Il n’y avait rien de plus satisfaisant que de rentrer dans la salle commune après quelques cours plus ou moins compliqués à suivre. Les derniers jours n’étaient pas de tout repos, entre les lianes du troisième étage qui rendaient ce dernier bien difficile à traverser ou encore le labyrinthe de la cour de métamorphose devenant un véritable enfer pour quiconque souhaitait tout simplement arriver à l’heure. Entre cela et la pluie qui arpentait les couloirs certains jours, Lyall se disait qu’un peu de repos et de calme assuré devant une cheminée ne pouvaient que lui faire le plus grand bien. Montant les escaliers en compagnie d’autres Gryffondors qui s’éparpillèrent peu à peu, certains préférant s’installer à la bibliothèque, et d’autres ayant leurs propres emplois du temps à respecter. Toujours était-il que le jeune homme se retrouva au final seul à monter les escaliers accompagné de son amie et capitaine de l’équipe de Quidditch, Ginny. Cependant, depuis pas mal de temps maintenant, les discussions entre eux se faisaient plus rares, le lion ne comprenant pas véritablement les raisons qui poussaient quelques fois la Gryffondor à s’échapper lorsqu’il voulait discuter comme lors de leur enfance. Un silence quelque peu gênant s’était presque installé de lui-même tandis que Lyall prit son courage à deux mains pour briser cette gêne.

« J’espère quand même que le terrain de quidditch ne va pas être aussi détraqué que le troisième étage. J’ai pas vraiment envie de me prendre un éclair surprise en marquant des points… » Dit-il alors en haussant les épaules. Après tout, ce sport était bien l’une des choses qu’ils avaient en commun, étant tous deux dans la même équipe. « Quoique… Ca ferait quand même un sacré spectacle, tu crois pas ? Juste après une victoire, j'imagine déjà les titres du journal de l'école "Une victoire foudroyante pour Gryffondor"»!

Continuant de monter les escaliers, il ressassait malgré tout les derniers jours dans son esprit qui n’avaient pas été de tout repos, entre l’examen de transplanage et le reste, autant dire que le mois passé et celui à venir n’allaient pas être de tout repos. Il redoutait aussi cette histoire de gala de charité, auquel sa famille allait indubitablement aller, ne manquant pas une occasion de se faire bien voir sous de faux semblants qui ne trompaient que peu de monde, et surtout pas lui. Une expérience dont il se serait bien passé mais qu’il n’avait pas le loisir d’esquiver, espérant au moins y voir des visages sympathique.

Arrivé devant le portait amenant à la salle commune, quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver nez-à-nez, ou plutôt nez-à-carotte, face à trois massifs bonhommes de neige postés devant cette dernière et bloquant presque l’accès à ce doux moment de répit qu’il espérait trouver sur le sofa. Se tournant à nouveau vers sa camarade, il dit machinalement. « Tu crois que l’hiver manquait trop à quelqu’un ? » Lâcha-t-il, presque moqueur face à la situation plutôt cocasse. Son sourire s’effaça malgré tout lorsqu’il se reçu une boule de neige en pleine figure. Le froid mordant et l’humidité de la boule le firent frissonner et prendre une forte inspiration suite à la surprise alors qu’il se retourna dans la direction dont cette dernière venait. Cherchant d’abord un élève du regard, ses yeux se posèrent enfin sur le coupable. Un des bonhommes de neige s’apprêtait à nouveau à lui lancer une nouvelle boule qu’il esquiva cette fois-ci de justesse. De la neige encore sur le visage, air faussement exaspéré et se retenant lui-même de rire de tout cela, il regarda son interlocutrice avant de dire un simple « Aucun commentaire… » s'attendant clairement à une réplique bien sentie. Redescendant en vitesse quelques marches pour se mettre à l’abri, il dégaina sa baguette.

« Ce n’est pas que je n’apprécie pas ta compagnie mais je crois que si on veut pouvoir aller se coucher, va falloir les mettre au tapis... On fait équipe? Deux contre trois, je suis sûr qu’on a nos chances.» Une situation aussi étrange que peu dangereuse qui semblait l’amuser malgré les ennuis posés par ces amas de neige ensorcelée. C’était en effet largement moins problématique que de se faire agripper par des lianes qui vous retenaient de toutes vos forces… Et puis il fallait dire que peu de monde pouvait se vanter de faire une bataille de boule de neige si proche du mois d’Avril dans une tour de l’école.

Demander à leur directrice de maison de s’assurer de la sécurité des prochains matchs n’était pas une mauvaise idée objectivement, mais Lyall ne pouvait s’empêcher d’étouffer un rire face à la situation. Ce n’était pas de la moquerie envers la capitaine de l’équipe, mais plutôt envers la notion de sécurité du château qui était pour le moins laxiste.

« Tu penses que ce serait plus dangereux que le saule cogneur ou les créatures mortelles qui vivent dans une forêt juste à côté d’une école remplie d’enfants de onze ans ? » Dit-il avec un léger sourire malicieux. Bien sûr, une menace immédiate serait probablement réglée avant tout cela et si la forêt portait le doux adjectif d’interdite, ce n’était pas pour rien. « Tu me diras qu’il y a le règlement pour éviter les problèmes, mais tu sais mieux que moi que tes frères l’ont déjà bien malmené celui-là… » Finit-il en haussant les épaules. Les jumeaux Weasley avaient toujours pris un malin plaisir à contourner le règlement et ils n’étaient probablement ni les premiers ni les derniers à le faire. Alors bien qu’il soit d’accord avec Ginny, Le jeune lion ne pouvait s’empêcher de voir une certaine ironie dans le fait même que la sécurité des matchs de quidditchs face aux frasques même de l’école pouvait clairement passer en premier lieu auprès de la professeure de métamorphose.

Toujours était-il qu’ils finirent par se faire attaquer par les bonhommes de neige, gardiens en intérim de la porte de leur maison alors même qu’ils ne voulaient qu’une chose : se reposer. Si la jeune Weasley semblait amusée par la situation et le montra sur ses traits expressifs, cela ne dura pas longtemps puisqu’elle fut, elle aussi, victime des êtres givrés. Retournant sa propre citation vers lui, ce dernier laissa échapper un rire étouffé avant de mimer une fermeture éclair au-dessus de ses lèvres. Ils avaient l’air fin, avec de la neige dans les cheveux à devoir affronter ces choses qui ne devraient même pas être là. Lorsque l’étudiante demanda de façon rhétorique ce que leurs adversaires pouvaient bien faire contre eux, quelques idées fusèrent dans l’esprit du jeune homme qui répondit tout simplement. « Je ne sais pas, mais je n’ai ni envie de finir avec la grippe, ni de me retrouver avec une carotte à la place du nez. »

Alors qu’ils comprirent en l’expérimentant que le sortilège d’Incendio semblait sans effet, sa compère se retrouva les pieds gelés au sol tandis qu’un de leurs adversaires s’élançait vers elle.

« Hé, Frosty ! » Dit-il alors en direction du bonhomme de neige qui s’approchait de sa camarade. Il fallait réfléchir vite tandis que Ginny avait les pieds au plancher, et provoquer était une seconde nature pour le Travers qui s’empressa de lancer un bouquin à la tête du bonhomme de neige qui se tourna alors vers lui. Le garçon se tourna alors vers son amie gelée avant de lui dire. « Fallait bien trouver quelque chose. » Haussant les épaules, sachant que son intervention n’allait probablement qu’énerver un peu plus les créations du château. Comment pouvaient ils les affronter sir la magie rebondissait sur eux ? Quel pouvait être leur point faible ? Peut-être le nez au milieu de leurs visages? Il n’en savait rien et leur cas était de toute façon bien moins préoccupant que celui de sa comparse dont les chevilles étaient prises dans de la glace. Agitant sa baguette, le jeune homme lança un sortilège d’air chaud sur le gel pour le faire fondre sans risquer de blesser la lionne. Alors que le sort fonctionnait, ses yeux s’illuminèrent, signe manifeste qu’une idée venait de lui traverser l’esprit.

« Si les sorts les touchent pas, ça ne veut pas dire que les effets de ces derniers ne les touchent pas ! Essaies un meteoribilis, l’eau devrait les faire fondre ! Moi… » Il regarda le bonhomme de neige le prenant pour cible depuis son lancer de bouquin. « Je vais les appâter. »

Esquivant une boule de neige de justesse, il se jeta sur le bonhomme de neige en lui attrapant la carotte lui servant de nez et la gesticulant comme une baguette. « Hey, t’as perdu un truc ! » Dit-il en s’éloignant de sa camarade en espérant que l’espace d’un instant, il leur fasse oublier sa présence. Pas sûr de son idée, il ne pouvait qu’espérer que cela fonctionne et éviter de finir frigorifié en devant expliquer à ses camarades son incroyable défaite face à des bonhommes de neige.

Ginny ne put s’empêcher de grimacer aux commentaires de Lyall sur la pseudo-sécurité des étudiants à l’école. Dans les faits, il n’avait pas tort. De nombreux éléments prouvaient que les élèves n’étaient pas toujours en sécurité au sein de Poudlard et pourtant, ils continuaient de s’y épanouir. Elle ne fit aucun commentaire supplémentaire et se contenta de soupirer pour lui donner raison non sans rire à la mention de ses deux frères ainés qui avaient souvent semé le chaos à l’école. « Je crois qu’ils ont brisé toutes les règles qu’il y avait à briser. » elle aussi en avait brisé quelques unes, mais pas autant que ses frères. Toutefois, elle ne voyait pas le mal à demander à ce qu’un match se passe sans encombre. Elle y accordait beaucoup d’importance parce qu’il s’agissait des derniers matchs qu’elle jouerait dans l’équipe. Si elle poursuivait en huitième année, elle devrait renoncer à son rôle de capitaine et à son poste de poursuiveuse et cette idée lui serrait déjà le cœur, mais elle savait pertinemment que le professeur McGonagall ferait tout ce qui était en son pouvoir pour l’aider, le Quidditch étant l’une de ses cordes sensibles.

Elle pensait à la meilleure manière d’amener la conversation avec le professeur de Métamorphose quand les bonhommes de neige commencèrent à les attaquer. Ginny se montra d’abord amusée en voyant Lyall être attaqué mais quand celles-ci se retournèrent contre elle, elle perdit son sourire et afficha une moue plus outragée. Elle réfléchissait déjà aux meilleurs moyens de se débarrasser d’eux puisque son sortilège de feu n’avait pas marché, et elle s’imagina brièvement son camarade avec une carotte à la place du nez, l’idée faisant naître un sourire sur ses lèvres. Seulement, les pieds désormais immobilisés par la glace, Ginny observa Lyall tenter d’attirer l’attention des bonhommes de neige pour l’aider. Elle releva un sourcil incrédule en le voyant lancer un livre à la tête du bonhomme de neige et constata avec une grimace que le geste n’avait réussi qu’à énerver les créatures animées. Ginny, frustrée de ne pas pouvoir bouger, commençait à sentir le froid s’infiltrer dans son corps quand son camarade lui vint en aide et commença à faire fondre la glace qui entourait ses chevilles. Elle réprima un frisson et le remercia d’un signe de la tête en s’appliquant à sautiller sur place pour se réchauffer. « Meteoribilis, vraiment ? » murmura-t-elle, empoignant sa baguette avec scepticisme. Elle tenta de ne pas rire devant la vision d’un Lyall détenant la carotte d’un bonhomme de neige dans ses mains. « Génial, tu joues les appâts, mais tu crois vraiment qu’ils vont s’arrêter pour une carotte perdue ? C’est pas vraiment le moment de leur faire des farces je crois » elle profita tout de même d’un moment de distraction de la part des bonhommes enchantés pour en viser un de sa baguette et lancer le sort suggéré par Lyall. Elle avait peu d’espoir mais son attitude changea du tout au tout quand elle vit le bonhomme de neige commencer à fondre. « Lyall ! Je crois que ça marche ?! » elle s’excita subitement et attira son attention sur le monstre qu’elle venait de vaincre et qui commençait à former une flaque à ses pieds mais à peine quelques secondes plus tard, le bonhomme de neige recommença à se former, comme s’il avait finalement été immunisé contre son sortilège. « Bon sang, ils sont encore plus têtus que des cognards. » rugit-elle alors que le monstre lui fit face pour la soulever dans les airs et l’ensevelir sous une couche de neige. Elle exprima une plainte et envoya un coup de pied dans le bras de neige de son détracteur qui fut suffisamment désarçonné pour la relâcher. Elle renvoya un sort pour les éloigner un peu et se rapprocha de Lyall pour établir une nouvelle stratégie. Un peu essoufflée, elle envoya une salve de sorts différents, dont un impliquant une rafale de vent pour les tenir à distance et elle frissonna de froid. « J’ai peur qu’on puisse pas s’en débarrasser avant la fin de l’hiver. » la magie des saisons fonctionnant par cycle toutes les six heures environ, ils en avaient encore pour un moment et la rousse grimaça à cette idée. Elle chercha frénétiquement une autre solution quand soudain, une idée lui traversa l’esprit. « Peut-être qu’il faut les détourner et les désorienter ? » songea-t-elle, observant les bonhommes de neige se rapprocher dangereusement d’eux. « Tu crois qu’ils sont narcissiques ? » suggéra-t-elle avec un sourire narquois en faisant apparaître deux miroirs. « Peut-être que si on les place devant leurs reflets, on gagnera un peu de temps pour trouver une autre solution ? » ils ne perdaient de toute façon rien à essayer, et il leur fallait trouver une autre solution d’urgence : peut-être les forcer à se combattre l’un l’autre, mais Ginny n’avait aucune idée de la façon de les emmener à cette solution. « Reste là, moi je vais de l’autre côté, et on essaie de les éloigner le plus possible. » suggéra-t-elle en s’éloignant déjà. Il y avait des chances que ça ne marche pas, mais ils se devaient de tout essayer pour se débarrasser de ces affreux gardiens qui les empêchaient d’accéder à leur salle commune.

A la mention des deux jumeaux de la famille Weasley, Lyall arriva à tirer un rire à son amie qui lui dit alors que les deux lions avaient probablement foulés toutes les règles possibles et imaginables de cette école. Chose à laquelle le jeune homme acquiesça, non sans prendre un air faussement dépité. « Ils auraient pu nous en laisser quelques-unes quand même, maintenant faudrait attendre que Dumbledore invente de nouvelles règles pour les enfreindre en premier. » Etait-ce vraiment un concours qui méritait d’être pris au sérieux ? Pas vraiment, mais cela pouvait être amusant si l’on considérait que le concierge redoublait maintenant d’efforts pour faire appliquer le règlement à la lettre depuis le passage des deux tornades jumelles. C’était devenu un défi de reproduire certaines de leurs âneries avec quelques difficultés supplémentaires. En tout cas, Lyall voyait bien que ce qu’il avait pu dire sur la sécurité lors des prochains matchs de Quidditch tracassait sa capitaine qui avait véritablement une passion dévorante pour ce sport. « Après, connaissant McGonagall, je suis sûr que tu ne dois pas t’en faire, elle a déjà probablement tout fait pour que les matchs soient les plus sécurisés possibles. Franchement, tu l’imagines risquer de rater une nouvelle coupe pour Gryffondor juste à cause de farces faites par l’école ? » Une façon plus ou moins subtile d’essayer de rassurer sa camarade, mais il essayait malgré tout.

Lorsque vint le problème neigeux auquel ils devaient faire face, les discussions sur le sport à quatre balles devinrent très vite anecdotiques tandis qu’ils essayaient de se débarrasser des bonhommes enragés les empêchant de rentrer dans leur salle commune. Quelques boules de neiges, chevilles gelées et sautillements plus tard, ils se retrouvèrent un peu à court d’idée. Alors que Ginny lui fit une remarque sarcastique sur son vol de carotte, Lyall haussa les épaules avec un léger sourire tout aussi moqueur que sa réflexion en disant. « Les provoquer ? Non, je me suis juste dit que je pourrai m’en servir comme snack une fois qu’on sera rentrés. »

Si à première vue, leur plan semblait fonctionner, laissant alors Ginny s’exclamer sur la potentielle fin de leur calvaire, le plaisir ne fut que de courte durée lorsque le bonhomme de neige visé par la sorcière commença à se reformer. Lorsqu’elle compara leur envie d’en découdre aux cognards, le lion ne put s’empêcher de répondre. « Si j’avais une batte, crois-moi que c’est pas la seule chose qu’ils auraient en commun… », Signe manifeste de son agacement face à cette plaie enneigée qu’ils devaient affronter. Il était, après tout, à court d’idée et la perspective de finir en glaçon sur le pan de la salle commune ne l’enchantait pas vraiment. Alors que son amie s’approcha à nouveau de lui, exprimant qu’ils risquaient de ne pas pouvoir se débarrasser d’eux avant la fin de l’hiver, il ne put qu’acquiescer à l’idée, avant de dire. « Je suis presque sûr que je peux me trouver une place pour dormir dans les cuisines sans me faire attraper, mais tout l’hiver, ça risque d’être long… »

La lionne proposa alors un nouveau plan, désorienter leurs adversaires et tenter de voir s’ils étaient narcissiques avec des miroirs. Légèrement suspicieux face à l’idée, Lyall leva un sourcil avant de hausser les épaules et prendre un des miroirs sortis de la part de la capitaine de l’équipe de quidditch. « Ça coute rien d’essayer. » Dit-il en laissant son amie repartir de l’autre côté pour séparer leurs deux adversaires.

« Hey, sans-carotte ! Devine qui va se faire un bol de carotte râpée ce soir ! » Dit-il alors pour provoquer le bonhomme de neige le plus proche de lui, tout en reculant le plus possible. Esquivant un premier sort qui alla se loger non loin d’un tableau, laissant une marque de givre. Pointant alors le miroir face à sa cible, il remarqua alors que ce dernier s’arrêta quelques instants. Un peu de répit, un moment de suspension pendant lequel il ne parla pas. Après tout, ils avaient déjà eu la preuve que crier victoire trop vite était une mauvaise idée. Cependant, semblant voir son propre reflet dans le miroir, le bonhomme de Neige semblait plutôt attendre une opportunité pour recommencer ses assauts.

« Ginny, j’ai l’impression que ton idée fonctionne, mais si on baisse les miroirs, ça sent pas bon pour nous, si ? » Dit-il alors, soulevant le fait qu’ils étaient alors tout autant prisonniers de leur plan que leurs cibles. « Tu sais quoi ? Je viens de penser à un truc… Si on leur faisait faire un tir allié de sort ? Avec un bon timing on s’en sortirait et ce serait juste des glaçons, non ? »

Tenant toujours le miroir devant son visage, il commença à tourner autour du bonhomme qui continuait de le fixer, en rotation sur lui-même tandis que le Gryffondor venait se placer pile entre les deux enneigeurs, l’un des deux étant encore dos à lui. Il espérait alors que Ginny comprenne son plan qui était certes risqué, mais qui pouvait payer. Et au pire, ils avaient toujours les miroirs pour se trouver une pause… S’ils ne finissaient pas en statue de glace avant.

À la mention de ses frères puis du Quidditch, Ginny était partagée en rire et râler. Elle était fatiguée par la magie des saisons et espérait que ça ne viendrait pas gâcher les prochains matchs. Elle était très attachée à son rôle de capitaine et le prenait très au sérieux, alors elle ne voulait pas prendre le risque qu'il y ait des complications. Toutefois, elle n’eût guère le temps de s’en préoccuper davantage car toute son attention était accaparée par les bonhommes de neige qui les attaquaient. À tour de rôle, Ginny et Lyall essayaient de se débarrasser des créatures, mais cela s'avéra bien plus difficile qu'elle ne l’aurait cru. Ils étaient redoutables et intelligents, insensibles à la magie des étudiants qui devaient redoubler d’efforts pour essayer de se débarrasser d’eux. Certaines de leurs idées marchaient bien, d'autres moins, mais même les plus ingénieuses ne leur laissaient que peu de répit. Les bonhommes de neige revenaient inlassablement à la charge, au grand désespoir de la Weasley. La sorcière trouvait néanmoins un certain réconfort dans l'idée de ne pas être seule, car même si Lyall avait tendance à l'énerver et même si leurs échanges se résumaient le plus souvent à des piques envoyées, il la faisait aussi sourire avec sa répartie. « Les cuisines, c'est toujours mieux que le couloir » souffle-t-elle pour seule réponse, songeant sérieusement à l'éventualité d'aller infiltrer le dortoir de Luna pour dormir et ne plus avoir affaire à cette fâcheuse situation. La bataille contre les bonshommes de neige persistait mais semblait interminable. Lyall tentait vaillamment de les contrer, mais chaque tentative se soldait par un retour glacial à la case départ et Ginny commençait à en avoir marre. Alors qu'ils discutaient, une idée germa dans l'esprit de la capitaine. La perspective de passer toute la nuit à combattre ces créatures de glace ne lui plaisait guère, et elle espérait que l’idée des miroirs pourrait leur faire gagner du temps. Lyall provoqua le bonhomme de neige le plus proche de lui et Ginny fit face à sa propre cible, esquivant un sort et pointant le miroir devant elle pour dérouter le sien. Un bref répit s'installa, mais il était clair que leur ruse ne les arrêterait pas longtemps, et Lyall le fit bien remarquer. Ils étaient pris au piège de leur propre stratagème et la sorcière avait beau se creuser les méninges pour trouver une solution, elle n’y parvenait pas. C'est pour ça que lorsque Lyall proposa une idée audacieuse, elle ne broncha pas. « Ok, on compte jusqu’à 3. On a plus qu’à espérer que ça marche. » Ils se positionnèrent de part et d'autre des créatures gelées, Lyall en rotation sur lui-même pendant que Ginny venait se placer entre elles. Son cœur battait la chamade alors que le moment décisif approchait, elle craignait qu’ils échouent. « Un… deux… trois ! » cria-t-elle lorsque les créatures se retrouvèrent face à face. Elle se baissa au dernier moment et plongea le nez sur le sol au moment même où les monstres lâchèrent leur prochaine attaque l’un sur l’autre. Les bonhommes de neige, momentanément désorientés par leur attaque synchronisée, furent touchés en plein cœur. Leurs magies s'emmêlèrent, transformant les adversaires en de petits bonhommes de neige éclatants en forme de glaçon. Un soupir de soulagement s'échappa de Ginny, suivie d'un rire joyeux. « Ça a marché ! On a réussi ! » s'exclama-t-elle, observant les bonshommes de neige inoffensifs désormais, réduits à la taille de petits botrucs. Elle se redressa et épousseta sa robe de sorcier puis baissa le regard vers l’un des petit monstre miniaturisé qu’elle captura dans sa main pour le montrer à Lyall. « Ils sont plutôt mignons quand ils font cette taille. » Elle affiche un sourire triomphant et jeta au garçon un regard complice. « On dirait bien que notre alliance a eu le dessus sur cette magie un peu farceuse » commenta-t-elle en savourant leur victoire et les instants de répits qu’ils avaient réussi à voler. « Qu’est-ce qu’on fait d’eux ? » il y a avait à leurs pieds une vingtaine de petits bonhommes de neige de taille réduite, et elle se demandait s’ils devaient les laisser là.

Lyall voyait bien que ses commentaires sur le quidditch pouvaient agacer sa camarade, aussi s’abstint-il d’en faire plus, se disant qu’il était bien trop maladroit pour ne pas l’énerver plus en essayant de minimiser les problèmes. Aussi répondit-elle que les cuisines restaient un bien meilleur endroit que les couloirs pour dormir s’ils ne venaient pas à bout de leurs adversaires. Avec un sourire narquois, il ne put s’empêcher de lancer un clin d’œil et de dire. « Si tu veux je t’invite. T’auras tout ce qu’il faut à portée pour le petit déj’. Les elfes seront ravis de nous filer des trucs en plus.» Ce qui n’était pas faux, Lyall s’amusait plutôt bien à aller voir ces derniers s’affairer dans les cuisines sans avoir au-dessus d’eux l’épée de damoclès d’un maître abusif. Quand on apprenait à les connaître, ces elfes de maison étaient des êtres sympathiques qui aimaient tout simplement rendre service, mais s’il venait à dire ça à quelqu’un de sa famille, ce serait comme dire qu’il s’était lié d’amitié avec des gnomes des jardins.

Bien que le plan de la lionne fonctionna partiellement, ils finirent par se mettre d’accord sur l’idée de faire en sorte que les sorts des deux bonhommes de neiges ricochent l’un sur l’autre, se mettant alors dos à dos l’un à l’autre entre les deux menaces, Lyall écouta sa compère lui dit qu’ils n’avaient plus qu’à espérer que ça marche en comptant jusqu’à trois.

« Je crois que dans les films moldus, c’est le moment où les protagonistes se confessent en croyant qu’ils vont y passer et une fois que le plan a marché ils prétendent que c’était une blague. Du coup, quelque chose à dire, Capitaine ? » Dit-il pour détendre l’atmosphère et surtout se détendre lui-même. Rien de mieux pour cela que de sortir une ânerie quand le risque de finir en statue de glace était plus que présent. Et lorsque la Weasley commença le décompte en termina par le chiffre fatidique, il se jeta au sol, ayant l’impression que son cœur avait raté un battement au dernier moment, se réceptionnant sur les mains pour éviter de se casser le nez sur une telle chute. Une fois les deux sorts passés au-dessus de lui, ses deux premiers réflexes furent de vérifier si sa compère allait bien puis de regarder l’état de leurs adversaires. Si Ginny semblait avoir réussi à esquiver les sorts, les bonhommes de neige eux semblaient stupéfaits avant de tout simplement éclater en de nombreux minuscules bonhommes de neige inoffensifs. L’exclamation de la Gryffondor mis fin au suspense quand elle dit qu’ils avaient réussi. Les deux élèves se mirent alors à rire de soulagement. Lyall était malgré tout rassuré d’en avoir terminé avec cette histoire et de pouvoir rentrer dans son dortoir pour se calmer devant un bon chocolat chaud et la cheminée. Après tout, ils avaient mérité ce moment pour souffler, non ?

Quand la jeune femme aux cheveux roux lui dit que leurs adversaires semblaient plutôt mignons dans l’état où ils se trouvaient, il ne put s’empêcher de sourire tout en les regardant presque avec une certaine pitié lisible dans les yeux. « Ouais, dure de se dire qu’il y a quelques minutes ils étaient prêts à nous transformer en glaçons pour Whisky pur feu. » Alors qu’elle lui fit un sourire complice en parlant de leur alliance qui avait bien fonctionné, le jeune homme lui rendit le même sourire tout en jouant les faux orgueilleux. « Tu en doutais encore ? On est invincibles ! » Lâcha-t-il avec un air malicieux démontrant bien qu’il disait cela sous le signe de l’humour, même si une part de lui pensait concrètement qu’ils bossaient très bien ensembles, probablement grâce à leurs entraînements au quidditch d’ailleurs.

La jeune rouge et or lui demanda alors ce qu’ils pouvaient bien faire de leurs anciens adversaires, ce qui laissa Lyall quelque peu interrogateur sur la marche à suivre. « Tu me demandes ça, à moi ? Je te dirai bien que j’ai envie de les mettre dans une boîte et de les cacher dans le bureau de Rogue pour lui faire une surprise mais je suis pas sûr que l’idée te branche. » Dit-il en haussant les épaules, ne rigolant qu’à moitié. Si piéger le professeur de potion était une idée qui l’amusait, la perspective d’une punition par ce dernier était bien moins réjouissante, surtout qu’il n’irait pas de main morte avec des Gryffondors comme eux.

« En tout cas on devrait faire ça plus souvent ! Enfin, pas affronter des bonhommes de neige mais s’amuser… » Comme à une époque plus lointaine qui semblait peu à peu avoir disparu et avoir laissé place à des discussions plus formelles, de légers piques et des rires plus classiques. Ce n’était pas comme s’ils n’étaient pas amis lorsqu’ils étaient plus jeunes pourtant, ni comme s’ils ne partageaient pas une passion commune pour le quidditch et les méfaits à faire à l’école. Lyall ne pouvait s’empêcher de se dire qu’elle avait dû avoir vent des exactions de certains membres de sa famille, qu’elle pouvait croire qu’il était comme eux, qu’il deviendrait probablement un de ces pro sang-pur qu’il détestait tant, une idée qui l’effrayait et lui tordait le ventre, le poussant à jouer la carte de l’humour, de la vanne pour éviter de faire face à son épouvantard dans le regard d’une de ses rares amies.

« Et au fait, pour les matchs de quidditch, ne t’en fais pas. J’irai voir McGonnagall alors ne stress pas là-dessus. Tu peux bien me laisser faire ça, t’auras plus qu’à te concentrer sur les prochains entraînements de l’équipe. » Dit-il alors avec un léger sourire amical, essayant quand même de réparer certaines gaffes qu’il aurait pu faire en voulant jouer au plus malin.

Ginny désespérait d’aller se coucher et même les tentatives de plaisanterie de Lyall ne l’aidaient pas vraiment à garder la face. Elle commençait à s’agacer et à sérieusement envisager l’éventualité de dormir ailleurs que dans son dortoir, et si elle ne put s’empêcher de sourire un peu à la proposition de Lyall, elle resta désespérément stoïque en espérant se débarrasser de leurs bourreaux. La Weasley ressentait aussi une pointe d’appréhension alors qu’elle se retrouvait face à eux et qu’ils échafaudaient leur plan d’attaque. C’était une situation aussi inhabituelle qu’inédite, mais elle devait rester calme et concentrée pour trouver une solution et garder la maîtrise de sa magie pour attaquer au moment le plus opportun. Alors qu’ils mettaient en place leur plan en s’installant dos à dos, Ginny écoutait attentivement les remarques de Lyall, appréciant silencieusement sa touche d’humour et elle se fit d’ailleurs la réflexion que son père aussi apprécierait la référence aux films moldus. Malgré la situation tendue, elle lui lança un regard complice par-dessus son épaule. « Je te ferai bien une grande déclaration mielleuse mais je préfère éviter les confessions dramatiques pour l’instant. » répondit-elle tout sourire en essayant d’occulter sa nervosité. Le moment fatidique approchait, et ils risquaient à tout moment de se transformer en statue de glace ce qui n’aidait pas à calmer cette étincelle de peur qui flambait au creux de son estomac. La Weasley n’en était pourtant pas moins courageuse, aussi entama-t-elle le décompte en arrêtant d’hésiter. Lorsque le moment crucial arriva, Ginny se lança dans l’action avec détermination, se jetant au sol au moment précis où Lyall le faisait aussi. Elle ressentit un immense soulagement lorsque les sorts des bonhommes de neiges ricochèrent et se heurtèrent l’un à l’autre, mettant fin à leur menace une bonne fois pour toute. Elle se releva en riant, sentant le poids de l’angoisse se dissiper de ses épaules et se rapprocha de Lyall pour partager ce moment de soulagement et de victoire tout en observant les bonhommes de neige miniature. Maintenant qu’ils ne représentaient plus de danger pour eux, Ginny les trouvait presque adorable et si elle n’était pas si fatiguée par toute cette lutte, elle aurait proposé de jouer avec eux. Leur alliance avait bien fonctionné, elle ne pouvait pas le nier et Lyall le confirma lui aussi, faisant naître le sourire de Ginny qui s’amusa de son air malicieux. « On a survécu au moins. » souffla-t-elle d’un ton las, mais aussi un peu amusé. Elle se demanda ce qu’ils devaient faire des mini bonhommes de neige, la meilleure option étant sûrement de les laisser là où ils étaient, mais son camarade ne semblait pas de cet avis et il tira à Ginny un éclat de rire. « Je pourrais te surprendre, j’aimerais bien voir la tête de Snape en découvrant des bonhommes de neige dans son bureau. » elle pourrait peut-être emprunter la cape d’invisibilité d’Harry s’il le lui permettait. « Je l’aurais fait, si j’étais pas si épuisée. Je pense que si je descends les escaliers, je n’arriverais plus jamais à les remonter. » la lutte contre les créatures de neige l’avait vidée de toutes ses forces, et elle n’imaginait pas descendre puis remonter les sept étages et leur centaine de marches. Lyall sembla abdiquer et respecter son souhait, mais surrenchérit en suggérant qu’ils devraient faire ça plus souvent. Cette réflexion entraîna Ginny plusieurs années en arrière, quand ils étaient encore amis et jouaient l’un avec l’autre comme des enfants, une époque lointaine qu’elle avait un peu oublié avec le temps. « Oui, peut-être qu’on devrait, ça pourrait être cool. » offrit-elle pour seule réponse dans un sourire un peu distant, mais sincère. Elle sentait l’épuisement la rattraper lorsque Lyall évoqua la Quidditch et la réveilla un peu. Elle esquisse un sourire et hocha la tête. « C’est gentil de t’en occuper, merci beaucoup. Tu me diras exactement ce qu’elle te dit, hein ? J’espère qu’elle pourra prendre des mesures pour éviter des dégâts pendant le prochain match, les recruteurs vont commencer à venir, je veux pas qu’on loupe ça. » elle avait toujours eu pour rêve de rejoindre une équipe professionnelle, les Harpies dans l’idéal, alors elle ne voulait rien laisser au hasard. Elle expira un soupir, et poussa enfin la porte de la salle commune, précédant Lyall au moment de retrouver la chaleur de la pièce réservée aux Gryffondor. « Enfin ! » soupira-t-elle en s’approchant du feu pour réchauffer ses mains. Lorsqu’elle se releva pour faire face à son ancien ami, son regard glissa jusqu’à la porte du dortoir des filles. « Je te proposerais bien de boire un chocolat, mais j’ai vraiment envie de m’écrouler dans mon lit, alors… » elle s’interrompit, glissa une main dans ses cheveux rebels puis la tendit à Lyall pour la serrer. « Une autre fois peut-être, bientôt ? » une petite part d’elle espérait partager d’autres moments comme celui-ci avec lui à l’avenir, mais pour l’instant, elle voulait juste aller se reposer. « Bonne nuit Lyall, merci encore pour ton aide. » elle lui offrit un sourire chaleureux et un signe de la main avant de se diriger vers sa chambre tout en passant par celle d'Hermione et elle se fit la réflexion que la soirée n’avait pas été si désagréable avec Lyall à ses côtés.

sujet terminé.