Pratiquement quarante-huit heures s'étaient passées sans que Bea n'ait la moindre nouvelle de Caïn. Si ça leur était évidemment déjà arrivé, jamais ça n'avait été le cas en ces circonstances là. Le serpent lui avait promis de la rejoindre la veille au matin et il n'était pas venu, n'avait pas répondu à la moindre de ses lettres dont certaines lui avaient même été retournées. Bea avait patiemment attendu, était revenue au point de rendez-vous dix fois au moins, s'était rongé l'ongle du pouce jusqu'au sang tandis qu'un pressentiment puissant lui murmurait que quelque chose de grave avait du se passer. Non pas seulement car Caïn ne ratait aucun de leur rendez-vous, mais aussi parce que la rouquine l'avait senti quelque peu ailleurs lorsqu'elle lui avait demandé comment cela se passait chez lui ces derniers temps. Ne sachant pas où le garçon habitait, n'ayant jamais approché ne serait-ce que d'un kilomètre sa résidence d'enfance, Bea ne pouvait même pas franchir les limites et venir se présenter avec l'audace et la peur au cœur afin de retrouver son petit-ami. Et si une part d'elle tentait de la raisonner en imaginant une dizaine de scénarios possibles expliquant son silence, aucun ne semblait vraiment tenir debout. Plus que cela encore, au premier jour, son tuteur fut lui aussi absent. On ne lui présenta que de vagues excuses et une raison maladroite, mais Bea tiqua, parce qu'ils avaient des plans pour ce jour avec Miles et qu'elle savait qu'il l'aurait prévenu si c'était vraiment le cas. Après un mois à être sous sa tutelle, la rouquine commençait à bien cerner les habitudes de l'auror et s'inquiéta pour lui durant toute la journée. Les deux aurors qui la prirent sous leurs ailes semblaient d'ailleurs parfois ailleurs et préoccupées et Bea espéra véritablement que rien de grave ne se soit passé. Elle passa une nuit entière à s'inquiéter pour Caïn et revint au Ministère dès le lendemain matin avec l'intention de ne pas en repartir sans avoir réussi à trouver une réponse ou une solution, même brève. Miles n'est toujours pas présent, les aurors toujours aussi préoccupées, ce n'est qu'à la fin de sa journée que Bea ne voit enfin son soulagement – tout à fait temporaire – s'illustrer par une Hermione fonçant droit sur elle d'un pas déterminé et au regard soucieux. Elle lui explique qu'elle a eu des nouvelles de Caïn via Nott et qu'elle peut l'emmener là où il se trouve. Si Bea tique évidemment sur tout le processus et ce que cela sous-entendait, elle n'a pas le temps d'hésiter et quitte le Ministère en compagnie de son amie pour transplaner en direction de l'Ecosse. « est-ce qu'il donne d'autres détails dans sa lettre ? » elle réalise que sa voix tremble, que sa gorge est serrée et son anxiété ne fait qu'empirer quand Hermione lui fait non de la tête d'un air désolé. Elle a l'impression de ne plus réussir à correctement respirer Bea, qu'elle n'en sera plus capable un jour, du moins pas tant qu'elle n'aura pas retrouvé Caïn pour qui la peur qu'il ne lui ait arrivé quelque chose de grave ne fait que s'empirer à mesure qu'elles avancent sur un long chemin où au bout, de grandes grilles les attendent. Un elfe de maison les accueille une fois arrivées devant et elles n'ont même pas à se présenter qu'il leur ouvre l'entrée. Devant elles, un grand domaine verduré s'étend à perte de vue, un grand manoir posé en son centre tandis que tout autour les Highlands surplombent le tout. Le lieu est impressionnant, mais la lionne ne sait s'y arrêter et enchaîne les questions auprès de l'elfe de maison qui ne sait proprement pas lui répondre. Elle a pourtant l'impression de pouvoir s'effondrer à tout moment sous l'angoisse ressentie et ne sait pas comment ses jambes réussissent encore à la supporter tout le long du chemin jusqu'à la bâtisse de plus en plus impressionnante à mesure de leur avancée. Elle s'élève au dessus d'elles mais n'est pas plus grande que ses inquiétudes et Bea n'attend pas avant de se précipiter à l'intérieur. Elle distance Hermione, se perd dans un couloir qui lui semble logique. « Caïn ? » elle s'entend pleurer et réalise alors enfin ses larmes, elle a l'impression d'être sur le point de mourir tant qu'elle ne saura pas, tant qu'elle ne le verra pas. Culpabilisant de ne pas avoir été présente, ni là plus tôt, une terreur secoue son âme à l'idée qu'il ne soit plus et qu'elle l'ait perdu. Et sa manche essuie l'une de ses joues d'un geste rempli d'épuisement tandis qu'elle avance toujours le long d'un couloir aux grandes fenêtres zébrant son corps de la lumière d'un coucher de soleil. Elle se fige pourtant quand au loin, une silhouette se matérialise et qu'elle croit un instant qu'il s'agit de son petit-ami à cause de leur ressemblance. « Caïn ? » le ton rempli d'espoir, Bea se remet à courir mais s'arrête au bout de quelques pas en réalisant qu'il s'agit du détesté frère, de celui qu'elle avait promis à Caïn de ne plus revoir en la moindre circonstance, le même qui avait tenté de les séparer quelques mois plus tôt de la façon la plus méprisante possible. Que faisait-il là ? Elle ne comprend pas, refuse de comprendre car les frères se détestent, il ne devrait pas être présent, il ne devrait pas la regarder comme il le fait, comme si quelque chose s'était passé et qu'il savait tout mais que lui, il avait survécu. « what did you do.. » le murmure brise le silence comme son cœur se brise et Bea frémit de colère et d'une profonde peine à la fois en s'avançant vers lui et le repoussant de ses deux mains sur son torse. « WHAT did you DO ?! » rugit-elle en pleurant cette fois, persuadée que c'était de sa faute, persuadée désormais que quelque chose de grave était arrivé sinon il n'aurait pas ces ecchymoses sur le visage. Elle pleure à chaudes larmes Bea et ne contrôle plus ses émotions car la terreur embrasse son âme comme jamais. Son monde entier basculait.. et si Caïn était mort ?

Marcus est assis dans une pièce isolée du manoir Nott, perdu dans ses pensées. 48h sont passées depuis que l’aîné des Flint a débarqué en trombe au manoir qui l’a vu naître et grandir pour assister à une scène d’horreur. Les images de la violence qui a imprégné les lieux ne le quittent plus. Il revoit le chaos au sein du manoir, le corps de Caïn étendu par terre, le sang, la folie dans les yeux de leur père, la chute accidentelle de ce dernier dans les escaliers. Tous ces souvenirs provoquent des tempêtes de remords et de confusions en Marcus qui n’arrive pas à penser à autre chose depuis deux jours. Le traumatisme de la situation le hante et il se demande encore comment tout à pu dégénérer à ce point. Il se revoit se battre avec son père, le pousser, son corps dévaler les escaliers pour ne plus bouger et lui, se tenir en haut, paralysé par l’acte qu’il vient de commettre. S’il n’est pas mort, il gardera à jamais les stigmates de cette altercation, patriarche Flint condamné à errer dans un état végétatif pour le reste de sa vie, par la faute de son premier fils. Si son geste a permis de les sauver, Caïn et lui, Marcus n’en garde pas moins un souvenir affreux et devra maintenant vivre avec ce poids sur les épaules pour le restant de sa vie. Un cri lointain résonnant dans les couloirs du manoir attire l’attention de Marcus qui sort de sa torpeur et réalise que les jointures de ses mains sont blanches d’avoir trop serré l’accoudoir de son fauteuil. Il secoue la tête, se racle la gorge, passe une main sur sa barbe de trois jours et se redresse pour suivre l’origine du bruit. Quand il entend le prénom de son frère et reconnaît la chevelure rousse de la petite-amie de son frère, Marcus se fige sur place et cherche des yeux une échappatoire, une porte ouverte par laquelle s’enfuir pour ne pas subir cette confrontation mais avant qu’il n’ait pu faire quoi que ce soit, Bea est désormais bien trop proche pour qu’il puisse fuir. Le regard de la sorcière le fait vaciller, la culpabilité le submergeant déjà avant même qu’elle ne prononce un mot alors que sa simple présence suffit à raviver le souvenir des derniers jours, et le piteux état dans lequel était Caïn. Le murmure d’espoir dans sa voix quand elle appelle son frère déclenche même un nœud d’angoisse dans la poitrine de Marcus qui pose alors un regard désolé et lourd de sens sur Bea. Il ne sait pas quoi dire, ni comment, il ne sait pas comment réagir, et il assume qu’elle est déjà au courant de ce qu’il s’est passé et qu’elle vient le confronter pour lui reprocher de ne pas avoir réussi à aider son frère plus rapidement, de ne pas avoir fait plus pour lui. Peut-être même est-elle là pour lui reprocher le triste sort de son père, après tout, il l’a bien détruite sans la connaître, elle en aurait tous les droits à son tour. Alors qu’elle s’approche, Marcus sent bientôt les mains de Bea repousser son torse. Il ne cherche pas à se défendre. Il est même prêt à encaisser d’autres coups pour étouffer la douleur émotionnelle qu’il ressent. Le choc de cette réaction physique, le cri déchirant qui s’échappe d’elle, les larmes qui perlent sur ses joues, tout ça le frappe de plein fouet. La question accusatrice résonne dans l’air et il ne peut que rester là, les yeux empreints de confusion et de douleur, recevant la colère justifiée de Bea comme une pluie glaciale. « Je… » il s’étouffe avec les mots et doit faire l’effort de se racler la gorge et maitriser sa respiration pour arriver à prononcer plus de quelques mots. « Il.. Je voulais pas, je savais pas ce que je faisais. Il est juste… je voulais pas faire ça. » les mots sortent de sa bouche de manière confuse, l’aîné toujours hanté par la vision du père Flint, par l’image de la chute dans les escaliers. La confusion dans son regard reflète son tourment intérieur alors même qu’il croit que Bea parle de son père, et non de Caïn. « J’essayais d’aider Caïn, mais il voulait pas lâcher l’affaire, il continuait d’attaquer alors je l’ai poussé et.. » ses explications sont confuses, hachées et manquent cruellement de détails, mais il est entouré d’une brume depuis des jours et n’arrive pas à faire le tri dans ses pensées, si bien qu’il devient difficile de s’exprimer, de raconter ce qu’il s’est passé, d’autant plus quand il essaie de se débarrasser de tout ce qui le hante. « I thought I killed him. » il baisse les yeux sur ses mains et constate qu’elles tremblent. Il ferme alors les poings et se détourne de Bea pour ne pas montrer son trouble. « J’essayais juste de l’aider. » il souffle du bout des lèvres en secouant la tête. La scène se rejoue en boucle dans sa tête, et il n’a même pas conscience qu’il est sûrement en train d’embrouiller Bea encore plus en pensant qu’elle est déjà au courant du plus gros de l’histoire. Incapable de penser de façon rationnelle, Marcus renifle et se tourne vers Bea. Elle peut bien le détester et le mépriser, il le mérite un million de fois, mais pour une fois, et s’il est devenu un monstre en détruisant la vie de son père et qu’il se sent comme un naufragé au milieu d’une tempête émotionnelle, il n’est pas le plus grand méchant de cette histoire-là et s’est montré allié plutôt qu’ennemi pour un frère qu’il a passé tant de temps à essayer de détester.

Ce n'est pas Caïn qui se trouve devant elle, ce n'est que son traitre de frère, ce n'est pas l'amour de sa vie mais bien celui qui a mis fin à ce dernier. Et elle a l'impression de manquer d'air Bea, que tout son monde s'écroule tandis qu'encore maintenant qu'il bégaie face à elle, la sorcière refuse d'y croire. N'aurait-elle pas senti que le dernier souffle de celui qu'elle aimait s'était expiré quelque part sinon ? Ce pressentiment qui sommeillait au sein de sa poitrine depuis quarante-huit heure et qui s'était transformé en sourde peur ne pressentait pas la mort et elle ne voulait pas imaginer que Caïn n'existe plus. Alors elle en a soudain un violent tournis car son monde n'a plus de sens et que ses jambes manquent de peu de ne plus la soutenir, se retenant au mur à ses côtés d'une main le temps de se remettre mais comment le pourrait-elle vraiment un jour si c'était bien le cas ? Marcus se tient face à elle et au delà de ses mots, c'est la lueur dans son regard qui la perd, celle qui l'accuse du pire des actes et de sa propre perdition. Comment avait-il pu ? Tuer son propre frère. Histoire biblique se répétant sauf que c'est l'inverse cette fois qui a lieu et elle ne comprend pas Bea, comment c'est possible. « Caïn attaquer ? » sa voix se brise, elle ne comprenait pas comment tout cela avait pu arriver, le déroulé de toute ce tragique événement tandis que son regard bleu pâle s'ancre au brun face au sien. Hanté par la mort, la déchéance d'une famille et l'irréparable, ses mots qui la font frissonner d'effroi. « you killed him. » répète t'elle comme dans un écho loin, très loin d'elle tandis qu'elle perd pied à la réalité et titube en quelques pas en arrière. S'éloignant du tueur, de celui qui avait tué son âme sœur, qui murmurait de piètres excuses pour justifier ses actes et dont les mains tremblaient. Elle le regardait avec effroi, le teint livide si bien qu'on aurait pu croire qu'elle figurait elle aussi de l'autre côté du voile à déjà côtoyer les morts. Bea n'arrivait pas à croire que plus jamais elle ne pourrait regarder Caïn dans les yeux et admirer son sourire, se blottir dans ses bras et l'enlacer le plus fort possible, l'entendre rire, l'aimer. Elle pense à tout ce qu'elle n'a pas pu vivre avec lui, à tout ce qu'elle ne pourra jamais lui dire, à tout ce qu'ils ne réaliseront jamais ensemble. Le cœur qui tambourine si fort qu'elle n'entend plus rien, sa poitrine qui la fait souffrir comme jamais elle n'avait souffert avant. « how could you.. he was your brother ! » sa voix se casse à la conjugaison passée pour qualifier celui qu'elle venait de perdre tandis qu'elle observe les mains de Marcus, tremblantes, coupables. « i hate you. » murmure t'elle au frère déchu qu'elle ne pensait pas pouvoir plus détester qu'avant jusqu'à ce jour. Il lui avait pris la personne la plus importante de sa vie, il lui avait tout pris, sa paix, ses espoirs, son avenir, son amour, une partie d'elle. Et elle ne savait pas vraiment Bea comment elle allait réussir à y survivre, si même le désirait-elle.

Il y a un million d’autres endroits où Marcus préférerait être en cet instant et au moins un bon millier d’autres personnes qu’il affronterait volontiers à la place de Bea. Il est encore tant chamboulé par les récents événements qu’il n’arrive pas à penser de façon rationnelle ou à rester alerte. Ses pensées partent dans tous les sens, s’entremêlent et forment des nœuds qu’il n’arrive pas à démêler, si bien qu’il a du mal à s’exprimer et à se faire comprendre. Alors, tout ce qui sort de sa bouche est confus, désordonné. Ses phrases sont hachées, entrecoupées par des millisecondes d’hésitation durant lesquelles il revoit les événements se jouer devant ses yeux. Hanté par des souvenirs qui le rongent et qu’il aimerait pouvoir effacer d’un oubliette, il en vient à se prononcer maladroitement, à faire un récit désordonné à Bea sur les événements. Il ne se pose même pas vraiment la question de savoir ce qu’elle sait ou non, elle est là et il pense qu’elle est au courant, alors les mots s’échappent et sa confusion avec, révélant combien il est encore bouleversé par tout ce qu’il s’est passé. Seulement il ne voit pas immédiatement la réaction de Bea et quand il pose les yeux sur elle, il ne comprend pas tout de suite ce qu’il lui arrive. De sa voix brisée à la façon dont elle titube en arrière, jusqu’à la lueur dans son regard qui semble exprimer une peine infinie, il voit son trouble mais ne le comprend pas jusqu’à ce qu’elle l’accuse de l’avoir tué. Il fronce les sourcils et cligne des yeux, sans vraiment saisir ce qu’elle veut dire. Ce n’est que lorsqu’elle mentionne Caïn au passé qu’il fait le rapprochement et comprend que tout n’est qu’un vaste malentendu. Seulement sa gorge est prise dans un étau et il est incapable de rectifier le tir, même lorsqu’elle lui murmure toute la haine qu’elle éprouve pour lui. Il est comme au ralenti, Marcus, toujours paralysé par des émotions qu’il ne comprend pas et n’arrive pas à démêler, à part cette vive douleur qui le transperce. À l’heure actuelle, Caïn pourrait être mort. S’il n’avait pas répondu à son appel où s’il était arrivé quelques minutes plus tard, Caïn ne serait plus. Cette constatation le frappe de plein fouet, plus fort encore que lors de l’affrontement et lorsque le cadet était inconscient par terre. Il aurait pu perdre son frère, et cette simple idée l’empêche de respirer en plus de lui tordre le cœur dans tous les sens. Ils se détestent, se déchirent, ne savent plus être des frères depuis longtemps, mais la vie sans Caïn n’a pas d’intérêt, il ne veut pas le concevoir. Mais Caïn est en vie, et quand cette nouvelle pensée le frappe, il arrive miraculeusement à faire entrer à nouveau l’air dans ses poumons avant de poser le regard sur Bea. Malgré l’évidente confusion qui continue de lui serrer la poitrine, il sent l’urgence de la situation et se rapproche d’elle pour l’attraper par les épaules, quitte à se faire frapper, insulter, cracher à la figure ou même pire encore - ne le mérite-t-il pas de toute façon ? « Has- Bea, tu dois m’écouter » il voit son teint livide, et une pointe de culpabilité vient se loger dans sa poitrine. « Caïn is not dead. He’s alive. » il s’assure qu’elle saisisse bien le message, répète même un « He’s alive » à voix basse avant de la lâcher pour s’éloigner. « Notre père, il.. » sa gorge se serre, les mots se bloquent dans sa gorge tant c’est douloureux de penser à lui, de le nommer comme leur père. « Ils se battaient. Il était… » tout est toujours confus et désordonné, mais il se force à mettre de l’ordre dans ses pensées, au moins pour une minute, pour arriver à ordonner son récit. « Il était presque inconscient quand je suis arrivé. C’est lui qui m’a appelé. » il insiste sur ce point pour lui faire comprendre qu’il n’est pas l’ennemi. « Je me suis battu avec notre père. » il se détourne quand il fait cet aveu, et s’approche d’une fenêtre pour l’ouvrir et respirer l’air de dehors. Il ne peut pas la regarder en disant ça, il en est incapable. « He had gone mad. It went bad at some point, and I pushed him down the stairs. I thought I killed him. Turns out he’s alive, but not really » il ferme les yeux en essayant de refouler les souvenirs, mais rien n’y fait. Il est conscient qu’il donne toutes les armes à Bea pour se venger de ce qu’il lui a fait quelques mois plus tôt. Elle pourrait le dénoncer, le torturer, mais il révèle quand même cette partie de l’histoire. « I didn’t try to kill Caïn, I was trying to help him. I only wanted to protect him. » et c’est difficile à croire, parce qu’il n’a jamais été le bon frère, mais jamais il n’aurait pu se résoudre à un tel acte. « Cain is alive.» il répète une fois de plus, cette fois en se tournant vers elle. Il hésite une seconde, mais finalement, il montre du menton le couloir devant eux. « Tu veux le voir ? Je peux t’amener à sa chambre. » il sait qu’elle a sûrement pas envie de supporter sa présence plus que nécessaire, lui-même a du mal à se supporter, mais il peut faire ce dernier effort. Il détourne à nouveau les yeux comme s’il avait entendu un bruit - ce qui est plutôt une excuse pour ne pas avoir à affronter son regard - et il baisse la voix pour marmonner un : « Désolé, j’voulais pas te faire peur. J’ai… Je suis… bref. » il peut pas expliquer combien il est lui aussi traumatisé, combien il a été blessé, combien il n’arrive pas à oublier. Il peut simplement faire ce dont il a si peu l’habitude, s’excuser sincèrement pour quelque chose qu’il n’arrive pas à contrôler.

Elle a l'impression que son monde s'effondre et elle n'arrive pas totalement à y croire, Bea, au fait que son amour se soit éteint. Car elle ne conçoit plus son monde sans lui depuis de nombreux mois maintenant, parce qu'il était tout simplement impossible qu'elle ne puisse plus un jour ancrer son regard au sien, lier son âme à la sienne. Elle ferme les yeux douloureusement en se remémorant son sourire, sa présence et en refusant de croire qu'elle l'avait perdu. C'était tout simplement impossible et elle perd pied Bea, sens de toute chose en accusant le coup sans tout à fait accepter que cela puisse être véridique. Des mains se pressent à ses épaules, elle en avait presque oublié la présence de celui qui lui avait arraché Caïn mais ses mots forment un sens nouveau et un moment, la sorcière ne sait pas si elle a basculé dans l'irréel pour réussir à soutenir l'insoutenable ou si il s'agit de la vérité. Caïn vivant et ses larmes qui dévalent aussitôt ses joues, brisent la barrière de ses yeux déjà rouges et embués d'une émotion débordante, qu'elle ne maîtrise plus tandis que Marcus lui répète qu'il est en vie. Un soulagement pourtant craintif de faire face à de nouveaux mensonges l'emplit mais n'est pas aussi puissant que le sentiment de pouvoir respirer à nouveau, d'espérer. Elle tremble Bea et étouffe un sanglot contre la main qui s'est relevée jusqu'à son visage, l'ascenseur émotionnel beaucoup trop violent pour la sorcière qui ne saisit qu'à moitié les prochains mots auxquels pourtant elle s'accroche pour ne pas s'effondrer sous l'émotion. Et Marcus lui dévoile une vérité à laquelle la rouquine ne s'attendait pas tandis qu'elle réalise ce qui a pu se passer entre le père et son fils, un combat qui dérape, qui blesse et violente celui qu'elle aime. Son cœur s'étreint alors de peur aux détails que l'aîné lui délivre, surprise d'entendre que Caïn lui même l'a appelé, qu'il s'est lui aussi battu avec leur père tandis qu'il prend de la distance avec elle jusqu'aux fenêtres. Bea qui reste interdite en l'entendant lui avouer qu'il a pensé l'avoir tué, toute aussi surprise de ne pas réussir à ressentir la moindre compassion pour cet homme devenu monstre et ne le méritant pas, qui n'était plus tout à fait en vie à présent. Et peut-être était-ce une bonne chose, mais à quel prix alors que les séquelles sur ses fils étaient forcément lourdes. Ses mains entourent ses propres bras comme pour se soutenir, s'enlacer après l'épreuve d'un cœur en péril retrouvant difficilement consistance tant qu'elle ne l'aura pas vu, celui qui se nommait désormais espoir, celui que Marcus avait tenté d'aider et de protéger. Et sa gorge se barre de toute l'émotion qui s'accumule, Bea qui ne réalise pas encore entièrement combien Marcus avait sauvé son frère et ce qui en avait résulté, qui ne sent pas encore son monde tourner comme avant sans qu'elle n'ait pu confirmer la survie de Caïn de ses propres yeux. Alors elle acquiesce hâtivement à sa proposition, regain d'espoir qui l'enlace, des excuses qu'elle ne lit pas dans son regard parce qu'elle le fuit et pour une fois, pour la toute première fois Bea qui ressent de la compassion envers celui qui lui fait face. Mais il est trop tôt pour y arriver véritablement, pour le réaliser pleinement tandis que de simples mots dépassent la barrière de ses lèvres encore tremblantes, les seuls qu'elle est capable d'énoncer depuis ces dernières minutes. « Caïn, je veux voir Caïn s'il te plaît. » elle en a besoin pour continuer à respirer, à apaiser son cœur et son esprit, à attester de ses propres yeux la vérité. Ses jambes qui s'activent à la suite du serpent sans qu'elle ne sache bien comment, elle qui n'était plus que tout juste entière. Son cœur bat fort au sein de sa poitrine à mesure de son avancée vers la chambre car elle ne sait pas dans quel état elle va retrouver celui pour qui elle ressent tout, celui qui ne méritait clairement pas toute cette violence et lorsqu'alors Marcus fait coulisser la porte pour l'inviter à y entrer, son souffle se retient. Le corps de Caïn repose dans son lit et règne dans la pièce des odeurs témoignant des diverses crèmes et concoctions qui ont pu lui être administrées. Au delà des bandages qu'elle voit entourer ses membres, c'est son regard qu'elle recherche et il ne faut guère plus de secondes avant que Bea ne s'élance en sa direction pour l'enlacer avec délicatesse mais dévouement. Ses chaudes larmes mouillant le tissu contre lequel elle se blottit, la chaleur de son petit-ami qu'elle retrouve. Il était en vie. « j'ai cru- j'ai cru t'avoir perdu. » elle sanglote sans pouvoir rien y faire ni maîtriser ses émotions tandis qu'un profond soulagement l'envahit. Et elle ressent la vive douleur qui l'avait déchiré un peu plus tôt s'apaiser, peu à peu effacer les dommages que ça avait pu faire en elle. C'est pourtant à partir de ce jour que Bea continuera jour après jour de formuler une crainte qui lui sera sans doute éternelle, celle de perdre son amour, son Caïn.


Sous l'attention de celui qui avait tenté de les séparer, Bea se recule légèrement pour ancrer son regard à Caïn lui faisant face. Elle est rassurée par l'éclat chocolat qu'elle aimait tant et ses mains remontèrent jusqu'à ses joues qu'elle entoura d'un geste tendre. Elle lit tout ce qu'il ne dit pas à travers le brun de ses yeux, ce qu'il pourrait formuler mais ne le fera peut-être pas entièrement pour la préserver, elle le savait d'avance. Elle le sait parce qu'elle le connaît, son cœur, son âme et son esprit le connaissent, connaissent les leurs et là à ce moment précis, Bea sait. Elle le sait depuis un bon moment déjà, combien elle est attachée à lui, combien sa vie ne peut plus avoir de sens si il n'y figure pas. Elle sait qu'il est sa vie maintenant et que jamais elle ne le regretterait parce qu'il était tout Caïn et plus encore. « Je t'aime, si tu savais combien je t'aime. » cœur qui s'affole au sein de sa poitrine car enfin il peut délivrer sa vérité. Bea qui n'avait pas attendu ce moment terrible pour le savoir mais qui savait qu'il était important qu'il le sache, qu'elle lui dise. « Je t'aime. » répété d'une sincérité qui la fait frissoner tandis que de silencieuses larmes glissent à nouveau le long de ses joues, des larmes d'un soulagement irréel car son amour avait survécu.

Il se sera passé quelques heures avant que Bea n'accepte de quitter les côtés de Caïn pour quelques minutes seulement. Lorsqu'une silhouette reconnue aura été aperçue marchant dans le couloir à l'extérieur de la chambre du blessé et c'est à ce moment que la sorcière aura eu un nouveau sursaut du cœur. Bea qui allait mieux maintenant, après l'épreuve douloureuse menée par l'incompréhension mais surtout la réalité d'une violence détestable. Seulement Caïn avait survécu et Marcus en était la raison et c'est sans doute pour cela qu'elle délaisse le premier quelques minutes seulement. « je reviens. » confié tendrement après que son pouce n'ait caressé tendrement le dos de sa main. Elle s'avance en dehors de la chambre et n'attend pas avant d'interpeller l'aîné. Il a les épaules qui semblent si lourdes, le même air que plus tôt sur le visage que Bea discernait beaucoup mieux à présent, il supportait une lourde culpabilité et elle pouvait comprendre, même si c'était un tout autre sentiment qui l'emplissait finalement. « je- Merci. » sa voix est portée d'émotion, si Bea ne s'avance pas pour l'enlacer, elle ne lui a jamais offert un regard aussi compatissant et positif qu'à cet instant. Les choses avaient été si compliquées entre eux depuis leur première rencontre, mais elles n'avaient jamais été aussi claires qu'à cet instant. « Merci de l'avoir sauvé, d'avoir fait le bon choix. » c'était important à ses yeux, même si le dénouement avait mené à la fin d'une vie d'une certaine façon. « Sans toi rien n'aurait été pareil. » et il fallait qu'il le sache, qu'il n'était pas seulement le fils ayant vaincu le père mais bien le frère ayant sauvé le sien, qu'il avait fait le meilleur choix, quoi qu'il en pense.

Ses yeux n'avaient pas tardé à se refermer après la visite et discussion importante avec Theodore et Caïn ne savait pas vraiment combien d'heures il s'était endormi, toujours un peu groggy par les nombreuses potions avalées afin de le maintenir en vie. Il y avait son corps qui lui faisait un mal de chien, son cerveau embrumé par les derniers évènements et sa mémoire lui jouant des tours, il eut l'impression en se réveillant à peine, d'entendre des éclats de voix de l'autre côté de la porte. Pendant un instant il se crut de retour au manoir des Flint, là tout s'était déroulé, là où sa tête ne cessait de le ramener encore et encore quand toutefois elle se rappelait y avoir été, s'y être battu et avoir perdu connaissance en plein milieu d'un duel qu'il aurait certainement perdu sans l'intervention de son frère. Il hésita à fermer à nouveau les paupières et se laissait emporter par les songes - bien que l'inconscience aurait été préférable - mais quelque chose le retint au présent, à cette chambre qui n'était pas la sienne mais dans laquelle il trouvait un certain réconfort depuis son arrivée, et Caïn essaya de revenir à lui pour se concentrer sur les cris dans le couloir. Il aurait voulu se lever de son lit pour aller voir de quoi il en était mais il en était incapable et le Nott lui avait dit que cela prendrait même plusieurs jours avant que le serpent puisse bouger sans difficultés. Il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre et heureusement après quelques minutes, la porte s'ouvrit sur les visages de son frère et sa petite-amie, Bea qu'il avait fait prévenir en urgence sans savoir si elle viendrait aujourd'hui ou le lendemain. Bea qui était là et éclipsait la présence de Marcus à côté que Caïn regarda à peine, Bea à qui il avait pensé au moment de sombrer parce qu'elle était sa principale raison de rester en vie, « Bea » qui lui échappa à l'instant où leurs iris se rencontrèrent, les yeux océans de la rousse brillant d'une étincelle particulière et les larmes qu'il remarqua avoir coulées le long de ses joues. Son palpitant rata un battement, peut-être deux, et il dut prendre une inspiration pour ne pas totalement craquer lorsqu'elle atterrit dans ses bras et qu'il la serra le plus fort possible contre lui. Elle était là et c'était tout ce qui comptait désormais. Il en oublia ses blessures et bandages, ses douleurs aussi pour ne penser qu'à elle, à la sensation de la tenir à nouveau contre son coeur, de sentir son parfum, au sentiment de l'aimer plus encore qu'il ne l'avait fait jusqu'à maintenant. « Je suis là » répondit-il à ses paroles, l'émotion lui bloquant la gorge à un point où il ne savait même pas comment il avait pu réussir à parler. Il ne la lâcha pas, Caïn, se décalant seulement pour lui faire une place près de lui, là où elle demeurerait toujours. Ça avait été lui contre son père ce soir mais c'était elle et lui contre le monde entier comme il le répétait souvent. Il y avait eu Mulciber et ses amis, il y avait eu Augustin et il y aurait sans doute d'autres personnes après eux, ce qui le terrifiait, mais à ce moment précis il n'y avait qu'eux. Incapable de la sentir lui échapper encore, elle fut celle qui se redressa pour accrocher son regard brun, les milliers de choses qu'il voulait dire mais qu'il ne parvint pas à sortir parce que c'était trop, trop traumatisant pour en parler maintenant, trop horrible pour qu'il puisse un jour lui conter les détails de cette terrible soirée, trop à supporter pour lui pour qu'il n'ose lui transmettre cette charge. Bea qui comprenait, il en était persuadé, alors que les mots qui sortirent de sa bouche eurent le mérite de faire taire ses neurones et l'ébahir, ce bouclé qui ne s'attendait pas à les entendre, qui avait simplement laissé le temps à sa lionne de digérer sa déclaration d'il y a quelques semaines. Caïn resta interdit, pas parce qu'il avait mal entendu mais trop bien entendu plutôt, ses yeux s'écarquillèrent certainement à cette révélation et son coeur s'offrit un looping incroyable dans sa poitrine. Il y eut un soupir qu'il qualifia de soulagement, ses sentiments qu'elle lui retournait depuis longtemps, il le savait, mais lui entendre dire rendait ceux-ci plus concret, plus réels, et son amour plus solide encore. Elle le répéta et ses mains trouvèrent les joues de sa petite-amie pour essuyer ses larmes, le « Je t'aime aussi » qui s'accompagna d'un petit rire, de joie, d'apaisement, d'émotions aussi, de tant de sentiments inexplicables qu'il pensa que son coeur allait déborder. Est-ce que c'était possible, d'ailleurs ? « Je t'aime et rien ne pourra jamais changer ça » confia t'il encore, litanie de je t'aime qu'il retenait comme il s'était retenu jusque là de le répéter quand elle n'était pas prête à le dire et qu'il avait respecté ça. De ses mains il approcha le visage de la rousse du sien et scella leurs lèvres dans un baiser doux, tendresse qu'il n'avait toujours que pour elle, sa petite-amie, sa Bea, son âme-soeur, la plus belle partie de lui et de toute sa vie. Ses bras se resserrant autour d'elle tandis qu'elle posa sa tête sur son torse, au niveau de coeur, il sentit les battements plus réguliers lui revenir et savait que la lionne avait besoin de l'entendre sous son oreille. « Je suis désolé de t'avoir fait peur » dit-il en écho à ses paroles en rentrant dans la pièce, quiproquo avec Marcus qu'il ne soupçonnait absolument pas pourtant et encore moins l'enfer que cela avait été de croire qu'il avait disparu sous les coups de son paternel. « Désolé d'avoir failli te quitter comme ça » Ce comme ça qu'il n'éluda pas, qui apporta avec lui un énième vague de colère et de tristesse, de peur aussi, tellement qu'il fut ravi qu'elle ne le regarde pas à ce moment précis. D'une main distraite il caressa le long de son bras, semblant un peu plus apaisé maintenant qu'elle était là. Il ne dormit pas mais se reposa en lui demandant de lui raconter sa journée, son stage et tout ce qu'il avait manqué ces derniers jours jusqu'à ce que la sorcière se relève en voyant Marcus passer dans le couloir et Caïn la laissa y aller, non sans cacher ses grimaces quand il se redressa légèrement après son départ. Il aurait aimé voir ce qu'elle faisait et entendre ce qu'elle disait mais il lui faisait confiance, le serpent, et Bea lui revint à peine quelques minutes plus tard. C'était trop long, évidemment, et il l'accueillit avec un nouveau plaisir non-dissimulé dans son lit, la question au bout des lèvres. « Tout va bien ? » Tout n'allait pas bien, en attestait son état et peut-être, celui de son frère, mais elle comprendrait ce qu'il voulait dire. Il attendit encore de longues secondes avant de lâcher : « Il est venu » sur un ton toujours aussi surpris que perplexe, parce que c'était encore étrange de le réaliser, de concevoir qu'il lui avait sauvé la vie après tant d'années à se détester. Perdu dans ses pensées concernant son aîné, il reprit finalement en sentant la gryffondor bouger et chercher, peut-être, une place plus confortable. « Tu peux rester encore un peu ? » Et il abusait sans doute parce qu'elle était là depuis des heures déjà mais il avait besoin d'elle, de sa présence, et il savait que ce sentiment ne s'estomperait pas. Ni aujourd'hui, ni demain. Jamais.

Le temps l'aiderait sans doute à se défaire de la peur qui emprisonnait son cœur, mais même là dans les bras de son amour, Bea ne parvenait pas tout à fait à trouver l'apaisement. Plus le temps passait et plus la sorcière attestait des blessures qu'il possédait et dans l'état dans lequel il était, plus elle comprenait qu'elle aurait pu ne jamais plus le revoir. Et la terreur qui avait secoué son âme quelques heures plus tôt peinait à s'effacer véritablement, Bea restait dans un état d'urgence interne sans réussir à trouver le moindre repos sauf lorsqu'elle était tout contre lui, dans ce lit prêté qui les accueillait. Quand ses bras l'entourait et qu'elle pouvait tout simplement se blottir contre lui en l'enlaçant tout aussi fort, renouveler son aveu d'amour qu'elle n'avait plus peur de lui dédier et que Caïn lui rendait. Tout aurait pu être parfait, si la tragédie n'avait pas tenté de porter atteinte à la vie de celui qu'elle aimait. Bea qui ne parvient pas à s'assoupir auprès de lui mais désire qu'il y arrive pourtant, à se reposer, se remettre de tout cela. Ils discutent alors longuement avant qu'elle ne s'éclipse pour le couloir du manoir dans lequel ils étaient et qu'elle oubliait parfois tant elle se concentrait sur Caïn. Et c'est parce qu'elle le faisait que la sorcière arrivait à mettre de côté toute l'animosité qu'elle ressentait envers le frère aîné et d'autant plus réaliser le sacrifice, la part qu'il avait joué dans tout cela. Il avait sauvé Caïn et pour cela, Bea lui en serait éternellement reconnaissante. Alors elle revient à peine quelques minutes plus tard vers celui qui comptait le plus et c'est comme avec un besoin de respirer qu'elle le fait, de retrouver son souffle, sa paix en revenant à ses côtés, dans son lit. Bea acquiesce à sa première question tout en se lovant un peu plus contre lui et puis se fige, lorsque Caïn parle de la venue de son frère. Elle aussi avait été surprise et l'était toujours. « parce que tu l'as appelé. » et c'était tout aussi surprenant mais important, finalement, que Caïn le réalise aussi. Marcus avait répondu à l'appel de son frère quand bien même ces deux là se détestaient en apparences, aujourd'hui Bea n'était plus vraiment certaine que la haine soit qualifiable au sein de cette relation fraternelle. Sa gorge se resserra à nouveau à l'idée qu'elle aurait pu le perdre et elle ferma les yeux pour ne pas qu'il voit à quel point elle était encore troublée, pour refreiner ses émotions négatives qui lui revenaient parfois par vagues sans qu'elle ne s'y attende. « je ne compte partir que lorsque j'en serai obligée. » lui assurait-elle à demi-voix tandis que les bras de Caïn se resserraient à nouveau autour d'elle, Bea que personne n'attendait chez elle, qui se trouvait auprès de celui qui possédait tout d'elle. Elle resterait jusqu'à ne plus pouvoir, parce qu'il préférerait peut-être plus d'espace ou pour partir à son stage au Ministère, mais elle resterait autant qu'il le voudrait. Et c'est un peu ce qui se déroula au fil des jours suivants tandis qu'elle ne loupait pas une occasion de rester au manoir auprès de lui quand elle n'était pas au bureau des aurors, s'assurant qu'il se rétablisse bien, qu'il survive malgré tout ce qu'il avait subi. Il était le plus fort qui soit Caïn et elle l'aimait tant qu'elle ne pouvait imaginer un seul instant sa vie sans lui.