Il ne peut qu’être soulagé de se retrouver à nouveau avec sa cousine, de réaliser qu’elle le comprenait tout comme lui la comprenait. Au fond, ils étaient sans doute les seuls à pouvoir comprendre ce que l’autre traversait avec autant de justesse, empathie héritée depuis la naissance. La chaleur du chocolat réchauffe ses mains qui entourent alors la tasse apportée par sa cousine, Levi qui lui offre un maigre sourire quand elle exprimer ses propres remords. S’il n’est pas tout à fait d’accord et pense porter seul la responsabilité de leur dispute, il ne dit rien, conscient que ce serait inutile. Quelques gorgées de chocolat avalées, il pose son regard sur Eris, comprenant alors à quel point elle n’était pas habituée à des sentiments plus négatifs. « Ils ne sont jamais énervés alors que tu étais là ? » S’il est étonné, quelque part, le blond comprend. Il ressentait ce même sentiment protecteur avec ses sœurs et avec sa cousine même et sans doute que pour les protéger, il aurait agi de la même façon. Toutefois, il se demande comment ils ont pu faire preuve d’autant de self-control. S’il se sentait mieux depuis qu’elle était arrivée, c’est la certitude qu’elle ne lui en voulait pas qui achève de l’apaiser, rassuré que leur relation ne se retrouve pas irrémédiablement abîmée.  Peut-être avait-il été trop inquiet mais il ne pouvait s’en empêcher – il savait à quel point les mots pouvaient blesser et, surtout, les émotions aussi. Si en tant qu’empathes, ils ressentaient chaque émotion positive, ils ressentaient également les négatives, bien plus douloureuses quand elles viennent d’un proche. « Ça me rassure, je pensais que.. que j’avais tout gâché. » La sensation qui était récurrente dès lors que son don entrait en jeu, quand celui-ci le poussait à avoir un comportement qu’il n’aurait pas forcément eu en temps normal. Le blond laisse échapper un rire alors qu’il pousse légèrement son épaule contre la sienne en secouant la tête, amusé. « Tu sais que t’as pas besoin d’une dispute pour que je t’en amène ? » Il fait mine de réfléchir avant d’ajouter. « Enfin ok j’ai peut-être tendance à manger la moitié du paquet avant de te l’apporter mais hey, j’ai des muscles à nourrir ! » dit-il en haussant les épaules, comme si ça suffisait à justifier sa gourmandise. Il aimait ça, retrouver cette légèreté qui caractérisait habituellement leurs échanges. Le sorcier qui se tend un peu à la question de sa cousine, question qui se posait pour lui aussi car le contrôle qu’il exerçait sur son empathie était loin d’être parfait. « J’y arrive pas parfois, parce que ça me frappe tellement fort que j’ai envie de me battre pour évacuer tout ce que je ressens. » admet-il en détournant le regard. Il n’aimait pas ces émotions là mais elles étaient là, rarement, mais ça arrivait. S’il voulait qu’Eris conserve une bonne image de lui, il refusait de lui mentir, de prétendre que tout allait pour le mieux constamment. « J’ai pas un contrôle parfait sur ça Eris, il y a des journées où je contrôle rien et je peux rien faire qu’encaisser jusqu’à ce que j’aille me coucher. » Elle devait connaître ça, il en était convaincu. Enfin, il tourne la tête vers elle, tente un sourire. « Mais le plus souvent ça va, j’arrive à faire avec. » Heureusement, les journées étaient plus souvent bonnes que mauvaises, ce qui était un maigre réconfort. « Quand j’ai l’impression que c’est trop, que je ressens trop les autres, je pense aux gens que j’aime. » Il pense à Eris et Anthony alors qu’ils courraient en riant dans leur jardin, il pense à Rebecca et Ruth qui l’accueillent en courant vers lui et en lui sautant dans les bras lorsqu’il rentrait de Poudlard, il pense à Harold et aux blagues ridicules qu’il lui faisait mais qui parvenait toujours à lui arracher un sourire, à Maisie et Noah alors qu’ils cherchaient la prochaine bêtise à faire. Puis, il pense à Connor, à ses lèvres sur les siennes, à sa main s’accrochant à la sienne et à cet amour si fort qu’il ressent pour le bouclé qu’il se demande parfois comment fait son cœur pour le supporter, aux efforts qu’il faisait pour lui remonter le moral quand il n’arrivait pas à sortir la tête de l’eau et alors il n’y avait plus que lui, ce qui était plus qu’assez pour faire taire le reste du monde. « Alors je suis désolé Eris car c’est pas idéal, que parfois, ça marchera pas, mais faut que tu t’accroches au positif c’est tout ce que j’ai trouvé et ça marche pour moi. » Solution qui n’avait rien idéale, mais rien ne l’était dans leur situation. Ils devaient faire avec cet héritage parfois lourd à porter. « Tu fais comment toi ? »

Avec Eris et sa facilité à comprendre les émotions, sa famille avait appris à la ménager à leur façon et si elle leur en était reconnaissante aujourd'hui, elle réalisait petit à petit que cela n'avait fait que retarder son développement et le contrôle de son empathie. Elle s'était rendue compte de sa différence à Poudlard finalement bien que sa mère continuait à dire qu'elle était spéciale pour la rassurer mais cela n'avait empêché la brunette de se sentir à part les premières années. Parce qu'il n'était pas normal de ressentir la peine des autres au point de s'en rendre malade ou d'être joyeuse quand elle n'avait elle-même pas envie de sourire - ce qui était rare mais possible. C'était un cliché de l'hypersensibilité mais une réalité pour elle. « Non.. ils ont toujours été très doués pour se maîtriser et lorsqu'ils n'y arrivaient plus, ils choisissaient de s'isoler. C'était surtout difficile quand mon père était en prison et puis après, quand il est revenu » Si elle évoquait le sujet aisément, c'était parce que s'il s'agissait de Levi, de son cousin, qu'il connaissait l'histoire familiale pour en faire partie et qu'il ne la jugerait pas. « Est-ce que je t'ai déjà dit ce que je ressentais en sa présence depuis son retour ? » Elle n'était pas sûre de l'avoir avoué à qui que ce soit en réalité. « Rien. Je ne ressens rien, c'est comme s'il n'était plus là ou comme s'il était encore là-bas. Tu ne le reconnaîtrais plus si tu le revoyais » Parce que si Eris et Levi continuaient de bien s'entendre, ce n'était pas le cas de leurs parents qui ne se fréquentaient plus depuis des années. « Quoi ? Mais non ! Et ça n'arrivera jamais, je te le promets » Surtout pas à cause de ce don qu'ils peinaient parfois à contrôler. Levi n'était donc pas infaillible même si à ses yeux, il gérait son empathie beaucoup mieux qu'elle. Elle le laissa se vanter en secouant la tête, sourire au bord des lèvres en l'entendant parler de ses muscles. Boys pensa t'elle sans le dire, plus heureuse que jamais à l'idée de retrouver Levi et leur complicité. Elle avait déjà vu Anthony s'éloigner cette année, elle n'était pas prête à ce que la même chose arrive avec son cousin. Ce n'était pas tous les jours qu'ils parlaient à coeur ouvert de cette pathologie qui n'appartenait qu'à eux, sans doute parce qu'ils avaient eux-même du mal à comprendre pourquoi eux, et comment vivre avec. « Toi ça te donne envie de te battre, moi, ça me fait juste pleurer » dit-elle en lui donnant un coup d'épaule. Trop émotive, émotionnelle, c'était à cause de cette aisance à faire couler les larmes que certains s'étaient inquiétés à son propos dès le début. Eris hocha pourtant la tête à ses prochaines paroles qui faisaient écho en elle d'une certaine façon. Elle aussi, ça l'éreintait à lui donner envie de dormir des heures et des heures pour oublier. Et l'entendre d'une autre bouche avec quelque chose de rassurant, ne pas se sentir trop seule. Sa remarque sur ses proches la fit sourire et elle sauta sur l'occasion pour l'interroger. « Vraiment ? Et alors tu penses à qui, en priorité ? Et ne me dis pas Rebecca et Ruth, c'est évident » Et peut-être s'attendait-elle à ce qu'il lui confie autre chose. Elle réfléchit avant de lui répondre pourtant, une fois la question rendue, parce que comme elle lui avait déjà confiée, elle n'était pas habituée aux émotions négatives. « Je n'ai pas encore trouvé la solution miracle. Quand ça arrive, je vais dehors et j'essaie de m'occuper. Mais je vais essayer ta technique, je suis sûre que penser à Terry suffira » Un sourire lui échappa ; si les choses lui semblaient encore difficiles entre eux parce qu'il l'évitait, elle avait envie de croire que ça s'arrangerait. « Peut-être qu'on pourrait y aller ensemble à Pré-au-Lard la prochaine fois » Une idée qu'elle sortit assez naturellement et dont ils se souviendraient sans doute plus le moment venu mais qu'importait. « Tu vas mieux aujourd'hui ? » s'enquit-elle ensuite de lui demander, puisqu'après tout, ils s'étaient disputés à cause de leurs humeurs maussades et elle espérait que ce ne soit que ça, qu'il n'y avait pas autre chose qui le tracassait.

Il l’écoute attentivement, Levi, car le sujet était sérieux, aussi bien pour lui que pour elle. Leur don était particulier, pouvait parfois s’associer à une véritable malédiction et avoir quelqu’un qui comprenait aidait grandement. C’était en partie pour cette raison qu’il s’était souvent mieux entendu avec Eris qu’avec Anthony – s’il adorait son cousin, c’était plus facile avec sa cadette, plus naturel et spontané aussi. Il savait qu’il pouvait lui parler de tout sans être jugé, mieux encore, il savait qu’elle comprenait et c’était un cadeau inestimable. Quand son père est évoqué, cette absence ressentie et qu’il ne pouvait imaginer, le blond sent son cœur se briser pour elle, pour l’horreur que ça doit être que de réaliser que l’autre n’était plus là du tout. Il pose une main sur son épaule et la serre doucement dans un geste qui se valait réconfortant – ce n’était pas de la pitié mais bien de la compassion, la compréhension de la douleur qu’elle devait éprouver. « Tu en as parlé à quelqu’un ? A ta mère ? » Il se doute bien que non, que ce n’était pas évident que de faire comprendre à d’autres ce qu’ils ressentaient. Surtout, il ne pouvait imaginer le poids que ça serait pour elle que d’énoncer à sa mère que son père n’était définitivement plus là. « Tu sais que tu peux me parler de tout ça dès que tu en as envie ou que tu en ressens le besoin, d’accord ? » Si le sujet n’était pas facile à évoquer, Levi ne désirait pas qu’elle se retrouve seule, incapable de partager avec qui que ce soit ce qui devait tant lui peser. Un sourire sincère aux lèvres, il est soulagé par la spontanéité avec laquelle elle le rassure, lui qui avait eu si peur de la perdre. Elle comptait Eris, autant que Rebecca et Ruth, et c’était bien pour ça qu’il avait aussi mal vécu leur dispute. Le sujet de l’empathie autour duquel ils échangent toujours parce qu’ils en avaient besoin, tous les deux. Sa remarque le fait rire, regard amusé qu’il tourne en direction de la brune tandis qu’il hausse les épaules. « Hey, peut-être que si on avait un autre cousin empathe, il ferait les deux en même temps ! » plaisante-t-il à son tour. Il termine sa tasse de chocolat chaud et la dépose sur la table basse de leur salle commune alors qu’il lui explique comment il fait, lui, pour s’en sortir, avant d’être un peu surpris par sa question sans l’être tout à fait. Elle le connaissait, mieux que bien des sorciers même. « Quand ça va pas je pense à Connor en premier. » admet-il sans mal. C’était facile avec Eris. Il pouvait être lui et s’il n’avait jamais rien dit à ce sujet, il n’avait jamais non plus caché son attirance pour les sorciers. « C’est juste que lorsque je suis avec lui, j’arrive presque à ignorer les autres tellement je l’aime. » Il aurait pu prétendre, ne rien dire aussi, mais c’était de Connor dont on parlait et il était bien incapable de nier ce qu’il ressentait envers celui qui n’était supposé être qu’un ami. Il l’aimait sans savoir depuis quand, impression que c’était venu petit à petit avant de l’envahir totalement, de devenir une vérité qu’il reconnaissait sans mal. S’il n’avait rien dit au principal concerné, c’était parce qu’il n’en avait pas besoin – ils étaient heureux tous les deux comme ils étaient, ils n’avaient pas forcément besoin de changer ce qui les liait. Il n’avait pas besoin de tout lui avouer pour l’aimer comme il le faisait non plus. Un peu gêné, il se racle la gorge et acquiesce quand sa cousine enchaîne. « Désolé d’avoir menacé ton copain, d’ailleurs. C’était sans doute un peu… excessif. » admet-il alors, conscient que le sorcier en question ne lui avait donné aucune raison valable de douter de lui (cependant, il était prêt à mettre ses menaces à exécution en cas de gros écart de la part du serdaigle, évidemment). « Deal ! » dit-il, enthousiaste. Il était toujours partant pour tout Levi, surtout pour passer des moments privilégiés avec ceux qu’il aimait. Il avait déjà hâte de se retrouver au sein du village sorcier avec la blairelle, à profiter d’instants simples mais précieux. « Tout va bien t’en fais pas, c’était vraiment la fatigue.. Et toi? » Question qu'il lui retourne parce que ce qui était valable pour lui l’était pour elle, ils avaient perdu le contrôle tous les deux ce jour-là. Levi qui se redresse un peu et se tourne vers Eris, autre question qui le taraude, qui lui vient spontanément alors qu’il pense à ses sœurs. « Tu te souviens de comment t’as su que t’étais empathe ? » Il fronce les sourcils en essayant de se souvenir de cette période, de ce qu’il éprouvait quand il était plus jeune. « J’ai toujours tout ressenti plus fort que les autres mais je sais plus comment à l’époque on a su que c’était à cause de notre don. » Ses doigts triturent nerveusement son pull alors qu’il replonge dans des souvenirs trop flous et trop vagues pour lui apporter quoi que ce soit. « Je me pose la question pour Rebecca. Ruth ça va mais Becca elle.. Je sais pas, j’ai parfois l’impression qu’elle prend les choses vraiment à cœur comme nous on peut le faire, tu vois ? » Interrogation qui ne serait probablement pas claire pour d’autres mais que Eris pourrait comprendre, forcément. Il s’était souvent interrogé à ce sujet, surtout quand il voyait sa petite sœur plus sensible que d’autres. « J’arrive pas à savoir si elle est sensible ou si ça pourrait être plus. » avoue-t-il alors. Et au fond, il ne faisait qu’espérer que ce ne soit pas le cas, pour qu’elle puisse mener une existence la plus normale qui soit.

Eris parlait peu de son empathie - pathologie qui semblait pourtant traverser les générations chez les Goldstein-Kowalski - parce que beaucoup ne comprenait pas ou se contentait de voir ça comme de l'hypersensibilité quand c'était bien plus que ça. Seuls ses proches avaient conscience de ce coeur-éponge qui était sien, qui était le leur avec Levi, alors même s'il était normalement facile d'évoquer ce sujet avec lui, elle ne s'était confiée sur son père avec personne principalement parce que c'était trop dur. « Non, elle s'inquiète déjà assez comme ça » répondit-elle avec un léger sourire. « Avec le recul, je crois que je préfère ça. C'est égoïste comme pensée, je le sais. Mais ses années à Azkaban ont dû être les pires de toute sa vie et... peut-être que c'est mieux que je ne sache pas ce qu'il a vécu là-bas » Et Eris ne doutait pas que c'était aussi la réaction logique du cerveau de monsieur Goldstein, de tous ceux qui avaient vécu entourés de détraqueurs durant des années, pour se protéger et ne pas revoir sans cesse les mêmes cauchemars. Elle s'était presque faite à l'idée qu'il ne reviendrait plus parmi eux, que son esprit resterait là-bas quand son corps leur avait été rendu. Et c'était triste, sans doute l'une des choses les plus difficiles à vivre pour elle qui l'avait considéré comme un modèle pendant longtemps, même après les accusations sur son compte, cependant il lui fallait se concentrer sur le positif, rien que le positif et ça, c'était sa façon à elle de gérer les traumatismes. Elle hocha la tête à ses quelques mots soucieux et gentils, posa même une main sur son bras qu'elle serra doucement pour lui affirmer qu'elle avait compris avant de rire à sa remarque sur un possible nouveau cousin. C'était ce qu'elle aimait aussi chez Levi, ses plaisanteries qui réussissaient toujours à la faire sourire. « Connor hm ? » releva t'elle en lui donnant un coup d'épaule suivi d'un sourire heureux et sincère. Ses sentiments étaient réels pour l'autre poufsouffle - elle n'avait pas réellement besoin qu'il lui dise, elle le ressentait à la manière dont il avait dit son nom et là, maintenant qu'il pensait à lui - et Eris était juste contente pour lui, pour eux. « Je suis heureuse que tu sois heureux » Pas de tu sembles heureux parce qu'encore une fois, elle le savait. Et qu'elle se nourissait des émotions des autres, de ses proches, que tant qu'il était bien elle était bien aussi. « C'est vrai. J'aimerais bien voir ce que tu dirais si moi, je menaçais Connor » se joua t'elle de lui une seconde en croisant les bras devant elle. Elle n'aurait surement aucune crédibilité devant son camarade de maison et si elle ne le connaissait pas parfaitement, Eris se fit intérieurement la promesse de profiter des dernières semaines pour le faire. S'il était important pour Levi alors c'était la moindre des choses. « Tu l'aimerais beaucoup, Terry » lui confia t'elle en haussant une épaule. « C'est le garçon le plus gentil et généreux du monde. Et il est très intelligent ! Puis il sourit tout le temps » Et elle devait avoir l'air niaise à parler de lui ainsi mais elle s'en fichait, Eris, plus que tout elle s'en fichait. Elle n'ajouta pas qu'il était très beau et que parfois - de plus en plus souvent en tout cas - ses baisers lui donnaient envie de plus parce que Levi grimaçerait sans doute. Quoique toujours moins qu'Anthony. Le deal de se retrouver à Pré-au-Lard conclu, elle lui offrit un sourire à sa réponse, convaincue. « Je vais bien » Et ce n'était pas un mensonge parce qu'en l'état, à cette seconde là, elle allait bien aux côtés de son cousin. Qui lui semblait inquiet tout à coup, ce qu'il expliqua en mentionnant sa soeur Rebecca et sa sensibilité peut-être trop proche de la leur pour que ce soit normal. « Non, je ne me rappelle pas. Les psychomages ont eu du mal à déterminer si c'était plus que de l'hypersensibilité » Pendant des années, c'était ce qu'on leur avait dit mais les différences s'étaient faites ressentir au cours du temps. « Le mieux est peut-être qu'elle voit un spécialiste, si tu veux être sûr » Et c'était délicat, évidemment, comme toujours lorsqu'il était question de parler médecine et autres troubles psychologiques mais elle savait que Levi ne s'énerverait pas pour ça. S'ils étaient à peu près seuls dans la salle commune jusque là, du brouhaha se fit entendre quand plusieurs étudiants entrèrent en même temps dans le terrier des blaireaux et Eris releva la tête pour les identifier. Un petit sourire en coin en voyant les nouveaux venus, elle glissa son regard vers son cousin, ses yeux rivés dans les siens pour attester de sa réaction en disant : « Je crois que ton petit-ami aimerait beaucoup que tu le rejoignes » Elle le chambrait, bien sûr, et elle aimait plutôt ça. Levi était plus un frère qu'un cousin pour elle et dans les fratries, on adorait s'ennuyer les uns les autres.

Les sourcils froncés, Levi réalise à quel point Eris voulait contenter tout le monde, quitte à s’oublier au passage. Il se demande si c’est lié à leur empathie, cette volonté qu’ils manifestaient tous les deux de ne pas s’imposer à leur entourage quand ils estimaient qu’ils souffraient déjà bien trop. Il n’empêche que ça ne lui plaisait pas, qu’elle ne devait pas garder pour elle tout ce qui pouvait faire de la peine sous prétexte qu’elle rendrait triste son entourage. La blairelle qui enchaîne et quelque part, il comprend ce qu’elle veut dire. Il n’ose pas imaginer ce que ça serait que de ressentir les émotions de son propre père après un séjour passé à Azkaban, conséquences forcément lourdes sur qui il est. « T’es pas égoïste Eris. C’est probablement ce qu’il y a de mieux pour tout le monde. » Parce qu’ils ne pouvaient pas garantir comment Azkaban l’aurait fait changer, après tout. Il y avait fort à parier qu’il n’aurait pu été le même de toute façon et que, peut-être, tout aurait été plus terrible encore. « Mais t’es pas toute seule tu sais. Tu peux m’en parler, si t’en as envie parfois. » lui offre-t-il, proposition accompagnée d’un sourire. Il refusait qu’elle ne reste seule, qu’elle n’assume le poids de toutes ces émotions alors qu’il pouvait aisément partager avec elle ce fardeau, ne serait-ce que pour l’aider à souffler un peu parfois. Le sujet qui change et forcément qu’il se retrouve à parler de Connor, évoquant sans mal à quel point ses sentiments pour le sorcier prenaient le dessus sur le reste quand il avait l’impression que les émotions des autres l’agressaient. Sa cousine qui partage son bonheur, qui le comprend et le ressent. C’était agréable, de ne pas avoir forcément à verbaliser ce qu’il éprouvait, de voir qu’elle savait, Eris, car elle aussi ressentait tout. Levi qui éclate de rire tandis qu’il tente d’imaginer la septième année menacer celui qu’il aimait, peu certain qu’elle serait convaincante. « S’il te plaît, Eris, file menacer Connor, je te jure que je peux payer pour te voir essayer. » Il ne peut que la taquiner, amusé par sa réaction. Cette fois, c’est d’ailleurs à la brune d’évoquer celui qui faisait battre son cœur. Et cette fois, c’est à son tour de sentir à quel point elle était heureuse et amoureuse, le blond qui était forcément ravi de réaliser qu’elle semblait avoir trouvé sa moitié. « Je ferais un effort, s’il te rend si heureuse que ça. » Ce qui ne l’empêchera pas d’être méfiant, évidemment. Eris était comme une sœur pour lui alors il était de son devoir de s’assurer qu’elle était avec un sorcier qui l’aimera à sa juste valeur. Levi qui ne peut s’empêcher d’évoquer Rebecca et les doutes qu’il pouvait bien avoir sur elle, empathie qu’il a l’impression qu’elle pourrait posséder sans pouvoir en être tout à fait certain. C’était encore tôt, sans doute, même si un spécialiste pourrait aider. « Peut-être. » concède-t-il, le regard absent l’espace de quelques secondes. Il lui faudrait en parler avec ses parents, idée qui ne l’enchante pas car il était convaincu qu’ils ignoreraient ses craintes. Ils ne pouvaient pas savoir, eux. Ils n’étaient jamais là et, de toute façon, ils ne pouvaient pas comprendre pourquoi c’était si important de déceler une éventuelle empathie si tôt. S’ils découvrent qu’elle possède ce don, alors ils pourront tous l’aider au mieux. « J’espère que c’est pas ça. » murmure-t-il, Eris qui pouvait l’entendre tout de même. Forcément qu’il n’avait pas envie qu’elle soit confrontée au même soucis que lui, conscient que ça pourrait venir ternir son quotidien. Peut-être qu’il se trompait, Levi, qu’elle vivrait les choses différemment, mais il sait que dans tous les cas il s’inquiétera pour elle, que c’était son rôle de grand-frère. Du bruit se fit entendre tandis qu’il aperçoit Connor, Noah et Maisie faire irruption dans la salle commune, son visage qui s’illumine d’un sourire ravi de voir le brun. Il se met à rire à la remarque de sa cousine, pousse doucement son épaule de la sienne. « Dis plutôt que tu veux que je le rejoigne pour que tu puisses aller voir ton petit-ami ! » Il l’accuse en riant, taquin, avant de déposer un baiser sur sa joue. « Je suis content que tout ce soit arrangé entre nous. » offre-t-il, plus sérieusement cette fois. Parce que ça ne lui semblait pas naturel que d’être en froid avec sa cousine, qu’il ne voulait plus que cela arrive. « On se voit tout à l’heure de toute façon. » Salle commune qu’ils partageaient et qui lui offrait l’occasion de se voir régulièrement, il lui offre un dernier sourire avant partir vers celui qu’il aimait, sa main qu’il attrape tandis qu’il ne peut qu’être ravi de le retrouver, l’esprit léger d’avoir apaisé les choses avec sa cousine.