Le fuck off au bout des lèvres qu'il avait tout de même eu la décence de ne pas prononcer, Noah n'avait pas attendu son tour d'entrer dans la salle de classe pour dévier de son emploi du temps et décider, au dernier moment, de sécher le cours de sécurité magique. Il entendit vaguement ses meilleurs amis demander où il allait et même ce qu'il avait aujourd'hui - et depuis quelques jours - mais le bouclé les ignora, eux et le reste du monde, pour aller s'isoler, encore. Il ne faisait que ça depuis que Wheeler l'avait interpellé la semaine précédente afin de lui parler et c'était la principale raison le poussant à ne pas faire acte de présence dans son cours. Parce qu'il sentait les regards persistants de la blonde entre Connor et lui, qu'elle se demandait sans doute chaque fois si Noah avait tout raconté à son meilleur ami et qu'il ne supportait pas cette pression sur lui, ni le poids du secret qu'il avait appris et qui le bouffait de l'intérieur depuis. Une part de lui ne souhaitait pas imposer cette vérité à son frère de tout sauf de sang parce qu'il savait que ça les détruirait, qu'il était effrayé à l'idée que celui-ci le déteste autant qu'il ne se détestait lui-même ces derniers temps et l'autre lui criait qu'il le fallait, que le Grimshaw avait le droit de savoir, le mensonge n'ayant pas sa place dans une telle histoire. Alors il ne savait pas comment se comporter depuis parce que s'il gardait le silence pour l'instant, Noah se connaissait suffisamment pour savoir que ça ne durerait pas, qu'il ne pourrait pas se taire à jamais, lui qui était incapable de cacher ses émotions, incapable de ne pas être totalement transparent avec les autres, avec ses proches. Les stages en entreprise lui avaient permis de maintenir une certaine distance avec ses meilleurs amis malgré la salle commune partagé, Levi aussi inconsciemment puisqu'ils profitaient bien souvent des heures de liberté ensemble avec Connor, mais s'il pouvait donc facilement éviter ses poufsouffles préférés, il ne pouvait pas repousser Ophelia, encore, sans risquer de tout gâcher entre eux. Et il ne savait pas ce qu'il se passait réellement entre eux justement cependant il aimait ça, Noah, il aimait chaque instant volé passé avec elle et il avait promis de ne plus être un idiot avec elle - même si c'était là sa spécialité. Ils s'étaient donc retrouvés plusieurs fois cette semaine, parfois seulement pour quelques minutes à l'abri des regards, mais il avait été différent de d'habitude, il se sentait différent de d'habitude et se doutait qu'elle avait remarqué même si elle n'avait rien dit. Il avait réalisé avant même que le cours ne commence que celui-ci serait beaucoup trop à supporter parce qu'il y aurait Rachael, Connor, Maisie, Ophelia dans la même pièce et il n'était pas prêt à recevoir tous leurs regards sur lui en même temps sans complètement craquer. L'école buissonnière pour seule solution, il passa les deux heures de cours à la bibliothèque - preuve ultime que ça allait mal pour lui - et retourna dans les sous-sols pour le terrier des blaireaux. Pourtant il n'atteignit pas son but, tiré par la main dans une salle de classe vide et un léger sourire étirant ses lèvres en se retrouvant face à la Burgess. « Hi, princess » Même au plus bas, elle avait ce pouvoir sur lui, celui d'égayer son coeur et le faire battre plus vite. Il serra un peu les doigts qui le tenaient toujours avant de les relâcher doucement. « Tu sais que j'adore quand tu me kidnappes de cette façon » Quand ce n'était pas lui qui l'attirait à elle dans les coins les plus sombres de Poudlard... « Mais je ne peux pas rester cette fois » continua t'il en baissant la tête, refusant de lui mentir droit dans les yeux. « J'ai... des devoirs à rattraper » Et c'était l'excuse la plus bidon qui existe dans sa bouche, lui qui ne s'en souciait généralement pas mais dans l'absolu, il n'avait pas trouvé mieux.  

La plume parcoure avec aisance le parchemin, détails ajoutés par la sorcière sur la tenue qui se dessinait peu à peu sous ses yeux. Elle réfléchissait à tout ce qu’elle voyait et aussi tout ce qu’il manquait pour que la robe ne sorte du lot avant de la présenter à Olivia quand elle retournera travailler à ses côtés deux jours plus tard. Si au début, le rythme avait été compliqué à prendre – comme les autres étudiants, elle n’était pas habituée à jongler entre les cours, le stage et sa vie sociale-, elle avait l’impression d’enfin avoir trouvé une certaine forme d’équilibre. Arrivée en avance au cours de sécurité magique, la sorcière avait profité de ces quelques minutes supplémentaires pour travailler sur ce dessin qu’il lui fallait terminer. Autour d’elle, tout s’agite peu à peu alors que les élèves prennent place et ce n’est que lorsque Miss Wheeler pénètre dans la classe que la vipère ne daigne ranger ses parchemins sur le côte et relever la tête vers elle. Machinalement, elle parcoure la salle du regard, celui ci qui s’arrête sur la chaise vide qu’occupe normalement Noah. Elle fronce les sourcils, perplexe, tandis qu’elle se demande ce qui a pu le pousser à ne pas venir alors même que ses amis étaient présents. Si elle trouvait son attitude étrange ces derniers temps, elle n’avait pourtant rien dit, lui laissant l’occasion de lui parler de lui-même s’il en avait envie. Elle se promet toutefois de le chercher, au moins pour s’assurer qu’il allait bien, avant que son attention ne soit reportée sur le cours. Comme bien souvent, tout passe beaucoup trop vite alors qu’il s’agissait probablement d’une de ses matières préférées. Elle avait l’impression que ce qu’elle y apprenait était réellement utile, et le fait qu’elle appréciait autant l’enseignante y était sans doute pour beaucoup. Quand il se termine, pourtant, elle s’empresse de réunir ses affaires et de les caler sous son bras pour quitter la salle rapidement. La sorcière repasse par son dortoir pour déposer ses affaires, profitant du temps libre qu’ils avaient avant l’heure du repas pour tenter de trouver Noah. Elle réajuste le foulard qui lui servait à maintenir son chignon avant de repartir vers les couloirs et, par chance, son regard tombe rapidement sur la silhouette qu’elle reconnaît aisément. Sans dire un mot, Ophelia vérifie que personne ne les observe alors qu’elle arrive à sa hauteur, glisse sa main dans la sienne pour l’attirer dans la salle de classe vide la plus proche. Le « hi » qui la quitte avec un léger sourire qui fait écho au sien, les battements de son coeur qui s’accélèrent soudainement comme souvent quand ils sont ensemble mais elle comprend vite que les choses n’iraient pas comme elle le voulait. Elle le comprend quand ses doigts relâchent les siens et il n’a pas besoin de finir sa phrase pour savoir qu’une objection viendra, qu’il trouvera probablement une excuse pour s’échapper. Et ça ne loupe pas alors qu’il baisse le regard et lui offre un prétexte qu’elle ne croit pas une seconde. « Tes devoirs, vraiment ? » Il n’était pas le plus assidu des élèves alors elle peinait à croire qu’il veuille s’échapper pour travailler. Sourcil arqué, elle oscille entre l’agacement et l’inquiétude, l’agacement de devoir insister pour avoir un peu de son attention pour qu’au final il ne lui échappe, l’inquiétude car ça ne lui ressemblait pas vraiment et qu’il devait forcément y avoir quelque chose. Du moins, c’était ce qu’elle espérait parce qu’autrement, ce serait pire alors. Si tout allait bien pour lui, alors ça voulait dire que c’était elle, le problème, et elle refusait de s’attarder sur cette éventualité pour l’instant. « Tu n’as pas eu le temps de faire tes devoirs pendant les deux heures de cours de sécurité magique que tu as séché, peut-être ? » Il n’avait pas l’air malade alors la sang-pur en était venue à la conclusion qu’il avait délibérément loupé le cours. Elle cherche son regard sans grand succès alors dans un soupir, elle attrape sa main à nouveau. « Quelque chose ne va pas. » Ce n’était qu’un constat mais ça lui semblait évident. « Tu n’es pas comme d’habitude. Tu passes ton temps à être ailleurs, que ce soit quand tu es avec tes amis ou avec moi. » Elle l’avait aperçu parfois, alors qu’il était avec ses proches et avait eu cette impression que son regard et son esprit étaient ailleurs. Ses doigts serrent les siens alors qu’elle relève une main vers sa joue pour l’inciter à regarder vers elle. « I’m here. You can talk to me. » murmure-t-elle, lui offrant sa présence, la possibilité pour lui de se décharger de ce qui le troublait tant.

Il pouvait essayer de prétendre tout et n'importe quoi, Noah, mais ses émotions ne trompaient pas et son coeur non plus, maintenant qu'il se trouvait dans la même pièce qu'Ophelia. Elle avait un pouvoir indéniable sur lui et ne s'en rendait sans doute même pas compte alors que dans sa poitrine, les battements s'accélérèrent vivement. Il lui était difficile de lui mentir quand elle le regardait avec tant de douceur et d'attention, elle, la vipère qui préférait montrer au monde que rien ne l'atteignait. Et il admirait cette force de caractère, le poufsouffle, l'admirait elle tout entière et craquer aussi indéniablement chaque jour un peu plus. Elle était devenue plus que la sorcière qui le rembarrait pour ses tentatives de flirt - et il était même fier de dire que ça avait fonctionné sur elle, d'apparence insensible à son charme. Seulement en devenant plus, un attachement certain s'était aussi installé et c'était la raison pour laquelle il ne pouvait pas la fuir aujourd'hui. Si une partie de lui avait envie d'être seul et de remuer encore et encore tout ce qu'il avait appris récemment sur ses parents biologiques, l'autre partie souhaitait accepter son réconfort parce qu'il en avait besoin et ce, plus qu'il ne le croyait. Un duel donc entre ses deux pensées contraires auxquelles d'autres s'ajoutaient et qu'il ne désirait pourtant pas reconnaître. Il se perdit dans le regard d'Ophelia dès les premières secondes dans cette salle de classe et ce fut ce qui le poussa à éviter ses iris pour lui servir son excuse la plus idiote. Il aurait pu rire à tant de sarcasme, le début d'un sourire étira même ses lèvres et il faillit tout oublier, Noah, tout mettre de côté pour n'être qu'avec elle. Mais c'était impossible parce que ce secret auquel il ne voulait pas croire remettait tout en question, et surtout lui-même, chose qu'il ne pouvait ignorer. « J'avais des trucs plus importants à faire » Une réponse vague et banale qui ne voulait rien dire, lui qui avait juste passé les deux heures à se tortiller le cerveau dans tous les sens. S'il pouvait fuir les prunelles tant aimées de la jeune femme, il la laissa attraper sa main et pendant un instant, la chaleur de ses doigts réussit à l'apaiser un peu. « Est-ce que ça veut dire que tu prends le temps de m'observer ? » demanda t'il en haussant un sourcil, essayant de lui accorder l'attention qu'elle méritait, d'être celui qu'elle avait l'habitude de voir et de côtoyer. « J'savais que t'étais accro... » ajouta t'il en approchant dangereusement de son oreille, déposant au passage un baiser sur sa joue. Peut-être était-il capable de laisser ses problèmes de côté finalement et de ne plus y penser, de laisser Ophelia panser ses blessures récentes par sa seule présence. Elle lui proposait de parler et il aurait aimé tout lui dire, le Anderson, se décharger totalement mais en avait-il vraiment le droit ? Ne devait-il pas d'abord en parler avec Connor, le deuxième concerné ? Et aussi, est-ce que la Burgess ne le regarderait-elle pas différemment si elle savait tout ? Lui-même ne parvenait plus à se regarder dans le miroir sans culpabiliser alors comment le pourrait-elle, elle ? Comment Connor le pourrait-il ? Il sentit son rythme cardiaque accélérer encore seulement cette fois, c'était la panique qui l'emportait. La terreur. Sa main sur sa joue fut de trop parce qu'il ne pensait pas la mériter et il se recula, réalisa son geste et revint quand même vers elle. « J'suis désolé, j'peux pas t'en parler » Et ça ressemblait beaucoup à l'une de leurs dernières disputes, autant dire que ça ne lui plaisait pas. « J'veux pas que tu crois que c'est ta faute, c'est moi. C'est toujours moi. Toi t'es parfaite et... j'ai pas envie de te repousser encore parce que - » Parce que c'était elle. Il soupira, passant une main dans ses cheveux qu'il tira pourtant, de frustration. « You know I like you. I like you a lot » Il l'avouait parce que malgré avoir dit ne pas pouvoir lui en parler, sa langue semblait se délier quand même un peu. « Mais je suis incapable de gérer ce qui m'arrive, Ophelia, et ça se répercute forcément sur toi, sur nous, enfin j'dis pas qu'il y a un nous mais tu vois » Ou peut-être qu'elle ne voyait pas parce que Noah était trop évasif, lui-même confus. Dans un soupir, ce fut lui qui posa une main sur sa joue et rapidement ses lèvres rejoignirent les siennes pour un baiser chaud et impatient. « On pourrait juste... en profiter un peu » Il retardait volontairement une discussion qu'il ne voulait pas avoir avec elle, ni avec personne, sachant cependant très bien qu'elle ne le laisserait pas faire. C'était Ophelia après tout, il ne pouvait pas la berner.

La réponse est vague, trop pour que ça ne cache pas quelque chose. Plus les secondes s’égrenaient, plus Ophelia était persuadée que Noah était perturbé par quelque chose de grave, d’assez en tout cas pour le changer totalement. Elle voit bien qu’il essaie, pourtant, qu’il tente de plaisanter comme il a l’habitude de le faire mais son sourire est différent, n’est pas aussi réel que celui qu’il lui offre d’ordinaire. Elle aimerait y croire, pourtant, profite du souffle chaud contre son oreille, de son baiser sur sa joue. « Ou alors, tu es tellement pénible que ton absence se remarque facilement. » offre-t-elle pour toute réponse, ne perdant jamais une occasion pour le chercher en retour. Malgré ce qu’ils avaient partagé récemment, rien n’avait réellement changé, ce besoin de taquiner l’autre qui continuait à persister entre eux et qui continuait à plaire à la vipère. Ophelia qui tente pourtant de se rapprocher, de l’encourager à se confier à elle. Elle sait qu’il ne peut rien y avoir entre eux, du moins pas officiellement et c’était pour cette raison qu’elle passait son temps à se dire que ce n’était pas sérieux, eux deux, que ce n’était qu’un flirt qui n’amènerait jamais à rien de plus alors même que c’était faux. Elle le ressentait à la façon qu’elle avait de s’accrocher à lui lors de leurs ébats, à cette spontanéité avec laquelle elle le cherchait du regard quand elle pénétrait dans une salle du château, aux battements affolés de son cœur dès lors qu’il s’approchait d’elle. Il était tellement plus qu’un simple flirt et c’est pour ça qu’elle s’inquiète pour lui, qu’elle veut l’aider comme elle le peut. Quand elle pose sa main sur sa joue, Noah s’écarte brusquement et elle reste interdite, Ophelia, laisse retombe son bras le long de son corps alors que son cœur se serre. Son contact le révulsait donc à ce point ? Elle ne comprend pas, l’américaine, car il n’avait jamais agi ainsi jusqu’à présent, ses sourcils qui se froncent alors que le blaireau se rapproche, ce qui ne fait que la perturber un peu plus. Son regard s’accroche au sien tandis qu’il tente de s’expliquer, du moins, à sa façon, alors que la sorcière cherche à savoir s’il mentait ou s’il était sincère, véritablement perdue dans ce qu’elle devait penser et ressentir à ce moment. L’aveu qui lui arrache un sourire malgré tout parce qu’ils n’avaient pas pour habitude de parler vraiment de ce qu’ils pouvaient bien ressentir ou être, que ça la rassurait un peu quelque part. En revanche, le voir s’agiter ainsi ne fait que pousser Ophelia à s’inquiéter encore pour lui, persuadé que ce qu’il cachait devait peser lourd. Le nous qui lui échappe et qui surprend la sorcière quand bien même il se rattrape, parce qu’ils ne s’étaient jamais considérés comme un nous jusqu’à présent – ils n’étaient que Noah et Ophelia, que deux sorciers qui semblaient aimer être en la compagnie de l’autre et ça suffisait à la sang-pur qui craignait ce qu’il se passerait, si elle venait à trop s’interroger sur leur relation. Elle n’a pas vraiment le temps de réagir que cette fois, c’est l’étudiant qui pose une main sur sa joue et vient l’embrasser dans un baiser qui lui fait perdre pied, autant que cette faculté qu’il avait de souffler le chaud et le froid ce jour là. Demande formulée qui se cogne contre ses lèvres et elle faiblit un peu, retrouve ses lèvres pour un nouveau baiser passionné parce qu’elle en a envie et qu’elle peine à résister à la lueur qui brille dans les iris du sorcier. Pourtant, le baiser ne dure pas, Ophelia qui n’y arrive pas alors qu’elle ne fait que penser à son comportement, à cette façon qu’il avait de s’éloigner et de se rapprocher à nouveau, à la détresse qu’elle avait réussi à percevoir dans ses gestes. « Noah... » Son prénom murmuré dans un souffle alors qu’elle recule d’un pas. « J’aime beaucoup t’embrasser mais je ne suis pas sûre que ce soit ce dont tu as vraiment besoin maintenant. » Et peut-être qu’il lui en voudra, de tenter de parler de ce qu’il avait besoin alors qu’elle ne savait pas ce qu’il traversait, toutefois elle savait que de simples baisers n’allaient pas l’aider à tout faire disparaître. « J’ignore ce que tu traverses mais étant donné ta façon d’agir j’imagine que c’est assez grave.. Et que tu n’en as pas parlé à tes amis, pas vrai ? » C’était en tout cas la conclusion qui lui était venue, Ophelia qui a l’habitude d’observer ceux qui l’entourent et qui avait bien vu qu’il était différent avec eux aussi. « I like you too. That’s why I won’t let you do this. » Il méritait mieux, méritait qu’elle ne laisse pas l’égoïsme l’emporter en suivant ses désirs en profitant avec lui simplement, et elle aussi, méritait mieux que de le divertir à coups de baisers. Elle reste proche de lui, assez proche pour qu’elle vienne doucement poser une main sur son torse pour jouer nerveusement avec les boutons de sa chemise. « Tu as toujours voulu m’aider quand rien n’allait alors laisse moi être là pour toi. » Ou en tout cas, essayer – il méritait bien qu’elle tente d’être présente pour lui quand il l’avait si souvent été pour elle.

« Je prends ça pour un compliment » répondit-il avec un clin d'oeil à la sang-pur. Il y avait la joie de retrouver Ophelia, de pouvoir profiter d'un instant hors du temps avec elle, de pouvoir sentir son corps contre le sien et leurs lèvres se faire et se défaire comme ils aimaient tant s'en amuser à chaque fois que l'un d'eux attirait l'autre dans un coin ou une salle de classe vide comme maintenant ; pourtant Noah n'avait pas totalement le coeur à ce genre d'activité aujourd'hui, et la vipère l'avait bien compris. Alors il se sentait con de réagir comme ça, con de ne pas savoir gérer ses émotions cette dernière semaine au point de laisser une distance entre lui et les autres, entre lui et ses meilleurs amis vers qui il se tournait habituellement pour avoir du réconfort - et ce, même s'il s'agissait de les entendre se chamailler ou parier sur leur prochaine bêtise. Il ne pouvait pas se confier à Maisie parce que ce serait alors la mettre dans une situation délicate et il ne voulait pas, il ne pouvait pas non plus se confier à Connor, pas tout de suite en tout cas, quand lui-même n'arrivait pas à composer avec ce qu'il avait appris. C'était trop dur pour ce grand gamin qui prétendait n'avoir peur de rien que d'imaginer le regard de son frère sur lui lorsqu'il saurait que tout était la faute de ses parents, et indirectement sa faute à lui. Il avait tout autant de mal à se dire que les informations étaient vraies, qu'une vingtaine d'années auparavant, sa famille était partisane d'un mage noir décidé à éliminer une partie de la population sorcière. Des pensées parasites qui ne cessaient de l'attaquer et dont il n'arrivait pas à se séparer alors peut-être que la solution se trouvait là devant lui, en Ophelia et tout ce qu'elle lui faisait ressentir. Ce fut la raison qui le poussa à revenir vers elle pour l'embrasser, la laisser le transporter ailleurs, dans un monde où plus rien d'autre n'existait qu'elle et lui. Il aurait adoré que ce soit le cas, oublier tout sinon la chaleur de ses baisers mais c'était impossible et la Burgess le lui fit comprendre en se détachant de lui, douceur dans la voix qui le faisait secrètement - ou non - craquer. « Et si c'est exactement ce dont j'ai besoin au contraire ? » lâcha t'il en secouant la tête, réalisant que ce ne serait pas leur rendre service, à tous les deux. Il pouvait continuer à jouer les idiots, Noah, prétendre qu'il ne savait pas de quoi elle parlait mais s'il était fort à ce jeu, quelque chose cette fois l'empêcha de nier et il soupira, le froid s'emparant de son corps lorsque les leurs ne se touchaient plus. Il passa une main dans ses cheveux, son silence pour seule réponse à sa prochaine question, à cette supposition vraie, autant pour la gravité de la situation que pour ses amis. Et il sentit une barrière s'effondrer en entendant ses mots, son affection réciproque avouée que son coeur reçut sans avertissement, celui-ci ratant un battement ou deux dans sa poitrine. Un sourire en coin se dessina même sur son visage, un « I knew it » pas tout à fait vrai franchissant ses lèvres, mais elle reprit et il la trouva merveilleuse à cet instant, vraiment, à se demander pourquoi il ne se livrait pas totalement à elle. Il fronça les sourcils, perdu, confus, son regard tombant sur les mains d'Ophelia sur sa chemise et ce contact ou peut-être le ton utilisé, lui donna le courage de reprendre la parole. « J'peux pas en parler à Connor parce que c'est lui le principal concerné » Et ça le peinait tellement, tellement, d'y songer même un peu. « Et ça implique mes parents aussi. Les vrais, j'veux dire, pas les Brooks » Pouvait-il lui en dire plus cependant ? Il n'en savait rien Noah. « On m'a toujours dit qu'ils étaient morts pendant la guerre sorcière, qu'ils étaient sûrement des héros et je n'ai pas douté une seconde du fait qu'ils étaient des gens biens » Peut-être parce qu'il se considérait comme ça lui aussi. Mais les Anderson - est-ce que c'était leur nom ? - n'étaient pas de ce côté là de la guerre et à la lueur dans ses iris, elle devait l'avoir compris ; et ce, même s'il n'était pas prêt à lui avouer l'autre secret, celui qui le perturbait plus encore, qui lui faisait honte et le ronger, modifiant sa propre image de lui. « On s'est souvent imaginés, avec Connor, qu'ils étaient amis et s'étaient battus côte à côte un peu comme des frères d'armes comme nous on peut l'être pour les conneries et tout le reste » Son sourire n'atteignit pas ses lèvres pourtant et plongé dans ses souvenirs, il mit un peu de temps à se reconnecter à la réalité. Lorsqu'il le fit, ce fut pour croiser le regard de la brune et se reprendre, vérité le frappant en la voyant là, en pensant à sa famille à elle et - malheureusement - ses mots dépassèrent sa pensée. « Je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça, tu peux pas vraiment comprendre. Les tiens devaient être comme eux de toute façon » Des mangemorts ou en tout cas, des partisans de Voldemort. Et il était stupide d'avoir cette remarque dans la bouche quand il n'avait jamais pensé à ça à propos d'elle mais Noah était encore bouleversé et visiblement très con aussi.

« Peut-être que ça te soulagera pendant quelques minutes mais ça ne t’aidera pas vraiment, Noah. » En tout cas, c’était l’impression qu’elle avait, celle que les problèmes qu’il rencontrait étaient assez graves pour le perturber réellement et que donc, une simple distraction ne réglerait rien. Elle aussi, aurait aimé ça Ophelia, car elle appréciait de plus en plus les moments passés avec le sorcier, qu’elle appréciait pouvoir être libre d’être elle quand ils étaient ensemble. C’est peut-être pour ça qu’elle parvient à lui avouer l’apprécier, ce qui pouvait paraître évident étant donné qu’elle cherchait souvent sa compagnie, ces derniers-temps. Elle n’avait encore jamais verbalisé son attachement car ce n’était pas vraiment dans sa nature, du moins, pas avec n’importe qui. C’était une faiblesse, que de se montrer aussi vulnérable, c’était lui donner l’occasion de se servir de son affection contre elle s’il le souhaitait, du moins c’était sa façon de raisonner car c’était ainsi que ça fonctionnait, au sein de l’élite. Sa mère n’avait eu de cesse de lui répéter que les sentiments n’avaient pas leur place dans leur vie, qu’elle devait éviter toute forme d’attachement et elle-même s’était convaincue qu’il valait mieux éviter, surtout avec des sorciers comme Noah – le genre qui séduit trop aisément, qui pourrait probablement abîmer le palpitant qu’elle s’efforçait de protéger sous une épaisse armure. Il a pourtant réussi à se frayer un chemin, sorcière qui s’était sentie céder au fil des mois. Si Ophelia s’évertue à prétendre qu’il n’y avait aucun attachement réel entre eux, elle devait pourtant admettre qu’elle savait, au fond, qu’elle ne se comporterait pas avec lui comme elle le faisait s’il n’y avait rien. Tant d’éléments qui la poussent à se confier, à avouer son affection, aveu accueilli par un sourire chez le sorcier et ça paraît valoir le coup, alors, si ça suffit à lui rendre le sourire même pour quelques secondes seulement. L’américaine lève les yeux au ciel, pourtant, sourire amusé qui étire le coin de ses lèvres et trahit ses pensées véritables. Quand Noah se met à se confier, Ophelia reste silencieuse, attentive à lui, à ses mots, à son regard aussi. Le sujet le peine et elle n’aime pas le voir ainsi, habitué à le voir plus léger, plus heureux. Il évoque alors ses parents biologiques et elle ne peut que comprendre à quel point ce sujet doit être délicat pour lui. Elle le laisse poursuivre, lui offre un léger sourire pour l’encourager dans ce sens. Plus les mots défilent, plus elle craint ce qu’il veut lui révéler et quand il termine, la lueur qu’elle voit dans ses iris suffit à ce qu’elle comprenne. Ses parents avaient été du mauvais côté pendant la guerre, son corps qui se tend alors, non pas par jugement, mais plutôt parce qu’elle peine à imaginer le chagrin qu’il doit éprouver alors. Un « Noah » qu’elle souffle du bout des lèvres alors que ses doigts se resserrent sur sa chemise, comme pour s’assurer qu’il resterait là, qu’il ne lui échappera pas dans une tentative de fuite pour ne pas à aller plus loin. Son cœur semble s’étreindre dans un étau tant elle a mal pour lui et ce qu’il traverse, compassion réelle ressentie. Elle ne sait même pas ce qu’elle pourrait lui dire pour arranger les choses, n’est pas convaincue que quoi que ce soit puisse véritablement l’aider mais elle est prête à essayer, Ophelia. Quand les parents de Connor sont évoqués, elle fronce les sourcils, Noah qui ne va pas tout à fait au bout de sa pensée et la laisse formuler les pires hypothèses possibles – et si ses parents et ceux de son meilleur ami s’étaient affrontés pendant la guerre ? Elle n’ose imaginer ce qu’il ressentirait alors, la peine couplée à la culpabilité, le poids d’avoir appris de tels fait sur sa propre famille. Elle aurait aimé tout lui prendre, la sang-pur, l’aider à retirer ce poids qui lui pèse sur les épaules, trouver les mots pour lui apporter assez de réconfort.

Seulement il y a la voix du sang-mêlé qui lui parvient, mots qu’elle n’assimile pas tout à fait ou, plutôt, qu’elle n’a pas envie de comprendre. Elle se fige l’espace de quelques secondes – venait-il vraiment d’insinuer que ses parents avaient nécessairement été des mangemorts ? Elle accuse le coup pendant ce qui lui semble être une éternité alors que l’instant ne dure que quelques secondes à peine. Comment pouvait-il lui balancer aussi nonchalamment une telle accusation ? Etait-ce là l’opinion qu’il avait de tous les sang-purs ? D’elle, aussi ? Tout se mélange, Ophelia qui finit par laisser la déception l’envahir, celle de réaliser qu’il la jugeait finalement aussi rapidement que les autres, que malgré ce qu’ils avaient partagé, il semblait convaincu que ses parents étaient des partisans de Voldemort et, par extension, qu’elle pourrait en être une, si elle avait eu à se confronter à la même situation. Elle laisse ses mains relâcher sa chemise et redescendre le long de son corps et fait un pas en arrière. « Je suis désolée que tu aies eu à apprendre tout ça, je n’imagine même pas ce que tu dois traverser actuellement. » Elle était sincère, malgré le reste, malgré cette phrase qu’elle peinait encore à digérer. « Mais tu réalises seulement ce que tu viens de me dire ? » Elle secoue la tête légèrement alors que peu à peu, la déception laisse place à l’agacement et à la colère, émotions qu’elle tente de contenir avec difficulté. « Mes parents ne sont pas des mangemorts. » affirme-t-elle sans ciller. Si elle ne portait pas ses parents en haute estime et qu’elle était souvent en conflit avec eux, elle refusait d’accepter de telles insinuations. « Je comprends ta peine contrairement à ce que tu sembles croire mais elle ne te donne pas le droit d’insinuer quoi que ce soit sur ma famille ou sur moi. » Ophelia qui devient plus froide, loin du visage plus doux qu’elle avait pu lui montrer à peine quelques minutes plus tôt. Son visage est fermé, chagrin qu’elle garde sous contrôle car elle refusait qu’il ne puisse voir à quel point ce qu’il avait insinué l’avait blessé – pas quand elle venait ouvertement de lui dire l’apprécier, qu’elle avait passé ces dernières semaines à s’ouvrir un peu plus à lui parce qu’elle lui faisait confiance pour au final réaliser que ses pensées à son sujet n’étaient peut-être pas celles qu’elle pensait. « On devrait prendre nos distances. » lâche-t-elle brusquement. Qu’importe qu’elle n’en ait pas envie, qu’importe à quel point elle attendait avec de plus en plus d’impatience leurs moments passés ensemble. « Après tout, tu n’as pas envie d’être dans les parages si une guerre éclate, je risquerais de te livrer au premier mage noir venu. » Peut-être qu’elle était trop dure, Ophelia, qu’elle s’emportait un peu trop vite mais elle refusait de rester sans rien dire et sans agir après ce qu’il venait d’énoncer si spontanément.

Il la découvrait attentive à ses problèmes, Ophelia, et le sorcier en était reconnaissant. Il ne doutait pas que la vipère puisse l'être, évidemment, mais tous les deux apprenaient encore à se connaître et ce qui se révélait chez elle lui plaisait beaucoup. C'était le piège, en quelque sorte, parce que s'attacher à elle et toutes les facettes de sa personnalité rendait forcément les choses plus compliquées pour lui, pour eux, qui n'auraient à la base même pas dû se fréquenter. Alors passer du temps ensemble, comme ils le faisaient, ne leur était certes pas interdit mais pas non plus recommander quand il savait, Noah, qu'ils venaient de mondes trop différents pour que ça fonctionne à long terme. Ils n'en avaient jamais discutés mais elle était issue d'une famille de sang-pur et certains s'adonnaient encore à des mariages arrangés malgré leurs jeunes âges et il n'était pas vraiment sûr d'avoir envie de savoir si ce serait le cas pour elle. S'il y avait déjà peu de chance qu'un avenir commun soit viable, ce genre de plan réduirait celle-ci à néant. Il vivait de toute façon trop dans le présent pour penser à l'avenir, lui qui ne savait même pas ce qu'il allait faire le lendemain. Et c'était cette philosophie de vie qui l'avait aidé à avancer depuis toujours, futur auquel il ne pensait pas mais surtout, le passé, qu'il n'évoquait que rarement avec ses proches. Il se contentait de ce qu'il avait, le poufsouffle, faisait en sorte d'être le plus heureux possible et ça fonctionnait très bien jusqu'à cet entrevue avec le professeur Wheeler qui avait tout bousculé. Elle avait non seulement perturbé son équilibre mais aussi remis en question toute son existence en plus de lui faire porter le poids d'une culpabilité qui n'aurait pas dû être sienne ; et désormais il était perdu. Mal. En colère. Son ventre se tordait rien que d'y repenser, d'entendre les mots de Rachael prononcés et répétés pour qu'il comprenne ; et chaque fois il avait l'impression de tomber à nouveau de très haut, précipice comme seul point de chute. Et le brun n'avait trouvé de réconfort nulle part, ne pensait pas non plus en mériter de toute façon alors peut-être que c'était ce côté auto-destructeur nouvellement découvert qui l'avait forcé à prononcer des mots si cruels à l'encontre d'Ophelia et de sa famille quand elle n'avait qu'être présente et douce avec lui ces derniers jours, patiente aussi alors qu'il n'était pas tout à fait lui-même quand ils se retrouvaient, mais Noah le regretta à la seconde où la phrase franchit ses lèvres. Il le comprit à la manière dont la vipère changea d'attitude et à vrai dire, n'importe qui aurait eu cette même réaction. Mais la Burgess n'était pas n'importe qui, elle était cette sorcière forte, fière et indépendante qui l'avait attiré pour ces mêmes qualités qui allaient sans doute le mettre rapidement plus bas que terre. Il eut du mal à discerner toutes les émotions traversant la brunette - il n'était pas doué pour ça, Noah, et visiblement pour beaucoup d'autres choses - mais elle recula et par instinct de survie, il en fit de même. Le coeur tremblant, il se sentait idiot de lui faire de la peine de cette façon, de la décevoir ; sa propre colère n'était pas une excuse pour être stupide ou méchant. « Je - » commença t'il pour sa défense même s'il n'en avait légitimement aucune. Il était blessé, certes, le palpitant en miettes depuis des jours, mais ça ne lui donnait pas le droit d'être blessant à son tour. C'était mesquin. « Ce n'est pas ce que je crois. Ophelia, j'suis désolé je ne voulais pas dire ça » Il l'avait fait pourtant et c'était bien assez pour le blâmer. Il l'aimait bien pourtant, il l'aimait plus que bien alors pourquoi réagissait-il comme un parfait crétin avec elle ? Noah tenta un nouveau pas vers elle mais son regard la stoppa, et ses prochaines paroles encore plus. « Quoi, pourquoi ? » répondit-il à la hâte quand elle proposa - décida - qu'ils prennent leurs distances. « Mais non, c'est ridicule » Il s'enfonçait, clairement, mais il n'avait jamais voulu que les choses tournent comme ça. Il avait besoin d'elle, d'eux, pour ne pas totalement sombrer. Il avait besoin d'elle et cette pensée lui faisait fichtrement peur. « Je ne parlais pas de toi » Juste de ses parents et ancêtres, ce qui n'était définitivement pas mieux. Shut up, Noah lui murmura une petite voix dans sa tête, si petite qu'il l'entendit à peine. « Mais tu ne peux pas affirmer qu'ils n'étaient pas - » Il s'arrêta au milieu de sa phrase, il valait mieux pour lui. « J'ai pas envie d'arrêter de te voir, Ophelia, je veux juste... » Se prenant la tête dans les mains, paumé, il ne savait même pas ce qu'il voulait. Tout en lui se mélangeait, il n'y voyait plus clair. « Je t'avais dit de ne pas insister ! » lui reprocha t'elle comme si tout était de sa faute à elle. Mais c'était lui qui ne parvenait pas à gérer ses émotions, lui qui disait quelque chose et tout le contraire ensuite, lui qui gâchait tout. Son regard s'accrocha désespérément au sien mais il était froid et il savait qu'il l'avait blessée. C'était son mécanisme de défense et si elle en avait eu besoin avec lui, c'était parce qu'il avait merdé. Il fronça les sourcils à sa propre réalisation, lui faire du mal était dernière chose qu'il voulait alors les yeux brillants, avec un air sérieux, il reprit doucement et surtout, à contre-coeur. « T'as peut-être raison » Là où il mettait la supposition, Ophelia elle, n'avait pas hésité à utiliser l'obligation et il ne savait pas vraiment ce que ça voulait dire, Noah. Qu'elle était plus forte ? Qu'elle tenait moins à lui. « Peut-être qu'on devrait rester chacun à notre place » Elle en haut de l'échelle et lui tout en bas, ça avait toujours été comme ça. « Ça m'éviterait de te décevoir encore » Encore et toujours, il n'était bon qu'à ça. « Mais je ne crois pas que j'en suis capable, princesse » Le surnom qui lui vaudrait sans doute un coup de pied entre les jambes après ce qu'il avait dit mais il prenait le risque. Il prenait aussi le risque qu'Ophelia lui dise qu'elle, le pouvait, et qu'elle quitte la pièce en lui claquant la porte au nez mais de toute façon, c'était tout ce qu'il méritait.

Noah s’excuse et pourtant elle peine à l’entendre, à l’accepter, car elle ne peut s’empêcher de se dire qu’il le pensait vraiment, que ses mots ne lui étaient pas venus si facilement sans raison. Ophelia est persuadée qu’il y a une part dans ses propos, qu’il pense que ses parents sont des mangemorts, eux aussi, comme si la nature de leur sang expliquait tout, faisait qu’il était nécessairement du mauvais côté. Et ça voulait dire beaucoup sur ce qu’il pensait d’elle aussi, pas vrai ? Peut-être qu’elle donnait l’impression de s’offusquer pour pas grand-chose mais elle s’en moquait – ça l’avait blessé, réellement, et elle ne s’excuserait pas de ses ressentis. Elle était blessée car elle avait fini par se persuader qu’il la voyait autrement que comme cette sorcière membre de l’élite, qu’avec lui, elle pouvait n’être qu’Ophelia sans avoir à se soucier du reste, pour une fois. Avec lui, elle se sentait libre et probablement plus heureuse qu’elle ne voulait l’admettre, libre de ne pas être la sorcière parfaite qu’on attendait d’elle. Elle faisait preuve d’une spontanéité qui n’était possible que parce qu’elle avait eu confiance en lui, en eux, en ce qu’ils avaient. Tout semble remis en perspective, l’impression que tout était un mensonge ou presque, que finalement, il la voyait comme tous les autres et pas pour qui elle était vraiment. « C’est ridicule ? » répète-t-elle, clairement agacée. Elle n’aime pas le ton qu’il emploie, n’aime pas qu’il se permette de rabaisser ce qu’elle éprouvait à quelque chose de ridicule. Noah tente de se rattraper, elle le voit bien, mais il ne fait qu’empirer les choses, sourcils de l’américaine qui se froncent quand il parle de ses parents à nouveau. « Si, je peux. Je peux t’affirmer, Noah, que mes parents ne sont pas des mangemorts. » répète-t-elle pour la deuxième fois déjà. En dépit du cœur qui tambourine de toutes ses forces dans sa poitrine et qui réclame qu’elle n’arrête, qu’elle ne le prive pas de ce répit éprouvé quand elle était avec le sorcier, elle persiste, garde la tête haute. Il était hors de question de céder – Ophelia refusait la moindre concession quand elle avait été blessée, consciente de ce qu’elle valait et refusant d’en douter, surtout pas à cause d’un sorcier. Son poing qui se serre tandis qu’il s’emporte, le blaireau. « C’est de ma faute, peut-être ? » Elle n’avait rien voulu d’autre que d’être là pour lui, que le soutenir alors qu’il traversait une période difficile, sans se douter que tout mêlerait à une dispute de cette envergure. Malgré tout, elle n’aime pas le voir comme ça, sent son cœur se serrer et s’emballer comme si ça suffirait à la convaincre d’abdiquer mais elle était devenue une experte dès qu’il s’agissait d’écouter sa raison et non plus son palpitant. Noah semble pris d’une soudaine réalisation alors qu’il semble plus calme tandis qu’il abandonne, à son tour, et quelque part ça la bouleverse plus qu’elle ne l’aurait cru, de se dire qu’alors tout était fini entre eux, qu’elle devra se passer de lui, à l’avenir, lui qui était devenu plus important que ce qu’elle s’était imaginée. Seulement c’était à cause de ça, qu’il avait pu la blesser, parce qu’elle l’avait laissé s’approcher, peut-être un peu trop. Elle reste silencieuse, du moins jusqu’à ce qu’il n’ose utiliser ce surnom, celui qu’elle lui avait avoué aimé, celui qu’il avait utilisé dans d’autres circonstances pour la faire craquer. Et c’est plus fort qu’elle, sa main qui part pour venir claquer contre sa joue alors qu’elle sent sa poitrine se soulever un peu plus sous sa respiration plus prononcée, résultat de la colère qui enflait en elle. Comment osait-il la qualifier ainsi, user d’un surnom qui leur appartenait alors même qu’il avait fait tout sauf la traiter comme elle le méritait ? « Don’t ever call me like that. » Sa voix se brise malgré elle et ça l’agace, Ophelia, sa main qui s’agrippe à sa jupe tandis que son regard se relève à elle. « Il va falloir que tu apprennes à te passer de moi. Moi, en tout cas, je peux faire sans toi. » Elle le pouvait mais elle ne le voulait pas, ce qu’elle ne dit pas tandis qu’elle tourne les talons afin de ne pas l’écouter plus, de ne pas lui laisser l’occasion de répondre pour la blesser plus ou tenter de la ramener à lui – elle ne savait pas ce qui était le pire, à cet instant. Elle garde la tête haute alors qu’elle se déplace dans les couloirs pour rejoindre son dortoir, feint de bien aller alors même qu’elle se sentait triste, triste et idiote aussi d’avoir laissé un sorcier prendre une telle place dans sa vie, de lui avoir laissé l’occasion de la blesser comme il venait de le faire.

Son pied tapote nerveusement contre le sol alors qu’elle lève les yeux vers la table sur lequel était posée la fiole dans laquelle elle avait déposé une mèche de ses cheveux. Quand elle entend la porte s’ouvrir, Ophelia quitte sa chaise et se relève, reniflant et essuyant les larmes qui avaient malgré elle réussi à se frayer un chemin sur ses joues d’un geste rageur. Quand elle se tourne et réalise que c’est Noah qui est là, une part d’elle est soulagée même si une autre continuait à lui en vouloir encore et encore comme c’était le cas depuis plus d’une semaine maintenant. Elle était continuellement agacée ces temps-ci, Ophelia, frustrée après leurs derniers échanges, blessée aussi et abattue, ce qu’elle refusait d’admettre. C’était plus facile de lui en vouloir, de prétendre qu’elle était en colère et rien de plus. Pourtant, elle ne pouvait pas faire sans lui à ce moment-là, parce qu’il était concerné et qu’il était hors de question qu’elle n’assume ça toute seule. Elle ne dit rien pourtant quand elle le voit car l’américaine n’a pas confiance en sa voix, consciente qu’elle risquait de craquer à tout moment. Elle était déjà convaincue qu’il verrait à ses yeux qu’elle avait pleuré, idée qui l’insupportait plus que tout. Quand il s’approche et arrive à sa hauteur, elle le pousse d’une main. « C’est ta faute, tout ça !» L’anxiété ressentie depuis le matin même explosait alors, s’était accumulée pour arriver à ce point culminant. « Je fais toujours attention, moi, je veille toujours à me protéger et cette fois.. Je sais pas pourquoi je n’ai pas fait attention cette fois-là. » balbutie-t-elle. Sans doute que ses mots n’auront pas de sens et elle s’en moque, à vrai dire, elle n’a besoin que d’expier ce qu’elle pensait, le stress ressenti. Elle commence à marcher, à faire les cent pas dans la salle de classe tandis que la fiole continuait à tourner sur elle-même. Il fallait patienter quelques minutes encore avant que le résultat ne se fasse connaître, minutes qui s’étiraient comme des heures au point de faire perdre pied à la sorcière. « Je suis en retard et je ne suis jamais en retard. » Ce n’était que quelques jours et ça pouvait arriver, sans doute, mais pas à elle, c’était rarement arrivé à vrai dire alors l’inquiétude s’était nichée au creux de son estomac ce matin-même alors qu’elle réalisait la date en remplissant des papiers pour Olivia, calcul rapidement fait jusqu’à réaliser que son cycle n’avait pas encore débuté. Elle n’avait rien pu faire à ce sujet avant son retour à Poudlard, avant de chercher le nécessaire pour préparer cette potion qui faisait office de test et dont le résultat se fera connaître rapidement -lentement aux yeux de la sang-pur. Le parchemin envoyé à Noah avait été un réflexe auquel elle n’avait pas pensé alors qu’elle faisait de son mieux pour l’éviter, pour ne pas penser à lui et à la peine qu’elle associait à leur relation désormais. « Je ne peux pas être enceinte, je ne peux pas ce n’est pas dans mon plan, tout ça, rien de tout ça ne faisait partie du plan, tu ne faisais pas partie du plan et maintenant... » Elle s’arrête, passe une main dans ses cheveux alors qu’elle perd pied, courbe l’échine sous le poids de l’angoisse ressentie.

Il savait que ses excuses ne valaient rien, Noah, parce que le mal était fait, qu'il avait parlé bien trop rapidement sans réfléchir et qu'Ophelia l'avait logiquement pris pour elle. Il en avait conscience parce qu'à sa place, sans doute n'aurait-il pas non plus aimé qu'on dévalorise sa famille de la sorte - celle qui l'avait élevé en tout cas. Mais il était assez bête pour s'enfoncer tout seul dans sa bêtise en en rajoutant plutôt qu'en lui demandant encore pardon et il sentit à quel point il l'avait blessé. Il l'entendait à sa façon de parler, cette distance qu'elle remettait sans problème entre eux - comment le faisait-elle si aisément d'ailleurs, dresser cette barrière qui les avait longtemps séparés avant qu'elle ne cède ? Il ne savait pas, posant ses pions sur le fait que peut-être les dernières semaines n'avaient pas été si importantes pour elle, comme si rien n'avait compté mais une nouvelle fois c'était son cerveau détraqué, son angoisse réelle et son désarroi qui l'amenait à penser le pire. Cela n'enlevait rien au fait qu'il était cruel avec elle, que ses mots n'étaient définitivement pas les bons et que son propre chagrin ne lui permettait pas d'être aussi nul avec elle. Pas quand il venait de lui avouer l'aimer plus que bien, pas quand elle avait de l'importance à ses yeux et que son coeur s'en voyait touché lui aussi, par cette peine qu'il lui affligeait gratuitement, finalement. Et ce n'était pas sa faute malgré les dires de Noah, c'était la sienne à lui de ne pas savoir gérer ses émotions et ce qu'il était en train de vivre quand elle maîtrisait si parfaitement chaque élément de sa vie - du moins, c'était l'impression qu'il avait toujours eu, cette force qui faisait la sorcière extraordinaire qu'elle était et qu'il ne méritait vraiment pas. Chose qu'elle avait visiblement compris, Ophelia, en proposant - exigeant ? - qu'ils prennent leurs distances tous les deux et étrangement, à contre-coeur aussi, Noah approuva avant de revenir sur ses paroles, le princesse qui quitta naturellement ses lèvres parce que c'était celui qu'il avait pour elle, rien que pour elle, et qu'il savait déjà qu'elle lui manquerait, la vipère. Sans attendre et sans trop être totalement surpris, la main de la brune partit pour se retrouver sur sa joue, giffle qu'il n'avait pas volé. Ses mots suivirent et il ne sut pas ce qui lui fit le plus mal à cet instant, bien trop sonné pour réagir. L'une de ses mains se posa sur la joue endolorie et il bougea sa mâchoire, encaissant encore ce qu'elle avait dit, cette vérité assommante qui l'immobilisa suffisamment pour qu'il n'avance même pas vers elle pour la retenir quand elle décida de sortir de la pièce et l'abandonner à son sort. Noah ne voulait pas rester loin d'elle, ne s'en sentait pas physiquement et émotionnellement capable et elle avait un tout autre avis. Là dessus, elle serait toujours meilleur que lui, Ophelia, sur pleins d'autres choses aussi et d'une certaine façon, elle les remettait ainsi chacun à leur place dans la hiérarchie en le sortant de sa vie.

•••

Et il devait l'accepter, Noah, parce qu'il était celui qui avait tout gâché finalement et que ses regards persistants sur la brunette et ses tentatives de sourire n'y changeaient rien. Il se demandait même si son frère n'était pas la confidence - sans doute que non - puisqu'à plusieurs reprises, il avait capté des mauvaises ondes dans sa direction et celle de ses amis mais c'était impossible, pour de nombreuses raisons. Il s'agissait certainement d'un hasard ou alors le poufsouffle se faisait tout simplement des films. Malgré n'avoir toujours pas parlé à Connor du secret familial le concernant, ils avaient compris avec Maisie que quelque chose n'allait pas et s'il n'avait pas non plus mentionné Ophelia, il était sûr que ses meilleurs amis savaient. Ils le connaissaient, n'est-ce pas ? En plus du fait que Noah n'était pas réellement le plus discret des sorciers du château. Chaque fois que la vipère passait à quelques pas, il avait ce mouvement vers l'avant trahissant son intention de vouloir lui parler et sa main dans ses cheveux qu'il glissait dès lors qu'il croisait les iris perçantes de la Burgess, assez pour le transpercer et lui empêcher toute approche en public. Il avait aussi essayé de l'attirer dans des alcôves comme il avait pris l'habitude de le faire avant mais elle finissait toujours par s'échapper en lui adressant une insulte alors pouvait-il vraiment la forcer plus que ça ? Ce serait du harcèlement et sincèrement, il n'en était pas - encore - là pour l'instant. Alors quelle fut sa surprise en recevant un bout de parchemin volant avec des mots écrits par la jeune sorcière quelques jours plus tard. C'était assez pour le faire sourire et même le rendre carrément heureux, loin d'imaginer qu'Ophelia ne réclamait pas sa présence pour lui pardonner. Son état d'esprit était celui-là pourtant quand il entra dans la salle de classe pour la retrouver, sourcils se fronçant immédiatement à sa réaction. Les yeux humides, elle le repoussa d'une main en précisant que c'était sa faute et il ne sut quoi répondre sur le coup. « Qu'est-ce que tu racontes ? T'as pas fait attention à quoi ? » Noah ne comprenait absolument pas, perdu, comme souvent ces temps-ci d'ailleurs, si on y pensait. Il passa une main derrière sa tête et soupira, l'occasion de lui parler était trop belle pour qu'il la laisse passer, n'est-ce pas ? « Ecoute, j'suis désolé pour la dernière fois et ce que j'ai dit... je veux bien te laisser m'accuser de tout ce que tu voudras si seulement tu acceptes de me pardonner d'avoir été si con » Le bouclé ne réalisait pas que ses excuses devaient être le dernier de ses soucis - mais elle lui remettrait certainement vite les idées en place après tout. Elle reprit et il fut un peu plus perdu par ses paroles. « De quoi tu parles ? T'es en retard pour quoi ? Le prochain cours ? Ce n'est pas bien grave, tu pourras rattraper ce que t'as raté » Il n'était pas idiot cette fois, il était complètement ridicule et le comprit au moment où les prochains mots sortirent de la bouche de la sang-pur. « Att- attends, qu-quoi ? » Il en perdait son anglais, ce qu'elle venait de dire résonnant dans sa tête depuis plusieurs secondes. « T'es ENCEINTE ? » lâcha t'il sans réussir à maitriser le volume de sa voix et se tournant machinalement vers la porte pour s'assurer qu'elle était fermée, les yeux écarquillés d'Ophelia qui l'incitèrent à se taire d'un coup. « Tu.. tu peux pas être enceinte hein ? C'est pas possible parce que je pourrais jamais m'occuper d'un gosse, Ophelia. Attends, j'dis pas que je le ferais pas parce que je te laisserais pas toute seule dans ce merdier mais, puta*n, on sait tous les deux que je serai la pire personne pour faire ça » Ah il était doué pour la partie pratique qui précédait mais certainement pas pour le reste. Chose à laquelle ils auraient du penser plus tôt, en se protégeant par exemple. Son ressenti n'était pas le plus important pourtant, il s'en rendit compte Noah, en voyant la sorcière recommençait à faire les cent pas. Alors il approcha d'elle et attrapa ses mains, les serrant doucement pendant quelques secondes avant de se rappeler qu'elle le détestait et les relâcher en levant les siennes devant lui pour ne pas qu'elle le frappe - encore. « Il y a peut-être une autre explication à ton retard, non ? Ça arrive ce genre de trucs, j'imagine. J'suis pas une fille - obviously - j'sais pas comment ça fonctionne mais c'est pas obligé que tu sois enceinte à chaque fois, si ? » Pour quelqu'un qui appréciait plutôt la compagnie des filles - juste une ces derniers mois - il aurait pu être un peu plus renseigné quand même. En ne voyant pas d'objection particulière à son geste précédent, il vint poser une main qui se voulait rassurante sur le bras de la Burgess et encercla son poignet pour qu'elle le regarde, pour qu'elle se calme surtout. « Tu t'en sortiras. Même si ça craint beaucoup et que ce n'était pas dans tes plans - tout comme lui, elle l'avait dit, pas que ce soit un secret - on s'en sortira » Le on qui n'avait rien d'une erreur ici parce que s'il était plus grand gamin que la Terre ait porté, Noah ne se défilerait pas devant une telle situation. Il avait eu des parents, les avait perdu, en avait trouvé d'autres et même découvert le pire sur les premiers mais la notion de famille lui parlait évidemment, il l'avait apprise auprès de Connor et Maisie. Et ne souhaiterait jamais rien de plus que le bonheur aux siens, si un jour - si même aujourd'hui - il y avait. Revenu à la réalité par un bruit derrière eux, le blaireau se précipita vers la table où se trouvait la potion qu'il concluait être le test ultime et la prit entre ses mains avant de revenir vers la belle. « C'est rouge. Y'a un code couleur, c'est ça ? Ça veut dire quoi rouge ? » Il aurait été mentir de dire que le sorcier ne sentait pas son coeur tambouriner dans sa poitrine à cet instant, qu'il ne suait pas non plus d'impatience - la classe - à attendre qu'Ophelia parle, attendre le résultat qui pourrait changer toute sa vie ou non, leur vie à tous les deux.    

C'était la première fois depuis leur dispute qu'Ophelia acceptait de lui parler, acceptait même simplement de le regarder et bien sûr qu'il profita de l'occasion pour tenter de s'excuser. Mais la vipère ne semblait pas du tout penser à ça, préoccupée par autre chose et Noah le réalisa lorsqu'elle ne répondit rien à ce sujet. Et c'était étrange parce que dans un autre contexte elle l'aurait certainement fait taire pour ne pas l'entendre dire ce qu'elle ne souhaitait pas entendre ; et quelque part il aurait d'ailleurs préféré qu'elle crie plutôt qu'elle l'ignore parce qu'alors, il aurait eu l'impression qu'elle ne s'en fichait pas. Il avait essayé de ne pas penser à elle, à eux, son coeur déjà brisé par ce qu'il avait appris récemment, brisé par la réaction de Connor qui avait été parfaite quand il savait ne pas le mériter mais c'était plus fort que lui, Ophelia s'ajoutait à tout ce qu'il avait perdu. Sans même qu'elle ne lui appartienne vraiment, lui rappela une voix amère à l'intérieur de lui. Il ne pouvait donc qu'essayer de se rattraper au maximum, Noah, d'espérer aussi que la sorcière lui pardonne les mots et pensées qui l'avaient dépassé dans un moment de détresse même s'il avait conscience que rien, y compris son immense colère et incompréhension, ne lui avait donné le droit d'être si cruel avec elle. Il l'avait repoussé alors qu'elle était là, de la même manière qu'il s'éloignait de ses meilleurs amis ces derniers jours et si ce n'était pas la bonne attitude à avoir, c'était la seule qui le soulageait un peu. Se punir, c'était sa manière d'encaisser et à terme, d'accepter. Une bombe lâchée dans sa vie sans qu'il ne s'y attende, tout comme la Burgess venait de le faire avec cette possible grossesse et Noah ne put qu'écarquiller les yeux et s'emballer. C'était trop pour un seul mois, trop pour une seule année et un instant, il se demanda ce qu'il avait fait au karma pour se retrouver dans de telles situations. Qu'Ophelia soit enceinte n'était définitivement pas une bonne idée pour des milliers de raisons, les premières qu'il s'empressa de donner dans un total désordre, ce même désordre qui infiltrait sa tête et son cerveau au point que le garçon ne s'y retrouve plus. Cependant il savait ne pas être seul dans ce désarroi, que c'était sans doute pire pour la jeune femme et que c'était exactement pour ça qu'elle avait fait appel à lui plutôt qu'à une de ses amies ou encore son frère. Il était là parce qu'elle n'avait personne d'autre à qui se confier et il aurait pu le prendre mal parce qu'il n'était pas dupe, le problème n'était pas que le probable bébé mais aussi l'identité du père, mais il lui devait bien ça, Noah, d'être présent et ne pas le prendre personnellement, après ce qu'il s'était passé. Ses mains qu'il attrapa avec douceur et le contact qu'il s'autorisa qui apaisa son coeur une seconde, il aurait voulu la prendre totalement dans ses bras le poufsouffle seulement c'était impossible. Le on prononcé qu'elle répéta et il se passa une main dans les cheveux, nerveux. « J'suis un gamin et je peux être sacrément idiot quand je veux mais... je sais ce que c'est de ne pas avoir de père, et aussi d'en avoir de substitution qui te déteste alors non, Ophelia, je ne te laisserais pas toute seule » Et surtout, il n'en avait pas envie. C'était certainement l'une des choses les plus mâtures qu'il n'ait jamais dit jusqu'à maintenant, les plus personnelles aussi puisque tous les deux ne parlaient pas vraiment de leurs enfances. « Peut-être mais tu ne les laisseras pas faire, comme tu ne les as pas laissé te marcher sur les pieds avec cette histoire. T'es... t'es la sorcière la plus forte que je connaisse, ils devraient surtout tous avoir peur » Comme lui, ce qu'il ne précisa pas. Il ne la complimentait pas pour la flatter, il les pensait réellement et il ne souhaitait pas qu'elle angoisse. Les quelques minutes visiblement dépassées pour avoir le résultat, Noah se dépêcha de rejoindre la table et attraper le flacon, lui affirmant que c'était rouge et s'il ne savait pas ce que ça signifiait, il le comprit au nouveau visage soulagé d'Ophelia et sa réaction. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle l'enlace, le sorcier, mais il ne se fit pas prier pour lui retourner son étreinte et la serrer contre lui, ne pouvant s'empêcher au passage d'humer son parfum familier, celui-là qui lui avait manqué ces derniers jours. Il soupira de soulagement ou d'aise, ou peut-être les deux, ne répondant rien par peur qu'elle réalise trop tôt qu'elle était dans ses bras alors qu'elle était toujours fâchée contre lui mais bien sûr ça ne suffit pas à ce qu'elle oublie et elle se détacha de lui et se recula, laissant un Noah à moitié paumé. « T'es pas enceinte » répéta t'il en inspirant, ne sachant pas quoi penser, ni comment se sentir. C'était bizarre. Il n'était pas déçu, bien sûr, pourtant une pointe de quelque chose se logea au creux de son ventre, incapable de l'identifier. Peut-être qu'un petit bout d'elle et de lui ne lui paraissait pas si déplaisant finalement. « Mais tu m'as appelé quand même » insista t'il, réalisant que même si elle était en colère contre lui, il comptait un minimum - du moins il l'espérait. « C'est vraiment ce que tu souhaites ? Que je m'en aille ? » Lui n'en avait pas envie et sans attendre de réponse, il se posta à côté d'elle pour l'aider à ranger les ingrédients. « J'sais que tu m'en veux encore et t'as raison, parce que je m'en veux encore aussi » Il avait été nul et le serait toujours. « Je n'aurais jamais dû te parler comme ça, ni même assumer des choses sur tes - des choses dont je n'ai aucune idée. J'voulais pas te blesser » Ce n'était pas lui d'être malveillant et encore moins avec Ophelia à qui il tenait beaucoup plus qu'il ne le devrait. Noah s'accrocha à ses iris, ce regard qui aurait mis n'importe qui à genoux et retint de justesse le tu me manques qu'elle lui renverrait sans doute à la figure s'il osait le prononcer. « J'suis désolé » murmura t'il, émotion dans sa gorge qu'il masqua à peine. « Tu crois que tu pourras me pardonner un jour ? » Pas aujourd'hui, pas demain non plus mais il avait besoin de savoir si tout était foutu. Ils auraient sûrement dû se quitter sur ça d'ailleurs pour éviter l'inévitable mais contrairement à elle, il ne voulait pas s'y résigner. Ses yeux qu'il ne réussit pas à laisser dans les siens cette fois, parce qu'alors elle remarquerait sa vulnérabilité, le blaireau baissa la tête et attendit, plus très sûr d'avoir envie d'entendre sa réponse.    

Il n'était pas toujours le plus intelligent, Noah, ni le plus perspicace mais une chose était certaine, c'est qu'il était loyal. Envers ses meilleurs amis déjà et depuis quelques temps envers Ophelia aussi, qu'elle le veuille ou non. Alors l'annonce d'une possible grossesse ne faisait qu'accentuer ce trait de caractère, soutien sans faille qu'il lui offrait qu'importe le résultat de ce test. Et c'était fou quelque part, qu'il trouve encore la force d'être ce sorcier là quand on avait bousculé toutes ces croyances à propos d'une famille qu'il n'avait jamais eu mais qu'il avait rêvé plus d'une fois, quand on avait bouleversé ce coeur, brisé même à la réalisation du mal que ses ancêtres - pas si vieux - avaient fait subir indirectement à l'une des personnes les plus importantes de sa vie seulement il voyait peut-être, en cette annonce de la vipère, une manière détournée de racheter les erreurs de ceux qu'il avait aimé - qu'il aimait encore ? - et les siennes au passage. Parce qu'il avait été horrible avec la Burgess, qu'il regrettait de s'être énervé contre elle lorsqu'elle avait uniquement voulu être là pour lui et qu'il se sentait le plus idiot du monde depuis. Et aussi parce que l'idée d'avoir un enfant était la chose la plus effrayante qui soit pour lui aujourd'hui, dans ses conditions, mais qu'il ne pourrait jamais négliger, abandonner ou se détourner volontairement de lui. Et le fait que celui-ci soit de la jolie brune face à lui ne lui paraissait pas si saugrenue que ça, pensée qu'il garda pour lui sans quoi, il était presque sûr de finir émasculé. Il y eut son coeur qui rata un battement au résultat négatif, à l'étreinte échangée avec Ophelia et une accélération plus persistante encore de son rythme cardiaque lorsqu'elle confirma que dans tous les cas, il n'y avait que lui qui puisse être le père. Non pas que Noah en doutait réellement, il savait bien que la sorcière n'était pas comme lui avait pu l'être avant qu'elle n'entre dans sa vie et que d'une certaine façon - d'une manière tout à fait sensuelle d'ailleurs dans ses souvenirs si nets - ils s'étaient plus ou moins garantis exclusifs mais l'entendre le dire, les prononcer avec autant d'assurance le déstabilisa forcément. « J'suis content que tu l'aies fait » Ainsi il y voyait une pointe d'espoir, Noah, que tout n'était pas totalement fichu entre eux même si par là, elle ne disait qu'être honnête avec lui parce qu'il était concerné et non pas parce qu'elle avait eu envie que ce soit lui, ici, avec elle, pour supporter ce moment spécial. Elle avait même émis le vœu qu'il parte retrouver ses amis mais il profita justement de cette ouverture pour lui demander si elle était sûre que c'était ce qu'elle voulait. Certes il n'avait peut-être plus rien à faire dans cette salle de classe avec elle, il n'en avait pas le droit pour tout ce qui était arrivé, mais le blaireau était véritablement en manque d'elle, d'eux, et il souhaitait qu'elle le sache. Et il était peut-être idiot de s'accrocher comme il le faisait, pathétique auraient dits certains mais il s'en fichait. Ophelia comptait pour lui, plus que n'importe quelle autre fille avant - hormis Maisie mais elle était sa meilleure amie, ce n'était pas la même chose - et il savait, au fond de lui, que ça signifiait quelque chose. La question en suspens, il crut presque qu'elle ne répondrait pas mais elle prit son temps pour le faire et chaque mot entra dans sa tête pour, certainement, y rester un long moment. « Ça ne compte pas. Ça ne compte et je n'aurais pas dû dire ça. J'étais... j'étais encore sous le choc et en colère de ce que je venais d'apprendre et je sais que ça n'excuse rien parce que ce n'était pas ta faute » Raison pour laquelle il ne s'en servait pas pour se dédouaner, Noah. « Je me fiche d'où tu viens, Ophe...lia. C'est ça qu'il aurait fallut que je te dise la dernière fois » Son surnom qu'il ne se sentait plus légitime d'utiliser pour l'instant. « Dans tous les cas, je sais que tu es trop bien pour moi » dit-il dans un léger rire en secouant la tête avant qu'elle ne reprenne et répète qu'elle l'aime bien. Au présent, pas au passé, et ce fut assez pour qu'il redevienne sérieux une seconde et qu'il avale sa salive sous le poids d'une émotion qu'il ne contrôlait pas. Il ne méritait sûrement pas qu'elle éprouve encore cette affection à son égard et pas uniquement à cause de ce qu'il avait dit, plutôt à cause de ce qu'il savait sur ses géniteurs. Il ne voulait pas croire qu'elle était comme ses parents, le savait parce qu'il la connaissait, mais Noah ne parvenait pas à faire la même chose avec lui-même. Et pourtant il se sentait soulagé qu'elle, elle ne le déteste pas comme il pouvait encore le faire avec sa propre personne. Il hocha la tête, incapable de répondre quoique ce soit mais son regard brillant parlant pour lui et l'observa ranger ses dernières affaires. Ce fut pourquoi il réussit à entendre sa réponse et soupirer d'un soulagement intense, à poser une main sur la sienne qui venait d'attraper son sac et murmurer à son tour un « Merci » sincère, le geste qui obligea presque la Burgess à relever les yeux vers lui et faire s'entrechoquer leurs deux couleurs dans ce mélange qu'il trouvait toujours parfait - sans aucune objectivité. Il ne sut d'abord pas quoi ajouter, ni s'il en avait le droit, ni même si elle l'écouterait, mais il relâcha son bras pour la laisser se diriger vers la porte - alors qu'à la base, il était celui qui a avait été invité à sortir en premier - et n'attendit qu'une seconde pour ajouter : « I will wait » for you. Il attendrait qu'elle soit prête à totalement lui pardonner, il l'attendrait elle, parce qu'elle valait complètement la peine qu'il le fasse et que, consciemment ou non, il l'avait dans la peau.