Ses notes sous le bras, il manque de faire tomber des parchemins mais parvient à les rattrape de justesse avant de décider d’utiliser un sort pour faire léviter les manuels qui l’encombrent tant. Ses pensées vont dans tous les sens tandis qu’il cherche du regard celui qui les avait occupé un bon moment de par cette énigme qu’il cherchait à résoudre. Il avait bien tenté d’aborder Theodore à ce sujet, de chercher à lui parler de ce qu’il avait vu et déduit, sans succès. Alors le sorcier avait décidé de travailler de son côté, avait dessiné de mémoire les marques aperçues avant d’examiner de nombreux ouvrages de médicomagie – empruntés à Poudlard mais pas que, il en avait commandé d’autres dans une bibliothèque spécialisée de Londres. S’il avait échangé à ce sujet avec son tuteur de stage, il avait surtout présenté cela comme des hypothèses, comme un sujet sur lequel il travaillait pour ses cours afin de vaider ou non ce à quoi il pensait. S’il a bien compris une chose, c’était que Theodore ne voulait visiblement pas évoquer ce sujet alors il se doutait qu’il voudrait encore moins qu’il discute de lui avec un inconnu. Malgré tout, Terry était inquiet pour le sang-pur, avait l’impression que ça pouvait être grave alors il n’avait pas abandonné en dépit du refus du serpent. Qu’importe finalement, il était assez obstiné pour travailler de son côté et revenir à la charge quand le moment sera venu et c’était aujourd’hui, du moins c’était ce qu’il avait décidé. Il avait attendu d’avoir des hypothèses solides car il était convaincu que sans cela, il ne l’écouterait pas et choisirait la fuite une nouvelle fois. Alors l’aiglon arpente les couloirs du château après avoir passé le déjeuner avec sa petite-amie, chargé de tout ce qu’il avait écrit et qu’il gardait précieusement dans sa malle quand il quittait le château pour se rendre à Ste Mangouste pour son stage. Il avait cherché Theodore dans la salle de repos des huitièmes années sans succès et c’était vers la bibliothèque qu’il se dirigeait désormais en espérant qu’il s’y trouverait mais, surtout, en espérant que le référent ne profitait pas de ce dimanche pour passer du temps dans sa salle commune ou dans son dortoir pour se reposer. L’esprit en ébullition, il en était bien incapable, lui, et savait déjà qu’il s’empresserait de feuilleter à nouveau ses bouquins au cas où quelque chose lui avait échappé s’il ne trouvait pas le sorcier. Le soulagement l’envahit pourtant quand son regard tombe sur Theodore installé face à des parchemins, conscient que cela ne voulait pas pour autant dire que tout serait facile. Il avance vers sa table par de grandes enjambées, se prend les pieds dans un tapis mal installé mais se rattrape de justesse à la chaise face à Theodore. « Wooow ok non ça va ! » Il rit et écope d’un regard noir de madame Pince à qui il adresse un petit sourire désolé. Il s’installe sur la chaise et laisse les manuels et parchemins se poser doucement sur la table, tentant d’être un peu plus discret désormais. « J’suis trop content de te voir j’te cherchais justement ! » S’il était convaincu que le ressenti ne sera probablement pas partagé par le sorcier, il n’en montre rien. « J’ai un peu travaillé sur ce que t’as. » Un peu était un euphémisme alors qu’il y avait passé une bonne partie de son temps libre. Au-delà du besoin ressenti d’aider son camarade de médicomagie, il y avait cette passion qui se confirmait, celle d’exploser différentes pistes pour comprendre les différents maux et trouver surtout comment les guérir. « J’ai quelques hypothèses tu peux regarder si tu veux. » Il tend les parchemins vers lui. S’il n’était pas un professionnel et ne prétendait pas en être un, Terry restait rigoureux dans ses recherches, ce qui pouvait paraître étonnant quand on ne le connaissait pas. « J’sais que t’as pas envie de parler de tout ça et que tu vas sûrement me dire d’arrêter mais j’vais pas arrêter parce que… parce que j’pense que ça pourrait être grave. » Il n’y va pas par quatre chemins parce qu’il sait que Theodore voudra s’opposer à ses recherches, peut-être même qu’il prendra mal cette façon qu’il avait d’ainsi s’immiscer dans sa vie mais il ne voyait pas comment il aurait pu prétendre qu’il n’avait rien vu ou compris à son sujet, comment il aurait pu supporter de ne pas venir en aider à quelqu’un qui en avait besoin.   

Le stage que Theodore avait commencé depuis le début du mois allait au de-là de ce qu'il avait imaginé. Passion confirmée tandis que chaque jour se révélait mieux que celui précédent, il apprenait, découvrait et s'épanouissait parfaitement dans le domaine qu'il avait choisi. Il avait alors une pensée pour son père à chaque fois qu'il foulait les pavés froids du Ministère, pratiquement chaque jour d'ailleurs tandis que faire son stage à Londres lui permettait de faire avancer ses affaires personnelles, ou du moins celles de sa maison. Il savait parfaitement ce qu'aurait voulu son père pour lui pour l'avoir maintes fois entendu vanter sa future carrière politique - car jamais son fils ne pourrait être intéressé par une vocation dans le soin, pourquoi donc, ce n'était pas assez intéressant ni valorisant à ses yeux - et si Theodore avait longtemps hésité à en embrasser une ou faire l'impasse sur ce qui l'intéressait le plus, le serpent ambitieux avait choisi sa passion. Celle que son père détesterait si il savait, celle qui pourtant, d'un hasard karmique, s'était discernée à cause de ses sévices. Au sein de son stage, Theodore voyait son appétence pour l'apprentissage et l'enseignement de nouvelles choses être enfin beaucoup plus challengée, se hisser à la hauteur de son érudition quand à Poudlard, cela faisait des mois qu'il avait l'impression de ralentir ou même de s'ennuyer. C'était alors enfin concret pour celui qui se plaisait déjà à imaginer sa vie professionnelle, une vie future plus dorée et médicale qu'il ne l'aurait fut un temps espéré. Alors il jongle entre ses cours, le stage, ses responsabilités diverses dont celles de référent, ses projets personnels concernant notamment la chute d'un nom bien précis. Il s'occupe de tout ça et du reste aussi, du mieux qu'il le peut, grignotant parfois sur son sommeil - ce n'est devenu qu'une habitude comme une autre, à force - s'installant à la bibliothèque de longues heures et ne se levant de temps en temps qu'afin de se dégourdir les jambes. Tension qu'il ressentait dans tout son corps et particulièrement dans son dos et jusqu'à sa main gauche, Theodore qui ne remarque pas encore que ce n'est pas normal, qui ne prend tout simplement pas le temps de le faire parce que c'est plus simple ainsi. Il profite d'un dimanche calme pour étudier dans une pièce qui se voit plus vidée de ses étudiants qu'en semaine et ça ne peut que le satisfaire jusqu'au moment où un élève semble trébucher non loin de lui, se rattrapant à la chaise lui faisant face. Le serpent relève alors ses yeux de ses recherches pour découvrir Terry Boot et retient de justesse un long soupir. Il savait, Theodore, de quoi il s'agissait. Et tous ses parchemins se posant sur la table qu'il occupait déjà le força à décaler les siens d'un coup de baguette pour ne pas se mélanger. Il pourrait se lever et partir à tout moment, espérait même qu'Hermione apparaisse soudainement et lui demande de la suivre pour un devoir de référent. Au lieu de ça pourtant, le Nott reste assit, le dos droit et le regard scrutateur mais non pas froid, cela faisait un petit temps maintenant qu'il découvrait apprécier son camarade malgré leurs différences évidentes. « Ah oui ? Etonnant. » trait d'ironie qu'il ne peut retenir tandis qu'il savait très bien que cela faisait quelques jours que Terry cherchait à capter son attention. Seulement Theodore devenait doué pour s'extirper de chaque tentative, tout autant que son déni de la situation prenait de plus en plus d'importance. Pourtant dès les premiers mots de son camarade, le serpent n'a pas vraiment d'autre choix que d'y faire face et ses épaules se tendent un peu. Il savait que quelque chose clochait, tous ses signaux internes ne pouvaient faire totalement l'impasse sur cette situation mais il ne voulait pas y faire face. Parce que Theodore était épuisé d'affronter les difficultés physiques et médicales seul, il se savait entouré aujourd'hui et soutenu, mais l'enfant isolé qu'il avait été et qui s'était mordu les lèvres jusqu'au sang dans le secret de sa salle-de-bain afin de se soigner chaque soir après que son père se soit défoulé sur lui, ne s'était toujours pas tout à fait remis. Son regard devient alors un peu plus sombre, non pas envers l'aiglon mais bien par ces ressentis négatifs qui par la force des choses se réveillaient. Malgré tous ses efforts pour ne pas y faire face, ignorer les signaux et le serdaigle, la franchise de ce dernier le force à enfin y faire face. Et ce n'était pas avec plaisir qu'il le faisait. Theodore serra le poing resté sur sa jambe quand il évoqua le fait que ça pourrait être grave et tenta d'ignorer la tension qui se réveilla le long de son dos à ce moment précis. Comme un rappel de son corps lui-même lui montrant l'évidence. Un lourd silence suit les propos de Terry tandis que son regard va de son visage aux parchemins étalés devant lui. Avec ces derniers mois et le début de connaissance qu'il avait à son sujet, Theodore ne pouvait que croire au fait qu'il ne se moquait ni de lui, ni se trompait. Et ç'en était presque déroutant, pour le coup. Il inspira profondément, lui qui ne voulait nullement être aidé en ce sens là car cela signifiait le laisser entrer dans sa vie ou du moins un pan de celle-ci qu'il ne dévoilait à pratiquement personne, qu'il essayait lui-même d'ignorer la majeure partie du temps. Est-ce qu'il pouvait faire confiance au serdaigle ? Une part de lui savait que oui et surpassait pour une fois sa méfiance naturelle. Est-ce qu'il voulait en savoir plus et faire face à tout cela ? Bien sûr que non, mais Theodore comprenait qu'il n'avait plus vraiment le choix, pas maintenant que Terry avait réussi par son dévouement et ses mots à réveiller la maturité nécessaire en lui pour y faire face. Si simple aurait été d'ignorer l'inévitable, mais Theodore comptait rester en vie. « Qu'as-tu trouvé ? » les bleus tempêtes s'étaient relevés sur son camarade, avec gravité mais curiosité, attrapant de l'une de ses mains une plume qu'il commença à faire tourner distraitement entre ses doigts comme un moyen de se concentrer sur autre chose que l'urgence qui venait enfin de se réveiller en lui après s'être tant convaincu qu'il n'était pas encore une fois sous le joug de quoique ce soit malgré lui. 

Il attend, Terry, sans savoir véritablement comment Theodore va réagir. Si le sang-pur ne s’est jamais montré méprisant avec lui contrairement à bien d’autres sorciers de son rang, il savait toutefois aussi que cela ne voulait pas dire grand-chose – rien ne l’empêchait de se montrer plus hostile, surtout maintenant que le bouclé se mêlait de sa vie. Theodore qui n’est pas très loquace au point d’avoir évité le sujet dès lors qu’il avait voulu l’évoquer, ce qui a l’a poussé à chercher de son côté avec le peu d’informations qu’il avait. Ce n’était pas grand-chose mais quelque part, Terry se disait que ça sera sans doute sûrement le cas quand il sera médicomage, qu’il lui faudra parfois faire avec très peu d’indice pour réussir à trouver la maladie dont souffrira son futur patient. Ses hypothèses étaient donc assez larges mais il était certain de pouvoir réussir à les préciser si le serpent daignait se montrer plus coopératif, ce qui n’était pas forcément gagner. Si une part de lui s’attendait à être rejeté, une autre reste éternellement optimiste et convaincue qu’il finira par entendre raison. Il ne pouvait décemment pas ignorer éternellement le mal dont il souffrait, pas vrai ? Son entrain habituel se trouve toutefois quelque peu éteint alors qu’il se fait plus grave, Terry, car ce qu’il a déniché au fil de ses recherches n’avaient rien de bien positif. Il avait besoin que Theodore le prenne au sérieux, qu’il comprenne qu’il ne cherchait pas à s’immiscer dans sa vie par curiosité ou autre étrange raison, mais plutôt qu’il ne voulait que l’aider à combattre un mal plus grave que ce qu’il devait sans doute imaginer. Quand enfin, le référent prend la parole pour l’interroger sur ce qu’il a trouvé, le bouclé laisse échappé un soupir de soulagement. Il avait eu peur qu’il ne s’obstine, qu’il refuse de prendre au sérieux ce dont il souffrait jusqu’à ce que ça ne devienne trop grave. Il se redresse et présente la première pile de parchemins, celle à sa gauche. « Ok alors la première hypothèse est la plus logique et peut-être la moins inquiétante car plus facile à traiter. » Il parle vite, comme souvent, son esprit qui va d’un point à l’autre pour former des réflexions parfois tirées par les cheveux et c’était sans doute ce qui faisait sa force, finalement, cette capacité à envisager tous les scénarios même les plus loufoques. « J’ai d’abord pensé à une infection. J’ignore comment tu as eu ces cicatrices mais j’imagine que tu n’as pas été soigné correctement ensuite voir pas du tout, peut-être, et qu’elles ont pu s’infecter. » Il montre du menton un parchemin. « J’ai déjà référencé plusieurs traitements que tu peux essayer, ça serait l’option la plus facile à guérir car les infections sont communes. » En tout cas, les remèdes étaient nombreux et il était persuadé qu’il y avait la solution dans ce qu’il avait proposé. Seulement, il n’est pas convaincu que ce soit ça dont soufre Theodore, l’intérieur de sa joue qu’il mord nerveusement avant de relever le regard vers lui. « Mais.. Mais j’suis presque sûr que c’est pas ça, parce que même si j’ai pas vu tes cicatrices longtemps j’sais qu’elles sont pas récentes et que l’infection ce serait manifesté bien plus tôt. » Il soupire, passe une mèche dans ses boucles. Il avait conservé cette hypothèse quand même au cas où la chance (terme relatif évidemment étant donné les circonstances) s’avérait être de l’autre côté sans en être persuadé. « Et.. j'ai fait d’autres recherches et j’ai trouvé plusieurs cas qui me font penser à ce que tu as même si honnêtement j’aurais besoin de voir mieux tes cicatrices pour me faire une idée. » Il n’en avait eu qu’un aperçu lors d’un match de quidditch improvisé avec d’autres sorciers, ce qui n’était pas assez pour avoir pu voir clairement ce qui parsemait son dos. « Et Theodore j’pense que c’est sans doute une malédiction. J’sais pas qui peut t’avoir envoyé ça et j’sais pas non plus quel genre de malédiction ça peut-être mais ça me paraît plus probable que l’infection. » Son ton est inquiet, crainte qu’il ne souffre d’un mal plus grand encore que ce qu’il s’était imaginé.  

Devait-il faire confiance en Terry, élève tout comme lui pas même encore intégré parmi la formation des médicomages ? La question ne se posait étonnement pas pour le sang-pur qui ne faisait qu'observer son habituel binôme ou part du trinôme qu'ils formaient avec Hermione en cours de médicomagie. Ce qu'il savait, c'était que l'aiglon l'avait maintes fois impressionné par son savoir et son intelligence, par sa persévérance et son raisonnement et qu'il ne voudrait pour rien au monde changer de coéquipier avant la fin de l'année dans ce cursus qu'ils suivaient ensemble. Avec Terry, il avait l'impression d'échanger avec quelqu'un égal à lui en terme de connaissances et d'envie d'exceller dans cette discipline et il était assez rare que ça arrive pour que Theodore veuille protéger ce qu'ils avaient. C'est sans doute grâce à ces derniers mois d'alliance au sein de ce cours qu'il ne l'avait d'ailleurs pas envoyer paître toutes les fois où le bleu et bronze avait tenté de lui parler du sujet du jour, la raison également qui faisait qu'il était d'accord pour l'écouter exposer ses théories malgré la crainte qui serrait son estomac d'une façon plus que déplaisante. Theodore était plus habitué à ignorer les signes quand ça le concernait, c'était plus simple car il n'avait pas à y faire face, car aussi il avait appris depuis un long moment qu'il n'y aurait personne comme une mère capable de rassurer cette part en lui qui souffrirait et serait craintif de ce qu'il apprendrait. Toutefois aujourd'hui il n'avait plus le choix que d'y faire face et malgré sa mâchoire serrée et ses doigts anxieux jouant avec un bout de parchemin, Theodore écoutait chaque mot de son camarade avec attention. Cicatrices évoquées et l'hypothèse qu'elles aient pu s'infecter, ses sourcils se froncent mais il ne bronche pas car il sait que c'était une idée valide malgré son attention à se soigner au fil de ces dernières années. Theodore n'avait jamais délibérément montré ses blessures à un quelconque personnel soignant pour vérifier que tout aille bien ou qu'on le soigne, ce que Terry apportait relevait d'une logique probable et il avait l'impression qu'elle était plus rassurante qu'une autre des hypothèses qu'il était sur le point de lui délivrer. Theodore acquiesça donc entre les deux, pas certain d'être prêt à encaisser la suite. Quand le serdaigle rectifie sa pensée, le sorcier n'ajoute que quelques mots ensuite « Je le pense aussi. » il aurait sans doute remarqué lui-même la moindre infection si ça avait été le cas, ce qui rendait le vrai problème plus compliqué encore qu'imaginé. Quand la malédiction est évoquée, quelque chose se passe en Theo. Comme si aussitôt, son instinct lui confirme que c'était bel et bien le cas et qu'il aurait beau lutter contre cette idée, il saurait, au fond, qu'il s'agissait de la vérité. Car cela faisait sens, incroyablement sens quand on avait eu un père comme le sien et qu'on naviguait dans ce monde gangréné de vices et de magie utilisée pour d'autres fins que celles glorieuses et belles qu'on leur contait à Poudlard. Alors ses yeux quittent Terry pour se poser sur le bois de la table entre eux deux pendant une longue minute de réflexion et il recherche dans sa mémoire quand est-ce qu'il aurait pu être atteint par cette malédiction. Par l'une des séances adorées par son père ou bien par un autre moyen ? C'était forcément récent, datait de moins d'un an, tout comme l'emprisonnement de son géniteur et pourquoi donc n'avait-il pas remarqué et compris avant ? Sa main placée au dessus de ses parchemins sursaute par un tic nerveux qui n'en était en réalité pas un, ça lui arrivait de plus en plus souvent et laissait parfois place à des moments où elle ne faisait que trembler. Pas plus de trente secondes mais c'était déjà trop à ses yeux. Tous deux observèrent aussitôt sa main se mettre à trembler puis s'arrêter avant de se regarder dans les yeux à nouveau. « es-tu sûr de vouloir te lancer dans ces recherches là ? » la finalité ne serait sans doute pas belle à voir et sa confiance devrait être incorruptible à ses yeux pour le bon fonctionnement de leur entreprise. Tandis que Terry acquiesçait, Theodore commença à réunir toutes ses affaires afin de les ranger, tapotant finalement dessus avec sa baguette pour les envoyer léviter en direction de son dortoir. Il lui adressa un signe de tête après s'être levé. « je pense que ta seconde hypothèse est possiblement la bonne, même si je ne sais pas comment ça peut être le cas. » lui confie t'il en marchant à ses côtés et dépassant les grandes portes de la bibliothèque. Theodore n'attend pas bien longtemps avant de trouver un lieu propice les isolant du monde, une salle de classe vide non loin du sanctuaire des érudits qui n'attendait que les deux futurs médicomages en herbe. Il prit soin de bien fermer la porte derrière eux et avança de quelques pas au sein de la pièce. « ma famille.. » l'héritier eut un goût amer en bouche en prononçant ce mot qu'il abhorrait plus qu'il ne l'avait remarqué avant. « .. a sa manière à elle d'éduquer ses enfants et si j'ai réglé mes affaires avec mon père.. » il était de notoriété publique que Nott Sr avait été enfermé à Azkaban l'été dernier, seulement Theodore précisait ce fait pour ne pas entendre le moindre conseil à ce propos, c'était une page tournée d'un livre qu'il pensait avoir fermé dont il faisait mention. « il peut m'avoir laissé une trace pour me rappeler son influence à mon sujet où qu'il soit. » ce serait son genre, pas vrai ? Theodore avait enlevé son pull tout en parlant, déboutonnant maintenant sa chemise au dessous, il se tourna finalement une fois enlevée de manière à ce que son dos strié de cicatrices soit observable à la lumière de l'hélios. Ses rayons chauds embrassent son corps meurtri qui le serait à jamais et il inspira profondément en laissant Terry observer l'horreur, son enfance et son adolescence, son principal héritage. « Que vois-tu ? » mis à part la déchéance émotionnelle d'une famille et de leur héritier, des années de misère et de haine, cicatrices exposées tout comme son traumatisme aux yeux de celui à qui il accordait sa très rare confiance.

Exposer ses théories à Theodore est naturel, d’une facilité déconcertante alors qu’il s’était imaginé qu’il aurait été plus anxieux que ça. Après tout, il n’était encore qu’un étudiant, loin d’être un spécialiste en la matière mais il prenait ce qu’il avait vu très au sérieux, assez pour y dédier une bonne partie de son temps libre. Il espérait que le serpent aussi, ne prenne ses conclusions au sérieux, qu’il ne balaie pas d’un revers de la main ce qu’il pouvait bien avancer ou qu’il ne se plonge dans un déni tel qu’il ne refuse de se soigner. C’est bien pour ça qu’il insiste, qu’il s’efforce de chercher encore quand bien même il se doutait qu’il n’avait probablement pas envie qu’il fouine dans ses affaires. Alors il attend, observe les différentes réactions de Theodore qui semble lui aussi penser qu’une simple infection n’était pas à l’origine de ce dont il souffrait. Quand il l’interroge, le bouclé ne peut qu’acquiescer fermement, bien décidé à continuer sur sa lancée et à ne pas l’abandonner s’il décidait de lui laisser une chance. Le référent range ses affaires et pendant un moment, Terry s’imagine qu’il va simplement partir et ignorer ce qu’il venait de lui énoncer, soupir de soulagement qui le quitte finalement quand il réalise que ce n’est pas le cas. Il suit le sorcier sans hésiter un instant après avoir récupéré ses affaires, écoutant attentivement ses paroles. Au fond, ça l’attriste de réaliser que sa deuxième proposition était probablement la bonne – qui donc pouvait s’amuser à lui envoyer une telle malédiction ? Il ne comprend pas comment quiconque puisse être mauvais à ce point, sorcier qui a toujours tendance à trouver le bon en chacun. Quand ils arrivent tous les deux dans une salle de classe vide, Terry dépose ses affaires sur une table tandis que le référent ferme derrière eux. Le ton employé pour désigner sa famille laisse présager qu’elle n’en est pas vraiment une, du moins pas comme l’anglais l’entendait en tout cas. Au fur et à mesure que Theodore en dévoile davantage sur ses origines, le bouclé sent son sang se glacer à l’idée que sa famille ait pu s’en prendre à lui de la sorte. Ce n’était tout de même pas son père qui était à l’origine de ses maux, si ? Il peinait à l’imaginer, car même quand les relations qu’il avait avec son père n’étaient pas au beau fixe, il avait toujours su qu’il l’aimait, qu’il ne voulait que son bien même s’il n’avait pas forcément la meilleure des façons de le lui montrer. Jamais ses parents n’auraient osé s’en prendre à lui parce qu’ils l’aimaient et que c’était ainsi qu’on agissait quand on aimait les autres – on prenait soin d’eux, on ne les blessait pas, pas comme le père de Theodore semblait le faire en tout cas à en juger par les propos du référent. « Mais pourquoi est-ce qu’il ferait ça ? » La question qui quitte spontanément ses lippes alors qu’il fronce les sourcils, véritablement perplexe. Quand le référent se déshabille peu à peu et se tourne pour lui exposer son dos, sa respiration se coupe pendant quelques secondes. Face à lui se dessinent les conséquences des maltraitances subies par le sorcier, constellant son dos en autant de preuves qu’il n’avait pas été aimé comme il aurait du l’être. Ses yeux parcourent chaque marque, chaque détail présenté sous ses yeux en peinant à y croire. Il réalise à quel point sans doute il était naïf de sa part d’imaginer que tous les parents étaient aussi aimants que les siens – il en avait la preuve là, avec Theodore. Il a mal au cœur pour lui, pour tout ce qu’il a enduré alors même que ça n’aurait jamais dû arriver, pour tout ce qu’il subissait encore par cette malédiction qui le frappait. Terry aurait aimé trouvé la potion miracle pour supprimer tout ce qu’il avait traversé, pour effacer ces épreuves et les marques qui striaient encore son dos. Il ne peut pas, pourtant, il ne peut qu’observer le mal qui marque sa peau tandis que la voix du sang-pur le ramène à eux. Il se racle la gorge et observe plus en détail les marques. « Il y a tes cicatrices et… certaines sont noires. Pas toutes, en fait, on dirait que ça se répand ? » Il réfléchit en même temps qu’il ne parle, réflexions formulées à voix haute car Theodore était le premier concerné et qu’en plus de cela il savait qu’il pouvait réfléchir avec lui lui aussi. « J’ai l’impression que ça a commencé au centre et que ça s’est répandu peu à peu. On dirait presque que c’est vivant, tu vois ? Enfin moi même j’vois pas trop, j’dis peut-être n’importe quoi mais c’est l’impression que ça donne. » Ses pensées qui défilent à vive allure alors que la plume se met à écrire sur le parchemin au fur et à mesure. « J’suis pas un pro des malédictions mais ça a sans doute commencé par attaquer une petite partie d’une de tes cicatrices et ça s’est répandu peu à peu.. Il y a des chances pour que ça continue à progresser. » Un soupir quitte ses lèvres alors qu’il passe une main dans ses cheveux, réfléchissant à toutes les éventualités. « T’en penses quoi toi ? Puis tu te sens comment aussi ? C’est douloureux ? » Chaque information était bonne à prendre et l’aiderait surtout à former une liste de symptômes éventuels plus précise. « Tu sais Theodore j’compte pas en parler à qui que ce soit sans ton accord mais si c’est vraiment une malédiction, il faudrait plutôt voir avec spécialiste non ? Enfin j’vais continuer à chercher et on va trouver mais ce serait peut-être plus rapide avec quelqu’un d’autre. » En tout cas il en était convaincu et, surtout, il ne voulait que voir le référent guérir au plus vite.  

C'est du haut de ses huit ans qu'il s'était pour la première fois demandé pourquoi donc son père agissait ainsi envers lui. Ensuite, il avait compris qu'il n'y avait aucune réponse assez humaine possible, qui ne le blesserait pas plus qu'il ne l'était déjà, lui le fils détesté. Et ça avait été long d'accepter de laisser la misère émotionnelle qu'il lui infligeait de côté, de réaliser qu'il n'avait pas à se l'infliger doublement et qu'il valait mieux que cela. Car une part de lui dans sa construction avait fini par plier le genou en se convainquant que c'était parce qu'il n'était pas assez bien que son père se comportait ainsi envers lui et c'était cela qu'il avait du combattre, aidé par cet égo porté par l'ensemble de l'élite, des hommes, sur le fait d'être meilleur que les autres. Il avait du se déconstruire de l'un et se servir de l'autre pour trouver un équilibre toujours bancal mais heureusement consolidé et aidé par l'assurance que lui apportaient ses meilleurs amis depuis qu'il les connaissait, par l'héritage laissé par sa mère en lui aussi. Elle qui avait connu bien pire que le triste tableau que Theodore expose à Terry. Et il lui faut inspirer profondément pour dépasser ce qui s'agite en lui d'égo et de frustration, habitué à cacher ses tares comme la plupart de l'élite, à user de faux semblants, il était plus vrai que nature sous son regard mais aussi le plus vulnérable finalement. C'était un exercice compliqué pour le Nott qui serra les dents un long moment avant de finalement réussir à concentrer son esprit ailleurs, sur ce que Terry avançait. Son discours et analyse l'aidaient à se faire une idée de ce qui se tramait sur et sous sa peau et autant dire que ce n'était pas très glorieux. Il s'inquiéta forcément Theodore parce que ses cicatrices n'étaient pas censées devenir noires ni se propager, la dernière fois qu'il les avait vu dans le miroir de la salle-de-bain de son dortoir, tout paraissait pourtant normal. Du moins si on omettait un dos strié de cicatrices. Alors il écoute et tente d'imaginer ce que Terry voit en ne lâchant que des « Mh » ici et là. Réfléchissant à de multiples possibilités, à si il avait déjà entendu parler de ça ailleurs. « tu peux me faire sentir vers où tu penses que le point de départ a eu lieu ? » - « enfin non, ne touche pas avec ta main, on ne sait pas ce que c'est véritablement. » ses sourcils se froncèrent tandis que Theodore s'était repris afin de protéger Terry du mal être qui se propageait en lui. « je sens certaines tensions et que ça touche parfois aux nerfs car ma main tressaute de plus en plus régulièrement. » c'était principalement pour cela que son inquiétude grandissait. Sans sa main et sa pratique libre, que deviendrait-il ? Certainement pas un grand médicomage. Theodore se revêtit à nouveau avant de se tourner vers lui, il réfléchissait bien évidemment à ce que Terry lui avançait mais la simple idée de se faire examiner à Ste Mangouste le rendait nerveux. « je ne sais pas si c'est une bonne idée, ça risque d'être consigné dans mon dossier et m'empêcher d'entrer en médicomagie. » et sans cette voie-là, Theodore ne se retrouverait pas forcément perdu mais il savait que le sentiment d'accomplissement ne serait pas le même pour lui en une carrière politique. Une main qui tressaute au Ministère passerait inaperçue, mais à l'hôpital cela lui enlèverait toutes ses chances de continuer, il se demanda si son père y avait songé. « il faut que j'y réfléchisse. » temps de réflexion qui serait nécessaire pour décider quelque part de son avenir, Theodore relève son regard sur Terry. « mais j'aurais besoin que tu regardes ponctuellement pour suivre l'évolution d'ici là. » il inspira, s'agaça intérieurement d'avance de ce à quoi allaient ressembler ces futures semaines alors qu'il n'avait absolument pas prévu combattre une telle chose. Il n'avait pas même encore compris combien c'était inquiétant, ne laissant que son esprit pragmatique prendre le dessus sur ses émotions. « si tu le veux bien. » parce qu'il ne le forcerait en rien et qu'il avait déjà fait beaucoup. Parce qu'il comprenait que cela pouvait être un certain poids à porter, il était toutefois reconnaissant envers l'aiglon pour sa persévérance qui avait le mérite de l'avoir fait sortir de son déni, il l'espérait, à temps. « merci pour ton temps. » et son attention, son objectivité et sa discrétion. Que des qualités qui le faisait un peu plus encore monter dans son estime et comprendre qu'il était chanceux d'avoir un partenaire comme Terry Boot.

Il aurait aimé trouver une solution rapidement, réussir à trouver la réponse aux maux dont souffrait Theodore. Il n’imaginait pas à quel point il devait être lourd de vivre avec un tel fardeau, avec la trace de souffrances passées en guise de rappel permanent de ce qui était arrivé et, surtout, de réaliser que le cauchemar n’était pas fini. C’était un monde si éloigné du sien qu’il ne lui était jamais venu à l’idée que des camarades de son âge pouvaient déjà être si familiers avec la violence. Alors que Terry lève la main pour lui indiquer l’emplacement, il s’abstient au dernier moment grâce à une remarque judicieuse du référent auquel il n’a pas pensé. Il ne s’était pas imaginé que la malédiction pouvait être contagieuse, convaincu que le mal était plus profond et ancré que ça. « J’crois que ça a commencé en bas du dos, au niveau des reins. » dit-il alors que l’endroit désigné semblait plus sombre que les autres. Peut-être qu’il se trompait, Terry, mais tout lui laissait entendre qu’il voyait juste. « Mais j’crois pas que ce soit contagieux. T’as touché d’autres personnes depuis et il n’y a rien eu, pas vrai ? » Peut-être que le contact avec la cicatrice même restait contagieux, ce qui n’était pas à exclure. Il valait mieux prendre le plus de précautions possibles. Terry prend quelques notes, sourcils froncés, tandis que Theodore évoque les sensations ressenties. Si sa main commençait à tressauter, ce n’était pas bon signe, pas vrai ? Si le bouclé ne commente pas ce que le serpent vient de lui livrer, il ne peut s’empêcher de s’inquiéter, ce qui l’incitait à pousser le sorcier à se rendre à Ste Mangouste pour se faire examiner par des professionnels. Theodore qui se rhabille tandis que le serdaigle rassemble ses parchemins, sachant à l’avance qu’il allait passer un long moment à les consulter lors des soirées à venir pour tenter d’organiser ses idées et émettre de nouvelles hypothèses à présenter. « Et si ça empire tellement que tu ne peux plus pratiquer la médicomagie ? » offre-t-il en contre argument au sorcier. S’il pouvait comprendre ses inquiétudes vis-à-vis de ses études, les conséquences d’une telle malédiction pouvait être plus grave que ce qu’ils imaginaient. Du moins, c’était ce que se disait Terry, conscient qu’ils n’en savaient pas assez pour juger la gravité de ce dont souffrait le huitième année. Il relève les yeux vers lui alors qu’il lui demande de vérifier ce qu’il avait régulièrement, ce qui était une évidence aux yeux du bouclé. « Évidemment que j’veux. » Il ne comptait pas véritablement lui laisser le choix à vrai dire mais si l’initiative venait de Theodore et qu’il n’était alors plus obligé de le suivre partout et de s’imposer à lui alors c’était mieux encore. Ce sera plus facile, s’il était prêt à accepter son aide, même si rien ne valait celle d’un véritable professionnel, au moins, il ne restait pas seul. Léger sourire qu’il lui offre avant de hausser les épaules avec nonchalance alors que Terry ne voyait pas vraiment pourquoi il le remerciait – il était normal qu’il tente de l’aider, pas vrai ? « T’en fais pas pour ça. » Il récupère ses affaires, prêt à partir et à réfléchir à tout ce qu’il venait d’apprendre. « J’vais te laisser, tu dois avoir d’autres trucs à faire. » Et alors qu’il fait quelques pas vers la sortie, il s’arrête et se retourne. « Mais.. Si t’as un problème, dis le moi. Si c’est une douleur qui apparaît ou une évolution quelconque, envoie moi un papier et j’viendrais pour qu’on regarde ensemble, d’accord ? » Qu’il ne laisse pas traîner les choses, surtout, de peur que tout ne s’empire. Un dernier regard échangé et il quitte la bibliothèque, des idées pleins la tête, une inquiétude grandissante mais, malgré tout, l’espoir que tout finira par s’arranger.