Il est agacé Connor, pour une multitude de choses. Il est agacé de cette bousculade d'épaule à épaule à laquelle il s'est confronté ce matin avec l'un d'entre eux – ceux qu'il ne supportait pas à cause de leur nom, réputation de leurs parents au sein de la première guerre -, à cause de ce fichu devoir en journalisme sur lequel il bloquait et ce cours qui avait poursuivi et terminé de sérieusement l'emmerder en sécurité magique. S'il appréciait le cursus et les promesses d'apprentissages qu'on leur avait vendu, jamais il n'avait signé pour que son professeur soit Ash. Car si le choix lui avait été donné, l'étudiant aurait mille fois choisi un autre cursus quitte à ce qu'il soit plus barbant plutôt qu'à devoir supporter la présence de la blonde dans la salle et durant plusieurs heures de suite. Recevoir des ordres de sa part, devoir l'écouter avec objectivité à propos du contenu de son cours ou procéder aux exercices qu'elle leur mettait en place était véritablement compliqué pour celui qui n'avait presque que du ressentiment envers elle. La vraie torture était d'entendre à nouveau sa voix après des années à avoir espéré pouvoir le faire à nouveau dans une situation où elle revenait près de lui pour le sauver. Croiser son regard et se détester de sentir ses barrières internes vibrer et s'abaisser à cause de la simple façon dont il réussissait à se connecter instantanément à celle qui l'avait trahi, abandonné. Et lui qui n'est pas d'un naturel patient trouve qu'il a peut-être déjà un peu trop pris sur lui depuis le début de l'année, quittant le couloir du sixième étage en boule de nerfs qu'il était avant que ses meilleurs amis n'aient le temps de le rattraper afin de tenter de le calmer. Il ne voulait pas être calme Connor, il voulait des réponses et du silence à la fois, il voulait qu'elle regrette et s'en aller lui aussi pour qu'elle comprenne ce que cela faisait. Mais encore fallait-il qu'elle tienne encore à lui.

Il a mal à la tête Connor, par toutes ces pensées qui s'enchevêtrent et tourbillonnent en même temps, il a les phalanges qui lui fond mal à force d'être tendu, les cheveux qui ondulent d'un orangé étrange avec ses mèches brunes et ignore royalement le commentaire d'un professeur au sujet de sa planche de skate qu'il a sorti de son sac à dos afin de traverser plus vite le couloir. Bien vite, il est enfin aux grandes portes du château et inspire d'un air frais qui ne parvient pas entièrement à soulager le poids enfonçant son cœur dans sa cage thoracique. « Fuck » par habitude, par frustration et par lassitude. Et le voici qui quitte les marches et s'élance sur un chemin suffisamment praticable avec son skate. Il ne sait pas totalement où il va, mais il s'éloigne le plus possible de la bâtisse et de ses emmerdes, profitant de la vitesse et du froid lui glaçant les joues pour respirer un peu mieux. Son sac se balance vers l'avant d'un coup d'épaule et il en défait la fermeture afin de choper son paquet de clope. Entre ses lèvres, il l'allume en même temps qu'une prise d'élan contre le sol et continue de rouler en direction de l'inconnu qui semble bien plus sûr que ce qu'il y a dans son dos. Et ses yeux se ferment un instant, le menton se relève, il expire sa fumée avec un soulagement certain. Il en a marre de tout à ce moment là, il en a marre de lui. Seulement ce moment de répit ne tarde pas car il tombe Connor, non pas de sa propre maladresse mais bien d'inattention. C'est en rouvrant ses paupières au dernier moment qu'il s'aperçoit être sur le point de foncer sur quelqu'un et pour s'en éviter la rencontre brutale, le voici se fracassant au sol. Le poufsouffle roule sur l'herbe et s’égratigne les coudes et le genou, râle encore et toujours d'un ton emprunt d'injustice. « Fuck me ! » Pourquoi donc fallait-il que ça tombe sur lui et qu'un idiot se trouve sur son chemin quand il prenait enfin deux secondes pour souffler ? Absolument de mauvaise foi, il ne regarde même pas ses blessures - trop habitué, qui s'en inquiète de toute façon ? - mais se précipite vers son skate afin de vérifier s'il n'est pas cassé et une fois soulagé, ramasse sa clope encore allumée pour la fourrer entre ses lèvres. Quand il reporte enfin son regard sur la personne qu'il a failli bousculer, ses yeux roulent jusqu'au ciel et un soupir loin d'être réprimé s'extirpe de ses lèvres. « Are you fucking kidding me.. » qu'il déclare, passablement agacé. Elle était là Ash et se tenait fière devant lui, peut-être même se pensait-elle supérieure à lui d'ailleurs et il était là, l'enfant en colère et abandonné, la défiant du regard de lui dire quoi que ce soit lui donnant une raison d'enfin exploser.

Elle est agacée, Rachael. Elle s’est déjà levée du mauvais pied ce matin mais son irritation n’a de cesse de croître depuis qu’elle a posé le pied dans sa salle de classe pour donner son cours en fin de matinée. Des mèches de cheveux grises se baladent dans le blond impeccable qu’elle a emprunté pour donner son cours, signe d’une contrariété qu’elle a du mal à contrôler depuis que sa classe est terminée. Elle s’est retenue pendant les deux heures qu’a duré son cours mais maintenant qu’elle est à l’abri du regard de ses élèves, elle laisse éclater sa frustration qui n’a pour seul témoin que Kaki, son chat. En arrivant à Poudlard, elle n’était pas sûre d’être un bon professeur pour ces élèves. Son manque d’expérience dans l’enseignement aurait pu lui faire défaut mais elle s’avérait finalement bien meilleure qu’elle ne l’aurait pensé. En revanche, s’il y a bien une chose à laquelle elle ne s’attendait pas, c’était bien la rancœur de son cousin à son égard. Egoïstement, elle n’avait pas pensé à combien son retour impacterait Connor et naïvement, elle n’imaginait pas qu’elle aurait à le côtoyer dans son cours. Ça aurait sûrement été plus facile s’il avait choisi un autre cursus, elle n’aurait eu qu’à le croiser dans les couloirs de temps en temps. Ça lui aurait peut-être donné le temps de trouver comme l’aborder et lui aurait permis de véritablement renouer. Après tout ce temps passé, toute tentative de se faire pardonner son absence semble compromise, et Connor le lui fait bien sentir. Il ne lui laisse aucun répit, que ce soit lorsqu’elle donne cours ou lorsqu’ils se croisent dans les couloirs. Insolent et provocateur, les rares mots qu’ils partagent se limitent à de la froideur quand l’indifférence ne prend pas le dessus et si Ash ne peut pas lui en vouloir de l’ignorer ainsi après ce qu’elle lui a fait subir, cette situation l’agace de plus en plus. Elle n’a jamais été d’une nature patiente et après une énième provocation a peine masquée aujourd’hui, elle cède finalement à la colère.

« Fais chier » d’agacement, elle échappe son verre d’eau par terre qu’elle nettoie immédiatement d’un sort informulé et se détourne vers la fenêtre de son appartement derrière laquelle le parc de l’école s’étend. Dans le reflet de la vitre, elle y voit son visage et ses cheveux qui n’ont plus rien de blond et qui s’amusent à changer de couleur au gré de sa mauvaise humeur. Paupières closes, elle prend plusieurs respirations à la suite pour se détendre et ne plus penser à Connor mais ça ne suffit pas, et là voici finalement qui enfile une tenue plus confortable et emprunte des raccourcis et des passages secrets dans le château pour retrouver le plus vite possible la tranquillité du parc. Sitôt que ses poumons s’emplissent d’air frais, elle commence sa course sans suivre un chemin précis mais en se laissant plutôt guider par ses pas. Tellement concentrée à oublier ses pensées, elle ne remarque même pas qu’on s’apprête à foncer sur elle et qu’elle ne doit sa sécurité qu’à un mouvement brutal de dernière minute de l’autre personne qui s’étale à ses côtés. Ramenée à la réalité, Rachael s’arrête brusquement pour entendre une grossièreté dans la bouche d’un étudiant qu’elle ne connaît que trop bien. Elle retient un soupir et se tourne lentement vers l’étudiant – par quel foutu hasard Merlin a-t-il décidé de les réunir alors qu’ils s’évertuent à s’éviter ? Si la métamorphomage a la décence de ne pas montrer son désappointement, Connor ne se cache pas lui et c’est sa réaction qui la pousse à son tour à lever les yeux vers le ciel. « Langage, Grimshaw. » lâche-t-elle machinalement de son ton froid. Et en utilisant le nom plutôt que le prénom, elle sait qu’elle vient de commettre une première erreur qui ne fait que creuser un peu plus le fossé entre eux en plus de lui rappeler une sombre époque qui rouvre des blessures fermées. Ses yeux verts aux reflets gris sont la seule chose de sa métamorphomagie qu’elle ne contrôle pas là maintenant et qui laissent entendre son agacement quand ses cheveux ne le font pas et seul quelqu’un qui la connaît bien est capable de le deviner. Elle s’apprête à rajouter une phrase piquante et moralisatrice quand ses billes d’émeraude glissent vers le genou écorché. Là, elle soupire et se rapproche de lui. « Fais-moi voir ça. » autoritaire, elle n’imagine pas qu’il puisse la repousser, même si c’est l’hypothèse la plus probable. « Est-ce que tu as mal ? » elle attrape son bras sans lui demander et le soulève pour observer une seconde égratignure sur le coude. Poussée par un je-ne-sais-quoi inexplicable, elle attrape sa baguette et se prépare à lancer un sortilège pour le soigner mais pointe finalement son skate du menton avant d’avoir commencé. « Tu devrais faire attention avec ça. Tes profs vont t’enlever des points s’ils te voient avec. Et tu pourrais finir par blesser quelqu’un ou te blesser toi. » le visage dur, elle lui lance un regard sévère, de ceux un peu trop maternels et ce bien malgré elle. Son regard glisse sur la cigarette et elle retient un nouveau commentaire avec peine, jugeant que là n’est pas sa place, et c’est le cas depuis déjà très longtemps.

Il n'arrivait pas à croire qu'il lui faisait finalement face de cette façon. Pourquoi maintenant, ou encore aujourd'hui, ou même dans cette vie alors qu'elle semblait elle, avoir oublié le lien qui existait entre eux deux. Passablement agacé par les événements s'enchaînant, d'abord la mauvaise journée puis désormais cette chute l'ayant écorché, il reste un temps à terre avec le regard presque furibond. Dans ses cheveux ondule la teneur de ses émotions sans qu'il ne cherche à le dissimuler. Il était frustré et indigné, et agacé et il n'avait aucune envie de le cacher. Tout était de sa faute après tout. Lorsque Rachael le reprend alors soudainement sur son langage et l'injure ayant dépassé ses lèvres, il croit rêver. Ses sourcils se froncent et son regard se relève à son visage alors qu'il réfléchit à toute vitesse à ce qu'il peut bien répondre à ça. Évidemment, il choisit l'option de la provocation. « F u c k. J'ai quand même le droit de dire fuck si j'en ai envie bordel. » râle t'il, notant le ton froid avec lequel elle s'était adressée à lui qui n'en finissait pas de le blesser un peu plus par l'indifférence dans laquelle il se sentait considéré au sein de leur relation. Est-ce que tout ce qu'ils avaient partagé ne comptait plus à présent ? Est-ce que c'était ça, d'être adulte ? Se foutre du passé et passer à autre chose par facilité, se débarrasser des poids lourds et considérés morts à la première occasion dans de fausses promesses et aucune excuses. Rachael avait utilisé son nom de famille et ç'en était trop pour le garçon à jamais déçu. La seule étincelle différente qu'il put décerner  chez cette autre Rach, c'était ses yeux verts dont un gris particulier crépitait comme avant, comme lorsqu'à l'époque où ils se connaissaient par cœur – du moins c'est ce qu'il pensait – cela voulait dire quelque chose. Aveuglé par sa frustration, Connor ne s'y attarde pas pourtant. Il a l'impression que face à lui, une personne entièrement différente se dresse. Tandis qu'elle s'approche de lui en remarquant sa blessure, Connor abaisse automatiquement son regard à son genou écorché en le remarquant enfin mais grimace au ton autoritaire dont elle fait preuve. A sa question, ses yeux se plissent en la regardant à nouveau. Comme si il allait répondre à ça. Est-ce que ça fait mal Connor ? Depuis le jour où elle t'a abandonné ? Ash attrape son bras et discerne une nouvelle entaille mais son premier réflexe et de se dégager de sa poigne. Plus encore, la voici qui critique son skate. « T'es là pour me pourrir la vie en fait, avoue. » attaque t'il en guise de réponse en ancrant son regard dans le sien, fulminant mais se contenant encore. « T'approche pas de moi en faisant comme si t'en avais quelque chose à foutre, on sait très bien tous les deux que c'est pas l'cas. Ça l'a peut-être même jamais été. » là, il était allé assez loin, même peut-être trop pour lui que ça heurta également. Mais il redressa l'échine et l'avisa encore d'un regard. Peut-être avait-il raison finalement. Attrapant son skate pour le garder avec protection contre son torse, Connor tente d'ignorer ses deux nouvelles blessures qui picotent déjà son épiderme écorché. « Et y a que toi, Ash, qui m'emmerde avec mon skate. » le surnom avait été annoncé, comme avant mais avec une large pointe d'amertume et de rancœur entendue tandis qu'il refusait de jouer au jeu de celui qui ne connaissait pas l'autre. Car si effectivement il n'avait plus l'impression de la reconnaître, Connor gardait de précieux souvenirs qui expliquaient pourquoi il se sentait si écorché intérieurement d'être en sa présence alors qu'elle l'ignorait à ce point. Et il sait que son langage ne lui plaît pas, son comportement, qui il est devenu doit très certainement la décevoir. Mais peut-être aurait-il été moins con si elle avait eu la décence de lui envoyer ne serait-ce qu'une lettre en plusieurs années. Peut-être était-ce aussi qu'une façon à lui de la retenir en l'énervant, car il avait désespérément besoin de son attention.

Les bras croisés sur sa poitrine, Ash retient un soupir. Elle n’est pas de ceux qui savent rester de marbre ou se contenir et la patience n’ayant jamais été son fort, il lui est difficile de se tenir face à Connor. Elle ne sait pas comment l’appréhender ni comment lui parler. Il est loin du petit garçon sur lequel elle veillait quand elle était encore ado et aujourd’hui, elle ne le connaît plus assez pour savoir comment se comporter face à lui. La casquette de prof encore enfilée, elle joue la carte de la froideur et de la distance et face aux regards que lui lance son cousin, elle comprend que ce n’était pas la meilleure façon de l’aborder. Elle ne cherche toutefois pas à s’excuser, fierté oblige, et se contente de rouler des yeux quand Connor répond par la provocation, peu surprise par sa puérilité. « Je te conseille de t’abstenir si tu tiens à éviter une retenue et voir le sablier de ta maison diminuer. » rétorque-t-elle d’un ton sévère, peu friande de sa façon de la provoquer encore et encore. Elle se sait injuste et abuse de son pouvoir, n’a pas vraiment l’intention de le sanctionner mais ne trouve pas meilleure répartie pour désapprouver son langage, sa façon de s’adresser à elle. Elle profite qu’il se soit détourné pour l’observer un peu plus longuement, de ses cheveux qui ondulent au reflet de ses émotions en passant par ses traits marqués par la maturité et la colère. Si elle ne le montre pas, Ash est touchée par cette vision en un sens. Tout se mélange en elle, à commencer par son agacement en réponse au comportement de Connor auquel s’ajoutent toutes les contrariétés s’accumulant depuis qu’elle s’est levée, sans oublier un je-ne-sais-quoi qu’elle n’arrive pas à nommer et qui la frappe de plein fouet quand elle pose les yeux sur ce cousin jamais vraiment oublié et avec qui elle a tant foiré au point qu’ils ne soient même plus une famille aujourd’hui. Connor n’a plus rien de l’enfant doux qu’elle a connu et qu’elle a abandonné et elle, n’est plus l’adolescente incertaine qui ne savait pas comment gérer. Elle a aujourd’hui pleine maîtrise d’elle-même, de son don et de ses émotions, et si elle doit vivre jour après jour avec la culpabilité et qu’elle l’a peut-être rendue plus faible ou plus dure, elle est clairement loin de la dernière figure familiale qu’elle a pu être un jour pour Connor. Elle n'a pas été là pour l’accompagner à sa première rentrée à Poudlard, ni pour l’aider à maîtriser sa métamorphomagie – y arrive-t-il, d’ailleurs ? – ni pour l’aider à gérer la colère d’un deuil qu’il n’aurait jamais dû affronter si jeune. Elle n’a pas été là, Rachael, et elle n’a pas le pouvoir de changer le passé mais peut au moins tenter de bousculer le présent et quelque part, c’est peut-être inconsciemment ce qu’elle cherche à faire en attrapant son bras dans un pas vers lui pour le soigner. Comme elle s’y attendait, il se dégage pourtant de sa poigne et alors, elle lève les yeux au ciel, à nouveau agacée par son impertinence. « Bien sûr, c’est la seule raison pour laquelle j’ai accepté ce poste. » ironise-t-elle, moqueuse, dans une réflexion qui ne lui ressemble pas. « Cesse de faire l’enfant. » sa langue claque contre son palais et l’autorité lisible dans ses prunelles orageuses, elle le transperce du regard et il surenchérit, touchant cette fois un point sensible. Les émotions se mélangent en elle et pendant un court instant, elle perd le contrôle. Elle n’a pas besoin de le voir pour savoir que ses cheveux roux se teintent de mèches grisâtres exprimant une tempête de colère et de tristesse. Même si elle aimerait que ce ne soit pas le cas, il l’a blessée par cette réflexion. Elle le mérite pour ne pas avoir été présente quand il en avait besoin, mais l’entendre l’accuser ainsi n’est pas agréable pour autant. « Tu ne sais pas de quoi tu parles. Tu laisses tes émotions te contrôler et parler à ta place, c'est ridicule. » se contente-t-elle de rétorquer d’un ton toujours aussi sec en tentant de reprendre le contrôle sur ses émotions – elle ne veut pas lui donner la satisfaction de voir qu'il l'a blessée. Mais la vérité, c’est qu’elle ne sait pas quoi dire pour se défendre. Quoi qu’il en dise ou pense, il n’est jamais complètement sorti de ses pensées, Connor. Elle n'avait pas les épaules pour s’occuper de lui et après sa fuite, était trop prise, trop coupable et trop tout pour revenir vers lui, mais elle n’a jamais cessé de penser à lui. « Tu veux bien te calmer ? Tu deviens puéril Connor. » enchaîne-t-elle aussitôt. Oubliées les bonnes manières, les Grimshaw et les formalités dans sa voix. La casquette de professeur tombe pour qu’elle ne soit plus que Ash sous l’appellation qu’il lui donne avec tant d’amertume et là, elle retient un nouveau soupir. Elle a envie de le secouer, de punir son insolence et à la fois de lui dire ce qu’il  veut entendre, mais elle sait ce dernier point est utopique et que ça n’arrangerait rien, en plus d’être délicat. Même si elle lui disait qu’elle veillait sur lui de loin, il ne la croirait pas et continuerait de l’accuser de tous ses maux. « Tu es si… » têtu ? impudent ? agaçant ? Peut-être un peu de tout ça à la fois. « Arrête de me résister et laisse-moi te soigner. » elle attrape à nouveau son bras, puis sa baguette. « C’est mon rôle. » dit-elle cette fois d’un ton plus doux, laissant à Connor le choix d’interpréter sa phrase comme il l’entend. Le bout de sa baguette pointé sur son coude, elle referme cette première plaie superficielle en prenant soin de la désinfecter avant et alors qu’elle pointe ensuite son genou sans lui laisser le choix, un bruit sourd derrière eux, à l’orée de la forêt interdite attire son attention. « Tu as entendu ? » dans le souvenir qu’elle a de Poudlard, la forêt abritait nombre créatures – et bien souvent celles d’Hagrid qui s’échappaient de sa surveillance. Par ce changement de sujet, elle espère s'assurer que de nouvelles accusations ne seront pas proférées, parce qu'elle n'est pas sûre de pouvoir garder son calme si cela devait se réitérer.

Il en a rien à faire du sablier de sa maison, de faire perdre des points aux poufsouffles, de se prendre mille retenues possibles quand face à lui se tient Rachael, celle qu'il a si longtemps considéré comme bien plus que sa cousine, sa sœur, la personne sur qui lui enfant, comptait s'appuyer en tant que pilier. Et si Connor était habitué au manque de modèles forts, parentaux ou familiaux dans sa vie, Rachael avait été celle qui de tous, avait fait le choix de partir sans se retourner. Contrairement à ses parents qui n'avaient pas eu le choix, elle avait fait le choix de l'abandonner à son sort. Non pas seul mais bien dans une famille – qui n'était en rien ce qu'il lui fallait, préférant mettre derrière lui tous les souvenirs la plupart désagréables qu'il en retenait – alors que c'était elle, sa famille. A ses yeux du moins, ceux de l'enfant qu'il avait été, de l'adolescent qu'il finissait d'être, du jeune adulte qui n'avait toujours pas avalé la pilule mais qui faisait avec. Un peu trop violemment pour son être qui se retrouvait confronté à la réalité que lui-même avait fini par fuir afin d'arrêter de se marteler de questions sur la raison pour laquelle elle avait préféré ne pas le choisir. Se dégageant de sa poigne et refrénant comme il le pouvait sa colère sans réussir à entièrement le faire, l'ironie qu'elle emploie ne peut que l'agacer d'avantage, plus encore lorsqu'elle l'image à un enfant. « j'en suis plus un, au cas où tu l'aurais pas remarqué, ça fait tellement longtemps qu'on s'est pas vu en même temps.. » rétorque t'il avec sarcasme tout en soutenant son regard avant de le dévier. Il sait que sa métamorphomagie fait des siennes, ressent même quelques picotements autour de son nez qui pourtant ne se transforme pas encore, ses émotions s'imagent surtout dans l'ondulation de ses cheveux pour le moment, dans un rouge profond de colère se confondant parfois avec un bleu-gris de tristesse. Seulement il n'est pas le seul à perdre pied et malgré l'apparence indifférente que Rach s'efforce à s'imposer, un seul regard en direction de ses cheveux suffit à Connor pour remarquer quelques mèches grisâtres. Et il frémit une nouvelle fois à ses remontrances, se détourne presque dans un mouvement agacé en s'efforçant de regarder ailleurs, respirer pour mieux calmer son rythme cardiaque et le flot de ses émotions qui avaient bien trop vite bouillonné à son goût. S'il se savait être capable de perdre son sang froid assez rapidement, jamais ça ne l'avait été aussi vite. « arrête de me prendre pour un gosse Ash » lâche t'il d'un ton plus las en se retournant à nouveau vers elle, l'écoutant continuer sans qu'elle ne le fasse réellement. Il secoue alors la tête, finalement peu surpris qu'elle n'ait rien à dire. Elle ne connaissait plus rien de lui, seulement cette façade de colère et d'instabilité qu'il refusait d'être entièrement. Si elle était restée, alors peut-être serait-elle devenue fière de lui pour d'autres raisons que jamais il ne lui offrirait de connaître aujourd'hui. Lorsque sa main attrape à nouveau son bras pourtant, une barrière en lui s'effondre, ses cheveux virent au bleu pâle sans qu'il ne puisse y faire quoi que ce soit. Ce n'est plus la colère qu'il ressent mais bien le chagrin de toutes ces années qui se réveille, qui a besoin qu'elle s'occupe de lui et Connor ne réalise pas de suite qu'il se laisse faire et que sa plaie se fait soigner, il ne répond même plus, regarde seulement ailleurs avec une boule dans la gorge. « c'est juste ton rôle parce que t'es prof et que tu te donnes bonne conscience. » il avait la voix enrouée cette fois, il ne parlait plus autant fort, sa peine se ressentait et bien vite, Connor dégagea à nouveau son bras de son attention. « t'es contente ? t'as fait ta bonne action du jour ? j'peux m'casser maintenant et on en reprend où on en était, donc à rien du tout ? » il ne la regarde plus Connor, il a juste envie d'aller exploser ailleurs sa colère, son injustice, sa peine, sa honte. Qu'est-ce qui pouvait bien clocher autant chez lui pour qu'elle ne l'aime plus mais que lui l'aime tant encore ? Il détestait cet attachement auquel il se raccrochait avec tant de force, il se détestait lui de ne pas réussir à s'en détacher et ne pas savoir faire comme elle, passer à autre chose.

La frustration dansant dans ses yeux jusqu’à les colorer d’un marron-gris électrique, Rachael ne sait plus sur quel pied danser avec Connor. Lasse de ses provocations et de ses piques, elle sent sa patience s’effriter, sa colère se décupler et sa peine s’intensifier. Trop d’années ont passées, elle ne sait plus comment s’adresser à lui pour lui faire entendre raison et est bien trop fière, entêtée et perturbée pour lui avouer combien les regrets ont pu venir l’attaquer et la ronger une fois la nuit tombée. Si elle ne répond pas à son sarcasme, consciente qu’il ne cherche que ça et que ça ne ferait qu’envenimer encore plus la situation, Rachael se contente de lever les yeux au ciel. Elle ne sait pas exactement ce qu’il aimerait qu’elle dise, ce qu’il attend d’elle et de son retour mais quoi qu’elle puisse dire ou faire, elle n’est pas sûre que ça suffise un jour à apaiser Connor. Elle pourrait lui dire ce qu’il veut entendre et formuler des regrets, lui dire qu’elle aurait aimé pouvoir l’élever et l’aimer, être là à chacune des étapes de sa vie et quelque part, ce ne serait pas complètement faux mais dans le chaos de leurs émotions qui s’entrechoquent encore et encore, elle n’est pas sûre de pouvoir elle-même discerner le vrai du faux et le soulager par ses mots. Cette idée se renforce quand elle le voit perdre de plus en plus le contrôle de sa métamorphomagie, par le rouge et le gris qui se succèdent à toute allure dans ses cheveux et pendant une brève seconde, ses cheveux prennent la teinte de la culpabilité avant de retrouver leur couleur d’origine. « Je continuerais à te prendre pour un gosse tant que tu continueras à te comporter comme tel » rétorque-t-elle sèchement en roulant des yeux, agacée qu’il ait une telle emprise sur elle. Sa lassitude continue de s’agrandir, désespérée que son premier vrai contact avec Connor depuis son retour prenne cette ampleur dramatique sans qu’elle ne puisse rien y changer malgré ses efforts invisibles. Elle finit par prendre son bras pour le guérir et soudain, les barrières de ce cousin qu’elle a pourtant toujours considéré comme un frère s’affaissent et laissent apparaître une lourde cascade de chagrin. Pas besoin d’être empathe pour le comprendre ou le sentir, ses cheveux, son regard et la tension dans son corps le trahissent et laissent comprendre combien son cœur est serré. Si elle garde le silence en le soignant, Rachael ne peut pas s’empêcher d’étudier son visage, les quelques cicatrices plus ou moins vieilles ci-et-là, la forme de ses yeux et de sa mâchoire qu’elle reconnaît pour les voir elle aussi en elle – bien que moins prononcée – et parce qu’elle se souvient avec précision que le père du garçon avait lui aussi ces mêmes traits partagés. Elle est surprise de découvrir le visage d’un adolescent mature mais qui n’arrive pas à se défaire d’un lourd passé qui continue de le blesser. Le soin terminé, elle ne le lâche pas immédiatement et garde son attention focalisée sur lui jusqu’à sentir ses regrets la ronger de l’intérieur et l’émotion la secouer. Alors quand Connor élève à nouveau la voix, elle se racle la gorge, s’assure que ses cheveux ne font pas de folies et lui répond d’une voix plus douce qu’elle ne l’aurait souhaité « Je ne l’ai pas fait pour me donner bonne conscience, Connor. Ni parce que je suis ton professeur. » lui laissant l'opportunité de comprendre de lui-même où elle voulait en venir, c'est à regret qu'elle le laisse dégager son bras et retient avec peine un nouveau soupir, soupir qu’elle ne retient pas plus longtemps lorsqu’il s’énerve à nouveau contre elle. Il ne lui en faut pas plus pour perdre brièvement le contrôle de ses émotions et de sa métamorphomagie, alors que ses cheveux prennent à nouveau une teinte entre le marron et le gris – un bien étrange mélange illustrant aussi bien sa colère que son chagrin d’être ainsi attaquée encore et encore. « Par Merlin, est-ce que tu veux bien arrêter une minute ? » elle avance vers lui et l’attrape par le bras, suffisamment fort pour éviter qu’il ne se défasse de son emprise et s’éloigne, mais pas assez pour lui faire mal. « Tu ne cesse de répéter que tu n'es pas un enfant mais tu persistes à te conduire comme tel. » plus que frustrant, ça en devient exaspérant. « What do you want from me? You want me to say I’m sorry? Fine! I’m sorry ok ? » elle le force à le regarder dans les yeux, consciente que ça ne suffira et que son ton aurait pu être plus convaincant mais espérant quelque part que ça ouvrirait une brèche pour qu’il lui dise ce qu’il attendait d’elle. Alors qu’elle se retient depuis des semaines – pour ne pas dire moi – elle craque enfin et laisse exploser sa frustration en se retournant pour ne pas qu’il voit les couleurs défiler dans ses yeux « Tu m’exaspères, j’essaie de faire des efforts mais tu me repousses continuellement, qu’est-ce que je suis censée faire à la fin ? » elle se retourne pour faire face à Connor et fronce les sourcils devant son silence. « Qu’est-ce que tu attends de moi ? » et alors qu’elle s’apprête à ouvrir à nouveau la bouche pour une nouvelle réflexion piquante, le bruit qu’elle avait entendu plus tôt se manifeste à nouveau avec l’impression qu’il s’est rapproché depuis la dernière fois. Sourcils froncés, Rachael tend l’oreille et entend plus qu’elle ne voit arriver un scroutt à pétard « Hagrid. » marmonne-t-elle entre ses dents histoire de rejeter la faute sur quelqu’un – le garde-chasse en l’occurrence qui avait probablement laissé s’échapper une de ses créatures. « Ne fait rien d’imprudent s’il te plaît. » précise-t-elle à Connor en attrapant sa baguette et en faisant un pas en avant, prête à neutraliser la bête. Mais un autre bruit à sa droite lui fait tourner la tête et énerve la créature qui charge alors sur eux – ou plutôt sur Connor. A quelques mètres seulement de lui, Rachael fait alors une chose terriblement stupide et, au lieu d’utiliser sa baguette, pousse Connor sur le côté pour prendre sa place et ainsi devenir la cible de la créature et de son dard étincelant d’une flamme brûlante qui se rapproche dangereusement d’eux, avant de tenter de rouler sur le côté pour ne pas se faire embrocher par celle-ci. « Ça va, tu n’as rien ? » essoufflée, elle sent la douleur dans sa jambe se réveiller mais l'ignore et cette fois, elle empoigne sa baguette pour faire face à la créature. « Evitons de le faire exploser mh ? » et il y a un bref sourire pour Connor, si bref qu’il aurait presque pu ne pas exister avant qu’elle ne lance un premier sort pour neutraliser la bête et la renvoyer dans les enclos sécurisés de Hagrid.

petit dé a écrit:

pair : rachael est légèrement brûlée par le scroutt
impair : malgré son effort, c'est connor qui est blessé.

Nombre aléatoire (1,10) :

8

Il ne sait pas quoi penser Connor lorsque son bras est à nouveau attrapé par sa main et qu'il remarque alors la nuance nouvelle dans les cheveux de Rachael. Il ne sait pas quoi penser de ses gestes, de sa présence ici au château ou même encore auprès de lui en cet instant mais surtout au sujet de ses mots. Ceux qui le heurtent tout d'abord lorsqu'elle lui intime d'arrêter de se conduire comme un enfant, l'égo touché, lui qui s'était efforcé de grandir plus vite sans même se rendre compte de son comportement finalement puéril envers elle. Il souffrait Connor, de manque et d'abandon, mais surtout de manque et il le réalisait douloureusement alors qu'elle était si près de lui. La suite pris alors une tournure à laquelle il ne s'était pas attendu, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas songé à cette éventualité là. Des excuses. Lâchées de façon exaspérée et par sa faute, il se demandait alors si elle les pensait et si une part de lui hurlait qu'elle ne le lui avait dit de cette manière que pour qu'il la lâche enfin, une autre voulait y croire, bien trop férocement pour que son cœur ne s'emballe pas douloureusement. Il a la gorge nouée Connor et ravale difficilement ses mots tandis que son regard est capturé par le sien et qu'il ne peut détourner les yeux, première fois qu'il semble alors se connecter réellement à elle depuis des années. Il y recherche des réponses, il l'y recherche elle, surtout. Rachael qui lui manque tant, celle qu'il connaissait, celle qu'il espérait encore au fond encore connaître malgré ce qu'il en dise. Mais elle détourne vite son regard et il sait pourquoi Connor alors qu'il avait commencé à voir des nuances différentes au sein de ses yeux marrons. Elle se cachait de lui. Questions légitimes, exaspération nommée, il n'est qu'une boule d'émotion actuellement Connor et si il en perd la voix quelques instants, il parvient tout de même finalement à formuler quelques mots. « J'voulais seulement que tu sois là. Même juste un peu. » il a l'impression de ressentir une vieille blessure jamais soignée se rouvrir et d'appuyer dessus, se faire du mal en l'évoquant, en étant aussi vulnérable et sa souffrance se ressent jusqu'à son ventre qui se tord, cette émotion qui emplit son thorax. Il n'avait jamais demandé la lune Connor.
Seulement un scroutt à pétard apparaît de nulle part et le poufsouffle bien trop déconcentré pour s'en rendre compte, ne doit la connaissance de sa venue qu'à l'attention de Rachael dont il regarde le profil bien plus que la créature. Comme si quelque chose lui disait qu'il était en sécurité quoi qu'il se passe parce qu'elle était là, comme si à tout moment elle pouvait s'envoler à nouveau et qu'il avait besoin de se faire cette image mentale d'elle pour tout le reste du temps où elle lui manquerait à nouveau. Une profonde inspiration lui permet pourtant de remettre pied à la réalité tandis qu'un nouveau commandement lui est offert et qu'il n'hausse qu'une épaule. Il n'a pas conscience du danger Connor – n'en a même que très peu conscience au quotidien de toute façon – et ne voit pas qu'à tout moment, la situation peut déraper. C'est d'ailleurs ce qu'il se passe lorsque soudain le scroutt à pétard furieux lui fonce dessus et il n'a guère le temps de faire d'autre geste qu'il est poussé sur le côté en même temps que quelques flammes s'élèvent. Un grognement douloureux s'élève de ses lèvres en atterrissant au sol avant qu'il ne se relève d'une main et ne remarque, dans l'urgence, que le feu avait léché le bras d'Ash. « Ton bras ! » s'exclame t'il alors, tirant enfin sa baguette à son tour, le cœur battant sans vraiment trop savoir que penser de son geste de protection envers lui alors qu'il n'avait qu'en tête les conséquences. Sa respiration était plus rapide, son regard allait de la blessure de sa cousine à son visage pour s'assurer qu'elle aille bien, puis à la créature toujours en face d'eux. Il le vit alors, son sourire, si bref qu'il aurait pu ne pas exister et pourtant, c'est tout ce qui fallut à Connor pour lui inspirer une dose de courage et de bonne volonté. « ils n'aiment pas voir les baguettes et il faut faire attention à leur dard. » c'était ce qu'il y avait de plus dangereux et les informations pratiques dont il se souvenait le mieux, cachant sa baguette dans son dos et l'invitant à en faire de même pour ne pas plus provoquer la créature. « les enfermer dans une boîte ne sert à rien, user de sortilège de pétrifiction aussi car il rebondit une fois sur deux grâce à leur carapace.. par contre, on peut les attacher à l'aide de cordes mais il faut qu'elles soient bien solides. » autrement dit, ils allaient devoir s'y mettre à deux. Et son regard glissa à nouveau sur le bras de Rachael avec inquiétude. Il avait envie de lui demander pourquoi elle avait fait ça, pourquoi aussi l'avait-elle fait sans magie. Une part de lui avait la réponse mais ne réussissait pas à l'admettre. « Ok, prête ? » il sentit une tension parcourir ses bras, celui recourbé derrière son dos tandis que le scroutt raclait le sol, prêt à charger en leur montrant son dard. Connor était bien content d'avoir pris Zoologie sans rater le cours à leur propos, empoignant un peu mieux sa baguette avant de s'écrier « Maintenant ! » alors son bras se déplia en même temps que celui de Rachael et des cordes sortirent du bout de leurs baguettes grâce à un « Incarcerem ! » appris lui, en cours de défense contre les forces du mal avec Mr Lupin. La créature fut ainsi ligotée jusqu'à son dard et roula sur le côté, incapable de se relever. Un soupir de soulagement dévala alors ses lèvres, il se retourna vers Ash avec un air fier dans le regard, sourire équivoque qui pourtant s'effaça, par pudeur. « tu dois aller à l'infirmerie, il faut traiter les blessures rapidement, je.. je vais le ramener à Hagrid. » il sentait son cœur s'emballer à nouveau mais pour une autre raison. Une question au fond de lui se demandant si c'était tout, si ça avait été sa seule chance de lui parler à Poudlard. Craintif que ça ne soit le cas, son regard qui vrilla tout de même vers sa brûlure lui fit plus froncer les sourcils, elle avait besoin de soins. Et s'il était incapable de la remercier à voix haute, son regard, peut-être, l'exprimait à sa manière.. l'envoyer à l'infirmerie et sacrifier un peu de leur moment était aussi sa façon à lui de la soulager de lui et de son caractère. Peut-être alors, comprendra t'elle qu'il n'était pas qu'un enfant.

Là, debout devant Connor, Rachael se laisse doucement consumer par la frustration. Elle fulmine de l’intérieur de ne pas arriver à garder le contrôle sur ses émotions alors que c’est ce qu’elle fait constamment depuis déjà si longtemps. Pendant des mois voire des années, elle s’est entraînée à ne laisser passer aucune émotion, à garder son cœur froid et fermé, à maintenir un masque de froideur et jusqu’à aujourd’hui, personne n’a pu briser sa carapace sans qu’elle ne le décide. Jusqu’à ce que Connor arrive et bouscule toutes ses certitudes, fissure son masque et la touche en plein cœur. Elle a beau tenter d’agir comme si rien ne l’atteint, elle en est incapable – et le dernier aveu de son cousin achève de la transformer. Cette fois, elle n’empêche plus la tempête et la laisse la gagner, elle ne contrôle plus et laisse un tourbillon de gris tournoyer dans ses yeux tandis qu’un bleu pâle, un orange et un gris terne défilent dans ses yeux en un arc-en-ciel d’émotions. Elle n’a pas le temps de réagir qu’une créature surgit de nulle part et qu’elle est obligée de prendre les devants. Son stupide cœur d’ex-Gryffondor l’emporte sur sa formation de tireuse d’élite un bref instant et la voilà qui encaisse un premier coup pour éviter à Connor de se blesser, geste stupide et inconscient d’une professeur aguerrie qui aurait pu faire usage de magie. Elle maudit sa stupidité, n’ayant rien à prouver à personne mais soupire en voyant le Poufsouffle sain et sauf, loin de la bête. Elle grimace à la vision de la brûlure, mais efface d’un geste de la main la remarque de Connor pour mieux se concentrer sur le Scroutt qui menaçait de charger à chaque instant. Elle n’a pas oublié ses cours de soins aux créatures magiques, Ash, elle pourrait régler ça en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « scrout à pétard » mais pourtant, elle laisse Connor établir sa stratégie, retenant tant bien que mal un nouveau sourire. Au lieu de ça, elle se concentre, et il ne leur faut que quelques minutes pour maîtriser la créature et sans même s’en rendre compte, c’est dans le feu de l’action que Rachael offre un regard fier à son cousin, allant même jusqu’à lâcher un « Well done » devant la précision et la force de son sortilège se mêlant au sien. Après un court effort, c’est avec un soupir de soulagement qu’ils retrouvent un environnement calme et sécurisant, loin du déchaînement de la créature. « Tu crois que je ne peux pas soigner cette blessure toute seule ? » essaie-t-elle de plaisanter maladroitement alors que, d’un coup de baguette, elle protège sa blessure d’un tissu le temps de rejoindre l’infirmerie, plus par précaution et pour rassurer Connor que par réel besoin de se faire soigner. « Je t’accompagne avant » lâche-t-elle en montrant la créature du menton, juste au cas où. L’aller, puis le retour, se fait dans un silence plus ou moins gêné, Rachael ne sachant pas comment le briser sans que ça ait l’air de ne pas être naturel. C’est finalement aux portes de l’école qu’elle s’arrête, pour partir dans la direction opposée de Connor « Tu t’es bien débrouillé là-bas, tu peux être fier » elle ancre longuement son regard au sien, encore incapable de prononcer tous les mots qu’il voudrait entendre et espérant que ses yeux parlent pour elle et qu'il y trouve le réconfort nécessaire mais alors qu’il commence à s’éloigner, elle le retient une dernière fois « Connor ? » son cœur s’affole soudain et une de ses mèches vient se colorer d’un rose qu’elle efface presque aussitôt. Ses oreilles bourdonnent malgré elle et elle se maudit une fois de plus pour sa maladresse, son incapacité à dire les choses et ses réactions démesurées mais elle parvient tout de même à lui offrir une dernière consolation avant que leur chemin ne se séparent, mais certainement pas pour la dernière fois « Je suis là, maintenant » et si c’est tout ce qu’elle peut lui offrir maintenant, c’est la plus sincère effort promesse qu'elle pouvait lui faire à cet instant précis.