tant apporté. Elle a aimé être un guide, et bon nombre de fois où elle a pu donner des conseils à Alexandra et que celle-ci lui répondait en retour, elle a compris qu’ils s’appliquaient aussi à elle, et c’est aussi ce qu’elle aime dans leurs échanges, une réciprocité à toute épreuve. Alors que le silence s’installe enfin entre elles – un de ces silence doux qui n’a rien d'inconfortant – Ethel s’enfonce dans sa chaise et pousse un soupir d’aise. Il lui semble qu’elles sont arrivées au bout de cette conversation et qu’elles ont toutes les deux trouvé leur compte et ce dont elles avaient besoin, alors la sorcière offre un sourire à sa cadette et soulève sa tasse pour frapper celle de la petite aiglonne. Cheers to that Alex. il n’y a pas de fin, seulement une page qui se tourne pour un nouveau commencement, et c’est avec cette douce perspective que les deux filles passent le reste de l’après-midi ensemble à boire des chocolats, parler de tout et de rien jusqu’à rentrer au château en partageant complicité, douceur, et amitié.

fin