Il faut que je vous parle. Le ton plus grave que d'habitude, il avait lâché cette phrase dans un soupir douloureux à ses meilleurs amis, Noah, le cœur lourd et tourmenté, à l'image de ce qu'il allait finalement leur confier. Il avait passé des jours à ruminer les informations lancées par Wheeler la semaine précédente, des jours à se demander s'il devait raconter à Connor ce qu'il savait ou s'il valait mieux enterrer ce secret à jamais et mourir avec. Cependant la question n'avait pas été longue à la réflexion parce que le poufsouffle refusait de mentir à celui qu'il avait toujours considéré comme un frère et qui peut-être, le détesterait à la fin de la journée. Lui n'avait aucun mal à le faire en tout cas, culpabilité sur ses épaules qu'il ne parvenait pas à se défaire et ce, même s'il n'était techniquement pas responsable. Il était la chair de la chair de sorciers ayant arrachés la vie des parents de l'une des personnes qu'il aimait le plus au monde, celui-là même qui souffrait perpétuellement de leur absence malgré ses dires et ça suffisait à ce que Noah se sente comme le pire des amis. Il avait attendu le moment opportun - qui n'était jamais arrivé - et réfléchi à la meilleure façon d'énoncer les faits qui remontaient à leur enfance mais maintenant qu'il y pensait, il avait surtout l'impression d'avoir attendu par égoïsme et lâcheté, supposant sans doute que le temps lui permettrait de se sentir un peu mieux avant d'affronter cette réalité funeste. Une part de lui avait encore envie de croire à une grosse blague mais le regard de leur professeure sur lui, sur eux, depuis qu'elle lui avait fait part de ses trouvailles était une preuve suffisante de son honnêteté. Il aurait pu continuer à l'accuser de vouloir juste faire souffrir Connor, il ne la pensait pas assez horrible pour en arriver à ça et quelque part, au fond de lui, il savait qu'elle aimait son cousin. Il était sa famille autant qu'il était celle de Noah et de Maisie parce que ces trois là s'étaient trouvés il y a des années et qu'il avait toujours eu la certitude que rien ne pourrait les séparer. Aujourd'hui, il en était moins sûr et ça le tuait de l'imaginer. « Je sais que je t'ai dit que je préférais un endroit calme et à l'abri des oreilles curieuses mais Maisie, je ne pensais quand même pas à ça » fit-il remarquer à la jeune sorcière après avoir atterri suite au transplanage. Ils étaient à des kilomètres de Poudlard qu'ils pouvaient quand même voir de là où ils étaient, sur les hauteurs du domaine étendu. Des sortes d'insectes lumineux tournaient autour d'un grand arbre à côté d'eux mais il ne s'en formalisa pas - de toute façon les plantes et autres êtres vivants, c'était plutôt le truc de Maisie. Un coup d'oeil vers Connor qu'il avait soigneusement évité du regard jusque là, Noah passa une main dans ses cheveux et se gratta l'arrière de sa tête, nerveux. Ça ne lui ressemblait définitivement pas et ses amis devaient l'avoir remarqué. Même avant ce moment. « J'ai pas été très présent cette semaine, j'suis désolé. Ollivander m'a confié tellement de tâches ingrates que j'étais tout l'temps épuisé. C'est pas facile d'être adulte »  tenta t'il de dire dans un rire, comme pour détendre l'atmosphère, se détendre lui-même. C'était à moitié un mensonge en plus et il n'en était pas fier alors il soupira, le « Fuck it » quittant ses lèvres avant même qu'il ne l'autorise. « J'sais même pas quoi dire ou comment le dire tellement c'est fou, c'est complètement fou et irréel, j'peux toujours pas croire que c'est possible, j'veux pas croire que - » Il inspira, son coeur battant la chamade dans sa poitrine, incapable de le maîtriser, incapable de maîtriser ses mots également dans une telle situation. « Connor » se reprit-il pour attirer le regard du brun et plonger dans ses yeux de la même couleur. « Je sais que tu ne veux pas parler de ton héritage ou de... tes parents » N'avaient-ils pas récupéré le métamorphomage en larmes après une énième conversation avec Wheeler il y a quelques temps ? « Ils connaissaient les miens » Et il aurait adoré que l'histoire raconte une version différente que celle que Rachael lui avait conté. « C'est ta cousine qui a fait des recherches » Contre le gré de Connor, contre le sien aussi ou en tout cas sans l'avoir consulté au préalable, chose que son meilleur ami allait d'ailleurs détester. « Connor, ils n'étaient pas amis » « Mes parents n'étaient même pas du côté de l'Ordre » Et ça lui faisait peur d'aller plus loin, peur d'admettre ce qui le rongeait depuis des jours ; cette confession qui martelait son cœur et lui donnait envie de vomir. Il sentit d'ailleurs son estomac se soulever à cette pensée et les larmes lui monter aux yeux, prunelles brillantes qu'il dirigea vers Maisie en quête de soutien, de n'importe quoi qui lui permette de ne pas totalement flancher. C'était pourtant cette détresse dans son regard qui expliquait tout ce qu'il ne réussissait pas à dire à voix haute ; la triste vérité que ses deux meilleurs amis devineraient face à son désarroi, ainsi que cette honte qui ne lui appartenait pas mais qui l'étouffait depuis qu'il savait. Ils n'étaient pas amis et ils les avaient tués, c'était ça la vérité.

Elle était occupée à lancer des bonbons en l'air et à tenter de les rattraper dans sa bouche avec Connor – le jeu tournant vite à la guerre après une énième plaisanterie du garçon qui avait poussé Maisie à lui lancer les friandises dessus – quand Noah était entré dans la pièce avec cet air grave. Habituée aux bêtises de ses meilleurs amis, Maisie avait d'abord esquissé un sourire, prête à le taquiner et à l'emmerder un peu comme elle savait si bien le faire quand il l'avait devancé en prononçant ces six mots d'un air sombre et douloureux qui ne lui ressemblait pas. Elle avait alors échangé un regard inquiet avec Connor et s'était redressée dans son fauteuil pour l'écouter avec attention mais celui-ci avait refusé de parler ici, là où des oreilles indiscrètes auraient pu les entendre. Maisie avait hoché la tête et avait suggéré un endroit, prête à satisfaire la moindre exigence de son meilleur ami pour qu'il soit dans les meilleures conditions pour leur parler. Elle n'est pas aveugle, la sorcière, elle voit bien que depuis quelques semaines, Noah est ailleurs, qu'il passe moins de temps avec eux, qu'il cherche parfois à les éviter ou bien qu'il n'est plus aussi bruyant qu'avant. Elle n'a pas voulu le brusquer jusqu'à présent et le forcer à parler, mais s'est toujours employée à rester une présence rassurante pour lui au cas où il en aurait besoin, la blairelle jamais loin pour lui apporter son soutien et son affection au cas où il le demanderait, tout comme elle le fait avec Connor chaque fois que son humeur s'assombrit aussi. Ils sont ses doubles, les personnes qu'elle aime le plus au monde et sans lesquels elle n'imagine pas sa vie, alors lorsqu'ils souffrent, c'est aussi son cas et elle n'aspire qu'à les protéger, les réconforter et être là pour elle, comme maintenant, alors qu'elle fait transplaner les garçons sur le haut d'une montagne à quelques kilomètres de Poudlard. Une fois là-haut, elle esquisse un vague sourire à la réflexion de Noah, et hausse une épaule. « Au moins ici personne nous dérangera, et on peut faire ce qu'on veut. » même crier contre le vent pour se décharger de leurs émotions, si c'est ce dont il a besoin pour aller mieux. L'endroit est agréable à voir, il y fait froid, mais il a quelque chose de mystique et d'apaisant, comme s'ils étaient enfermés dans une bulle rien qu'à eux loin de Poudlard. Elle pose alors le regard sur Noah, ressentant soudain l'atmosphère tendue qui règne entre eux et échange un nouveau regard avec Connor, se demandant ce qui peut bien troubler leur ami au point qu'il ait le visage si sombre et le cœur si tourmenté. Si elle garde le silence quand il mentionne Ollivander et les tâches ingrates que celui-ci lui confie pendant son stage, elle secoue la tête avec un faible sourire en coin l'air de dire qu'il n'a pas à s'en faire, car elle n'arrive pas à parler. Elle voit bien que ce n'est qu'une tentative de diversion et qu'il essaie de détendre l'atmosphère, et plus il attend pour se confier, plus Maisie sent une certaine inquiétude se loger dans son cœur. Elle a peur de ce que Noah pourrait leur dire et un million de scénarios traversent soudain son esprit, du meilleur au pire sans qu'elle n'arrive à savoir de quoi il est réellement question. « It's ok, take your time Skywalker. » elle essaie de le réconforter à voix basse alors qu'il s'exprime d'une voix hésitante, et bientôt, elle voit sa carapace se fissurer, et elle ne peut que se mordre la lèvre d'inquiétude en le voyant si vulnérable. Vient le moment où il s'adresse directement à Connor, l'éclat inquiétant dans son regard trahissant une gravité qu'elle n'a jamais vu chez son meilleur ami et elle fronce les sourcils, Maisie, alors que les morceaux du puzzle commencent doucement à s'assembler. Les mots de Noah sont suspendus dans l'air, créant un espace où le poids des révélations semble presque insupportable à affronter et alors qu'une mention est faite aux parents de Connor, elle se tourne vers ce dernier pour guetter sa réaction. C'est l'un des sujets sensibles du métamorphomage qu'ils ont récupéré dévasté il y a peu après une confrontation avec sa cousine, et la sorcière ne peut pas s'empêcher de craindre sa réaction à leur évocation. Noah leur apprend que leurs parents se connaissaient, et si cette idée arrache un sourire à Maisie, elle le perd presque aussitôt en comprenant que ça n'a sûrement rien d'une bonne nouvelle si Noah a jugé utile de les faire se rencontrer loin des oreilles indiscrètes. C'est la mention de l'ordre qui coupe le souffle à la poufsouffle, qui voit son meilleur ami se tourner vers elle, les yeux brillants de larmes. Il ne lui en faut pas plus pour s'approcher de lui et entremêler leurs doigts, lui donner la possibilité de se reposer et s'appuyer sur elle, lui faire comprendre qu'il n'était pas seul. Elle peut pas rester impassible face à la douleur qui émane de lui et n'a pas besoin d'être empathe pour la ressentir, alors elle serre sa main de toute ses forces pour lui montrer qu'elle est là et qu'elle aime inconditionnellement. Les morceaux de vérités se rassemblent, et Maisie comprend peu à peu ce que Noah n'ose pas dire, la douloureuse fatalité qui lie ses parents à ceux de Connor et cette fois, c'est vers ce dernier que le regard de la sorcière se pose. « C'est pas vrai, ça veut dire que... ? » Elle sait d'avance, Maisie, qu'aucun mot ne suffira pour effacer la peine, la colère et toutes les émotions qui doivent le traverser, mais elle veut être là pour lui aussi, plus que tout au monde. Elle attrape alors aussi sa main, et la serre avec la même force que celle de Noah, déterminée à être le pilier qui les mantiendrait debout tous les deux. « C'est Wheeler qui t'as dit ça ? Est-ce qu'on peut vraiment lui faire confiance sur ça ? » elle se retient d'ajouter que l'activité préférée de la professeur est d'emmerder connor mais elle s'abstient alors qu'elle fait tourner la question dans sa tête, consciente que Noah a sûrement déjà dû remettre la parole de la sorcière en cause, qu'il a cherché toutes les solutions pour nier mais que s'il leur en parle aujourd'hui, c'est qu'il est sûr de lui. « J'suis désolée que t'ai porté ça tout seul, mais tu l'es pas ok ? » la main de connor toujours dans la sienne, elle lui jette un regard, puis s'approche de Noah pour poser son menton sur son épaule et l'entourer de son bras libre. « It's ok, you're not alone. » elle murmure, puis en regardant Connor, elle ajoute : « And neither are you. » il y a tellement de choses qu'elle aimerait leur dire, mais elle guette la réaction de son meilleur ami avec appréhension. Elle est intimement convaincue qu'il ne tournera jamais le dos à Noah, mais elle ne peut que comprendre le choc de la révélation, alors elle ne le lâche pas, son regard hurlant combien elle veut les aider à traverser cette tempête et combien elle est prête à être leur ancre, tout comme eux sont la sienne depuis déjà tant d'années.

Il n'avait probablement jamais vu son meilleur ami dans un tel état, un comportement qui n'était généralement pas le sien. Comme éteint, ailleurs et troublé à la fois, Connor s'était demandé s'il avait à voir avec ce qui tourmentait Noah car les dates coïncidaient plus ou moins avec le début des stages et cette impression de ne pas réussir à assez bien gérer son temps entre son business, ses cours, ses meilleurs amis et Levi. Et il s'en voulait, essayait du mieux que possible de déléguer à Harold pour les transactions, pensait vraiment parvenir à mieux gérer son temps avec eux et Levi mais peut-être se trompait-il parce que Noah restait le même. Pas forcément distant mais absent, fuyant souvent son regard ou tout simplement s'effaçant de leurs conversations. Il ne savait pas ce qu'il se passait, ce qui avait bien pu mettre son meilleur ami dans un tel état mais Connor était prêt à se battre pour lui redonner le sourire et sa joie de vivre habituelle. Même là en haut du mont où Maisie les fait transplanner, il n'a que ça en tête. Il le regarde, reconnaît encore combien Noah évite son regard et est prêt à tout lui promettre pour qu'il arrête, pour qu'ils redeviennent tout simplement frères comme avant. Si il avait fait quelque chose de mal, Connor était prêt à s'excuser mille fois et réparer les choses car jamais il ne laisserait leur amitié se rompre ou se tenir d'une quelconque façon. « it's ok. » lâche t'il simplement quand Noah débute ses explications par des excuses, recherchant son regard comme il le peut pour soutenir son propos. Seulement ce n'est qu'après que Noah accroche enfin ses iris aux siennes en prononçant son prénom et il acquiesce alors, prêt à tout entendre, à tout encaisser, à arranger les choses du mieux qu'il le puisse. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » il le laisse inspirer, prendre son temps tandis qu'une sensation anxieuse se loge au creux de son ventre à lui. Un mauvais pressentiment le hante mais il est loin d'imaginer de ce quoi il s'agit. Et lorsque le brun lui parle de son héritage, de ses parents, Connor est confus. En quoi ça avait à voir avec eux deux ? Avec Noah agissant avec distance depuis des jours ? Ses sourcils se froncent mais il tente de ne pas se fermer, il parlait avec lui après tout, pas n'importe qui et réussissait à avoir une ouverture suffisante pour écouter. Ils étaient orphelins tous les deux, ils savaient aussi bien l'un que l'autre combien le sujet était sensible. Seulement plus Noah s'exprime et plus il inquiète Connor. « ah bon ? » comment pouvait-il savoir que leurs parents se connaissaient ? L'intervention de Rachael lui fit froncer les sourcils. Comment ça elle avait fait des recherches ? Par quelles motivations et dans quelles conditions ? Elle ne lui en avait jamais parlé – même si pour dire la vérité, Connor ne lui laissait pas vraiment le choix de lui évoquer quoique ce soit vis à vis de ce sujet – et avait fait ça entièrement dans son dos, encore une fois. Ses épaules se tendent alors, désormais plus agacé qu'autre chose mais son trouble persiste, notamment lorsque Noah lui affirme qu'ils n'étaient pas amis. Et que ses parents ne faisaient pas partis de l'Ordre. Sourcils un peu plus froncés, son esprit comprend mais son cœur refuse de le faire ce qui le fait regarder à tour de rôle Noah et Maisie dont les visages deviennent bien plus grave. Ils avaient toujours su que leurs parents étaient des héros de guerre, qu'est-ce qui pouvait affirmer le contraire ? Si Maisie surenchérit aussitôt sur la confiance à avoir en sa cousine, Connor hausse une épaule. « elle est chiante mais sait faire son travail. » et il détestait ce fait, le refusait d'ailleurs. « mais elle reste humaine, elle peut se tromper ok ? » et ça devait forcément être le cas, non ? Connor refuse que ce soit autrement, il refuse aussi les regards graves de ses meilleurs amis, comme si ils avaient compris quelque chose que lui ne désirait pas accepter. « Et puis quoi, y a quoi de grave à se dire qu'ils étaient pas potes ? » ils auraient très bien pu ne jamais se croiser, ne jamais se battre ensemble. « j'veux pas croire que tes parents étaient pas des héros de guerre, c'est ce qu'on nous répète depuis tout petits Noah, c'est pas possible autrement. » et son poing le démangerait si il croisait la personne qui avait délibérément décidé de leur mentir si c'était bien le cas. « Non t'es pas seul et dans tous les cas y a pas de drame à imaginer, pourquoi vous imaginez le pire ? C'est juste impossible. » il relâche la main de Maisie, son souffle s'est raccourci. Il comprend pourquoi Noah était si absent ces derniers temps et ça le rend fou d'imaginer que c'est à cause de sa cousine. « il a fallut qu'elle fouine encore là où on lui demandait pas putain. » il fait les cents pas devant eux maintenant et rien ne réussit à vraiment apaiser ce combat évident entre son cerveau, sa raison, son cœur. Puis lorsqu'il s'arrête enfin, ses cheveux sont gris, son regard d'un brun pâle s'accroche aux iris de son meilleur ami, de son frère, avec une intensité réelle. « Me dis pas que t'y crois, c'est pas vrai Noah, c'est juste elle qui fabule, c'est juste des conneries. » mais il savait que si Rachael s'était permis de le dire à Noah c'était qu'une part de vérité résidait quelque part. Il a une boule dans la gorge qui lui fait mal, qui rend sa voix légèrement cassée par l'émotion. « On s'en fout t'façon pas vrai ? Ils ont pas été foutus d'être là pour nous et de rester en vie pour nous, on est là nous, on sait ce qu'on est. » des frères pour toujours et à jamais, c'était leur promesse, non ?