samedi 5 juin 1999, 14 heures.

Il avait accouru, presque, affolé par le message qu'il avait reçu; si cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas vu le patronus d'Harry, il l'avait reconnu immédiatement et la missive délivrée d'une voix absente par l'animal avait jeté à ses bras une chair de poule tenace et froide. Quelque chose venait de se produire, c'était certain, sinon pourquoi l'aurait-il appelé en urgences à venir le rejoindre à Pré-au-Lard. Il ignorait pourquoi le jeune homme avait quitté l'école ce week-end mais le savoir dehors, et en demande d'aide lui donna un vertige soudain. Attrapant sa baguette, une veste qu'il jeta sur ses épaules, il courut dans les couloirs du château pour rejoindre l'extérieur. Il accordait peu d'attention à ceux qu'il croisait sur le chemin, ne prit pas même le temps de répondre à la question de Severus et l'ignora totalement en fonçant vers le portail du château qu'il déverrouilla d'un informulé, pour pouvoir franchir les sortilèges protégeant l'école. Il n'attendit pas pour transplaner directement à l'entrée du village sorcier et il se dirigea vers la place centrale de pré-au-lard, qui débordait des rires d'enfants venus se promener avec leurs parents, et des effluves de honeydukes qui incitaient les sorciers les plus gourmands à venir s'y perdre. Il pensait qu'il serait habitué à présent, à la moindre situation d'urgence, mais il s'avérait que les années de tranquillité l'avait ramolli, et il était en proie à une agitation qu'il n'avait pas connue depuis des mois. L'inquiétude qu'il soit arrivé quelque chose à Harry lui remuait les entrailles et il ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'œil de tous les côtés. La silhouette reconnaissable entre mille se glissa jusqu'à lui et il attrapa le bras de Sirius, ne lui laissant pas le temps de le saluer. « Tu as reçu le message d'Harry ? Tu sais ce qu'il se passe? » Il y avait un peu de monde autour d'eux et ils tentaient de repérer le jeune lion, sans trop savoir à quoi s'attendre. Son message avait laissé entendre qu'ils devaient le rejoindre à Pré-au-Lard de toute urgence et il n'avait pas écouté la fin : et s'il avait donné plus de précisions ? Il sortit sa baguette et déploya l'habituel loup argenté qui fonça dans une ruelle proche d'eux; il était parti demander à Harry où il était et si tout allait bien. « S'il lui est arrivé quelque chose, je te jure que... » Il ne termina pas sa phrase, ne désirant pas mettre en mots ce qu'il avait en tête, tant l'idée lui était impensable. il était inimaginable qu'il ait laissé Harry dans une situation dangereuse, Lily et James ne le lui auraient jamais pardonné; lui-même ne se le serait jamais pardonné.
@Harry Potter  @Sirius Black
 

samedi 5 juin 1999.
@Harry Potter  @Remus J. Lupin

Une douce nuit agitée par les souvenirs ténébreux de treize années passés à Azkaban, t'a rendu morose et de mauvais poil ce matin. Il ne t'a pas fallu longtemps pour envoyer bouler un nouveau client du moment au Chaudron Baveur, qui réclamait un café moins chaud, puis moins froid. Du calme. De la sérénité, c'est ça que tu t'es rabâché, toute cette foutue matinée. Malheureusement, tu grommelles bien trop dans ta barbe aux yeux de ton patron, qui a les yeux noirs de colère. Tu es congédié pour la journée. Comme il dit : "Pas b'soin de la mauvais humeur d'un ex taulard" C'est ça qu'il a glissé à sa donzelle dans les cuisines à l'arrière du bar. Rien de pire pour te rendre encore plus de mauvaise humeur, m'enfin. Tu as décidé de faire un petit tour dans la rue principale du Chemin de Traverse, sous le soleil de plomb qui a décidé d'égailler cette journée. C'est bientôt la fin de l'année scolaire à Poudlard, et tu sais que Harry et Remus vont bientôt quitter les murs de l'enceinte de l'école de sorcellerie. Celle où tu as toi-même passé un bon moment de ton adolescence. Celle où tu te sentais davantage en sécurité qu'au moment précis où ta vie entière s'est écroulée sous tes yeux. Le fantôme des parents de Harry te suit dans tout ce que tu entreprends à présent. Ils sont là, dans ton cœur, dans ton âme. Ton corps vit pour eux, pour ce qu'ils n'auront pu entreprendre. Tu as la responsabilité de Harry coûte que coûte, maintenant que tu es libre. Une liberté d'une durée illimité, mais existante depuis exactement cinq années déjà. Le temps passe à une vitesse, n'est-ce pas Sirius ? La vieillesse. Les rides. Le manque affectif. La famille inexistante. Bien que, Remus et Harry soient ta seule et unique famille...

Tu reçois la visite d'un messager, alors que tu t'es commandé une glace chez Florian Fortarôme, un peu comme quand t'étais gosse. Ca te rappelle des bons souvenirs. Le patronus de Harry surgit, captive ton attention. Le message est clair. Urgence. Pré-au-Lard. 14h. Tu soupires, en observant ta montre. Il ne te reste plus que 45 bonnes minutes pour rejoindre le lieu de rendez-vous. Mais, tu ne paniques pas. Tu connais ton filleul par coeur, et t'oses espérer que ce ne soit pas une urgence affolante. Débrouillard, le gamin. Tu le sens au fond de tes entrailles que ce n'est rien de grave. Mais... Une petite pointe amère se glisse sur tes lèvres, car, tout de même, t'es responsable de lui à jamais. Tu l'as promis.

Tu transplanes à Pré-au-Lard peu de temps après être passé une dernière fois à ton appartement. Et tu cherches du regard ton meilleur ami, car si Harry t'a contacté, tu sais que lui aussi sera présent. Vous n'êtes jamais l'un sans l'autre. Harry a un peu remplacer votre défunt ami, James. Le fiston prodige qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. À chaque fois que t'y penses... T'as une petite larme de mélancolie, et surtout, tu te sens si fier.

Bref. Tu trouves du regard ton ami, Remus. Et tu fonces vers lui, d'un pas décidé. Un vieux jean. Une veste en cuir couvrant tes épaules, malgré le soleil visible dans le ciel. Remus monte déjà sur ses grands chevaux, et tu le stoppes d'une main rassurante sur son épaule droite. Un léger sourire. Un pincement qui se glisse sur ton visage. Expression qui ne se voit que rarement, car tu n'es pas du genre très jovial. Ça, on le sait, Sirius.

Je suis sûr que tout va bien, Remus.

T'observes les alentours en cherchant Harry, toi aussi, à l'affût d'une erreur de jugement de ta part sur cette situation anodine. La foule des élèves s'évanouit doucement autour de vous.

Il n'a pas précisé de lieu exacte dans son message, non ?

Hogsmeade, hurry, please.

Le sourire de Sirius ne parvint pas tout à fait à le rasséréner, malgré tout; il était bon d'être là tous les deux et de pouvoir marcher dans le village sans honte ni crainte, mais son esprit était d'un naturel inquiet, et il semblait ne pas réussir à calmer ses angoisses alors qu'elles affluaient, lentement et sûrement. Il connaissait Harry, il savait qu'il avait à coeur de les protéger, eux également et il ne pouvait pas voir cette invitation comme autre chose qu'un appel à l'aide. « J'ignore comment tu parviens à être si sûr de toi; Harry n'est pas exactement apprécié par tout le monde.  » Les souvenirs affluèrent à nouveau et il se tourna vers Sirius, conscient qu'il venait probablement de ramener de mauvais souvenirs. « Patmol... Excuse moi, je ne voulais pas... » Il se tut, laissant son esprit voguer au rythme des souvenirs qui le submergeait. Et puis il apparut, pas tout à fait dans le village, mais en lisière, leur adressant un regard étrange; et Remus tira la manche de son ami. « Là. On dirait qu'il veut... nous montrer quelque chose ? » Il était inquiet, parce que l'attitude était inhabituelle, parce qu'il n'avait pas pris le temps de discuter avec lui depuis quelques jours et peut-être qu'Harry s'était mis en difficulté d'une quelconque manière. « On y va. » Inflexibilité, il emboîta le pas du lion et descendit la rue menant à la foret bordant le village sorcier et il demanda à Sirius. « T'as une idée de ce qu'il veut ? » Ils perdirent de vue un court instant le sorcier et Remus pressa le pas pour le rattraper et son coeur s'arrêta. Parce qu'entre les arbres, planté dans l'herbe haute de ce printemps qui pointait le bout de son nez, bien ancré sur quatre pattes épaisses, un lion leur faisait face; et la cicatrice sur son front tuait dans l'œuf le moindre doute qu'ils auraient pu avoir. Parce que Harry était arrivé au bout de son apprentissage d'animagus et qu'il les avait invités pour constater sa victoire. La gorge de Remus se noua, et il sentit l'émotion déborder, montant en vagues du plus profond de lui; mélange étrange de fierté, de nostalgie et de reconnaissance. Il se voyait, des années auparavant, accusant un drôle de coup lorsque ses amis étaient parvenus à se transformer pour lui, pour l'accompagner lors de ses transformations. La voix rauque, il ne put se retenir plus longtemps « Tu as réussi.. Harry, c'est formidable ! » Le lion les regardait, et dans son regard brillait le bonheur du sorcier, et une pointe d'amusement, en même temps que sa queue battait l'herbe de la clairière. « Un lion.. J'aurais dû m'en douter ! » Ils n'étaient plus là mais il le savait, Remus, il pouvait la sentir, la fierté de Lily et James Potter qui, debout à côte d'eux observaient avec émotion l'incroyable sorcier qu'était devenu leur fils. « C'est fantastique.. » Il était à bout de mots, pour le moment, et il laissa Sirius prendre le relai; il savait qu'il serait bien plus loquace que lui, le temps qu'il retrouve ses esprits et un brin de contenance...
@Harry Potter  @Sirius Black
 

samedi 5 juin 1999.
@Harry Potter  @Remus J. Lupin

L’arrivée de Harry est sans appel, et malgré les remarques de Remus, tu ne doutes absolument pas de l’état de santé de Harry. Tu connais parfaitement ton filleul, au bout de cinq ans. Tu as rattrapé le temps perdu avec ferveur, évidemment. Chaque parcelle de passé de Harry, tu les connais sur le bout des doigts. Tu saurais dire chaque émotion qu’il ressent en l’observant. Et ce message… Tu sais que quelque chose cloche, mais tu sens qu’au fond, il n’y a rien de grave, au contraire. C’est positif, ce message, tu le sens. Et tes doutes se confirmeront bien vite. Ton regard se pose sur ton filleul à quelques pas de vous, près de l’entrée du village. Un froncement de sourcils de ta part. Les mots de Remus qui s’échappent. Vous vous hâtez de rejoindre le jeune homme qui fuit dans la forêt. Le jeune Harry se réfugie dans la forêt interdite, et vous, bougres de sorciers, vous suivez bêtement. Et si c’était un piège ? Ah, finalement, tu doutes, Sirius, et tu aurais bien raison. Mais tes pas disent le contraire, car assez vite, malgré avoir perdu de vue le jeune homme, vous arrivez dans la forêt interdite, sombre. L’air compressé te rappelle de mauvais souvenirs, mais tu passes outre. Tu cherches du regard autour de toi, tout comme Remus à tes côtés. Et finalement, le miracle apparaît.

Un lion.
Un lionceau.

Merde, il a réussi ! Harry Potter a réussi son apprentissage en animagus, comme toi auparavant, comme son père avant lui. Tu es soulagé d’apprendre que ce n’est effectivement rien de grave, parce qu’une pointe amère s’était finalement glissé dans ta bouche avant même de voir ce magnifique lion majestueux arborant une cicatrice sur le front comme celle de Harry. Un énorme soupir s’échappe d’entre tes lèvres, suivit d’un énorme sourire.

Bravo Harry, oui Bravo !

Tu frappes entre tes mains, le sourire rayonnant sur ton visage assombri par la tignasse noire non coiffé au dessus de ton crâne. Ton regard croise celui de Remus pendant un instant.

T’étais au courant ? Tu savais qu’il allait… ? Oh et puis laisse tomber, c’est génial. Bon, un peu voyant, non ?

Comparé à toi, effectivement, m’enfin, ce n’est pas ça qui empêchera Harry Potter de se promener en tant que lion dans tout le pays, maintenant. James serait si fier de son gamin, putain. Tes tripes se compressent. Cette sensation. Ses larmes qui voudraient s’échouer, de bonheur, évidemment. Mais tu n’en fais rien, t’es un gros dur aux premiers regards, Sirius. Reste donc ainsi. Harry n’a pas besoin de savoir que tu peux parfois être émotif.

Ah, Harry, franchement.

T’en reviens tellement pas.

Et l'allégresse de Sirius éclata presque immédiatement, évoquant les mots qui s'étaient perdus dans l'émotion de Remus. Il lui jeta un regard reconnaissant et accompagna son ami dans les applaudissements discrets dont ils gratifièrent la performance du lionceau. Il avait réussi; après des mois de doutes, de conseils, de remise en question, il y était parvenu et s'était hissé à la hauteur de certains autres grands sorciers. C'était un exploit d'y parvenir aussi tôt, et Remus ne voulait pas que cette démonstration de magie soit gâchée parce que ses amis y étaient aussi parvenus très tôt; c'était impressionnant, à bien des égards ! Il haussa les épaules face aux questions de Remus et répondit, rayonnant « J'ignorais qu'il y était parvenu, je te rassure ! » Il avait compris, la volonté de changer de sujet de Sirius, pour masquer l'émotion, et il sourit, de ce sourire en coin qu'il arborait parfois, quand il enregistrait quelque chose que d'autres ne pouvaient pas comprendre. C'était la force des années, des habitudes prises près de Sirius, de ces années passées à vivre ensemble, à manger ensemble, à dormir ensemble, à se réveiller toujours côte à côte; c'était là qu'avait germé leur amitié, et qu'elle s'était développé pour passer de graine germant à plante grimpante, impossible à contrôler. Il avait perçu l'émotion dans la voix, et il savait quels souvenirs venaient de s'échouer sous le crâne de son ami; c'était les mêmes qui ravageaient son esprit depuis qu'il avait posé les yeux sur Harry, en lion. La transformation se fit dans l'autre sens et il fut à nouveau devant eux, trépignant d'excitation tant maraudeur qu'il faillit chanceler, Remus. Il y avait tant de James, tant de Sirius, tant de Lily partout où il posait les yeux qu'il sentit également la frénésie le gagner. Inspirant profondément, il se contenta cependant de rester lui-même et reprit la parole « Non, effectivement, ça ferait brouillon - j'imagine déjà les gros titres de la gazette..» Il marqua une courte pause et ajouta, conscient qu'il risquait de briser l'ambiance, mais désireux de garder son titre de rabat-joie « Je suis content que tu y sois parvenu, vraiment, mais tu n'oublieras pas de te déclarer au Ministère d'accord? Si un de tes petits camarades - disons Malefoy - ou même le professeur Rogue venait à l'apprendre, crois moi qu'il s'empresserait de le dire aux autorités, et tu risquerais une belle amende.. » Le côté pratique avant tout, et même s'il sentait encore poindre en lui des vagues d'enthousiasme, il se doutait qu'il devait aussi prendre ce rôle auprès d'Harry - quand Sirius lui aurait probablement conseillé de ne pas le faire du tout.
@Harry Potter  @Sirius Black
 

samedi 5 juin 1999.
@Harry Potter  @Remus J. Lupin

La surprise est tellement incroyable, si inattendue que tu es tout excité à l’idée de connaître les détails de la nouvelle prouesse de ton filleul. Il t’avait caché ces dernières semaines, cette nouveauté, cette surprise. Devenir animagus était un souhait pour lui depuis tant de mois, que tu espérais pouvoir lui enseigner toi-même cette magie incroyable qu’il fait décupler pour réussir à se transformer en un animal qui nous représenterait si bien. Lui, a décidé de faire tout ça seul. Une surprise qu’il te fait, à toi, à Sirius. La force de ce gosse te fera toujours l’effet d’une décharge. En réalité, en voyant Harry revenir vers vous, sous sa forme humaine, revêtant un vieu jean, tu as l’impression de voir ton meilleur ami perdu. James. Le portrait craché de celui pour qui tu aurais pu mourir. A chaque fois, c’est avec stupeur que tu t’imagines le prendre dans tes bras. Quoi, c’est beau de rêver… Mais Harry n’est pas James, et bon nombre de vos amis sont là pour vous le rappeler. Notamment, Madame Molly Weasley, amie de longue date, ancienne membre de l’Ordre du Phoenix comme toi, et surtout, la mère de substitution de Harry pendant toutes ces années, même après ton retour dans sa vie. Elle n’a pas tort, tu le sais. Tu sais aussi que James et Lily seraient si fiers de voir les prouesses, les acquis de leur fiston. Il est doué. Courageux. Généreux. Ambitieux. Tu sais que Harry ira loin, plus loin encore que ce que tu aurais pu imaginer pour ta propre destinée à son âge, à l’époque. Pour toi c’est foutu, mais lui, il peut aller encore au-delà de toutes ses espérances. Et tu es là pour le pousser vers l’avant, avec Remus à tes côtés.

T’échappes un léger rire rauque en entendant déjà les recommandations de Remus. Il ne changera donc jamais ton vieil ami. Toujours là pour éclater l’ambiance et faire son grand homme, mais sans lui, il est bien évident que vous n’en seriez pas là. Tu n’aurais sans doute pas réussi à lâcher prise, à vendre le manoir des Black, à refaire ta vie.

Et alors, la gazette pourra enfin dire que Harry est l’héritier digne de Gryffondor, après tout. L’épée, puis l’animal emblématique de sa maison. Vraiment Harry c’est… Je n’ai pas les mots. Je n’imaginais pas ce genre de “chose urgente”, et je suis bien content d’apprendre que tu as enfin réussi. Bravo, encore !

Tu joins tes mains à tes mots, le sourire sur ton visage qui s’illumine davantage. Il est bien rare qu’on puisse observer cette lueur dans ton regard, ou ce sourire sur ton visage. En présence de Harry et Remus, tu es différent. Moins fermé. Plus heureux. Ils te rendent heureux.

Bon, alors on fête ça ? Sans entendre encore d’autres remontrances logiques, mh, Rem ?

Tu lui tapes sur l’épaule, en échappant un nouveau sourire.

L'émerveillement et l'émotion avaient laissé place à une nostalgie toute puissante et il ne pouvait plus s'empêcher de sourire, Remus, en voyant leur mine à tous les deux, leurs sourires et cette excitation. C'était comme être revenu des années en arrière, dans la salle commune, lorsque la nuit était tombée et qu'ils essayaient de trouver la conduite à tenir pour se transformer. C'était doux, c'était tendre, et il était content de pouvoir revivre ça. La bourrade de Sirius dans l'épaule le ramena définitivement sur terre et il essuya le coin de son œil droit, légèrement humide.  « On peut aller boire un verre, effectivement ! Tout exploit mérite récompense ! » Et il le pensait sincèrement, celui qui se permettait d'offrir des chocolats et sucreries à ses étudiants pendant les cours : il savait qu'il existait de plus grandes façons de faire apprendre les choses qu'en punissant l'échec. Et ses méthodes avaient toujours donné d'excellents résultats, depuis les premières années. Emboîtant le pas des deux lions, il s'aperçut qu'il ne parvenait pas à s'arrêter de sourire - comme il n'arrêtait pas de se demander quelle était la meilleure façon de s'organiser pour qu'Harry aille se faire enregistrer au Ministère. La question d'Harry le fit sourire « Ah Harry, quelle question incroyable. Tu te rappelles, Pat, quant James nous disait qu'il arrivait qu'il n'ait plus envie de revenir ? » C'était différent pour lui, ça l'avait toujours été. Ses transformations n'avaient pas été voulues, comme c'était le cas pour ses amis, et dans l'intention, il se disait que cela avait dû jouer énormément dans la balance. Les siennes entraînaient toujours de terribles douleurs, quand la peau se déchirait pour laisser place à l'animal et après, lorsqu'il redevenait lui-même, il gardait un goût ferreux dans la bouche, pendant plusieurs heures, sans qu'il sache si cela provenait bien des plaies qu'il se faisait dans la bouche, pour tenter de contenir certains instincts. Il ajouta simplement « Pour ma part, non, ça ne me l'a jamais fait. » Toute vérité n'était pas bonne à entendre, et qu'aurait-il gagné à dire à Harry que ses transformations n'étaient que synonymes de violence? Il se tourna vers Sirius pour l'écouter répondre et rapidement, ils passèrent le pas de la porte des Trois Balais et sa chaleur réconfortante. bièraubeurres commandées, il se tourna vers Harry et, échangeant un regard avec Sirius, se lança « L'ambiance n'a jamais changé ici, Rosmerta est très forte pour ça. » Les pintes leur furent apportées et il continua « On a eu notre lot d'après-midi ici, les week-end ouverts à pré-au-lard étaient déjà organisés à notre époque. C'est là que tes parents ont eu leur premier rendez-vous, quand elle a finalement compris que James n'était pas qu'un crétin. » Sirius avait eu envie de venir les espionner et Peter l'aurait suivi, si Remus n'était pas intervenu, alors, ils étaient allés de leur côté, sans oublier de regarder de tous les côtés, pour ne pas manquer un quelconque rapprochement entre leurs amis. « Ton père et Sirius buvait tout ce qui contenait de l'alcool - pour "goûter", évidemment. Et Peter... » Il marqua une courte pause avant de reprendre, la voix basse. « Peter prenait un chocolat, invariablement. Je t'avoue que Honeydukes nous voyait plus souvent qu'ici, tout de même. » Il laissa Sirius complétait avec ses propres souvenirs et il but une grande gorgée de la bièraubeurre.

@Harry Potter  @Sirius Black  

samedi 5 juin 1999.
@Harry Potter  @Remus J. Lupin

Les souvenirs, la beauté de cette relation que vous pouviez entretenir tous les trois, à présent. Oui, James Potter manquait dans le tableau, mais il était à la fois dans vos coeurs, dans vos âmes, vos conversations… T’échappes un léger rire quand Remus signale que votre ami à l’époque ne voulait reprendre sa forme humaine pour quitter le monde humain et rejoindre la forêt pour se dégourdir les pattes. A vrai dire, tu avais adoré cette sensation, toi aussi, à l’époque. Bien qu’aujourd’hui, tu sois persuadé que passer une minute en tant que Patmol le chien noir ne t’enchante finalement plus autant après les années d’Azkaban et les mois de fuite, il y a longtemps de cela déjà. Tu emboîtes le pas de Harry et Remus en les écoutant avec attention, jusqu’à la porte des Trois Balais, que vous franchissez avec une certaine nostalgie, cela est vrai.

Oh, si tu savais comment ton père tremblait de peur le jour de ce fameux rendez-vous galant.


Tu échappes un nouveau rire rauque en passant ta main sur la pinte de bièraubeurre fraîche posé devant toi. A vrai dire, tu t’en rappelles comme si c’était hier. Ils étaient cachés dans un coin du pub, histoire d’être à l’abri des regards. A l’époque, les trois amis de James Potter avaient fait en sorte de se cacher non loin pour observer la magie de l’amour. Peter s’était foutu de James pendant tout le trajet. Tu lui avais tapé dans le dos. Et seul Remus l’avait encouragé comme il se doit. Rem et Lily étaient davantage proches que toi, tu ai pu l’être à l’époque. Cette relation s’est développée lors des différents Noël, anniversaires, soirées d’Eté par la suite. Lily était une douce femme. Elle était parfaite pour ton ami. Et la meilleure mère que Harry aurait pu avoir. Elle dégageait quelque chose qui te poussait toujours à lui dire la vérité, à vouloir la protéger comme si elle était ta sœur. Au fond, elle l’était un peu. James étant comme un frère pour toi.

Tu sors de tes pensées, de ces souvenirs qui t’envahissent en entendant prononcer le prénom de Peter de la bouche de Remus. Tu tressaillis légèrement et soupires doucement.

Je suis certain que les frasques que nous avons pu faire, ont été répétés par tes amis et toi, Harry. Bien que tes années à Poudlard aient été perturbées… Ron et Hermione sont les meilleurs amis que nous étions avec James.


T’avales une gorgée du contenu de ta pinte, histoire de t’effacer un peu de cette conversation. Les souvenirs picorent ton coeur, à l’instant. Et tu ne sais pas si c’est une bonne idée de ressasser tout cela. En fait, vous étiez là pour vous réjouir, non ?

Enfin, quand même, parlons de quelque chose de plus réjouissant ! Harry est en fin d’année, et en plus tu viens de faire un exploit inoubliable !


Tu tends ta pinte dans sa direction, histoire de trinquer. Car au fond, vous êtes vraiment là pour profiter de ce moment ensemble, tous les trois, avant de reprendre vos trains de vies habituels.