Contrairement à la majeure partie du corps étudiant, Calypso était l'une des rares chanceuses à être heureuse de son binôme. Bien que sceptique au premier abord à l'annonce du vieux fou, elle s'était néanmoins avouée satisfaite de savoir qu'elle ne devrait en aucun se coltiner un Gryffondor durant toute l'année scolaire - ces derniers étant réservés aux Serpentards. Des rivalités inter-maisons qui n'étaient pas prêtes de disparaître seulement parce qu'un vieux barbu s'était mis en tête de se la jouer philosophe en prônant la paix et en les arrimant tous ensemble. Cela ne leur avait jamais réussi, et ce n'était pas prêt de fonctionner de sitôt. Nonobstant, Calypso ne se plaignait aucunement de ce binôme qu'elle n'avait pour le moment aperçu qu'une seule fois, au dîner de la rentrée. Un simple nom. Leo Wright. Elle avait approuvé derechef, en constatant que ce dernier était un sang-pur, bien que loin des puristes traditionnels, sachant pertinemment que son grand-père n'approuverait jamais d'une telle famille. Mais Calypso étant plus laxiste de ce côté, seuls les nés-moldus étaient les victimes de son courroux.
En recevant la lettre de son binôme, la Serdaigle n'hésita pas une seule seconde en se rendant à l'enclos de ces créatures fascinantes, bien que bien souvent craintes et incomprises, qu'étaient les sombrals. Nobles, majestueux et d'un autre monde, seuls les plus malchanceux pouvaient se vanter de les voir, la mort étant leur sainte patronne. Calypso, comme tous ceux dotés de cette malédiction, aurait préféré ne jamais être un jour d'une telle capacité. Surtout si cela signifiait devoir voir la moitié de sa famille succomber aux flammes. Y repenser accélérait la cadence de son palpitant déjà en proie aux émotions, et elle se surprit à suffoquer quelques secondes s'éternisant telle des années de cauchemar. Se forçant à respirer convenablement, elle chassa ces pensées douloureuses, et reporta son attention sur les créatures en question. Les nourrir ne serait pas une tâche trop compliquée en soit, du moins, pour elle. Elle ignorait si son partenaire était en mesure de les voir, bien qu'elle en doutait. Etaient rares ceux qui en avaient le don, ce qui n'était pas une mauvaise chose en soit. Avec cinq minutes d'avance, elle vint se placer à l'ombre d'un arbre, attendant l'arrivée de son binôme avec impatience, la seule fois où elle l'avait aperçu ayant suffi à la convaincre qu'il était de ceux qu'elle aimait piéger dans ses filets.
A son plus grand soulagement, la Serdaigle n'eut pas à attendre longtemps avant de voir son binôme arriver. Et ses souvenirs ne l'avaient pas trompé : il était éblouissant de beauté. De ces beautés divines, à la limite de l’irréel, qui hypnotisaient ces autres, bien moins nanti, du commun des mortels. Elle qui redécouvrait ces plaisirs de la vie qu'on lui avait retiré deux ans durant, ne comptait pas laisser une énième bagatelle s'immiscer dans sa vie et dans ses désirs futurs une fois de plus. Salut ? Calypso je suppose ? Elle sourit, sans savoir qu'il ne pouvait percevoir ce même sourire, pourtant des plus sincères et des plus amicaux. Une rareté chez la demoiselle, qui ne réservait ce cadeau qu'à ceux qu'elle jugeait digne de le recevoir. Bonne capacité de déduction. Loin de remettre en question son quotient intellectuel, elle était bien plus charmée par sa présence, ne pouvant se soustraire au charme envoûtant du jeune homme. Sa voix chantonnait, ensorcelée par ses dires. . Moi c'est Leo. Je n'ai pas eu l'occasion de venir te parler plus tôt depuis la rentrée... Désolé. C'était un peu la folie ces derniers jours. En d'autres circonstances, une telle excuse aurait suffit à l'irriter et à lui faire perdre patience. Ceux qui se cherchaient des excuses, se cachant derrière des mensonges éhontés, blamant leur manque de temps sur leur emploi du temps. Elle, qui trouvait toujours le temps pour s'entraîner avec Hope ou passer du temps avec sa cousine malgré son planning surchargé. Elle, que l'on ne faisait attendre, ou désirer, sous peine de connaître sa fureur. Les Shafiq n'ont jamais tort, que lui dictait son grand-père à chaque repas de famille. Les Shafiq devant lesquels on se prosternait sous manque de châtiments éternels. Toutefois, en cet instant, elle balaya ces prémices sans même sourciller, bien plus honorée par la présence du jaune et noir qu'elle ne l'aurait un jour imaginé. Il n'y aucun mal à ça, ne t'en fais pas. J'ai moi-même était pas mal occupée, avec tout mon retard. Un retard qu'elle rattrapait tous les jours un peu plus, s'enfermant des heures durant sans voir la lumière du jour dans le simple but de ne pas paraître plus idiote que le reste des élèves de son année. Un fait qu'elle exécrait plus que tout. Et l'avouer ainsi à un parfait inconnu relevait d'un miracle pour la serdaigle, bien qu'elle se doutait que lui aussi avait du entendre parler de son "accident". Elle espérait seulement de tout coeur qu'il n'en fasse aucunement mention, ou qu'il ne la prenne pas en pitié. Elle ne le supporterait pas.
Elle se tourna de nouveau vers les sombrals, prétendant ne pas les voir, malgré le fait que son regard soit plongé directement dans les yeux de l'un d'entre eux - comme si celui-ci, poussé par la curiosité, cherchait à percer tous ses secrets d'un seul coup d'oeil. Il finirait bien par se rendre compte de l'infâme vérité : qu'elle parvenait à les voir, elle qui avait vu la mort de ses propres yeux, encerclée par ces flammes brûlantes, asphyxiante. Est-ce que tu peux les voir ? demanda-t-elle, indiquant les créatures en question de la tête. Elle espérait que ce n'était pas le cas, qu'il ait préservé cette innocence et cette insouciance, ne percevant qu'un champ et un enclos dans son champ de vision, là où se trouvaient de majestueux animaux. Que ses yeux demeurent aveugles à toute présence, autre que la leur. Ce sont des créatures merveilleuses... malgré la réputation qui les précède. La mort et le désespoir, tel était deux mots qu'on leur associait, pour ce qu'elles représentaient. Ceux qui ne pouvaient les voir ne comprenaient pas à quel point ces mots-là étaient à la fois exacts, et des plus erronnés. Se dirigeant vers le portail, laissant à son binôme le soin de le refermer derrière lui. Les Sombrals s'avancèrent vers eux, curieux, mais restèrent tout de même en retrait, une certaine appréhension et crainte les gagnant. Calypso ne pouvait leur en vouloir. Créatures craintives, elles n'en demeuraient pas des plus sociables si on apprenait à les connaître et à les respecter, bien que leur aspect particulièrement lugubre pouvait en rebuter plus d'un. Instinctivement, elle prit place devant son binôme, le déplaçant légèrement vers la gauche pour lui éviter de rentrer malencontreusement dans l'une des créatures. Se saisissant d'un sceau de viande, la serdaigle en passa un au poufsouffle, et entreprit de se mettre au travail. J'espère que tu n'as pas peur de te salir les mains. Son ton était des plus ironiques, pour lui indiquer qu'elle plaisantait. Ils étaient là pour collaborer, non pas pour se mettre des bâtons dans les roues. Bien qu'en d'autres circonstances, et selon le binôme sur lequel elle aurait pu tomber si celui-ci n'avait pas été Leo, elle se serait certainement montré bien plus cynique et exaspérée.
C'est dommage qu’il faille perdre quelqu’un qui nous est cher pour avoir le privilège de les découvrir. C’est un sacrifice qu’on préfèrerait éviter... Calypso baissa les yeux, se perdant dans des souvenirs qu'elle aurait préféré oublier à jamais. La mort était un trou noir, intraitable, ne discernant aucunement les nobles des criminels. Death doesn't discriminate between the sinners and the saints. It takes and it takes and it takes, and we keep living anyway. Dure réalité qu'elle devait confronter, jour après jour, en ouvrant les yeux, alors que ses proches, eux, garderaient les leur clos pour l'éternité. Elle enviait cette innocence et cette insouciance de ceux qui l'entouraient, ces personnes que la mort n'avait encore touché de son aile noire, les laissant vivre et respirer tel des immortels. On lui avait retiré ce privilège, et ses rêves autrefois plein de légèreté n'étaient désormais plus que cauchemars inlassables venant perturber la quiétude de ses nuits. Alors, non, l'aiglonne ne considérait pas ça comme un sacrifice, mais bien plus comme une torture - qui jamais ne cesserait. Injustice cruelle, et culpabilité dont elle ne pourrait se débarrasser, malgré tous les efforts du monde pour oublier, pour tourner la page. Ce livre-là brûlait encore, sans jamais qu'aucune cendre n'y prenne place. A quoi est-ce qu'elles ressemblent ? L'aiglonne esquissa un semblant de sourire, mélancolique. Leur apparence squelettique peut en effrayer plus d'un, aux premiers abords, d'où leur mauvaise réputation. Mais honnêtement, je les trouve magnifique. Leur prestance était à couper le souffle. Et bien que craintives, leur pureté d'âme était sans pareille. Non, Calypso doutait fortement qu'il existe de créatures semblables dans l'univers. Elles doivent être grandes, j’imagine. Si ce sont elles qui nous transportent tous les ans jusqu’au château…. L'aiglonne sourit plus sincèrement cette fois. Oui, elles te dépassent de deux têtes sans grand problème. Et leurs ailes pourraient envoyer au tapis le plus trapu des trolls.
La bleu et argent leva un sourcil curieux quand son partenaire mit quelques temps à s'emparer de son seau, comme si celui-ci ne parvenait à se décider. Peut-être n'était-il pas si à l'aise avec la tâche imposée, finalement. Elle était déterminée à faire en sorte que tout se passe de la meilleure façon qui soit. Calypso s'empara des mains du Poufsouffle, le contact envoyant des frissons dans tout son corps, lui passant le seau de manière délicate, tandis que leurs doigts se frôlaient, douce caresse qu'elle était certaine d'apprécier plus qu'elle ne le devrait. Elle ne remarqua pas à quel point celui-ci s'était rapproché, un tel contact faisant accélérer la cadence de son palpitant. Elle pouvait sentir le souffle chaud de Leo sur sa peau, sur son cou plus particulièrement, provoquant des réactions jusqu'alors inconnues chez le Serdaigle. Il n'y pas de mal... et vraiment, il n'y en avait aucun. Elle aimait un tel contact, cherchait même à le prolonger le plus possible. Si bien que lorsque la main du Wright se posa sur son bras, elle crut défaillir, se perdant encore plus dans sa proximité des plus agréables. Celui-ci finit par s'éloigner, néanmoins, et elle fut laissée à ses pensées et à ses désirs, encore à fleur de peau. Je te laisse commencer. Je ne sais même pas où elles se trouvent…. L'aiglonne ne se laissa pas chanceler très longtemps, regagnant ce même masque d'indifférence qu'elle affectionnait tant. Juste devant toi, à seulement deux ou trois mètres. Elle hésitait, n'osant le guider une fois de plus, bien que désirant ardemment établir un nouveau contact avec lui. L'aiglonne ne devait en rien céder à de telles pulsions toutefois, se devant de rester des plus professionnelles dans une telle situation. Malgré le fait que de telles émotions étaient des plus nouvelles à ses yeux, la laissant dans un état de réflexion à la fois perplexe et des plus perdue.
Perdue ainsi dans ses pensées, et concentrée à nourrir les sombrals, elle en oublia quelque peu son binôme, et le fait qu'il n'était certainement pas des plus à l'aise à lancer de la nourriture dans le vide. Un hennissement se fit entendre, attirant l'attention de l'aiglonne, qui tourna la tête vers l'origine du bruit. La pauvre créature en question s'était pris un bout de viande en pleine tête, se débattant avec celle-ci, tout en jetant un regard offusqué vers le responsable. En l'occurrence : Leo. Par Merlin ! J’ai fait une connerie ? La brune, elle, ne s'offusqua aucunement d'un tel incident. Le Poufsouffle ne pouvait voir les Sombrals et ces derniers étaient sans doute un peu trop curieux et craintifs pour leur propre bien. Ce n'est rien, disons simplement que tu n'as pas très bien visé. Elle ignorait la véracité de ses propos, se rapprochant du sombral, pour essayer de le calmer du mieux possible. Hé, ma belle, ce n'est rien. Il ne voulait en rien te blesser. Et il est terriblement désolé, n'est-ce pas ? Elle plongea son regard dans celui du Poufsouffle, comme pour mieux appuyer ses propos. Les Sombrals pouvaient parfois se révéler comme des créatures capricieuses, et mieux valait ne pas les froisser. Caressant l'échine de la femelle sombral avec douceur, Calypso lui offrit un bout de viande en signe d'offrande et d'excuse. La créature lança un hennissement approbateur, avant de repartir vers ses congénères. Je vais t'aider, ça évitera les catastrophes inutiles. Si sa phrase ressemblait à une remontrance, son ton se voulait taquin, bien loin de lui en vouloir pour une telle erreur. L'aiglonne lui adressa un sourire, qu'il ne pouvait voir, bien qu'elle l'ignorait. Se rapprochant de nouveau de lui, elle posa une de ses mains sur la sienne, avant de positionner la seconde sur ses hanches, le positionnant de telle sorte à ce qu'il soit proche des sombrals, mais pas trop. Mets ta main juste là, et ne bouge plus. Une telle proximité n'était sans doute pas une si bonne idée, faisant naître chez Calypso des sentiments dépassant la moralité et la bienséance.
PAIR. Un Sombral, attiré par l'odeur de la viande, se rapproche délicatement d'eux, reniflant la main de Leo avant de s'emparer du morceau de viande. Dans son excitation, le Sombral bouscule quelque peu Leo, qui tombe à la renverse, attirant Calypso dans sa chute. Tous deux se retrouvent à califourchon l'un sur l'autre.
IMPAIR. Un Sombral, attiré par l'odeur de la viande, se rapproche délicatement d'eux, reniflant la main de Leo avant de s'emparer du morceau de viande. Dans son excitation, le Sombral bouscule quelque peu Leo, qui tombe à la renverse. Calypso, quant à elle, se reçoit le seau en pleine tête, et, aveuglée, trébuche sur Leo déjà au sol, se brisant la cheville.
Choixpeau
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La curiosité du Poufsouffle n'irritait en rien l'aiglonne, qui préférait de loin un esprit vif à un esprit blasé et désintéressé. La volonté de Leo de vouloir en savoir plus sur les Sombrals la touchait également, la plupart des gens souhaitant en savoir le moins possible sur ces créatures. Et leur tête ? Elle est comment ? Ils ont des dents ? Un bec ? Ils sont de quelle couleur ? Les lèvres de Calypso s'étirèrent en un énorme sourire devant l'effervescence du jeune homme. La manière dont il posait toutes ces questions était des plus attachante, arrachant un rire amusé de l'aiglonne. Leur tête est semblable à celle d'un cheval commun, mais en plus squelettique. Donc pas de bec, non. Les sombrals ont bel et bien des dents oui. Et ils sont d'un gris cendré, la plupart du temps, bien que certains aient une teinte bien plus sombre. Elle espérait avoir répondu le plus fidèlement possible, sans l'effrayer plus que de raisons. Malgré leurs apparences, les Sombrals ne méritaient en rien leur mauvaise réputation, étant des créatures nobles et pures autant dans l'âme que dans le coeur. Mince… j’aimerai vraiment pouvoir les voir ! Calypso garda ce même sourire sur les lèvres bien que celui-ci se crispa quelque peu à l'entente de ces mots. Voir les Sombrals était à la fois un privilège, et une malédiction. L'un n'allait pas sans l'autre, et l'aiglonne espérait sincèrement que le Poufsouffle n'ait jamais à sacrifier son insouciance dans le simple but d’interagir avec ces bêtes là. C'est sans doute préférable que tu ne les vois pas... Aussi majestueux et impressionnants étaient-ils, Calypso aurait préféré ne jamais les voir. Une mélancolie et un deuil qui l'accompagnaient à mesure qu'elle passait du temps en leur compagnie.
Mais alors que l'aiglonne vint aider le Poufsouffle dans leur tâche minutieuse, le Sombral qu'ils tentèrent d'amadouer s'emporta un peu trop soudainement, porté par un élan euphorique, les faisant tous deux tomber au sol. La chute fut autant brusque que hasardeuse pour la jeune femme, qui s'écroula sur Leo dans un patchwork irrégulier et incertain - leurs jambes s'entremêlant, et leurs visages si proches l'un de l'autre que leurs lèvres manquèrent de peu de se frôler. La respiration haletante et le coeur battant à tout rompre, l'aiglonne manqua de défaillir sur place, tant cette proximité, et cette position, n'aidait en rien à sa concentration, éveillant notamment des émotions qu'elle ignorait posséder jusqu'alors. Calypso se releva en toute hâte, ne faisant nullement confiance à son corps, et encore moins à ses hormones, de manière à retrouver un semblant d'inhibition, bien qu'ivre d'allégresse et de félicité extrême. Hum, désolée... Il était rare que l'aiglonne s'excuse - une éducation sang-pur lui ayant appris que de par son rang, seuls les autres étaient en tort, et jamais elle. Et de ce fait, il n'était en rien approprié qu'elle s'excuse, aussi gênée était-elle. Mais en l'occurrence, elle en oubliait ses préceptes, bien plus concernée par son inhabilité à garder son sang-froid. En outre, la bienséance étant de mise, Calypso s'en remettait à la morale voulant que de telles frivolités soient mal vues. Bien que l'aiglonne ne souhaitait rien de plus que d'oublier cette dite convenance asphyxiante et venir embrasser les délices de l'indécence. Deux ans de coma, une adolescence volée, et une famille arrachée. Autant de facteurs qui lui donnaient envie de se rebeller et de se montrer bien plus téméraire, quitte à dire adieu à cette pudeur à laquelle elle tenait tant.
Les mains du Poufsouffle sur ses hanches n'aidaient en rien à sa concentration, envoyant des signaux contradictoires à son cerveau - au bord de l'anévrisme. Une voix lui intimait de s'éloigner le plus possible et d'éloigner ces mêmes mains, d'éviter tout contact physique, par peur de ne plus pouvoir s'en passer si elle venait à s'y perdre trop longtemps. Une autre voix, néanmoins, lui ordonnait de se rapprocher encore plus, d'inhaler cette même essence qui provoquait des étincelles parmi ses hormones. De se noyer dans la noirceur de ses yeux, si honnêtes, et si envoûtants. Premier rendez-vous, et on en est déjà là ? Un soupir s'échappa de ses lippes, soulagée. Elle ne s'attendait pas à un tel revirement de situation, mais cela n'était en rien pour lui déplaire. Leo était une personne charmante, et tout à fait à son goût. Les plaisirs de l'amour lui était étranger, et elle comptait bien s'y atteler le plus vite possible. Plonger tête la première dans un monde rempli de hauts et et de bas, de merveilles et de cruautés. Un monde qu'elle était prête à accueillir à bras ouverts, bien trop las de ce vide intersidéral qui l'avait affligée deux années durant. Tous deux jouaient à un jeu dangereux. Mais Calypso s'était déjà brûlée les ailes une fois, plus rien ne saurait l'effrayer. C’est la première fois qu’on me drague en manquant de me fracasser la tête sur le sol… Le ton enjôleur du jeune homme n'était pas pour l'offusquer, bien trop allègre, et charmée par de telles paroles. Un tel incident n'était en rien volontaire. Quand bien même, je me devais de vérifier que tu étais aussi robuste que tu le prétends. L'aiglonne rentrait dans son jeu, maniant les mots aussi habilement qu'on lui avait enseignée, d'un ton bien sans doute bien trop aguicheur. Les sous-entendus n'étaient pas pour lui échapper, et elle s'amusait de ces jeux de séduction, de ces rentre-dedans significatifs.
Son coeur manqua un battement, alors que la main du Poufsouffle quitta ses hanches pour se déposer sur ses joues. Le souffle coupé, Calypso ne savait plus quoi en penser. Ses neurones ne fonctionnaient plus, embrasés par l'envie et la passion, les hormones en feu, et le corps perdu dans des désirs inlassables, et nouveaux. Sa main vint s'emparer de celle du jeune homme, caressant et effleurant ses doigts de plus belle. Je suppose que tu ne m'en veux pas autant que ça d'une telle chute, après tout. Elle murmurait, de cette voix doucereuse, comme éprise d'un souffle nouveau, dont elle ne voulait plus jamais se débarrasser. Elle l'avait dans la peau, se rapprochant de lui de telle manière qu'ils ne formaient plus qu'un. Geste imprévu et bien trop soudain, pour deux âmes venant seulement de se rencontrer, mais dont les chemins semblaient destinés à se croiser. Les sombrals oubliés, tout comme la tâche qui leur était convenue, Calypso se perdait dans ce regard, dans ce visage si éblouissant de beauté, bien que lui-même demeurait aveugle à sa propre beauté. Leur souffle saccadé s'accordaient en parfaite harmonie, à mesure que leurs lèvres se rapprochaient. Mais était-ce seulement la chose à faire ? Calypso l'ignorait, ô combien même son âme toute entière lui hurlait de céder.
Et alors ? Quel est le verdict ? Je suis aussi robuste que j'en ai l'air ? Elle contemplait ces lèvres à mesure qu'il parlait, se perdant dans ces paroles doucereuses, mélodie enivrante dont elle voulait à tout prix se remémorer - pour encore mieux les fredonner une fois seule, isolée de tous, loin du monde réel. Oui. Tu es un homme plein de surprise, Leo Wright. Calypso se moquait d'une telle proximité désormais, bien trop heureuse de laisser le poufsouffle dans son espace personnel. Le seul pouvant s'en vanter, vraiment. Et cela lui faisait peur à l'aiglonne, la rapidité à laquelle elle avait cédé et fait tomber ces murs qu'elle avait érigé autour de sa propre personne. Elle s'était barricadée toute sa vie durant, fortifiant ainsi sa propre Ogygie dont elle était prisonnière. Et Leo était l'un de ses marins perdus s'échouant sur son île, désireux de la séduire alors qu'elle-même tombait sous leur charme. Toutefois, aucun homme encore n'avait eu cet effet-là sur l'aiglonne qui, jusqu'à présent, s'était contenté de remettre aux rivages ces importuns, sans même leur adresser un regard. Le jeune homme était le seul à l'avoir percée à jour, et à faire chavirer son coeur de glace. Peut-être serait-il celui qui parviendrait à la libérer. De ses démons, de ses doutes, de ses peurs et de tant d'autres choses encore. Touché...et moi qui me vantait d'être mystérieux et énigmatique... tu m'as percé à jour. Sans doute s'étaient-ils tous laissé prendre au jeu, avant de comprendre bien trop tard que tous deux avaient perdu. Et, au fond, cela ne revenait-il pas à gagner, en quelque sorte ? Gagner le droit à une étincelle d'espoir, mais aussi à un semblant de danger ? L'un n'allait pas sans l'autre, malheureusement. Mais Calypso était prête à tous les sacrifices si cela signifiait se rapprocher un peu plus, et apprendre à le connaître - aussi inhabituel cela soit-il de sa part. Au diable le reste du monde, ici ils pouvaient être qui ils désiraient. Les lèvres du Poufsouffle finirent par trouver les siennes, et c'est dans un baiser langoureux que tous les deux s'abandonnèrent, l'aiglonne consentant de plus belle. Un frisson la parcourut alors que les mains du jeune homme remontaient délicatement vers son flanc. Sa peau était en feu, bien trop réceptive à de telles caresses, étreinte fougueuse (et pourtant des plus décente) dans laquelle elle sombrait sans même une once de résistance ou de frayeur. Aucune pensée cohérente ne traversait l'esprit de la jeune femme en cet instant précis, si ce n'est un état de liesse absolue. Elle lui rendit ses baisers avec ferveur, ne souhaitant aucunement se détacher des lèvres du Poufsouffle, ni même. Tous deux ne formaient plus qu'un et c'est ainsi que Calypso le désirait. Jamais encore n'avait-elle ressenti une telle affinité, un tel magnétisme avec une autre personne auparavant. Et c'était une sensation étrange, bien que des plus exquises. Ils avaient tous deux plongé et les voilà qui se noyaient, dépendant de l'autre pour respirer, leurs lèvres et leurs baisers procurant cet oxygène dont ils manquaient cruellement. Abyme infernale dont ils ne ressortiraient pas indemnes. Bien qu'il n'était pas certain qu'ils souhaitaient à jamais s'en échapper, bienheureux dans leur damnation enchanteresse. Et c'est ainsi enlacés, deux corps ne faisant qu'un, qu'ils se séparèrent, la météo inconstante se rappelant à eux, telle une mégère offensée, venant les sanctionner pour leur comportement malséant. Leo s'éloigna d'elle, rompant ainsi ce contact si particulier qu'ils avaient établi, tant bien même l'esprit de l'aiglonne hurlait à l'infamie, lui intimant de revenir et de ne plus jamais partir. Son âme était tourmenté, son esprit désespéré et à son coeur à l'agonie. Elle n'avait pas réalisé ses yeux se fermer pendant le baiser, les ouvrant avec une fragilité certaine. Son regard se posa immédiatement sur son binôme, son sourire s'évanouissant derechef à la vue du visage de Leo. Celui-ci n'indiquait en rien son ressenti, du moins, aucune émotion qui aurait permis à Calypso d'y voir plus clair sur ses propres sentiments. Quelque peu déçue, elle se mordit la langue, les traits tirés. La pluie la rappela à l'ordre, et elle revêtit son masque d'indifférence habituel, ne souhaitant aucunement s'emballer si les sentiments du poufsouffle n'étaient pas réciproques. C'était... intéressant. Tu embrasses plutôt bien, pour un Poufsouffle. Une autre manière pour elle d'indiquer à quel point ce baiser l'avait chamboulée bien plus qu'elle ne voulait l'admettre et qu'elle n'était pas contre l'idée de recommencer. Mais aussi une façon d'établir des remparts autour de son coeur une fois de plus, comme pour mieux s'assurer qu'il ne se jouait pas d'elle. Elle n'était que trop bien au courant de sa réputation de Don Juan parmi la gente féminine de Poudlard. Et elle n'était pas un stupide trophée qu'il pouvait exposer fièrement sur son armoire ! On devrait rentrer, le temps vire à l'orage et je n'ai aucune envie de tomber malade. Mais il était déjà bien trop tard pour ça. L'aiglonne était bel et bien malade. Malade d'amour. Malade de chagrin.