La Serpentard avait du mal à se concentrer aujourd’hui. Assise seule à la bibliothèque, à sa table, celle où elle s’installait souvent quand elle était libre (et quand elle ne l’était pas, Natalia en ressentait une certaine contrariété boudeuse), elle avait plutôt tendance à regarder passer les gens et les livres, délaissant le bouquin qu’elle avait devant elle pour ses révisions de fin d’année. Le sujet, elle le connaissait sur le bout des doigts, mais perfectionniste, bonne élève et surtout sous pression d’obtenir les meilleurs résultats possibles, elle se devait de pousser l’apprentissage jusque dans les moindres détails.
Mais voilà, aujourd’hui, à cette table qu’elle avait côtoyée pendant un peu moins de huit ans, elle songeait à son avenir, elle songeait à la fin de sa scolarité à Poudlard, et elle se sentait aspirée dans un gouffre vertigineux. Un maelstrom d’émotions se succédait en elle, entre ravissement et peur., le tout était mêlé à une certaine fatigue qu’elle trainait depuis la fin de son stage, depuis qu’elle s’était remise en selle pour être la meilleure cette année. Histoire de conclure sa scolarité d’une note excellente. Tout cela allait lui manquer c’était certain, mais d’un côté elle était contente d’avancer dans la vie. Ce qui l’enchantait moins par contre, c’étaient les projets de sa famille la concernant. Elle ne savait pas du tout à qui elle serait promise - la honte suprême serait que son père n’ait trouvé personne - et s’il serait bien pour elle. Bon, elle allait tout faire pour passer par Oxford histoire d’être encore libre quelques temps même si sa majorité la conduisait de fait vers les affres d’un mariage arrangé, école ou pas école.
L’idée de graver quelque chose dans le bois de la table, un truc du genre « Natalia est passée par là », lui trottait en tête, à côté de celles et ceux qui avaient gravé des trucs, genre un A, un cœur, un C. Elle fit un petit sourire sincère. Elle n’était pas attendrie, plutôt rêveuse. Parfois, elle avait l’impression de passer à côté de sa vie d’adolescente, de n’avoir pas profité, et maintenant, elle était aux portes du monde adulte. Songeant à cela, à ses amis amoureux, aux couples qui s’étaient formés au grès des huit années où elle était là, elle se sentait bien seule. Elle aurait certainement dû essayer de draguer un sorcier de sang-pur, filer l’amour avec lui, mettre son père, leurs familles, devant le fait accompli, plutôt que d’attendre la guillotine, le choix de son père. Sa plume avait finalement choisi son parchemin pour griffonner plutôt que la table, et sans s’en rendre compte, elle dessinait l’élève attablée plus loin. C’était un peu la vision d’elle-même, déformée par sa réalité sans doute. Après une esquisse rapide quoique ressemblante, elle sembla revenir à elle :
« Bon Natalia, si tu ne révises pas… » se menaça-t-elle dans un murmure en posant sa plume. Elle se pencha pour attraper dans son sac une potion qu’elle avait faite préparer par Harold Dingle. Ce type fournissait contre des espèces sonnantes et trébuchantes de quoi passer les examens en étant en pleine possession de ses moyens malgré le stress, la fatigue, et le reste. Il lui avait vendu une potion de concentration, ce dont elle avait grandement besoin là tout de suite. Elle espérait que ça allait chasser son envie de dormir, et si ça ne lui donnerait pas meilleure mine, ça lui donnerait au moins les ressources cognitives pour terminer sa phase de révision. Elle l’avala d’une traite, reposant le flacon en même temps qu’elle faisait une grimace. Elle toussa un coup en poussant un petit : « Pouah… »
Sa dignité retrouvée après une rasade d’eau, elle s’étira, fit rouler ses épaules, avant de rapprocher sa chaise. Maintenant qu’elle était dans de meilleurs dispositions, elle allait pouvoir s’y mettre sérieusement !
Soudainement, elle fut prise d’un éternuement qu’elle parvint à contenir légèrement pour qu’il reste discret. Il ne fallait pas troubler la bibliothèque non plus. Seulement, alors qu’elle éloignait la main de sa bouche et de son nez, d’innombrables confettis glissèrent sur sa table. Alors que ses grands yeux s’agrandissaient encore de surprise, et que son nez grattait ostensiblement, elle éternua une nouvelle fois des confettis, lesquelles s’envolèrent sur l’ensemble de la table et du sol.
« Oh mon Dieu… » fit-elle en mettant sa main devant sa bouche. Natalia attrapa sa baguette et elle la pointa sur les confettis en murmurant : « Evanesco. » Quelques-unes disparurent, mais il en restait tellement !
Alma Spinnet
veritaserum
parchemins : 542
sablier : 5
- clubs et assos : ex-AHMA, cuisine & botanique
- (options) ou (cursus) choisis : Botanique, DCFM, étude des runes, sortilèges & métamorphose
Elle ne parvenait plus à lancer son patronus, et ça commençait doucement à la faire paniquer. Elle n'avait pas mis plus de temps qu'un autre lorsqu'elle avait entamé son apprentissage du sortilège, l'année dernière, lors de sa première sixième année. Elle avait passé différents stades du cours de Lupin, alternant les doutes et goûtant à la difficulté que c'était de maîtriser ce sortilège pour y parvenir finalement, quelques semaines après la rentrée et quelques jours seulement avant de devoir quitter l'école pour rejoindre Ste Mangouste. Alors, elle y était parvenue, une fois ou deux, mais à son retour, après le redoublement, elle avait dû s'y reprendre et alors, elle n'avait plus réussi à faire sortir la méduse argentée. Elle avait pris son parti d'y parvenir, tout de même, luttant contre le sentiment de dévalorisation prégnant en elle et elle s'était rendue à la bibliothèque un soir pour tenter de trouver un livre l'aidant à le maîtriser, quitte à y passer la semaine, quitte à s'épuiser. Et elle avait trouvé un bel ouvrage sur le sujet; quelques centaines de pages destinées à l'étude des patronus, de l'invention du sortilège en passant par les habituelles difficultés rencontrées par les sorciers dans leur quête de connaissance. Mais voilà, quelques heures plus tard et elle n'était pas plus avancée ; peut-être le tumulte de la salle commune avait eu raison de sa concentration et elle avait délocalisé ses recherches vers la bibliothèque, espérant que l'ambiance studieuse de l'endroit l'aiderait à retrouver sa méduse. C'était un endroit qu'elle avait trouvé apprécié, tant parce qu'il recelait tout ce qu'elle n'aurait jamais assez de temps pour connaître, mais également parce que le calme ambiant l'aidait bien souvent à faire le tri dans le tumulte logé sous son crâne. Les minutes s'étaient engrenées et Alma en venait à penser que le souvenir qu'elle essayait d'utiliser pour invoquer son patronus - un souvenir d'un repas de fête en famille - était peut-être altéré par les récents événements et ne correspondait pas à des souvenirs heureux, pour le moment. Alors, elle décida d'en utiliser un autre mais ne parvint pas à en identifier un qui ferait l'affaire. Un premier éternuement retentissant dans l'ambiance si studieuse de la bibliothèque la fit légèrement sursauter et elle échangea un regard avec une aiglonne assise à une table qui avait l'air aussi étonnée qu'elle de l'enchaînement d'éternuements qui venaient d'une rangée un peu plus loin. Une exclamation surprise convainquit finalement Alma de se lever pour aller jeter un œil et ce qu'elle découvrit lui fit marquer un temps d'arrêt; Natalia Levetzow, une vipère de dernière année était assise devant un océan de confettis colorés. Etouffant un rire, elle s'avança et demanda en chuchotant « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Elle jeta un œil à la bibliothécaire occupée quelques rangées plus loin à ranger des rayonnages et sortit sa baguette pour l'aider. « Tu veux un coup de main ? »
La jeune femme ne savait pas encore bien par quelles émotions elle était en train de passer. A la surprise se succédait la gêne, voir la honte, et la colère n’était pas bien loin. Néanmoins, elle était animée d’un sentiment plus urgent, celui de ne pas faire trop de bruit pour ne pas attirer la bibliothécaire qui allait la foutre dehors pour avoir salit l’endroit. A dire vrai, elle aurait aimé ne pas attirer l’attention du tout, mais déjà une autre élève venait s’enquérir de ce qu’il s’était passé. Une main devant le nez pour essayer d’éviter un éternuement intempestif, ce qui n’était pas facile quand des confettis étaient coincées dedans, elle répondit avec une petite moue :
« Tu vas te moquer de moi… Alma c’est ça ? » demanda-t-elle, étant certaine que la Poufsouffle se prénommait comme ça. Elle ne la connaissait pas spécialement, voire pas du tout, mais elle connaissait son prénom, sans se souvenir à qui elle avait demandé cette information, même si elle se souvenait pourquoi. Mais bon, puisqu’elle n’était pas à l’abri d’éternuer une nouvelle fois, soupçonnant que les confettis devaient induire un cycle, un éternuement, des confettis qui chatouillent le nez, un autre éternuement, et ainsi de suite, elle ne pouvait pas ne pas être transparente sur ce qui lui arrivait. « Disons que quand j’éternue, j’ai ces horreurs qui… qui… qui me sortent du nez ! » Elle prit une grande inspiration. « Olalala ça va recommencer ! » couina-t-elle en tendant la main comme pour la retenir d’avancer alors qu’elle inspirait un coup et qu’elle éternuait une nouvelle fois.
C’était la parfaite illustration de son propos. Malgré sa main devant son nez, des confettis fusèrent de façon désordonnée, se parsemant sur la table, le sol, les livres, par-tout ! Elle en avait même dans les cheveux !
Fataliste, elle écarta un peu les bras et lança un petit : « Tadaaaa… » désabusé par cette démonstration bien malgré elle, non sans finir par faire un pale sourire à la brune. « Je crains que nous ne soyons pas trop de deux pour venir à bout de tout ça, mais je ne veux pas t’attirer d’ennuis. »
Sa baguette en main, elle effectua une nouvelle fois le mouvement et la formule « Evanesco. » pour faire disparaître quelques confettis qui étaient en tas. Mais le problème serait le même si elle continuait à éternuer. Elle eut une idée dans le même temps :
« Est-ce que tu veux bien essayer « finite » sur moi pour voir si ça annule l’effet ? C’est à cause d’une potion… Je ne sais pas si ça peut fonctionner. » Plus loin, la bibliothécaire approcha sans se rendre compte de rien pour le moment. Elle avança juste de quelques rayonnages, toujours perdues sur la liste qu’elle tenait en main. « Oh mince, je crois que je t’en ai mis partout aussi, » dit-elle en approchant et alors qu’elle voulu chasser quelques bouts de papier égarés sur l’épaule de sa vis-à-vis, elle éternua de nouveau. Alma se retrouva sous une avalanche de confettis.
Interdite, Natalia la considéra. Elle était certaine que si la Poufsouffle esquissait ne serait-ce qu’un sourire, elle allait éclater de rire, et ce serait plus fort qu’elle, entre la nervosité et l'amusement contraint, la gêne et le comique de la situation. Mais tant bien, elle allait se faire jeter bien proprement.
Alma Spinnet
veritaserum
parchemins : 542
sablier : 5
- clubs et assos : ex-AHMA, cuisine & botanique
- (options) ou (cursus) choisis : Botanique, DCFM, étude des runes, sortilèges & métamorphose
Elle avait sincèrement du mal à se retenir de rigoler, tant la situation était drôle et elle se demandait ce qui en était la cause: la magie du château ? Un sortilège raté? Elle s'approcha et chuchota « Oui, Natalia ! » Elle savait également son prénom, sans trop savoir comment; c'était le genre de choses qui étaient naturelles au château, de connaître les noms et prénoms de tout le monde, même sans les côtoyer, même sans les connaître et elle ignorait depuis quand elle savait comment elle s'appelait, mais elle l'avait immédiatement classée dans la catégorie des personnes qu'elle ne côtoierait pas - pureté du sang oblige. Elle s'installa face à elle et commença à regrouper sur la table des confettis qui s'y étaient amoncelés et sourit à l'explication de la vipère. Tirant sa baguette, elle les fit disparaître d'un informulé avant de la voir réitérer son expérience. Se retenant de rire encore une fois, elle serrait fort les mâchoires au point de s'en faire mal. « Et... ça t'arrive souvent ce genre de rhume ? » Elle ne pouvait cacher l'amusement dans sa voix, même si elle ne se moquait pas d'elle, mais la situation prêtait trop à rire pour se retenir. Souriant sans réellement pouvoir s'en empêcher, elle poursuivit. « On va trouver une solution, tu sais pourquoi ça t'arrive?! » La réponse la fit sourire, à nouveau, elle devait avoir un certain niveau en potions pour avoir créer ça et quelque part, c'était une belle farce à faire à quelqu'un. S'approchant pour tenter le finite, Natalia éternua à nouveau, et Alma, les yeux écarquillés fut submergée par une vague de confettis qui envahirent ses cheveux, son visage, même ses habits, s'engouffrant jusque sous sa robe de sorcière. Pouffant de rire, elle porta une main sur sa bouche pour ne pas éclater de rire et, devant la mine défaite de Natalia, ne put se retenir. Mme Pince fondit sur elles et se mit à hurler devant le spectacle, ce qui ne fit qu'en rajouter pour Alma qui ne retint plus aucun éclat de rire. Entre deux éclats, elle dit à Natalia « Viens, on sort ! » Et le chemin de la sortie se fit en rires, également, alors qu'Alma semait derrière elle un chemin de confettis qui ne fit qu'en rajouter pour la bibliothécaire, rouge de colère, qui continuait de s'époumoner. Et les regards des autres étudiants qui ne manquèrent pas d'étonnement alors que passaient les deux jeunes filles, une blairelle et une vipère, couverte de confettis. Elle récupéra ses affaires au passage et les filles sortirent. Alma ne parvenait plus à respirer et elle mit un moment à calmer son fou rire, les bras serrés pour soulager la douleur dans les côtes. « J'avais jamais vu ça ! » Séchant ses larmes, elle poursuivit. « J'sais pas qui t'as joué ce mauvais tour, mais il mérite une vengeance ! » Levant sa baguette, elle chuchota finite et la regarda « Ca a suffit, tu crois ? ». Elles avaient l'air maline là, les deux faisant tomber un bon nombre de confettis au sol pendant qu'elles parlaient.
Un genre de rhume, c’était une bonne façon de nommer la chose. Natalia n’était pas un exemple de robustesse mais ça tenait plus de ses carences alimentaires que d’une constitution fragile et propice à la maladie. A dire vraie, elle ne l’était pas souvent. Pour le coup, elle savait très bien d’où ça pouvait venir : la potion, et par extension, son vendeur : Harold Dingle. Pour l’heure, elle était trop embêtée pour lui en vouloir réellement, il y avait plus urgent à gérer, comme son nez qui s’était transformé en canon à confettis. La vipère expliqua le problème et la cause de celui-ci, avant d’éternuer fatalement sur Alma, la drapant de petits bouts de papiers multicolores de pieds en cape. La gêne, la honte, la situation, et la réaction d’une Alma déjà amusée qui avait vu ses yeux s’écarquiller de surprise avant de rire de bon cœur même si elle essaya de le cacher derrière sa main, achevèrent Natalia qui partit d’un fou rire à son tour, ne pouvant plus se retenir.
Habituellement, son éducation stricte et de bon aloi lui aurait commandé de courber l’échine et de s’excuser devant Madame Pince, puis de tout nettoyer, mais comme elle ne savait pas si son nez n’allait pas la trahir de nouveau et alors qu’elle se marrait comme une baleine, elle opta pour la fuite désordonnée proposée par Alma. Elle ramassa ses affaires en toute hâte sans les ranger dans son sac, et fila en direction de la sortie de la bibliothèque dans un sillage de confetti tout en lançant un « Pardon ! » qui n’avait rien de sincère étant ponctué par un rire franc. A l’image de sa comparse, Natalia avait les larmes aux yeux et le souffle court. La petite course en rigolant avait achevé de l’essouffler, et elle mit un moment à reprendre son sérieux, les joues bien roses. Si elle avait le malheur de croiser le regard rieur d’Alma, elle repartait de plus belle. Vraiment, ce n’était pas sérieux d’avoir fait ce coup là à la bibliothécaire, mais elle reconnaissait que c’était vraiment drôle. En tout cas, il n’y avait qu’à suivre les confettis pour les retrouver, elles en semaient encore autour d’elle. Natalia était certaine qu’elle en retrouverait des mois plus tard dans ses vêtements, même lavés. Ça s’infiltrait partout !
« J’espère… On va être vite fixée, merci. » fit-elle en essuyant ses larmes. Elle plissa le nez plusieurs fois pour voir si quelque chose se produisait. Il y avait toujours cette petite démangeaison latente mais pour le moment, elle respirait bien par les narines. Elle n’avait pas l’air bien maligne en plissant son nez comme ça, mais il lui semblait que c’était une bonne solution pour le « tester ». Et puis, au point où elles en étaient… Des confettis partout autour d’elle, dans leur sillage, Alma en avait partout, et elle ne devait pas être mieux. La course avait dû les disperser dans leurs cheveux, ça allait être une vraie galère à les extirper de là au regard de leur crinière respective.
« Oh crois moi, il va falloir que je me venge. » Seulement, elle n’était pas encore en colère, pas encore. Son sourire n’avait pas disparu même s’il était plus ténu, pas plus que son rire qui n’était pas bien loin. Il y avait longtemps qu’elle n’avait pas rigolé comme ça, la Levetzow n’étant pas sujette aux fous rires. Les joues en feu et un point de côté qui la tançait, elle laissa tomber ses affaires en vrac sur un banc, son carnet de note ouvert là où elle avait dessiné la blairelle par distraction toute à l’heure avant qu’elle n’ingère cette fichue potion. « Fiou, il y avait tellement longtemps que je n’avais pas ri comme ça. » Elle soupira pour reprendre une bonne inspiration et ajouta avec un sérieux en demi-teinte qui sonnait presque aussi faux que son « pardon » de toute à l’heure mais qui semblait plus sincère quand même : « Je suis vraiment désolée Alma, tu en as partout. En plus, je crois que je viens de nous inscrire sur la liste multicolore de Pince. » Son sourire gagna en intensité. Elle allait se marrer de nouveau. Mais pour l’heure, aucun signe d’éternuement catastrophique, mais peut-être était-il trop tôt pour crier victoire…
Accueil
