« Tu veux qu’on sorte ce soir ? On pourrait se retrouver après nos stages et aller faire un tour en ville, t’en dis quoi ? » quand la question dépasse ses lèvres, il est assis sur l’un des canapés de la salle commune, la tête de sa petite amie reposant sur ses genoux. Ça fait déjà un moment qu’aucun d’eux n’a parlé, et ils vont bientôt partir pour leurs stages respectifs mais le lion a cette pensée soudain qui l’a traversé. L’approche est un peu bancale, comme la plupart de leurs conversations ces derniers temps, mais Alec a vraiment envie d’essayer, de faire des efforts pour Mina, pour leur couple qui s’est vu fragilisé ces derniers temps. Il a envie d’essayer de percer et d’apaiser les tensions, de retrouver ce qu’ils avaient avant mais il sait aussi que rester à Poudlard n’est pas la meilleure manière d’y arriver. Il croit – et espère – qu’en sortant de l’enceinte du château et en retrouvant certaines de leurs habitudes, ils parviendront à communiquer avec plus de facilité et c’est avec cette intention qu’il lui propose ce rendez-vous. Quand elle accepte, il y a un petit sourire presque timide qui vient éclairer son visage alors qu’il vient passer une main dans ses cheveux, jouant avec ses mèches d’un air pensif en cherchant le meilleur lieux pour se retrouver. « Je finis pas tard, on peut se retrouver vers 16h30 près du glacier où on allait souvent cet été ? » petit commerce cosy situé en plein coeur de Londres et où ils ont presque élu domicile l’été dernier quand ils allaient conquérir le monde main dans la main, il y a finalement une certaine symbolique à retourner là-bas, l’envie si ce n’est la preuve qu’il veut vraiment tenter d’arranger les choses et de briser la glace en dépit des difficultées rencontrées ces dernières semaines. « A ce soir alors ? » il se relève et lui tend la main pour qu’elle en fasse de même et avant de se séparer pour rejoindre chacun leurs stages, il glisse un baiser à la commissure de ses lèvres.

Il s’apprête à retrouver Mina et il a le cœur qui bat plus fort que de raison. Il est nerveux, Alec, et c’est stupide parce que c’est elle et c’est eux, mais ils se sont tellement perdus ces derniers temps qu’il peut pas s’empêcher d’avoir une certaine appréhension à l’idée de la retrouver. Depuis son absence prolongée et son retour un mois plus tôt, ils ont pas vraiment parlé de tout ça. Ils ont passé le plus clair de leur temps à s’éviter, à éviter le sujet et à faire comme si de rien était, ce qui n’a pas aidé à améliorer leur relation. Il sait plus trop où ils en sont, mais cette sortie est aussi faite pour leur permettre de faire le tri dans tout ça. Lorsqu’il la voit arriver quelques minutes plus tard, Alec sent son coeur rater quelques battements et une chaleur se répandre sur ses joues qu’il essaie de contrôler en prenant une longue inspiration. « Hey » il pose un baiser sur sa joue et lui tend un bouquet de fleurs achetés quelques minutes plus tôt, mélange composé de plusieurs fleurs qui lui ont fait pensé à elle. « C’est stupide parce que tu vas pas savoir où les mettre comme on rentre pas maintenant, et je sais même pas si elles te plaisent mais je suis passé devant le fleuriste et je voulais te faire plaisir et bref, c’est bête. » il parle trop, Alec, nervosité stupide qui ressort bien trop à cet instant précis et il s’en mord la joue. « Sorry. » il se prend la tête pour rien, surtout en sachant qu’ils peuvent protéger les fleurs d’un sort et les faire rétrécir le temps de leur soirée, mais il est nerveux, soucieux de faire les choses bien. Il prend sa main et entremêle leurs doigts tout en commençant à marcher dans la rue piétonne pour essayer de respirer un peu mieux et faire disparaître cette absurde gêne. « On pourrait manger un bout quelque part, une gaufre, une crêpe ou tout ce que tu veux. » au loin, Londres s'offre à eux, et Alec réfléchit un instant. « C'est peut être trop tard pour un tour en bateau sur la Tamise, mais peut-être qu’on peut monter dans la grande roue ? Et discuter » il sait pas vraiment quoi attendre de cette soirée, Alec, ni ce qu'il va advenir pour la suite, mais il sait au moins qu'il veut être avec elle maintenant et profiter de sa présence le temps d’une soirée où peut-être, ils pourront essayer de réparer ce qui a été fissuré.

Alec a cette appréhension au ventre dont il n’arrive pas à se débarrasser et qu’il trouve stupide. C’est lui, c’est elle, c’est eux, ils se connaissent depuis des années, ont été amis avant de s'aimer et pourtant il semble qu'ils n'arrivent plus vraiment à communiquer ces derniers temps. Il sait que c’est en partie sa faute, parce qu'il a eu tous ces problèmes et qu'il s’est totalement renfermé sur lui-même pour ne pas avoir à imposer sa présence, son mal être et sa noirceur à son entourage. Il sait aussi que les secrets qu'il garde ne participent pas à rétablir la confiance et l'intimité entre eux, mais il tient encore énormément à elle et n’a aucune envie de la perdre. Elle est tellement importante pour lui, et pas seulement en tant qu’amante qu'il veut régler les choses, et c'est avec cet objectif en tête qu'il attend qu’elle le rejoigne, un bouquet de fleurs dans les mains qui veut dire “je fais des effort. Tu me manques. Retrouvons-nous”. Il sait que ça ne sera pas facile, qu'ils ne régleront pas tout en une soirée et qu'il y a encore beaucoup de non dits, de tensions et de choses à régler, mais rien dont il ait envie de penser ce soir. Il n'y a qu'elle qui a son attention, Mina qui est si belle avec son petit sourire et ses joues rougies par la nervosité et sa marche jusqu’ici. « J’suis content que tu les aimes. » il lâche doucement quand elle hume le parfum des fleurs, celles-ci qu’il a pris soin de choisir avec attention parce qu’elles lui faisaient penser à elle. Ses doigts se referment instinctivement autour des siens lorsqu’elle enlace leurs mains, et il vient même les lever jusqu’à son visage pour déposer un baiser sur le dos de la sienne. Hochement de tête pour seule réponse à sa proposition, il tente d’apaiser le rythme effréné des battements de son coeur et en parfait gentleman qu’il est, il lève les yeux au ciel pour la forme lorsqu’elle le devance en suggérant de payer elle-même les gaufres. « Ok, mais je t’invite dans la grande roue. » il répond du tac-au-tac avant de passer commande, le chocolat comme premier amour qu’il choisit et vers lequel il reviendra toujours. Avec un fin sourire en coin, il l’observe prendre soin des fleurs, les réduire, les protéger puis les ranger avec toute la délicatesse dont elle est capable. Il retrouve forcément sa main lorsqu’ils récupèrent leurs gaufres, nouant ses doigts aux siens dans ce geste familier dont il avait l’habitude autrefois mais qu’il a un peu perdu depuis qu’ils se sont éloignés. Il essaie de ne pas trop y penser, grignotte distraitement des petits bouts de sa gaufre pour se changer les idées et c’est seulement parce que Mina lui apprend qu’il a du chocolat sur la joue qu’il revient un peu à la réalité et lui offre à nouveau son attention et son sourire. La sensation de son pouce sur sa joue lui arrache un frisson, et il se sent presque projeté trois mois en arrière, quand tout allait encore bien. Il ne répond rien et l’embrasse en retour, juste au bord des lèvres. « T’avais pas du tout de chocolat là. » il plaide coupable dans un regard mi-amusé, mi-sérieux avant de continuer sa route et de serrer sa main un peu plus fort à sa confession. « Moi aussi je suis content, ça m’avait manqué. » elle exprime son souhait d’arranger les choses entre eux, et Alec ralentit le pas, hochant doucement la tête pour appuyer et confirmer ses propos, cette envie qui est aussi la sienne et qu’il partage sincèrement. « Je sais, je sais pas pourquoi je suis nerveux comme ça. » il passe une main dans sa nuque et soupire, hésite même un instant avant de poursuivre. « Est-ce que t’es nerveuse toi aussi ? » il a l’impression que oui, il la connaît suffisamment pour le savoir mais il a aussi besoin de l’entendre dire pour en être sûr, et aussi un peu pour se rassurer, parce qu’ils sont deux à avoir nerveux et avoir peur, ça veut dire qu’ils ont encore quelque chose à perdre, n’est-ce pas ? « C’est que toi et moi. » il répète avant de prendre une profonde inspiration et d'ancrer son regard au sien, déterminé à alléger un peu les choses et profiter de cette soirée rien qu’à eux. « Tu tiens bien ta gaufre ? » il n’a pas vraiment d’idée en tête et suit son envie du moment, alors quand elle confirme tenir la pâtisserie, il se met à courir en l’entraînant avec lui avant de finalement la soulever du sol et la prendre dans ses bras pour finir sa course jusqu’au pied de la grande roue. Il est un peu essoufflé quand il arrive et la repose doucement au sol, devant la queue qui leur permet de rentrer dans le mythique London Eye. « Ça va j’ai pas trop perdu la main je trouve. » il relève un sourcil amusé vers elle, et n’ont finalement pas à attendre trop longtemps avant de rentrer dans une nacelle, Alec laissant passer Mina devant lui avant de s’asseoir à ses côtés et de passer une main autour d’elle. Le mécanisme s’enclenche, et ils s’envolent lentement en hauteur, le loup qui en profite pour poser son regard sur sa petite amie avant même de regarder le paysage. Il se rapproche un peu d’elle et vient déposer un baiser sur sa tempe, après quoi il cherche à nouveau sa main pour la lier à la sienne. « Tu sais, moi aussi j’ai vraiment envie qu’on arrange tout. » sa voix n’est qu’un murmure, comme s’il avait peur de briser l’instant présent et de sa main libre, il vient chercher son menton pour tourner son visage vers le sien et déposer un bref baiser sur ses lèvres cette fois. Puis, il appuie sa tête contre la sienne, et regarde Londres qui s’étend devant leurs yeux, la vision de la ville animée qui lui arrache un froncement de sourcils. « Parfois j’oublie comme c’est beau et combien on est insignifiants, nous et nos soucis. » ils sont si petits dans cette nacelle, et le monde est tellement grand, Alec aimerait capable de passer outre ses soucis, être plus fort pour Mina, pour sa famille aussi, mais il n’est qu’un homme avec ses failles, et s’il fait au moins l’effort d’être plus présent pour eux, il sait que rien n’est gagné.