tw : racisme.
Son pied tapote doucement contre le sol alors qu’il attend depuis dix minutes déjà, impatient. Il devrait déjà avoir commencé sa journée, déjà avoir rejoint les autres stagiaires mais on l’avait retenu ici à travers cette secrétaire qui avait déclaré que le sorcier serait reçu par Yaxley, à la tête du service. Alors que Blaise s’impatiente, l’homme pénètre enfin dans le bureau pour s’installer face à lui tandis que le huitième année se redresse. « Je ne vais pas passer par quatre chemins mais il semblerait qu’il y ait eu une erreur. Vous effectuerez votre stage au sein du département de la justice magique. » Il fronce les sourcils, confus. Une erreur ? Il ne comprenait pas ce changement soudain alors que chaque formulaire avait été rempli en avance, que le dossier de son stage avait été validé par le ministère ainsi que par l’école. « Non. Je dois effectuer mon stage en politique, c’est ce qui a été convenu et qui a été indiqué sur mon dossier et... » « Je me moque de votre dossier, vous n’effectuerez pas votre stage avec moi. » Blaise se crispe. Il n’aime pas le ton employé pour lui parler, ni l’absence de contact visuel alors que le sorcier reste rivé sur les différents parchemins étalés sur son bureau. Quelque chose n’allait pas et il lui fallait trouver quoi au plus vitre car il refusait qu’on ne lui refuse ce qu’il avait si justement réussi à acquérir. « Pour quelles raisons ? » demande-t-il alors qu’il se mord l’intérieur de la joue pour taire ce qu’il aimerait réellement dire. Il devait bien y avoir une explication pour justifier ce changement brutal et il était bien déterminé à lé dénicher. Au même moment, la secrétaire du sorcier fait irruption dans la pièce pour déposer de nouveaux dossiers sur le bureau de Yaxley. Son regard est rivé sur elle au point qu’il ne loupe rien du sourire que les deux échangent, de la proximité exagérée qui les lie et permet à Blaise de comprendre aisément que leur relation ne s’arrêtait pas au stade professionnel. Il ne dit rien, pourtant, persuadé que ça nuirait à ses chances de faire son stage dans la bonne branche. « Et bien ma secrétaire ne m’a pas donné les noms des sorciers qui travailleraient avec moi alors j’ignorais que je devrais collaborer avec quelqu’un… quelqu’un comme vous. » A ces mots, l’italien se fige, interdit. Il n’a pas besoin d’en entendre davantage pour comprendre. C’était ce même ton utilisé par certains sorciers de l’élite avec sa mère, quand ils étaient indisposés par la couleur de sa peau. C’était ce mépris qui suintait de chaque syllabe qu’il reconnaissait aisément, celui qu’on pouvait détecter même quand l’autre prétend faire preuve d’un respect qui n’est qu’illusion. « Que voulez-vous dire, quelqu’un comme moi ? Quelqu’un qui a d’excellents résultats et qui travaille avec acharnement ? » demande-t-il, son regard rivé sur l’homme face à lui. Il ne dit rien, se contente d’ajouter quelques notes sur un parchemin. Son comportement nourrit l’agacement du sorcier, peu habitué à être traité de la sorte. Il trépigne dans son fauteuil, se redresse avant de s’appuyer contre le dossier de celui-ci. « Ou quelqu’un qui est noir, peut-être ? » Ses mots sont tranchants et lancés sans la moindre hésitation. S’il voulait le priver d’une telle opportunité, Blaise voulait le pousser à assumer, à oser dire haut et fort les raisons le poussant à agir comme il le faisait. Il voit la plume se figer avant qu’il ne lève enfin la tête vers lui. « Je n’ai jamais rien prétendu de tel. » « Inutile. Je connais les sorciers comme vous. » Ceux qui ne disaient rien ouvertement parce qu’il faisait partie des sorciers au sang-pur mais dont l’attitude permettait de comprendre ce qu’ils pensaient réellement, ceux qui lui rappelleront constamment qu’en dépit de tous ses efforts, il ne sera jamais à leur hauteur parce qu’il n’était pas né blanc. Il réalise à quel point il s’était fourvoyé Blaise en s’imaginant que son travail acharné serait récompensé. Il réalise, surtout, à quel point sans doute sa mère avait réussi à le protéger d’aspects dont il avait conscience mais qu’il avait pensé pouvoir éviter. « Je veux rester dans cette branche. » « Ce n’est pas à vous de décider. » Et il le sent, cet énervement qui se mue en une colère qu’il contrôle difficilement, qui le pousse à vouloir tout tenter pour obtenir ce qu’il désire tellement. « Si. Je reste ici ou alors votre femme entendra parler de votre attitude plus que limite avec votre secrétaire. » Contre toute attente, l’autre se met à rire, ce qui accentue la perplexité de l’italien. Et s’il avait commis une erreur sur la nature de leur relation ? « Faites donc. Prévenez-la si vous le désirez, je m’en moque. Elle est déjà au courant mais n’a rien à dire à ce sujet. Ce n’est qu’une femme, après tout. » Il serre les poings Blaise, peu étonné de l’entendre ainsi manquer de respect. Surtout, il réalise qu’il n’avait aucun moyen de pression, anéantissant à néant les maigres espoirs qu’il nourrissait encore de s’en sortir. « Seulement, si vous essayez de me faire chanter encore une fois, je veillerais à ce que vous fassiez votre stage auprès d’un concierge du ministère. » Abattu, le sang-pur laisser retomber ses bras le long de son corps. Il se sent vidé, incapable de trouver comment il pourrait se sortir de cette situation. Il n’était qu’un élève de Poudlard et, contrairement à certains, sa mère n’avait pas le poids nécessaire pour intervenir efficacement. Elle essaierait, évidemment, mais il refusait de lui imposer une confrontation avec un sorcier aussi hostile. « Vous devriez vous rendre au magenmagot avant d’être en retard. Ce serait dommage de commencer cette première journée par un avertissement, pas vrai ? » Il lui offre un sourire narquois, visiblement satisfait du pouvoir qu’il exerçait sur le huitième année. Sans dire un mot de plus, Blaise se lève et prend congés pour quitter le bureau, les poings serrés. A chaque pas, il sent sa colère enfler, muer en un monstre qu’il peine à dompter. Il se détester lui-même de ne pas avoir été capable de retourner la situation, il le déteste, lui et tout ceux qui estimeront qu’il ne méritait pas sa place à cause de sa peau. S’il n’est sûr de rien quand il se dirige vers son nouveau lieu de stage, Blaise est toutefois convaincu d’une chose – quand Yaxley et tout ceux de son espère prendront feu, il espère être celui qui tiendra l’allumette et qui observera avec une joie non dissimulée les flammes tout emporter pour ne laisser que des cendres qu’il piétinera.