Le bruit incessant l’incite à serrer les dents alors qu’au même moment, des lions issus des plus jeunes années éclatent de rire à cause d’une énième plaisanterie de mauvais goût. Trois jours, déjà, qu’elle et les autres serpents devaient tolérer cette invasion qui ne semblait pas prête de se terminer. Au fond, Ophelia se moquait bien d’être mélangée à ceux que d’autres qualifiaient de sangs impurs – à ses yeux, bon nombre d’entre eux valaient bien mieux que certains des imbéciles qui peuplaient leurs rangs élitistes. Ce qu’elle ne supportait pas, en revanche, c’était cette pagaille dans laquelle se trouvait leur salle commune, ce brouhaha constant qui l’empêchait de se concentrer sur son carnet. La page demeurait vierge et s’il est aisé d’accuser le désordre qui règne autour d’elle, il suffirait de creuser pour réaliser qu’il n’y a qu’une présence qui la dérange véritablement. C’est son corps qui se tend dès qu’elle sent son regard posé sur elle et elle n’a même pas besoin de lever les yeux, Ophelia, pour savoir que Leo regardait vers elle de temps à autre. Être ainsi poussé à cette drôle de cohabitation n’avait rien d’agréable – elle aurait pu avoir l’impression de retomber en enfance, pourtant, quand ils vivaient encore ensemble, quand elle signifiait encore quelque chose pour lui. Elle refuse toutefois de laisser de tels sentiments venir effacer la rancœur qu’elle peut éprouver. Ce serait trop facile d’aller vers lui maintenant, d’oublier les années de silence sous prétexte d’une nostalgie qu’elle ne désirait pas éprouver. Soupirant, la vipère récupère son carnet et choisit de se retirer vers son dortoir. Objet déposé sur sa table de chevet, elle s’empare à la place de son exemplaire de The Beauty Myth, s’installant confortablement pour commencer sa lecture. Il est encore tôt – à peine 22 heures. Pourtant, la sorcière n’aura pas le temps de lire bien longtemps. A peine trente minutes plus tard, d’autres camarades de sa promotion viennent rejoindre leurs lits. Si la brune ne comptait pas s’en plaindre, le dortoir se retrouve vite bruyant alors que les sorcières discutent et rient sans retenue. Ce qui la laisse indifférente d’habitude a le don de l’agacer, cette fois. Ophelia a l’impression qu’elle ne trouvera plus ce calme qu’elle appréciait tant et qui régnait habituellement dans leur salle commune. Réunissant livre, carnet et plume, elle se redresse et enfile sa cape de sorcière au-dessus de son pyjama en soie noir. Coiffant ses cheveux en un chignon lâche, la brune balaie les interrogations d’un bref « je vais me dégourdir les jambes » tandis qu’elle quitte le dortoir. Si certains élèves ont quitté la salle, elle reste encore trop peuplée à son goût ce qui la conforte dans son idée. Soulagée de voir que Leo n’est plus là, elle quitte les cachots avec hâte. Un soupir de soulagement franchit ses lèvres quand elle trouve le calme des couloirs tandis qu’elle emprunte les escaliers.

Une fois au sixième étage, Ophelia retrouve rapidement la salle de repos des huitièmes années. Quand elle franchit l’entrée de celle-ci, elle est soulagée en constatant que personne n’a encore eu la même idée qu’elle – ce qui était véritablement miraculeux d’après-elle. Elle savait qu’elle n’était pas la seule touchée par les changements récents qu’ils doivent tous affronter mais peu lui importait, du moment qu’elle pouvait bénéficier d’un peu de tranquillité. La vipère se défait de sa cape, posée avec soin sur le fauteuil vide. Profitant d’avoir la salle pour elle seule, elle s’installe en tailleur sur le grand canapé, reprenant sa lecture. Celle-ci l’inspire suffisamment pour noter quelques idées dans son calepin, concentrée sur l’occupation bienvenue qui vient lui faire oublier les deux derniers jours. Comme bien souvent quand elle est plongée dans ses écrits, la brune perd toute notion de temps et elle est surprise de voir qu’il serait bientôt minuit quand elle relève la tête un peu plus tard.  Peu lui importait, au fond, puisque le couvre feu lui permettait de rester un peu plus longtemps – et quand bien-même elle dépassait celui-ci, tant pis. Au même moment, l’entrée s’ouvre et elle se tend, Ophelia, alors qu’elle s’imagine déjà devoir partager la salle de repos avec un lion ou un blaireau trop bruyant à son goût. C’est Theodore qui apparaît alors et presque aussitôt, son corps se détend. Elle est soulagée et même ravie, l’américaine, de constater que c’était son meilleur ami qui était là et non pas un imbécile qu’elle devrait supporter. « T’as de la chance. J’ai cru que c’était un imbécile qui viendrait m’importuner et j’étais prête à lancer un silencio pour être tranquille. » La brune débarrasse la plume et le calepin traînant sur le canapé pour laisser à Theodore la place nécessaire pour qu’il s’installe près d’elle. « Quoique, ça peut toujours se faire. J’ai pas encore décidé de quelle catégorie tu faisais partie. » Pas de ceux qui l’importunaient, jamais. Pourtant, la taquinerie est là, ornée d’un sourire en coin qui trahit son amusement. Et si elle ne comptait pas le lui avouer véritablement, se retrouver seul avec le référent lui avait manqué. S’ils pouvaient se voir, c’était différent, toutefois, maintenant que leur salle commune était constamment envahie. Puis… Il y avait Leo, aussi. Leo qui l’empêchait d’être elle-même totalement, Leo qui la poussait à être constamment sur ses gardes, craignant qu’à chaque instant il ne remarque un regard ou un geste de trop. Quand Theo s’installe à côté d’elle, c’est naturellement qu’Ophelia change de posture, se tourne vers lui et étend ses jambes pour les poser sur ses genoux. Elle se sent déjà mieux, toute trace d’agacement disparue alors qu’elle peut enfin profiter de la présence de son meilleur ami sans craindre d’être interrompue. Et finalement, c’était l’effet qu’il avait toujours eu, Theodore, alors qu’il était toujours parvenu à la calmer et l’apaiser quand rien d’autre ne semblait fonctionner. « Alors, comment tu vis l’installation des intrus ? Je parie que tu n’as jamais autant regretté l’appartement des préfets-en-chef. » Mais il n’y a pas que ça qui vient perturber le serpent et Ophelia le sait. Elle le voit aux cernes qui trônent sous ses yeux et à son regard, surtout, celui qu’elle connaissait par cœur désormais, au point d’en repérer les différentes nuances et émotions. Elle comptait bien déterminer les raisons d’un sommeil si agité, Ophelia, déjà prête à chasser les démons qui venaient le troubler.  

Peu importait que les plaisantins ayant saccagé les tours des aigles et des lions l'aient fait de façon grandiose – et sans doute mérité en ce qui concernait les seconds – l'arrivée des furoncles sur pattes dans les lieux communs aux serpentards ne ravissait pas les hôtes forcés à la cohabitation. Un Peeves particulièrement énergique et trop enjoué aurait tout aussi bien étendre une bannière dans leur salle commune s'écriant 'Shake it out' que l'effet aurait été pareil. Alors leurs habitudes sont dérangées, secouées par la métamorphose du lieu qu'ils aimaient tant et qu'ils considéraient comme leur foyer. Et Theodore s'inquiète, pour sa propre paix et celle de ses plus proches amis, mais surtout au sujet des liens déjà si fragiles et méprisés existant entre ceux de son rang et de la plupart ayant été répartis chez eux. Lui qui désirait d'une certaine façon faire évoluer l'opinion à leur propos voyait son vœu particulièrement compliqué par cette proximité qui ne faisait que souffler sur les braises d'une haine commune renouvelée. « Finite incantatem. » annonce t'il au sujet de la plume à papotte voltigeant et griffonnant de notes réfléchies le parchemin parfaitement aligné au manuel de médicomagie dans lequel il était plongé. Les pensées préoccupées, son esprit tourmenté ne l'était pas uniquement par la présence des invités chez eux mais bien pour d'autres sujets bien plus importants. Ce sommeil notamment, qu'il perdait à nouveau après des semaines pourtant à récupérer en de longs repos réparateurs les derniers sévices que l'autre, lui avait octroyé comme adieu. Cauchemars se multipliant depuis de nombreux jours, Theodore ne savait pas leur raison, ne la voulait pas non plus, lui bien plus habitué à tout réprimer découvrait qu'il ne pouvait tout simplement pas le faire tout le temps et surtout pas dans ce monde onirique où il ne maîtrisait plus rien.

Sa cape attachée à ses épaules, il se balade encore dans le château à une heure tardive sans que cela ne lui paraisse plus étrange, lui qui fut un temps était si habitué aux rondes et dont les insomnies se font récurrentes, si le serpent sent la fatigue lui courbaturer le dos, il préfère l'ignorer. Ses premiers pas dans la salle de repos des huitièmes années ne sont pas hésitants mais emprunts d'une surprise des plus positives au moment de remarquer une silhouette familière déjà assise sur le canapé. Un regard circulaire sur la pièce lui indique que ce moment leur sera, enfin, privilégié et il s'approche forcément d'elle Theodore, les épaules déjà automatiquement plus détendues. Il savait que ces derniers jours et les prochains étaient – et seraient – compliqués pour elle mais aussi pour Leo à cause de leur relation et de cette proximité qu'ils ne pouvaient plus contrôler. Et il ne pouvait que comprendre Theo, même si d'une certaine façon, il en était aussi secrètement satisfait. Si ces deux là n'arrivaient pas à renouer en étant dans deux maisons différentes, peut-être leur fallait-il être forcés à se supporter pour qu'enfin quelque chose naisse à nouveau. « Tes menaces m'impressionneraient presque Ophelia. » son prénom sur ses lèvres et forcément un sourire qui les étire en coin tandis qu'il avance en sa direction, ses propres affaires sous le bras avant de les déposer sur la table basse entre eux et la cheminée dont le feu s'éteignait. D'un mouvement de baguette, il en ralluma les flammes pour en créer un nouveau qui les réchaufferait et vint s'asseoir à ses côtés. « la catégorie du seul que tu supportes actuellement dans ce château tout entier. » et c'était plutôt osé que d'assumer cela, surtout depuis ce sourcil se relevant d'une douce arrogance amusée mais n'était-ce pas la vérité ? Son regard bleu s'attache à la beauté de son visage dont la douce et chaude lueur du feu illumine en ondulations et il observe la façon dont ses cheveux bruns entourent son visage malgré le chignon rapide qui les attachait, ce regard qu'elle garda attaché à lui en s'installant. Ses jambes étendues lui permettent de venir faire glisser ses mains sur ses pieds dont il massa la voûte plantaire dans un geste automatique et familier, toujours aussi amusé par leur petite taille sous ces chaussettes sur lesquelles ses doigts passaient afin de détendre la sorcière à ses côtés. « C'était clairement plus simple d'avoir ces appartements, je m'entends à peine penser maintenant quand je traverse la salle commune. Mais j'en ai vu un se prendre le rebord d'un bureau tout à l'heure, ça valait au moins le spectacle. » un bref sourire étire ses lèvres au moment d'observer les flammes danser sous leurs yeux, relevant son regard à son adresse avant de lui rétorquer sa question « Et toi ? Je ne te pose pas la question sur les appartements, évidemment qu'ils te manquent. » ose t'il, d'un amusement emprunt d'autre chose, de souvenirs dont eux seuls ont le secret et ils savaient que cela le resterait. Quelque chose de particulier et de plus d'intime les liant en plus de cette amitié si forte entre eux deux, celle qui lui fait comprendre aussi qu'une inquiétude baigne dans le regard d'Ophelia observant ses cernes. « C'est rien ça. » ou du moins, pas plus que d'habitude, tentait-il de se convaincre alors que Theodore avait doublé sa consommation de café – qui était déjà conséquente en temps normal. « Malfoy dort plutôt mal depuis trois jours, du coup il ronfle beaucoup et parle la nuit, je crois qu'il aimerait nous avouer son affection pour certains lions mais n'ose pas. » le serpent tente d'échapper aux questions plus sérieuses avec un trait d'humour – qu'il trouvait d'ailleurs plutôt bien exécuté – parce qu'avec elle il pouvait être qui il voulait mais aussi plus libre et détendu et Theodore savait de toute façon qu'elle comprendrait très vite ce qui l'agite, alors il feignait de ne pas comprendre, juste un petit peu encore car il ne voulait pas l'inquiéter Ophelia, jamais.

C’est tout son être qui semble instantanément s’apaiser dès lors que Theodore fait son entrée dans la pièce. Une part d’elle déteste réaliser à quel point elle dépendait de lui pour se sentir bien – part qui était étouffée par celle, plus importante, qui était ravie dès qu’il apparaissait à ses côtés. Elle en oublierait presque les conditions particulières dans lesquelles se trouvaient leur salle commune, si ce n’était pas ce qui l’avait poussé à trouver refuge dans la salle de repos. C’est un sourire qui étire ses lèvres malgré elle face aux mots du serpent car elle ne peut prétendre le contraire, Ophelia. D’aussi longtemps qu’elle se souvienne, il avait toujours fait partie des rares sorciers qui ne l’agaçaient jamais et dont elle cherchait bien souvent la compagnie. Tout lui semblait facile avec lui, même quand rien ne l’était véritablement. Seulement, elle n’avait pas besoin de prétendre – même si elle était incapable de baisser totalement sa garde – et, surtout, il parvenait à la comprendre avec une aisance déconcertante. C’était lui qui parvenait à détecter les premiers signes de ses nerfs prêts à lâcher, lui aussi qui sait, à chaque fois, quoi faire pour la calmer avant qu’elle ne perde totalement pied. C’était vers lui aussi qu’elle se tournait dès lors qu’elle avait besoin de se changer les idées et de trouver refuge auprès de quelqu’un en qui elle avait une confiance totale et aveugle. Un soupir d’aise quitte les lèvres de la brune sous la sensation des doigts de Theodore sur ses pieds. Entre la chaleur apportée par le feu ravivé par le serpent et ses doigts qui venaient l’apaiser, Ophelia ne pouvait que bien se sentir, corps qui s’enfonce un peu plus dans le canapé alors qu’elle a l’impression de se détendre un peu. Ça n’avait pas été le cas depuis des jours, depuis que Leo était dans leur salle commune et qu’il avait l’impression qu’il surveillait le moindre de ses faits et gestes. « Si c’est ce qu’il te faut pour que tu trouves la situation plus supportable, il suffisait de le dire. Je suis sûre qu’on peut bricoler quelques pièges pour rendre leur compagnie plus divertissante. » Sourire amusé aux lèvres, elle n’irait pas jusque là, l’américaine. Enfin… Elle était prête à beaucoup de choses pour le Nott, si elle devait être honnête. Toutefois, elle avait mieux à faire que de tendre des pièges aux lions au nom d’une rivalité idiote entre leurs maisons. Le ton taquin qu’emploie le référent réveille chez elle des souvenirs de moments plus agréables, instants partagés  avec lui au cours desquels elle lui a fait suffisamment confiance pour lui dévoiler ce corps qu’il avait appris à connaître à son tour. Un fin sourire étire ses lippes tandis qu’il hausse les épaules, ignorant la douce chaleur qui se répandait en elle à l’évocation de ces souvenirs. « C’est pénible mais ça va. Et pour les appartements… Disons qu’ils offraient une intimité dont j’aurais vraiment besoin ces temps-ci. » Lueur taquine éclairant ses pupilles alors qu’elle a l’impression qu’ils sont dans une bulle particulière que rien ne saurait éclater. Pourtant, son attention est rapidement tournée vers les cernes qui ornent son visage. Elle s’inquiète, Ophelia, car elle sait à quel point les nuits du Nott peuvent être compliquées. Et au-delà de l’agacement éprouvé par l’emménagement des lions et des aigles, elle est frustrée de ne pas pouvoir l’aider véritablement. Forcément, elle ne croit pas un instant en cette tentative de dédramatiser la situation. Elle le connaît, Theodore, autant que lui ne la connaît alors elle sait reconnaître cette lueur particulière dans son regard, celle qui lui indique que ses nuits étaient hantées de songes cauchemardesques. « J’ai toujours su qu’il en faisait trop vis-à-vis des lions. » dit-elle alors qu’un léger rire lui échappe face à la possibilité que le blond puisse éprouver quoi que ce soit de positif pour un gryffondor. « Peut-être que c’est de là que vient son obsession pour Potter.. Il est en réalité fou amoureux de lui et ça expliquerait bien des choses ! » L’idée est incongrue pourtant, au sein du château, elle avait vu des associations plus ridicules encore. Toutefois, Ophelia ne compte pas laisser passer aussi facilement. Levant doucement la main vers son visage, ses doigts viennent caresser ses cernes. « Ce n’est pas rien. » dit-elle tandis que la sorcière retrouve son sérieux. Elle refuse qu’il minimalise ce qui le trouble parce qu’elle sait déjà que ça ne fera que le ronger un peu plus encore. Il fallait qu’il en parle pour trouver une solution, ce qui n’était pas forcément évident avec le Nott, même si elle estimait faire partie des rares chanceux avec lesquels il daigne s’ouvrir. « J’aimerais pouvoir t’aider. » Le rejoindre, la nuit, quand les cauchemars le frappent et l’empêchent de dormir. Passer ses bras autour de lui et lui affirmer que tout ira bien jusqu’à ce qu’il s’endorme contre elle. Et si c’était efficace pour lui, ça l’était tout autant pour Ophelia qui ne dormait jamais aussi bien qu’en sa compagnie. Seulement, la cohabitation forcée l’empêchait de lui venir en aide, ce qui ne faisait que la frustrer davantage. Soupirant, une idée finit par lui venir. « Allonge-toi. » dit-elle tandis qu’elle se redresse et s’assoit correctement, interrompant à contre cœur le massage dont elle était la bénéficiaire – mais il y avait plus important, bien plus important : Theodore. « Fais-le, tu sais bien que je te laisse pas vraiment le choix. » C’est qu’elle pouvait être convaincante quand elle le voulait alors il valait mieux qu’il obtempère puisqu’ils finiraient au même point. Elle tapote sa cuisse de la main comme pour lui indiquer où poser sa tête. Une fois que le serpent s’est allongé, c’est naturellement qu’elle vient glisser ses doigts dans ses mèches, le caressant avec une tendresse non dissimulée alors que ses iris se posent sur lui. « Parle-moi. » Son autre main, elle, se pose sur la sienne et c’est son pouce qui vient caresser le dos de sa main. « Tu peux faire comme si tout allait bien en espérant que ça parte, mais combien de temps ça prendra ? Pendant combien de temps tu pourras encore supporter de passer des nuits si courtes sans que ça ne vienne perturber tes journées ? » C’est à sa raison qu’elle faisait appel, alors qu’elle n’arrête pas ses caresses. « Ou alors, tu peux m’en parler pour que je puisse tenter de t’aider. » Choix qui n’en était pas réellement un. Theodore la connaissait et savait que, peu importe le cas de figure, la sorcière ne lâcherait rien. Elle persisterait jusqu’à ce qu’il ne craque – tout comme il savait que peu importait ce dont il avait besoin, elle remuerait ciel et terre pour le lui apporter.

Cette journée ne pouvait pas mieux se terminer qu'en sa compagnie et il le savait Theodore, parce que depuis des années déjà Ophelia était celle qui réussissait à l'apaiser en n'importe quelle situation. Elle était celle qui remarquait lorsqu'il était sur le point de trahir le calme et la retenue dont il devait faire preuve lorsque ses nerfs étaient mis à rude épreuve, celle qui savait instantanément lorsque quelque chose le tourmentait. Par la grâce d'une amitié pouvant être considérée de longue date à présent, Ophelia était essentielle à sa vie. Et il serait mentir d'évoquer qu'il ne se souvenait pas de ce à quoi sa vie ressemblait lorsqu'elle n'en faisait pas partie car il le savait très bien, justement, et il mesurait sa chance qu'elle lui ait fait une place privilégiée dans le champs de ses affections tout comme elle possédait la sienne de son côté. Ils n'avaient pas à être parfaits ensemble, à user de faux semblants ou de demi-mensonges, il y avait entre eux quelque chose d'unique qu'il ne saurait proprement étiqueter ni définir mais qui se résultait en un seul constat : Theodore était libre auprès d'elle tout comme elle pouvait l'être à ses côtés. Libre de voir ses épaules enfin se détendre après une longue journée semée d’embûches au nom de ces agaçants clandestins, libre de pouvoir s'installer à ses côtés et se laisser aller à une attitude plus naturelle et non plus dictée par les codes qu'on a pu leur enseigner. Un discret sourire se relève en coin en l'observant se sentir aussi à l'aise dès les premiers mouvements effectués sur sa voûte plantaire et Theodore poursuit juste après sa proposition « Attention, on pourrait croire que tu fais partie des imbéciles qui nous font vivre cet enfer, tu as même pu éviter la transformation au festin.. aurais-je deviné ta nouvelle activité illégale ? » et la dénoncerait-il pour autant ? Certainement que non, malgré son rôle de référent et l'ancien qui s'épinglait au haut de sa cape fut une époque. Le ton taquin s'emploie et il ne suffit que de quelques secondes avant que la brune ne réplique non sans faire relever l'attention du serpent à son adresse, sur son regard puis son sourire, ces lèvres qu'il avait autrefois fait siennes et dont le souvenir l'accompagnant s'imposait aux propos taquins dont elle lui faisait part. Pas certain de devoir prendre cela au sérieux ou non, Theodore s'empare de l'information et la range dans un coin de son esprit non sans esquisser un sourire en coin trahissant amplement ses pensées. Et si ce dernier parvient ensuite à faire diversion au sujet du Malfoy et que la remarque ajoutée d'Ophelia a le don de l'amuser, il sait qu'il ne peut plus longtemps repousser les doutes de la brune à son égard au moment où celle-ci se penche en sa direction afin de lui caresser ces cernes le trahissant lui et ses nuits interminables. Son regard se fige à son adresse, au sien qui parcourt ses traits avec attention et inquiétude et cette intimité naturelle qu'ils possèdent l'un avec l'autre sans que cela ne soit désagréable ou mauvais. Il aimait cela Theo, parce qu'il ne l'avait avec personne d'autre, parce que c'était avec elle et qu'il lui faisait confiance. Seulement évoquer ce qui le tourmente était une autre affaire car même si sur ses épaules ne pèse plus le même joug qu'il supportait il y a encore quelques mois, les habitudes et la façon dont il avait été construit persistaient. Et même sous son attention, il était difficile de déconstruire les schémas par lesquels il avait été élevé et s'était forgé une carapace. Là face à elle et l'impuissance qu'elle semblait ressentir, Theodore ne savait que dire si ce n'était de ne pas s'inquiéter, parce que ce n'était pas la première fois qu'il passait par quelque chose d'aussi lourd, parce que cela finirait par passer un jour, peut-être. Peu habitué à montrer ses faiblesses ni même à les assumer, il redoute pourtant déjà les cris et les ténèbres de ses songes qu'il retrouvera ce soir mais ce n'était pas une chose facile à avouer de vive voix, pas vrai ? Alors il s'allonge, parce qu'il sait qu'il n'a pas le choix, parce qu'il sait également qu'elle possède à elle-seule et par ce qui semble être son essence, des vertus apaisantes si puissantes et impressionnantes, telles qu'on pourrait croire qu'elle les possédait spécialement pour lui. « Une vraie tyran.. » souffle t'il malgré tout en s'obtempérant, un léger sourire étirant ses lèvres et prouvant qu'au fond il n'était pas si contre que cela. L'arrière de sa tête repose sur les cuisses d'Ophelia et les premiers mouvements qu'elle effectue lui offrent un degré supérieur de détente auquel il ne s'était pas attendu. Fermant les yeux quelques instants, son expiration se fait légèrement plus sonore et il sent que la tendresse de son toucher ne lui détend pas uniquement le corps tout entier rempli de tensions mais bien aussi l'esprit tourmenté. Elle l'envoûte, de ses gestes doux passant dans les mèches de ses cheveux à la chaleur de sa main sur la sienne, par ses propos qui prennent sens et l'impactent plus maintenant qu'il était à sa merci. Abaisser ces barrières qui existaient depuis si longtemps plaçait en lui cette impression de vulnérabilité soufflée par la force de l'affection qu'elle lui offrait et il le savait, il s'en rendait compte rien que par la confiance qu'il ressentait à cet instant, cette sensation d'être aimé aussi. Aimé sans conditions, aimé sans faux-semblants. Ophelia prenait soin de lui parce qu'elle le désirait véritablement et ses motivations étaient pures, il le reconnaissait parce que cet amour là il ne l'avait expérimenté qu'à de si rares occasions dans sa vie qu'il en savourait chaque instant car à une époque il avait cru que jamais plus ce genre d'amour-là ne lui serait offert après le décès de celle dont la disparition le hantait toujours. « tu sais que je peux tenir longtemps.. avec assez de café.. » tente t'il avant de s'interrompre par le regard que lui adresse Ophelia tandis que Theodore réprime d'abord son sourire avant de reprendre un air sérieux mais finalement détendu. Ce qu'elle lui proposait était une solution à envisager, parce qu'il reconnaissait la vérité de ses propos et combien par le passé cela a pu l'aider. Seulement comment exprimer à Ophelia ce qui le faisait encore hurler la nuit à l'en rendre muet le jour ? Comme la sensation que ses tourments resserraient leurs griffes acérées autour de sa gorge afin de l'empêcher de s'exprimer, de les expier, ses sourcils se froncent alors que son cœur s'agite à nouveau. Si son regard se pose ailleurs, ce n'est que parce qu'il refuse de fermer les yeux à nouveau, à la fois de peur de se laisser s'assoupir mais aussi de revoir ces images qui le hantent à nouveau. « J'ai juste du mal à dormir ces temps-ci et c'est complètement idiot parce que.. tout a changé, j'ai pas de raison de dormir aussi mal. » ou de ressentir tout ça, de revoir son père et sa violence, d'entendre ses mots les plus durs envers lui et parfois même, le décès de sa tendre mère. Il ne supporte pas devoir encore être tourmenté par ce qu'il pensait appartenir au passé et finit par être en colère envers lui-même à ce sujet alors que celle-ci était avant entièrement envers le paternel désormais enfermé et si loin de lui. « je pensais juste que tout ça serait fini aujourd'hui mais ça ne l'est pas.. » il ressent une sensation d'oppression au niveau du torse et ne parvient pas à retrouver la détente précédente, perturbé par ces impressions revenues, il se perd dans le souvenir de ses cauchemars et celui de sa vie d'avant, le cœur agité et les pensées chaos. Alors peut-être aurait-il du se taire finalement, parce qu'il en avait assez de porter ce poids et que celui-ci régisse sa vie et inquiète ses proches, rendre craintive Ophelia qui n'avait sans doute pas besoin d'entendre cela ce soir. Non vraiment, il ne voulait plus lui imposer cela.

C’est les yeux qu’elle lève au ciel en dépit du sourire amusé qui étire ses lèvres – comme si Ophelia pouvait être liée, de près ou de loin, aux activités qui avaient causé tant de raffut au sein du château ces derniers jours. Si elle pouvait apprécier l’ingéniosité et l’originalité des farces, les conséquences lui déplaisaient fortement. Puis, elle estimait avoir déjà assez à gérer comme ça sans, en plus, devoir gérer l’organisation de ces plaisanteries. « T’as raison, c’est moi. Je rêvais de voir mon frère arriver dans notre salle commune. » Ce qui était sans doute le plus grand inconvénient posé par cette nouvelle configuration. Elle ne supportait pas non plus le bruit et l’agitation constante mais elle préférait encore devoir supporter le vacarme à la présence de ce jumeau qu’elle tentait d’éviter habituellement. Si elle espérait que tout reste ainsi, elle savait que cet espoir était naïf et que cette proximité finira forcément par engendrer une friction qui ne sera que l’étincelle qui viendra enflammer le brasier de leur relation. Elle sait ce moment inévitable et tente pourtant de le repousser. Si elle devait être honnête, elle craignait de ce qui ressortirait d’une telle confrontation, elle qui avait toujours eu des difficultés à gérer ses émotions. La brune était particulièrement fragile dès lors qu’il s’agissait de Leo et c’était pour cette raison qu’elle tentait à tout prix d’éviter une réelle discussion avec celui supposé être sa moitié. Ses propres soucis sont pourtant mis à l’arrière-plan quand elle remarque que quelque chose ne va pas chez Theodore. Si le serpent peut prétendre le contraire, Ophelia n’en croit pas un mot. Elle le connaît sans doute mieux qu’il ne le voudrait alors lui mentir est inutile. Elle reste impassible face à sa première remarque, se contentant de rester silencieuse tout en laissant ses doigts caresser ses mèches brunes. Elle ne compte pas abandonner, incapable de le faire, de toute façon, dès lors qu’il s’agissait de son meilleur ami. N’avait-il pas été là pour elle constamment, année après année ? N’avait-il pas été celui qui avait su l’apaiser quand son jumeau avait fait à nouveau irruption dans sa vie, la chamboulant totalement ? Il y avait bien longtemps que le référent avait gagné sa loyauté et son affection, ce qui se traduisait par des attentions dont il était le seul à bénéficier. A force de patience, Theodore finit par parler, confirmant les doutes éprouvées par la vipère. Si elle désire plus que tout le réconforter, elle préfère ne rien dire, pas tout de suite, lui laissant plutôt tout le temps dont il a besoin pour lui confier les sources de ses maux. Son cœur se serre en le voyant ainsi, si démuni, en proie à des démons aux griffes acérées qui s’acharnaient visiblement sur lui qui ne méritait en rien d’être ainsi torturé. L’américaine aurait aimé trouver une solution pour effacer le poids qui pesait si lourd sur les épaules du Nott, prête à tout pour éradiquer le moindre de ses maux. Seulement, elle sait combien la situation est compliquée et elle sait, surtout, que de simples mots ne peuvent pas le guérir totalement. Il fallait plus, bien plus. Il fallait du temps, surtout, ce qui était sans doute le plus difficile à concevoir quand tout aurait dû être réglé après l’arrestation de son père. « Theo... » Sa voix n’est qu’un souffle alors que son regard se pose sur le visage du sorcier, peinée par le désarroi qu’elle peut lire dans ses iris quand bien même elle sait qu’il fait de son mieux pour ne pas le montrer. Parce que c’était ce qui faisait de Theodore quelqu’un de si extraordinaire – peu importait la force des troubles qui le dévoraient, il s’efforçait à prendre sur lui pour ne pas faire peser le poids de ses problèmes sur les autres. « Ce n’est pas simple. Je sais que tu voudrais que ça le soit, que tu voudrais être débarrassé de tout ça… Mais ça ne peut pas être le cas. » Ce qui était foncièrement injuste. Theodore ne méritait rien de ce qu’il avait enduré et, surtout, il ne méritait pas non plus de toujours souffrir des conséquences de ce passé qui s’en était bien trop souvent pris à lui. Ses doigts viennent s’emmêler aux siens, pouce qui caresse le dos de sa main tandis qu’elle la serre légèrement. « Ce que tu as vécu n’aurait jamais dû arriver à qui que ce soit et encore moins à toi. Mais c’est arrivé… Et même s’il n’est plus là, ce qu’il a fait est toujours là. » Main qu’elle glisse légèrement pour indiquer sa tempe du bout des doigts, faisant référence aux nombreux souvenirs qui doivent encore le ronger. « Tu ne peux pas te débarrasser de tes souvenirs et même si tu essayes, ils finissent forcément par te rattraper, par t’empêcher de dormir. Tu as essayé d’en parler à quelqu’un ? » Pas forcément à elle, même si elle était prête à l’écouter dès lors qu’il en éprouvait le besoin. La main d’Ophelia se pose finalement sur la joue du serpent qu’elle caresse tendrement, affection certaine qu’elle tente de manifester à travers ces attentions qui lui sont dévouées. « J’ai une idée.. Quand c’est comme ça, quand tout devient trop compliqué, viens me voir. On viendra ici, tard, quand personne n’est là et on restera ici jusqu’à ce que tu dormes. » Ce n’était pas idéal. L’endroit n’avait rien du confort des dortoirs ou des anciens appartements de Theodore, mais c’était tout ce dont ils disposaient. Si c’était ce qu’il fallait pour qu’il puisse se reposer un minimum, Ophelia était prête à passer toutes ses nuits ici. « Puis, si quelqu’un arrive, il se retrouvera face à moi… Et on sait tous les deux qui ressortirait gagnant. » Léger sourire destiné à détendre l’atmosphère et à l’apaiser lui qui, elle le savait, n’était pas véritablement friand de ces confessions. Se penchant légèrement, elle vient poser son front contre le sien, captant son regard. « Tu n’es pas seul, Theo, alors n’agis pas comme si c’était le cas. Je suis là. » Il n’y avait pas qu’elle, au fond, et elle le savait. Elle savait qu’il avait d’autres personnes l’entourant qui pourront répondre présentes pour lui si le besoin s’en faisait ressentir mais ce qu’elle voulait, Ophelia, c’était affirmer à nouveau sa loyauté, affirmer à nouveau qu’elle serait là, peu importe les problèmes qu’il pouvait rencontrer. C’était tout ce qu’elle voulait, la vipère – l’assurance qu’il ne s’enfoncerait pas dans des cauchemars qui viendraient lui ronger l’âme, l’assurance de pouvoir apaiser un peu les maux qu’elle chasserait par tous les moyens possibles.

Il aurait aimé que le sujet de leur conversation persiste à propos des Burgess, presque égoïstement d'ailleurs, ça l'aurait arrangé Theo. Parce que parler de Leo à Ophelia et inversement ne le dérangeait jamais. Il les aimait tous les deux le serpent, certes peut-être pas de la même façon, les jumeaux avaient réussi à se faire une place au niveau du champ de ses affections comme bien d'autres n'avaient réussi à le faire et il sait, Theodore, qu'un jour tout ira enfin mieux entre eux. Il le voit à la façon dont ils portent en estime l'autre sans se l'autoriser vraiment, sans le dévoiler non plus, mais il les connaît et le brun espère même que c'est cette année que tout se décoincera. Avant qu'ils ne quittent tous le château et que ce soit plus compliqué de créer la proximité nécessaire à de telles réconciliations si importantes. Theodore savait le prix inestimable qu'était la famille, il se chargera de le leur rappeler à sa façon le jour où il comprendra qu'il ne leur manquera plus qu'un seul coup de pouce pour enfin revenir vers l'autre. Au lieu de cela, il s'agit de ses propres problèmes qui sont évoqués et discutés, lui qui espérait les fuir pour cette nouvelle nuit éveillée se voit surveillé par sa meilleure-amie dont le regard se fait plus compatissant qu'il ne le voudrait. Il ne voulait pas inquiéter Theodore, faire porter le poids de ses manquements ainsi que de sa souffrance sur les épaules d'une autre personne, cela avait toujours le cas, lui qui avait tant supporté dès son plus jeune âge. Elle ne méritait pas d'avoir à s'inquiéter pour lui pour quelque chose qui ne devrait même pas exister, le retour d'un trauma qu'il pensait disparu par l'arrestation de son père. Il n'en était rien pourtant, comment cela le pourrait alors qu'il a encore les stigmates de tout ce qu'il lui a fait subir ancrées dans sa peau et sur son cœur ? S'il ne se renfrogne pas à ce qu'elle lui dit, c'est bien parce qu'il s'agit d'elle et que son écoute lui a toujours été favorable, plus facile. Ophelia savait l'atteindre comme peu en étaient capables et si son attention lui est dédiée, celle de son regard s'arrête sur la façon dont leurs doigts s'assemblent. La chaleur qu'elle lui offre par ce contact tendre et la douceur de ses mots parviennent jusqu'à lui comme un baume qui apaise partiellement cette anxiété qui est sienne. Ce doigt lui indiquant son esprit réussit à le déstabiliser pourtant. Ophelia n'avait pas tord, car si la douleur ne lui lancinait plus dans le bas du dos, c'était une autre forme d'oppression qui persistait. Autorité étouffante et imposante du paternel hantant toujours ses pensées, il lui était difficile de se détacher des mots qu'il avait entendu se répéter tout au long de son adolescence, difficile de se construire par lui-même à travers mais aussi après cela. « Non.. » avoue t'il simplement tandis que l'idée de confier tout cela à quelqu'un ne lui était jamais passé par la tête, tant habitué à tout garder pour lui et craindre pour la réputation de sa famille, le fardeau au sang pur et de sa violence restait vivant dans l'esprit des enfants de l'élite et c'était ainsi qu'ils faisaient avec. Dévoiler une part de son histoire afin de s'en libérer ne faisait pas partie de ses plans, pas de cette façon, bien trop méfiant au sujet de se confier à quelqu'un, craignant également de revenir à des ténèbres bien trop violentes pour lui et l'énergie qu'il possédait tout juste aujourd'hui. Peut-être y songerait-il plus tard, lorsqu'en dehors du château l'enfant devenu homme commencera enfin à abaisser certaines barrières, faire confiance à une aide extérieure et qualifiée. Mais il était trop tôt pour cela maintenant. La main d'Ophelia sur sa joue réussit à lui faire ramener ses pensées à son sujet et ses yeux se ferment doucement à la chaleur de ses doigts contre sa peau. Malgré le sujet de conversation, cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti autant à l'aise. Si seulement pouvait-il se débarrasser de ses souvenirs et ne profiter que de ce contact ce soir, en sa compagnie.. La proposition de sa meilleure-amie le fit sourire et sortir de ces pensées qui tournaient en boucle dans son esprit, attachant son regard, au bleu d'une tempête sur sa fin, à son visage au dessus du sien. « Je n'ose imaginer ce que tu leur ferais.. » et combien ça lui plairait, aussi. Proposition alléchante bien que peu accommodante en comparaison au confort qu'ils avaient déjà pu profiter ensemble jusqu'à ce jour, il ne sait que lui dire Theodore, parce que cette idée l'enchante autant qu'elle ne l'inquiète. Il n'allait pas la déranger à chaque fois que ses démons réapparaissaient. Toutefois, quelque chose lui disait qu'ils finiraient par ne plus venir aussi régulièrement grâce à ce genre de deal. Son front contre le sien, les mots d'Ophelia le touchent plus qu'il ne s'y serait attendu. Par cette sincérité incroyable émanant d'elle, cette affection que Theodore ressent par elle mais aussi pour elle, il a toujours l'une de ses mains près de lui et la ramène contre son torse afin d'y enlacer ses doigts et de les serrer. S'il n'est pas capable d'exprimer quoi que ce soit parce qu'il n'a jamais su vraiment le faire, la promesse d'Ophelia se révèle pourtant des plus importantes pour lui, inestimable. D'une intimité qui était la leur, complicité de deux cœurs capables de bien des choses pour l'autre. Sa meilleure-amie possédait ce rang à juste titre et renouvelait la royauté de sa place en ces mots, ce soutient, cette tendresse qui émanait d'elle et qui le sauvait, il le savait. « tu sens bon. » éclaire ses lippes étirées en un fin sourire, parce qu'elle est plus proche de lui désormais et que son regard exprimant largement ce qu'il pensait de son dévouement avait été pour elle et uniquement pour elle, sans artifices ou faux semblants. Son odeur lui était familière, il s'agissait de la même qu'il reconnaissait dès qu'il la prenait dans ses bras pour la consoler, dès qu'elle passait trop près de lui dans un couloir, quand elle posait sa tête sur son épaule pour s'assoupir quelques minutes. Ses doigts jouant avec les siens par automatisme, Theodore observe les traits de son visage au dessus de lui et en contemple leur beauté, le visage d'un être aimé. Pris d'une audace ayant pourtant déjà existée, sa main relâche ses doigts afin de se relever jusqu'à ses longs cheveux bruns pour approcher son visage du sien. D'un mouvement emprunt d'un naturel évident, ses lèvres capturent celles de sa meilleure-amie d'un long baiser appuyé et en rien hésitant. Il l'aimait aussi ainsi Theodore, d'une façon qui leur appartenait qu'à eux de se le montrer, de le ressentir. Baiser qui n'avait pas eu lieu depuis un bon nombre de temps déjà mais qui en ce temps précis prenait un sens des plus précieux. Il la remerciait à sa manière Theodore, comme ils avaient déjà pu le faire dans le passé sans que ça n'entache quoi que ce soit, pas vrai? Lorsqu'ils se séparent, un soupir d'aise dévale ses lèvres malgré lui. « C'est de ta faute tu sais, à autant t'approcher.. » il plaisante évidemment, accrochant son regard au sien une nouvelle fois. Le bois craque tout près d'eux dans l'antre de la cheminée. « On a reçu un papier anonyme il y a quelques jours dans le dortoir des serpentards. Une fille annonçant qu'elle était enceinte. Je te laisse imaginer la tête qu'on a pu tous afficher. » Bien évidemment qu'il avait pensé à elle mais elle saurait le deviner par elle-même dans le sous-entendu. « On est tous persuadés qu'il s'agit de Malfoy d'ailleurs, même ton frère a voté pour lui. » cela lui échappait constamment cette façon de mentionner Leo, comme si leur relation n'était en aucun cas conflictuelle et il savait au fond, qu'elle appréciait connaître parfois ce genre de détails sur la vie de ce jumeau qui lui était inaccessible mais qui mourrait lui aussi d'envie de la connaître.

Il y a ce cœur qui s’apaise de savoir l’autre si près, après ces journées passées à devoir limiter les contacts et les rapprochements. Il y avait trop de monde, trop de témoins et les moments qu’ils pouvaient passer habituellement seuls étaient devenus inexistants et ça manquait cruellement à son équilibre. Ophelia en avait besoin, plus qu’elle ne voulait l’admettre, pour que ses journées ne se passent bien. Être près de Theodore lui permettait de se sentir à l’abri du reste du monde – quand tout semblait être une toile de faux-semblants, près de lui, il n’y avait rien d’autre qu’une sincérité qui l’avait d’abord troublé, avant qu’elle ne devienne comme un réflexe en sa présence. La vipère n’attend aucune réponse venant de son meilleur ami. Elle ne voulait qu’apporter le peu de réconfort dont elle était capable, consciente que ce qu’elle pouvait faire était limité. Elle maudissait davantage encore les imbéciles qui avaient saccagé les autres salles communes, l’empêchant d’être près du serpent comme il en avait besoin en ces temps compliqués. Mais qu’importe, au fond. Elle trouvera un moyen, parce que c’était ce qu’elle faisait dès qu’il était concerné. Proximité renforcée par les gestes réconfortants qu’elle instaure, il y a son sourire qui s’étire quelques peu au compliment du serpent. Venant des autres, elle ne se souciait pas vraiment de ce qu’on pouvait dire, mais quand il s’agissait de Theodore, tout revêtait une importance particulière. Quand ses doigts viennent se faufiler jusque ses cheveux, elle obtempère un peu trop facilement, Ophelia, se laissant guider jusque ses lèvres si familières. Il y a bien trop longtemps à son goût qu’elle avait ainsi pu l’embrasser et pourtant, le naturel du geste laisse entendre qu’il s’agit d’une occurrence régulière. Elle presse ses lèvres contre les siennes alors que ses doigts caressent tendrement sa joue, palpitant qui se réchauffe légèrement grâce à cette union qui efface tout le reste. Elle en oublierait presque l’installation des indésirables dans leur salle commune, l’angoisse qui lui nouait l’estomac à l’idée de se retrouver seul face à Leo. S’ils se séparent un peu trop vite à son goût, elle parvient toutefois à se contenter de ce baiser qui aura su réchauffer son âme et apaiser ses maux, à elle aussi. « Hm, je ne suis vraiment pas désolée. » Elle se redresse un peu pour ne pas céder à l’envie de recommencer un peu trop vite, sourire qui trahit sans doute la connaissance qu’elle peut avoir du mot qui avait été envoyé dans le dortoir des serpents. Elle avait été là quand la lionne avait décidé de piéger ces sorciers et ça l’amusait d’autant plus d’en entendre parler maintenant, alors qu’elle ne s’y attendait pas forcément. Un léger rire lui échappe même aux accusations pleuvant sur Malfoy, nullement étonnée de voir que son jumeau avait désigné le blond comme coupable de cette fausse paternité. « Je ne suis pas étonnée. Je ne comprends pas pourquoi, mais visiblement, Malfoy a un véritable harem. » Ophelia n’avait jamais véritablement compris l’attrait qu’avait toutes ces sorcières pour l’héritier, même si elle supposait que le prestige lié à son nom l’aidait grandement à en attirer certaines dans ses filets. Si elle pouvait lui reconnaître une certaine prestance, elle avait toujours trouvé Theodore bien plus charismatique – avis émis en toute objectivité, c’était évident. « Comment va Leo ? Il s’habitue aux dortoirs ? » Question qui quitte ses lippes tout naturellement et elle regrette aussitôt l’intérêt qu’elle manifeste pour lui, alors qu’elle feint toujours l’indifférence à son égard. Elle détourne le regard vers le feu de cheminée, peu à l’aise, même si elle savait qu’elle n’avait pas besoin de prétendre auprès de son meilleur ami. Sa main remonte jusque ses mèches de cheveux qu’elle caresse avec affection. La gêne éprouvée finit par s’estomper peu à peu, elle qui n’avait de toute façon pas lieu d’être ici. « Tu imagines, si tu avais du lui annoncer que c’était toi, le père… Et que j’étais l’autre concernée de cette grossesse ? » Elle n’imaginait que trop bien la tête que ferait alors son jumeau et, surtout, la colère qu’il aurait éprouvé. « Tu aurais sans doute du fuir le pays et changer d’identité avant qu’il ne te rattrape... » Sourire amusé étirant ses lèvres alors que son regard se pose à nouveau sur son meilleur ami, main libre qui s’agite machinalement dans de légères caresses sur son torse. « Vous avez trouvé de qui il s’agissait, alors ? » Évidemment qu’il n’y avait personne de réellement enceinte – du moins, pas à sa connaissance. Néanmoins, la vipère était curieuse concernant le déroulement de cette soirée et les échanges qui avaient eu lieu alors. Même si Theodore ne lui dirait probablement pas tout des confessions qui ont pu avoir été délivrées, Ophelia ne pouvait s’empêcher de l’interroger, au cas où quelques informations finiraient par lui échapper. Et en ce qui la concernait… Il avait du rapidement l’éliminer. Leur dernière relation intime remontait à il y a bien trop longtemps maintenant pour que ça ne puisse être elle, délai qui ne coïncidait pas avec le mot qui avait atterri dans le dortoir. Aussitôt, une flopée de souvenirs lui reviennent. Des lèvres de Theodore épousant les siennes à la perfection, à ses mains qui visitaient chaque courbe de son corps avec expertise, en passant par la sensation de le sentir là, contre elle… Tant de sensations qui la heurtent et réveillent en elle une vague de chaleur qu’elle tait comme elle le peut, lèvre inférieure qu’elle mord inconsciemment. Un soupire la quitte alors qu’elle tente de se redresser, chassant ces pensées parasites comme elle le peut alors que ce n’était pas le moment de laisser de telles sensations la frapper ainsi. « Tu as mis combien de temps à m’éliminer de la liste des suspectes ? » Si ça avait du être assez rapide, en théorie, elle ne peut qu’imaginer la légère crainte qui avait du l’envahir. Dans une volonté de le taquiner – et peut-être, le frustrer -, les doigts s’agitant sur son torse remontent doucement jusque son menton. Elle se penche, comme si ce qu’elle s’apprêtait à dire était confidentiel, lèvres allant flirter avec ses voisines. « Je suppose que ça a été rapide…. Je crois bien que je ne me souviens même plus de la dernière fois. » Sourire en coin aux lippes, elle apprécie sans doute un peu trop ce jeu visant à le déstabiliser même si elle cède un peu, lui offrant un baiser rapide et chaste et qui n’est clairement pas assez, dans un contraste avec ses paroles qui l’amusent au point qu’elle se recule en riant légèrement. Que les indésirables restent dans leur salle commune, finalement. Ophelia pouvait bien rester ici des heures auprès de Theodore sans que rien d’autre n’ait la moindre importance.

La chaleur qu'ils s'offraient mutuellement était celle dont ils avaient besoin, par ces touchers tendres et la douceur d'un baiser volé, ces regards qui recherchaient l'iris et sa vérité, l'autre, tout simplement parce qu'ils savaient que personne d'autre ne savait leur offrir ce qu'ils étaient capable de partager. C'était ainsi depuis de nombreuses années déjà, ponctuellement de façon plus charnelle depuis moins de temps. Mais ils restaient unis, liés d'un lien inexplicable et impérissable. Quoi qu'il se passe, quoi qu'ils puissent faire, ils étaient avec l'autre et même d'une certaine façon, à l'autre. Sous l'étiquette d'une amitié grandiose, la première en tête – même si son affection pour les jumeaux Burgess ne se qualifiait pas réellement de cette manière de sorte qu'ils restaient tous deux aussi importants l'un que l'autre pour le sang-pur – il y avait ce léger plus avec Ophelia, d'une tendresse à l'âme et passion au corps qui savait éveiller ses sens et le champ de ses désirs comme personne d'autre avec autant de vérité. C'est pourquoi un sourire persiste sur les lèvres du sang-pur dont le regard bleu profond s'attache aux traits de sa meilleure amie, il n'y avait pas de faux semblants entre eux et Merlin en soit loué, cela leur aurait gâché toute leur dynamique authentique. Et combien cela pouvait être rare dans leur cercle social de l'embrasser d'une quelconque façon. Son rire soulage son inquiétude de la voir se refroidir à l'évocation de son jumeau, il n'en est rien pourtant et le brun joue avec ses doigts de façon détendue. Son attention allant du crépitement des flammes à la beauté de leur ondulation sur les traits divins de sa meilleure amie, il acquiesce simplement à sa suite avant d'observer devant eux, par pudeur respectée envers sa personne à l'évocation de son frère de sa part. « Je crois que ça lui plaît d'être chez nous. Puis il est le seul à avoir rejoint notre dortoir et tout va bien. Il s'adapte vite. » Cette fois, son regard s'est tourné vers elle afin de pouvoir remarquer la moindre réaction. S'il y avait bien quelqu'un désirant que les jumeaux se réconcilient au château, c'était Theodore qui attendait ce jour presque aussi impatiemment qu'il ne l'avait fait avec celui de ses aspics, fichue impression que l'exercice de les faire revenir vers l'autre serait bien plus compliqué finalement. Au sujet de la grossesse imprévue, Theodore hausse un sourcil et esquisse une moue aussi soulagée que dubitative. « je pense que tu l'aurais entendu hurler partout dans le château avant de me retrouver inconscient par ma propre chute.. » et il ne plaisantait qu'à moitié Theo, lui qui n'en aurait pas mené large si ça s'était révélé vrai. « Sans doute.. Non on ne sait toujours pas, mais ce n'était sûrement qu'une blague. » Il l'espérait du moins, il ne restait plus qu'à attendre afin de voir de leurs propres yeux qui était la déchue auquel cas. Et tandis qu'un court silence s'impose, le serpent ne peut s'empêcher d'imaginer si la situation lui avait été adressée. Est-ce que cela aurait été si terrible ? Honte apportée aux Burgess si Theodore n'avait pas pu dissimuler à temps cette grossesse par un mariage arrangé et empressé, passé ces circonstances qui auraient pu être étouffées, se voir offrir un héritier à son âge aurait été des plus déstabilisant. Lui qui n'avait que pour ambitions premières sa future carrière et la réputation de son nom à améliorer, les efforts envers la communauté sorcière comme secret du cœur. Une variable restait des plus positives tout de même, en imaginant qu'Ophelia aurait été son épouse et la mère de ses enfants, au moins auraient-ils eu un heureux mariage, il l'espère. Déconcentré de ses pensées plus apaisantes que prévues par sa meilleure amie, c'est son soupir qui attire son regard bleu et profond. Il est alors envoûté par la proximité renouvelée de ses lèvres tout contre les siennes, le ton se fait plus lent et détaché, commenté d'un sourire. « ah oui ? » il est interrompu par son baiser bien trop chaste au goût du serpent qui aussitôt se redresse à l'entente de son rire léger lui emportant le cœur du même doux amusement. Appuyé sur un bras, sa main glisse alors derrière sa nuque afin d'attirer sa meilleure amie tout contre ses lèvres, l'emportant dans un baiser qui pourrait mettre fin à l'impertinence du manque qu'elle avait fait naître en lui sauf qu'il n'en est rien. Ses lèvres s'appuient alors un peu plus sur les siennes et approfondissent l'échange jusqu'à en perdre son souffle, la notion de ce temps qui s'arrête tout autour d'eux comme à chaque fois qu'un baiser faire taire entre eux les limites de l'amitié pour côtoyer celles de cette passion sous-jacente mais tant partagée. Sourire qui s'étire et ses doigts se perdent dans ses mèches lorsqu'en se reculant, leurs souffles chauds se mélangent dans un léger amusement. « Comme à chaque fois.. » elle lui emporte sa raison, fait battre le myocarde avec frénésie, réveille ses sens en son honneur et lui fait tout oublier. Comme à chaque fois, il n'en a pas assez Theodore mais relève son regard vers elle pour savoir ce que elle, elle pense de tout cela. Et il se confronte aux mêmes étincelles qui baignent ses iris sauf qu'il a le plaisir de se confondre dans le marron profond de son regard et s'y perd. Comme à chaque fois, elle lui coupe le souffle par sa beauté et réveille l'idée en lui qui gronde d'envie de l'embrasser à nouveau et plus encore.

Theodore était ce lien qu’elle n’avait plus avec son frère, cette connexion qui lui permettait, régulièrement, d’avoir des aperçus de cette vie dont elle ne faisait plus partie. Il était d’ailleurs le seul à pouvoir lui parler de son jumeau sans qu’elle ne se braque – ce qui n’était pas le cas des années plus tôt, quand Leo avait fait irruption au château et que sa jalousie l’avait poussé à se méfier du rapprochement entre son meilleur ami et son frère. Ce n’était plus le cas, désormais, alors qu’Ophelia voyait en leur amitié l’opportunité d’apercevoir quelques bribes du quotidien de sa moitié. Un sourire discret orne ses lèvres quand elle comprend qu’il vit bien cette colocation, suffisamment pour oser rejoindre le dortoir des serpents de son année en tout cas. « Je ne suis pas étonnée. Il a toujours été capable de se lier facilement avec les autres. » C’était déjà le cas quand ils étaient enfants et qu’il était celui qui allait vers les autres tandis qu’elle restait un peu plus en retrait, du moins jusqu’à ce qu’il ne finisse par la prendre par la main pour l’inciter à rejoindre ces nouvelles connaissances. Une douce nostalgie étreint son cœur quand elle repense à ces quelques fragments du passé qui semblent pourtant appartenir à un autre temps. La vipère reste fière quand elle réalisé que Theodore ne se doute pas un instant de son implication et celle des autres filles dans cette farce dont les serpents avaient été victimes, blague qui aurait pu mal tourner si son meilleur ami n’avait fait qu’évoquer son nom près de son frère. Plaisanterie qui mène la sorcière vers un terrain glissant, celui des souvenirs de son corps chaud contre le sien et la réalisation, à ce moment là, du manque qu’elle éprouvait sans l’avoir forcément réalisé auparavant. Elle en joue, Ophelia, attisant un feu qu’elle connaissait désormais assez bien parce qu’elle aimait la façon dont il la regardait dans ces moments-là, parce qu’elle ne détenait jamais autant de pouvoir que lorsqu’elle pouvait provoquer et attiser ses envies. Le baiser offert ne fait rien pour calmer les envies qu’elle avait elle même provoqué, se retrouvant piégé par son propre jeu. Elle se laisse volontiers faire alors qu’une main l’attire vers lui par sa nuque, retrouvant ses lèvres avec une envie qu’elle transmet par ce baiser qu’ils partagent. Elle se sent si aisément emportée vers ce monde où il était roi, déjà prête à le laisser régner en maître sur ses envies les plus secrètes. Ce n’est pourtant pas assez, appétit qui n’est que plus grand encore quand leurs lèvres se quittent et qu’il ne reste plus que leurs souffles se mêlant. La vipère ne dit rien, incapable de se faire véritablement confiance alors que tout son être le réclamait encore et encore, exigeant plus que ce baiser qui n’était pas assez. Elle le suit, pourtant, et s’asseoir à l’autre bout du canapé pour tenter d’apaiser la cavalcade de son cœur, soupir quittant ses lèvres alors qu’elle pose ses mains sur ses cuisses. Rien ne suffit à faire taire ses envies plus bruyantes alors qu’elle évite du regard Theodore, se convaincant qu’elle serait moins tentée si elle ne le voyait pas. C’est pourtant ridicule quand Ophelia pourrait tracer son corps du bout des doigts, les yeux fermés, pour l’avoir parcouru et admiré alors qu’ils se découvraient tous les deux d’une façon différente. Seulement, rien ne parvient à éteindre l’incendie qui s’était emparé d’elle alors elle se tourne, prête à abdiquer pour peu qu’elle retrouve ses bras et ce sont leurs corps qui se rencontrent dans le plus parfait des tableaux.

Quand Ophelia se réveille, elle met quelques instants à comprendre où elle se trouve. En sentant la présence de son meilleur ami contre elle, un léger sourire étire ses lèvres alors qu’elle se sent plus apaisée qu’elle ne l’avait été depuis des jours déjà. Ce n’est qu’en tournant un peu la tête qu’elle réalise qu’ils ne sont pas dans les dortoirs de leur maison… Et qu’elle se souvient alors de ce qui était arrivé, d’avoir senti le sommeil arriver peu à peu mais d’avoir rechigné à l’idée de quitter Theodore, insistant jusqu’à s’endormir contre lui. Si dormir près de lui était plus qu’agréable, l’idée de se faire surprendre la pousse à se redresser brusquement. Un coup d’œil à l’horloge lui permet de pousser un léger soupir de soulagement – il leur restait un peu de temps avant que tout le monde ne doive se lever pour le début des cours. Pas grand-chose, à peine une dizaine de minutes mais, en théorie, cela devrait les aider à rejoindre leur dortoir sans se faire attraper… En théorie. « Theo, faut qu’on y aille... » Elle tente de le réveiller doucement, main posée sur sa joue et pouce qui la caresse tendrement. La sorcière dépose un baiser sur sa joue avant de se relever, laissant tomber la couette pour récupérer ses vêtements et se rhabiller rapidement. Quand ils sont enfin à nouveau convenablement vêtus et que tout est remis en ordre dans la pièce, Ophelia file vers la porte et se tourne vers Theodore, se mettant à rire face à cette situation dans laquelle ils se retrouvaient. « Tes appartements étaient quand même bien plus pratiques.. » dit-elle en se rappelant des instants qu’ils avaient pu y passer – il était alors plus aisé de dormir ensemble, d’apaiser les cauchemars de l’autre sans avoir à craindre d’être sanctionné par un professeur. Sa main qu’elle récupère et ses doigts qu’elle serre doucement avant de vérifier qu’il n’y a personne dans les couloirs et de sortir pour retrouver son dortoir, tentant d’être la plus discrète possible alors même qu’elle peine à retenir ses rires, elle qui se sentait alors si légère.

Il a enfin dormi Theodore et plus que cela, sans cauchemars ou sursauts. Il a enfin dormi et de la meilleure manière qui puisse alors que dans ses bras se lovait sa meilleure amie et sur sa peau, le passage encore chaud de ses baisers. Et il se retrouve enfin apaisé alors qu'elle est là, que ses bras s'enroulent autour de son corps sans chercher à l'en libérer ni s'en séparer. Bien trop en paix à l'endroit où il était et en sa compagnie, c'est une nuit réparatrice qui lui est offerte grâce à Ophelia et un doux réveil au moment de réaliser que la matinée est déjà là par la tendre caresse de la vipère contre sa joue. Alors le sang-pur papillonne un peu des paupières et se passe une main dans les cheveux, réalise où il sont, ce qu'ils ont fait, se remémore aussi leurs conversations mais surtout adresse son attention à la silhouette divine s'habillant devant lui. « Mh.. » il a envie d'objecter, de rester là toute la journée durant avec l'assurance qu'ils ne seraient pas dérangés par âme qui vive. Juste elle et lui et cela lui suffirait, dans leur intimité et cette bulle hors du temps qu'ils s'offraient, la réalité n'avait rien d'intéressant à côté. Mais c'est par son sens des responsabilités et en voyant qu'Ophelia était déjà déterminée à rejoindre leur salle commune qu'il s'obtempère alors, décalant la couverture de fortune qui les avait accompagné cette nuit afin de s'habiller à son tour. D'un coup de baguette, la salle commune est comme avant et bien vite, les voici se faufilant dans les couloirs. « je les regrette tous les jours. » articule t'il toujours d'une bouche un peu pâteuse, n'ayant que l'envie de boire un bon café noir comme chaque matin afin de l'aider à se réveiller. Seulement les doigts de sa meilleure amie se lient aux siens et le voici qui s'éveille un peu plus, qui sourit au souvenir qui hante à nouveau son esprit. Alors dans leur avancée le long du couloir du sixième étage, Theodore l'interrompt et glisse l'une de ses mains sur sa joue, plaque doucement son corps contre le mur derrière elle et lui capture ses lèvres. Il agit avec impulsivité mais volonté du cœur, l'affection et dévotion toujours présente pour celle pour qui son sourire ne quittait pas ses lèvres tout en l'embrassant, qui lui avait offert une nuit bénie d'un sommeil profond et réparateur, apaisé et plus encore. Son autre main glisse sur sa hanche et son baiser s'appuie avec le délice de retrouver la chaleur de ses lèvres, de son corps contre le sien avant de se reculer promptement parce qu'il le devait, parce qu'il restait son meilleur ami et rien que son meilleur ami. Alors ses doigts retrouvent les siens, Theodore hausse une épaule sans même rien avoir à dire, liant leurs regards, elle comprendrait à travers celui-ci l'affection de leur complicité et de leur intimité qu'il ressentait toujours et qu'il savait être réciproque. « Miss Burgess, vous allez vous mettre en retard à rester dans les couloirs. » entonna ensuite le référent d'une voix plus solennelle avant de continuer ce chemin en direction de leur salle commune en sa compagnie. Les couloirs sont déserts et il en est plutôt satisfait, grapillant encore quelques minutes avec Ophelia dans ces instants hors de leur quotidien. Ils entrent dans leur salle commune sans délier leurs doigts et s'engouffrent dans le couloir des chambrées qui ne tarderaient pas à être animées. En arrivant près des leurs, Theodore ralentit le pas et se met alors à marcher à reculons, l'avisant de son regard taquin. « pense à cacher ça.. » son sourire est bien évidemment fier lorsque son doigt tapote son propre cou en miroir au sien à l'endroit où il y avait laissé sa marque, bien qu'il ne soit pas contre qu'elle la laisse visible au regard d'autres pouvant croire être suffisamment à sa hauteur sans évidemment l'être. Il se sent plus apaisé ce matin Theodore et cela impacte son humeur, il le ressent jusqu'à dans les nuances de ses pensées plus positives, sa taquinerie naturelle qui apparaît plus facilement. Et tout cela c'était grâce à elle, meilleure amie que lui non plus ne méritait guère, bien meilleure et estimable que tous.