Son sac allégé d'un sortilège sur le dos et après une promesse sincère à Alicia de faire attention à elle durant les prochaines soixante-douze heures passées de l'autre côté de l'océan, Vesper quitta leur appartement pour le ministère et le portoloin qui partirait dans moins d'une heure. Une longue inspiration pour se donner du courage et un sourire plaqué sur ses lèvres en arrivant sur son lieu de travail, l'auror monta jusqu'à son bureau pour récupérer un dossier personnel et enfin, elle fut prête à partir. Mais l'était-elle vraiment ? Ce n'était pas la première fois qu'elle était sur une piste intéressante concernant ses parents biologiques, secret avait longtemps été bien gardé par les Millers avant qu'ils ne lui avouent la vérité deux années plus tôt et si V avait mis un peu de temps à assimiler la nouvelle, à l'accepter aussi, il lui en avait fallut encore plus pour qu'elle ne se décide à chercher des informations sur eux. Elle avait besoin de savoir d'où elle venait réellement, sentiment accentué par sa grossesse surprise et l'envie, pour elle ou lui, de n'avoir aucun secret à propos de son histoire. Elle connaissait le poids des mensonges, elle ne souhaitait pas de ça pour un enfant, son enfant qui ne serait qu'innocence et pureté, qui ne demanderait qu'à être aimé sincèrement. Une main sur son ventre arrondi - qui ne laissait presque plus aucun doute à ce qu'il se passait là-dessous - dans ce qui devenait une habitude depuis plusieurs semaines, il y avait eu l'impression d'être libérée d'une certaine façon après l'avoir finalement dit à Marcus et à la fois, elle avait cette sensation à l'estomac qui ne voulait pas partir, qui l'angoissait plus que de raison à l'idée que peut-être, il ne serait pas là pour s'en occuper avec elle. De nombreux sentiments s'emmêlaient dans son cerveau, dans son coeur également, et elle ne savait pas vraiment comment les encaisser, la sorcière, comment gérer ce superflu d'émotions intenses. Il y avait une part de compréhension pourtant, face à la réaction du Flint, parce qu'elle avait eu la même, l'avait encore dans cette peur rationnelle de ne pas être à la hauteur pour être mère, d'être trop jeune, pas assez expérimentée, et d'autres centaines de raisons qui la poussaient à croire que ça se passerait mal alors si en plus, son... Marcus n'était pas à ses côtés, elle n'avait aucune idée de comment s'en sortir. Il y avait également de la déception, de la tristesse et de la colère que de réaliser qu'encore une fois, il l'avait abandonné. Elle ne pouvait se défaire de cette impression horrible de l'avoir perdu, comme la première fois, sauf que c'était pire aujourd'hui. C'était pire parce qu'ils n'étaient pas juste deux amis forcés à se marier pour honorer les engagements de leurs familles, mais deux sorciers qui passaient du temps ensemble parce qu'ils le voulaient, parce qu'ils s'appréciaient et V ne niait pas combien elle tenait à lui. Une énième inspiration avant de s'accrocher à la gourde-portoloin avec les autres voyageurs, elle arriva directement à Salem où elle avait rendez-vous avec une journaliste dans quelques heures. Le temps pour elle de reprendre ses esprits et essayer de ne pas trop torturer son cerveau avec l'entrevue à venir. Il y avait de quoi être perturbée, il y avait de quoi se poser des milliers de questions et c'est ce qu'elle fit, une fois la sorcière arrivée. Vesper qui assimila tous les renseignements, son excellente mémoire qui dans ces moments là était bien pratique, avant qu'un détail ne vienne tout chambouler, encore, et qu'elle réalise ne pas être sur la bonne voie. Ce n'était pas nouveau mais comme chaque fois, un nœud au creux de son estomac se formait et son coeur, lui, s'en trouvait un peu plus affecté. Les désillusions n'avaient rien d'agréables, elle détestait ça malgré que cela commençait à devenir une habitude et depuis peu, c'était d'autant plus frustrant. La blonde ne quitta pas l'établissement avant des heures, la caféine qu'elle avait remplacé par l'eau au bout d'un moment puis enfin, elle rejoignit sa chambre d'hôtel, réservée par Marcus il y a des semaines. Il avait proposé de s'en occuper lui-même lorsqu'ils avaient décidé de venir ensemble - et aussi parce qu'avec son statut de joueur professionnel, il avait pas mal de contacts - et si c'était un autre rappel de son absence, elle était heureuse de constater qu'il n'avait pas fait les choses à moitié. L'hôtel était grand et d'un confort absolu, plusieurs étoiles à son actif certainement et après avoir posé ses affaires, V redescendit dans le hall et s'apprêtait à aller manger un bout - même si elle n'avait pas faim - quand une silhouette familière et une chevelure bien particulière attira son attention près de l'accueil. Elle ne rêvait pas, c'était bien lui, n'est-ce pas ? Lui qu'elle n'avait pas vu depuis de trop nombreux jours. Son coeur s'emballa dans sa poitrine et elle hésita à faire demi tour, à simplement disparaître, la Millers, comme il savait si bien le faire, mais il ne s'agissait pas d'une coïncidence, elle en était presque certaine. Elle voulait y croire en tout cas. Quelques pas vers lui, le regard perplexe mais fatigué aussi, elle interrompit sa conversation avec la standardiste d'un « Marcus ? » visiblement confus. « Qu'est-ce que tu fais là ? » Pas de bavardage inutile, ni de questions de politesse, elle replia ses bras devant elle dans un geste instinctif de protection et elle attendit sa réponse, un mot, n'importe quoi, comme elle l'avait fait sans cesse depuis ce jour à l'hôpital. Et elle ne savait pas si c'était être sentimentale ou juste pathétique.

Vais à Salem. Tu peux passer voir Goose pendant mon absence ? Thanks bro. Il écrit quelques mots sur un bout de papier froissé et envoie son hibou chercher Miles avant de se retourner vers la vieille femme assise dans son canapé. « Merci encore d’veiller sur Goose m’dame Potts, il a à manger pour la journée, vous aurez qu’à vérifier demain, mais normalement j’ai un pote qui va passer. » il rassemble ses affaires rapidement, fait voler des habits qu’il range de façon négligée dans un sac de sport à l’aide de sa baguette. « Encore désolé de vous faire ça au dernier moment, c’est un peu compliqué. » sa vieille voisine le rassure, lui promet que ça ne la dérange pas et après une dernière caresse pour Goose et des remerciements pour la sorcière, Marcus referme son sac et sort de chez lui direction le ministère de la magie. Il a pris cette décision sur un coup de tête, sans vraiment y avoir réfléchi avant et si la nervosité lui donne la nausée, il la refoule pour ne se concentrer que sur son objectif principal : retrouver Vesper. La vérité, c’est qu’il ne pense qu’à ça depuis des jours et qu’il est incapable de réfléchir à autre chose qu’à elle et la récente nouvelle qu’elle lui a appris. Il a fait tous les efforts du monde pour tenter de ne pas y penser, s’est noyé dans le boulot, parfois dans l’alcool, dans le sport, dans toutes les distractions possibles pour oublier les trois mots qui repassaient pourtant en boucle dans son esprit. Je suis enceinte. Il a encore du mal à y croire, à imaginer que lui, l’idiot, l’immature, le colérique, le banni va devenir papa. Sous le poids de cette nouvelle, il a fui. Parce qu’il ne sait faire que ça, il a fui et s’est renfermé sur lui-même le temps d’encaisser, sautant sur l’occasion d’un match à l’étranger pour disparaître quelques jours. Il sait qu’il n’est qu’un connard pour avoir fait ça, et que Vesper aurait sûrement espéré autre chose de lui, mais il est terriblement imparfait et enchaîne les erreurs et les ratés sans parvenir à protéger ceux qu’il aime des blessures qu’il est pourtant le seul à leur infliger avec ses actes. Il a mal agi avec Vesper et le sait, et s’il aurait pu réparer son erreur plus tôt, il n’a pas réussi à trouver la force de le faire, le sorcier bien trop enchevêtré dans sa honte, ses tourments et ses angoisses pour arriver à régler les choses. Seulement, le rappel de leur voyage à Salem a changé les choses et l’a brutalement ramené à la réalité. La date était entourée sur son calendrier, il devait l’accompagner pour qu’elle fasse ses recherches sur ses racines familiales mais ils ne se sont pas parlé depuis quelques jours, alors leur voyage à deux n’était plus autant d’actualité. D’ailleurs, Marcus ne sait même pas si elle a décidé d’y aller quand même, il est plein d’incertitudes et il pourrait sûrement passer d’abord vérifier chez elle, demander à Spinnet ou à Milo, vérifier sur son lieu de travail mais dans sa précipitation et son urgence soudaine de la retrouver, il ne pense qu’à Salem. Il avait promis qu’il serait là pour elle, et s’il n’a pas souvent pour habitude de tenir ses promesses ou d’être à la hauteur des attentes des autres, il y a cet étrange empressement à tenir cette promesse-là. Aussi, il ne rechigne pas à payer un supplément pour programmer un nouveau portoloin pour Salem en urgence, et n’a aucun scrupule à jouer sur ses relations et son statut de joueur professionnel pour accélérer le processus. Il est un peu éteint, voit les événements se dérouler sans avoir vraiment l’impression de les vivre lui et même lorsque le portoloin s’active et qu’il se voit le saisir, il n’a pas l’impression d’être vraiment là. Cet empressement ne lui ressemble pas, il n’a pas pour habitude d’être guidé par l’urgence mais c’est pourtant bien ce qu’il ressent, sans toutefois savoir vraiment pourquoi. Dès qu’il atterrit à Salem, son premier réflexe est de commander un taxi pour le guider jusqu’à l’hôtel qu’il a bouclé quelques semaines plus tôt pour lui et Vesper, priant Merlin qu’elle s’y trouve, parce qu’il n’a aucune idée de ce qu’il fera si ce n’est pas le cas. D’un autre côté, il ne sait pas non plus ce qu’il fera une fois qu’il sera face à elle. Il n’a aucun grand discours pour elle et il sait qu’il risque de se figer une fois qu’il sera face à elle, mais plus question de faire marche arrière maintenant qu’il est aux portes de l’hôtel et qu’il se dirige vers le comptoir, accueilli par une gentille réceptionniste. « J’ai pris une chambre dans cet hôtel il y a quelques semaines. Ma... Je devais venir avec quelqu’un, je ne sais pas si elle est déjà arrivée, vous pourriez peut-être me donner le numéro de la chambre, elle a été réservée au nom de Flint. » ses doigts tapotent nerveusement le comptoir et la femme n’a même pas le temps de lui répondre quoi que ce soit qu’une voix se fait entendre derrière eux. Marcus se fige sur place quand il entend sa voix confuse prononcer son nom, et il se retourne lentement vers elle pour croiser son regard fatigué et perplexe. Il croit lire d’autres émotions négatives dans son regard et sa posture, et son premier réflexe est de faire un pas vers elle pour la serrer dans ses bras comme il en meurt d’envie, mais il stoppe son mouvement aussitôt, son cœur se serrant en la voyant refermer ses bras autour d’elle dans un geste de protection. Il adresse un signe de la tête poli à la standardiste et s’éloigne pour mieux se rapprocher de sa blonde mais il a l’impression que ses jambes ne répondent pas vraiment à son appel, son corps qui semble capricieux maintenant qu’il est face à elle. « Oh tu sais, je passais dans le coin. » il lâche d’un ton qui se veut nonchalant et excessivement léger. Seulement il comprend que ce n’est pas le moment de faire des blagues et se ressaisit. « Je, je suis là pour toi » il lâche finalement d’une voix légèrement tremblante pour laquelle il se maudit silencieusement avant de se racler la gorge. « Je voulais pas que tu sois seule. » il fronce les sourcils et baisse les yeux vers le sol avant de le relever vers elle. « C’était notre voyage. » il ajoute d’un ton hésitant. Il sait bien que c’était surtout son voyage à elle, en quête de ses origines, mais il devait faire tout ça avec elle, et s’il est là aujourd’hui, c’est parce qu’il n’a pas su se résoudre à vraiment la laisser tomber. « La chambre est bien, elle te convient ? » il use de conversation externe pour noyer le poisson, mais il sait aussi qu’il ne peut pas vraiment le faire après tout ce qu’il s’est passé, alors il ferme brièvement les yeux, prend une profonde inspiration et lorsqu’il les rouvre, il se rapproche pour lui tendre la main. « On peut aller plus loin ? » n’importe où plutôt qu’au milieu d’un hall où les oreilles peuvent se montrer curieuse. Il lui laisse le choix de prendre ou non sa main et s’éloigne un peu, vers un genre de petit salon où il n’y a heureusement personne. Avant qu’elle ait pu s’asseoir et dire quoi que ce soit, mais surtout avant qu’il se dégonfle, il échappe un « I’m sorry » précipité, son cœur battant jusque dans ses tempes. Il n’aime pas s’excuser, il ne sait pas faire et pourtant ces derniers temps, il ne fait que la blesser et s’excuser. « I didn’t mean to hurt you. » et c’est vrai, le garçon qui n’a jamais cherché à la blesser volontairement mais qui ne sait pas vraiment comment marche une vraie relation. « I shouldn’t.. I shouldn’t have run away. It’s just, I… » il en perd ses mots et bégaye un peu tout en se maudissant plus fort encore de ces réactions. « I didn’t want to leave you alone here, I want to be there for you. But you can kick me out if you want, I’ll go back to London is you ask me to. » s’il avait baissé le visage plus tôt, il le relève enfin vers la blonde pour affronter son regard et tenter d’y lire à travers pour savoir si elle le déteste, si elle veut le frapper ou se défouler sur lui, tout ça qu’il mériterait bien. Il a le cœur qui bat à tout rompre et une boule dans la gorge. Il ne sait toujours pas quoi faire, ni de quoi sera fait leur avenir. Il ne sait pas s’il est prêt à devenir père, s’il est prêt à assumer ou à lui faire des promesses. Il ne sait pas s’il sera à la hauteur, s’il sera quelqu’un de bien. il ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’il veut être là avec elle et que ça lui a semblé la décision la plus naturelle au monde. Il ne sait pas s’il pourra répondre à ses questions, mais il sait qu’il ne veut pas rester loin d’elle, et qu’elle est sa force, son aurore et bien plus encore.