Elle évolue à travers les portants soutenant de multiples robes aux finitions délicates et élégantes, recherchant la perle rare qu'elle désirait sélectionner pour l'évènement auquel on l'avait invité le soir-même. Déjà coiffée grâce au prestataire qui venait de quitter son bureau, Olivia finit par soupirer et quitter le dressing qu'on lui avait apporté dans un coin de la pièce. Elle avait d'autres choses en tête, un business à mener et toutes les variables lié à lui à prendre en compte, un empire à continuer de construire malgré le succès de sa marque depuis deux belles années maintenant. Sargents avait des contacts à Milan et à Paris, possédait désormais cinq boutiques dont deux tout juste ouvertes dans le Rome sorcier et une à Édimbourg, elle y avait tenu. Ne pas oublier ses années à Poudlard et au Royaume-Uni, celles qui l'avaient forgé, aimé, brisé et reconstruite. Si Olivia passait la plupart de son année chez elle, en France, c'était avec un doux sentiment toujours parfois quelque peu amer qu'elle revenait en terres britanniques et comptait concurrencer les rares marques présentes ici. Il y avait tout un champ de la mode à dominer, ici, mais aussi des idées encore trop ancrées rabaissant la femme et enlevant le pouvoir à celle au sang pur. C'était en partie elles qu'Olivia visait avec ses collections, c'était ce qu'elle aurait pu devenir sans tous les aléas de sa vie et de celle de sa famille, désormais, elle ne désirait que leur donner le pouvoir qu'elles méritaient. C'était pour cela que chaque événement ici était important, l'implantation d'une boutique dans le Édimbourg sorcier n'était pas anodin car c'était ici que l'on retrouvait certaines vendeuses de tissus prestigieux, ici que les gouvernantes venaient en acheter pour fabriquer les robes de leurs maîtresses. Et Olivia comptait changer cela, offrir aux femmes l'habit armure qu'elles méritaient, celui qui saurait leur rendre le prestige qui était le leur, le pouvoir de décider, d'agir. C'est ce à quoi elle pense lorsque ses pensées passent au dessus de toute l'attention qu'elle portait à la lettre qu'elle était en train de lire, secouant finalement la tête avant de prendre une gorgée du thé chaud qu'on lui avait apporté. Un regard pour la photo encadrée de sa petite Aurora riant aux éclats qui était posée sur son grand bureau, elle observe ensuite le temps extérieur par les hautes fenêtres de la pièce et pense à son enfant lorsque trois coups sont donnés à sa porte. Sa secrétaire la prévient que son rendez-vous de l'après-midi est arrivé et Olivia acquiesce et se lève. Si il avait s'agit d'un homme, la française serait restée à son bureau, au lieu de cela, elle avance en direction de sa porte et accueille l'étudiante venue jusqu'à elle. « Bonjour. » entonne t'elle à son adresse en lui tendant sa main, dans un français parfait et sans la moindre trace d'accent britannique, elle sourit alors doucement avant de préciser. « Ne t'en fais pas, je parle anglais. » Sa main serra celle de la Burgess tandis qu'elle en profita afin d'observer son visage puis les détails de sa tenue. Si elle ne dit rien, Olivia remarque pourtant qu'il s'agit d'un produit original de la part de la sorcière grâce à une couture. Elle la laisse entrer dans son bureau et la suit ensuite en refermant la porte derrière elles. Olivia avait été surprise de recevoir des lettres de la part d'étudiantes de Poudlard au sujet d'un stage et puis peu vraiment lorsque celles-ci s'étaient accumulées, cependant, peu avaient retenues son attention et celle d'Ophelia était l'une d'elles. La Burgess était d'ailleurs la première qu'elle accueillait en rendez-vous afin d'en parler et non pas seulement parce que son nom était plus qu'équivoque ces derniers temps. « J'aimerais que tu regardes ces trois portants. » de robes de différentes couleurs avec leurs accessoires jusqu'à quelques tailleurs imaginés il y a peu de temps mais jamais portés, ils sont ce qu'on a présélectionné pour Olivia et sa soirée. « Quelles langues connais-tu ou étudies-tu ? » la curiosité l'emportait, question loin d'être anodine tandis qu'elle essayait de déterminer le profil de la sorcière. Sa tasse de thé récupérée entre ses mains, Olivia restait près de la fenêtre à la regarder évoluer, à observer sa robe et la coupe qu'elle avait choisi pour celle-ci. « Qu'as-tu pensé de la tenue de la sorcière t'ayant menée jusqu'ici ? » si la question paraissait superficielle, elle ne l'était pas, seulement sa réponse saurait faire la différence selon ce qu'Ophelia choisira de lui répondre.

Pour la première fois de sa vie, Ophelia n’était pas sûre de ce qu’elle devait porter. Plus que jamais, elle avait l’impression que son choix serait décisif pour elle et pour son avenir et, quelque part, elle avait raison. Ses demandes de stage auprès de différents journaux n’avaient mené à rien, ce qui avait poussé la sorcière à comprendre que le scandale dans lequel son père avait plongé leur famille avait plus d’influence que ce qu’elle avait imaginé. Elle avait été agacée et énervée par ce qu’il lui arrachait une nouvelle fois mais n’avait pas pris le temps de s’attarder sur ce qu’elle ressentait – comme bien souvent, elle avait refoulé ses émotions, prête à les gérer plus tard. Elle avait du chercher une autre idée de stage en urgence et, rapidement, elle avait pensé à Olivia Sargent et à l’empire qu’elle se construisait peu à peu. Elle l’avait aperçu de loin à Poudlard et donc savait tout ce qu’elle avait du traverser suite à sa grossesse, admirative face à la force dont elle a du faire preuve et la façon dont elle s’en était tirée. La française était exactement ce qu’elle voudrait devenir, une femme indépendante qui a su se construire seule, se démarquant par son talent et ses nombreuses capacités. Elle était un véritable modèle pour la vipère dont l’attrait pour la mode n’était un secret pour personne. Si elle n’avait pas été aussi passionnée par le journalisme, c’était clairement dans ce domaine qu’elle se serait lancée pour tenter de laisser son empreinte. C’est donc naturellement qu’elle avait tenté d’envoyer une missive à la sorcière, espérant aussi que son parcours atypique pour une sang-pur l’aiderait à voir outre le scandale qui avait fait couler l’encre de bien des journaux. Maintenant que l’heure du rendez-vous obtenu approchait, Ophelia éprouvait un mélange de stress et d’excitation, impatiente de montrer ce dont elle était capable et cela passait nécessairement par le choix de sa tenue. Après avoir longuement hésité, la brune opte pour une robe qu’elle a elle-même créée en utilisant d’autres tenues, robe qui pourrait sembler peut-être un peu trop osée pour quelqu’un de son rang mais n’était-ce pas ce que l’entreprise cherchait ? A bousculer les codes de la mode pour permettre aux femmes de porter ce qu’elles voulaient, tant qu’elles se sentaient belles et fortes ? En tout cas c’était ainsi qu’elle avait perçu les différentes collections lancées par la marque, ce qui n’avait fait qu’approfondir son intérêt pour celle-ci. Un foulard sert à nouer ses cheveux en chignon dont quelques mèches s’échappent, reflet qu’elle observe dans le miroir avec fierté, persuadée qu’elle avait fait le bon choix. Book sous le bras, Ophelia arrive sur place un peu en avance. Elle ne patiente pas longtemps avant qu’une sorcière ne la guide jusqu’au bureau d’Olivia qui l’accueille, main qu’elle serre. Forcément, elle l’observe et ne peut que constater à quel point elle dégageait élégance et charisme, brune qui n’était pas devenue reine en son domaine sans raison. Le français parvient jusqu’à ses oreilles avant d’être remplacé par l’anglais qu’elle a l’habitude d’entendre, faisant naître un léger sourire sur les lèvres de l’américain. « Bonjour à vous et merci de m’accorder cet entretien. » Son regard s’attarde sur le bureau, sur les détails qui le composent et, forcément, son regard est attiré par les portants désignés par son aînée. Elle observe chaque tenue, yeux qui pétillent face à toutes ces créations, surtout face aux tailleurs qui capturent rapidement son attention. « J’étudie le russe et j’ai quelques notions d’espagnol. » Elle ne maîtrisait pas totalement la langue mais elle avait appris les bases et comptait bien approfondir ses connaissances lors des années à venir, persuadée qu’elle devait continuer à s’armer de connaissances pour s’en sortir. Son regard était resté rivé sur les portants, sur les accessoires placés à proximité de chaque tenue. Ophelia s’accorde quelques secondes de réflexion, se remémorant avec aise la tenue portée par la sorcière croisée un peu plus tôt. « Elle lui va bien même si je suis persuadée qu’une couleur plus claire lui irait mieux au teint et qu’elle aurait pu faire sans cette cape qui la cache un peu trop. Mais… Si c’est dans cette tenue qu’elle se sent à l’aise alors elle fait bien de porter ce qui lui plaît. » Si la mode était portée, à juste titre, sur l’esthétisme en grande partie, ce n’était pas tout. Le bon vêtement pouvait aider des sorcières à leur donner assez de confiance en elle pour sortir de leur zone de confort. Finalement, elle se tourne et fait un pas vers le bureau. « Je vais être franche car votre temps est précieux. Vous avez sans doute entendu parler des frasques de mon père même si vous avez décidé de ne pas vous y arrêtez puisque je suis là. Je n’ai rien à voir avec lui, à vrai dire, je ne connais rien de la vie qu’il a pu mener. » Elle soutient le regard de la sorcière alors qu’elle ressent ce besoin de se distancer de son géniteur. « Mais on vit dans une société qui aime punir les femmes pour les crimes des hommes de leur entourage donc me prendre comme stagiaire pourrait porter préjudice à votre entreprise uniquement parce que je porte son nom. » Elle n’avait pas envie de faire dans le faux semblant, Ophelia, préférait reconnaître être consciente des risques même si elle ne doutait pas qu’Olivia savait déjà tout ce qu’elle disait. « Je connais votre parcours et celui de votre entreprise alors si je me suis tournée vers vous ce n’est pas uniquement parce que j’avais besoin d’un stage, mais bien parce que j’admire ce que vous faites ici, le pouvoir donné aux sorcières à travers vos collections. Je suis convaincue que c’est grâce à des personnes comme vous que la vision des femmes pourra changer et permettre qu’un jour on puisse toutes être traitées comme étant l’égale des sorciers. » Son cœur tambourine contre sa poitrine, flammes brûlant dans ses iris alors qu’elle redresse le menton au fil de ses paroles. Elle croit en ce qu’elle dit, la vipère, en cette possibilité qu’un jour tout change pour elles. « Je suppose que j’ai répondu à la question que vous n’aviez pas posé sur les raisons de mon intérêt pour votre entreprise. » dit-elle avec un léger sourire, réalisant alors qu’elle s’était probablement un peu trop emballée, comme souvent dès qu’elle évoquait son père.

Assise dignement derrière son grand bureau blanc, Olivia l'écoute et l'étudie silencieusement alors que la jeune Burgess lui répond. Elle ne l'a pas encore totalement cernée, ne sait finalement pas grand chose à son sujet si ce n'est sa provenance et son nom, son choix de revêtir une telle robe audacieuse pour le monde duquel elles venaient toutes les deux, tenue qui était travaillée et portait un message. Quelque chose lui disait que la jeune femme devant elle était pleine de ressources, qu'elle ne possédait pas la moitié d'un cerveau dévoué aux traditions et ce qu'il y avait de plus toxique parmi l'élite malgré l'apparence digne et élégante qui se dégageait d'elle. Ophelia tout comme elle, venait de ce monde mais ne semblait pas entièrement y appartenir et ça lui plaisait. Elle avait l'intelligence de parler de la part importante d'apprécier le vêtement et de s'y sentir à l'aise quand Olivia savait très bien que la plupart des femmes, de l'élite ou non, se pliaient bien trop souvent à une mode et des habits pour convenir au regard masculin quitte à faire l'impasse sur leurs propres ressentis. Quand Ophelia s'éloigne des portants pour venir vers elle, la française repose son thé et croise les bras sur son bureau, l'écoutant attentivement. La franchise dont elle fit preuve en évoquant son père et la société la surprit, elle haussa un sourcil en l'écoutant la prévenir que l'engager pourrait lui porter préjudice. Si Olivia avait son idée quant à ce fait, elle n'eut pas vraiment le temps de l'évoquer, laissant l'étudiante délivrer tout ce qu'elle avait à dire sans l'arrêter, avec l'impression que ça lui était important. Et Olivia trouvait une certaine valeur en son courage et son honnêteté, la sincérité d'une femme qui avait compris sans doute trop tôt et difficilement les rouages compliqués imposés aux femmes. Elle exprime un discours qui ravive l'étincelle d'Olivia vis à vis de cette cause lui tenant tant à cœur, elle ressent la passion, la sincérité de son cœur et c'est tout ce dont elle avait besoin à ce moment précis pour juger le caractère de celle lui faisant face. « Tu es consciente que ce que tu viens de dire là pourrait te condamner plus vite que les pêchés de ton père ? » son regard soutient le sien, d'un sourcil relevé et d'une expression sérieuse mais confiante, un sourire coin finit par apparaître. « Mais qu'ils osent me dire quoi que ce soit à ton sujet, je les attends de pied ferme. » son menton se releva légèrement, le ton était ferme. Olivia n'aurait aucun soucis à leur faire entendre son avis à ce sujet et les remettre à leur place, tirer les ficelles qu'elle connaissait et se servir des secrets qu'elle avait collecté. Aucun sorcier, aucun homme, n'aurait bien longtemps le moindre pouvoir à son sujet si il venait à s'en prendre à elle ou son empire, comprenant sa future stagiaire. « J'apprécie ta ferveur et je ne serais pas de ceux qui te feront taire. Je me contrefiche de ce que cet homme a bien pu faire, ce ne sont pas tes crimes. » Olivia eut l'œil sensiblement plus pétillant lorsqu'elle ajouta ensuite « J'ai hâte de voir ce que tu apporteras à notre cause, il est important de ne pas oublier combien l'entraide et le soutien entre les femmes est indispensable pour faire avancer les choses. Je crois foncièrement que nous sommes plus fortes unies. » elle ne rencontrait pas seulement une future stagiaire aujourd'hui mais une sorcière qui serait importante pour la communauté et les droits des femmes ici, elle l'espérait du moins. Olivia se releva de son fauteuil et contourna son bureau, elle lui tendit ses mains pour les lier, les envelopper dans un geste presque maternel. Les jades s'accrochèrent au regard bleu face à elle, elle s'adressait à elle de femme à femme, avec tout le dévouement qu'elle avait pour elles toutes. « Ne laisse jamais quiconque souffler sur cette flamme qu'il y a en toi, qu'ils aient peur de ton feu et en soient brûlés si telle est la chose qui doit être faite. » Soutenant son regard en acquiesçant, Olivia finit par lui relâcher les mains et un nouveau sourire apparut sur ses lèvres, elle inspira, expira cette émotion, ce ressenti passionnant qui la traversait dès lors que la cause qui lui tenait le plus à cœur était exprimé. La française tendit alors sa main en direction du book qu'Ophelia tenait toujours sous son bras. « je peux ? » désormais plus qu'intéressée de découvrir les talents de sa nouvelle stagiaire, Olivia profita que son assistante vint vers elles pour leur apporter quelques courriers afin de lui préciser « tu peux annuler tous les autres rendez-vous, merci. » les jades allèrent rechercher l'éclat bleu face à elle en souriant avant de plonger son regard sur les croquis sous ses yeux. Elle était persuadée avoir fait le bon choix, que cette rencontre n'était pas anodine et que face à elle se trouvait une jeune femme dont elle n'avait que la hâte de voir s'épanouir et déployer ses talents. Peut-être alors que son passage chez Sargents lui servira afin de lui offrir une assurance et une certaine protection le temps qu'il le faudra, c'était du moins ce qu'Olivia espérait.

Elle se fige Ophelia aux mots d’Olivia, soudainement inquiète après ce qu’elle avait osé dire. Elle savait pourtant que c’était risqué, qu’elle prenait des risques qui pourraient avoir de nombreuses conséquences si ce qu’elle lui avait dit venait à fuiter et à être répété aux oreilles de l’élite. Peut-être qu’elle s’était trompée concernant la sang-pur et qu’elles n’étaient pas aussi similaires que ce qu’elle pensait. Pourtant, Olivia n’était-elle pas cette sorcière puissante qui avait su braver les regards mauvais et les commentaires allant à son encontre au sein de Poudlard et bien en dehors durant sa grossesse ? N’était-elle pas cette même sorcière qui promouvait la force des femmes, qu’importe leur rang et leurs désirs ? Ce n’est qu’en voyant le sourire au coin des lèvres de la brune qu’Ophelia souffle brièvement et se détend, rassurée par ce qu’elle venait d’annoncer. Son cœur bat à tout rompre en comprenant alors qu’elle avait trouvé quelqu’un qui savait la différencier de son père en dépit du nom qu’elle portait, quelqu’un qui pouvait la comprendre et qui ne chercherait pas à dompter la véhémence dans ses convictions quand il lui était permis de les assumer. Elle n’en avait pas souvent l’occasion, la vipère, jouant sur le long terme en taisant ce qu’elle pense véritablement la plupart du temps, consciente que le temps n’était pas encore propice à ce qu’elle puisse affirmer ses pensées sans en subir les conséquences. Ce sont pourtant ses pensées qui quittent les lèvres d’Olivia et Ophelia en a la gorge nouée pendant quelques secondes. Elle réalise alors à quel point elle avait eu besoin de ce moment, de cet entretien qui lui permet d’échanger avec une sorcière à peine plus âgée qu’elle qui portait pourtant les mêmes convictions qu’elle sans en ressentir la moindre honte. Elle sait à quel point ce moment comptera dans les années à venir, quand peut-être elle aura l’impression de ne parvenir à rien, quand elle se dira que tout est perdu – il lui suffira de repenser aux mots de la brune, à la force avec laquelle elle l’affirme. Elle s’en retrouve prise au dépourvue, incapable de savoir quoi dire alors même qu’elle faisait partie de celles qui savaient répondre à tout habituellement. Quand Olivia s’approche pour saisir ses mains et que leurs regards se rencontrent, elle ressent la puissance de ses mots, la justesse de ceux-ci alors même que jamais une autre sang-pur ne l’avait encouragé avec autant de force. Perturbée, elle hoche la tête en lui tendant son book alors que ses mots raisonnent encore en elle, qu’ils lui procurent cette force dont elle avait parfois eu besoin ces derniers temps. Un large sourire étire ses lèvres quand elle comprend, à travers les mots de la brune, que la sang-pur a trouvé son stage, qu’Olivia lui faisait assez confiance et voyait en elle le potentiel nécessaire pour qu’elle ne décide de la prendre avec elle. « Merci. » dit-elle, prenant à peine conscience d’à quel point sa voix était fébrile. Elle se redresse, inspire un grand coup pour tenter de se ressaisir. Elle n’avait pas anticipé qu’elle serait si bouleversée par ce rendez-vous, qu’elle se retrouverait ainsi troublée par ce que la gérante lui offrait. C’était plus qu’un stage, c’était confiance en elle qui s’ajoutait, une force qu’elle retrouvait. « Pour le stage mais également pour tout ce que vous venez de dire. Je n’ai pas.. Personne ne m’avait jamais encouragé dans cette voie jusqu’à présent et c’est tout ce dont j’avais besoin. » Évidemment qu’elle savait que Theodore et Leo l’encourageraient si elle venait à leur livrer l’étendu de ses pensées, mais venant d’une femme, c’était différent, c’était plus important encore. C’était ce dont elle avait besoin et Olivia venait de le lui offrir en quelques minutes.


Son regard examine la tenue sous toutes ses coutures avant d’apporter de nouvelles modifications, retirant la ceinture en soie blanche pour y ajouter des détails dorés. Devant elle, deux sorcières discutent sans même prêter attention à sa présence. Elle avait l’impression d’être invisible Ophelia et ça ne la dérangeait pas réellement, car alors elle pouvait se concentrer sur la tache confiée, sur les retouches qu’elle devait apportée sur la tenue pour qu’elle corresponde à la taille et aux souhaits de la cliente. Les deux sorcières qui discutent de leurs vies respectives, n’hésitant pas à partager des détails considérés comme outrageants sur leurs époux. Si elle ne dit rien, la brune retient pourtant tout, persuadée que ça pourrait lui servir un jour ou l’autre. Quand une autre sorcière rejoint le duo et commence à discuter avec elles, elle n’y prête pas attention du moins jusqu’à ce qu’elle ne s’adresse à elle directement. « Que fais-tu ici ? » Perplexe, Ophelia regarde derrière elle comme pour s’assurer que c’était bien à elle qu’on s’adressait. « Je suis ici en stage et... » « Une Burgess, ici ? » Le ton dégoûté employé par la sorcière – une Rosier, si ses souvenirs sont exacts -, ne lui échappe pas. Elle serre les dents alors qu’à côté, le duo est désormais silencieux, assistant à l’échange. « Par Merlin, j’ignorais qu’on embauchait des criminels chez Sargents ! » s’exclame-t-elle sans la lâche du regard. Face à l’air surpris des deux sorcières à ses côtés, elle continue. « Oh vous ne saviez pas ? Sa famille a détourné des fonds. » Son cœur bat de toutes ses forces contre ses tempes au point qu’elle n’entend plus que ça, ses gestes qui s’arrêtent sur la ceinture qui est encore entre ses doigts. Elle avait naïvement cru que les erreurs de son père ne la poursuivaient pas et pourtant, c’est toujours le cas, alors même qu’elle ne voulait rien de plus que faire sa vie sans avoir à subir les conséquences d’actes qu’elle n’a pas commis, venant d’un homme qu’elle avait à peine connu. Le sentiment d’injustice enfle en elle, prend toute la place au point que la colère ne revienne. Elle refuse de rester silencieuse alors qu’on salissait qui elle était. « C’était mon père. » Sa voix n’est qu’un murmure, si bien que la Rosier offre un « Pardon ? » parce qu’elle n’a rien entendu. Alors l’américaine se redresse, garde la tête haute alors que son regard s’accroche au sien. « C’était mon père qui était à l’origine de ces détournements de fonds. » La blonde arque un sourcil, l’air méprisant qui ne quitte toujours pas son visage. « C’est la même chose. » « Non. Visiblement, il faut vous expliquer les choses comme si vous étiez un enfant de trois ans donc voilà des mots très simples : je ne suis pas mon père. Je ne tolère pas ses actes et je n’y ai nullement participé. » Elle repose la ceinture, soutient toujours le regard de la Rosier qui semble fulminer à l’idée qu’on lui tienne tête. « Cela ne change rien au fait que ta famille ne soit pas fiable. Je ne serais pas étonnée que tu ne te trouves ici pour chercher à voler des familles plus que respectables. » A ses mots, Ophelia éclate de rire, ce qui semble surprendre la sorcière face à elle. Elle penche légèrement la tête. « Comme la votre, j’imagine ? » Elle adresse un regard au duo de sorcières aux côtés de la Rosier, repensant à la conversation qu’elle avait entendu à peine quelques minutes plus tôt. « Il est vrai qu’il est très respectable de faire fortune en vendant des reliques mystérieusement disparues pendant la guerre. » Ses mots sont prononcés froidement. Elle voit le visage de la sorcière blêmir, celle-ci balbutier quelques mots avant de s’indigner, de l’accuser de mentir. Alors qu’Ophelia s’apprête à prendre congés, elle aperçoit Olivia, n’avait pas remarqué qu’elle était présente depuis quelques instants déjà. « Je.. Désolée je ne voulais pas nuire à votre entreprise en lui faisant éventuellement perdre une cliente. » murmure-t-elle quand elle se retrouve face à la sorcière, persuadée que ce n’était pas ce qu’on attendait d’elle.

« rappelle toi d'être sage d'accord ? » un baiser sur le haut du front de son aurore, Olivia lui sourit tendrement avant de relever son regard vers James. Il était si beau aujourd'hui, même avec la cravate légèrement défaite que la française se permit de lui resserrer dans un geste rempli d'affection. « tu me sauves la mise encore une fois. » lui concède t'elle en étant aussi reconnaissante que soulagée. Aurora s'était révélée avoir une petite fièvre le matin-même et méritait du repos, le jour où l'agenda d'Olivia était considérablement rempli et parfaitement chronométré. Elle ne pouvait pas se permettre de tout décaler à de multiples autres créneaux mais une part d'elle culpabilisait à laisser sa fille. Que James se porte volontaire pour s'occuper d'elle l'aidait à se faire à l'idée et à l'aimer d'autant plus. Si Olivia n'avait jamais douté de son affection pour son ami, quelque chose de différent, de mieux encore qu'imaginé, commençait à se muer entre eux deux. « tu vas me devoir un restau d'ici peu. » lui glissa t'il à l'oreille tandis que deux sorcières passaient non loin d'eux en les observant. Olivia qui ne s'affichait jamais avec le moindre homme et qui avait également battit sa réputation sur le fait de savoir se faire toute seule sans l'aide de quiconque et surtout pas d'un puissant de l'Elite attirait donc les regards curieux et même intrusifs. Elle savait que le mot risquait de passer entre ses clientes si on la savait aussi proche de lui. Pour autant, elle prit le temps de déposer un baiser sur sa joue et de lui offrir un doux sourire accompagné d'un clin d'œil. « je te vois ce soir. » lui confiait-elle avant de caresser une énième fois le front de son enfant avant de partir à contrecœur. Olivia avait encore des affaires à gérer et elle revenait pleinement dans son quotidien surmené qui l'enivrait de passion. Elle aimait son travail, elle aimait ce qu'elle faisait mais ce qu'elle entendit soudainement provenant de l'une des salles d'essayages du lieu lui déplut forcément. L'accusation que la Rosier offrit à sa stagiaire et sa famille la fit froncer les sourcils, elle avança en décalant un lourd rideau de velours et se tint dans l'embrasure de la porte. Si Olivia n'intervint pas, ce ne fut que pour laisser Ophelia répliquer et elle ne fut pas déçue, appréciant le venin judicieusement maîtrisé mais notant tout de même sa fougue, la française pense tout de même à s'avancer plus dans la lumière de la pièce quand elle sent la situation vriller. Aux excuses de la jeune femme, Olivia secoue la tête en balayant la chose d'un revers de main avant de toiser la Rosier qui ouvrait déjà la bouche pour insister à son sujet. « Je pense que vous pouvez vous passer de commentaires Rosalid. Et me laisser juger moi-même la confiance en mes employés et stagiaires. Etes-vous en train de remettre en question l'intégrité de Sargents ? » l'affaire se conclut en un regard froid pour Olivia et une capitulation de la part de la Rosier décidant de ne pas se mettre à dos Olivia après tout ce que celle-ci lui apportait et savait d'elle et de ses affaires. Elle se reprit en faux semblants et gentillesse appuyée mais sonnant faux auprès de la française qui lui offrit un sourire tout aussi faux avant de la quitter, en compagnie d'Ophelia, pour passer dans une pièce sans personne mais remplie de portants magiques recouvrant les hauts murs. Olivia était déjà en train de rechercher une pièce en particulier et elle invita d'un regard Ophelia à en faire de même, elles savaient que le gala les attendait et qu'elles se devaient de sélectionner les tenues adéquates que les clientes ne tarderaient pas à leur demander. « ta fougue peut te perdre, tu devrais faire attention. » elle n'était pas en colère, seulement inquiète. « tu sais comment mordre mais certains resteront tellement convaincus être supérieurs à toi que n'importe quel argument ou menace ne saura les faire flancher. » et elle en avait elle-même fait les frais à l'époque où son verbe était moins maîtrisé. Ophelia devait se construire plus d'influence avant d'impacter de cette façon. Soupirant face à son portant car elle ne trouvait pas la robe recherchée, Olivia finit par s'en éloigner et regarder sa stagiaire. « fais un peu plus attention s'il te plaît, je n'ai pas envie qu'il t'arrive quoi que ce soit. » parce qu'elle commençait à s'attacher à elle et l'appréciait beaucoup, parce qu'elle se voyait quelque part plus jeune en elle. Olivia pouvait la protéger mais possédait ses propres limites et Ophelia dans son ambition méritait d'aller si loin qu'elle espérait simplement qu'on ne la brûlerait pas sur le bûcher avant qu'elle ne puisse le faire.

Elle a tenté de se contrôler Ophelia. De réprimer l’agacement qu’elle ressentait, le sentiment d’injustice qui la rongeait. Elle y était parvenue relativement bien depuis janvier, avait gardé la tête haute en tentant de ne pas accorder d’importance à ce qui pouvait être dire à son sujet. Seulement tout commençait à s’accumuler, à être trop épuisant à gérer au point que son contrôle sur ses propres émotions s’effritait peu à peu jusqu’à ce qu’elle ne s’emporte. Elle aurait préféré que ça arrive ailleurs et non pas sur son lieu de stage, de peur des répercussions que cela pourrait avoir sur l’entreprise d’Olivia. Elle avait été assez aimable pour l’accueillir et lui apportait de précieux conseils depuis qu’elle avait début à travailler avec elle alors la vipère refusait que ces instants d’égarement puissent nuire à Sargents. Alors elle s’excuse quand elle croise son regard mais Olivia prend sa défense. C’est un drôle de sentiment qui l’habite, celui de la reconnaissance envers une sorcière un peu plus âgée alors qu’elle s’était plutôt habituée à ne pas vraiment compter sur ses aînés. Figure adulte qui représentait tout ce dont elle avait besoin, à la fois par ce parcours qu’elle admirait, cette indépendance qu’elle possédait et, aussi, la façon dont elle se souciait et prenait soin d’elle. Elle réalise Ophelia à quel point ça lui fait du bien qu’une figure d’autorité soit aussi bienveillante avec elle, à quel point elle en avait eu besoin finalement durant tout ce temps sans forcément le réaliser. Olivia qu’elle suit jusqu’à une salle où elles peuvent être seules, regard qui lui permet de comprendre ce qu’elle devait faire. Aussitôt, elle parcourt les différents portants, le gala en tête. Retrouver le contact avec le tissu l’aide à s’ancrer à ce moment, aux aspects plus positifs de ce stage. Si ce n’était pas ce qu’elle avait voulu en premier lieu, la sang-pur aimait se plonger dans le monde de la mode avec sa tutrice, surtout parce qu’elle offrait des tenues modernes, pour toutes les sorcières. Elle aimait pouvoir apporter sa pierre à l’édifice, aussi maigre sa contribution soit-elle. Sa main se fige pourtant sur la robe aux mots d’Olivia, consciente de la vérité qu’elle lui présentait. Elle baisse les yeux vers les robes à nouveau pour ne pas se laisser trop envahir par les émotions, par le sentiment d’injustice qui régnait toujours si fort en elle ces derniers temps. « Je sais. Habituellement je parviens à gérer et à garder pour moi ce que je pense vraiment mais.. Mais ça dure depuis janvier et parfois c’est compliqué. » admet-elle en soupirant légèrement. Elle a toujours réussi à se contrôler, enfant qui a appris à jouer le jeu de l’élite dans l’espoir d’obtenir plus. Seulement devoir faire autant d’efforts pour réaliser qu’ils étaient si aisément balayés quand un scandale éclatait, scandale dont elle n’était même pas à l’origine directement. C’était comme si tout ce qu’elle pouvait faire n’importait pas, comme si finalement, elle avait fait tout ça pour rien. C’était plus que frustrant, assez pour que ça l’atteigne et qu’elle ne perde le contrôle face à cette sorcière qui avait cherché à la rabaisser. Ophelia qui relève le regard vers Olivia, touchée par son inquiétude qu’elle sentait sincère – elle ne cherchait pas à la museler mais à la protéger. « Je ferais attention. » promet-elle sans mal. Parce qu’elle ne tenait pas à gâcher tout ce pour quoi elle avait faire des efforts des années durant, qu’importe si parfois l’envie de tout envoyer sur les roses se faisait sentir, par lassitude, par agacement. Son choix se porte sur une robe qu’elle met de côté avant de parcourir un autre portant. « Merci. Pour tout ça, je veux dire. » Ophelia qui a besoin de faire part de sa reconnaissance, de tout ce que lui apportait Olivia. « On est dans une communauté qui va plutôt chercher à faire en sorte que les sorcières s’opposent et s’affrontent. J’avais besoin de ça, de pouvoir compter sur une autre sorcière et de réaliser que c’était possible, de vivre autrement que ce qu’on veut absolument nous imposer. » Olivia était la preuve même qu’on pouvait s’en sortir et réussir même si on ne suivait pas le chemin tracé pour les sang-purs qu’elles étaient. « Alors merci. » offre-t-elle avec un léger sourire avant de se concentrer sur les vêtements face à elle. Elle se sent épanouie à ses côtés, libre d’apprendre, libre d’être elle même sans avoir à s’en excuser et pour Ophelia, c’était un cadeau qui n’avait pas de prix.

le vendredi 14 mai.
Le mois qui venait de se dérouler avait été l'un des plus chargés de l'année, saison particulière où les commandes et divers choix quant aux futures collections s'enchainaient, l'ouverture de Spellcraft Avenue mettant en valeur la boutique n'avait fait qu'ajouter une masse de travail conséquente à l'équipe de Sargents si bien qu'Olivia avait même du embaucher quelques sorcières. Là était alors la possibilité d'offrir un emploi stable et permettant à ces dernières une sorte d'indépendance financière en dehors de leurs familles ou époux et elle était fière, Olivia, de ce qu'elle parvenait à mener grâce à sa marque depuis ces dernières années, ce en quoi elle évoluait. Ophelia était à ses côtés en ce jour de mois de mai tandis que le flash des photographes crépitait pour capturer la mode et leurs modèles, les diverses créations qui défilaient devant les yeux des différents sorciers assis autour des allées où les mannequins défilaient. La mode était un sujet beaucoup plus mis en avant du côté moldu et qu'un tel événement ait lieu en ce jour à Londres avec de multiples collections sorcières défilant ravissait la jeune créatrice qui voyait là le développement de sa passion, de son art et du milieu qui l'intéressait. Un vent de modernité soufflait chez les sorciers, elle en était actrice tout comme sa stagiaire qui prenait place à ses côtés pour ce qui était son tout dernier jour à ses côtés. En ce sens, Olivia en récoltait une certaine mélancolie, s'étant attachée à la sorcière qui s'était révélée plus intéressante encore qu'elle ne l'avait prévu le jour où cette dernière s'était présentée à son bureau, Ophelia Burgess n'était pas n'importe qui. Elle avait encore sa jeunesse, un tempérament à dompter dans le sens le plus judicieux qui soit mais Olivia décelait en elle bon nombre de qualités et de potentiel lui laissant foncièrement croire que la sorcière ferait sa part au sein de la communauté sorcière, auprès des femmes notamment, et qu'elle serait un atout majeur. Elle était déjà fière d'elle, pour l'évolution que l'étudiante avait eu au cours du stage, pour les qualités qu'elle lui avait démontré aussi et c'est pourquoi en ce jour, elle l'avait choisi elle pour l'accompagner au défilé. Elles étaient belles, splendides même en étant habillées comme elles l'étaient et croisant l'une de ses jambes sur l'autre, Olivia observait attentivement les tenues passer devant elles deux. Sa main dissimulant discrètement ses lèvres pour ne pas qu'on lise sur ses lèvres, elle profite du volume de la musique et d'une collection moins intéressante pour partager quelques mots à Ophelia. « tu vois la journaliste là-bas ? Elle ne se concentre que sur la collection à venir, c'est ce qu'on appelle une concurrence un peu déloyale lorsqu'on aligne les gallions pour des articles mettant uniquement en valeur certains créateurs, ou même lorsque l'inverse intervient et qu'on cherche à en enterrer un. » et ça arrivait plus que ce qu'on ne pouvait imaginer, ce qui désolait forcément Olivia même si elle avait elle-même déjà profité d'une bonne publicité pour sa marque dans le passé, au moins, n'avait-elle jamais eu à payer ce genre de mises en avant s'apparentant à de la triche. « parfois tout est une question de comment les choses sont délivrées et mises en avant, c'est pourquoi je suis attristée de voir bien peu d'objectivité au sein de nos médias de nos jours. » elle partageait de plus en plus ses pensées avec Ophelia, lui prouvant une confiance qui avait dépassé le stade du mentorat au cours d'un stage, soulignant là une vraie amitié pour la brune. La conversation qui avait véritablement propulsé son affection pour la sorcière avait été celle suite à une altercation avec une sorcière lors d'un habillage. Olivia avait compris combien elle tenait à la sécurité de la sang-pur mais aussi à son évolution sans aucun bridage, combien la représentation d'un soutien entre sorcières ne cherchant pas à s'affronter mais bien à s'entraider était ce qu'il pouvait y avoir de meilleur. Cela lui avait rappelé l'une de ses premières motivations, elle espérait tant qu'Aurora pourra évoluer plus tard au sein d'une communauté où la majorité des batailles auxquelles Ophelia et elles faisaient face seraient déjà remportées.

Il y a une certaine nostalgie qui envahit Ophelia alors que son stage arrivait à sa fin, que bientôt, elle retrouverait les bancs de Poudlard à temps plein pour ses dernières semaines dans l’école de magie. C’était comme si deux chapitres distincts de sa vie s’achevaient quasiment en même temps, finalement. Si le stage avait été bien plus court que sa scolarité au château, il n’en avait pas été moins impactant, bien au contraire. Il l’avait influencé sur des points différents, lui avait permis de prendre en compte des conseils pertinents de la part d’une sorcière qu’elle admirait plus encore après avoir travaillé avec elle. Surtout, Olivia lui avait permis de lui redonner espoir en un futur différent pour les femmes, elle qui avait tendance à se sentir démoralisée après le scandale de son père qui lui avait donné l’impression de ruiner tout ce pour quoi elle avait si durement travaillé toutes ces années. Auprès d’Olivia, elle avait appris qu’elle pouvait se faire une place autrement, que rien n’était perdu. C’était ce dont elle avait eu besoin alors que la sang-pur avait si souvent eu l’impression que la force viendrait à lui manquer tant elle avait puisé en celle-ci au fil des années. Assise à ses côtés, son regard se perd sur les différentes collections qui défilent devant elles. Elle aime ça, Ophelia, voir à quel point les femmes étaient mises en valeur, toutes plus belles les unes que les autres. Beauté mise en avant dans une communauté qui n’en avait pas vraiment l’habitude, c’est un souffle de nouveauté que le défilé apporte sur le monde sorcier qu’elles connaissaient. La brune écoute les paroles de son aînée, porte son regard sur la journaliste indiquée, le visage en apparence impassible même si ses réflexions tournaient à vive allure. Les mots qui lui parviennent et éveillent en elle une envie qui ne s’était jamais vraiment évadée, une envie qui avait été là, dormante. Le journalisme était toujours ce qu’elle désirait même si elle avait eu l’impression que les portes de cet univers s’étaient fermées à elle après ce qui était arrivé en janvier – quel journal digne de ce nom aurait pu vouloir que le nom des Burgess n’y soit associé alors ? Raisonnement hypocrite au vu de ce qu’annonçait Olivia et ce qu’elle savait déjà, au fond. Ceux avec de l’influence et des gallions avaient les moyens de faire tourner les différents médias à leur avantage, ce qui n’était pas supposé arriver. Reconnaissante que la brune ne partage avec elle ses pensées, Ophelia ne peut que se dire que, peut-être, elle n’était pas la seule à désirer une plus grande objectivité des médias. « J’imagine que la présence de plus nombreux journaux indépendants aiderait à atteindre cette neutralité qu’ils devraient naturellement adopter. » dit-elle alors que ses réflexions ne s’arrêtent pas-là. Peut-être que c’était ça, qu’elle pourrait offrir à la communauté sorcière – à défaut de pouvoir changer les choses en grimpant les échelons, elle pourrait dénoncer, mettre sous les projecteurs des faits véritables sans se soucier des tentatives de corruption en tout genre. Elle n’ajoute rien, commentant de temps à autre les différentes collections même si son esprit n’est plus tout à fait là, plutôt perdu vers des ambitions attisées. Quand le défile touche à sa fin et que la salle se vide peu à peu, la sorcière suit Olivia, rangeant avec elle les tenues apportées pour sa marque. Puis, elle se tourne vers elle, consciente qu’elle allait devoir retourner vers Poudlard sans retrouver la brune dès le lundi suivant comme elle en avait pris l’habitude ces dernières semaines. « J’ai du mal à croire que le stage soit déjà terminé, je dois avouer que je n’ai rien vu passer. » dit-elle avec un petit sourire. Si elle avait toujours aimé la mode, elle ne l’avait jamais vraiment considéré comme une carrière envisageable, l’américaine qui était bien trop portée sur l’écriture pour accepter une autre voie. Pourtant, elle avait découvert différents aspects de la mode qui l’avaient intéressés eux aussi. « Merci d’avoir été une mentore aussi remarquable. J’ai beaucoup appris à vos côtés, aussi bien professionnellement que personnellement. Ces semaines ont.. » Elle se racle la gorge, un peu gênée. « Elles m’ont véritablement aidé, à grandir quelque part et à forger un peu plus qui je suis en tant que sorcière. Je n’oublierais jamais rien de tout ça. » Elle est sincère, Ophelia, persuadée que l’empreinte laissée par Olivia sur sa vie aura de nombreuses conséquences. « Même si évidemment ce n’est pas un adieu, je compte bien passer en boutique de temps à autre. » Pour pouvoir acheter des tenues quand elle en aura les moyens mais également pour la revoir, elle, celle qui lui avait apporté sur bien des points.