Le patronus était arrivé au moment même où elle avait franchi la porte de son immeuble, l'obligeant à s'arrêter dans le hall d'entrée tout en prenant soin de vérifier que personne ne se trouvait dans le périmètre de la lionne argentée. V fronça logiquement les sourcils en reconnaissant l'animal enchanté d'Alicia, collègue quittée il y a seulement quelques heures en sortant du ministère. La blonde avait traîné un moment dans les rues de Londres avant de rentrer chez elle, pour cause, elle avait beaucoup de choses en tête. Trop même et un secret bien gardé depuis des jours d'ailleurs, celui-là qui hantait toutes ses pensées jour et nuit, ainsi que de savoir quelle était la meilleure manière de l'annoncer à Marcus. Elle reculait cet instant par peur principalement, peur de la réaction de brun - ou de sa non-réaction - mais plus que ça, l'auror pensait devoir d'abord encaisser la nouvelle toute seule avant d'en parler à qui que ce soit, hormis Miles évidemment qui avait été présent avec elle sans le vouloir à Sainte-Mangouste. Elle recevait ses nombreux regards au bureau depuis, certains qu'elle savait concernés à son égard et qui la touchaient, d'autres qui peut-être inconsciemment l'incitaient à le délivrer de cette confidence et que la blonde évitait d'ailleurs assez lâchement. C'était injuste de lui demander de garder le secret vis à vis de son meilleur ami, de leurs amis et de leur instructeur ; elle réalisait combien ça devait lui coûter mais la Millers avait besoin de temps et elle était ravie qu'il le comprenne, qu'il l'accepte. Elle s'était arrêtée devant plusieurs boutiques dédiées aux nourrissons et enfants durant sa marche, elle avait même hésité à entrer tout en posant discrètement une main sur son ventre encore bien plat mais elle avait changé d'avis au dernier moment, incapable de faire un pas de plus bien qu'assimilant un peu plus chaque minute de chaque jour ce qui lui arrivait. Il le fallait de toute façon. Tout comme il fallait qu'elle parle au Flint, ce qui ne serait pas pour maintenant puisqu'Alicia avait besoin d'elle. Le ton inquiet employé l'alarma intérieurement mais lorsque la lionne lui indiqua le lieu où elle se trouvait, l'auror ne réfléchit pas une seconde de plus et transplana au manoir des Flint. Devant les grandes barrières, elle avala difficilement sa salive ; souvenirs d'une autre vie venant lui frapper l'esprit avec force mais les mots de son amie résonnant encore plus fort, elle avança rapidement vers la porte d'entrée à moitié ouverte. Le « Ali ? » loin d'être confiant lui échappa et elle sentit les battements de son coeur s'emballer à l'intérieur de sa poitrine à mesure qu'elle avançait dans le parloir. Pas grand chose avait changé depuis la dernière fois qu'elle était venue mais la froideur des lieux elle, flottait dans l'air accompagnée d'une tension étrange, qu'elle reconnaissait pour la ressentir chaque fois qu'elle était sur le terrain. Alors elle tendit sa baguette magique devant elle, la prudence de mise, plus encore en découvrant l'état des pièces suivantes. Il y avait des morceaux de verres et porcelaines partout sur le sol, des tableaux détruits, des traces de lutte évidentes qui lui tordirent l'estomac un instant. Elle crut même qu'elle allait vomir en remarquant le sang et l'odeur mêlée, sachant que cette réaction était seulement due aux hormones et nausées irritantes de sa grossesse. Et peut-être que ce fut la pensée du bébé qui lui rappela qu'elle était dans le manoir où Marcus avait grandi, l'angoisse l'envahissant un peu trop vite, un peu trop fort et V qui accéléra le pas pour retrouver Alicia, définitivement pas toute seule. Le tableau qui se présentait à elle la laissa interdite pendant de longues secondes et son regard s'accrocha à son amie puis à Miles et au corps d'Augustin Flint gisant sur le sol en bas d'un grand escalier.

Ce n'était pourtant pas l'état du patriarche qui l'inquiéta immédiatement mais celui de Marcus à l'étage qui, en plus d'être considérablement blessé suite à ce qui ressemblait de près à un duel gagné, ne réagissait à rien. Les demandes d'explications de Miles restèrent sans réponses, bouclé sous le choc de ce qu'il s'était passé, et ce fut en voyant le corps mutilé et inconscient de Caïn à quelques mètres de son aîné que Vesper blanchît, s'assurant d'un sortilège appris au cours de sa formation que le coeur du garçon battait encore. Personne ne savait ce qui était arrivé mais le temps n'était pas aux questions et réflexions, il était à l'action, plus encore lorsqu'Helena Flint débarqua au milieu du champ de bataille, découvrant à son tour la scène d'horreur. Elle fit bien sûr remarquer sa présence à V, la reconnaissant facilement tandis que la blonde se placa automatiquement entre la vipère et ses fils, faisant barrage, jusqu'à déclencher un sourire mauvais chez Helena. Elle retint de justesse un geste qui aurait pu trahir sa grossesse, incapable de deal avec elle sur l'instant, chose qu'elle n'eut pas besoin de dire pour que ses amis comprennent et lui donnent comme mission de faire sortir les deux frères d'ici. Miles et Alicia en pleine discussion - ou dispute - avec la matriarche de la famille Flint, tout au moins ce qu'il en restait, Vesper concentra toute son attention sur Marcus, conscient mais invraisemblablement absent. Accroupie devant lui, elle posa les mains sur ses joues pour qu'il la regarde. « Marcus ? » Et ça lui fendait le coeur de le sentir si vulnérable, si désemparé. « Marcus j'ai besoin de toi pour savoir quoi faire » Elle pouvait toujours les emmener chez elle mais ça ne suffirait pas à aider Caïn. Marcus ne réagissait toujours presque pas et elle était plus qu'inquiète pour lui, pour eux deux. « Ton frère doit voir un médicomage ou quelqu'un qui s'y connait, sinon on ne pourra pas le sauver » Elle espérait que ce soit suffisant pour le réveiller de sa léthargie, que sa voix, ses caresses sur son visage, qu'elle suffirait à le ramener à lui parce qu'alors, il leur serait difficile de faire face à ce qui les attendait. « J'ai vraiment besoin de toi » ajouta t'elle sur un ton plus désespéré et les larmes lui montant aux yeux car il ne le savait pas encore mais elle ne parlait pas uniquement de ce moment cette fois, elle voulait aussi dire qu'elle aurait aussi besoin de lui demain et les autres jours et qu'elle ne serait pas la seule. Lorsqu'après de trop longues secondes il sembla capable de lui répondre et prononcer le nom de Nott, elle soupira de soulagement bien que son coeur n'était toujours pas apaisé. Elle connaissait le nom de Nott, père et fils qu'elle avait déjà eu l'occasion de croiser lors des soirées prisées, et après avoir aidé Marcus à se relever pour atteindre Caïn de qui elle attrapa fermement la main, elle concentra son esprit sur l'héritier Nott et l'endroit où il vivait pour préparer le transplanage. « Accroches-toi bien » lança t'elle sans savoir si elle destinait cette remarque au Flint ou à elle-même, au fait de ne pas lâcher l'un des frères pendant le voyage même si ça ne durait que deux secondes.

Deux secondes, sans doute même moins, mais le déplacement n'eut rien de confortable pour la belle qui atterrit le plus délicatement possible sur le sol de verdure à la limite des barrières magiques de la propriété des Nott. Du moins elle espérait être arrivée à bonne destination et lorsqu'un elfe se présenta à elle en insistant sur le fait qu'il ne pouvait pas les faire entrer sans être sûr qu'elle connaisse son maître, elle souffla de réconfort ou plutôt de délivrance en entendant le prénom. Le sorcier apparût assez rapidement à l'horizon et elle réalisa quelle allure elle devait avoir à cet instant. Marcus recouvert de blessures qu'elle tenait par la taille, Caïn inconscient et en lévitation et le sortilège qu'elle maintenait miraculeusement depuis plusieurs minutes, elle devait avoir l'air d'une folle. « You're Theodore Nott, right ? » demanda t'elle entre deux inspirations, l'inquiétude l'étouffant plus que jamais. « I need your help, please » Elle laissa au sorcier le temps de réaliser et décider si elle était une menace ou non avant de lui expliquer ce qu'elle savait. « Je... je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé là-bas, juste qu'ils se sont battus avec - » Vesper glissa un coup d'oeil vers Marcus, pas certaine de savoir si elle pouvait tout dire au Nott. Mais s'ils étaient là, c'est que quelque part, les frères Flint avaient confiance en lui alors elle reprit un peu plus sereinement, crachant presque le « Leur père » Elle n'ajouta rien à ce sujet, il comprendrait peut-être, et lui montra Caïn du regard. « Il est inconscient depuis pas mal de temps, quand je suis arrivée, il était déjà comme ça et à première vue, il a perdu beaucoup de sang » Il en perdait encore, preuve que les sortilèges avaient été offensifs. « Mais je ne suis pas médicomage, je suis auror, enfin en formation » Avant qu'il ne se fasse des idées sur sa possible position au ministère, sur ce qu'elle pourrait raconter ou non et les problèmes que cela pourrait amener, elle ajouta rapidement : « Je suis une amie de Marcus avant tout et... personne ne doit savoir, c'est pour ça qu'on est là » En d'autres termes, il était leur complice désormais et V ne savait pas du tout ce qui allait arriver maintenant. Ses iris presque suppliantes, elle demanda encore « Tu crois que tu peux nous aider ? » Aider et soigner Caïn qui ne bougeait toujours pas, l'aider elle à soigner Marcus aussi mal en point, et peut-être leur offrir l'hospitalité durant les prochaines heures.

« Monsieur Nott, nous avons de la visite. » les sourcils de l'héritier dérangé dans son devoir en médicomagie habillent son visage d'incompréhension. Des visiteurs ? A cette heure-ci et sans s'être annoncés ? Theodore ne comprenait pas et questionna du regard son elfe de maison. « ça me semble.. urgent. » - « d'accord. » il quitta ses parchemins et manuels pour se lever prestement, traversant l'aile du manoir où il résidait principalement. Au loin, il repère bien vite la silhouette de ce qui semble être deux personnes, trois dès qu'il remarqua un corps en train de léviter et son pas accéléra, regrettant même ne pas pouvoir transplaner au sein de son propre domaine. Si Theodore ne reconnut pas tout de suite la jeune femme accompagnant les deux frères Flint, il ouvrit rapidement les grandes portes de son domaine en s'approchant aussitôt de Caïn. Il n'osait pas le toucher, horrifié de le voir en si mauvais état. « Sure, come in. » la blonde tenta de lui expliquer ce qu'il s'était passé, mettant plus de clarté dans son esprit remué de tous ses questionnements. Du terrible état de son ami, de celui apathique de son aîné, Marcus dont il s'approcha alors pour tenter de capter son regard qui ne semblait que vide de tout et rempli à la fois d'horreur. Theodore alluma sa baguette d'un lumos près de ses yeux pour discerner l'état de ses yeux et sa réactivité et fort heureusement, Marcus sembla plus réagir. Evidemment, que ça avait à voir avec leur père, qui d'autre aurait pu leur laisser des traces de la sorte si ce n'était un père perdant la raison. Il ne connaissait que peu Flint Sr, il ne lui avait jamais paru violent, mais son propre père avait su donner au change auprès de quiconque malgré des années de sévices et de douleur infligés à son propre et seul fils. Quelque chose de mauvais gangrénait cette génération de sang-pur, Theodore en était convaincu et en possédait une preuve supplémentaire en remarquant le carmin de Caïn souillant ses doigts. « je vais m'en occuper. » ils marchaient avec précipitation jusqu'aux marches du manoir et donc à travers son parc. Theodore réfléchissait déjà à tout ce qu'il allait devoir faire, aux aspects logistiques et soignants, à Caïn, surtout à Caïn qui avait son amitié et sa plus grande loyauté mais aussi à Marcus qui semblait aussi si mal en point et pas uniquement physiquement. Il ancra son regard à celui de l'auror quand elle insista sur le fait que personne ne devait savoir et il comprit Theodore, évidemment qu'il comprit pourquoi, acquiesçant simplement. « je vais faire de mon mieux. » promesse adressée avec espoir et sérieux à celle qu'il reconnut enfin comme étant la fille Millers, Vesper, si sa mémoire ne lui faisait pas défaut. Theodore les menèrent alors en direction de l'aile qu'il occupait au Manoir et confia à son elfe de maison l'ordre d'apporter à la blonde tout ce qu'il lui fallait pour soigner l'aîné Flint avant de le rejoindre lui dans les cuisines. « il saura te guider si tu doutes de quelque chose, il est très doué en soin, tu peux lui faire confiance.. prenez la salle-de-bain. » il laissa son elfe les guider vers la porte la plus proche avant d'arrêter la blonde. « Millers. » il lui adressa un dernier regard. Il n'avait pas le temps pour les jolis mots, pour les mesures de politesse ou le moindre questionnement. « Appelle moi si il y a une urgence, tu peux y arriver. » mouvement de tête en sa direction, il se détourne Theodore pour entrer dans les cuisines où il installe le corps de Caïn sur la grande table débarrassée de tout. Son cœur est accéléré par l'urgence et son ami dans l'inconscience la plus totale. Sa pâleur l'inquiète, ses blessures l'horrifient, il devait à tout prix l'aider à rester en vie, sauver celui qui était l'un de ses plus proches amis. Refusant que l'un de ses derniers souvenirs du fils Flint en ces lieux soit sa mort et non pas ses rires, Theodore s'affaire aussitôt sous l'urgence de la situation critique. « tiens bon. » lui souffle t'il en découpant ses habits, ses mains déjà recouvertes de sang, l'envie de laisser sa colère et sa frustration déborder relayée au second plan parce que Caïn avait tout simplement besoin de lui et de survivre.

Le coeur cognant contre sa poitrine, l'angoisse de la situation menaçant de sortir et exploser à tout moment, il y avait l'adrénaline pour garder Vesper concentrée sur la tâche qu'on lui avait confié et peut-être aussi, son devoir de bien faire comme chaque fois quand on lui imposait un travail. Elle était reconnaissante, à cet instant, que ce trait de caractère l'empêche de sombrer dans la panique totale et incontrôlable parce qu'alors, elle aurait pu rater son transplanage pour commencer et blesser encore plus les deux frères à ses côtés, tout comme elle aurait pu laisser la terreur l'envahir et penser à tout ce qui viendrait lui marteler l'esprit un peu plus tard, quand la tension redescendrait et surtout, que tout le monde serait en sécurité. C'était ça et l'état catastrophique des garçons qui la poussait à redoubler d'efforts quitte à s'oublier elle-même dans le processus, oublier ce que ce stress impétueux pouvait générer dans sa position, bien qu'elle ignorait tout, évidemment novice sur le sujet. Elle essaya de ne pas trop y songer, l'auror, parce que s'ils étaient désormais au manoir du Nott et que celui-ci lui paraissait accueillant, il était dans le devoir de Vesper de lui donner quelques explications. Le peu qu'elle savait, d'ailleurs, qu'elle ne tarda pas à lui offrir et le soulagement réel quand il indiqua qu'il allait s'occuper de Caïn, s'occuper d'eux et aussi les abriter. Son « Merci. Merci beaucoup » fut lâché avec gratitude, larmes au coin des yeux qu'elle réfuta, foutue sensibilité ces derniers jours qu'elle avait relevé comme symptôme de début de grossesse mais qui heureusement ne devait pas être trop hors de contexte ici. « Deux de nos amis ne devraient pas tarder à arriver également, je, on est désolés de t'importuner de la sorte » Elle fronça les sourcils, posant une main sur son front et dut prendre appui sur un meuble à côté d'elle pour ne pas flancher, ne pas faire tomber Marcus qui commençait à peser sous son bras. L'elfe de maison apparût bientôt et elle écouta les instructions de Theo avec attention avant de le suivre vers la salle de bain mais son nom dans la bouche du sorcier la stoppa et elle réalisa que dans la précipitation, elle n'avait même pas donné son prénom au brun. « Vesper » dit-elle machinalement, même s'il était coutume d'utiliser leurs noms de famille dans ce milieu. « Je t'appellerai s'il y a une urgence » répéta t'elle sur le même ton que lui, omettant la fin de sa phrase parce que vraiment, elle n'était pas si sereine que lui à ce niveau là. Vesper était déterminée à faire le maximum évidemment, il s'agissait de Marcus par-dessus tout et une fois dans la pièce, elle le fit asseoir sur le bord de la baignoire. Quand son regard tomba à nouveau sur l'ancien serpent, son coeur se serra de le voir si mal, si désorienté, si absent et elle prit une nouvelle inspiration pour ne pas laisser ses émotions l'emporter. Sauf que c'était compliqué, l'elfe le ressentit à ses côtés et lui conseilla de retirer les vêtements du garçon pour y voir plus clair. Son t-shirt qu'elle ôta par magie pour ne pas lui faire mal, elle déglutit forcément devant tout ce sang et autres plaies lui recouvrant le torse. V nettoya ce qu'elle put, mais il restait d'autres blessures invisibles, sans doute interne et elle avait besoin de lui pour ça alors comme précédemment au manoir des Flint, elle posa une main sur sa joue pour attirer son attention. « Marcus... » Elle ne savait pas si ça fonctionnerait encore, ses yeux qui exprimaient une si grande détresse qu'elle en fut perturbée. Elle retint un sanglot pour ajouter « Marcus, il faut que tu me dises où que tu as mal. Il faut que tu reviennes à toi » A moi, à nous. « S'il te plaît » intensifia t'elle de cette supplication, en espérant qu'il se réveille, en espérant qu'un jour, il se remette de tout ce qu'il venait de vivre tant c'était horrible et à la limite de l'insurmontable.

« What have I done » paralysé de terreur, Marcus se répète cette phrase en boucle alors que son regard n’arrive pas à se détacher du corps sans vie de son père au bas des escaliers. Aucune pensée cohérente ne parvient à se frayer un chemin sous son crâne. Il devrait s’assurer que Caïn va bien, il devrait l’emmener se faire soigner, il devrait agir, mais ses muscles sont ankylosés, il n’arrive pas à bouger ni à détourner le regard et c’est à peine s’il arrive à respirer. Il se demande comment tout a pu dégénérer si vite, comment il en est arrivé à tuer son propre père, et l’idée d’être devenu un monstre meurtrier le terrifie. Enfermé dans un brouillard mental qui bloque ses émotions et l’empêche de ressentir la douleur physique due à ses blessures, Marcus ne réagit même pas lorsqu’un bruit lointain à ses côtés lui apprend qu’il n’est plus seul. Il se fait la vague réflexion que si c’est Helena qui débarque, elle mettra peut-être un terme à ses souffrances mais bientôt, il reconnaît vaguement la voix de Milo qui l’appelle. Seulement, le Flint est incapable de répondre. Il arrive à peine à tourner le regard vers lui pour voir ses lèvres bouger, mais est incapable de formuler la moindre pensée ou la moindre parole cohérente. S’il aimerait pouvoir donner des explications à son meilleur ami sur ce qu’il s’est passé, quelque chose en lui est bloqué et l’empêche de réagir, regard qui retrouve inévitablement le chemin du corps de son père, et l’effroi qui revient indéniablement le torturer devant cette vision d’horreur. Il a la gorge serrée, les membres lourds et pourtant, il ne réagit presque pas quand il sent une main se poser sur son épaule. Il ne tourne pas son visage vers elle, il n’en a pas la force, mais il essaie quand même d’accrocher son attention à elle mais il n’y arrive qu’à peine et n’entends que des bribes de mot. Sécurité. En vie. Ton frère l’est aussi. Père n’est pas mort. A cette dernière phrase, il papillonne des yeux d’un air perdu et fronce les sourcils en essayant d’assimiler ce qu’elle vient de dire, mais il a l’impression d’être anesthésié, ailleurs, et l’entrée en scène de sa mère l’arrache à ses pensées et lui arrache un frisson d’horreur. Pendant un bref instant, il espère qu’elle viendra le voir pour s’assurer de son état, qu’elle jouera son rôle de mère inquiète et attentive, mais elle n’en fait rien, il n’arrive qu’à l’observer en bas donner des ordres à tout va et il se fait la réflexion qu’il ne sera jamais assez bien pour elle et que toutes ses chances de regagner un jour sa famille se sont bel et bien envolées. Il prend conscience qu’il ne sera toujours que le fils banni détesté, méprisé, moqué et dont on a honte et cette pensée manque de le faire chanceler quand une chevelure blonde entre dans son champ de vision, arrachant brièvement le brun à ses tourments. Il tourne un peu la tête vers elle pour l’écouter, s’accrochant à ses mots comme à une bouée et il essaie d’ouvrir la bouche pour parler mais il n’arrive à rien, c’est plus fort que lui et ça le ronge. Il sent des caresses sur son visage, son souffle sur sa peau et il ferme les yeux en entendant le ton désespéré employé par sa blonde, brisant vraiment pour la première fois le contact visuel avec son père. Sa voix n’est qu’un murmure rauque lorsqu’il évoque le nom de Nott et les minutes qui suivent sont incroyablement floues alors qu’elle les fait transplaner au manoir de l’héritier, loin du drame survenu au manoir Flint, loin des démons qui le hantent, jusqu’à un endroit sécurisé où plus personne ne peut plus rien contre eux.

Tout est flou, il n’a pas vraiment conscience qu’il croise Theodore, ni qu’on le sépare de Caïn pour qu’il soit pris en charge. Il a encore l’esprit embrumé, les pensées confuses et le cœur serré par ce qu’il vient de se passer. Il a seulement conscience qu’il est dans les bras de Vesper, et qu’elle le fait bientôt asseoir sur le rebord d’une baignoire. Seulement, il n’est pas totalement là, Marcus, il est encore là-bas, en pleine bataille contre lui-même, contre son père et contre ses souvenirs. Il a beau avoir entendu Alicia dire qu’il n’est pas mort, il n’arrive pas à l’assimiler et persiste à se dire qu’il a détruit la vie de son père et la sienne en même temps en devenant un monstre. Il est désorienté, confus, toujours paralysé et ne doit son salut qu’à Vesper à ses côtés.  Vesper qui panse ses plaies, Vesper qui essaie de lui parler, Vesper qui attend des réponses, Vesper qui pose une main sur sa joue et lui qui s’y appuie sans pouvoir s’en empêcher, Vesper à qui il s’accroche de toutes ses forces, Vesper qu’il entend sangloter et le supplier de revenir. Il cligne des yeux et ouvre la bouche pour prononcer un simple : « Je.. » qu’il n’arrive pas à terminer. Alors, à la place, il prend la main de Vesper pour la placer sur son flanc droit, là où une ecchymose commence à apparaître suite à un violent coup contre un mur. Puis, il enlève maladroitement son pantalon pour montrer sa cuisse d’où la douleur irradie. Avec une lenteur effroyable, il lui montre tous les endroits qui le font souffrir : son bras entaillé, sa côte légèrement brûlée, les quelques blessures ci-et-là qui le font souffrir et finalement, après une courte hésitation il pose la main de la blonde sur son cœur. Il ferme les yeux et vient coller son front au sien alors qu’il implicite avoir mal au cœur par tout ce qu’il s’est passé. « What have I done, V ? » sa voix n’est qu’un murmure, il n’est pas capable de plus de toute façon, et il serre ses paupières de toutes ses forces dans l’espoir de se réveiller d’un mauvais rêve dans les bras de sa blonde et de pouvoir tout oublier. « Is Caïn gonna be ok ? » il demande d’une voix cassée où perce sa peur de perdre son frère. Malgré les différends qui les opposent, la haine mutuelle qu’ils partagent la plupart du temps, les horreurs qu’ils se balancent sans arrêt, les conflits qui les rongent et les différences, il reste son frère, l’une des personnes les plus importantes de sa vie. Le corps soudain tremblant sous le poids des émotions refoulées et de tout ce qu’il vient de vivre, il ne réalise même pas vraiment que ses joues sont maintenant baignées de larmes. Il sent que ses yeux le piquent, qu’une boule est formée dans sa gorge, mais il ne remarque pas immédiatement qu’il pleure. « What did I do ? What kind of monster am I ? » il a le cœur en vrac, les émotions qui débordent, l’esprit confus et il ne sait même pas vraiment ce qu’il lui arrive, seulement il revient peu à peu à lui, et tout ce qu’il refoulait jusque là remonte par vagues pour l’étouffer sous le poids de la peur, de la culpabilité et du désespoir. Il baisse les yeux sur ses mains tremblantes encore couvertes du sang de son propre frère et sans même qu’il n’en ait vraiment conscience, il sanglote de plus belle. Il n’est plus Flint, le célèbre joueur de Quidditch fier qui a toujours une blague dans sa poche, il n’est que Marcus, l’enfant désabusé qui a affronté l’horreur et l’insurmontable, le fils mal-aimé qui a brisé sa famille, l’aîné qui a créé son propre traumatisme en commettant le pire des actes contre son propre sang et qui, à son tour, se retrouve brisé par une chaîne d’actes qui auraient pu être évités.

Il y avait son coeur qui se brisait chaque seconde un peu plus de voir Marcus dans cet état, Vesper qui ne savait pas réellement quoi faire mais qui devait rester concentrée, pour lui. Les larmes au coin des yeux et ses émotions totalement en vrac depuis des jours maintenant, elle ne se sentait pas le droit de craquer pourtant parce que ce n'était pas le moment et que la situation était bien trop grave pour qu'elle laisse ses sentiments prendre le dessus tout de suite. Elle avait envie de réconforter le brun, lui dire que tout irait bien et le serrer dans ses bras tout en sachant que ça ne suffirait pas ; elle avait envie de s'exiler avec lui sur une île déserte pour n'être que tous les deux, revenir aux instants partagés ensemble ces dernières semaines, ceux-la qui l'avaient bousculé, qui lui avaient rappelé pourquoi et comment elle était tombée pour lui des années auparavant, pourquoi elle avait eu si mal quand tout s'était terminé. Pourtant c'était son esprit pratique qui ressortait ici, son cerveau qui l'emportait sur le reste, ce dont Marcus avait besoin sans le savoir. Tout comme elle avait besoin de connaître les endroits qui le faisaient souffrir pour pouvoir le soigner. Et son geste l'anéantit un peu plus quand il prit sa main pour lui montrer les différentes parties de son corps, auror qui enchaîna les sorts de soin sur les conseils de l'elfe de maison bienveillant qui ne la quittait pas des yeux une seconde. Comme s'il savait exactement ce qu'il se passait, comme s'il avait déjà vécu ça avant et elle ne put relever ce détail sur le moment mais Vesper était sûre qu'elle y penserait plus tard. Là, tout ce qu'elle pouvait imaginer était la violence des coups que le Flint avait reçu de sa propre chair, de son sang, celui-là qu'ils s'attardaient à qualifier de précieux quand ils n'en étaient finalement pas dignes. Ses doigts recouvrant ceux de Marcus qu'il déposa sur son coeur, elle sentit le sien accélérer dans sa poitrine et se serrer pour ce garçon si blessé, meurtri à l'intérieur comme à l'extérieur. Sa main libre vint se poser sur la joue de l'ancien serpent tandis que leurs front se collaient maintenant et elle lui offrit toute sa tendresse dans ce geste, tout son soutien aussi. La blonde ne parvint pas à répondre à sa première question mais la mention du jeune frère de Marcus l'obligea à se détacher de lui seulement pour pouvoir le regarder ; l'elfe qui quitta la pièce pour les laisser tous les deux maintenant qu'elle n'avait plus besoin de ses conseils en médicomagie. « I'm sure he's going to be fine » tenta t'elle de lui assurer, même si elle n'en était elle-même pas certaine. « Your friend, Nott, he is taking care of him » Elle ne savait pas s'il s'agissait vraiment de son ami mais en tout cas c'était celui de Caïn, si son regard sur le plus jeune de la fratrie était une indication suffisante de ce qu'il avait pensé, en le voyant inconscient. Les larmes - sans doute involontaires - sur le visage de Marcus furent un appel aux siennes de couler mais elle les dégagea rapidement d'un revers de main avant de revenir au garçon. C'était lui qui comptait. « Whatever happens to... to your brother, Marcus, you did the best you can, okay ? This is not your fault » Et Vesper ne savait pas exactement ce qu'il s'était passé dans ce manoir mais elle connaissait Marcus et jamais, malgré leur relation conflictuelle, il n'aurait laissé son petit frère se faire battre presque à mort sans intervenir. Ses prochains mots la touchèrent en plein coeur et cette fois, la tristesse se mêla à un autre sentiment, la colère peut-être ou l'indignement mêlée à une bonne dose d'injustice mais elle posa les deux mains sur les joues du bouclé pour qu'il la regarde droit dans les yeux. « No, I forbid you to say that Marcus. Do you hear me ? » Parce qu'il semblait à des années lumières d'elle et à vrai dire, c'était normal. « You're not a monster, alright ? I don't know how things turned out over there but I know you and I know you're not this kind of person » Sans attendre, elle approcha pour le prendre dans ses bras, le serrer le plus fort possible contre elle pour lui laisser tout le loisir de se reposer sur elle, de prendre sa force s'il le voulait ou juste de profiter de son étreinte pour baisser ses dernières barrières et tout lâcher. Marcus toujours assis au bord de la baignoire, elle était à une hauteur suffisante pour déposer un baiser sur son crâne et passer une main dans ses cheveux tout en continuant de le tenir contre elle. Elle ne sut pas combien de temps ils restèrent dans cette position mais Vepser ne le lâcha pas, jamais, comme une promesse d'être toujours là même dans les moments les plus sombres, comme celui-ci. Quand elle le sentit plus apaisé - si c'était concevable - l'auror inspira et murmura près de son oreille : « Do you want to tell me what happened ? Why did you two fight against your... against Augustin ? » Parce qu'il n'y avait pas d'autre scénario à ses yeux qu'un duel les opposant à leur père plutôt qu'une bagarre entre les deux frères eux-mêmes et par cette question, V lui assurait qu'elle avait confiance en lui, en la personne qu'il était et certainement pas un monstre comme il l'avait mentionné.

Il est là, assis au bord de la baignoire, les pensées tourbillonnant dans son esprit comme une tempête déchaînée qu’il est incapable de contrôler. Il s’étrangle avec ses pensées, se noie avec tout ce qu’il ressent et c’est à peine s’il arrive à respirer correctement tant il est chamboulé. Les échos de la confrontation avec son père continuent de résonner dans sa tête, chaque image, chaque son, chaque coup résonne comme une lame tranchante perçant sa conscience et il a l’impression qu’il va s’étouffer avec tout ce qu’il ressent, Marcus. Il se sent comme sur un bateau secoué par une mer déchaînée, cherchant désespérément son ancre au milieu de la tempête pour le stabiliser. Et cette ancre, il la trouve dans la présence de Vesper. Vesper qui est là, à ses côtés. Vesper qu’il arrive à entendre et à sentir près de lui. Vesper dont la présence est comme une bouée de sauvetage dans cet océan de chaos. Vesper dont les paroles, empreintes d’une tendresse qu’il a l’impression de ne pas mériter, glissent sur lui comme une caresse chaude et réconfortante. Vesper auprès de qui il se réfugie alors qu’elle tente au mieux de le soigner pendant qu’il lui montre chaque endroit de son corps qui lui fait mal, jusqu’à ce qu’il finisse par montrer son cœur avec hésitation. Il n’a jamais été très doué pour exprimer ses émotions, le sorcier qui n’a jamais vraiment eu de modèle pour lui apprendre l’importance de les partager. Seulement là, il est si vulnérable et il a tant besoin d’elle qu’il lui ouvre inconsciemment une part lui, abaissant ses barrières pour la laisser pénétrer cette facette de lui qu’il ne pensait pas un jour lui montrer; celle d’un enfant blessé par son propre père, trahi par son sang, le petit garçon qui, a force de chercher l’approbation et l’amour de ses parents, s’est vu brûler les ailes de toutes les manières possibles. Il ferme les yeux au contact de sa main sur sa joue et s’appuie dessus de la même manière qu’il s’appuie mentalement sur elle pour rester debout, puisant sa force dans ce contact, dans sa présence, en elle tout simplement, et s’il brise ce moment, c’est seulement pour prendre des nouvelles de son petit frère. Incapable de se débarasser de la peur de le perdre, et à défaut de craindre pour sa propre vie, il craint pour la sienne, Marcus, il a peur d’être arrivé trop tard, d’avoir merdé encore une fois et d’être qu’un foutu incapable qui aura aussi tué son frère en plus de son père. Il est effrayé mais une étincelle d’espoir se loge dans son cœur à l’idée qu’il soit pris en charge mais bientôt, toutes les émotions négatives qu’il a tenté de contenir reviennent le torturer de plus belle. Son père. Le sang. Son regard vide. Cain inconscient. La lutte interminable. Tout ça l’assaille de plus belle et l’étrangle, l’empêche de respirer au point qu’il se retrouve bientôt étouffé par le poids de ses émotions et qu’il est incapable de retenir ses larmes. Il ne réalise pas vraiment qu’elles inondent ses joues, ni que ses yeux brûlent, il sait seulement qu’une vague d’émotion le traverse et qu’il est incapable de la contenir, au point que le souffle vient rapidement à lui manquer. Il sent le monde tourner autour de lui et se sent presque partir, mais Vesper le retient, ses mains viennent encadrer son visage, forçant leurs regards à se croiser et une fois de plus, elle devient une ancre à laquelle il s’accroche comme si sa vie en dépendait. Il étouffe un sanglot, et lorsqu’elle approche pour l’enlacer, il enroule sa taille de ses bras pour la serrer de toutes ses forces en enfouissant son visage dans son cou. Ses mots résonnent comme une déclaration de foi en sa propre humanité que Marcus ne peut qu’entendre sans vraiment en comprendre le sens, sorcier trop bouleversé pour arriver à la croire sur parole. Ce n’est que là qu’il réalise ses larmes, et s’il tente de les essuyer et de les arrêter, il en est incapable et elles coulent de plus belle. Son égo en prendrait un coup en d’autres circonstances, mais son esprit est tellement embrumé qu’il n’a même pas la force de lutter contre ces larmes silencieuses. Il n’a pas totalement conscience du temps qui passe, ni de l’environnement autour d’eux, Marcus qui ne se concentre que sur Vesper et sur le bien qu’elle lui fait sans même s’en rendre compte. Elle est là, et il se repose sur elle, s’accroche à elle de toutes ses forces encore et encore jusqu’à ce que les larmes se tarissent et qu’il ne ressente plus qu’elle contre lui. Seulement, lorsqu’elle pose la fameuse question qui reste suspendue dans l’air, comme une invitation à partager son fardeau, il se fige alors que tout son corps se tend, Marcus. Parce qu’il n’est pas sûr d’être capable de maîtriser ses émotions et se retenir de craquer à nouveau. Il hésite alors longtemps, le poids de ses propres démons le retenant dans le silence. Soulagé de ne pas avoir à la regarder dans les yeux, il fixe un point invisible devant lui. « I don’t know. » il marmonne, sa voix à peine audible. « It was just… Everything went wrong. » il sent ses yeux picoter et son cœur se serrer, alors il se blottit un peu plus contre elle, se reposant sur elle comme s’il pouvait trouver un refuge en sa présence. « I never wanted any of this. » il lâche finalement. « He was just completely crazy. » la boule dans sa gorge grandit et il ferme les yeux pour l’éloigner. « I just wanted to protect him. » lâche-t-il dans un murmure, comme si le simple fait de prononcer ces mots avait le pouvoir de conjurer tout le négatif qui le hante. Il secoue finalement la tête et relâche Vesper, puis s’éloigne de quelques centimètres. « I don’t… Please. » il s’étrangle avec les mots qui sont un fardeau trop lourd à porter, mais il espère qu’elle comprendra : il ne peut pas en parler, il en est incapable. Il est pâle, torturé, il ne veut qu'oublier et ne plus penser. « Tu crois que... Tu crois que je peux le voir ? Caïn ? » il renifle en détournant le regard et passe une main sur ses joues encore humides. Il a peur, Marcus, de ce qu'il pourrait découvrir en allant voir son frère. Il a peur de le voir dans un état pitoyable, de le voir dépérir, mais il en a terriblement besoin. « Je vais pas rentrer ce soir, je préfère rester ici, au cas où tu vois. » il marque une pause et se lève douloureusement pour remettre un tee-shirt propre avec lenteur et précaution. « T'es pas obligée de rester, tu peux partir si tu veux. Mais... » mais égoïstement, il ne veut pas qu'elle parte. Il veut rester près d'elle, il a besoin d'elle et il le lui fait comprendre en posant ses lèvres sur les siennes avec douceur avant de prendre sa main dans la sienne pour entremêler leurs doigts et sortir de la salle de bain le pas lourd, inquiet, et traumatisé.

quelques heures plus tard, dans l'une des chambres du manoir nott.
Il est seul, assis sur le lit de la chambre qu'on lui a confié pour la nuit. Il a le regard dans le vide, hanté par de nombreux démons. Il a passé les dernières heures à veiller Caïn, à fixer son corps abîmé et à se repasser le film de la bataille en boucle dans sa tête. Il est épuisé et il a mal, Marcus mais il n'arrive pas à se changer les idées ou à éclaircir son esprit. Il réagit à peine lorsqu'il entend Vesper entrer dans la chambre et se rapprocher de lui, la blonde qui a accepté de rester avec lui cette nuit, parce qu'il a terriblement besoin d'elle et qu'il n'imagine pas passer la nuit seul, parce qu'il ne veut qu'elle à ses côtés pour se calmer. Lorsqu'il sent une main se poser sur la sienne, c'est là qu'il tourne le regard vers elle et lâche un petit « hey » rauque. « Are you ok ? » il écarte une mèche de cheveux de son visage comme il aime tant le faire et pose son front contre le sien. « I don’t want to sleep » il est épuisé pourtant, mais il ne veut pas avouer qu'il a peur des cauchemars qui l'attendent s'il venait à fermer les yeux. Il ne dit pas qu'il voit ces images dès qu'il est seul avec ses pensées et qu'il n'arrivera pas à encaisser une nuit avec toutes ces horreurs en tête. Il ne dit pas non plus que son cœur est gonflé par l'angoisse ni que le traumatisme continue de le paralyser. Alors, il ne dit rien de plus et trouve refuge et réconfort de la seule façon dont il sache le faire, en s’approchant subitement de Vesper pour prendre son visage en coupe et écraser ses lèvres contre les siennes, peut-être plus durement qu’il n’aurait dû et ne l’aurait voulu. La douleur qu’il refoule menace de refaire surface et il ne veut pas l’accepter, il ne veut pas ressentir, ni affronter la réalité, alors il ne résiste pas à cette impulsion incontrôlable qui le pousse à chercher refuge dans le contact physique. Échappatoire trouvée dans le goût familier de ses lèvres et de leur proximité, l’une de ses mains vient se glisser sous le tee-shirt de la blonde jusqu’à sa poitrine, alors qu’il s'allonge sur le lit en l'entraînant avec elle et appuie son bassin contre le sien dans un geste presque désespéré. « Please. » il l’embrasse encore, une seconde fois, puis une troisième. « I need to forget, just for a moment. Please. I need it. I need you, please. » les mots sortent de sa bouche comme une prière désespérée, révélant une vulnérabilité qu’il ne pensait pas partager. Dans cette obscurité, Vesper est sa seule lueur, une ancre dans le tumulte de sa vie déchirée, la seule au monde qui peut le guider vers une échappatoire, même éphémère.

C'était déconcertant de voir Marcus aussi vulnérable et mal en point, ce n'était définitivement pas une chose à laquelle elle était habituée, Vesper, et au plus profond d'elle-même elle espérait que ça n'arrive plus. Le coeur serré par tant de fragilité, elle savait qu'il devait détester ça, que même il ne souhaiterait certainement plus jamais reparler de ce moment, de ses larmes qu'il avait laissé coulé tandis qu'elle le serrait très fort contre elle. Mais V s'en rappellerait toujours, elle en était persuadée, parce que rien ne pourrait lui faire oublier son visage à cet instant là. Et elle aurait aimé lui prendre sa peine et la remplacer par un sentiment plus fort et positif mais elle n'en avait pas le pouvoir alors elle l'enlaça jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus, jusqu'à peut-être, il réalise à quel point il était en train de craquer. Des minutes, sans doute même plus, la blonde le laissa déverser sa peine mais malgré tout elle voulait aussi des réponses, comprendre ce qui était arrivé parce que taire cet événement à jamais n'était pas non plus la meilleure des solutions pour parvenir à dépasser le traumatisme. Elle n'avait aucune idée de ce à quoi il pensait mais sentit le corps du brun se tendre contre elle à ses questions, comprenant qu'il serait difficile de le faire parler. L'auror hocha seulement la tête à ses mots, continuant à caresser ses cheveux dans un geste de réconfort et de soutien, elle répéta plusieurs fois « I know » parce que oui, évidemment qu'elle le savait, que jamais Marcus n'avait désiré tout ça, que même avec sa famille plus que bancale, le bannissement et tout ce qui avait suivi, il n'avait pas voulu que ça dégénère autant ou que son petit frère soit en danger. Un soupir quand le Flint la relâcha pour s'éloigner, un peu comme s'il remettait déjà en place les barrières souvent érigées entre lui et ses émotions, entre lui et le monde entier, elle reprit doucement d'un « Okay » presque silencieux, le regardant pendant de longues secondes sans rien dire avant d'ajouter : « We don't have to talk about it, not now » Mais il le faudrait, pas vrai ? Si le brusquer n'était pas dans ses plans actuels, s'il souhaitait en parler à quelqu'un d'autre qu'elle, V ne lui en voudrait même pas. Il y avait Miles à qui il se confiait beaucoup ou alors peut-être que Caïn serait le seul avec qui il aurait le courage d'évoquer le sujet. Caïn que le prénom dans la bouche de Marcus faisait étrange parce qu'elle n'en avait pas l'habitude mais la blonde se racla la gorge, peu sûre d'elle cette fois, nouvelles du plus jeune des Flint qu'ils n'avaient pas encore obtenu. « I'm... I'm gonna see if everything's fine before, alright ? » Elle avait vu l'état dans lequel son frère était arrivé et il lui fallait s'assurer que tout allait bien avec Theodore de l'autre côté avant d'y amener Marcus. « I'll stay with you » ne tarda t'elle pas à répondre en le laissant lier leurs doigts pour sortir de la salle de bain et le suivre jusqu'au hall dans lequel ils étaient arrivés, chercher l'hôte du manoir et retrouver, quelques minutes plus tard, un Caïn toujours inconscient mais avec la plupart de ses blessures soignées.


Et c'était rassurant pour elle, pour Marcus aussi qu'elle avait laissé seul en compagnie de son cadet pendant un moment. La blonde en avait profité pour discuter avec Miles et Alicia et entendre ce qu'elle avait raté du côté du manoir des Flint, écœurée par l'attitude si désinvolte d'Helena qui, finalement, ne l'étonnait que trop peu. Elle ne la connaissait pas très bien mais elle avait eu un aperçu de la personne deux ans auparavant, rien qui ne lui plaisait beaucoup, seulement elle allait être sa belle-mère et V s'était assez logiquement pliée à toutes ses exigences. Les choses n'avaient pas totalement changé aujourd'hui mais cette fois c'était une bonne chose, aurors dépassés par la situation et l'interdiction formelle de ne faire sortir cette histoire des quatre murs du château qui avaient vu le sang de tous les hommes de la maison couler en cette fin d'après-midi d'hiver. Leurs amis rentrés chez eux, elle était passée se débarbouiller un peu à la salle de bain en pensant d'abord, évidemment, au moment que celle-ci avait abrité plus tôt, puis enfin à elle, une main posée sur son ventre dans un froncement de sourcils. Elle devait lui dire, Vesper, il le fallait, mais pas aujourd'hui et pas non plus après tout ce qui venait de se produire. Miles lui en voudrait sûrement de lui faire garder son secret un peu plus longtemps seulement c'était légitime, pas vrai ? Elle voulait y croire en tout cas. Une grande inspiration et elle ressortit pour rejoindre la chambre, son visage qui peut-être paraissait un peu fatiguée après cette journée épuisante émotionnellement et la question de Marcus que pourtant, elle balaya d'un sourire et d'un hochement de tête en se posant à côté de lui. « But you should » réussit-elle à murmurer, sa joue faisant appui sur la main du brun qu'il venait de passer dans ses cheveux pour lui remettre une mèche. Si lui ne voulait pas dormir, elle ne disait pas non à une bonne nuit de sommeil, V, parce que le lendemain elle serait obligée de se présenter au bureau et faire comme si rien n'avait eu lieu. Ereintée, l'auror ne comprit pas tout de suite les intentions du Flint qui fondit sur ses lèvres pour l'embrasser, baiser qu'elle lui rendit bien sûr avec envie et entrain avant qu'il ne s'aventure sous son t-shirt et que la Millers relâche leur étreinte, mais se laissant entraîner sur le lit avec lui. « I... » Elle s'arrêta dans sa phrase, incapable de terminer parce que ses mots lui transperçant le coeur d'une force sous-estimée. Une partie d'elle avait envie d'assouvir le moindre de ses besoins, de ses envies, mais l'autre lui criait de ne pas céder parce que ce n'était pas l'endroit, ni le moment. « Marcus, you're... I can't. Not when you're that bad and desesperate » Et ce n'était pas le mot ni la façon de faire que de le repousser de la sorte mais c'était plus fort qu'elle. Si elle adorait se perdre en lui comme il le faisait avec elle, il y avait tout un tas de choses qui l'empêchait de le faire cette fois, y compris cette grossesse dont il n'avait pas conscience. « This is not a good idea, not tonight » Elle regrettait déjà cette décision parce que cela aurait peut-être été la solution à tout à court terme, pour oublier cette journée, les évènements, oublier tout y compris eux-mêmes. Leurs corps sans aucune distance, elle passa une main sur le visage du brun puis celle-ci trouva ses boucles tant aimées, essayant dans un chuchotement de l'amener ailleurs, de penser à autre chose. « Just... try to sleep okay ? I'll watch over you until you fall asleep » Elle le ferait, V, tiendrait jusqu'à ce qu'il parvienne à lâcher prise, le tiendrait lui jusqu'à ce qu'il n'ait plus besoin d'elle pour le faire. Elle le ferait mais ce n'était pas ce qu'il souhaitait et elle le sût lorsqu'il s'éloigna d'elle et qu'elle ressentit une sorte de vide s'installer au creux de son ventre, qu'elle ressentit le froid sur la peau nue de ses bras qui - elle ne le savait pas encore - n'annonçait rien de bon. Et pourtant elle se tendit à cette réaction parce que ce n'était pas celle qu'elle attendait, le « What ? » qui sortit de sa bouche sur un ton moins délicat qu'elle ne le désirait à la base. « What's wrong ? » continua t'elle en se redressant et en plissant les yeux pour mieux le voir dans cette pénombre jusqu'à ce que d'un informulé, elle allume la bougie se trouvant sur la table de chevet.

Quand Vesper promet de rester près de lui en le laissant nouer sa main à la sienne, Marcus ne retient pas un soupir de soulagement et il serre inconsciemment ses doigts aux siens, comme pour s'accrocher un peu plus fort à elle. Il a besoin d’elle, besoin de la sentir à ses côtés parce qu’à l’heure actuelle, il ne sait pas comment avancer sans elle. Tout est chaos : ses émotions, son esprit, son cœur, et il n’y a que lorsqu’il pose les yeux sur elle qu’il trouve alors un certain apaisement. Il n’arrive pas à vivre avec ce qu’il a fait, ce qu’il a vu et ce qu’il s’est passé, mais il lui suffit de poser les yeux sur Vesper pour que ce poids soit un peu moins lourd à porter. Elle est tout, Vesper, elle est son second souffle et son pilier et il n’en a pas totalement conscience mais il s’appuie pourtant sur elle comme il ne l’a jamais fait avec personne au monde. Quand il était amorphe, perdu et incapable de répondre aux sollicitation de ses amis, c’est elle qui l’a ramené à lui et personne d’autre n’aurait pu le faire, parce que son coeur sait avant lui qu’il n’y a qu’elle. Pour autant, ses pensées restent sombres, son humeur maussade et lourde et il se repasse encore et encore le film de la bataille dans son crâne sans arriver à penser à autre chose. C’est pire depuis qu’il a vu Caïn, étendu et inconscient, le teint pâle et le corps blessé. C’est pire depuis qu’il est seul et qu’il ressasse les derniers événements. Il n’arrive à penser qu’à ça, comme une litanie qui lui vrille la tête et dont il ne peut se débarrasser. Il n’arrive pas à éclaircir son esprit ou à penser de façon rationnelle et il sait qu’il se fait du mal tout seul mais il est incapable de fonctionner autrement tant le traumatisme est frais dans son esprit. Alors, lorsque Vesper s’assoit à ses côtés, il sent ses épaules se détendre, juste un petit peu, parce qu’elle est là et qu’elle est tout ce dont il a besoin mais il n’arrive pas pour autant à s’apaiser complètement. Il refuse même de fermer les yeux et d’aller dormir, est effrayé par l’idée de revivre cette journée dans ses rêves et que l’esprit de son père vienne le hanter et le torturer. Il n’est pas mort, mais c’est tout comme, et Marcus doit vivre avec ça sur la conscience. Il n’arrive pas à faire comme si de rien était, refoule cette pensée de son esprit et cherche à se changer les idées de la seule façon qu’il connaisse. Mécanisme de défense qui devient déni, il refoule la douleur et les images en écrasant ses lèvres sur celles de la blonde pour espérer retrouver toutes les sensations qu’il ressent lorsqu’elle l’embrasse et le touche. Il a envie, sinon besoin de se perdre avec elle, en elle pour oublier. Il a besoin de lui faire l’amour pour ne plus penser qu’à elle et pas à ce qui ronge son cœur. Il a besoin qu’elle le touche et l’aime en retour pour panser ses blessures et il trouve refuge dans ce contact physique qu’il approfondit en laissant ses mains se balader sur son corps. Et elle répond à son baiser quand ses barrières s’affaissent, le poussant à prolonger et appuyer davantage le contact entre eux tout en la suppliant de répondre à ses désirs mais il la sent bientôt se crisper et le repousser, et c’est comme une douche froide pour lui alors que le choix de ses mots finit de le tendre et de le brusquer. Il est complètement désespéré et cette remarque le frappe de plein fouet alors qu’il réalise pleinement, pour la première fois, à quel point il s’est laissé aller à ses émotions. Il se redresse et renifle, serre la mâchoire de fierté et de douleur d’être repoussé ainsi. Elle passe une main sur sa joue, dans ses cheveux et il ferme les yeux, incapable de lui résister. Seulement il est vexé et blessé, Marcus, elle lui fait du mal en le repoussant ainsi alors qu’il a plus que jamais besoin d’elle. Et il est aussi terriblement idiot alors qu’il se relève et s’éloigne d’elle, soudain complètement renfermé, aussi bien à elle qu’à ses propres émotions. Il ne laisse plus de place au Marcus vulnérable, il l’a bien trop été et il s’en rend compte, se déteste même presque un peu pour ça alors il se refuse à ressentir plus longtemps la moindre chose, que ce soit du désir, de la détresse, de la peur ou de la souffrance. « I guess i’m the bad idea. That’s what you’re trying to say, isn’t it ? » il a toujours été autodestructeur Marcus, mais l’est particulièrement plus ce soir. Il a ressenti trop d’émotions à la fois, a vécu trop de choses en l’espace de quelques heures et n’a jamais appris à gérer ni ses émotions, ni les problèmes, alors à défaut de se perdre dans la luxure, il fait ce pourquoi il est le meilleur : tout détruire. « I guess it’s not fun to fuck with someone as desperate as me. » il a la mâchoire serrée, la repousse à son tour comme elle l’a fait avec lui parce qu’il ne sait pas vraiment comment agir autrement et parce qu’il est blessé, perdu, déstabilisé par tout son univers qui est si chamboulé. « Maybe you’d prefer to fuck another guy. » – « Maybe there’s someone else besides me and you’re already having fun with him. You’ll go see him after, I bet. » il rit jaune, d’un rire sans joie et il sait qu’il creuse sa propre tombe, qu’elle ne mérite pas, mais il ne réfléchit pas rationnellement et ne peut que mordre pour penser à autre chose. Il est terriblement idiot, mais il ne peut pas s’arrêter. « Go ahead, leave if you want to see him. No one’s stopping you. » son regard croise le sien, mais il le détourne aussitôt parce qu’il voit qu’il lui fait du mal. Il leur fait du mal à tous les deux sans raison et est complètement désespéré, perdu dans le tumulte de ses pensées et de ses émotions. Elle le détestera, et c’est sûrement tout ce qu’il mérite, lui se déteste suffisamment pour deux, trois, et même dix. Plutôt qu’accepter sa présence réconfortante, plutôt que continuer de s’accrocher à elle, il agit de la pire manière qui soit et devient le monstre de son histoire, à moins qu’il ne l’ait toujours été.

Elle en avait le coeur tout retourné de voir l'état dans lequel les deux frères étaient, V, qui s'était assuré de la santé de Caïn avant de rejoindre Marcus dans la chambre. Theodore avait fait de son mieux avec lui et elle avait été surprise d'ailleurs de l'efficacité de ses gestes, de sa rapidité aussi à le soigner mais surtout du fait qu'il n'était qu'un étudiant qui maniait déjà parfaitement les sortilèges et autres méthodes de soin. Elle l'avait remercié plusieurs fois au nom des garçons encore incapables de le faire par eux-mêmes, l'un parce qu'il était inconscient, l'autre parce qu'il allait plus mal qu'il ne le laissait croire, et si cette journée interminable commençait à peser lourde sur ses épaules en terme d'émotions, l'auror n'était pas prête à laisser Marcus seul. Elle allait rester avec lui, attendre qu'il s'endorme et peut-être dormir quelques heures à ses côtés avant de rentrer chez elle prendre une douche et retourner au bureau comme si cet événement n'avait jamais existé. C'était ce qu'ils prévoyaient de faire pour ne pas ébruiter l'incident, c'était ce qu'Helena avait dit de faire et le petit groupe n'avait pas d'autre choix que d'obéir sur ce coup là, au risque de voir les deux Flint accuser les conséquences qui pourraient être dévastatrices. Elle ne souhaitait pas ça pour Marcus, pour son petit frère, et égoïstement pour elle aussi et l'avenir de leur enfant dont il ne connaissait pas encore l'existence. Elle ne souhaitait que le voir bien et heureux, espérant que le temps l'aiderait à se remettre de ce drame tout en sachant que ce n'était pas si facile. Tout comme il n'était pas facile de le repousser ce soir, de lui refuser autre chose qu'une nuit de réconfort dans ses bras sans contact charnel, mais ça lui paraissait être la meilleure idée à cet instant, V qui était épuisée, V avec tant de pensées en tête qu'elle ne croyait pas pouvoir se donner totalement à lui. Seulement il ne sembla pas comprendre et se releva du lit pour s'éloigner d'elle, ce retournement de situation qui la surprit et les premiers mots du brun aussi. Elle fronça les sourcils, confuse d'abord, parce qu'il déformait ses propos et qu'elle n'aimait pas ça. « That's.. that's not what I said » répondit-elle hésitante, espérant désamorcer ce qui était doucement en train de chauffer, mais Marcus reprit et cette fois, elle eut l'impression de se prendre une gifle en plein visage. En y réfléchissant, elle aurait sans doute eu moins mal. « So that's it ? For you, we just fuck eachother ? » Il aurait pu s'arrêter là, le bouclé, ils auraient pu tous les deux s'arrêter là pour en parler plus tard peut-être cependant il était plus blessé et remonté qu'elle le crut et il continua, le Flint, chaque mot la heurtant avec force, chaque mot lui brisant un peu plus le coeur. Elle voulait croire qu'il était uniquement perturbé par ce qu'il vivait actuellement, qu'il ne pensait pas ce qu'il disait, qu'il regretterait dans la seconde en s'excusant mais il y eut ce rire pour accompagner son invitation à partir, ce regard qui croisa le sien trop peu de temps pour qu'elle puisse détecter son état d'esprit ou lui montrer à quel point il lui faisait de la peine. Elle ne bougea ni ne se leva, trop chamboulée pour le faire et chercha à nouveau ses yeux marrons sans les trouver. Elle commença par un léger : « Are you kidding me ? » qui n'annonçait rien de bon. « You've got to be kidding me » ajouta t'elle cette fois en lâchant un rire faux dans l'unique but d'attirer son attention sur elle. Qu'il tourne son visage vers elle, en vain. Elle haussa le ton, sans réellement le réaliser. « Tell me you're not serious, Marcus » Mais elle n'attendait vraiment de réponse et là elle fut forcer de se lever pour se retrouver face à lui, pour l'obliger à la regarder. Et il n'y avait plus une trace de sourire sur son visage, il y avait de la douleur et de la colère. « So because I say no to have sex with you means that I'm seeing another guy ? » Elle avait fait exprès de ne pas reprendre ce fuck qu'il avait répété à plusieurs reprises pour définir leur relation parce que c'était loin de ce qu'elle ressentait et elle était sûre que lui aussi. Elle l'espérait, du fond de son coeur parce qu'alors, elle ne savait pas ce qu'elle ferait, V. Il était le seul depuis des semaines, des mois même, il ne pouvait pas en douter. « I said no because you just lived a terrible moment and you're still shook » Et d'autres émotions sans doute qu'elle ne pouvait pas nommer à sa place. Sa voix dérailla un peu et elle s'en voulut. « I said no because I thought it would be best to just lay in bed together and sleep after a long and tired day ; because you can't fix everything with sex » Elle non plus d'ailleurs, il faudrait réellement qu'elle prenne son courage à deux mains pour lui parler. Mais pas aujourd'hui et surtout pas maintenant alors qu'il l'insultait de la pire des manières. Les yeux brûlants des larmes qu'elle ne laissait pas tomber, elle ajouta : « I'm not perfect, Marcus, but I'm not a cheater » Une menteuse, un peu, pour ce qu'elle ne disait pas, mais elle ne voyait personne d'autre. Ils n'avaient pas défini leur relation tous les deux, par facilité, mais dans sa tête à elle, ils étaient exclusifs l'un avec l'autre. Se trompait-elle ? Ce fut cette pensée et les derniers mots du serpent piquant qui incitèrent les perles salées à dévaler ses joues et l'auror les essuya d'un revers du bras dans un geste rageur. Elle s'était retenue des heures et des heures de ne pas craquer, elle pouvait encore attendre un peu. En réalisant qu'il n'amorçait aucun pas dans sa direction, qu'il ne semblait pas non plus décidé à revenir sur ses paroles, Vesper reprit, le coeur tambourinant beaucoup trop fort dans sa cage thoracique. « You know what ? You're right, I'll go. I'll go and fuck with the first man I meet since for you, this is who I am » Et elle se détestait d'oser même prononcer ce qu'elle ne ferait jamais, juste pour l'atteindre comme il l'avait atteinte, elle se maudissait de s'apprêter à le laisser seul - finalement - dans un moment pareil mais si elle avait l'impression de pouvoir encaisser beaucoup de choses, cette fois, à cet instant précis du moins, c'était trop.