Sa main plonge un gant dans de l'eau fraiche avant de le plier en deux puis le placer sur le front de son ami. Ses sourcils étaient probablement froncés depuis l'instant où le serpent lui avait été confié, c'est à dire il y a de longues heures. Theodore n'avait pas vu le temps passé, seulement que la nuit était tombée et lorsque son elfe de maison lui avait amené un sandwich pour dîner, il avait compris qu'il était temps de faire une pause. Le plus gros des blessures de Caïn avait été soigné, toutes les contusions légères et profondes, les plaies que Theodore avait pris soin de recoudre lui-même à la main après les avoir désinfectées. Il avait passé des heures à concocter des remèdes ressemblant pour la plupart aux cataplasmes dont il était habitué fut un temps et à les lui administrer en urgence. Certains pour soigner les blessures externes et aider à leur guérison plus rapide, d'autres pour celles internes qui l'inquiétaient le plus. Il voyait les bleus strier la peau du serpent au fur et à mesure que les heures passaient et que le corps continuait d'encaisser et il avait remarqué tous les signes d'un enfant battu par son père Theodore. Tragiquement, Caïn lui rappelait la fin de son enfance et toute son adolescence, sauf que le Flint ne reprenait pas conscience. Il avait perdu beaucoup de sang et ce même lorsque Theodore l'avait soigné, on l'avait également fait transplaner et c'était un miracle qu'il soit encore en un morceau. En faisant glisser ses doigts sur son torse pour soigner l'une des blessures, il avait remarqué l'impact commun que peu connaissaient, celui qui attestait qu'un doloris avait été lancé sur lui il y a peu de temps et Theodore s'était senti si désolé pour lui. Le serpent plus que quiconque savait ce que cela faisait et il détestait l'idée qu'un de ses plus proches amis le vive également. L'héritier Nott avait ravalé sa colère et son indignation durant tout le long des soins pour se concentrer uniquement sur son ami qui avait besoin de lui et quand ce dernier sembla enfin plus calme au fil des heures, moins agité même dans cet état lointain dans lequel il avait été plongé, alors enfin il put souffler. Les gémissements de Caïn à certains de ses plus gros soins raisonnaient encore dans son esprit et Theodore était resté à ses côtés dans la cuisine du manoir remaniée en poste de soin quand Marcus et l'auror l'accompagnant étaient restés dans une autre aile de la demeure. Après quelques heures, il avait ensuite déplacé son patient de la grande table de la cuisine à un lit de l'une des chambres d'amis, aidé de son elfe veillant tout comme lui à prendre soin de leur hôte. Ses draps avaient déjà été changés deux fois à cause de plaies se rouvrant et il savait Theodore que la cause était la magie intentionnelle qui avait été utilisée dans les sorts que Caïn avait reçu. Il ne savait pas exactement tout ce qu'il s'était passé mais assez par ce qu'on lui avait conté et c'était à ce que son ami avait dû ressentir et vivre ses derniers instants de conscience que Theodore pensait. Il ne pouvait imaginer ce qu'il avait du penser et subir, combien ça avait du être douloureux et rempli de désespoir de se sentir peu à peu mourir. Parce que c'était dans un état épouvantable qu'on lui avait confié Caïn et si Theodore semblait plus calme à présent, il n'avait eu de cesse de terriblement s'inquiéter à son sujet tout le long et encore maintenant alors que les apparences sous-entendaient que ça allait mieux. Seulement le brun n'était toujours pas revenu à lui et c'était ce qui inquiétait le plus le Nott qui se questionnait sur le fait de finir par l'amener à Ste Mangouste. Il pensait au fait que quelques mois plus tôt encore il pouvait l'entendre rire dans cette même pièce par ce noël qu'ils avaient passé tous les quatre ensemble et espérait, ô combien espérait-il que ce ne serait pas le dernier souvenir léger et heureux qu'il aurait de lui. Heureusement, il n'attendit qu'une heure de plus avant de voir son ami esquisser enfin des mouvements. Theodore patienta le temps qu'il s'éveille en lui laissant le temps d'émerger et d'assumer la probable douleur de son corps. Il était en piteux état, même encore maintenant qu'il était globalement soigné. Le serpent vient s'asseoir à ses côtés sur le lit et fait glisser sa baguette au dessus de son torse pour vérifier ses retours vitaux tandis qu'à ses côtés, un parchemin s'anime et retranscrit ce que la magie lui dit. « Bon retour parmi les vivants. » il n'était pas très fier de cette phrase et aurait préféré ne pas lui dire, mais Theodore avait véritablement eu peur pour son ami. « Quand tu retrouves assez de forces, j'aimerais que tu boives un peu. » pour faire passer le nuage d'anesthésie laissé par ses potions, pour vérifier aussi s'il pouvait correctement bouger ses bras et attraper le verre, réussir un geste aussi simple que celui-ci. Alors il attend que Caïn réussisse à se redresser légèrement en tendant ses mains vers lui avant de lui confier le verre qu'il lui avait préparé. Il était soulagé qu'il y arrive, ce n'était que le début d'une longue période de rétablissement qui l'attendait et Theodore ne comptait pas le laisser tomber. Un feu crépitait dans l'antre de la cheminée de la chambre, il observait Caïn sous toutes les coutures mais lui laissait surtout le temps de réaliser ce qu'il venait de se passer et où il était désormais.

Il y avait de l'agitation autour de lui depuis peu, il le sentait, Caïn, à défaut de le voir de ses propres yeux. Ceux-là qu'il ne parvenait pas ouvrir malgré tous les efforts pour y arriver, sensation d'être un trou noir, un tunnel sans aucune issue pour en sortir. Parfois il avait eu l'impression qu'une lumière étincelante apparaissait au loin et l'envie d'y courir à perdre haleine s'était emparé de tout son être avant qu'il ne réalise, dans son subconscient, qu'il n'avait pas de corps pour se déplacer. Quand enfin il pensait être de nouveau totalement lui et solide, la douleur le transportait et alors il préférait ne plus rien sentir. C'était sans doute ce qui expliquait que le sorcier ne s'était pas réveillé depuis de nombreuses heures, ou peut-être des jours il ne pouvait le dire, puisque chaque tentative de reconnexion avec la réalité le replongeait dans son calvaire et aussi, une certaine détresse. Il s'était défendu, le Flint, face à la violence et à la magie offensive de celui qu'il avait eu l'habitude d'appeler père mais tous les cours de défense contre les forces du mal ou les rassemblements du club de duel n'avaient pas suffit à bloquer les attaques d'un sorcier qui en avait vu d'autres avant lui, d'un sorcier qui n'avait eu aucune retenue contre son propre fils et qui avait usé de sortilèges que parfois, Caïn n'avait même pas su identifier. Il s'était défendu, certes, mais le contexte ne lui avait pas permis d'être aussi efficace qui l'aurait voulu parce qu'émotionnellement impacté par le fait de se faire battre par sa chair, son sang, celui-là même au coeur de nombreux débats. Il ne savait pas exactement à quel moment Augustin avait perdu pieds, s'il s'agissait d'une accumulation de problèmes ou s'il en avait eu juste marre de l'attitude plus frontale de son héritier ces derniers temps mais le garçon n'avait pas le désir de s'en soucier, pas quand son corps devait certainement encore porter les traces de ses coups. Il avait entendu, quelque part dans son esprit, des mots prononcés pour l'apaiser, des voix familières et d'autres beaucoup moins, ce qui était assez pour que le brun ne sache pas, en reprenant doucement conscience, là où il se trouvait. Ses paupières toujours closes, il n'avait pas la force de les ouvrir mais au moins, il était là. Ou à peu près. Il n'osait pas encore bouger, le serpent, de peur de ce qu'il allait bien pouvoir découvrir sur lui, sur ses possibles blessures, sur ce qui resterait gravé sur lui et en lui pour le restant de ses jours sans qu'il n'ait rien demandé à personne. Ou peut-être avait-il cherché ce qui lui arrivait, il n'en savait rien. Les souvenirs de ces derniers instants de lucidité étaient présents bien qu'un peu flous pour la plupart, mais il n'avait en tout cas aucune idée de comment il s'en était sorti. Parce qu'il était vivant, pas vrai ? Il pouvait entendre, comprendre, mouver s'il en trouvait l'énergie et le courage. Alors peut-être avait-il trouvé la force de transplaner finalement même si ça lui paraissait fou ; il était trop mal en point. Il lui fallait pourtant se réveiller totalement maintenant, et c'est ce qu'il fit lentement en tentant de bouger ses orteils d'abord puis le bout de ses doigts. Si ses extrémités fonctionnaient, c'était plutôt bon signe, pas vrai ? Il y avait de l'espoir en lui et l'envie de vivre, de retrouver les siens, de retrouver Bea. Peut-être que ce fut la pensée de la rousse qui termina de le convaincre d'ouvrir les yeux puisque quelques secondes plus tard, la lumière de la pièce - bien que réduite - lui chatouilla légèrement les rétines. La silhouette puis la voix du sorcier à son chevet eut le don de lui faire souffler un soupir, de soulagement. C'était Theo et il se savait donc en sécurité. Hors de danger. Il tenta même un sourire à ce qu'il se doutait ne pas être une plaisanterie mais celui-ci n'atteignit pas ses lèvres en plus d'avoir la gorge nouée. Il n'était pas question de stress cependant, seulement le résultat de ce réveil difficile et il hocha la tête à la demande du brun. Il lui fallut quelques minutes avant de réussir à se redresser sans trop grimacer de douleur et quand il avala une bonne partie du verre d'eau, il se sentit plus en forme pour parler. « How bad it is ? » demanda t'il en premier lieu, sachant que ça l'était forcément ou bien il ne souffrirait pas autant. Son corps endoloris en était la preuve concrète, le garçon grimaçant à chaque mouvement trop brusque. « Comment je suis arrivé ici ? Comment t'as - » Ses questions lui donnaient déjà mal à la tête mais il s'interrompit en se rappelant un détail important, ses yeux s'écarquillant. « Marcus » Il était là aussi, il était arrivé peu de temps avant que Caïn ne s'évanouisse. « Est-ce qu'il va bien ? » Son frère qu'il avait mis tant d'énergie à détester pendant toute sa vie avait réussi à les sortir de cet enfer. Son regard s'accrocha à celui de son ami, une lueur au sein des iris marrons qui passa de la confusion à la reconnaissance ; il lui faudrait une éternité pour remercier Theodore et il en prenait progressivement conscience. « Qui d'autre est au courant ? » demanda t'il encore avant que ses yeux ne basculent sur le drap du lit le recouvrant et qu'il n'osait pas soulever. Et Caïn avait envie de demander s'ils avaient eu le temps de prévenir Bea mais il appréhendait aussi qu'elle le voit dans cet état alors il n'ajouta rien, bien que la rousse était presque la seule personne à qui il pensait maintenant. Elle et les personnes qui comptaient, ceux qu'il avait cru ne jamais revoir quand il s'était senti mourir de la main de son paternel.

Il observe Caïn sous absolument toutes les coûtures, sa façon de grimacer selon certains mouvements, la validité de ses gestes et surtout les résultats s'écrivant sur le parchemin lévitant au dessus de lui pour regarder ses constantes. Il vérifie tout Theodore, parce qu'il s'inquiète encore, parce qu'il ne sait pas si il a réussi à tout prendre en compte dans ses soins et a peur d'avoir laissé de côté la moindre blessure pouvant se révéler grave si non traitée. Pourtant lorsque le serpent réussit à boire enfin et de lui-même, il est là un vrai soulagement pour le serpent qui ne savait même pas avant cela quand est-ce que son ami allait se réveiller. Il laissa ainsi de côté et quelques instants le médicomage en lui pour s'attarder avec compassion et amitié sur celui qui lui avait fait peur, vraiment fait peur. « Bad. » il ne lui mentirait pas, n'embellirait pas les choses non plus car ce n'était même pas la peine, Caïn devait suffisamment sentir combien ça l'était dans tout son corps. Pour autant, Theodore attendrait avant de lui donner de quoi soulager sa douleur, il le voulait éveillé et sevré des anti-douleurs pendant un temps. Les premières questions arrivent alors tandis que Theodore s'assoit sur le rebord du lit tout en le laissant faire le tri dans ses pensées et il est surpris lorsque c'est finalement sur Marcus que la cohérence et l'inquiétude de Caïn s'arrêtent. « il se repose dans une autre chambre, il était en un peu plus meilleur état que toi. » mais il n'allait pas non plus bien. Theodore se priverait néanmoins d'apporter les moindres détails à son ami tant que celui-ci n'était pas réveillé depuis plus d'une heure. « une amie à ton frère vous a fait transplaner ici, je crois qu'elle est auror, Vesper Millers. » ses sourcils se fronçaient légèrement, la blonde était partie relativement rapidement à vrai dire. Le regard accroché de Caïn au sien lui fit comprendre sa reconnaissance et sa réalisation de ce qu'il s'était passé et si Theodore ne répondit rien, sa tête se secoua légèrement de droite à gauche l'air de lui dire que ce n'était rien. Qu'il le referait mille fois et plus encore si ça pouvait lui sauver la vie. « Seulement deux autres aurors et amis de ton frère, Bletchey et Spinnet, il me semble » il ne s'était pas vraiment attardé sur leurs noms, principalement sur les détails apportés. Ils semblaient de confiance au moins. « et ta mère, si j'ai bien compris. » il réalisait que Caïn ne savait rien, ni pour la fin du combat, ni dans quel état était désormais son père. Et un regard un peu plus inquiet vint trahir sa nervosité. « ça ne s'est pas bien terminé, là-bas. » ajoute t'il. Convaincu qu'à sa place il n'aimerait pas qu'on retienne cette information capitale. « ils se sont battus et il y a eu un accident. » il révèle les faits progressivement en observant ses réactions mais aussi les constances vitales de Caïn de peur de voir le cœur de son ami s'emballer ou ce dernier perdre connaissance sous trop d'informations par son état affaibli. Mais il tient bon et Theodore apporte finalement plus de détails. « il n'est pas mort, mais il n'est plus vraiment conscient non plus et on pense qu'il est fort probable qu'il ne revienne plus à lui. » le père tombé dans la folie ne se relèverait plus, Theodore annonçait pratiquement à son ami que celui qui l'avait élevé était mort. Il lui laissa un temps pour assimiler ce qu'il venait de lui dire avant de finalement ajouter « et elle fait tout pour ne pas que ça se sache ou s'ébruite, personne ne le sait et ne le saura sauf nous. »

Il devinait où il était grâce à la présence de Theodore, l'un de ses sorciers sur qui il avait pu compter - et bien plus - cette dernière année quand plus jeunes, Flint sénior lui avait souvent dit de se méfier, l'incitant même à ne pas le côtoyer et encore moins l'apprécier. C'était raté, comme bien d'autres choses concernant son éducation et devenir ami avec l'héritier Nott faisait partie des décisions qu'il ne regrettait pas, qu'il ne pourrait jamais regretter, encore moins quand il réalisait ce que le sang-pur devait avoir fait pour lui ces dernières heures. Il n'avait pas été conscient pour le voir faire mais le simple fait d'être désormais réveillé, révélait clairement les efforts fournis par le brun pour l'aider. Il avait su, à la minute où il avait appelé Marcus à la rescousse - Marcus, par Merlin, qu'il avait aimé et haï tout au long de sa vie - qu'il était mal en point, assez pour que son esprit lui supplie de chercher de l'aide auprès de lui. Alors il pouvait soupçonner ce qu'il avait alors raté, même dans le regard anxieux de son ami qui semblait avoir le contrôle dans toutes les situations normalement. Caïn hocha donc la tête à la confirmation que la situation était mauvaise et son état de santé aussi, certainement. Il prit le temps d'assimiler l'information sur son frère, soulagé qu'il aille bien ou en tout cas mieux que lui. « Il a réussi à nous sortir de là alors » lâcha t'il un peu trop vite, ne sachant pas ce que Theo savait et ne savait pas, ce qu'il pourrait lui apprendre ou non, ce qu'il signifiait aussi par là parce qu'il ne s'agissait pas que du manoir mais de tout ce qu'il s'était passé à l'intérieur. Fronçant les sourcils à la mention d'un prénom qu'il connaissait - il eut besoin de quelques secondes pour que sa mémoire ne fasse la connexion - il répéta « Amie ? C'est son ex-fiancée » Alors que faisait-elle là ? Et peut-être que personne ne l'avait précisé sur le moment, peut-être aussi n'aurait-il dû pas énoncer leur lien ainsi mais il était encore sonné, le Flint, et revenait doucement à la réalité. Il avait donc des questions, des interrogations légitimes auxquelles le sang-pur répondit rapidement, des éléments qui lui embrouillèrent la tête un peu mais qu'il n'avait pas le choix d'écouter et de s'imprégner. Il lui fallait les détails, savoir ce qu'il avait manqué en étant inconscient, savoir qui était au courant de toute cette histoire aussi. « Helena était là ? » Il pâlit à cette idée, Caïn, n'ayant pas pensé à elle du tout pendant que son père s'acharnait sur lui alors qu'il aurait dû, n'est-ce pas ? La matriarche n'était jamais loin et avec le bazar qu'ils avaient mis dans le manoir, elle avait pu les entendre ou l'apprendre par le biais des elfes. Alors pourquoi n'était-elle pas intervenue si c'était le cas ? Avait-il tellement faillit à son rôle d'héritier, de fils pour qu'elle le veuille mort, elle aussi, sans pouvoir plaider une folie passagère ? Il ne savait plus quoi dire, le sorcier, quoi penser de tout ce que Theo lui confiait, de ce duel qui avait continué avec Marcus à cet accident évoqué et l'état de santé actuel d'Augustin qui lui fit écarquiller les yeux. Il sentit son coeur rater un battement, peut-être même plusieurs, et pourtant la confusion l'emportait sur le reste. Celle de n'avoir aucune idée de quoi ressentir à cet instant présent. Devait-il être soulagé, triste, en colère, c'était un mélange de sentiments perturbants. Trop, pour le garçon à peine remis sans doute. « Tu veux dire qu'il encore en vie mais que c'est comme s'il était mort ? » Son père, celui à qui il avait tenté de ressembler la majeure partie de sa vie, celui qu'il avait tenté d'impressionner toute son enfance, de rendre fier pour obtenir un rôle qu'il n'était plus sûr de souhaiter aujourd'hui n'était plus là et encore une fois, il se sentait en réel conflit avec ses émotions. « C'était elle ? L'accident. C'était Helena ou Marcus ? » Selon la réponse, cela changerait tout. Il lâcha un soupir faussement amusé à la remarque sur sa mère, cette vipère dans tous les sens du terme. « Evidemment. Si quelqu'un venait à l'apprendre au sein de l'élite, ça ne lui apporterait rien de bon » Parce qu'elle pourrait apparaître comme veuve mais avec des enfants, des garçons même, des héritiers élevés pour prendre la place de leur père un jour. « Attends, qu'est-ce que ça signifie pour nous tout ça ? Enfin pour moi ? » Augustin présent ou non, Marcus était toujours banni et Caïn le seul fils légitime. « Tant qu'elle sera vivante, elle ne voudra jamais me laisser sa place Theo. Pas depuis qu'elle sait que j'ai enfreint l'une des règles majeures de leurs principes élitistes » Soit ne pas fréquenter les moldus ou nés-moldus ; ni même les sang-mêlés si on allait plus loin. Cette pensée qui en entraîna une autre, essentielle, et son regard qui se posa sur son ami avec agitation. Il ne pouvait définitivement pas retenir sa question plus longtemps. « Est-ce que vous avez prévenu Bea ? Je... on avait rendez-vous » Et il supposait donc que bien sûr il n'avait pas pu honorer celui-ci. Il redoutait alors qu'elle s'inquiète trop ou imagine des choses qui n'avaient pas lieu d'être mais plus que tout, il avait besoin de la voir, Caïn, de la serrer dans bras, la rassurer et aussi de se rassurer lui-même. Il avait besoin d'elle parce qu'elle était son coeur, son âme-soeur, son tout.  

Tragédie familiale comme bien souvent les sang-purs en étaient secoués, Theodore n'apprécie guère que ce soit les Flint qui en aient été touchés cette fois-ci. Surtout après des heures à tenter de sauver le plus jeune et héritier, à s'inquiéter du traumatisme laissé à l'aîné. Le serpent ne peut être que soulagé lorsque son ami se réveille enfin mais alors que ses constantes sont vérifiées pour s'assurer que tout va bien, le temps de tout lui annoncer se dévoile également et ce n'est pas vraiment de gaieté de cœur qu'il le fait. Il acquiesce bon nombre de fois à ses réactions et questions, car Marcus avait réussi à le sauver et puis au nom de cette amie, ex-fiancée lui avait effectivement bien dit quelque chose après coup. La mère des garçons s'était présentée au manoir selon les dires des trois aurors mais l'état du père n'était vraiment pas bon. « Oui, je ne l'ai pas vu, mais on m'a rapporté qu'il n'y avait plus aucune chance pour qu'un jour il ne revienne à lui. » Theodore avait déjà entendu parler de ces morts cliniques existant également chez les moldus, le coup ou la chute de cet homme avaient dû être rudes. Mais d'une certaine façon, le serpent n'était pas désolé pour lui après tout ce qu'il avait du soigner sur le corps de son ami. Il se doutait par contre qu'il s'agissait d'une nouvelle assez importante pour lui et tenta d'y aller progressivement mais tous les détails de cette confrontation étaient difficiles. Il le vit en véritable conflit et la précision de la cause de l'accident fut demandée, il ne savait pas très bien en quoi cela ferait une différence pour le serpent que ce soit l'un ou l'autre mais ça avait l'air d'être le cas. « Marcus. » il eut un ton grave, parce que l'aîné des Flint semblait traumatisé de ce moment et qu'il se doutait bien que ce serait compliqué pour lui à partir de maintenant de vivre avec cela, un tel événement en lien avec son propre sang. Il ne pouvait que comprendre Theodore, saisissant également parfaitement combien ça aurait été grave si le père avait été celui prenant l'ascendant sur les frères. Et c'est naturellement que le jeu de pouvoir – qui n'était en rien amusant pour eux – s'invite dans la conversation quand Caïn réalise progressivement ce que cela peut dire, pour Marcus, pour lui surtout, clamant une mère prête à tout pour l'empêcher de prendre sa place. Les sourcils de Theodore se froncent pourtant aussitôt. « Mais elle n'a pas le choix, elle n'a plus aucun droit ni autorité sur vous maintenant qu'Augustin n'est plus, Caïn. » et il fallait à tout prix qu'il le réalise avant qu'elle n'en profite. « Tu es l'héritier et désormais le chef de famille des Flint et même elle ne peut le révoquer ou t'enlever ce droit. » il le laissa accueillir ses propos qu'en tant que membre de l'élite à la même place que lui, Theodore comprenait entièrement. Lui aussi avait du se saisir de cette place un peu malgré lui et par la force des choses. « Ça ne sera jamais dans son intérêt de trahir publiquement le fils venant de gagner autant de pouvoir sur elle que son mari, elle n'a plus d'autre choix que de faire avec ce que tu lui imposeras car Marcus est officiellement banni et qu'elle ne sera jamais suffisamment légitime en tant que femme pour reprendre les rennes de la famille Flint. » c'était beaucoup à encaisser et à accepter mais Theodore avait confiance en Caïn pour qu'il le comprenne et soit assez fort pour cela. Surtout, il ne comptait pas un seul instant voir son ami se faire voler son héritage. Theodore y tenait, il soutiendrait Caïn jusqu'au bout, que son cœur appartienne à une sorcière au rang interdit ou non. « Tu n'es pas obligé de la confronter maintenant, mais elle voudra prendre l'ascendant sur toi et ce jour-là, tu devras lui rappeler ton droit et ta place. » c'était ainsi que fonctionnaient les choses dans l'élite et pour une fois que ce système les avantageait, ils ne pouvaient pas faire l'impasse. Surtout que Caïn n'était pas seul dans cette équation, sorcière mentionnée par le blessé que Theodore n'avait pas pris le temps de contacter. « Non, mais je peux m'arranger pour qu'elle le soit. » il soutint son regard pour lui demander tacitement si c'était ce qu'il désirait, ne doutant pourtant pas une seconde qu'il accepterait. Caïn n'aurait jamais pris autant de risques pour quelqu'un qu'il n'aimait pas autant qu'elle après tout.

Il peinait à revenir à la réalité, Caïn, à comprendre tout ce qu'il s'était passé et même se souvenir des dernières minutes avant qu'il ne sombre dans l'inconscience. Et c'était normal, il le savait, mais c'était aussi frustrant tout comme ça l'était de ne pas avoir pu assister Marcus contre leur père. Celui-ci était déjà dans un tel état de colère contre son héritier qu'il était presque facile d'imaginer ce qu'il avait dû faire subir à l'enfant banni, qui l'avait déçu plus d'une fois. Caïn l'avait fait aussi et il se doutait qu'il s'agissait de la principale raison de ce retournement de situation, de cette fureur qui s'était emparée de l'homme qui lui avait inculqué ses principes et ses valeurs que lui commençaient à remettre en cause. Il avait toutes les excuses du monde de s'inquiéter pour son frère malgré leur relation constamment conflictuelle avant de penser à Augustin et à comment ça s'était terminé pour lui. Pourtant Theo le fit en évoquant sa mère et le bouclé en fut d'autant plus confus qu'il n'avait pas réalisé qu'Helena devait être là. Qu'elle faisait toujours partie du tableau et la conclusion hâtive, pour Caïn, qu'elle ferait en sorte de prendre la tête et de tous les manipuler comme elle savait, finalement, si bien le faire. Il encaissa les propos sur l'état du patriarche avec difficulté et se maudissait un peu de s'en soucier quand celui-ci avait faillit le tuer ; qu'est-ce cela disait sur lui et sa personnalité ? Est-ce que Theo le prendrait pour un fou ? Ou le comprendrait-il pour avoir une situation familiale aussi compliquée ? Il ne s'attendait de toute façon pas à être jugé par le référent qui avait prouvé plus d'une fois son amitié au Flint, et cette fois plus encore que toutes les autres. Alors il hocha simplement la tête, digérant l'information sur la mort d'Augustin et devenant plus pâle encore - si c'était possible - à la révélation de Marcus ayant porté le coup ou le sort fatal à leur aîné. C'était d'abord une mauvaise nouvelle parce que si son frère avait beaucoup de défauts et que Caïn s'était amusé à les lui répéter depuis toujours, il n'était pas un tueur et devait forcément mal le vivre - qui ne serait pas déboussolé par un tel drame ? - mais aussi parce qu'avec Helena dans l'histoire, Helena au courant, elle se servirait forcément de cet élément pour faire ce qu'elle voulait d'eux. Il n'avait que cette pensée en tête, le brun, refusant d'y voir la logique et surtout, les droits qui lui revenaient en tant qu'héritier principal de la famille Flint. Ce furent les premiers mots de Theo sur le sujet qui entraînèrent son cerveau à avoir une vision différente, à comprendre un autre point de vue, celui qui était le bon. Il fronça tout de même les sourcils parce que tout lui paraissait si... facile ? Quand rien ne l'était réellement dans le fond. « Mais tu ne la connais pas, elle peut être si... sournoise, ça ne m'étonnerait pas qu'elle trouve une combine » Il gardait en mémoire les derniers mois et la manière dont elle s'était servie de lui, de Bea, de Marcus pour pouvoir les contrôler entièrement. Plus que ça, c'était étrange pour lui de s'imaginer chef de famille à dix-neuf ans, de devoir prendre ses propres décisions sur son avenir, ce qu'il n'avait pas cru possible jusqu'à maintenant. Mais pourrait-il réellement faire les choix qu'il voulait ? Ça, c'était effrayant même s'il avait été façonné pour ça. Il écouta encore son ami, les mots qui commençaient à prendre sens en lui, cette légitimité qu'on refusait aux femmes et qui faisait bondir pas mal des sang-pur de leur génération, Caïn ouvrit la bouche pour rétorquer mais la referma, un peu à court d'arguments. Et surtout il réfléchissait aux sages paroles du Nott, celles-ci en lesquelles il voulait croire fortement. Une main qu'il posa sur sa tempe parce que oui, c'était beaucoup à recevoir et accepter, c'est d'une voix un peu plus vulnérable qu'il répondit : « Je sais qu'on a été conditionné toute notre vie pour ça et aussi que j'ai longtemps attendu que ce moment arrive parce que... je voyais cet héritage comme la consécration et je pense aussi qu'avoir été le second, celui qui n'aurait jamais dû atteindre cette place m'a donné encore plus de raisons de la vouloir mais et si j'en étais pas encore capable ? » Il se trouvait idiot de se rabaisser ainsi quand il était au contraire le premier à se vanter pour tout et n'importe quoi mais c'était grave ici, important, et il n'avait pas tout à fait le droit à l'erreur, pas vrai ? Si le serpent y avait pensé, il avait imaginé ce moment des années plus tard quand il serait plus âgé, plus mature aussi. Et il avait beau douter de ce futur qui se présentait à lui, il y avait au moins l'ambition d'y parvenir, pour lui mais également pour protéger Bea au maximum. Il tenta de se redresser en s'appuyant sur son bras libre mais grimaça à la douleur se propageant toujours dans son corps et qu'il ne pouvait pas nier. « Définitivement pas maintenant » lâcha t'il dans une tentative de plaisanterie - qui n'atteindrait surement pas son ami parce que ce n'était pas drôle - avant de reprendre son sérieux et hocher gravement la tête cette fois, comprenant l'urgence dans le ton du garçon. « Elle va être furieuse » commenta t'il en pensant à Helena et il aurait aimé être désinvolte avec cette remarque mais c'était une vérité qui pouvait faire peur. « Elle se moque de ce qui lui est arrivé » Il parlait de son père bien sûr, parents qu'il avait su être mariés sous contrat arrangé mais quand même, comment pouvait-elle être si indifférente dans le fond ? Il se demandait si c'était le temps et les années qui l'avaient faite devenir si froide ou si elle l'avait juste bien caché. Son palpitant se réveilla à nouveau à l'évocation de sa petite-amie, la lionne qui, même s'il était lui-même debout - pas littéralement - depuis dix minutes, lui manquait déjà. Comme un besoin essentiel à sa survie, il y avait cette pensée que Bea devait se demander où il était depuis leur rendez-vous forcément raté. « Oui, s'il te plaît » souffla t'il dans un soupir de soulagement, serrant un instant sa main en poing pour retenir un trop plein d'émotion de s'exprimer, ignorant combien ce geste le faisait physiquement souffrir. Il tourna la tête dans la direction opposée de Theo un instant, essayant de calmer les battements de son coeur qui lui terrassaient la poitrine avant de retrouver le regard du brun et offrir un « Merci » sincère, réelle gratitude au fond des yeux pour celui qui risquait beaucoup en le gardant ici et qui avait dû passer des heures à s'occuper de lui. « Merci de m'avoir soigné, Theo. Je ne sais pas exactement tout ce que tu as dû faire pour me ramener mais je peux assurer que c'était pas rien » Pour de nombreuses raisons mais surtout la plus évidente : « J'ai failli y rester, pas vrai ? » Une question rhétorique pour celui qui avait déjà la réponse et qui n'était même pas certain d'avoir envie de l'entendre d'une autre bouche que la sienne mais peut-être avait-il aussi besoin de le dire clairement, avec une personne au moins.  

« alors à ce moment là il faudra être plus rusé. » il était vrai qu'il ne connaissait que très peu de choses sur Helena Flint mais Theodore mesurait tout particulièrement la place à laquelle son ami proche se trouvait actuellement. Plus que son nouvel état de convalescence, le statut de Caïn se muait soudainement en bien plus et si Theodore lui en parlait alors qu'il venait tout juste de se réveiller d'un séjour qui l'avait mené pratiquement chez les morts, c'était parce qu'il lui était important de le réaliser. Chaque seconde avait compté dans l'échange que les frères avaient eu avec leur père et c'était encore le cas aujourd'hui où l'affrontement et le dénouement se feraient sans doute autre et surtout, face à un autre ennemi. L'autre parent, qui en l'occurrence tenterait de prendre leur place. Il ne comptait pas laisser Caïn se faire voler ce qui lui revenait de droit, pas alors que cela pourrait être sa paix, sa façon d'avancer et de trouver sa liberté selon ses termes. Ils étaient désormais ensemble dans le club très fermé et encore peu peuplé des jeunes héritiers de l'élite déjà chefs de famille. Il entendit les propos du bouclé comme preuve d'humilité et non comme une façon de se dénigrer tandis que Theodore laissa sa réflexion galoper au sein de ses pensées avant de lui répondre. Il n'aimait pas parler vain ou rassurer dans le vent et sans pensée judicieuse, mais en lui offrant sa réponse, une vérité plutôt évidente s'avança. « nos pères, ces sorciers de l'élite actuelle n'en ont jamais été sinon nous n'en serions pas là aujourd'hui, tout est une question de se convaincre de l'être et de faire de son mieux pour ne pas faire comme eux. » le parcours d'un frisson lui remonta le long des bras, il savait que ce genre de discours serait très mal reçu s'il s'ébruitait ailleurs mais était-là la vérité qui vivait le plus en lui, qui l'animait pour faire changer les choses, être acteur de cette évolution pour faire sa part comme d'autres auraient du le faire avant leur génération pour espérer sauver la leur. Au lieu de cela, de nombreux sacrifices avaient été commis, alors Theodore se battrait pour éviter que des fils deviennent orphelins meurtris, ou tout simplement pour éviter leur exécution sans sommation pour un conflit d'idées et de volontés. Theodore observa son ami tenter de se redresser et commença à lui préparer une dose moins forte d'anti-douleur qu'il dilua au fond d'un verre avant de le lui tendre tout en l'écoutant. Et cela faisait froid dans le dos d'entendre le fils évoquer aussi peu de considération de la part de sa mère, pour son mari, probablement ses enfants aussi. Il se demandait Theo à partir de quand l'élite avait pu basculer à ce point. Il secoua alors la tête d'un air de résignation avant que la petite-amie de Caïn ne soit mentionnée et il le remarqua aussitôt, le changement dans son comportement, le soulagement et l'émotion, alors l'hôte tourna lui aussi la tête vers la pharmacie pour lui offrir un moment de pudeur. A son remerciement, le bleu de son regard accrocha le brun relevé vers lui d'une gratitude inutile à ses yeux. Il avait fait ce qu'il fallait, il avait surtout aidé un ami à s'en sortir et le referait s'il le devait. Sa question lui fit secouer la tête de haut en bas cette fois, il ne mentirait pas, il avait vraiment eu peur pour Caïn. « c'est passé maintenant. » et même si le Flint mettrait de nombreux jours à s'en remettre, ce dernier était enfin hors de danger et avec le reste de sa vie devant lui. C'était tout ce qui importait au delà de la violence, des conséquences, du sang qui avait teinté ses mains, c'était le fait qu'il avait le pouvoir de respirer, de vivre, de faire à présent la différence.