Elle courait partout depuis près d'une heure, Hermione, des dossiers de parchemins pleins les mains et des ordres pleins la tête qu'elle semblait avoir du mal à gérer si on en croyait son regard affolé et son allure légèrement négligée. Elle n'aimait pas avoir l'air de ne rien maîtriser, elle qui trouvait un système d'organisation pour tout et n'importe quoi mais elle était débordée aujourd'hui, depuis des jours mêmes et elle avait l'impression que ce supplément de tâches amusait grandement son tuteur. Plus d'un mois qu'elle avait commencé son stage au ministère et si la lionne pouvait se vanter d'en connaître la plupart des étages, cela était uniquement à cause des trop nombreux aller-retour qu'elle faisait pour son patron. Il l'envoyait partout et nulle part à la fois, lui confier les missions les plus ardues qui soient et se plaisait à la rabaisser quand, comme en ce moment, elle se noyait sous sa pile de travail. Elle l'avait aussi entendu parler d'elle avec d'autres collègues sans cacher le fait qu'il la trouvait insipide seulement c'était les remarques plus déplacées et les commentaires dénigrants qui la mettaient hors d'elle sans qu'elle ne fasse quelque chose pour autant. Le Bulstrode était son supérieur, ce qui n'aurait pas dû l'arrêter et elle en avait conscience, cependant quelque chose l'empêchait de réagir comme elle l'aurait fait avec n'importe quel autre idiot la prenant de haut. Une partie d'elle avait l'impression de voir un rêve s'effondrer en suivant ce stage, en encaissant ce que le sorcier lui faisait subir, parce que si elle avait su que ce serait difficile pour elle de se faire accepter par ses congénères à cause des différences d'opinion et de valeur, Hermione n'avait pas imaginé que ce soit aussi dûr. Mais elle n'avait que dix-neuf ans après tout, aucune expérience en monde professionnel en plus de vivre dans le Londres moldu quand elle n'était pas à Poudlard et c'était certainement ce qui rendait cette transition si compliquée. Elle n'avait pas su à quoi s'attendre, recevant simplement des encouragements de la part de ses proches, ceux-là mêmes à qui elle n'avait pas parlé de tout ça pour ne pas les inquiéter. La Granger avait pensé que le temps arrangerait les choses, qu'en montrant à son tuteur de quoi elle était capable il prendrait la peine de s'intéresser vraiment à elle mais elle en était loin et désormais, c'était l'envie d'abandonner, de tout abandonner, qui prenait place dans sa tête. C'était stupide, certainement, et ça ne ressemblait pas du tout à la gryffondor portant fièrement les qualités et valeurs de sa maison mais elle ne pouvait empêcher les doutes de l'assommer surtout quand le Bulstrode s'efforçait de lui rappeler sa position - inutile selon lui - de stagiaire et plus généralement, la place où il la voyait. L'expression fatiguée de la née-moldue remplaçait la plus irritée à son début de stage et aujourd'hui, elle était plus désabusée, découragée et surtout défaitiste qu'autre chose. L'heure de sortie sonna et elle en fut soulagée, Hermione qui attrapa sa cape de sorcière à glisser par-dessus ses vêtements et quitta le bureau, ne remarquant pas que son tuteur la suivait sans doute pour rentrer également - il n'était pas le plus travailleur des sorciers si on lui demandait son avis. Au moment où elle bifurqua pour prendre l'ascenseur, la référente tomba sur un visage connu qui attendait aussi devant la cage et si elle était étonnée de voir Ophelia en ses lieux, elle lui offrit pourtant un signe de tête de loin et les prémices d'un sourire avant que Bulstrode Sr, dans son dos, lâcha un « Tu ferais mieux d'arriver en avance demain Granger, j'ai une réunion et quelqu'un doit prendre des notes. Tu peux bien servir à ça, n'est-ce pas ? » Elle se retint de rétorquer qu'une plume ensorcelée pouvait faire ce job mais la manière dont il cracha les derniers mots la stoppèrent dans son élan. Elle le laissa s'éloigner, très loin, en ne disant rien et évita le regard de la Burgess une fois à sa hauteur non sans la saluer quand même amicalement d'un « Ophelia » et d'un sourire qui n'atteignit pas totalement ses lèvres. Elle tenta de garder la face malgré la situation, se raclant la gorge avant d'ajouter « Qu'est-ce qui t'amènes au ministère ? » question se voulant naturelle. En entrant dans l'ascenseur pourtant, elle relâcha un long soupir, à la fois peiné et désespéré. Avant que la vipère ne puisse relever ce qu'elle avait entendu, Hermione la devança en espérant paraître la plus détendue possible. « Je ne suis pas tombée sur le tuteur le plus agréable du département mais au moins je suis là où je voulais être » Les créatures magiques lui tenaient à coeur après tout, c'était la seule chose qui rendait toute cette paperasse un minimum plaisante - elle pouvait s'attarder sur les failles et les retenir pour l'avenir. « Est-ce que tout se passe bien de ton côté ? » Une interrogation tout à fait cordiale parce que certes elles n'étaient pas amies mais elle savait que Theo tenait beaucoup à la Burgess - sans connaître tous les détails - et si personne ne le savait encore, lui-même y compris peut-être, Hermione tenait beaucoup à Theo. A la pensée du référent avec qui les bons moments - et secrets - s'étaient multipliés les semaines précédentes, elle dut retenir un vrai sourire cette fois et même ses doigts de venir se poser sur ses lèvres au souvenir intact de leur dernier baiser volé.

Un soupir quitte ses lèvres alors qu’elle quitte le bureau de l’avocat qui venait de l’interroger, agacée d’avoir perdu tant de temps pour rien. Les questions posées sur son père et l’affaire en cours avaient été rencontrées avec un stoïcisme qui semblait déstabiliser le sorcier face à lui, probablement parce qu’il s’était imaginé qu’elle ferait tout pour libérer son père, y compris tomber dans ses pièges les plus ridicules. Il ignorait qu’Ophelia se moquait bien du sort réservé à son paternel, qu’elle espérait même qu’il croupisse à Azkaban jusque la fin de ses jours pour avoir osé porté atteinte à sa relation avec son jumeau – ce qui était bien pire à ses yeux que de l’avoir blessé physiquement ou d’avoir tenté de la manipuler après des années passées à prétendre qu’elle n’existait pas. Il n’y avait à ses yeux aucun affront plus grave que celui de se mettre entre son frère et elle alors elle ne comptait pas faire le moindre effort en la faveur de son géniteur. De toute façon, ce n’était pas comme si elle pouvait faire grand-chose. Elle avait passé des années à vivre sans son père, des années à se complaire dans une amertume qui la poussait à considérer l’homme comme un vulgaire inconnu. Alors l’avocat pouvait chercher compassion et affection au sujet du Burgess ailleurs. Ce n’était pas auprès d’elle qu’il obtiendrait quoi que ce soit, pas même des miettes d’attention. Cet entretien n’avait été qu’une perte de temps alors qu’elle aurait pu déjà être rentrée à Poudlard, ce qu’elle n’avait de cesse de se dire alors même qu’elle attendait l’ascenseur. A quelques mètres d’elle, elle aperçoit Hermione à qui elle offre un sourire sincère. Si elle n’était pas forcément proche de la lionne, elle avait apprécié le moment qu’elles avaient partagé et qui lui avaient permis de monter dans son estime – ça et aussi parce qu’elle savait que son meilleur ami l’appréciait plus que comme une simple amie. Ophelia n’a pas le temps de lui adresser la parole que Bulstrode arrive derrière Hermione pour lui parler en employant un ton et des paroles que la sang-pur n’apprécie pas. Son attention est alors dévouée au vieux sorcier, à l’éclat satisfait dans ses iris en réalisant que la née-moldue ne lui répondrait pas, au rictus méprisant qu’il adressait à la lionne. Elle n’aime pas ça, l’américaine, n’aime pas voir la satisfaction évidente qu’il éprouve à maltraiter ainsi la sorcière. Quand leurs regards se croisent, elle le soutient, son regard bleu qui ne dévie pas alors que Bulstrode s’attendait sûrement à un signe de respect de la part de sa cadette – respect qu’elle n’éprouve pas un instant pour lui. Il finit par s’éloigner et son attention entière est dévouée à Hermione qui semble vouloir agir comme si rien n’était arriver. « De la paperasse inutile et ridicule. » se contente-t-elle de dire. Car c’était à cela qu’elle réduirait tout ce qui avait attrait à son père – à des papiers, à des faits inutiles dont elle avait choisi de se moquer. Son regard se pose sur elle alors qu’elle semble minimiser comment son tuteur venait de la traiter, sang d’Ophelia qui fait un tour pour elle – elle devrait s’offusquer, rugir comme savait le faire les membres de sa maison. « Tout se passe bien. Je dois avouer que j’ai de la chance d’avoir Olivia comme tutrice, elle me pousse à être la meilleure version de moi-même. » dit-elle avec un sourire spontané et sincère. Si elle pouvait facilement admettre qu’elle avait voulu passer son stage au sein d’un journal, elle découvrait aux côtés d’Olivia qu’elle pouvait être elle-même sans qu’elle ne cherche à la museler ou la contrôler, ce qui était rafraîchissant comparé à d’autres sang-purs qu’elle avait côtoyé. Alors que l’ascenseur arrive à leur hauteur et que les sorciers auprès d’eux s’y ruent, Ophelia retient Hermione doucement mais fermement par le bras. « On prendra le prochain. » Elle attend que les portes se ferment et que l’ascenseur ne parte, les laissant seules, pour se tourner vers elle. « Ne le laisse plus jamais te parler comme il vient de le faire. » Elle ne prend pas de pincettes, la sang-pur. Elle n’en voit pas l’intérêt, préfère parler sans détour car elle savait pouvoir faire confiance à la née-moldue. « Ne tente pas non plus de diminuer ce qu’il vient de faire, je connais les sorciers de son espèce. Il doit être bien plus horrible quand il n’a personne pour assister à ses remarques. » Il sent la colère gronder en elle, celle de l’injustice avec laquelle une autre sorcière était traitée. Elle lâche son bras. « Tu n’obtiendras pas son respect en te contentant des miettes qu’il te donne. Tu es l’une des sorcières les plus brillantes de notre génération et tout le monde le sait. Tu dois exiger plus. » Elle soutient son regard, prête à taire la moindre protestation. « Crois-tu qu’un sorcier dans ta position possédant ton talent se contenterait d’être transformé en une vulgaire plume à ensorcelée ? Tu dois exiger ce que tu mérites, ce qui est bien plus que ça. » Elle méritait d’apprendre, au cours de ce stage, méritait des opportunités qui l’aideraient à l’avenir et pas d’être diminuée au fait de prendre des notes. « Les sorciers comme lui… Ils continueront à te marcher dessus si tu les laisses faire. Tu n’es pas chez les lions pour rien, Hermione. Tente de ne pas l’oublier. » lance-t-elle alors que l’ascenseur arrive et s’ouvre à eux, leur permettant de l’emprunter.

Elle ne s'attendait pas à croiser la Burgess en ses murs parce que cela faisait plusieurs semaines que tous les huitièmes années quittaient Poudlard ensemble pour le point de transplanage, là où chacun partait de son côté pour rejoindre leurs lieux de stages. Et bien sûr qu'Hermione n'était pas la seule à venir au ministère de la magie mais elle avait aussi eu le temps d'identifier ses camarades - ses collègues - dont Ophelia ne faisait pas partie. Elle avait aussi rapidement constaté que son maître de stage n'était pas des plus agréables, que même il semblait avoir des préjugés particuliers contre les sorcières comme elle, chose qui l'avait déçue au point de ne pas être capable de se défendre tel qu'elle aurait dû le faire. Insécurités remontées à la surface sans qu'elle ne s'en rende compte, Hermione avait évité le sujet avec ses meilleurs amis, principalement parce qu'Harry et Ron semblaient eux, passer de bons moments de leurs côtés. Plus que tout, elle n'avait pas eu envie de les inquiéter, eux et ses autres amis, et Theo non plus ; ce dernier avec qui les instants se faisaient trop rares pour les gâcher avec ses états d'âmes. Elle avait conscience de minimiser un peu trop ses ressentis et qu'en parler avec eux aurait certainement réveillé sa fougue et son sentiment d'injustice ; elle le savait rien qu'en croisant le regard d'Ophelia, vipère qui n'était pas une amie mais une sorcière avant tout, une sorcière qui pensait comme elle sur de nombreux points comme elle l'avait découvert il y a quelques temps. Mais Hermione était tout en bas de la chaîne, pire elle était juste stagiaire, et c'était un peu ce qui l'empêchait de répondre à Bulstrode quand celui-ci lui parlait avec si peu de considération. Elle voyait son avenir au sein de ce ministère, le désirait depuis des années maintenant, et elle ne doutait pas que ce sorcier puisse lui mettre des bâtons dans les roues facilement s'il le voulait, et déjouer tous ses plans. Alors elle se taisait, réalisant à quel point c'était dénigrant et peut-être aussi pathétique. Elle écouta Ophelia parler de son stage avec un sourire, vraiment heureuse pour elle après les scandales autour de son nom qui n'avaient pas dû faciliter sa recherche, hochant la tête d'un air compréhensif et compatissant. « Je ne la connaissais que de vue à Poudlard mais j'ai cru entendre qu'elle avait plutôt bien réussi depuis sa sortie » C'était le genre de parcours qu'ils rêveraient tous d'avoir, c'était certain. Retenu par le bras par la Burgess, Hermione fronça les sourcils, ne comprenant pas là où elle voulait en venir, du moins avant qu'elle ne reprenne et que la lionne reçoive ses mots comme une douche froide. Elle ouvrit la bouche pour parler, rétorquer, la contredire mais la vérité était qu'elle n'avait même pas de réel argument pour se défendre. Malgré tout elle était légèrement piquée par son égo ici, d'entendre la vipère lui dire quoi faire. « Ce n'est pas.. il n'est pas si terrible » Et elle s'en voulait de mentir alors qu'il venait de l'humilier mais d'une certaine façon, elle avait l'impression de l'être encore plus à cet instant. « Je peux gérer toute seule » lança t'elle d'ailleurs sur un ton sec, sa fierté touchée. C'était le problème d'Hermione, pas vrai ? Elle allait lui dire ça, récupérant d'ailleurs son bras d'une manière presque brutale mais la sang-pur reprit et la brunette comprit qu'elle lui disait tout ça pour l'aider. « Je ne suis qu'une stagiaire Ophelia, tout ce que je dirais n'aura aucune importance à ses yeux » Concernant le travail en tout cas... mais elle avait raison sur un point et c'était l'attitude exécrable de ce sorcier aux idées arrêtées. « Et tu sais que ça ne change rien pour les sorciers comme lui - les mots de la jeune femme qu'elle reprit délibérément - que je sois brillante ou l'une des meilleures de ma promotion » « On me l'a suffisamment répété » Et elle n'avait pas voulu le croire, n'avait pas envie de le faire, mais c'était facile à Poudlard de voir le monde comme elle l'entendait. A l'extérieur, c'était différent et cette réalité l'avait frappée ce dernier mois. Pourtant lorsqu'elle évoqua sa maison et indirectement les qualités qu'on leur attribuait, ce côté gryffondor qu'elle adorait et duquel elle était si fière, Hermione fronça une nouvelle fois les sourcils, les battements de son coeur s'affolant dans sa cage thoracique. Elle savait ce qu'elle valait, se vantait assez de lire et relire des bouquins pour accumuler des connaissances alors pourquoi ce ne serait pas la même chose ici, avec ce sorcier qui se croyait meilleur qu'elle, avec tous ses sorciers qui la prenaient de haut. Et peut-être que l'emploi de son prénom dans la bouche de la vipère fut ce qui la marqua le plus ou s'il s'agissait de toutes ses paroles mais elle s'accrocha à son regard un instant, refoulant le trop plein d'émotions de s'échapper - celles qu'elle gardait en elle depuis longtemps, et finit par souffler. De soulagement, d'allégement, d'angoisse, elle ne savait pas très bien. L'ascenseur s'ouvrit devant elles et avec personne à l'intérieur, les filles entrèrent sans un mot. « Je sais que tu as raison et que ce n'est pas... moi, cette fille qui se laisse faire » Seulement elle avait déjà tellement lutté depuis son entrée à Poudlard, et si elle n'était plus assez forte pour lutter encore ? Il le fallait pourtant, c'était ce qu'Ophelia était en train de lui dire. Ce que tout le monde lui dirait s'ils savaient. Ce fut une autre pensée qu'elle lui confia pourtant, une autre préoccupation qui remettait moins en cause sa passivité à son avis. « Bulstrode a de l'influence, je ne crois pas que ce soit une bonne idée de me le mettre à dos tout de suite » Elle soupira finalement, tout en croisant les mains derrière son dos, presque prête à oublier cette journée, ce stage et aussi le fait qu'Ophelia l'ait vu dans cette situation, ce dont elle allait lui demander d'oublier également d'ailleurs, lorsque l'ascenseur s'arrêta à un étage inférieur et qu'un sorcier entra, et pas n'importe lequel. Theo - sans qu'elle sache comment ni pourquoi - était là avec elles et un sourire étira les lèvres d'Hermione qui, négligeant la présence de la brune une seconde, laissa échapper un « Hey » doux, de ceux qu'elle lui réservait habituellement. Quand ils étaient deux en tout cas. Elle se racla la gorge en se rendant compte de ce détail et recula dans la cage d'ascenseur pour se retrouver contre la paroi du fond. Elle se serait glisser dans ses bras sans sourciller s'ils étaient seuls, y aurait trouver le réconfort dont elle avait besoin à cet instant, mais elle ne le pouvait pas. Et ça la frustra, plus encore que de se rappeler du lien qui unissait Theo et Ophelia et d'observer cette familiarité de sa place. Ou alors c'était ça qui la frustrait le plus, à vrai dire elle ne savait pas mais elle n'osa rien dire, rien ajouter pour ne pas se vendre, les vendre tous les deux et surtout, le mettre dans une position inconfortable avec sa meilleure amie.

« C’est admirable, ce qu’elle a réussi à faire. » confirme Ophelia. Elle admirait l’empire bâti par Olivia, celui qu’elle avait réussi à construire seule, ce qui était impressionnant aux yeux de la sorcière. Elle rêvait d’un jour pouvoir réaliser quelque chose d’aussi fort et d’important – car ça l’était, elle n’en doutait pas, surtout après le temps passé auprès de la sang-pur. C’est le comportement du Bulstrode qui est désormais évoqué, attitude aperçue et surtout reconnue par l’américaine qui ne doutait pas qu’il devait être bien pire loin des yeux indiscrets. Elle connaissait ce genre de comportement car elle côtoyait régulièrement des sorciers aussi mauvais que lui, qu’elle savait de quoi ils étaient capables – plus encore depuis ce qui était arrivé avec Yaxley. Hermione qui prétend que ce n’était rien quand c’était tout bonnement odieux, Hermione qui répond d’un ton sec et récupère son bras de la même façon. « Ce n’est pas ce que j’ai vu, pourtant. » Elle sait bien Ophelia qu’elle ne passe pas par quatre chemins, mais ça la révoltait de voir à quel point elle était si peu considérée en dépit de l’excellence qu’ils étaient nombreux à reconnaître chez la Granger. Elle aurait pu faire preuve de plus de délicatesse mais elle n’a pas l’impression que c’est ce qui aurait marché avec Hermione, électrochoc qui était sûrement le plus efficace pour espérer un minimum de résultat. La lionne semble comprendre qu’elle ne la jugeait pas ou ne cherchait pas à lui nuire mais qu’elle désirait plutôt l’aider, du moins à sa façon. « Peut-être que ça ne change rien pour lui mais ça change tout pour toi, de le laisser te traiter comme il le fait. Tu ne mérites pas ça. » Personne ne le méritait – à part peut-être Bulstrode et les autres sorciers de son genre que l’américaine rêvait de remettre à sa place plus ouvertement. Seulement elle essayait de jouer sur le long terme, qu’importe à quel point cela puisse être compliqué. L’appartenance aux lions qu’elle met en avant comme une énième preuve du caractère qu’elle se doutait qu’elle possédait – on ne devenait pas référente pour rien, et surtout, elle savait aussi que si Theodore l’appréciait comme il le faisait, c’était qu’elle possédait un minimum de caractère, assez pour avoir attirer son attention. Alors, même si elle ne la connaît pas, elle croit deviner certaines choses sur elle, qu’elle découvrirait si leurs chemins venaient à se recroiser. « Je sais, crois moi. Mais.. Tu peux tenir tes positions sans pour autant te le mettre à dos. Ce n’est pas facile, mais je navigue dans ce monde depuis assez longtemps pour savoir que c’est possible. » Elle tourne la tête vers Hermione. « Même si honnêtement, je peux te dire tout de suite qu’ils ne te respecteront jamais autant que les sorciers idiots qui les entourent, sous prétexte qu'ils ont quelque chose d'à peine remarquable entre les jambes. » Puis, se penchant un peu, elle murmure, de sorte que personne ne puisse les entendre si on venait à s’approcher de l’ascenseur. « Mais tu sais quoi ? On les emmerde tous. » Sourire complice qu’elle lui adresse, consciente que ce n’était pas le genre de langage qu’elle était supposée utiliser. Ophelia qui se redresse et retrouve cette posture de sang-pur qu’elle arborait toujours alors que les portes de l’ascenseur s’ouvrent à un étage inférieur. Sa posture qui se détend légèrement en voyant qu’il s’agissait de Theodore, un léger sourire aux lèvres. Le regard échangé entre Theo et Hermione couplé aux salutations de la référente qui lui font légèrement lever les yeux au ciel – c’était à se demander comment elle avait fait pour ne pas remarquer avant ce qu’il y avait entre eux. « Theo » salue-t-elle en lui adressant un sourire, avant de s’écarter pour le laisser s’installer entre elles deux. Les portes se referment sur eux, l’ascenseur qui reprend sa route. « On discutait de certains des sorciers en poste ici. » Elle relève un peu la tête vers son meilleur ami. « Tu ne trouves pas que Bulstrode a toujours été un véritable imbécile ? C’est à se demander comment il peut conserver son poste. » Et si elle ne trahit pas ce qu’elle avait vu un peu plus tôt dans une volonté de garder ça privé pour Hermione – sauf si elle désirait en parler évidemment-, elle choisit soigneusement ses mots pour guider ceux du référent, cherchant à lui faire approuver ce qu’elle disait dans le but de conforter Hermione d’une certaine façon.

Theodore étouffe un baillement en crispant sa machoire tandis qu'il avance à travers l'un des interminables couloirs du Ministère de la Magie. Cette fin de journée lui paraissait sans fin tandis qu'il savait qu'il devrait déjà être rentré au château, ou au moins en chemin pour. Et il l'était, plus ou moins, seulement encore à Londres à avoir un aperçu déjà un peu trop réel de ce que sera sa vie de sorcier de l'élite d'ici deux à trois mois. Le Nott qui avait bon nombre de responsabilités maintenant, les affaires de sa famille, celles de son père – à perdurer ou à conclure – et puis toutes les conversations pour lesquelles on l'arrêtait sans cesse parce qu'apercevoir l'héritier en ce lieu était l'aubaine de pouvoir placer le mot qui le fera retenir leur nom et les intentions allant avec. Alors il était fatigué ce soir, comme bien d'autres soirs bien qu'il tentait de ne pas le montrer, ses journées intenses à Ste Mangoustes s'ajoutaient à son planning même si il n'avait pas l'impression de voir le temps passer lorsqu'il y était ou étudiait pour sa passion. En fin, il y avait les soins qu'il avait été forcé d'accepter au niveau de son dos, rappel régulier et charge mentale incessante qui le faisait devoir supporter des rendez-vous non voulus mais nécessaires. Alors lorsqu'il pénétra dans l'ascenseur et aperçut les deux femmes les plus importantes de sa vie, quelque chose en lui se réveilla, le soulagement qu'il attendait enfin en cette fin de journée, l'éclat ravi dans son regard qui trahissait ses sentiments. L'une du côté droit et l'autre à gauche, il les regarde toutes les deux avant d'entrer dans l'habitacle et se rappelle de le faire avant que les portes ne se referment sous la salutation d'Hermione qui le pousse à lui offrir un sourire en coin malgré lui sans même remarquer qu'Ophelia lève les yeux vers le plafond. « Ladies. » les salue t'il à son tour en venant s'installer entre les deux tandis que les portes se refermaient et qu'heureusement, personne d'autre ne vint perturber leur réunion inédite. Il se demanda alors si c'était courant pour elles deux de se voir ici, de quoi elles étaient en train de parler et surtout, comment avaient été leurs journées. C'est Ophelia qui le renseigna sur au moins l'une de ses questions et si tôt l'entend t'il commenter le comportement du sorcier que Theo relève son regard vers le plafond de l'ascenseur pour vérifier qu'il ne possédait pas le moindre accessoire d'écoute. « Son comportement est exécrable et commence à être remis en question même parmi nous, beaucoup pensent que son problème avec l'alcool le mènera à sa perte parce qu'il perd de plus en plus ses moyens. » lâche t'il d'un ton quelque peu blasé, n'appréciant pas l'homme et encore moins les conversations qu'il avait pu avoir avec lui. « je ne fais confiance à aucun qui a pu être ami avec mon père de toute façon, ça ne m'étonnerait pas qu'on apprenne bientôt un fait l'accablant de corruption ou pire. » et puis il se rappelle qu'il est le maître de stage d'Hermione et glisse un regard vers elle tandis que l'ascenseur continue de remonter vers le rez-de-chaussée. « il y a quelque chose que je devrais savoir ? » les sourcils se froncent doucement, il imaginait toute sorte de scénarios maintenant et principalement certains qui ne lui plaisaient vraiment pas.

Les mots de la brunette n'étaient pas vains, ni inutiles parce qu'Hermione les absorbait même si elle ne trouva rien à répondre sur le coup. Il y avait une petite part d'humiliation d'avoir été découverte si passive avec son maître de stage mais elle restait persuadée que sa position était bien trop moindre pour prétendre à autre chose. Elle n'était pas comme Ophelia, elle n'avait pas cette prestance naturelle que peut-être, on avait passé des années à lui inculquer, ce physique qui attirait l'oeil et forçait la considération, elle n'avait pas non plus le même statut dans la société magique, qu'importe à quel point le nom de la Burgess avait été sali ces derniers temps. Elle n'était pas comme elle et ne le serait jamais, poids lourd que sa naissance lui offrait - cadeau empoisonné d'ailleurs - mais qu'elle s'était promise de rectifier dès lors qu'à Poudlard, elle avait été victime des premiers préjugés. Alors elle se sentait idiote de ne pas tenir ses engagements et de se laisser marcher dessus par le premier venu mais peut-être avait-elle trop rêvé, Hermione, trop espéré d'un monde qui ne souhaitait pas des personnes comme elle au pouvoir. C'était la même chose partout, finalement, femmes qui se faisaient rare au sein des gouvernements de pays même côté moldu, et elle détestait ça. Sans doute autant qu'elle détestait Bulstrode. Un hochement de tête discret qui attestait pourtant de sa compréhension aux paroles de la sorcière, la Granger qui méritait plus à son avis et la lionne qui le pensait aussi vraiment. Seulement il lui faudrait prendre sur elle et aussi oser. « Je ne sais pas comment tu fais pour ne pas craquer et juste... abdiquer après tout ce temps et les choses qui ne semblent pas s'arranger malgré tout » Peut-être qu'Hermione était trop sensible, qu'elle se laissait guider par son coeur plus souvent qu'il ne le fallait mais sa bienveillance, c'était aussi ce qui la définissait généralement. Elle avait un peu d'espoir récemment avec la candidature de Silverthorn - une femme pour commencer, qui n'adhérait pas aux vieux principes en plus de ça - mais ce n'était pas non plus parfait et peut-être que ça ne le serait jamais. Elle écouta encore la sang-pur s'exprimer et lâcha même un petit rire à son insulte, elle n'eut pas le temps d'ajouter quoique ce soit que les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur Theodore, agitant forcément son palpitant au passage. Son sourire en coin la réchauffa même bien que la lionne ne dit rien de plus, le laissant se positionner entre les deux filles et essayant de ne pas montrer de signe d'inconfort face à cette situation incongrue. Son regard bifurqua pourtant sur Ophelia à ses premiers mots, si elle avait pu lancer des éclairs avec ses yeux, la née-moldue l'aurait sans doute fait. Theo ne perdit pas une minute pour répondre et elle tiqua légèrement à ses paroles, ce parmi nous qui sembla l'éloigner du duo à ses côtés un instant, le penchant du Bulstrode pour la bouteille qui n'était pas passé inaperçu à sa stagiaire non plus. La mention de Nott Senior l'incita à tourner la tête vers Theo et poser les iris chocolatées sur lui, parce qu'il était assez rare qu'il l'évoque en sa présence. Pendant un moment, elle s'imagina même trouver quelque chose dans les dossiers qu'il lui confiait - lui balançait - n'importe quoi qui le fasse tomber mais ce fut la question en sa direction qui la ramena à la réalité. « Non, tout va bien » lâcha t'elle sans réfléchir, trop rapidement pour que cela paraisse sincère puis elle fronça les sourcils, reprenant aussi contenance avant d'ajouter « Disons qu'il préférerait sans doute avoir une stagiaire plus... respectable à ses yeux » Elle avait choisi ses mots, ce mot qui lui hérissait tous les poils de ses bras quand elle y pensait en ce sens. « Il est détestable, on est tous d'accord sur ce point » tenta t'elle d'ajouter avec un petit rire pour alléger le mood mais c'était peut-être pire. « Il ne reste qu'un mois de stage, ça devrait aller » Il le fallait, elle y croyait. Et ainsi elle souhaitait aussi rassurer le serpent qui paraissait tout aussi fatigué qu'elle. « Et... Et Ophelia m'a donné de très bons conseils » ajouta t'elle en glissant son regard jusqu'à la vipère dans un sentiment de réelle reconnaissance. « Au moins je suis dans le département qui m'intéressait et ça, c'est ce qu'il y a de plus important » Ça l'était pour elle, bien-être de ceux qu'on qualifiait de créatures magiques. « Il y a tellement de choses qui pourraient être améliorées, le problème c'est ce chef qui n'est là que pour la position, et sans doute le salaire aussi » C'était évident après plus d'un mois à travailler pour lui, à être à son service pour tout, et surtout pour rien. Se raclant la gorge en essayant de rester la plus neutre possible, elle demanda : « Comment.. comment était ta journée ? » Inconsciemment elle lança un regard du coin de l'oeil à la Burgess comme pour s'assurer qu'elle ne trouvait pas étrange qu'elle s'intéresse à Theo, sans réaliser qu'elle savait déjà pour eux.

« Je ne peux pas craquer même si j’en ai envie, parce que si ça arrive, ça voudra dire que j’ai fait tout ça pour rien. » Et ça, Ophelia n’était pas sûre qu’elle pourrait le supporter. Elle sait qu’elle est capable d’encaisser beaucoup – elle l’a fait, jusqu’à présent, et en dépit des moments de faiblesse qu’elle avait pu avoir en privé, elle avait réussi à garder la tête haute. Seulement, c’était justement parce qu’elle s’accrochait à l’idée que tout ne change un jour, que les choses s’amélioreront. Elle ne pouvait décemment pas revenir sur ça, sur cette envie que les conditions des sorcières ne changent parce qu’elle ne supporterait pas d’avoir agi ainsi pour rien. Elle continuerait à espérer, à faire de cette ambition une motivation qui la pousserait à se dépasser. Elle sait qu’Hermione doit forcément comprendre de quoi elle parle – elle est persuadée qu’elle n’a pas encaissé toutes ces moqueries lancées par des imbéciles intolérants pour en rester là, elle aussi. Theodore les rejoint et si Ophelia s’efforce de ne pas révéler directement ce qu’elle avait vu plus tôt, elle ne peut rester sans rien dire. Alors, volontairement, elle oriente la discussion vers Bulstrode. Elle n’est pas étonnée par le fait que son meilleur ami ne partage son opinion – après tout, ils discutaient assez tous les deux pour qu’elle sache ce qu’il pensait de la plupart des gros noms de l’élite. Elle ne dit rien quand il évoque son père, se contente de glisser un regard vers lui face à ce sujet qui restait toujours délicat, malgré tout. C’est vers Hermione qu’il porte son attention et, une fois encore, elle reste silencieuse car elle sait que ce n’était pas à elle de révéler quoi que ce soit. Hermione emprunte des mots plus respectueux que ceux que la vipère avaient sur le bout de la langue. « Encore faudrait-il qu’il soit lui même respectable. » marmonne-t-elle, incapable de masquer son agacement lié à cet homme. Elle laisse la née-moldue poursuivre sans ajouter un mot car ce n’était pas là sa place, du moins pas tant qu’elle n’aurait pas fini de s’expliquer. Son regard se pose sur la lionne quand elle évoque les conseils donnés, un sourire sincère qu’elle lui adresse alors qu’elle espérait que ce qu’elle avait pu dire l’aidait, au moins un peu. « Je t’imagine bien à la tête de ce service. Il n’en ressortirait qu’amélioré, assurément. » affirme-t-elle sans hésiter. Si elle ne connaissait pas la lionne tant que ça, elle en savait suffisamment pour être persuadée qu’elle s’investirait dans ce service, bien plus que Bulstrode ne l’avait fait en des années de carrière. Hermione qui interroge Theo à son tour et Ophelia écoute, forcément intéressée par la journée qu’avait pu passer le sorcier. L’ascenseur s’arrête au rez-de-chaussée, poussant le trio à en sortir. Le hall qui était plein entre l’agitation habituelle et la présence des stagiaires en plus, poussant l’américaine à soupirer légèrement. « Je n’ose pas imaginer combien de temps nous aurions du attendre sans la magie. » Il leur fallait patienter quelques minutes seulement pour pouvoir rentrer, la sorcière qui se tourne vers Theo et Hermione avec un léger sourire aux lèvres. « Vous savez comment j’ai envie de finir cette journée ? Par une part de tarte à la mélasse. Je ne vois vraiment pas ce qu’il pourrait y avoir de mieux que ça. » Elle se retient de rire, échange un regard amusé avec son meilleur ami. « Et vous, vous allez faire quoi en rentrant au château ? Vous avez mieux qu’une part de tarte en tête, peut-être ? » demande-t-elle avec un air innocent, même si le serpent n’aura aucun mal à comprendre ses sous-entendus.  

Entouré des deux sorcières les plus importantes dans sa vie, Theodore écoute le sujet du Bulstrode évoqué, ce stage auquel Hermione avait été attitrée, le bon lieu mais a priori le mauvais supérieur. Et il n'en est malheureusement pas bien étonné. Ce qui surprend le sang-pur par contre, c'est la façon dont Hermione précipite presque ses mots, l'amenant à froncer très légèrement ses sourcils. « tu es respectable. » s'entend en écho du murmure que relâche aussi sa meilleure amie tandis qu'il commençait à ne vraiment pas apprécier ce que tout cela sous-entendait. Cet homme ne respectait pas Hermione à sa juste valeur et ça l'agaçait profondément, même si ils savaient que cela arriverait au sein du Ministère, par sa position de femme mais pire encore, ses origines nées moldues. Hermione ne ferait jamais l'unanimité mais il n'était pas question de l'imaginer écrasée et mise de côté pour épargner les fragiles égos élitistes et des hommes que Theodore comme Ophelia regrettaient et se juraient de combattre. Leurs voix étaient peut-être encore silencieuses parce qu'ils le devaient, mais la pensée stratégique particulièrement bien affinée. Ils baignaient dans ce monde depuis toujours après tout. Quand la lionne évoque les conseils d'Ophelia, le serpent l'avise d'un regard curieux, il acquiesce aux mots suivants de sa meilleure amie avant d'enchainer après ceux d'Hermione. « il est là pour le pouvoir et assurer à l'élite de suffisamment dominer sur le Ministère mais un jour le jeu de pouvoir sera mieux équilibré. » du moins l'espérait-il, aussi étonnant cela pouvait être aux yeux des autres tandis qu'il révoquait une place qui aurait pu lui-même lui revenir de ce droit que les sang-purs revendiquaient. Il se jurait de veiller à sa façon sur la lionne pour ce dernier de mois de stage, de faire quelque chose si l'occasion s'offrait à lui, de la protéger comme il en avait la puissante volonté depuis plus d'un an maintenant. Et c'est perdu dans ces pensées-là qu'il fut surpris par la question d'Hermione changeant de sujet à son propos, le serpent qui se ressaisit alors en déliant ses doigts qui s'étaient resserrés. « longue, je suis épuisé. » il osait poser ce mot sur son état lorsqu'il l'était vraiment, maintenant, à force de chérir l'éclat qui brillait dans le regard de toutes les deux lorsqu'il était sincère. « mais je vais bien. » et aussi mesurait-il l'importance et la douceur que cela lui apportait d'avoir ces deux personnes dans sa vie l'affectionnant au point d'en être soulagées. Quand l'ascenseur les arrête enfin au rez-de-chaussée, la foule dense se perd devant leurs yeux et c'est par sa grande taille que Theodore parvient à les guider vers l'une des sorties relativement plus rapide. Ils patientent alors tout en sentant le poids de leur journée sur leurs épaules et il se demande le sang-pur si il voit là un court aperçu de leur avenir. Seulement lorsqu'Ophelia s'amuse tout particulièrement de lui dans un sous-entendu clair et taquin, Theodore sent déjà le sentiment las qui soupesait sur ses épaules s'effacer. Il a un regard appuyé en sa direction parce qu'il sait ce qu'elle fait, il connaît son humour, sa subtilité, la lueur dansante de l'amusement dans ses yeux. Il sait aussi qu'elle tente de les cerner avec cette question loin d'être anodine et n'échange qu'un bref regard avec Hermione avant de le relever jusqu'à la cheminée dont ils s'approchaient petit à petit. « une part de tarte à la mélasse me conviendrait très bien mais nous avons encore notre ronde à faire ce soir, peut-être que l'un de nous te recroisera à nouveau hors de ton dortoir à un étage loin des cachots ? » un petit sourire en coin accompagne son regard soutenant le sien quelques instants avant de ne l'aviser en direction de la lionne. « à moins que tu n'aies quelque chose de mieux en tête, je peux te libérer de la ronde. » un ajout curieux mais quelque part entendu entre eux, l'envie aussi de savoir si elle avait mieux que d'être avec lui ce soir. Theodore qui les laisse passer en premier au sein de l'habitacle pour se téléporter jusqu'à Pré-au-Lard avant de passer à leur suite.

Ce stage au ministère était un retour brutal à la réalité, la vraie, le monde en dehors de Poudlard qui serait bientôt le sien. Si elle avait l'université comme prochain projet, Oxford n'était pas isolé dans un coin du monde que personne ne connaissait, elle serait dans la capitale, au plus proche de la communauté sorcière et c'était pour cette raison qu'Hermione avait à coeur de s'y intégrer. Elle ne le serait sans doute jamais totalement, ses origines étant un souci pour beaucoup, l'impression qu'à leurs yeux elle n'était pas une sorcière à cent pour cent. Et Ophelia lui assurait qu'elle devrait se battre deux fois plus encore en étant une femme, ce qui la révoltait, mais une fois encore elle voyait son regard changer à propos de la Burgess. Comme lors de leur dernière discussion elle l'étonnait, comme lors de leur dernière discussion elle se disait que peut-être, un jour, elle pourrait devenir une alliée et mieux encore, une amie. Un hochement de tête affirmant qu'elle comprenait ses mots et un regard de reconnaissance, ce fut heureusement Theo qui entra dans l'ascenseur, l'une des seules personnes qu'elles avaient en commun et pas des moindres. Le sorcier à qui elle offrit un sourire tendre, leur relation qui avait relativement changé - pour le meilleur - mais leur affection qui ne pouvait être exposée sans risque, surtout dans cet endroit si public. Elle entendit leurs réponses dans un murmure mais évita le regard du brun avant de reprendre pour exprimer son point de vue sur son maitre de stage, tout ce qu'elle aurait aimé lui dire en face si elle le pouvait. Et ils étaient rassurants tous les deux, à leur façon, Hermione qui enregistrait leurs mots, qui les analyserait surement plus tard lorsqu'elle serait seule et moins fatiguée, quand le stress de la journée l'aurait quittée aussi. « Ce serait incroyable.. et un sacré défi » dit-elle en riant légèrement à la suite d'Ophelia, cette place dans le département de régulation des créatures magiques qu'elle adorerait, convoiterait peut-être à l'avenir si la possibilité se présentait. Elle ne prétendait pas pouvoir devenir chef d'un tel service en un claquement de doigts, loin de là. Aux paroles de Theodore, elle croisa finalement ses yeux océans et hocha la tête, plus gravement que précédemment. « Il le faut. Vous êtes de moins en moins nombreux à faire partie de cette élite » Par des unions qu'ils jugeaient infâmes mais qui étaient bien là, des familles qui perdaient de leur sang si pur sans l'accepter réellement. « Il est temps qu'ils l'acceptent » dit-elle en écho à ses pensées, n'incluant évidemment pas le référent dans ce constat parce qu'elle le connaissait, parce que jamais ils n'en seraient où ils en étaient tous les deux s'il avait de tels principes. Des discussions qu'ils avaient parfois eu, sans en faire une affaire personnelle à ce moment là, mais qui les concernait de plus en plus à mesure que le temps avançait, qu'ils devenaient adultes et acteurs de leur monde. Un soupir de soulagement camouflé par la descente de l'ascenseur, elle ne put réprimer l'envie de lui demander comment il allait, sorcier à qui le stage demandait surement plus d'énergie qu'à elle, sentiment de fierté lui étreignant d'ailleurs le coeur à l'image du brun en blouse de médicomage. Il faisait ce qu'il aimait, elle ne pouvait pas être plus heureuse pour lui. Elle fronça les sourcils à sa réponse, fatigue qu'elle comprenait seulement il ajouta aller bien et elle hocha la tête, rassurée. Elle s'imaginait un peu trop facilement dans ses bras quelques heures ce soir, à la regarder dormir peut-être, comme pour s'assurer qu'il se reposait mais ils n'y étaient pas encore, Poudlard attendait leur retour et il fallait d'abord sortir de l'atrium pour ça. Un nombre incalculable de sorciers, Theo réussit à leur faire atteindre les cheminées rapidement de par sa carrure et sa hauteur avant qu'Ophelia ne reprenne, évoquant étrangement la tarte à la mélasse qu'elle savait être le dessert favori du Nott, fait que sa meilleure amie savait certainement depuis plus longtemps encore. Hermione attesta de leur échange visuel, incapable d'y déceler quoique ce soit cependant, attendant seulement la réponse du serpentard avec attention. Elle avait l'impression de manquer quelque chose ici et c'était le cas, mais elle tenta de ne rien montrer et tandis qu'ils discutaient ensemble dans ce qui semblait être une conversation tout sauf ordinaire, elle se concentra plutôt sur les sorciers devant eux qui disparaissaient dans les flammes toutes les dix secondes. Elle s'apprêtait à leur dire que c'était enfin leur tour lorsque le regard de Theo se posa sur elle et qu'elle le soutint un peu trop longtemps pour que ce soit normal, secouant la tête à sa question. « Non, bien sûr que non. C'est prévu qu'on la fasse ensemble » Comme souvent ces dernières semaines, les référents qui s'assuraient du planning eux-mêmes pour permettre de passer plus de temps tous les deux. Elle se désistait déjà rarement en règle générale, elle le ferait encore moins cette fois. La brunette qui attrapa la poudre de cheminette pour en un rien de temps fouler le sol de Pré-au-Lard, elle attendit que les deux autres sorciers la rejoignent avant de prendre la direction du château, comme la majorité des huitièmes années devant eux. Trajet qu'ils avaient l'habitude de prendre maintenant, souvent fait aux côtés de Theodore d'ailleurs, la jeune femme qui avec la présence d'Ophelia, évitait pourtant de trop parler bien que ses doigts frôlaient souvent et pas toujours accidentellement ceux du référent, lui octroyant des sourires et soupirs amusés. Et c'était tout de même étrange d'être là avec les deux, de les observer interagir aussi avec la pensée que ce serait tout aussi bizarre de s'imaginer dans un autre contexte avec le serpent, Harry et Ron. Sans doute que ce ne serait pas si fluide d'ailleurs, idée qui lui fit lever les yeux au ciel. Poudlard désormais en vue, ils ne se séparèrent qu'une fois dans le grand hall, les verts et argent qui retrouvèrent leur salle commune pendant qu'Hermione rejoignait la tour des lions avant le dîner et elle l'espérait, une soirée plus tranquille avec son partenaire préféré, et bien plus que ça.