« Je serais revenu pour le dîner de ce soir. » sa voix raisonne dans le lobby de la maison anglaise dans laquelle vit sa mère, elle se répercute contre la froideur du marbre figé dans le temps, jusqu'à atteindre celle pour qui ces mots étaient énoncés et qui ne daigne pourtant pas lui répondre. Un vieux tourne-disque passe en continue un titre de Celestina Moldubec que Michael a fini par abhorrer – principalement parce qu'elle l'aime tant – et un soupir dépasse ses lèvres tandis que le silence de sa mère se confronte à lui encore une fois. Peu ravie qu'il ne lui ait pas envoyé de lettres depuis le début du semestre pour lui parler de ses résultats, qu'il ne reste pas en ce jour du vingt-cinq décembre afin de s'occuper du repas mais également qu'il ait choisi de passer ses vacances auprès d'elle sans la prévenir, il n'avait guère cherché à comprendre ce qui l'ennuyait le plus alors que sa génitrice semblait tout simplement être agacée de voir ses plans changer par la présence de son fils chez elle. Qu'importait ce qu'elle en pensait, Michael finissait par être habitué de ce mélange d'indifférence et d'indignation à son encontre et profita seulement qu'elle n'était pas encore assez alcoolisée pour lui passer un savon faussement moralisateur pour s'éclipser d'ici. S'engouffrer dans les rues de Londres était ce qu'il préférait de sa journée jusqu'ici, appréciant tout particulièrement l'ambiance de la ville couverte d'un manteau blanc laissé grisâtre au bord des trottoirs, il inspire profondément l'air frais, revêt ses gants et profite de l'effusion de Londres en ce matin de Noël. Il était relativement heureux en ce jour Michael, bien plus apaisé d'une certaine façon en étant loin du château. Ici, tant d'opportunités lui étaient offertes qu'il en venait à espérer secrètement pouvoir y rester et échapper à la rentrée.

Derrière le comptoir de la cuisine des Boot, Michael est dans son élément. Il n'avait pas mis longtemps avant de transplanner juste devant le perron de la maison de son meilleur ami, toquant volontiers chez cette famille qu'un temps il avait jalousé pour l'amour véritable qui unissait chacun des membres de foyer. Quelques mots échangés avec le père de Terry et ce dernier et Michael s'était alors dirigé en direction des fourneaux afin de se mettre au travail. L'absence de la mère de son meilleur ami se ressentait cruellement, il gardait alors le souvenir de la chaleur de ses bras l'enlaçant les dernières fois qu'il avait pu la voir, retrouvait son tablier toujours accroché près de la grande fenêtre de la cuisine. Sa présence persistait en ce lieu comme un doux souvenir dont le chagrin n'était jamais loin et il l'avait compris en voyant le regard du père et du fils s'attarder sur lui à la place où celle tant aimée devait se tenir chaque noël afin de leur faire à manger. Seulement il ne dit rien Michael, tente de leur faire penser à autre chose tandis que Terry reste à ses côtés pour la préparation du repas de ce midi. Les manches retroussées, Michael prend part de cette cuisine et des recettes qu'il avait devant lui et discute volontiers avec son meilleur ami pendant ce temps. « tu peux me couper ces champignons si tu veux.. » le canaliser dans une activité éviterait peut-être qu'il ne s'éparpille trop autour de lui comme le papillon énergique qu'il était et un fin sourire étira ses lèvres. « tu sais à quelle heure ils arrivent ? » cette année, il s'agissait d'un noël un peu particulier qui réunissait les trois familles. Terry et son père, Anthony, Eris et leurs parents puis pour lui, Hermione. Un sourire orna ses lèvres à cette pensée, il avait hâte de revoir sa petite-amie, lui montrer qui il était en dehors du château. « tu as hâte de voir Eris ? » son regard ne s'était pas relevé de ce qu'il faisait pour se planter sur le bouclé mais Michael savait parfaitement qu'il faisait mouche avec sa question, sujet délicat dans le trio qu'ils formaient mais qui n'en était pas moins un, l'aiglon était bien plus curieux et attentif à leur sujet que le troisième membre de leur trio tentait de ne pas l'être. Seulement il préféra y aller doucement à ce sujet pour le moment, ne sachant finalement pas grand chose sur ce qui pourtant semblait promettre pas mal d'étincelles, bien meilleures que l'humeur et le sujet qui les avait bousculés l'an passé. Et puis on parlait d'Eris, la fantastique mini Goldstein que Michael estimait parfois comme une petite-sœur sans les inconvénients, sans doute la plus intéressante des poufsouffles et selon Michael, ce n'était vraiment pas rien.

« Papa ? Tu sais où sont les chandeliers ? » « Je crois que ta mère les avait rangé dans son atelier. » Il se fige, Terry, alors qu’il sent déjà le regard de son père se poser sur lui. « Je peux y aller si tu veux. » L’aiglon déglutit et relève la tête en offrant un large sourire à son père, secouant la tête. « Non ça ira, j’reviens ! » D’un coup de baguette, il finit d’apposer les dernières guirlandes décorant le meuble de la salle à manger et laisse son père continuer seul. La boule au ventre, il monte les marches en traînant volontairement, s’arrêtant face à la porte de l’atelier. Ce n’était pas véritablement un atelier, mais plutôt l’endroit fourre-tout de sa mère, celui dans lequel elle se lançait dans une nouvelle passion qui ne durait jamais mais qui amusait toujours le Boot. Il avait passé des heures dans cette pièce avec elle, à dessiner, à l’assister même quand elle n’en avait pas besoin, à chercher du réconfort près d’elle quand son père et lui venaient d’essuyer une énième dispute. Il n’avait pas remis les pieds dans cette pièce depuis le décès de sa mère, moment qu’il avait repoussé de crainte de s’effondrer. Il tend la main vers la poignée et y entoure ses doigts sans être capable d’exercer cette pression qui lui permettra d’ouvrir la porte. Terry hésite, figé ainsi pendant quelques instants. Il ne fait que repenser à elle, à son rire, à sa douceur quand il se blessait, à la compréhension dont elle faisait preuve dès lors qu’il sortait du cadre, à ses encouragements inconditionnels. Sa gorge se serre alors que Terry prend une profonde inspiration pour trouver le courage dont il avait besoin pour franchir cette énième étape dans son deuil. Seulement, une main se pose sur la sienne et quand il se tourne, le bouclé croise le regard de son père. « Je.. J'voulais mais.. » « Je sais. Et si tu allais plutôt installer les couverts ? » Évidemment, il sait bien que le sorcier cherche à le préserver et il n’a pas l’énergie, ni l’envie, de résister. Il ne veut pas gâcher ce repas qui les attendait par cette tristesse qui était déjà bien présente et qui risquait de s’amplifier s’il venait à pénétrer dans ce lieu si particulier. Devoir fêter Noël sans sa mère pour la première fois est déjà assez difficile. « Merci. » murmure-t-il avant d’étreindre son père contre lui, fermant les yeux quelques secondes pour profiter de cet instant.

Quand quelques heures plus tard, Terry se retrouve dans la cuisine près de Michael, un doux sourire orne ses lippes. Si son cœur souffre encore de vivre ces moments sans sa mère, la présence de son meilleur ami réussit à lui apporter un peu de réconfort. Il ne pouvait pas imaginer mieux qu’avoir ses meilleurs amis, reconnaissant de voir qu’ils étaient prêts à passer une partie des fêtes avec les Boot pour les aider à traverser cette période douloureuse. Il s’empare des champignons tendus par son meilleur ami, les installe sur la planche à découper devant lui. « J’sais pas trop.. J’crois qu’ils devraient être là d’ici deux heures environ ? » L’artiste pouvait avouer sans mal qu’il avait laissé son père gérer les détails du repas, quand lui avait été trop partagé entre l’excitation d’avoir ses plus proches amis près de lui et, également, la douleur de savoir que jamais plus la place réservée à sa mère ne sera occupée par celle-ci lors de toutes les fêtes à venir. Couteau en main, l’aiglon se concentre sur la tâche donnée et commence à couper les champignon confiés par Michael. « Trop hâte même ! » Il se fige alors en réalisant l’enthousiasme dont il a fait preuve, conscient qu’il n’était peut-être pas supposé s’emballer autant à l’idée de voir la sœur de son meilleur ami passer noël avec eux. Mais c’était Eris, Eris qu’il avait embrassé, baisers qu’il rêvait de recommencer encore et encore. Il pouvait jurer n’avoir jamais éprouvé une telle tendresse et même s’il n’était pas supposé éprouver de tels sentiments envers la blairelle, il ne peut s’en empêcher. « Enfin.. J’veux dire que j’ai très très hâte de voir tout le monde, Eris mais aussi Hermione et Antho, enfin tout le monde tu vois.. » Au fil des mots s’enchaînant un peu trop vite, il agite son couteau dans tous les sens, trahissant la nervosité qui était sienne. Il se stoppe quand il réalise qu’il pourrait être dangereux de gesticuler comme il le faisait, offrant un regard désolé à Michael alors qu’il tente de se canaliser sur sa tâche. Le silence qu’il ne supporte pas et, au bout de quelques secondes, Terry regarde autour de lui pour vérifier qu’ils sont bien seuls. « J’ai embrassé Eris. » dit-il un peu trop vite, comme un pansement qu’on arrache pour éviter la douleur. « Enfin je l’ai embrassé d’abord et après elle elle m’a embrassé et.. » Il n’avait sans doute pas besoin d’entrer dans les détails, évidemment, mais comme souvent quand il était nerveux, il ne contrôlait pas vraiment les mots quittant ses lippes ou le débit de ses paroles. « C’était vraiment parfait.. » Son regard se pose enfin sur son meilleur ami avec un sourire béat sur les lèvres alors qu’il avait l’impression de sentir encore la chaleur de ses lèvres sur les siennes, la tendresse de ses doigts sur sa joue. Son sourire se fane en même temps qu’il cesse de couper les légumes face à lui alors qu’il pense aux conséquences qui finiront par toucher leur trio. « J’ai encore fait n’importe quoi et Antho va vraiment m’en vouloir, hein ? » Il s’était juré, Terry, de ne plus jamais mettre son amitié avec Anthony en danger pour une histoire avec une sorcière sauf que c’était Eris, qu’elle était exceptionnelle et que rien ne pouvait lui donner envie de se séparer d’elle. La vérité était que ses sentiments étaient différents, plus forts sans doute, et qu’il était prêt à essuyer toutes les tempêtes du monde pour la chance d’être avec elle.

Seulement quelques heures les séparait entre ce moment partagé à deux dans la cuisine familiale de son meilleur ami et l'arrivée des autres convives, la combinaison de tous ceux à qui ils tenaient le plus en ce monde et rien que l'idée faisait sourire Michael d'avance. Quitter sa mère en ce jour de fête ne lui faisait plus rien depuis des années maintenant, garçon qui avait fait le deuil de l'affection de celle qui aurait dû lui donner plus et qui laissera à jamais un manque à combler en lui quoi qu'il en dise. Seulement ici, avec la confiance que tous ceux qui seront autour de la table de noël l'affectionnent réellement, Michael a cette impression de mieux, d'être enfin à sa juste place parmi ceux qu'il aime et c'est pour cela qu'il ne peut être que de bonne humeur aujourd'hui, pour cela qu'il se démène à leur faire un repas grandiose. A ses côtés, le meilleur commis qu'il puisse avoir – malgré son agitation, enthousiasme qui savait à la fois faire rire l'aiglon mais aussi lui faire peur lorsqu'il avait un couteau dans les mains. Et la conversation est facile avec Terry, ça l'avait toujours été, comme avec Anthony. Trois meilleurs amis comme frères, qui surpassaient tout ensemble et parfois, Michael ne sait même pas comment il a pu avoir autant de chance en les rencontrant lors de sa première année. L'engouement du bouclé suite au prénom d'Eris prononcé ne fut pas sans créer un sourire sur son visage alors qu'il savait qu'il visait juste, laissant Terry revenir sur son excitation tout en tentant de se justifier. « Mh mh.. » laissa t'il seulement entendre tout en finissant de découper le légume qu'il avait entre les mains. Michael n'avait même pas besoin de relever son regard vairon en direction de son meilleur ami pour connaître la nature de son sourire, il l'avait mainte fois aperçu sa nuance depuis ces dernières semaines et il savait parfaitement ce que cela voulait dire chez l'aiglon. Couteau agité puis attitude figée au moment où les signaux lui firent relever la tête vers Terry de crainte qu'il ne se blesse, il hausse une épaule en souriant Michael, se retournant afin de glisser sa planche à découper sous l'eau. Il s'immobilise pourtant au moment de l'aveu de son meilleur ami et ses yeux s'agrandissant un instant, coupant l'eau du robinet. En se retournant, il l'écoute attentivement et n'arrive pas à dissimuler à la fois sa moue amusée et ravie. Si l'aiglon savait que quelque chose se tramait, il ne pensait pas que c'était déjà à ce point. « Vous vous êtes embrassés... » répète t'il de façon à conclure et établir la vérité qu'il venait d'apprendre, afin de le réaliser aussi. Il reste un peu estomaqué quand même. « J'étais sûr qu'il se passait un truc entre vous. » et il était plutôt fier de l'avoir deviné par ses simples observations avant même que quoique ce soit puisse être officiel. D'ailleurs, le sujet le plus délicat fut nommé en la personne du troisième maillon de leur trio. Légère grimace au bas de son visage, Michael se retourne une nouvelle fois afin de récupérer sa planche et la poser à nouveau sur le plan de travail face à Terry. Il attrape des crevettes, commence à les décortiquer avec soin. « Sujet délicat les sœurs quand même.. » il ne comptait pas lui mentir après tout, mais il restait confiant. « En vrai, je pense pas qu'il préfère qu'un Goyle ou un vulgaire poufsouffle occupe ta place tu vois.. Une fois la pillule passée, je pense que ça ira.. » mais il n'en savait rien en réalité, ce n'était que des hypothèses et la vérité appartenait à Anthony et Anthony seul. « Mais vaut mieux pas qu'il l'apprenne par hasard je pense, déjà qu'au bal Leo a pu faire diversion pour vous sauver. Il doit s'en douter de toute façon, non ? » et il relevait son regard vers lui en souriant d'une moue embêtée, Michael n'était pas encore tout à fait aveugle et savait voir les signes, pourquoi Anthony ne les verrait pas non plus alors qu'il était le plus observateur des trois ? « Alors, tu comptes recommencer aujourd'hui ? » le sourcil se soulève d'un mouvement taquin, il tente de dédramatiser tout cela Michael car il a ce pressentiment que c'est quelque chose de foncièrement bon cette alliance des deux, la meilleure composition possible pour chacun. Et puis il y a cette étincelle qui fait briller le regard de son meilleur ami qu'il refuse de voir s'éteindre à nouveau, prêt à tout pour la voir perdurer, il le fallait, alors silencieusement il remerciait Eris pour cela.

Il aurait pu mentir, Terry, ou du moins ne rien dire à Michael pour ne pas le mettre dans une position délicate vis-à-vis d’Anthony mais il n’en était pas capable. Il n’avait jamais vraiment su mentir et, de toute façon, il n’en avait pas envie. L’aiglon faisait partie des personnes les plus importantes de sa vie, devenu frère aux yeux du Boot qui avait eu toutes les peines du monde à tenter de garder secret ce qui germait petit à petit en lui pour Eris. Il aurait aimé le partager avec ses meilleurs amis mais il avait préféré ne rien dire, notamment à Anthony. La crainte qu’il ne réagisse mal était toujours là mais en dépit des efforts qu’il avait tenté de faire, rien n’avait réussi à repousser ce qu’il ressentait pour la blairelle. C’était là, constamment, pensées qui revenaient vers elle à la moindre occasion, vers ses sourires et rires qui illuminaient chacune de ses journées. Comment pourrait-il se passer d’elle, quand elle était ce qui lui permettait de retrouver un minimum d’apaisement après la perte de sa mère ? Pensées chassées en ce jour qu’il voulait festif, Terry grimace un peu aux paroles de Michael, bien que peu étonné de voir que celui-ci se doutait des sentiments qu’il pouvait avoir à son sujet. « J’suppose que j’suis pas vraiment discret... » Il ne l’avait jamais été, sorcier qui avait toujours peiné à masquer ses émotions, notamment les plus positives. Ses éclats de joie étaient spontanées, incontrôlables, et il ne doutait pas que le sourire qui ornait ses lippes en la présence d’Eris était révélateur des émotions qui secouaient son cœur. Anthony qui est forcément évoqué alors que le bouclé craignait que le tournant que prenait sa relation avec la sœur de son dernier ne vienne à nouveau perturber ses relations avec son meilleur ami. Haussement d’épaules, il n’était pas tout à fait sûr ce que Michael avançait au sujet des préférences du Goldstein. « J’suis pas sûr pour les poufsouffles, il préférerait sûrement que ce soit l’un d’entre eux que son meilleur ami. » C’est qu’Anthony n’éprouvait pas le même agacement vis-à-vis de blaireaux que Michael, qui n’était alors pas vraiment objectif. Soupirant, il reporte son attention sur les légumes pour terminer de les couper. « J’imagine qu’il se doute oui… On en a pas vraiment parlé. » Anthony avait été assez stressé comme ça avec sa venue au bal avec Leo et Terry n’avait pas voulu en ajouter. Seulement il savait qu’il faudra qu’ils en parlent, un jour ou l’autre, pour mettre les choses à plat. « J’ai juste pas envie de reproduire les mêmes erreurs que l’année dernière avec Ginny. » Michael avait été là, aux premières loges, pour assister aux tensions qui avaient régné entre Anthony et lui suite à l’aveu qui avait secoué leur trio. Si Terry avait choisi de mettre fin à sa relation avec la rouquine à peine deux semaines plus tard, il se savait incapable de s’éloigner d’Eris. Ce qu’il y avait entre eux était différent, et s’ils n’avaient pas posé de mots officiellement sur leur relation, il savait qu’il n’avait jamais rien éprouvé d’aussi fort qu’en l’embrassant. Relevant brusquement la tête vers son meilleur ami, l’anglais écarquille les yeux et sent ses joues s’empourprer face à ce qu’il suggérait. « Oui, bien sûr, en fait ça fait partie de mon plan pour l’annoncer à Antho. J’vais aller le voir, lui dire, ‘d’ailleurs Antho, j’aime beaucoup ta sœur, j’peux te montrer de quelle façon d’ailleurs’ et là, je l’embrasse. » Il finit par secouer la tête et rire, poussant de l’épaule Michael. Terry dépose les légumes découpés dans un saladier avant de laisser la magie attirer la vaisselle sale vers l’évier où elle est nettoyée. « J'vais pas faire ça ici puis...  Puis ça s’est pas vraiment bien passé après… enfin j’avais oublié que c’était l’anniversaire de ma mère alors j’me sentais pas très bien. » Il baisse les yeux alors que l’aveu quitte ses lippes, minimisant ce qu’il avait éprouvé alors que l’angoisse avait étreint son palpitant. Pour se détourner de Michael, il récupère un plateau, des toasts et quelques tartinades. Couteau en main, il s’applique et hausse les épaules. « Mais ça va maintenant. » Besoin viscéral de rassurer son frère afin qu’il ne s’inquiète pas. Il gérait, Terry, du moins il tentait de s’en convaincre et il estimait que l’aiglon n’avait pas besoin de se faire du soucis à son sujet. « Et toi alors ? T’as hâte de voir Hermione ? » Ce qui était un fait bien moins secret que sa relation avec Eris mais il avait envie de changer de sujet – et surtout, il s’intéressait réellement à sa réponse, à lui. « J’suis sûr qu’elle te manque trooooop, j’peux mettre du gui partout pour que tu puisses l’embrasser tout le temps ! » dit-elle en haussant les sourcils et en riant. Évidemment qu’il n’avait pas besoin de ça pour embrasser sa petite-amie, mais chaque opportunité était bonne à prendre, pas vrai ?

L'affect et l'amour étaient des sujets compliqués pour la plupart des adolescents et même les jeunes adultes qu'ils étaient et si le trio d'amis se savaient plus forts que tout grâce à leur amitié, ce domaine là de leur vie ne les avait pourtant pas épargné au fil des années. Surtout la dernière en date à dire vrai, alors qu'une rousse voleuse de cœurs et briseuse d'ambiance et d'amitié s'était mise entre ses deux meilleurs amis, il avait véritablement craint que ça n'entache leur dynamique Michael, l'avait détesté et continuait toujours de le faire. Fort heureusement, il s'agissait d'histoire ancienne mais semblerait-il qu'un nouveau dilemme s'impose à eux désormais et celui-ci prenait l'apparence d'une jolie brune intelligente et maline à l'écharpe jaune et noire, petite-soeur de l'un, crush véritable de l'autre. Seulement cette fois, Michael y croyait. Rien qu'en ayant vu les étincelles particulières habillant chacun des regards des deux lovebirds, il savait que c'était vrai, que c'était beau et destiné à exister. Il espérait surtout que Anthony réussisse à voir la même chose malgré ses lunettes de grand-frère. « c'est pas possible, c'est pas les mêmes conditions.. elle n'est pas elle. » et il se retenait de dire ce qu'il pensait de la rouquine vraiment peu appréciée par respect envers lui, mais il s'agissait de la vérité qu'il voyait. Eris n'était en rien Ginny et la façon dont tous les deux se rendaient déjà heureux semblait plus puissant encore que ce qu'il avait pu voir avant. Alors il rit doucement à la probabilité que Terry lui avance, relevant son index dans un mouvement de revolver. « hey c'est pas une mauvaise idée ça ! » l'amusement qui s'éveille entre eux deux, Michael continue à préparer le plat qu'il a entre ses mains avec application. Seulement l'aveu de Terry lui fait relever son regard à son adresse avec inquiétude, culpabilité d'avoir loupé ce moment pour l'aider comme il aurait pu. Il sait bien que ces derniers temps ont été rudes pour lui, aimerait tant le soulager d'au moins une partie du poids du deuil s'il le pouvait. S'il le rassure en de nouveaux mots, Michael tente à sa manière de le faire aussi. « et je suis sûr qu'elle a pu comprendre. » car Eris n'était pas idiote, son don qui plus est, la mettait à la meilleure place pour savoir tout cela et il était soulagé de se dire qu'à ce moment où Terry ne s'était pas senti bien, elle avait pu être là. Une lourde inspiration lui soulève le torse, le champ des émotions lors de ce deuil est sans doute l'un des plus compliqués mais cela ne voulait-il pas dire que ça avait compté, qu'il l'avait aimé, que ça avait été beau et vrai ? Michael secoue légèrement sa tête pour se sortir de ses pensées et l'émotion qui pouvait étonnement l'emplir lorsqu'il pensait à l'amour de cette mère disparue que son meilleur ami ne reverra plus, il n'avait jamais senti cela lui mais il était heureux que ça ait été le cas pour Terry. « tu sais que ça compte pas si il y en a partout au plafond ? » il se met à sourire un peu à nouveau, versant le fond de son saladier dans un plat. « sinon ouais j'ai hâte, j'ai l'impression que j'suis bien mieux en dehors du château, un peu ma meilleure version pour elle. » et elle le méritait, tout comme ses meilleurs amis méritaient qu'il le soit aussi auprès d'eux. Il n'avait jamais parlé ainsi avant avec n'importe quelle autre fille, Hermione était la première qu'il faisait passer avant lui. « depuis l'islande et notre départ du château, t'imagines pas combien je respire mieux à nouveau. » et une petite idée commençait à s'installer en lui sans qu'il puisse y faire quoi que ce soit, idée qui restait tout de même secrète encore à ce jour, même pour lui. « j'ai juste l'impression de pouvoir agir et servir à quelque chose à nouveau, être libre aussi. » l'aiglon se racle la gorge et part se laver les mains avant sa prochaine préparation, sortant du frigo une préparation en plus à étaler sur les toasts pour Terry. « m'enfin je sais que c'est bête de penser comme ça. » il esquisse un sourire de convenance avant de s'attaquer à la décortication des crevettes, glissant l'une d'elles à l'adresse de son meilleur ami pour qu'il grignote un peu au passage comme lui. « en fait le gui ça va te piéger toi-même, tu seras obligé de l'embrasser tout le temps Eris.. évite juste de croiser sa mère par contre.. » et il rit à nouveau en imaginant la tête de leur troisième ami si jamais ça devait arriver, à coup sûr de la véritable fumée sortirait de ses oreilles.

« J’suis pas sûr de ton objectivité quand tu dis ça... » avance Terry, non sans esquisser un sourire. L’animosité de Michael envers Ginny n’était pas nouvelle et il pouvait parier qu’il préférerait que l’artiste ne sorte avec n’importe qui d’autre. Cependant, il osait espérer que tout ne soit différent comme son meilleur ami l’avançait, qu’Anthony parviendrait à mettre de côté ses craintes de grand-frère pour voir, plutôt, à quel point cette relation était bénéfique pour les deux sorciers. Il le fallait, forcément, car il ne voulait pas revivre le même désastre que l’année précédente, quand les tensions avaient été si fortes que le trio s’en était retrouvé éclaté quelques temps. Sourire étirant ses lippes alors qu’il s’amuse de la réaction de l’aiglon, Terry finit toutefois par avoué ce qui était arrivé en Islande et qu’Eris avait réussi à calmer. Il ne sait pas comment il aurait pu gérer une telle angoisse sans elle, sans ses mains sur ses joues, sans son étreinte et ses mots rassurants. Il aurait réussi, forcément, mais bien plus difficilement. Même s’il s’en voulait encore en estimant avoir gâché leur moment, une part de lui avait été soulagée de compter la présence de la blairelle auprès de lui. « C’est ce qu’elle m’a dit oui. » affirme-t-il, à la fois pour rassurer son meilleur ami mais également pour se rassurer lui-même. La brune avait fait de son mieux pour lui assurer qu’elle comprenait mais une part de lui s’acharnait à se sentir coupable et à vouloir se rattraper encore et encore. Alors qu’il s’occupait désormais de tartiner les toasts, le bouclé dévie l’attention vers Michael et Hermione, curiosité véritable et envie de s’assurer aussi que tout allait bien pour son meilleur ami de ce côté-là. Il secoue la main, d’un air désinvolte, refusant l’idée qu’il venait d’émettre. « J’vois pas pourquoi ça compte pas.. C’est du gui et c’est en l’air, même s’il y en a partout ça compte ! » dit-il en haussant les épaules, prêt à tricher pour son frère même si celui-ci n’avait probablement pas besoin d’user d’un tel subterfuge pour embrasser sa petite-amie. Les mots de l’aiglon ne peuvent que faire sourire Terry alors que lui même se sentait heureux de le voir aussi épanoui, de faire preuve d’autant d’affection envers Hermione aussi, au point de vouloir s’améliorer pour elle. Pour une fois, il arrive à rester silencieux tandis qu’il laisse Michael expliquer ce qu’il ressentait alors, remarquant sans difficulté la gêne qui était sienne alors que des trois, il était sans doute celui le plus réservé dès lors qu’il s’agissait des sentiments. « Tu sers pas à rien Mika.. » commence-t-il avant qu’il ne se détourne de lui. Crevette qu’il attrape et avale avec gourmandise avant de terminer un premier plateau de toast qu’il va ranger dans le frigo, avant de rire et de sentir ses joues s’échauffer à l’idée qui quitte les lippes de son meilleur ami. « T’imagines ? J’sais pas qui me tuerait en premier.. Sa mère ou Antho ? Peut-être les deux, ils s’allieraient dans un véritable travail d’équipe pour réaliser le meurtre parfait ! » Évidemment qu’il exagérait dans une volonté de plaisanter, alors qu’il lave son couteau avant de s’attaquer à une autre préparation. Un nouveau plateau déposé grâce à la magie devant lui, il ne peut que repenser aux mots de Michael encore et encore. « Tu sais j’étais sérieux.. Tu sers pas à rien. Sans toi j’serais probablement mort une vingtaine de fois depuis le début de Poudlard, noyé dans ma peinture par exemple.. » Même s’il se doutait qu’il évoquait plutôt sa cécité récente et à quel point celle-ci pouvait le limiter dans certaines activités pour sa propre sécurité, il n’a pourtant que l’envie de le faire rire pour détendre l’atmosphère. « Il reste plus longtemps à tenir. » dit-il pour le rassurer, conscient que cette dernière année était sans doute plus compliqué que prévu pour lui. Et quand bien même il essayait, Terry ne pouvait pas se mettre à sa place, pas véritablement. « T’as commencé à chercher pour ton stage ? » Lui-même avait prévu de se rendre dès la rentrée à Ste Mangouste pour se renseigner, ne voulant pas se faire prendre de court car de nombreux autres sorciers seront forcément intéressés. « Tu réalises que bientôt, tout sera fini ? Dans quelques mois à peine, on sera dans notre appartement, prêts à aller travailler.. » Vision de l’avenir dont il ne doutait pas – ça avait toujours été ainsi pour lui, bouclé qui s’imaginait vivre avec ses deux meilleurs amis une fois l’école quittée, continuité logique à laquelle il s’attendait sans s’imaginer que tout pouvait basculer à chaque instant. Alors qu’il tartine un autre toast, celui-ci s’émiette alors Terry en profite pour le déguster. « Oh non il s’est cassé je dois le manger.. Oh non celui-ci aussi ! » dit-il en riant avant d’en tendre un à Michael, un air faussement innocent au visage.

« Mmh » répond l'aiglon à son meilleur ami. Car ses mots l'atteignent malgré tout, malgré ces barrières qui sont dressées tout autour de lui et qui le font s'isoler dans une pensée négative à son propos. Il ne servait pas à rien, mais la plupart du temps ce dernier semestre, il n'avait fait que ressentir cela. C'était pas assez pour lui de faire juste figure au château, il avait besoin de vivre, de plus, ambition mise à mal quand on lui coupait les ailes qui étaient aujourd'hui comme complètement arrachées lorsqu'il était à Poudlard. Mais de cette impression plus précise, il ne préfère pas en parler car c'est noël, car ce n'est pas le moment non plus et puis il espère que ça lui passera surtout. Alors il blague sur une affaire de gui et de baiser et la réaction de Terry le fait rire. « Non mais clairement. » ajoute seulement Michael d'un air amusé à imaginer leur troisième compère s'allier à sa mère pour se venger auprès du bouclé. Un coup d’œil vers l'horloge de la cuisine pour vérifier l'heure de leur arrivée qui ne tarderait pas, il est bien content d'être de dos à Terry lorsque ce dernier reprend ses propos à son sujet, car son sourire le quitte ou du moins, devient plus maigre. Il acquiesce même si le bouclé ne doit pas vraiment le voir, se retourne ensuite pour s'occuper de la pâte feuilletée à étaler sur un plan de travail tout en haussant une épaule à sa conclusion. « Ouais, on verra. » son instinct lui criait qu'il ne serait plus là avant la fin du semestre mais son besoin de ne pas alerter son meilleur ami ni de lui faire de la peine était plus fort encore, alors il inspirait profondément et continuait comme si de rien était. Il savait Michael, qu'il n'était pas inutile au château car il était présent auprès de ses meilleurs amis et d'Hermione, mais son ambition était plus forte encore et il savait qu'il aurait dû pouvoir concilier les deux si seulement sa santé ne s'était pas jouée de lui. « Non pas encore, mais je sais que ma mère me trouvera quelque chose qui l'arrangera. » l'étrange relation qu'elle possédait avec lui assurait au moins cela, à défaut d'un minimum de réel amour pour son fils. « et toi ? » et là il était véritablement curieux, il avait toujours vu Terry beaucoup plus libre que lui, de faire ce qu'il voulait, d'être qui il voulait.. Et jamais il n'en avait été jaloux, seulement fier et heureux pour lui. « franchement non et à la fois ouais, ça va faire vraiment bizarre.. mais au moins on verra plus certaines têtes. » ne peut-il s'empêcher d'ajouter dans une remarque presque soulagée, presque moqueuse. « c'est sûr que tu vas nous repeindre les murs tous les quatre matins toi.. » et se projeter dans un futur avec Terry et Anthony était rassurant, principale raison de sa hâte d'ailleurs, seule source qui ne lui était pas inconnue. Quand Terry mange un toast cassé, Michael rit avant d'en attraper un lui aussi pour le fourrer tout rond dans sa bouche. « j'connais pas les chefs cuistots mais c'est ch-uper bon. » du bruit se fait entendre au niveau de la porte d'entrée et les garçons se regardent avec un air de surprise. Les premiers invités arrivaient en avance et ils se dépêchèrent d'avaler leurs toasts plus vite, Michael tendant un verre d'eau à Terry avant de lui désigner du bout du doigt sur le coin de sa propre bouche la trace qui lui restait. Il en rit Michael, dans la précipitation tandis qu'il décide d'user de magie pour terminer sa tourte qui s'envole et s'en va dorer dans le four. Une main relevée en l'air, il la lui propose pour un highfive. « j'ai eu le meilleur commis. » lui confia t'il. « bon il a mangé la moitié des crevettes mais ça va. » sourire en coin tandis que Terry touchait à son tablier, Michael l'arrête avant qu'il ne l'enlève. « non, non garde le, les filles aiment bien les gars qui cuisinent. » et il a un air aussi entendu que complice en lui disant cela pour son bien vis à vis de lui et Eris, revenant vers le plan de travail pour glisser deux marques de farine sur le visage du bouclé afin de parfaire le tout et l'illusion.

Une drôle de sensation le parcoure quand il croise le regard de Michael, l’impression qu’il ne croyait pas vraiment en ce on verra qu’il avançait mais il se contente de chasser le ressenti – que pouvait-il bien se passer de si terrible, de toute façon ? Il préfère se concentrer sur les plats face à eux, sur les toasts qui défilent, sur cet avenir qui se dessine devant eux jour après jour. Terry avait presque l’impression de pouvoir sentir ce futur hors Poudlard du bout des doigts, peur qui est étouffée par l’excitation avant toute chose, celle de jours qui s’annoncent peuplés de challenge qu’il avait déjà hâte de relever. « Hm et tu veux pas quelque chose qui t’arrange toi, plutôt ? » C’était bien là le plus important, ce qu’il devait prioriser et non pas se contenter de saisir les opportunités offertes par une matriarche qui ne pensait qu’à elle. A la question, un sourire plus détendu étire ses lèvres. « J’ai un entretien en janvier à Ste Mangouste ! J’sais pas ce que ça va donner mais on verra. » A priori, il n’y avait aucune raison pour qu’il n’y soit pas accepté en stage. Ses résultats avaient toujours été très bons, son dossier scolaire ne mentionnait aucun problème de comportement. La seule crainte qu’il pouvait nourrir était celle de sa personnalité, peu convaincu que certaines médicomages supporteraient d’avoir un élément frôlant l’hyperactivité dans leurs rangs. Peut-être se trompaient-ils mais il avait plutôt l’impression que les spécialistes étaient tous relativement sérieux. Pour autant, il ne comptait pas édulcorer qui il était, loin de là. « Certaines têtes… Qui portent du jaune, à tout hasard ? » demande-t-il, amusé, alors qu’il termine un dernier plat de toasts. Le mépris éprouvé par son meilleur ami envers les blaireaux l’a toujours amusé, même s’il ne l’a jamais véritablement compris. « Alors si tu veux tout savoir.. Ben j’ai décidé que j’allais me limiter à une pièce par mois, tu vois. C’est plutôt raisonnable je trouve. » haussement d’épaules désinvolte même s’il sait, Michael, qu’il n’était pas en train de plaisanter. Il avait toujours rêvé de s’occuper des murs de sa maison mais son père n’avait jamais accepté – encore moins maintenant, volonté sans doute de conserver le souvenir de sa mère entre ces murs. Alors, une fois qu’il aurait son propre appartement, plus rien ne l’empêcherait de laisser le champs libre à sa créativité. Quand ils entendent le bruit d’invités vers l’entrée, Terry et Michael échangent un regard entendu, verre d’eau qu’il attrape pour en avaler de grosses gorgées. Il essuie ses mains, frotte sa joue pour effacer toute trace de sa culpabilité en suivant les indications de son frère non sans rire au passage. Main frappée pour un high-five digne de ce nom, il secoue la tête aux mots de son meilleur ami. « Quel honneur de travailler aux côtés d’un chef quinze étoiles... » Sans doute que les termes n’étaient pas les bons mais qu’importe, il se souviendra longtemps de ce moment, le bouclé, des rires partagées, des confessions échangées. Sourcil arqué, il laisse pourtant Michael faire. « Ha ouais ? J’devrais p’tête l’emmener cuisiner... » se fait-il la réflexion à voix haute. Le serdaigle en joue, recouvrant ses joues de farine. « Nan mais il y a pas de raison ! » dit-il avant de saisir de la farine à son tour pour s’amuser à en mettre sur les vêtements de son meilleur ami, riant jusqu’à entendre les pas des invités dans le hall. Il les accueille en souriant, Terry, capable de supporter ces fêtes uniquement grâce à la présence de Michael et de ses proches.