Le silence se prolongeait...elle ne formula aucune parole, ne voyait pas l'intérêt à le faire, ses gestes, ses yeux peignant ses sombres pensées. Verte et d'argent se tenait-elle, sa peau étirant ses fantaisies sur son corps meurtri. Diaphane, cernée de noir, encore humide du sort de l'aiglonne...celle qui malgré la chute restait présente, dans tous les esprits (elle le savait), dans l'air, voletant, ses plumes se déposant sur l'entièreté de la plateforme. Celle-ci se mouvait encore, capricieux bourreau. Elle attendait que le lion accroche ses crocs dans la nuque de l'autre, que d'un mouvement brusque il lui arrache la tête et dépèce sa domination.
C'était trouble. Le sang battant à ses tempes, le coeur, ruine d'une bataille singulière, calmait ses litiges...tout était lent et silencieux. Cerbère retrouvait son enfer, le ciel se couvrait enfin de la douceur nocturne.
Seamus s'éloigna, crachant son incapacité...elle n'avait pas le temps de lui en vouloir, ni le temps de le plaindre, ses iris accrochées sur celles du descendant de Godric. Levant sa propre baguette, elle savait ce qu'on pensait d'elle, lui peut-être qu'elle était un abattoir. Meneuse d'une apocalypse faite de volupté et de trompeuse tendresse...peut-être avait-il raison, au fond. Ce doloris infligé à ce rat, dans le grenier de la demeure de son oncle, elle l'avait prononcé, la main tenue par cet homme aux vêtements noirs. Secouant sa tête, sentant son liquide carmin noyer ses lèvres, les images défilaient, la lueur de son sort aveuglant sa raison, le cri de la bête sifflant dans son crâne. Puis une fusée la frôla, et lorsque ses paupières se levèrent, sous une auréole argentée, le lion tombait.
Se retournant, surprise, vers le bourreau, ne prenant pas la peine de s'attarder sur la chute du dernier survivant. Seamus au loin, ne lui faisait pas face, et quelque-part, sans se l'avouer, la culpabilité l'égorgeait, la vidant de toutes les paroles qu'elle aurait pu faire sonner. Se yeux cherchèrent inconsciemment la figure de Willow, en vain...elle était tombée dans l'eau ténébreuse de ce lac. Cette eau qui l'avait toujours fasciné...attirée soudainement contre le sol, ses genoux avaient enfin cédé. Son collant était déchiré, et elle ne sait pourquoi cela la fit sourire, une triste moue embrasant néanmoins son visage...elle n'avait pas remarqué ce trou béant, révélant son épiderme tracé d'une voie bleutée.
Son menton se releva enfin, laissant le vent balancer ses mèches blondes rebelles, les nuages la couronnant d'une nuit avenante...Ils avaient réussi. Ils avaient réussi pourtant cela sonnait comme un échec lorsque la joie habituelle du gryffondor ne l'agaçait pas avec plaisir. Lorsque l'aiglonne ne croisait pas ses bras sur sa poitrine, tentant de cacher un rictus qui pourrait la rendre humaine. C'était l'amertume s'installant dans son myocarde, et les mots de l'Avery qui la possédaient...toutes ces réalités abusant de sa personne.
Quelques gouttes de sang salirent sa jupe, elle tenta d'arrêter sa malédiction, de couvrir son nez de sa manche, l'avant-bras toujours endolori, et progressivement ses mains vinrent cueillir son visage.

"Lighting new cigarettes, pouring more drinks. It has been a beautiful fight. Still is." Bukowski.

Tes pieds avaient quitté la plateforme alors que tu étais encore aveuglé par le contre-coup de ton propre sort, et tu t’étais senti tombé jusque dans les eaux gelées du lac noir. Tu ne savais pas si l’eau avait un effet bénéfique sur ton corps ou si simplement tu reprenais tes esprits à cause du choc thermique, toujours est-il que lorsque ta tête réapparut à la surface et que tu passais une main sur tes yeux, ta vue était revenue normal. Un dernier regard plein d’amertume envers deux camarades que tu avais jugé bien long à démarrer, tu ne pouvais nier que ce combat t’avait fait vibrer d’une façon que tu n’avais jamais ressentie et que tu ne regrettais rien. Ainsi, tu ne pu que sourire en apercevant la tête de @Seamus Finnigan au bord de la plateforme, te saluant d’un signe militaire moldu que tu reconnaissais immédiatement et qui eut le mérite de te faire rire. Ta victoire n’était pas amère, votre chemin s’arrêtait aux portes de la troisième épreuve, mais vous aviez déjà donné tout ce que vous étiez en mesure d’offrir et tu avais eut la chance de faire la rencontre de personnes que tu n’aurais jamais imaginé apprécié. « La prochaine fois je t’écrase ! » Sourire un poil provocateur en direction de l’irlandais, tu lui promettais une victoire lors de votre prochain affrontement. Aurait-il lieu un jour ? Tu n’en savais rien mais tu avais découvert en lui, le temps d’un duel un rival digne de ce nom t’ayant pourtant surpasser par sa puissance dévastatrice. Les explosions de Seamus Finnigan n’était pas un mythe, seulement à présent, le gryffondor savait mieux les diriger.

Une poignée de seconde suivant ta chute, tu avais vu un corps en chute libre. Tu avais reconnu celui de @Willow Hohenheim et tu comprenais assez vite que Briseis t’avais vengé. T’étais fier d’elle, tu n’aurais jamais soupçonné qu’une guerrière sommeil en elle. Et pourtant elle s’était défendue avec puissance et hargne et tu ne regrettais pas d’avoir fait parti de son équipe. En constatant que la serdaigle adverse semblait toujours victime du sortilège de ton amie, maintenant hors-jeu et loin de toute rancune, tu l’avais rejoint à la nage. Pointant ta baguette sur elle, prononçant avec difficulté sans boire la tasse, la formule qui la libèrerait de son maléfice. « Fi- Finite Incantatem » Visiblement tu semblais avoir réussi puisque l’aiglonne parvenait à se servir à nouveau de ses jambes. Estrella aussi vous avait rejoint dans l’eau mais elle semblait en meilleure posture. Pour le peu qu’elle s’était battue… Elle t’avait protégé et tu lui devais bien ça mais vous auriez pu tellement mieux vous en sortir si à l’instar de l’aiglonne et de toi, celle-ci s’était mesuré pleinement à un adversaire.

Et tu avais rejoint la rive, t’abritant dans l’une des couvertures mises à votre service, aux côtés d’Estrella et de Willow. Tu essayais d’observer les événements de loin. Visiblement Caelius semblait s’être réveillé et combattait à présent aux côtés de @Briséis Avery . Les sorts fusaient à toutes vitesses et tu constatais que les combats relevaient à présent d’un deux contre deux. Tu gardais encore espoir mais tu priais surtout que personne ne soit blessé. Le combat touchait à sa fin. Briseis tombait à son tour dans les eaux gelées du lac. Fou d’inquiétude, tu t’étais redressé, te rapprochant dans l’eau jusqu’à y tremper tes pieds pour finalement avancer jusqu’à n’avoir presque plus pieds. Elle était parvenue à te rejoindre à la nage. A peine étais-tu à sa hauteur que tu passais son bras sur ton épaule et le tien autour de sa taille pour l’aider à avancer. Elle avait subi beaucoup trop d’assaut. Elle était forte, elle n’avait surement pas besoin de toi mais tu ne pouvais t’en empêcher. Tu étais inquiet. En quelques jours seulement, Briseis était devenue pour toi une véritable amie et tu n’aurais jamais pu rêvé meilleure partenaire.

Une fois en dehors de l’eau, tu avais couru du mieux que tu le pouvais jusqu’aux couvertures malgré ta jambe boiteuse pour lui en donner une, qu’elle se sèche. La fixant d’un œil inquiet, tu fus rassuré de voir qu’elle n’avait rien de grave et qu’elle tenait debout. Tu ne pu t’empêcher de la prendre dans tes bras. Tu n’étais pas tactile pourtant naturellement. Mais ce que vous aviez traversé ensemble était unique. « J’suis fier d’avoir fait équipe avec toi, t’as été super ! » Caelius tombait à son tour de la plateforme. Sans grand étonnement, mais il ne tardait pas à vous rejoindre. « Reposes toi maintenant… »

Son corps s’enfonce dans la profondeur de l’eau pendant un moment trop court. Elle se perd dans l’immensité du silence et trouve un certain réconfort à ne plus sentir ses blessures ; ne plus rien sentir du tout, même. Ses yeux jusqu’alors clos par crainte de la grande chute s’ouvrent enfin, lui permettant d’apercevoir loin au-dessus d’elle les reflets du soleil berçant l’horizon. La poupée à bout de souffle s’élance bientôt vers la surface avec le peu de forces qui habite toujours son corps. Son épaule droite demeure douloureuse, l’obligeant à faire davantage d’efforts de ses jambes pour se porter à destination. Malgré son état de fatigue évident son corps finit par transpercer le calme plat de l’eau offrant à ses poumons tout l’air dont ils avaient manqué. L’aiglonne parvient à se maintenir péniblement à l’eau le temps de retrouver ses esprits – au point tel qu’elle ne perçoit pas les vagues qui redoublent jusqu’à elle avant de n’apercevoir le visage d’ @Isaac M. White . Un faible et tremblant sourire se dessine sur ses lèvres, lui témoignant de toute sa gratitude. Elle voudrait dire quelque chose mais en est tout à fait incapable alors se contente de l’accueillir près d’elle. Un « Mph. » douloureux échappe de ses lèvres violacées lorsqu’il la hisse sur son épaule tandis qu’elle l’accompagne dans ses mouvements pour rejoindre la rive plus vite. Là-bas elle retrouve la poufsouffle ainsi que la féroce aiglonne qu’elle a eu l’honneur de combattre pendant plusieurs minutes acharnées. Au bord de l’eau la brune laisse ses genoux glisser puis s’enfoncer dans le sable granuleux que ses doigts effleurent à leur tour bientôt. Ça y est, c’est fini. C’est en voyant le serpent accourir avec une serviette qu’elle se redresse enfin - quoi qu’avec difficulté – et le laisse la lui glisser autour des épaules tandis qu’elle cherche désespérément son regard. Elle ne se sèche pas tout de suite Briséis, trop occupée à tenter d’analyser son visage pour vérifier qu’il ne s’est pas fait mal en tombant. Et lorsque Isaac s’avance sans crier gare pour la serrer dans ses bras l’aiglonne reste dans un premier temps interdite. Tous ceux qui la connaissent bien le savent : la poupée a horreur d’être touchée. Les embrassades et enlacements n’ont jamais été sa tasse de thé, quand bien même elle s’y plie lorsque ce sont ses bonnes manières qui l’y obligent. Cette fois là est différente, plus saisissante… plus vraie. Elle l’accepte jusqu’à comprendre qu’elle en a en réalité besoin. De le savoir bien, de retour près d’elle après toutes ces heures à ne pas pouvoir se séparer. Parce que l’aiglonne s’est habituée à lui et sa présence, son sens de l’humour. Cette bienveillance avec laquelle il continue de se soucier d’elle alors même qu’ils ont échoué. C’est la force que le garçon exerce sur elle qui la ramène à la réalité, la pousse a nouer les siens autour de sa nuque et le serrer contre elle un peu plus encore. Une émotion qu’elle ne comprend pas et ne veut avoir à assumer devant quiconque si ce n’est lui. « Je suis désolée. » Murmure-t-elle dans un sourire triste, toujours contre lui. « Je n’ai pas été à la hauteur. » Seul Merlin sait combien elle aurait pourtant voulu les hisser jusqu’à la victoire. Isaac le méritait terriblement compte tenu de la semaine horrible qu’il passait et tous les efforts qu’il avait fourni malgré tout pour arriver jusqu’à là. « Tu as été incroyable Isaac. » Qu’elle ajoute alors qu’ils se détachent, le regard désormais fuyant car larmoyant. Ses mots l’ont touchée bien plus qu’elle ne veut bien l’admettre car la fierté d’avoir agi côte à côte n’appartient pas qu’à lui. Peut-être prend-elle conscience également que ce qu’elle a perdu se résume à bien plus que le tournoi : sa présence. La poupée se tourne pour faire face à l’eau lorsqu’un nouveau bruit sourd s’y fait entendre et aperçoit alors son lion revenir à la brasse. D’un sourire bienveillant elle s’avance et l’aide à se redresser, lui réchauffant les mains des siennes avant de le conduire aux serviettes où il pourra plus amplement se sécher. Elle adresse un simple signe de tête à Estrella puis laisse ses pas la guider jusqu’à @Willow Hohenheim dans un sourire qui se veut amical. La brune lui tend la main et ajoute dans un souffle : « Ce fut un honneur de te combattre, Willow. » L’aiglonne pouvait être fière d’elle car sa benjamine de maison ne se privait pas de le faire.