Il n'avait pris le temps que d'engloutir un sandwich confectionné à la va-vite et, alors que tout Poudlard émergeait finalement de ce samedi matin de repos mérité, il était parti en contresens, délaissant derrière lui la file d'étudiants encore endormis qui pénétraient dans la grande salle pour un petit déjeuner tardif. Descendant l'allée menant aux grilles du portail qu'il avait remonté quelques minutes auparavant pour rejoindre le bureau de Minerva, il pressa le pas et dépassa les enchantements protecteurs. Enfouissant le haut de son crâne dans un béret à carreaux qui lui tiendrait chaud quand il serait à Londres, il transplana dans une rue attenante à l'hôpital. Il savait qu'elles étaient peu, ces rues-là, mais le gouvernement avait obtenu qu'à proximité des établissements sorciers, quels qu'ils soient, une rue impossible d'accès aux moldus permettant aux sorciers de transplaner soit présente. Il réajusta sa cape et, luttant brièvement contre le vertige qui avait suivi sa réapparition pas assez concentrée, il s'élança dans l'allée menant à l'entrée de l'hôpital sorcier et son service d'accueil et d'admission. Il patienta derrière deux sorcières devisant à trop haute voix du dernier album des bizzar sisters et lorsque son tour vint, il demanda dans un sourire . « Je viens voir Alec Spinnet... Je suis envoyé par.. » Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que la dame lui répondit d'un trait, sans même lever les yeux vers lui. « Service des blessures par créatures vivantes, premier étage, chambre 107. » Il enregistra l'information et conscient de la file qui s'étendait derrière lui, s'éloigna rapidement « Merci, et bonne journée à vous. » Il partit à l'assaut des escaliers, laissant passer un groupe de jeunes étudiants en blouses semblant bien trop grandes pour eux et s'échina à trouver la chambre 107. Interrompu dans ses pensées par une soignante lui demandant qui il venait voir, il secoua ses idées avant de répondre. « Alec Spinnet. Chambre 107, semble-t-il. Comment va-t-il ? » Elle consulta en vitesse un carnet sorti de sa poche et lui sourit « Son état est stable. Il semblerait que les premières semaines soient les plus difficiles mais il tient le coup. Le moral est bien bas, cependant, mais, pour qui ne le serait-il pas? » Il la remercia et, après qu'elle lui eut indiquer la bonne direction, remonta le couloir blanc et immaculé de l'hôpital. De grandes fenêtres ensorcelées étaient ouvertes sur un faux extérieur où il faisait beau et chaud et Remus tomba le béret, le cuir chevelu confortablement réchauffé par cette ambiance estivale qui régnait dans les couloirs. Un groupe d'enfants jouait dans une salle remplie de jeux pour eux et deux soignantes discutaient avec des parents qui avaient l'air de manquer s'effondrer à chaque inspiration. Chambre 107. La main posée sur la poignée de la porte, il se stoppa. Qu'allait-il lui dire? Il n'y avait pas même pensé. Il consulta sa montre, conscient que dans quelques dizaines de minutes, Minerva ferait également le déplacement pour venir voir leur étudiant. Soupirant, il toqua avant de pousser la porte et tomba sur une chambre illuminée par le même faux soleil présent dans le couloir, ses rayons flattant doucement la peau d'Alec qui dormait paisiblement dans son lit. Remus resta immobile un instant, hésitant quant à la conduite à tenir; il était important qu'ils aient cette discussion, qu'il sache tout ce qu'il y avait à savoir de sa nouvelle situation, mais le pauvre enfant avait déjà vécu suffisamment de drames pour une vie entière, n'était-il pas possible de le laisser dormir encore un peu ? La mort dans l'âme, Remus se débarrassa de son manteau et, tout de discrétion vêtu, rapprocha une chaise de la fenêtre. S'asseyant en silence, il attendit quelques minutes, laissant le soleil réchauffer son dos, observant avec une détresse infinie les pansements tâchés remontant jusqu'à la nuque du jeune lion, venant enlacer son épaule. Il savait que les blessures étaient facilement résorbables par les médicomages, mais il existait dans les germes transmis par les loups-garous quelque chose qui retardait la cicatrisation des chairs. Il se rappelait la douleur dans les yeux de sa propre mère lorsqu'elle changeait quotidiennement les pansements souillés d'un pus horriblement épais et malodorant, plus encore attristée par l'état de la chair là-dessous, déchirée, en lambeaux, consciente des marques qui se creuseraient irrémédiablement dans la peau de son fils. Comme conscient que quelqu'un l'observait, Alec ouvrit les yeux et Remus lui adressa un sourire timide. « Bonjour, Alec. » Il n'y avait rien de plus à dire pour le moment et l'émotion l'empêchait de toutes façons d'ajouter quoi que cela soit. Alec était au courant de son statut de loup-garou, comme tout l'école avec lui depuis que Rogue l'avait dévoilé et il parviendrait à comprendre aisément pourquoi c'était lui qui avait été envoyé le trouver.

@Alec Spinnet + mention  @Minerva McGonagall

Un lourd silence pèse autour de lui et seul le bruit de sa respiration haletante lui arrive aux oreilles. L’environnement autour de lui est inconnu, il semble être dans une forêt, mais il ne reconnaît pas la forêt interdite qui borde Poudlard, quoi qu’il ne puisse pas l’affirmer avec certitude. Sa vue est trouble, son souffle est chaud et des effluves étranges chatouillent ses narines. Un craquement attire son attention à quelques mètres de là, et il relève subitement le visage pour écouter chaque bruissement de la forêt. Son ouïe, surdéveloppée, lui apprend la présence d’un animal, un chevreuil sans doute, à moins que ce ne soit un enfant perdu. Un instinct en lui s’éveille et il fait soudain quelque pas, d’abord lents, avant de se mettre à courir jusqu’à l’origine du bruit, sans réfléchir à quoi que ce soit d’autre. Après avoir parcouru quelques mètres, il baisse son visage vers ses mains, qui ne sont plus des mains mais des pattes velues. Il se stoppe net, tourne sur lui-même pour se découvrir une queue, quatre pattes, un museau, et des dents acérées et meurtrières. Son souffle s’accélère et cette fois, il comprend que l’odeur qui l’obsède n’est autre que celle d’une proie. Luttant contre ses instincts, il se laisse tomber par terre, découvrant avec horreur des griffes pointues au bout de ses pattes et, pris d’un vertige, il se redresse, prêt à s’enfuir, avant de tomber nez à nez à son reflet dans un miroir. Il ne se reconnaît pas. Cette fourrure marron – grise, ces yeux jaunes et effrayants, ces crocs acérées, et ce sang qui tâche son poil, ce n’est pas lui. Il panique à nouveau et lance un coup de patte dans son reflet, mais le miroir ne se brise pas, et alors que son double semble lui sourire avec cruauté, il saute à travers le miroir, et plante ses crocs dans la naissance de son cou.

Alec papillonne des yeux pour s’extraire de son cauchemar alors qu’une douleur lancinante chauffe son épaule. Cette fois, le rêve a changé. Si d’habitude il revit son attaque, c’est lui-même qu’il a vu dans son rêve, cette nouvelle part de lui l’habitant, devenue monstre. Il grimace et se frotte les yeux, sensibles à la lumière du soleil. Sentant un regard sur lui, le nouveau loup ouvre un peu plus les yeux et plante son regard sur la silhouette de son professeur de défenses contre les forces du mal, aussi connu pour être quelqu’un avec une condition particulière au sein de l’école. Quelqu’un comme moi, remarque-t-il intérieurement avec amertume. Son cœur se serre à la vision du professeur assis dans un fauteuil. Alec n’est pas dupe, il sait que tous ses professeurs sont déjà au courant de son état, ainsi sûrement que le ministère, mais ce n’est pas pour autant que cette idée lui plaît ou qu’il veut récolter la pitié de ses pairs. « Je sais pourquoi vous êtes là, rentrez à Poudlard, je ne veux pas vous voir. » il est injuste et mal avisé de sa part de parler ainsi à l’un de ses professeurs, mais Alec n’est pas prêt pour tout ça. Il a à peine eu le temps d’assimiler ce qu’il est désormais, alors l’accepter ? En parler à voix haute, comme si de rien était ? C’est au-dessus de ses forces. Se repositionnant dans son lit pour tourner le dos à son professeur, l’effort lui arrachant une nouvelle pique de douleur, Alec grimace et ferme les yeux. Il n’a pas envie d’en parler, parce que ça deviendrait encore plus réel s’il se mettait à recevoir les conseils d’un loup expérimenté et il ne peut pas encore le concevoir. Il se fait injuste de traiter ainsi le Professeur Lupin, et il aimerait ouvrir la bouche pour pouvoir s’excuser, mais aucun son n’en sort plus tant l’émotion le gagnait et l’en empêchait. Alors, lentement, il se contente de se retourner à nouveau pour affronter son regard, toutefois incapable d’engager la conversation au risque de craquer et de montrer combien il n’accepte pas cette situation.

Il y avait un océan de souffrance dans les yeux d'Alec, et Remus n'arrivait pas à déterminer si elle était plus physique que mentale; peut-être les deux se faisaient un combat interne, à ne plus savoir qui mieux mieux, mais ce qu'il se déroulait là, sous ses yeux, c'était une tragédie. La douleur le céda rapidement face à la colère, cependant, et il tenta de se dérober au regard de son professeur. Remus ignorait comment il allait pouvoir mener cet entretien à bien, sans s'effondrer totalement; il n'était pas en mesure de faire ça, être un loup-garou ne lui donnait pas les clés pour apaiser cette malédiction, et Minerva avait été idiote de croire qu'il en était capable. Mais non, bien sûr que non. Elle n'était jamais idiote, la directrice adjointe, et il savait qu'elle lui avait demandé cette faveur en connaissance de cause. Il prit une grande inspiration alors que le jeune lion se retournait encore dans ses draps, cessant de le mettre à distance, et il y avait quelque chose dans ses yeux, quelque chose de terrible et de dévastateur; comme une supplique. « Je sais à quel point c'est, dur, vous pouvez me croire. » Il les voyait encore, les premières nuits passées à se transformer, les larmes de ses parents qui avaient tenu à y assister, la peur et la haine. Il voyait tout cela, comme si cela datait d'hier et il inspira à nouveau; la cacophonie de ses idées noires faisait tâche dans l'univers immaculé et tranquille de cette chambre d'hôpital. « Je sais également combien c'est impossible d'affronter cela tout seul et seul, vous ne le serez pas, Alec, pas tant que je serai là. » Ils allaient se jeter tous les deux dans un jeu terrible de chat et de souris, tant Alec aurait peur, et tant il serait en colère contre tout le monde, contre l'univers, contre lui-même, contre Remus. Mais il devait lui faire comprendre qu'à n'importe quelle étape, il serait son allié. « Vous êtes en droit de me poser toutes les questions qui vous viendraient, peu importe quand. Et vous êtes bien le seul élève à avoir ce privilège. » Il lui sourit maladroitement, conscient que parler de privilège dans cette situation était parfaitement inadapté. Mais il n'essayait rien de plus qu'attirer un sourire sur ces lèvres crispées par la peur. « Et soyez sûr que je vous accompagnerai pendant vos premières... expériences. » Il n'avait pas envie de lui offrir moins que ce qu'il aurait aimé entendre, parvenu à l'époque où il pouvait comprendre ce qu'il lui arrivait. Mais non, il n'avait connu que les déménagements, l'éloignement, la peur qu'il blesse quelqu'un; ses parents avaient été des modèles d'amour et de patience, mais jamais ils n'avaient posé un mot dessus, et il avait dû attendre de rencontrer Dumbledore pour comprendre, réellement. « Cela finira par aller, d'une façon ou d'une autre, vous verrez. » Il ne lui parla pas de la peur, de la fatigue, de la douleur. Il faudrait le lui dire, un jour, le prévenir. Mais pas maintenant. Pas s'il ne le demandait pas.

@Alec Spinnet + mention  @Minerva McGonagall

Il comprend pourquoi le professeur Lupin est là, mais Alec, il ne veut pas l'accepter. Comment le pourrait-il alors qu'il n'a même pas encore assimilé le fait qu'il ne sera plus jamais lui-même, plus jamais entièrement maître de son propre corps ou de ses gestes ? La situation est des plus injustes, et il ne peut que faire preuve d'injustice à son retour en repoussant le professeur en dépit des bonnes intentions qui l'animent sûrement. Il souffre de la situation et n'est pas encore prêt à en parler, encore moins à l'accepter – parce qu'à ses yeux, ça reviendrait à rendre les choses réelles et il n'a aucune envie que ça le devienne, ni de mettre des mots sur tout ça, il n'est pas sûr d'être assez fort pour ça. Il a envie de hurler, Alec, de lui dire qu'il ne sait pas à quel point c'est dur, mais le fait est que le professeur le sait mieux que sa propre famille ne le pourrait, un nouveau constat qui lui arrache une pointe de douleur dans le cœur alors qu'il écoute douloureusement le sorcier s'exprimer. « Mais je ne veux pas affronter ça, j'ai jamais rien demandé de tout ça. » hurle-t-il soudain en se redressant trop vite dans son lit. « Un privilège ? C'est comme ça que vous le voyez, comme un privilège ? » une colère sourde prend forme dans son thorax, et il ne la contrôle pas Alec, bien trop enchevêtré dans ses émotions pour faire le tri à l'intérieur et se calmer, ne trouvant alors du confort que dans l'idée de s'en prendre à Remus, comme s'il l'était l'auteur de tous ses malheurs. « Je veux pas de votre foutue aide, je veux pas que vous répondiez à mes questions, je veux... » mais il sait pas ce qu'il veut, Alec, tempête de sentiments qui le traverse, le bouleverse, le renverse. Il ne peut pas se permettre de craquer ainsi avec Alicia, elle est sa sœur, elle a tellement sacrifié pour lui et pour leur famille en général qu'il s'efforce de la protéger de ce qu'il pourrait créer mais Lupin et ses belles paroles, c'est une autre histoire. Ça le chamboule, ça l'agace, ça lui donne envie de pleurer, aussi. « Je veux pas de tout ça. » gémit-il en baissant la tête pour l'enfouir entre ses bras. Il se balance d'avant en arrière en essayant de contenir les tremblements de son corps, sans pouvoir déterminer si c'est la peur, l'angoisse, la colère ou la tristesse qui les nourrit. « Je ne veux pas de ça, je ne veux pas me transformer. » dit-il d'une voix plus faible en relevant ses yeux vers Remus. « Il doit bien y avoir une solution, non ? » il supplie son professeur du regard, l'implore de trouver une solution pour lui éviter ça, cet avenir semé d'embûches, de complications, de torture interne et s'il sait d'avance que ça n'est pas possible, il a besoin d'espoir, Alec, de quelque chose à se raccrocher dans le chaos de ses émotions qui l'empêchent de raisonner avec la résilience dont il a d'ordinaire tant l'habitude. Il refuse d'entendre que ça finira par aller, les mots n'ont aucun sens dans son esprit pour l'instant et il détourne le regard en les entendant, conscient que la vérité est toute autre, dissimulée, et atténuée pour l'aider, mais c'est loin d'avoir l'effet escompté. Finalement, Alec plante son menton sur ses bras, regard baissé le sol pour ne pas avoir à affronter celui de son futur mentor et d'une voix faible, pas plus haute qu'un murmure, il avoue ce qui le ronge : « Je ne veux pas devenir un monstre » ce n'est pas rationnel, mais un million de peurs et d'émotions se cachent derrière son regard et Alec, prétendu jeune adulte, n'est plus qu'un enfant qui aurait bien besoin de ses parents pour le serrer contre lui et lui assurer qu'il n'est pas seul dans cette épreuve.

Il y avait tant d'émotions différentes dans les yeux d'Alec qu'il en était tout retourné, Remus. La colère le cédait devant l'incompréhension, puis l'émotion à nouveau, la peur peut-être, c'était un défile qui ne s'arrêtait plus. Remus avait connu cette condition dès son plus jeune âge, tout juste lorsqu'il commençait à accumuler ses souvenirs, alors il ne pouvait se rappeler d'une époque où il avait ressenti pareil tourbillon de sentiments. Lorsqu'il avait été en mesure de connaître les premiers effluves de la colère, l'amour des maraudeurs l'avait vite remplacée pour une bienveillance et un soutien exemplaires. Il n'avait jamais connu la situation d'Alec; de voir sa façon de vivre et son être entièrement bouleversés. Que pouvait-il bien lui dire qui apaiserait ses tourments, alors ? Il observa le jeune homme enfouir sa tête sous son bras et se prépara à voir les larmes; il ne s'était jamais habitué aux pleurs des adolescents, lorsqu'ils débarquaient dans son bureau ou s'effondraient lors d'un cours un peu plus complexe. Il leur semblait alors que cette douleur était insurmontable et leurs sanglots étaient emplis de ce désespoir, de cette montagne infranchissable. Il ne s'y était jamais habitué et il ne savait pas s'il était prêt à voir Alec pleurer devant lui. Il raffermit la prise de sa main sur l'étoffe de son pantalon et serra les mâchoires; il ne fallait pas ajouter du tracas à cet esprit déjà trop tourmenté, il n'était là que pour lui apporter de l'espoir et des solutions, pas un peu plus de peur. Une solution. « Oui, il existe des solutions pour atténuer ce mal. Severus prépare une potion qui existe depuis une petite vingtaine d'années et qui nous permet de garder la totale conscience de ce que nous sommes malgré les transformations. » Il avait baissé le ton, peu désireux qu'on l'entende depuis le couloir, et peu enclin à confier tout cela à un autre que son étudiant; qui sait, Minerva attendait peut-être déjà devant la porte? « Elle permet de ne rien faire d'irréfléchi et de dangereux et surtout, elle nous laisse le contrôle de nous-mêmes lors des pleines lunes. Je vous apprendrai à la préparer pour que vous ne dépendiez de personne à la sortie de Poudlard. » Il laissa les mots s'écouler jusqu'à Alec mais il était bien trop perturbé pour l'entendre réellement. Se rapprochant du lit, il attrapa son bras afin de ficher son regard dans celui du lion. « L'important n'est pas cette transformation, cette malédiction, vous m'entendez? L'important est qui vous êtes, au fond de vous. Et rien ne vous retirera ça, pas même une pleine lune. Vous n'êtes pas un monstre, vous n'en serez jamais un, et avec cette potion, vous pourrez affronter vos transformations plus sereinement. » Il relâcha le bras de son vis à vis et ajouta, la voix brisée. « Vous n'y croyez pas pour le moment, je sais, mais essayez de me faire confiance, quand je vous dis que ça finira par aller. »

@Alec Spinnet

Alec sait pertinemment qu’il se montre injuste envers le professeur Lupin, que celui-ci ne cherche qu’à l’aider mais il est tellement empêtré dans sa détresse qu’il n’arrive plus à penser de façon rationnelle. À cet instant précis, le monde entier lui veut du mal et il n’y a aucun endroit sur Terre où il peut être en sécurité et protégé. Il souffre, Alec, il souffre tellement qu’il aimerait pouvoir s’arracher le cœur de ses propres mains pour ne pas avoir à affronter les semaines et les mois à venir. Il souffre tellement qu’il n’a d’autres choix que supplier son professeur pour quelque chose qu’il sait pourtant impossible. En ces heures de noirceur, il a plus que jamais besoin de soutien et d’espoir, mais quel espoir y’a-t-il pour un jeune loup qui découvre le monde et voit son avenir chamboulé ? Il se noie dans le tourbillon de ses émotions et peine à respirer correctement, ne cherche même pas à cacher les larmes qui perlent au bord de ses yeux et qui menacent de couler sur ses joues. Donc ça va être ça ma vie maintenant ? Devoir dépendre d’une potion qui peut même pas m’empêcher de me… transformer, mais il n’arrive pas à prononcer le mot et se contente de le laisser mourir au bord de ses lèvres alors qu’il se recroqueville davantage sur lui-même et fourre sa tête entre ses bras. Il se balance d’avant en arrière, doucement, comme pour espérer y trouver une forme de réconfort mais rien ne peut le réconforter, ni la présence du professeur, ni ses mots qui contribuent plutôt à alimenter son angoisse en prenant conscience qu’il n’a aucune façon d’échapper à ce qu’il est désormais. Il n’a pas envie d’apprendre à confectionner cette potion et encore moins envie de la prendre, pas envie de se transformer, pas envie d’affronter la douleur de celle-ci, pas envie de devenir une bête furieuse, pas envie de devenir un monstre aux droits réduits par une société qui ne le voit plus comme un adolescent ni comme un sorcier, mais bien comme une bête sauvage. Il sent à peine son professeur s’asseoir à ses côtés et manque de sursauter quand il sent la main de celui-ci se poser sur son avant bras, accrochant difficilement son regard au sien. Mais je ne sais même plus qui je suis. Souffle-t-il du bout des lèvres en fermant les yeux alors que des larmes roulent sur ses joues. Ce sont ses émotions qui parlent pour lui mais la vérité est là, maintenant qu’un loup grandit en lui, il ne sait plus s’il est entièrement Alec Spinnet, ou si est quelqu’un, quelque chose d’autre. Et il ne sait pas non plus s’il veut le découvrir. Je ne veux pas de tout ça, je ne veux pas les affronter. Répète-t-il plus doucement, la voix devenue rocailleuse par sa tristesse et la boule d’émotions formée dans sa gorge. Il ferme douloureusement les yeux à la promesse de Lupin sans pourtant arriver à y croire. Comment peut-il affirmer que ça finira par aller sans savoir à quel point son coeur et sa tête lui font mal ? Il essuie rageusement les larmes coulant encore sur ses joues et serre le poing, le visage soudain fermé. Et maintenant quoi alors ? Je suis censé faire quoi ? il ne veut toujours pas affronter ça, et il regrette même avoir posé sa question parce qu’il ne veut pas savoir. Mais le fait est qu’il veut savoir à quel point la vie sera dure. Il veut savoir ce qu’il va devenir, ce qu’il va devoir faire à partir d’aujourd’hui, ce qu’il pourra ou non dire, faire, vivre. Il veut savoir si son avenir est fichu, s’il ne sera toujours considéré que comme le loup aux yeux des autres, s’il a des chances de passer inaperçu, de s’en remettre, de vivre une vie normale sans douleur, sans terreur, sans horreur, une vie dans laquelle ses émotions ne seront plus un tourbillon de chaos qui le contrôlent plus que lui ne le fait. Il veut savoir s’il s’en remettra un jour, s’il pourra accepter que le loup et lui ne font plus qu’un, s’il apprendra à l’aimer ou s’il continuera de le détester jusqu’à son dernier souffle. Il refuse de savoir, Alec, il ne peut pas le supporter, mais il veut à tout prix le savoir, et comprendre ce qu’il adviendra de lui désormais.

tw: description imagée de transformation

C'était trop d'émotions d'un coup, c'était infiniment trop, comment pouvaient-ils espérer que ce si jeune garçon puisse se faire à cette idée, comment lui souhaiter qu'il l'accepte finalement ? Personne ne pouvait être prêt à ce grand chamboulement, personne n'aurait jamais l'imagination assez acérée pour envisager les changements profonds que la transformation engendrait; et sentir la chair se déchirer sous l'assaut implacable des muscles se développant, ou voir ses ongles arrachés par la repousse monstrueuse des griffes émergeant sous la peau. Il ferma les yeux un instant, en proie à une légère nausée face à l'immensité de tout ce qu'il lui faudrait apprendre à Alec pour qu'il ne vive pas si mal sa première fois. Mais pas maintenant, non, pas maintenant. Certaines choses pourraient attendre. Et pourtant, plus Alec parle et plus Remus se dit qu'il va lui falloir connaître toutes ces choses dès à présent s'il veut comprendre, savoir qu'il pourra vivre ce qu'il avait prévu de vivre. Il n'est qu'un enfant après tout, et quel enfant mérite le silence assourdissant de toutes ces choses qu'on ne lui dit pas, pour le protéger ? Il refusait de lui mentir, pas à lui, pas maintenant. Aussi, reprit-il, doucement. « C'est normal. » Il déglutit, et inspira profondément avant de reprendre. « C'est normal de ne plus savoir qui vous êtes, ou comment vous comporter. Allez vous être violent? Faire du mal aux vôtres? Allez-vous changer ? » Il soupira et tenta de lui adresser un sourire, mais il offrait un bien triste spectacle Remus, le sang disparu de son visage, les lèvres crispées et non plus souriantes et les mains tremblant légèrement, à qui voulait bien le voir. « La vérité c'est que je n'ai pas de réponse à toutes ces questions. Je peux simplement vous expliquer ce qui nous aide aujourd'hui à avoir une vie presque normale - et la nuance est dans le "presque". » Il se leva pour se dégourdir les jambes un instant, et poursuivit. « Pour le moment, vous pouvez vous adonner tant que vous le voulez à toutes ces émotions qui vont vous submerger pendant encore des jours, voire des semaines. Parce que votre corps, votre cerveau auront compris qu'un grand changement s'opère. Mais je vous le dis Alec, et je le répéterai autant de fois qu'il le faudra, vous n'êtes pas obligé de laisser cette épreuve vous changer en profondeur ! » Il se rassit précipitamment à côté de son étudiant. « Vous allez connaître l'anxiété des cycles de la lune, cette peur de La voir revenir, Elle et son cortège de jours de fatigue avant et après la date fatidique. Mais aujourd'hui, Alec, nous ne sommes plus stigmatisés comme nous avons pu l'être ! Vous pourrez travailler, dans la branche de votre choix, avoir une famille, voir vos amis, faire du sport.. Il y aura quelques aménagements à faire, bien sûr, des réflexes à avoir, mais je vous assure que cela est possible. » Il s'était emporté, il le voyait bien, lui vantant presque les mérites de la vie actuelle pour les loups-garous quand lui-même avait eu du mal à accéder à ce confort-là. Mais il ne l'avait pas réellement voulu, Remus, alors, c'était différent. Il devait cependant reconnaître que son existence était bien plus désagréable avant que la potion n'existe; toutes ces nuits à hurler dans la cave de leur maison, une petite partie de lui encore consciente dans l'immensité du monstre qu'il était, craignant secrètement qu'il dévore son père, qu'il s'en prenne à sa mère, et les larmes qui n'arrêtaient plus de couler, pendant deux jours après ses transformations. « Prenez le temps qu'il vous faudra pour tenter d'accepter votre nouvelle situation et venez me trouver. Je vous apprendrai tout ce qu'il y a à savoir, tout ce que vous pouvez faire pour vivre cela de la meilleure manière. » Le silence s'étira entre eux et il posa la main sur celle d'Alec, avec douceur. « Je serai là. » Mantra, litanie qu'il ne cesserai de lui répéter aussi longtemps qu'il le faudrait, pour toutes les pleines lunes à venir, pour les années qui arrivaient, s'il le fallait.
@Alec Spinnet

Dans le fond, Alec n'est encore qu'un enfant. Du haut de ses 18 ans, il n'a rien vu du monde, et s'il est majeur aussi bien dans le monde moldu que dans le monde sorcier, il n'en reste pas moins un gamin effrayé par le monde et ses secrets. Une telle responsabilité ne devrait pas peser sur ses épaules – sur personne d'ailleurs et il déteste devoir affronter ça. C'est trop d'émotions pour lui, trop d'informations avec lesquelles il s'étouffe et dont il ne sait plus quoi faire, et il ne voit aucune échappatoire à ce calvaire qui résonne sous son crâne. Il vient en quelque sorte de renaître en tant que loup, et désormais, c'est comme s'il avait une nouvelle identité sous la peau et il ne sait pas comment l'appréhender ? Qui est le loup ? Qui est-il, lui ? Les questions tournoient, le torturent, et même la bienveillance du professeur Lupin ne parvient pas à l'apaiser. Il ferme les yeux et recommence à se balancer d'avant en arrière alors qu'il écoute distraitement le discours du sorcier. Il essaie de se raccrocher à ce qu'il dit, assimile le fait qu'il est normal qu'il subisse un tel bouleversement de ses émotions et que toutes ses certitudes soient remises en doute, essaie de croire qu'il n'a pas à laisser cette épreuve le changer, tente maladroitement d'avoir confiance en lui quand il affirme que tout ne doit pas nécessairement changer et s'autorise même une étincelle d'espoir à l'assurance d'une vie normale – ou presque – dans laquelle il pourra tout avoir, comme une personne normale. Pourtant, Alec n'est pas dupe, il sait que ça ne sera pas aussi facile que Remus le prétend. Il sait, pour l'avoir entendu et lu, que les loups sont toujours stigmatisés, que l'accès à l'emploi est difficile, que la société le regardera bizarrement, que certains auront peur de lui et que d'autres refuseront de collaborer avec lui mais quelque part, l'espoir de ne pas être une cause perdue s'éveille en lui. Faible, presque inexistante au point qu'il ne la détecte même pas, mais elle est là, nourrie par le réconfort que lui apporte Lupin à mesure qu'il parle. Une part d'Alec, la plus agitée et injuste, a envie de lui balancer son discours au visage, de l'accuser et de se défouler davantage sur lui pour tout ce qu'il ose dire, pour cette façon de presque lui vanter les mérites de sa nouvelle condition, mais le fait est qu'il est fatigué, Alec, terriblement épuisé à force de se battre contre lui-même, contre ses émotions, contre sa douleur. Il renifle et arrête ses mouvements pour venir se caler contre le dossier de son lit, le mouvement lui arrachant une grimace de douleur à l'endroit de sa morsure. « Combien de temps ça prend ? D'accepter la situation » si jamais ce genre de chose s'accepte un jour, une idée qu'il n'arrive pas à assimiler tant elle lui semble impossible. Il est soudain pris d'une intense fatigue, si bien que ses mots sont teintés de lassitude, et que le tourbillon qu'il était quelque instants plus tôt semble s'être apaisé pour ne laisser place qu'à un faux calme et aux émotions douloureusement silencieuses. « Mes amis, je, comment... Comment je suis censé leur dire ? Est-ce que je dois leur dire ? » il pense à Seamus, Lavender, Mina, et tous ceux qui l'attendent là-bas à Poudlard, y compris ses sœurs qui seront bientôt mises au courant par Alicia et Alec, il est perdu, il ne sait pas s'il peut rester près d'eux sans leur dire, mais il ne sait pas non plus s'il peut prendre le risque de leur dire et de les voir lui tourner le dos. Il sait aussi qu'il ne pourra pas le cacher éternellement, et que ses absences les soirs de pleine lune finiront par attirer l'attention, notamment parce que la condition de Remus n'est plus un secret pour personne et que tous ont prit l'habitude de le voir s'absenter avant, pendant, et après les soirs où la lune est ronde. Il a la gorge nouée par l'émotion, Alec, et les mots lui manquent maintenant tant il est fatigué par la situation, mais il est tout de même terriblement reconnaissant envers l'adulte pour sa présence. « Professeur ? » il marque une pause alors que son cœur s'emballe dans sa poitrine et Alec ouvre la bouche, sans trouver les mots. « Je.. » à défaut d'arriver à exprimer ce qu'il ressent, le jeune loup se précipite brutalement contre son professeur et entoure ses deux bras autour de lui, sans même se soucier de la bienséance, de la pointe de douleur dans son épaule, ou du statut professionnel entre eux. Il a besoin de cette étreinte, parce que sa mère est morte, que son propre père le déteste pour ce qu'il est et parce qu'il n'a plus personne d'autre que sa grande sœur en guise de figure d'autorité. Il a besoin de cette étreinte pour exprimer sa gratitude et sa reconnaissance et il ferme les yeux en regrettant que son père ne soit pas là pour le rassurer comme Remus le fait mais au moins, il n'est pas seul et le sorcier est là pour l'accompagner dans ses heures les plus sombres. « Merci » s'autorise-t-il finalement à prononcer à voix basse en reculant pour replonger sous ses couvertures et s'y cacher, comme un fort près à le protéger de toutes les menaces potentielles.

La question faucha Remus alors qu'il s'était attendu à tout, sauf à elle. Combien de temps cela prenait-il, de l'accepter? Il aurait pu lui mentir, alors, pour essayer de le soulager, de lui faire entendre que cela irait, d'une manière ou d'une autre, mais le regard noisette d'Alec plongé dans le sien le retint solidement de tenter une quelconque esbroufe; il n'était plus temps pour les faux espoirs. « Je ne vous mentirai pas, cela peut être très long. Peut-être même que vous ne vous y ferez jamais. Mais j'ai peine à le croire; vous êtes un jeune homme remarquable. » Et je sais que vous y parviendrez. Il s'arrêta là, cependant, peu désireux de lui faire penser à de la pitié et attendit la suite, qui ne tarda pas à venir. Il pouvait voir l'anxiété de cette nouvelle situation aux traits tirés d'Alec, il pouvait sentir l'incompréhension de ce qui arrivait dans ses yeux et il se sentait impuissant à pouvoir le rassurer, à présent. Concernant ses amis, Remus se mit à froncer les sourcils: il savait que sa propre réaction n'avait pas été des plus adéquates et que, de toutes façons, le reste des maraudeurs avait très vite compris ce qu'il se passait; mais il avait toujours vécu avec ses parents qui l'avaient supplié de ne jamais parlé à quiconque de sa condition. Cela pouvait être différent pour le lionceau, il n'était pas encore trop tard pour essayer de faire en sorte que cela ne devienne pas une honte. « Le choix vous appartient, entièrement. Demandez vous simplement ceci: que ressentiriez-vous en apprenant par quelqu'un d'autre que lui, que votre meilleur ami a été mordu et est à présent un loup-garou ? » Remus se leva et attrapa sa veste; il avait entendu des pas devant la porte et se doutait que Minerva faisait les cent pas, attendant son tour pour venir s'enquérir de l'état de santé de son étudiant. « Ce n'est en rien votre faute, si cette situation s'est produite, vous n'êtes pas responsable de cette morsure. Essayez de ne pas vous en vouloir plus que de raison et de ne pas la transformer en blessure en honte incicatrisable. » Il chuchota, et la recommandation, si elle s'adressait à Alec trouva également une place au fond de lui, choix qu'il n'avait jamais pu faire, enfant caché au reste du monde par ses parents et leurs déménagements intempestifs « Faites en une force, mais ne la laissez pas devenir qui vous êtes. » Sitôt sa phrase finie, Alec balbutia quelques mots et, non sans émotion, se précipita dans les bras d'un Remus surpris et bouleversé. Après une seconde d'un étonnement rapidement effacée, le professeur posa sa main sur le crâne de son étudiant et lui caressa brièvement les cheveux. Il ressentait là si fort la prise du Spinnet autour de lui, ce besoin de se sentir entouré, réconforté, une fois, juste cette fois qu'il ne brisa pas l'étreinte avant Alec. La voix entrecoupée par l'émotion, il chuchota quelques mots maladroits « Ca va aller, tu verras. ». Il posa brièvement sa main sur le bras du lionceau et, ajustant sa veste, sortit dans le froid du couloir de Ste Mangouste; ému par l'échange qui venait de se produire, terrifié par l'avenir se déroulant devant le Spinnet. Conscient qu'il ne pourrait pas se détourner de cette responsabilité, à l'avenir.

Remus sort.

@Alec Spinnet