Parchemin de son meilleur entre les mains, elle soupira, Vesper, de cette semaine qui n'en finissait plus et du temps qui lui avait manqué pour voir ses proches. L'ancien serdaigle ne se plaignait pas, à vrai dire il s'inquiétait même plutôt pour elle seulement une nouvelle fois, elle rangea le papier dans un tiroir de son bureau et se promit d'y répondre un peu plus tard. Ce même tiroir qui contenait les nombreuses copies qu'elle avait pu faire au cours des derniers mois, piste qu'elle suivait secrètement afin de retrouver l'identité de ses parents biologiques. Si elle avait su il y a plusieurs années qu'elle avait été adoptée, la blonde n'avait pas eu le courage ni l'envie de s'y pencher plus qu'en ce moment, peur de ce qu'elle allait découvrir certainement et la reconnaissance envers les Millers de l'avoir sauvé - possiblement - d'une toute autre misérable vie. Quête de vérité qu'elle menait seule, V, incapable d'en parler à qui que ce soit dans son entourage sans appréhension - parce que visiblement ses parents mentaient depuis toujours, elle aussi et peut-être penseraient-ils qu'elle les avait trahi, se faisant passer pour quelqu'un qu'elle n'était pas, elle n'en savait rien. Secret gardé, elle était pourtant presque certaine que Nicholas se doutait qu'elle cachait quelque chose sans savoir quoi, pour cause il était celui vers qui elle s'était tournée pour avoir plusieurs informations ou accès aux archives. Il était son supérieur ici au ministère mais plus que ça, le sorcier était un ami et un soutien lors des soirées grouillant de sang-purs où elle avait du se montrer pendant son adolescence - et encore maintenant - pour ne pas attirer de problèmes à ses parents ou une mauvaise réputation en Angleterre. S'ils n'étaient pas de ces familles traditionnelles qu'on trouvait au sein de l'élite sorcière, ils tenaient surtout à ne pas faire parler d'eux et ça voulait dire ne pas attirer l'attention sur eux en répondant aux exigences de leurs pairs. Vesper détestait ça sauf quand le Burke était présent finalement et qu'ensemble, ils passaient un bon moment sans se poser de questions. C'était vers son bureau qu'elle s'avança, une nouvelle requête en tête mais surtout l'envie de se détendre un peu, de se détacher du travail le temps d'une pause, d'un café ou qu'importe ce qu'il voulait boire, la blonde serait prête à le lui trouver. La formation lui semblait avancer plus vite en ce moment et elle redoublait d'efforts pour ne pas se sentir à la traîne - alors qu'elle ne l'était pourtant pas. Un sourire adressé à une collègue sorcière, une seconde - le pensait-elle du moins - la bouscula sans ménagement et V lui rendit son regard noir. Celle-ci n'était pas commode et à bien la regarder, elle était presque sûre qu'elle ne faisait pas partie de ce service. Qu'importait. Arrivée devant la porte du sous-directeur du département de la justice magique, elle frappa et entra comme à son habitude, attitude droite et professionnelle au cas où il n'était pas seul dans son bureau, l'image lui fit plutôt froncer les sourcils. Le garçon était bien là, carton posé sur la chaise et lui qui y entreposait ses affaires. « Hey » s'annonça t'elle tout de même avec un sourire et en s'approchant. « J'allais te proposer de boire un café ou autre chose mais je vois que tu es déjà occupé » Et elle ne souhaitait pas vraiment réaliser ce qu'il était en train de faire - ou ce qu'elle pensait qu'il s'agissait alors elle ajouta en soutenant son regard : « Tu fais du rangement ? » Il n'avait aucune raison de partir, encore moins sans les avoir prévenu, n'est-ce pas ?
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C'était l'incompréhension pour les uns, la colère pour d'autres, et de la part de sa direction, il n'avait reçu que le silence le plus profond, le plus violent. On ne comprenait pas, on n'essayait pas même de comprendre mais surtout, on ne savait dire s'il était devenu fou ou si c'était une mauvaise passe. Sa directrice de cabinet venait de lui enjoindre de prendre le temps, elle ne l'avait pas suppliée mais c'était tout comme. Parce qu'elle connaissait l'univers dans lequel il évoluait, elle savait combien les réputations étaient dures à établir, aisées à entacher, faciles à détruire. Alors il l'avait rassurée d'un sourire et avait promis de mettre à contribution sa semaine de préavis pour réfléchir au bien fondé de sa décision. Et elle était là, sa résolution, alors qu'il déversait dans un carton peu profond le peu de décoration qui avait orné son bureau. Son bureau. Était-ce réellement son bureau ou depuis le départ, n'avait-il pas été simplement celui que son père avait trouvé pour lui ? Est-ce que cela faisait une quelconque différence? Oui, il en était certain. Souriant, il jeta dans le carton une lettre de sa grand-mère, une photo noir et blanc qui était restée résolument vidée de son habitante depuis des années et un bouquet de fleurs séchées que sa secrétaire lui avait un jour offert. Elle avait mauvais goût, cette Tara, mais au moins avait-elle était bienveillante envers lui, au moins une fois. La porte s'ouvrit après que quelques coups y aient été frappés et Vesper entra. Il lui adressa un sourire, amusé par l'attitude professionnelle qu'il lui connaissait ici, bien différente de celle qu'elle affichait en-dehors, et qu'il connaissait bien. Vesper avait été son phare lors de nombreuses soirées de la société des sang-pur et il avait presque un pincement au coeur en se rappelant que bientôt, il n'en ferait plus partie. «Salut ! Et bien écoute, je suis occupé, mais jamais pour un café ! Ca me tente !» Qui le lui aurait reproché, après tout ? Il attrapa sa veste mais son mouvement fut empêché par la nouvelle question de son amie. «On peut dire ça comme ça..» Il acheva prudemment sa phrase et jetant un œil à Vesper, ajouta. « Si ça te dit, on peut aller le prendre ailleurs ce café, j'ai pas spécialement envie d'aller en salle de pause. Et on ne te dira rien si t'es avec moi, t'en fais pas !» Et il se mit à sourire à cette idée. Le froid de Londres le frappa de plein fouet et ils s'engouffrèrent rapidement dans un café surchauffé qui était peu peuplé, à cette heure-ci. Il s'installèrent mais il ne put retenir trop longtemps sa langue, il sentait le regard de Vesper fiché sur lui et il lui devait au moins la vérité. « J'ai démissionné de mon poste au Ministère, il y a environ une semaine. Je pars. » Le serveur apporta deux cafés qu'ils avaient commandé en entrant et rapidement, plongeant ses lèvres dans le breuvage brûlant, il s'aperçut qu'il aurait bien pris une bière, à la place.
Si leur instructeur avait décidé de leur rendre la vie et la formation difficile, l'équipe d'aurors tentait de suivre le rythme donné et parfois, V avait l'impression qu'elle ne parviendrait pas au bout. Mais elle avait aussi son orgueil et sa fierté, celle qui lui soufflait à l'oreille qu'elle le devait parce que ses parents l'avaient fait avant elle, qu'elle était aussi forte et capable qu'eux, qu'elle, sa mère qui semblait tout regretter quand il s'agissait de la blonde. Vesper savait pourquoi maintenant, parent qui ne l'était pas vraiment et l'impression réelle qu'elle n'avait pas voulu d'elle, que peut-être son père avait insisté pour la choisir elle et pas une autre puisque des deux, il était celui qui l'avait choyée pour dix. Des pensées qui ne la quittaient plus depuis des semaines alors qu'elle essayait de découvrir la vérité sur ses origines, seuls moments de répit trouvés dans les bras de son ex-fiancé ; aussi incroyable cette situation pouvait être. Cette fois pourtant, ce serait en compagnie de Nicholas et d'un café, si tout au moins il acceptait cette petite pause avec elle. Plutôt confiante, elle entra dans le bureau après avoir frappé, fronçant légèrement les sourcils à l'image qui s'offrait à elle, le Burke caché derrière des cartons qu'il remplissait petit à petit. Et c'était étrange bien sûr parce qu'inhabituelle et si elle plaisanta sur un possible rangement de printemps - en plein hiver - la blonde refusait d'imaginer autre chose pour l'instant. « Nicho.. ? » Il restait mystérieux, ce qui n'engageait rien de bon avant de reprendre et lui proposer de sortir du ministère pour cette pause. « Les privilèges de traîner avec le boss... je te suis ! » s'enquît-elle en riant un peu, se moquant de ce qu'on pouvait penser d'elle, d'eux, maintenant qu'ils empruntaient le couloir pour rejoindre l'ascenseur et sortir du bâtiment. A vrai dire un changement de décor était agréable, les deux sorciers s'installant dans un café pas loin et surtout bien au chaud. Elle retira seulement son bonnet et son écharpe pour le moment, son regard ne quittant pas le visage du blond, certaine qu'il lui cachait quelque chose de gros. Leurs tasses fumantes posées devant eux, elle se réchauffa les doigts en l'entourant de ses mains, s'attendant à tout sauf à ce qu'il lui venait de lui annoncer. Elle était restée interdite le temps que le serveur ne reparte, oubliant même de lui adresser un sourire ou un merci. « Que - quoi ? » Elle se recula dans le fond de sa chaise pour mieux l'observer, incapable de déchiffrer son expression. « Pourquoi est-ce que tu as démissionné ? Est-ce qu'il s'est passé quelque chose ? » Elle n'avait que des questions finalement parce que l'annonce était abrupte et aussi plutôt soudaine. « Tu adores ton travail » Une constatation avec des airs de reproche qui n'en étaient pourtant pas, auror qui souhaitait comprendre les raisons de cette décision peut-être impulsive, elle n'en savait rien.
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La première gorgée du café venait de brûler la langue de Nicholas, générant immédiatement une gêne qui, il le savait, durerait au moins quelques jours. Mais c'était la première fois qu'il mettait en mot ses résolutions, c'était la première fois qu'il disait tout haut ce qu'il comptait faire et il sentait qu'il n'était pas totalement maître de lui-même, ses mains tremblaient et il les posa à plat à côté de sa tasse, un instant, pour empêcher qu'elles renversent le café sur cette nappe immaculée. Le silence dura un instant, une éternité et il fut rompu. Elle ne comprenait pas, bien sûr, comment aurait-elle pu savoir ce qu'il avait sous le crâne alors que lui-même parvenait toujours à y faire du tri. Et qu'avait-il le droit de dire à Vesper, elle qu'il connaissait depuis tant d'années maintenant mais qui finalement, en savait si peu ? « Oui.. » Les images s'accumulèrent sous son crâne, ce qu'il pouvait dévoiler, ce qu'il préférait ne pas dire, Miles et sa colère, ses poings, la violence des propos de son père, la froideur du sourire de sa mère, son âme abimée, écorchée et surtout, cette impression prégnante qu'il devait reprendre sa vie en main, tant qu'elle lui appartenait encore. « J'ai appris des choses terribles, sur ma famille. Et c'est encore pire que tout ce qu'on détestait toi et moi, dans ces nids de vipères. J'en peux plus.. » Il reprit une gorgée de café noir, écoeurant, brûlant au passage la zone déjà amochée par la précédente rasade et surenchérit « Je ne le supporte plus, simplement. J'ai profondément aimé mon travail mais il ne me correspondait pas. Tu sais.. Si j'avais eu le choix, j'aurais voulu être auror, comme vous, apprendre ce boulot-là qui amène sur le terrain, qui est utile.. Pas être coincé derrière un bureau à laisser les autres prendre tous les risques. » Et il n'y avait réellement jamais trop pensé, tant on ne lui avait jamais laissé le choix de sa carrière, tant tout avait été écrit pour lui à l'avance. En souriant, il se demanda si son père avait eu vent de sa démission, déjà, ou s'il allait bientôt l'apprendre. « A l'école, je rêvais d'être joueur de quidditch, je voulais aller percer au Canada, là-bas leurs équipes sont si belles. Et encore avant je voulais travailler avec les créatures magiques, enfin, tu te rends compte le nombre de choses qu'on m'a interdit de faire..? » Le visage de Cicely s'imprima un instant sous son crâne et il poursuivit. « Donc j'ai plus envie. C'est fini de faire plaisir à ces gens-là et en oubliant qui je suis vraiment. » Le silence s'étira entre eux et il lui demanda, l'air penaud. « Ca fait petit garçon pourri gâté, non? »
Elle était étonnée, bien sûr, par l'annonce de Nicholas concernant sa démission parce que du plus loin qu'elle se souvienne, le blond aimait ce qu'il faisait. Vesper l'avait connu à Poudlard et s'ils se fréquentaient plus occasionnellement que des amis de longue date le faisaient, elle avait conscience que travailler au même endroit leur avait permis de se voir plus souvent et de se rapprocher, au point qu'elle avait du mal à imaginer une semaine sans passer lui faire un coucou ou l'inviter à prendre un café comme aujourd'hui. Mais ce n'était pas important, pas vraiment, parce que l'essentiel était Nicholas, ce qu'il pensait et ressentait ; ainsi que les raisons qui l'avaient poussé à prendre cette décision. Ce n'était surement pas venu en une nuit et désormais, elle était curieuse. Et si le service des aurors était concerné, elle désirait également savoir ce qu'il se passait en coulisses, les jeunes en formation bien souvent laissés à l'écart comme s'ils ne comptaient pas ou peu. « Sur les Burke ? » Elle pâlit un peu à cette révélation qui n'expliquait rien mais sachant que les scandales du côté des sang-pur pouvaient avoir de vraies répercussions sur tout le monde. Elle-même avait découvert son adoption deux ans plus tôt et c'était déjà gros mais Nicho était l'un des seuls à savoir pour ça et s'il disait que c'était encore pire alors elle le croyait. « Tu es utile toi aussi et tu le sais. Si personne ne supervisait les aurors depuis ce bureau comme tu dis, ce serait un véritable chaos » répondit-elle rapidement en posant une main réconfortante sur son bras de l'autre côté de la table. Elle ne souhaitait pas qu'il se dévalorise, surtout pas quand elle imaginait très bien le travail que ça devait être, de les surveiller d'en haut. Malgré tout l'ancienne aiglonne le laissa continuer, écoutant attentivement ce qu'il lui disait tandis que ses paroles résonnaient un peu en elle. Elle n'avait jamais réfléchi à ce qu'elle pourrait faire d'autre parce que ça lui semblait logique de suivre les traces de ses parents qu'elle admirait ; mais parfois elle se demandait si ça restait un choix personnel ou seulement aiguillé par son besoin de reconnaissance. Elle sourit un peu à l'évocation du Quidditch et des créatures magiques, sa mine plus sérieuse et sombre quand il lui posa sa dernière question. « Non, ça fait de toi un petit garçon ordinaire, désolée de te décevoir - à ces mots elle lui glissa un clin d'oeil - avec ses propres ambitions » Il avait toujours fait ce que sa famille voulait, comme de nombreux sang-pur avant lui. « Tout le monde devrait avoir droit de faire ce qu'il a envie... et je comprends que ce ne soit pas toujours possible, pas dans ce monde dans lequel on vit » Et elle évoquait là cette élite à laquelle elle n'appartenait heureusement pas mais dont les règles s'étendaient tout de même à elle d'une certaine façon. « Qu'est-ce que tu vas faire alors ? Tu pourrais toujours te reconvertir, passer la formation d'aurors que tu obtiendrais sans doute sans le moindre effort. J'adorerais t'avoir comme coéquipier un jour en tout cas » dit-elle en repensant à ses paroles précédentes concernant le métier d'auror qui lui aurait plu. Son café dans lequel elle trempa ses lèvres un instant, elle releva les yeux vers son ami, un peu inquiète. « Il va y avoir des répercussions sur toi, n'est-ce pas ? Les Burke, ils ne vont pas apprécier... » Ce n'était pas une question parce qu'elle se doutait que oui, d'une manière ou d'une autre, sa famille lui ferait payer ses nouveaux choix en contradiction avec leurs pensées.
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Il aurait aimé la prévenir autrement, Vesper, ils étaient amis depuis tant d'années maintenant, mais il n'avait rien fait d'autre que précipiter sa décision au moment où finalement, il n'en pouvait plus de ce que la vie lui offrait. Et c'était avec une légère honte qu'il avait pris sa décision et qu'il ne l'avait pas annoncé à ses amis, à sa famille.. A Miles. Il démissionnait, il quittait l'institution qu'il avait cru un jour aimer, et si un autre emploi, dans un autre ministère lui aurait drôlement plu, il avait décidé de refermer cette porte derrière lui, décidé à ne plus jamais voir son père la passer, pour venir le congratuler affreusement pour une autre raison futile. C'était la fin d'un chapitre, le début d'un autre. Il observa un instant la mine de Vesper se renfrogner à la mention de sa famille et il sut qu'elle comprenait - ils avaient toujours été soudés là-dedans, l'un et l'autre, amis et salvateurs même, lors des occasions où ils avaient envie de hurler leur haine de cet univers. Sauf qu'elle avait réussi à faire ce qu'elle voulait à présent, et qu'il était bien déterminé à en faire de même. Il ne répondit pas à la question, cependant, se contentant de hocher la tête, sans trop savoir si Miles lui aurait permis de dévoiler leur secret, et il se contenta d'ajouter. « Oui, sur les Burke. Je pense que dans quelques semaines, tout le monde sera au courant de tout ça, mais .. Disons que mon père n'a pas été l'homme le plus fidèle de la planète et qu'il s'avère qu'il a plutôt mal géré la situation, après coup. » Si cela n'avait tenu qu'à lui, il lui aurait tout déballé, comme elle lui avait souvent offert des bribes de son existence et il s'en voulait de lui cacher quelque chose d'aussi important mais cela ne le concernait plus uniquement lui. Elle poursuivit et ses mots tirèrent à Nicholas un sourire timide; elle avait de ça de savoir le rassurer, après tant d'années passées à ses côtés, et elle avait le parfum de l'amitié sincère et pure, Vesper, elle était rassurante dans tout ce halo de dramatique histoire, elle était un peu un phare, aujourd'hui, à briller pour qu'il revienne à elle. C'était une de ces histoires douces, de ces amitiés qui aidaient à garder la tête sur les épaules et il se félicitait, quelque part, de l'avoir trouvée sur sa route. Elle surenchérit sur la formation d'auror et il déclara, simplement, le sourire aux lèvres « J'aurais adoré faire ça, je t'assure. Vous rejoindre et pouvoir travailler avec vous ! Je suis sûr que ça m'aurait plu ! Mais après tant de temps passé dans un bureau, je n'ai sincèrement plus envie qu'on m'associe à cet homme et tant que je travaillerai au Ministère, je crois que malheureusement, ça sera toujours le cas.. » Il avala une gorgée à la tasse qu'on lui avait apporté et surenchérit en riant « Oh oui, je vais avoir des problèmes, c'est certain. Mais je m'en fiche, en vérité. Je ne fais plus partie de cette famille, on n'a pas les mêmes valeurs, je ne veux plus être associé à ces gens. Et puis, je crois que j'ai trouvé ce que je voulais vraiment faire, finalement... » Il farfouilla dans la poche interne de son manteau et en sortit une carte de visite aux couleurs sombres, pliée portant un unique nom et une adresse à l'étranger. Charles Rosier. « C'est un ami de mon père. Enfin, c'était. Il est dragonologiste. » L'évocation même du nom lui tira un frisson d'excitation et il reprit « C'est grâce à Leanne que j'ai compris qu'il y avait là quelque chose pour moi et je l'ai contacté dès que j'ai su. Je vais étudier les dragons...» La dernière phrase n'avait été qu'un chuchotement et il ne parvenait pas à s'arrêter de sourire, à présent, certain, assuré que là était la voie qu'il s'était décidé lui-même, qu'il avait choisie, finalement, et rien ne pourrait plus l'en empêcher.
Elle avait réalisé, Vesper, au fur et à mesure du temps qu'aussi parfaites les familles de sang-pur - et principalement de l'élite anglaise - essayaient de se montrer en clamant leur supériorité, elles étaient celles qui avaient le plus de problèmes. Les drames et scandales tombaient les uns après les autres et elle trouvait ça ridicule qu'ils continuaient de jouer les sorciers exemplaires. Alors la révélation de Nicholas n'aurait pas du être surprenante parce qu'il se jouait des choses derrière les portes closes de leurs immenses manoirs que personne ne pouvait soupçonner pourtant, les possibles infidélités décrites par le Burke à propos de son père avait tout de même le don de l'étonner. Non pas qu'elle connaisse cet homme, au contraire elle avait plutôt sympathisé avec le fils depuis des années, n'accordant que de simples bonjours et formalités au premier Monsieur Burke, mais c'était si indécent de la part de ces gérants de familles que déshonorer leurs serments de mariage que chaque fois, elle avait l'impression de tomber de haut en apprenant ce genre de secrets. « Tu veux dire qu'il a trompé ta mère et qu'il y a eu des... conséquences ? » Elle n'aimait pas utiliser ce mot pour une probable naissance mais ils étaient dans un café à quelques mètres du ministère, le Burke était facilement reconnaissable et elle ne pouvait pas se permettre de crier tout ce qu'elle pensait, comme elle le pensait, au beau milieu de tous ces gens. « Est-ce qu'il a caché cette liaison parce que la femme en question n'était pas digne de tout ce qu'ils clament avec fierté ? » ajouta t'elle en laissant échapper un rire ironique parce que vraiment, ça l'était. Les puristes qui l'étaient uniquement lorsque ça les arrangeait, c'était sans doute ça qui la dégoûtait le plus dans leurs comportements, l'hypocrisie dont ils faisaient preuve. « C'est pas croyable » Elle imaginait facilement ce qui suivrait de ses révélations si, comme Nicho le suggérait, les informations commençaient à fuiter dans les jours à venir. « Tu penses à le dénoncer toi-même ? » Après tout il le pouvait même s'il devait être difficile de mettre les siens dans l'embarras de cette façon mais est-ce que ce n'était pas mérité ? Des questions qui firent écho en elle un instant, de savoir si c'était judicieux de se présenter au monde comme celle à qui on avait caché un lourd secret ou garder pour elle ce qu'elle avait appris et évoluer dans le silence et loin des caméras. Ce n'était pourtant pas le sujet du jour et très vite, elle revint sur la démission du blond qui lui semblait si précipitée quand en réalité, le garçon semblait avoir pensé à tout. Et ça la fit sourire, V, qui n'espérait que le bonheur de celui qu'elle appellait ami. Elle hocha la tête, compréhensive, à ses mots sur le ministère, fière mais confuse à ses prochains mots. « Un bannissement ? » demanda t'elle, consciente qu'il s'agissait là de la sentance ultime du côté des sang-pur, pensée pour Marcus qui avait fui leur union arrangée pour récolter ce même sort. « C'est très courageux » Dans tous les cas il tournait le dos à sa famille, son éducation et ça avait le mérite d'être audacieux. « Attends, quoi ? Tu veux travailler avec les dragons ?! » Elle avait peut-être un peu trop haussé le ton mais c'était plus qu'étonnant. « Je ne savais pas que tu les aimais. Enfin j'veux dire, tout le monde adore les dragons pour le côté mythique mais je ne savais pas que tu avais ce genre d'intérêt là pour ces créatures » Sans doute parce qu'ils n'en avaient jamais parlés avant. « C'est wow » exprima t'elle dans un léger rire, la même réaction qu'elle avait eu avec Leanne - justement - récemment après une discussion, les filles qui s'étaient rencontrées durant le match amical de quidditch entre anciens étudiants. « Leanne donc, hm ? » Si elle n'avait pas imaginé cette combinaison possible, elle haussa un sourcil interrogateur à cette remarque, attendant la suite, si toutefois il y en avait une.
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Ca faisait un bien fou de pouvoir se confier, et il savait son demi-secret en sécurité avec Vesper. Chaque mot le confortait un peu plus dans ses grandes décisions; il aurait des problèmes? Et alors? Il ignorait comment tout cela allait se terminer? Tant pis. Il avait changé de compte à Gringotts, il avait gardé son appartement à Londres mais il n'y vivrait pas et il s'apprêtait à partir pour la Roumanie: il ne leur offrait plus aucun droit, à ses parents, d'avoir un quelconque impact sur sa vie. Et il avait été malin, il avait économisé depuis plusieurs années donc, il pourrait payer sa formation comme il le souhaitait. Au pire, s'il le fallait, il irait travailler les week-end, il n'avait plus envie de dépendre de personne, c'était terminé. La façon de formuler les choses amusa Nicholas « C'est tout à fait ça. Et ça vient me faire de grands discours sur qui je fréquente, c'est risible.. » Il se mit à rire, un peu nerveusement, devant l'immensité du temps qu'il avait perdu, pour faire ce dont il avait vraiment envie, pour retrouver Cicely, être ami avec qui il le voulait. Il termina son café d'une gorgée avant de répondre « Je suis encore en pleine réflexion.. Disons que je ne suis plus le seul concerné, tu vois? Donc il n'y a pas que mon avis qui compte ! » Il l'écouta sauter aux mêmes conclusions que son esprit avait lui-même éclairé d'un jour nouveau récemment, et il lui sourit. « Je pense qu'il y aura bannissement, effectivement, sauf s'ils me laissent reprendre possession de ma vie; sans moi, pas de descendance, n'est-ce pas? » Il ricana seule à imaginer ses parents bénir son union à une née-moldue. « Mais ça n'arrivera pas, j'ai coupé tout contact, et ils ne peuvent plus prendre de mes nouvelles. Emancipation plutôt que bannissement ..» Et il rit à nouveau face à sa réaction, et lui répondit, le plus sincèrement du monde « Ouais les dragons. J'comprends que tu sois étonnée, je n'en savais rien moi-même. Comme quoi, couper les racines pourries, ça aide à faire le point !» La conversation marqua une pause et il se douta qu'il fallait probablement un moment pour encaisser tout ça. Aussi, il fut profondément surpris par la relance de Vesper. « Oui, Leanne ! Et ne va rien t'imaginer par-là, j'te vois venir ! Elle m'a aidé à découvrir ce dont j'avais vraiment envie dans la vie. » Il ne pouvait nier que Leanne était une femme plus que séduisante mais jamais il ne s'était posé une quelconque question à son sujet; c'était son amie, comme Vesper l'était. « Et toi alors ? Des nouvelles croustillantes à m'offrir ? » Il regarda sa montre, repensant à la montagne de cartons faites, celle encore à faire et reporta son attention sur Vesper; il devait profiter de ces moments, ils seraient plus rares pendant quelques mois.
Elle n'avait peut-être aucun droit de juger le père de Nicholas et le reste de sa famille, mais malgé elle, Vesper le faisait quand même parce que ces comportements étaient tout ce qu'elle détestait en ce monde. Elevée par des sang-pur elle-même, il n'y avait pourtant rien de comparable à l'éducation reçue par l'ami face à elle ou encore un autre à qui elle pensa sans pour autant l'extérioriser et prononcer son nom. Soupirant, elle posa une main compatissante sur celle de son collègue avant de la retirer et demander au sorcier ce qu'il comptait faire de toute cette histoire. Il avait les clés en main, en quelque sorte, et le fait qu'il réfléchisse à tout, avec autant de bienveillance faisait déjà de lui une personne différente de son père. « Tu les connais ? » Elle ne lui demanderait jamais qui c'était, évidemment, parce que ça ne la regardait absolument pas mais c'était une partie de la vie de Nicholas, une partie de sa famille également et il avait le droit de vouloir savoir l'identité de ceux partageant son sang. Elle le pensait vraiment, Vesper, elle-même en pleine quête de vérité concernant ses parents quand pourtant au début, elle avait préféré ne rien connaître pour rester dans le déni. « Je suppose qu'ils ne laisseront jamais leur nom s'éteindre non, c'est bien trop précieux à leurs yeux » Aussi ridicule que tout le reste d'ailleurs puisque parmi les héritiers actuels de ces familles très spéciales - selon eux - il y en avait certainement qui ne désiraient pas avoir d'enfants. Mais comme tout le reste, c'était dans les traditions, les règles, et on ne leur laissait pas forcément le choix. « J'espère vraiment que ça ira pour toi » Et à tous les niveaux parce que Nicholas était un sorcier admirable et qu'il ne méritait pas d'être traîté autrement. Tout comme elle espérait que sa nouvelle vocation lui plairait, celle-ci si différente de son emploi actuel. Elle était surprise par toutes ses révélations malgré tout, et pendant un instant elle tenta d'imaginer le Burke entouré de dragons. Une passion qu'elle ne lui connaissait pas mais qui, à l'entendre, paraissait déjà l'animer de tout son coeur. Et c'était plaisant à voir, sourire qu'elle lui offrit avec enthousiasme pour lui et sincérité. « Et quand tu dis ça, tu parles d'elle ou vraiment des dragons ? » Avec un clin d'oeil elle laissa échapper un rire, se reprenant rapidement. « Je plaisante, ne t'en fais pas » Et même si c'était le cas, ce n'était pas tellement les affaires de V, elle ne se permettrait pas de dire quoique ce soit à ce sujet. « Absolument pas ! » s'exclama t'elle en secouant la tête, franchement pas prête à laisser quoique ce soit lui échapper aujourd'hui. « Je n'ai pas prévu de démissionner maintenant et courir après les dragons mais promis, je te préviendrais quand ça arrivera » le taquina t'elle un peu plus, signe d'affection pour l'ancien serdaigle qui, même si elle ne l'avouait pas clairement, aller lui manquer au ministère. « Je vais devoir y retourner, la journée n'est pas finie » dit-elle en le voyant jeter un coup d'oeil à sa montre, certainement qu'elle allait bientôt avoir terminé son temps de pause. « Je sais qu'on se reverra mais les pauses cafés improvisées avec toi, ça me manquera » Terminant sa tasse d'une traite elle se releva, attrapa sa veste et s'adressa à Nicholas avec un sourire. « Tu m'accompagnes ou tu restes encore un peu là ? » Il n'avait plus d'impératif désormais, et ce constat l'attristait un peu même si savoir qu'il ferait autre chose qui lui plairait davantage était la meilleure des consolations.
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