Quand il est rentré la veille au soir, Alec s’est faufilé dans son dortoir silencieusement pour y trouver ses amis déjà endormis et s’est empressé de glisser sous ses draps pour espérer trouver le sommeil à son tour. Après une semaine chaotique, il est enfin de retour à Poudlard, et l’idée l’angoisse plus qu’il ne veut l’admettre. D’abord la pleine lune puis, seulement quelques jours plus tard, le nouvel appartement qui les accueillent, lui et Alicia, réduit en cendres. Ces deux épreuves rapprochées ont eu le don de l’épuiser, et Alec sent le poids de la fatigue peser lourd sur ses épaules. Les cernes sous ses yeux témoignent d’ailleurs de ses nuits sans sommeil, et ton teint d’ordinaire éclatant est terne, trahi par l’épuisement. Seulement, en dépit de l’inquiétude et de la peur qui le secouent quotidiennement, il n’est pas question pour lui de se laisser abattre et, bien que ce soit difficile de se remettre dans le bain, il n’a d’autres choix que de retourner en cours, prendre ses notes, être attentif, donner le change, et faire comme si toute sa vie n’était pas sans cesse secouée par des bouleversements depuis quelques temps. C’est avec cette idée qu’il a affronté cette journée, un pas après l’autre. Des sourires aux uns, des blagues aux autres, l’attitude de l’élève attentif dans ses cours et il a l’impression que ça a marché, Alec, la plupart du temps, même si ça lui demande une énergie considérable de faire semblant que tout va bien. La journée déjà bien avancée, le sorcier constate avec soulagement qu’il n’a pas d’autres cours pour le reste de l’après-midi et vagabonde dans les couloirs en quête de sérénité et d’apaisement mais il ne trouve que Seamus au détour d’un couloir. « Tu prépares un mauvais coup ? » il lâche d’une voix plus enjouée qu’il ne l’est réellement. « Ou bien tu reviens d’un date secret avec une mystérieuse sorcière ? » il n’a pas eu le temps de le voir, de lui parler depuis son retour, et il n’en fait même pas mention, comme si ça n’était pas arrivé. Il détourne le regard et sort de sa poche un paquet de pêle-mêle de bonbons, dont certains qui explosent dans la bouche et en prend un avant de lancer le paquet à Seamus pour qu’il se serve. Un silence pesant s’installe – c’est du moins l’impression qu’à Alec dans les secondes qui suivent, avant qu’il n’ouvre la bouche, déterminé à ne pas faire semblant. « Hey eumh, écoute, j’suis désolé d’avoir disparu encore, la semaine a été assez… intense. » il se gratte l’arrière du crâne et tente de lui offrir un faible sourire alors qu’il lui donne un petit coup d’épaule amical pour faire comme si tout allait bien. Seulement, tout ne va pas bien, et il ne sait même pas ce qu’il devrait lui dire: au fait, je viens de survivre à un incendie, je suis un loup-garou, mon père m’a viré de chez moi et maintenant je suis traumatisé par la vie? Ça marche pas, ce genre de trucs, et Alec ne saurait de toute façon pas comment lui en parler. « Tu remontes jusqu’à la salle commune ? » il avance dans le couloir mais bientôt, d’épais nuages gris commencent à se former au dessus de leurs têtes, révélant une magie des saisons malicieuse qui n’en fait qu’à sa tête.

Les stages, c'était chiant. C'était du moins ce qu'il ne faisait que répéter dès qu'on lui demandait comment ça se passait depuis le début du mois alors qu'en réalité, Seamus ne vivait pas mal ces journées là-bas au Ministère. Ce qui était le plus ennuyant pour lui, c'était qu'il ne pouvait plus traîner autant comme il le voulait au château avec ses amis et sa petite-amie, il devait sacrifier de son temps et son quotidien pour partir loin du château comme si il mettait déjà un pied dehors alors qu'il était probablement celui qui en avait le moins envie. Alors heureusement qu'avec Tubetius Sperling (son tuteur au nom coloré) tout se passe bien, mieux encore qu'il ne l'avait imaginé, parce que dès qu'il rentre au château, l'irlandais se retrouve à être une boule de nerf remplie de frustration. Et c'était pas vraiment agréable de sentir son quotidien, ses habitudes, sa vie tant appréciée lui glisser d'entre les doigts. Le lion tentait donc de combler le vide comme il le pouvait, quitte à s'épuiser ou emmerder les autres, c'était sa façon à lui d'ignorer que tout était progressivement en train de changer, de se muer en quelque chose d'autre qu'il n'est pas certain être prêt à faire face. Quand ils se croisent avec Alec, alors ses pensées arrêtent de tourner en boucle sur le seul sujet de rechercher quoi faire et avec qui pour profiter de l'heure libre qu'il avait, le brun était disponible et d'ailleurs, enfin présent après une semaine des plus chargées et aux abonnés absents. « Non j't'attendais pour ça. » répond le lion du tac au tac tandis qu'il tient la hanse de son sac à dos en réalité pas assez rempli pour la moindre farce. Il a alors un sourire à l'évocation de Willow tout en glissant un regard sur un duo d'étudiantes un peu plus loin, une rousse et une brune, ça aurait pu être elle et Bea mais ça ne l'avait malheureusement pas été. « pas encore, et toi ? » il ne peut cacher combien il est ravi d'avoir sa petite-amie dans sa vie, elle était l'une de ses principales préoccupations elle aussi lorsqu'il rentrait de Londres. Un paquet de bonbons lancé en sa direction, Seamus l'attrape et c'est alors qu'il pense à toutes les absences d'Alec que ce dernier l'évoque enfin. Il ne voulait pas le brusquer à tout lui expliquer mais franchement, qu'est-ce qu'il foutait ? « intense dans quel sens ? les jumeaux te font déjà courir de partout ou tu fais des cascades en voiture dans notre dos et sans nous inviter ? » car il est partant lui, pour pratiquement tout d'ailleurs alors qu'il balance le morceau, il le rejoindrait au moins pour ces péripéties passionnantes. Seulement Alec semble un peu gêné et c'est quand il se gratte l'arrière de la tête que Seamus s'inquiète. « mais ça va, hein ? » les sourcils froncés, il tente d'analyser son visage comme si il était capable de tirer la réponse en le faisant, en vain. Il hoche alors simplement la tête à sa question avant qu'ils ne soient pris de courts par des nuages. « ugh, again ? » ils pressent le pas mais évidemment les nuages les suivent et Seamus tente même de les éloigner en lançant un poing dans la magie qui s'évapore quelques instants avant de se reformer. « ça sent déjà le chien mouillé. » s'amuse t'il à ajouter tandis qu'il renifle un peu grossièrement sans même comprendre le double sens que son ami pourrait prendre, il accepte presque la pluie naturellement finalement et tend à nouveau le paquet de bonbons vers Alec.

Il essaie de paraître naturel, Alec, mais il sait bien qu'il n'y a rien de naturel ou de censé à toute cette situation. Il passe le plus clair de son temps à mentir, à disparaître et à éviter ses amis et il sait que ça ne pourra pas durer éternellement comme ça et qu'ils finiront par avoir des doutes, mais dès qu'il s'imagine en train de leur en parler, il se fige intérieurement, et tout se bouscule en lui tant la peur de leurs réactions le paralyse. Le moment viendra où il devra leur dire avant qu'ils ne découvrent tout par eux-mêmes – ou que les commères de l'école le dénoncent, mais il veut repousser ce moment le plus possible, même si en attendant, ça veut dire donner le change en faisant semblant. Les stages, heureusement, l'aident un peu à garder ses distances. Depuis qu'ils ont commencé, ils ont moins de temps pour se retrouver et faire les cons tant ils sont occupés et épuisés par cette fin d'année, mais Alec ne peut pas échapper éternellement à ses proches, encore moins quand il leur tombe dessus, comme c'est le cas avec Seamus. Son premier réflexe est évidemment de faire comme si de rien était, ignorant volontairement son absence des derniers jours alors qu'il taquine son ami dont la réponse lui arrache un faible sourire amusé, ainsi qu'un regard lourd de sens vers son sac comme s'il ne sachait pas s'il devait le croire ou non. Il hausse une épaule et secoue la tête quand il lui retourne la question, le sujet « Mina » bien trop sensible pour qu'il veuille en parler et faire comme si tout allait bien. Leur relation se dégrade peu à peu, et si son affection pour sa petite-amie est touours intacte, il a l'impression que les sentiments amoureux se dispersent petit à petit, sans trop savoir si c'est l'effet de sa transformation, ou si ces soucis couvaient depuis plus longtemps. La pensée de la sorcière le pousse à vouloir s'expliquer – au moins en partie – et à prononcer des excuses pour son absence et même s'il n'a pas vraiment envie de se justifier, il ne peut pas en vouloir à Seamus de sauter sur l'occasion pour le questionner. Il soupire, passe une main dans sa nuque poue la frotter et se racle la gorge, non sans lâcher un petit rire forcé pour acceuillir la blague de l'irlandais. « Oh mec, t'imagines pas à quel point je préférerais que ce soit ça. » il sourit et secoue la tête et pour alléger l'atmosphère, il surrenchérit : « Après si c'est une proposition, j'peux libérer un créneau pour toi ce week-end. » l'idée de passer du temps avec ses amis, malgré son infinie fatigue, n'est pas si désagréable que ça après réflexion, et sans doute que ça pourrait l'aider à se changer les idées, et à changer celles de Seamus qui semble s'inquiéter pour lui. Ça le touche, Alec, de voir la concerne du garçon, mais il ressent aussi une pointe de culpabilité à l'idée qu'il lui inflige ce genre d'émotions, conscient que depuis janvier, tous ses proches s'inquiètent pour lui, et ça l'épuise aussi, il aimerait redevenir le sorcier grand et fort qui veille sur tout le monde. Il ne répond pas à la question, non pas pour l'inquiéter davantage, mais parce qu'il n'envisage pas totalement l'idée de lui mentir, et parce qu'un groupe de serpentard passe à côté d'eux à ce moment précis et Alec ne veut pas vraiment que des oreilles indiscrètes les écoutent. « Ca va pas vraiment en fait, mais ça va aller, je crois. » lâche-t-il finalement une fois seuls à nouveau alors que les nuages prennent forme au dessus de leurs têtes, comme pour illustrer le côté maussade de la situation, et la morosité des pensées d'Alec. Il cherche même pas à s'en défaire, et regarde Seamus balancer son poing dans l'un d'eux avec un sourire amusé alors qu'il manque de s'étouffer devant sa réflexion. Il ouvre de grands yeux et esquisse un sourire en coin crispé, avant de juste éclater d'un rire affreusement nerveux. C'est plus fort que lui, il peut pas s'en empêcher, l'ironie de la réflexion qui le rend doucement fou. « Désolé c'est juste que - » il sait pas comment se sortir de cette situation dans laquelle il s'est mit tout seul et cherche vite une échappatoire, mais n'arrive déjà pas vraiment à s'arrêter de rire. « Désolé, je suis épuisé, je rigole vraiment pour rien. » il accepte le paquet de bonbons alors que son rire se calme enfin et qu'il essaie de remettre de l'ordre dans ses pensées en cherchant une excuse à son comportement. « C'est  juste que... » il lève les yeux vers le nuage au dessus de sa tête, celui-ci aspergeant son visage d'un peu d'eau. « Y'a eu un incendie chez moi. » il lâche sans préambule en passant une main lasse sur son visage. « Tout a brûlé, je... on était à l'intérieur avec ma sœur, on dormait et on aurait pu y rester » il a l'impression que les flammes dansent à nouveau dans ses yeux, et que la chaleur brûle sa peau. « Bref, je trouvais juste ça ironique les nuages qui arrivent maintenant alors que j'ai failli cramer y'a quelques jours. » sa justification est bancale, mais il espère que ça suffira à Seamus pour ne pas qu'il cherche plus loin. « Comme je le disais, intense. » il se frotte l'arrière de la nuque, complètement trempé alors qu'une flaque se forme par terre. Il sent une certaine gêne s'installer et danse sur ses pieds. « Et sinon, j'ai loupé quoi pendant mon absence ? » le loup qui veut détourner la conversation de lui et ne pas trop penser à tout ça, tout en s'intéressant à son ami. À leurs côtés, une fenêtre claque violemment en réaction au vent, puis une seconde, et une troisième. Ça claque tout autour d'eux, et Alec échange alors un regard avec Seamus. « Damn, violent cette magie des saisons. » à tout moment les choses dégénèrent, et ce sera peut être la diversion parfaite pour éviter à Alec de s'épancher.

Les nuages déversant leur pluie au dessus d'eux, les sourcils de Seamus se froncent et un soupir évident dévale ses lèvres. Ils ne pouvaient contrer la magie des saisons depuis la rentrée de janvier, pas même les référents ou les professeurs et cette dernière leur offrait un quotidien particulièrement animé. Et si au fond l'irlandais adorait cela, il était vrai que parfois il préférerait être simplement plus tranquille. Pouvoir profiter de ses derniers mois au château sans se prendre la tête avec des foutus nuages remplis d'orages les poursuivant ou des tempêtes de neige en plein milieu de la nuit. Autant dire que le tout était corsé et que même lui parfois finissait par s'en épuiser. Alec ne fait pas même l'effort de les chasser et c'est en voyant ça que Seamus abandonne aussi dans un sourire, retenant évidemment la proposition et l'idée folle d'aller faire des cascades un week-end. Ça lui plairait, évidemment que ce serait dément, surtout avec ses amis aussi perchés que lui sur ce genre de sujets. Mais ce que le lion notait principalement c'était qu'Alec semblait différent et sa réponse n'eut en aucun cas le don de le rassurer. Ça n'allait pas vraiment. Et son ami l'assumait pleinement à voix haute ce qui n'était pas sans interpeller un peu plus Seamus qui vissait un regard inquiet à son sujet avant que celui-ci ne se mette soudainement à rire. Vraiment rire. Longtemps d'ailleurs, à une simple remarque que Seamus avait fait. Une drôle d'expression naquit sur son visage alors, entre l'amusement et l'incrédulité tout en le regardant et l'écoutant rire ainsi ce qui n'était pas sans contraste avec ses mots précédents et renforçait même un peu son inquiétude. Que lui arrivait-il donc ? « Euh ouais.. » il rit un peu lui aussi mais c'est plus bref et surtout amusé avant qu'Alec n'exprime enfin son histoire et ne prenne Seamus de court. Sur son visage alors se tient une expression grave et concernée. « QuOI ? » rugit-il presque, effaré que ce soit arrivé à Alec et sa sœur mais aussi de ne pas l'avoir su plus tôt. Ses hazels parcourent ses membres à la recherche de la moindre blessure. « mais ça va ? enfin, vous n'avez pas été blessés ? » il n'arrive pas à comprendre comment Alec peut rester aussi calme. « mais comment c'est arrivé ? » ils sont trempés de la tête aux pieds désormais mais Seamus en a rien à faire, la météo les environnant apporte même son lot d'inspiration dramatique à tout cela en claquant les fenêtres près d'eux et faisant lever un vent violent. « non mais change pas de sujet, on parle de l'incendie là.. c'était pour ça que t'étais pas là ? et ta famille elle a pas trop perdu d'affaires ça va ? » il pensait déjà à envoyer une lettre à sa mère pour qu'elle leur fasse un colis. « ma mère peut aider ton père si jamais, on a eu des voisins qui ont eu ça aussi il y a quelques années et ils ont du repartir de zéro.. » ses sourcils étaient toujours froncés, il détaillait le visage de son ami à la recherche de ce qu'il pensait vraiment tandis que les gouttes s'intensifiaient et que le vent balayait leurs vêtements.

Alec n’a jamais été de ceux qui aiment se plaindre ou qui disent à voix haute quand ça ne va pas. Habitué à tout garder pour lui et à s’isoler le temps que ça aille mieux, il lui est aujourd’hui plus difficile de fonctionner ainsi après tout ce qu’il a vécu et il a dû apprendre à parler de ce qu’il ressent et à ne pas se renfermer – au moins avec Alicia mais ça reste un exercice difficile pour l’enfant qui a toujours tout gardé pour lui pour préserver les autres. Alors, avouer à Seamus que tout ne va pas très bien dans sa vie en ce moment laisse un goût étrange dans sa bouche mais force est de reconnaître qu’il ne peut pas mentir et qu’il lui est de plus en plus difficile de le faire. Entre ses absences à répétition – dont la première en date ayant duré plus d’un mois, et la plus récente datant de seulement quelques jours – son air maladif et fatigué et ses sautes d’humeur qui le poussent régulièrement à s’isoler, il semble bien compliqué d’affirmer que tout va bien pour lui. Pris d’un éclat de rire incontrôlable qui trahit sa nervosité et sa fatigue, il remarque à peine l’étonnement de Seamus mais consent tout de même à reconnaître ce qui lui est arrivé récemment – du moins une partie, l’incendie qui n’est pas un secret et qu’il peut se permettre d’avouer à ses amis, même si ça lui vaudra sûrement des œillades inquiètes, une idée qui le fait grimacer. Il explique rapidement la situation, et sent tout de même son cœur se gonfler d’affection devant les rugissements du lion. S’il n’aime pas inquiéter ses proches, il est tout de même touché par l’importance qui lui est accordée et juge bon de rassurer Seamus d’un faible sourire. « J’ai eu quelques brûlures superficielles mais les médicomages ont vraiment géré, aucune cicatrice ni rien, on va bien tous les deux. » il se frotte l’arrière de la nuque et ses épaules s’affaissent un peu à la pensée d’Alicia, traumatisée par les flammes mais il n’en dit rien, parce que ce trauma appartient à sa sœur et non à lui. « J’sais pas comment c’est arrivé, y’a une enquête qui a été ouverte. Je sais juste qu’on dormait et que… » il s’interrompt et déglutit difficilement au souvenir de cette nuit d’horreur. Il sent encore la chaleur sur sa peau, les flammes lécher ses habits, la peur lui tirailler l’estomac et serrer son cœur. « que j’ai été réveillé par la chaleur et l’odeur de brûlé. » il ne précise pas que c’est sûrement sa toute nouvelle condition de loup qui leur a sauvé la vie ce soir-là, ni combien il a été effrayé par tout ça et combien les cicatrices sont dans son cœur à défaut d’être sur son corps, il se contente plutôt de lui offrir un sourire peu convaincant et tente de changer de sujet pour alléger l’atmosphère, mais c’est sans compter la détermination de Seamus qui relance la conversation avec une évocation qui glace le sang d’Alec. Un « Non » pressé et inquiet dépasse la barrière de ses lèvres beaucoup trop rapidement pour qu’il soit naturel et Alec soupire alors qu’un mini éclair vient assombrir le nuage au-dessus de sa tête, comme un message silencieux à son trouble. « C’est pour ça que j’étais pas là. » il confirme après une courte seconde d’hésitation, et il s’assure d’un regard qu’il n’y a pas d’oreilles indiscrètes qui les écoutent avant de poursuivre. « Ça a pas touché toute la famille, seulement ma grande sœur et moi. » il commence avec prudence en cherchant la meilleure façon de dire ce qu’il s’est passé récemment dans sa vie. Conscient que Seamus n’a pas toutes les informations en main pour comprendre la situation, il soupire et frotte sa nuque d’un air gêné. « Je vis avec elle maintenant. » il se racle la gorge, soudain paniqué à l’idée de trop en dire, mais parce qu’il est conscient qu’il n’y a pas de bonne façon de dire ça, il finit par se lancer : « On s’est engueulés avec mon père, je vis plus chez lui depuis le nouvel an. » une façon bien simpliste de dire qu’il a été viré chez lui, tout en occultant volontairement les raisons qui ont poussé à cette décision. Il a déjà donné bien trop d’information, bien plus qu’il ne l’aurait cru ou voulu et en allant plus loin, il pourrait bien gaffer et même si Seamus sait plus ou moins que la situation n'a jamais été facile chez lui depuis la mort de sa mère, c'est plus qu'il n'en a jamais dit. Cette idée fait accélérer son cœur dans sa poitrine, le garçon déterminé à garder son secret encore un peu. « Il est pas au courant de ce qu’il s’est passé, et je suis même pas sûr qu’il veuille savoir » l’idée de n’être plus rien aux yeux de son géniteur lui laisse un goût amer dans la bouche qu’il refoule d’un revers de la main et d’un sourire faussement réconfortant à l’égard de Seamus. « Bref, on doit repartir de zéro encore une fois, mais c’est pas grave, on a rien de grave et les potes de ma sœur nous aident bien » il hausse une épaule, comme pour dire que c’est pas grave, que tout va bien mais au fond, même lui est fatigué de tous ces secrets, de toutes ces batailles qui n’en finissent plus et il n’aspire qu’à un peu de calme et de repos. « Désolé d’avoir disparu et d’avoir rien dit, c’est juste super compliqué. » il grimace, parce que Seamus n’a que la moitié du puzzle pour comprendre l’histoire, mais Alec n’est définitivement pas prêt à en donner davantage, lui-même n’ayant toujours pas accepté sa nouvelle condition de loup, comment les autres le pourraient ?

Ses hazels se fixent au visage de son ami, il ne comprend pas très bien ce qu'il se passe ou du moins, combien il avait pu passer à côté de quelque chose d'aussi crucial. Si Alec avait été aléatoirement absent, à leurs yeux, mais toujours quelque part parmi eux à sa manière, à donner au change et faire comme si de rien était, Seamus aurait dû voir les signes. Il aurait du comprendre que quelque chose s'était passé, que son ami venait de souffrir d'évènements tragiques. Et l'air de son visage reste grave même lorsqu'Alec tente de le rassurer d'un léger sourire, il entend l'existence de brûlures ayant léché la peau de son ami, que le feu avait pris en traitre en se déclarant durant son sommeil. Il n'arrive pas à imaginer combien ça avait du être traumatisant, le réalise de plein fouet en le sentant perdre un peu de sa consistance lorsqu'il lui relate enfin ce qu'il s'était passé. « shit, man.. » lâche le lion en se sentant mal pour lui, glissant ses yeux sur ses bras comme si il s'attendait à apercevoir la moindre brûlure. Seulement il pleut et ils sont au début printemps, évidemment qu'Alec peut encore cacher la moindre trace. Seamus comprenait bien qu'il avait su leur dissimuler quelque chose d'aussi crucial et il se demandait pourquoi alors qu'ils auraient été là dès le premier instant. Il l'aurait été lui en tout cas, il comptait toujours l'être même si maintenant c'était passé. D'ailleurs, Seamus pensait déjà au reste, à l'entraide qu'il avait déjà vu mise en place par ses parents envers autrui et qu'il prenait en modèle. Si la famille Spinnet en avaient besoin alors ils seraient là. Seulement lorsque le brun réagit par la négative aussi rapidement, encore une fois il est évident que quelque chose cloche. « Quoi ? » pourquoi vivait-il avec Alicia ? Et pourquoi Alec semblait-il plus agité en lui expliquant que lorsqu'il lui avait parlé de l'incendie ? Toujours inondés d'une pluie capricieuse, les nuages persistent au dessus d'eux mais semblent rejoindre leur conversation et les propos de son ami qui lui révèle s'être embrouillé avec son père au point d'habiter ailleurs. Ce n'était pas aussi grave qu'avoir presque failli mourir mais c'était tout aussi important et surtout perturbant. Il n'était pas au courant que les choses allaient si mal entre le père d'Alec et lui, comment aurait-il pu après tout, il n'en parlait jamais. Ce n'était pas quelque chose qu'il lui reprochait, mais le lion en était perturbé. « seriously ? » comme seule façon de commenter alors que Seamus tombait un peu des nues, Alec avait du traverser tout ça tout seul et il trouvait ça tout simplement injuste. « si c'est grave. » il ne comprend pas comment il peut hausser une épaule et agir de façon aussi légère, il le voit bien dans ses yeux que c'est plus grave que ça ne l'est. Si son ami ne lui avait pas dit toute la vérité depuis ces dernières semaines – et peut-être mois – il le connaissait. Quand il s'excuse, Seamus le regarde droit dans les yeux et se retient d'exploser parce qu'il sait que ce n'est pas ce qu'Alec a besoin, il découvre tout juste que tout garder pour lui avait été son premier réflexe. Il est plus déçu de ne pas avoir pu être là pour lui plutôt que déçu de son ami. « on aurait pu tous t'aider tu sais, j'aurais été là et j'suis là pour n'importe quelle circonstance. » il était sincère, ne l'était jamais autant qu'avec ses amis. Il regarde les nuages au dessus d'eux, les fenêtres, mais il est agité, il a envie de le secouer et le réconforter à la fois, en retard. « t'as pas à vivre tout ça tout seul. » une nouvelle fois ses iris se plantaient aux siennes. Sa main vint se poser sur son épaule afin de la lui presser amicalement, avec tout son soutien. « tu le sais ça, hein ? » il l'espérait avoir été un bon ami pour qu'Alec le sache au fond de lui, pour qu'il n'ait pas à garder tout ça car il n'avait pas assez confiance en eux, en lui. « tu peux absolument tout me dire. » ses doigts se pressent une dernière fois à son bras. « we're bros after all. » peut-être pas liés par le sang mais tout aussi fort à ses yeux, c'était important de se soutenir en n'importe quelle situation pour Seamus. Et par deux fois il n'avait pas été là, mais pour toutes les autres il se promettait de l'être si Alec lui en laissait l'opportunité.

Il a passé tellement de temps à essayer de cacher tous ses secrets qu’il a soudain l’impression de perdre tout contrôle sur la situation. A force de ne rien dire de ses traumatismes et de cacher tous ses secrets depuis quelques mois, il s’est entraîné à avoir des phrases toutes faites pour rassurer, pour faire diversion et pour détourner l’attention de lui mais maintenant qu’il a commencé à révéler ses secrets à Seamus, il a l’impression de ne plus pouvoir s’arrêter. D’abord l’incendie, puis son emménagement avec Alicia, sa dispute avec son père le soir du nouvel an, et pour finir, le sous-entendu sur sa relation si catastrophique avec son géniteur que celui-ci ne veut sûrement même pas savoir pour l’incendie. Ça fait beaucoup d’un coup, autant pour lui que pour Seamus, il le voit dans son regard et dans son attitude. Et s’il est reconnaissant pour la façon dont il rugit pour lui, le loup qui sent son cœur se gonfler d’affection devant le soutien et la loyauté de son ami, une part de lui espère que l’Irlandais ne lui tiendra pas rigueur pour son silence. Il a peur qu’il lui en veuille ou qu’il lui reproche de n’avoir rien dit et Alec n’est pas sûr de pouvoir se justifier dans ce cas, il en a déjà trop dit sur lui et ce qu’il lui arrive et il est incapable de lui révéler son plus gros secret, celui qui a dû le pousser à remettre en question son présent, ses plans d’avenir, et toute son existence. Il déteste évidemment l’idée de mentir, et il voit bien que Seamus est encore plus surpris à chaque nouvelle révélation qui tombe, mais il a encore besoin de temps pour comprendre et accepter la situation lui-même. Ce n’est pas une question de manque de confiance, parce que le lion mettrait sa vie entre leurs mains sans hésiter, mais un manque cruel de confiance en lui et un besoin viscéral d’essayer de régler les choses par lui-même mais surtout, un désir profond de ne pas les ennuyer avec une tonne de problèmes qui semblent s’accumuler encore et encore au fil des mois. Il n’a jamais été de ceux qui aiment se plaindre et soudain, il se retrouve avec un million de raisons de le faire et il déteste, Alec, alors il privilégie le silence, même si ça veut dire prendre ses amis par surprise quand ils découvrent la vérité sur lui et sur sa vie ces derniers mois, comme c’est le cas pour Seamus. Toujours inondés d’une pluie capricieuse qui ne semble pas vouloir s’arrêter – ce qui arrange un peu Alec finalement – il regarde Seamus tomber des nues et s’offusquer pour lui avec un faible sourire qui n’atteint pas ses yeux. « I know. » évidemment qu’il sait que c’est grave, il essaie de prétendre que ça ne l’est pas, il essaie de voir les choses d’un autre œil mais il a tellement encaissé ces derniers temps qu’il est plus facile d’essayer de prendre que ça n’est rien plutôt que tout affronter d’un coup. Alors que Seamus lui assure qu’il aurait aimé être là pour l’aider et qu’il n’a pas à vivre tout ça seul, la gorge d’Alec se serre brusquement et il ravale un sanglot en hochant la tête, presque soulagé que la pluie puisse dissimuler un peu le flot d’émotion qui menace de déborder. Son cœur se serre devant sa gentillesse et sa présence, et il pose alors sa main sur son épaule à son tour pour lui rendre une pression amicale. « Yeah, I know that. » il secoue la tête et renifle à la mention de la fraternité qui les unis, et la boule dans sa gorge s’épaissit alors qu’un poids invisible s’enlève de ses épaules. Il sait, qu’il compte pour ses amis, tout comme eux savent combien ils comptent pour lui, mais la confirmation le touche plus qu’il ne veut l’admettre. L’émotion le submerge alors que pour seule réponse, il se rapproche de Seamus pour lui donner une accolade plus franche. « Thanks, bro. » il se recule et se racle la gorge alors que d’une main, il recommence à essayer de chasser le nuage au-dessus de sa tête. Il pose un regard hésitant sur Seamus et pendant un bref instant, il menace de lui dire toute la vérité, révéler sa vraie nature depuis quelques mois mais alors qu’il ouvre la bouche pour lâcher un « Seamus ! Je suis… » il s’étrangle avec les mots et n’arrive plus à prononcer la moindre syllabe. Le cœur battant et les oreilles bourdonnantes, il s’interrompt pendant quelques secondes et, d’un ton plus posé, il renonce à sa première idée et change de discours. « Je suis désolé d’avoir rien dit. J’avais juste besoin d’un peu de temps pour accepter tout ça, tu vois ? » il s’adosse à un mur et baisse les yeux vers ses chaussures un bref instant. « Je sais que tu voulais aider, je te remercie pour ça, et c’était pas contre toi, je… je savais juste pas ce dont j’avais besoin » et il ne le sait pas plus aujourd’hui finalement, mais il doit reconnaître que c’est quand même agréable de pouvoir compter sur son ami dans cette situation. Mine de rien, la situation le pèse, et devoir tout cacher tout le temps à ses amis n’est pas une solution sur le long terme. Il a une nouvelle hésitation avant de relever les yeux vers le lion. « Tu veux bien garder ça pour toi pour l’instant ? Je sais que je dois le dire aux autres mais ça fait beaucoup d’un coup » trop d’émotions d’un seul coup, et il sait pas s’il veut revivre ça maintenant avec le reste du groupe, quand bien même les aimes-t-il tous profondément. « C’est juste pour quelques jours, semaines grand maximum » la pluie semble enfin ralentir, et seules quelques gouttes continuent de leur tomber dessus. Alec est complètement trempé, ses cheveux lui retombent devant les yeux et il repousse ses mèches rebelles d’un geste de la main alors qu’il fait signe de la tête à Seamus pour qu’ils poursuivent leur chemin jusqu’à leur salle commune. Il a le cœur retourné, Alec, mais aussi réchauffé par la présence de son ami et l’assurance qu’il n’est pas seul et s’il cache encore un lourd secret et qu’il est effrayé à l’idée de le révéler, il veut pour l’instant se concentrer sur l’assurance que dans le chaos, il a un ami, un frère de cœur sur qui compter et qui lui a bien fait comprendre qu’il est là pour lui s’il en a besoin et Alec, il est incroyablement soulagé par cette idée.

Il se rappelle de tout Seamus lorsque son regard inquiet se pose à l'adresse de son ami. Il se souvient de la pluie qui maladroitement dissimulait l'émotion, il se souvient de sa voix cassée exprimant le désastre émotionnel par lequel il avait dû passer au fil de ces révélations racontées mais surtout vécues. Il sait que ça n'a pas été des mois faciles pour Alec, il le voit à sa façon d'être encore parfois absent, que ce soit véritablement ou pas vraiment, lorsque son regard tombait dans le vide au milieu de leurs conversations comme si son esprit était hanté par ce quelque chose que Seamus n'arrivait pas à totalement discerner. Et il sait, du moins il croit comprendre que c'est une affaire de traumatisme pas encore tout à fait guéri ni surmonté alors il fait du mieux qu'il le peut pour palier à tout ça pour son ami car les regards curieux du reste du groupe commencent à se deviner à son adresse et qu'à défaut de pouvoir leur en parler et se mettre à plusieurs pour l'entourer et le réconforter, Seamus avait accepté, il avait même promis à Alec de ne rien dire. Pourquoi se taire sur ces sujets ? Il ne comprenait pas entièrement mais il l'avait quand même fait car il respectait son choix, parce que même si il ne l'avait pas dit à voix haute une plus haute promesse persistait pour lui, celle d'être là pour Alec en toute circonstance. Alors il veille Seamus, il entoure ses épaules d'un bras de temps en temps pour l'aider à se reconnecter à la réalité, change les sujets de conversations qui semblent le mettre mal à l'aise, lui invente même des excuses quand il est absent. Tout pour lui soulager la vie mais surtout la charge mentale qu'il semble subir, le temps que ça prendra, il serait patient Seamus, un vrai ami pour lui. Pourtant c'est en faisant tout cela qu'il ne manque pas les signes évidents que quelque chose de plus réel encore impacte la vie du Spinnet ces derniers temps. Il ne sait pas quoi, mais il remarque facilement la cicatrice sur le corps de son ami qui ne sait pas toujours la dissimuler quand ils sont dans leur dortoir. Elle est rouge et semble bien trop imposante et fraîche pour ne pas inquiéter celui qui justement commençait à étudier la médicomagie pour sa future formation. Il remarque aussi ses absences, sa fatigue, c'est Lavender qui lui a pointé du doigt qu'elle semble comme cyclique, l'amenant à se demander si leur ami ne souffrait pas d'une maladie qu'il n'osait nommer. Il y pense alors que son stylo tapote nerveusement ses notes et qu'il est perdu dans ses pensées depuis de longues minutes, deux gros manuels ouverts sur le même thème face à lui, attablé et occupé à étudier au sein de la salle commune des lions. C'est pour l'un d'eux que ses sourcils se froncent, surtout lorsque près de lui deux étudiants racontent qu'au village, on aurait entendu un nouveau loup hurler le soir de la dernière pleine lune. L'irlandais secoue la tête, soudain particulièrement agacé et presque comme sur la défensive. « ça fait des années qu'on raconte ces conneries mais y a rien là-bas. » il les interrompt en les regardant brièvement avant de laisser son regard tomber sur Alec traversant leur salle commune. « hey, tu vas où comme ça ? » il l'interpelle alors qu'il a la tête remplie de trop, trop de pensées, de questions, de doutes, d'inquiétudes à son sujet lui qui pourtant ne relevait jamais si quelqu'un sortait pas loin du couvre-feu. Seamus referme ses manuels d'un coup de baguette et toutes ses affaires se rangent pour filer jusqu'à son dortoir. « j't'accompagne. » même s'il n'était pas forcément invité, sans vraiment lui donner le choix mais les cernes sous le regard de son ami l'inquiétaient et il fallait qu'il sache Seamus, si oui ou non Alec était malade, si oui ou non il était devenu loup-garou.

Il est fatigué ces derniers jours, Alec. Comme chaque fois que la pleine lune approche, ses émotions et son état physique sont mis à rude épreuve, et il doit fournir des efforts particuliers pour arriver à rester concentré et à ne pas passer tout son temps isolé. S’il fallait être honnête avec lui-même, il faudrait reconnaître qu’il est fatigué depuis des mois en fait, depuis sa transformation et il est parfois tellement épuisé qu’il a l’impression d’être sur le point de s’écrouler. Ça dure depuis tant de temps qu’il a presque du mal à se rappeler quand est-ce qu’il n’a pas été fatigué. Il apprend à vivre avec au jour le jour, tout comme avec le reste d’ailleurs et si c’est dur la plupart du temps, il trouve beaucoup de réconfort dans la présence d’Alicia et de ses autres frères et soeurs, de Seamus, de Maya, de son groupe d’amis et même un peu de Mina à sa manière. Peu d’entre eux sont au courant de qu’il est aujourd’hui et ça continue de lui suffire, le lion qui ne sait pas vraiment comment leur en parler, ni même s’il veut leur en parler. Confortable dans son silence et sa solitude la plupart du temps, force est de reconnaître que ça lui a quand même fait un peu de bien de parler de ses soucis à Seamus. Seul membre du squad au courant de presque tout ce qui le tracasse, il a d’abord été réticent à l’idée de se confier, puis gêné, puis bouffé de regrets, pour finir par être soulagé de ne plus porter ça tout seul. S’il sait qu’il devrait en parler au reste de ses amis, il craint pourtant les questions, et il craint encore plus que ses révélations n’aillent trop loin et le poussent à avouer ce qu’il aspire tant à cacher. Alors il repousse l’échéance, et est silencieusement reconnaissant pour la présence et le soutien de Seamus qui s’évertue à le protéger des questions, des sujets provocateurs de malaises et de tout ce qui pourrait le perturber. Il l’adore, Seamus, mais récemment, il sent aussi des regards plus insistants de sa part dans son dos et il tente alors de faire comme si de rien était, mais il a l’impression que ce qu’il redoute approche et qu’une épée de Damoclès se balade au-dessus de son crâne. Il déteste cette sensation et à l’appoche de la pleine lune, c’est pire encore, parce qu’il est à fleur de peau, parce que ses émotions sont en vrac et qu’il n’arrive plus à penser de façon rationnelle avec la fatigue qui pèse sur ses épaules. Résolu à s’isoler autant que possible le jour précédent la pleine lune, il a tant bien que mal essayé de tenir cette résolution jusqu’à maintenant, où il s’apprête à rejoindre la cabane hurlante. Après avoir échangé quelques mots avec Maya pour être sûr qu’ils se retrouvent au point indiqué, c’est avec une pointe d’appréhension serrant son estomac qu’il sort de son dortoir, habillé d’une tenue de sport. Ces angoisses sont aussi régulières que récurrentes maintenant que le loup fait partie de lui et si ses transformations se passent légèrement mieux grâce à la louve qui est bien trop rapidement devenue son ancre, Alec ne peut pas s’empêcher de redouter et détester ces moments. Capuche rabattue sur sa tête, les mains fourrées dans la poche de son sweat, il passe dans la salle commune tête baissée mais intercepte une conversation entre deux étudiants évoquant les cris d’un loup. Son rythme cardiaque accélère soudain et il se fige légèrement, angoisse devenant panique quand Seamus intervient puis s’adresse à lui en le remarquant. « Oh hum nulle part, je sortais juste prendre l’air. » Son coeur bat à une vitesse anormalement rapide alors qu’il tente de trouver une échappatoire à la présence de Seamus tandis qu’il sort de la salle commune à ses côtés à contrecoeur. « T’as pas besoin de m’accompagner Seam, je vais juste.. Courir. » Demi-mensonge. Il allait sûrement courir, mais pas de la manière dont son ami pourrait le penser. Il omet de préciser qu’il aura la forme d’un monstre, et se contente d’offrir un sourire qu’il espère convaincant à son ami alors qu’il baisse finalement sa capuche avec un soupir. « Je t’assure, c’est pas la peine de venir, tout va bien. » Et pourtant, ils se retrouvent tous les deux à dévaler les escaliers jusqu’à sortir du château, Alec n’ayant pas d’autre choix d’abandonner le passage secret menant à la cabane hurlante au risque de voir son alibi se décomposer. « T’es même pas habillé pour courir avec moi tu vois, tu devrais rentrer, je serais pas long. » Nouvelle tentative de sourire, mais il commence à paniquer Alec, parce que dans quelques secondes ils seront dehors, pourront voir la lune pleine s’élever dans le ciel et alors se jouera un contre la montre pour qu’Alec se cache avant qu’il ne devienne le loup et risque de blesser son ami et frère de coeur. Il s’arrête devant les grandes portes du hall et se tourne vers Seamus, l’urgence de se débarasser de son ami battant dans ses veines. « J’ai juste besoin d’être un peu seul, tu vois. » il abat une nouvelle carte et ne peut qu’espérer que le lion entêté répondra à sa demande silencieuse et ne mettra pas sa vie en danger en restant près de lui à seulement quelques minutes de sa transformation prochaine.

Il sent bien qu'Alec n'a aucune envie qu'il l'accompagne mais quelque chose le pousse à le suivre quand même, à abandonner ses révisions importantes qu'il ne lâchait finalement si peu ces derniers temps pour plus important encore, pour lui. Mené par ses inquiétudes et ses questionnements, ses théories et surtout le besoin d'y voir plus clair, il est trop honnête Seamus pour tourner mille an autour du pot, pour laisser les faux semblants s'installer. Entier dans sa personne, dans ses amitiés aussi et c'est ce qu'ils ont toujours été l'un et l'autre, c'est pour ça que c'est aussi fort et important, pour cela qu'il a véritablement peur pour Alec. Car plus il y pense, plus l'irlandais se fait à l'idée que quelque chose de grave doit forcément torturer son ami, il ne sait seulement pas combien ça l'est ni sa nature, ne peut qu'en faire des hypothèses souvent douteuses vu le peu d'informations que laisse transparaître le Spinnet qu'il étudie du regard tandis qu'ils descendent d'un pas relativement rapide les escaliers du château en direction de ce qui semble être la sortie. « Non mais ça me fera du bien aussi. » il s'en foutait de courir, il avait déjà fait sa séance le matin-même, tout ce qu'il désirait c'était de trouver un moment seul à seul avec Alec pour le questionner, pour enfin y voir clair. Seamus mesurait qu'il en avait besoin tout autant qu'il le méritait maintenant, surtout après tous ces efforts pour lui, patience mise à rude épreuve à cause de l'inquiétude qui était la sienne mais sa compassion et sa loyauté toujours intactes le poussant à rester prudent pour essayer de ne pas le brusquer. Mais Alec insiste pour que Seamus le laisse et ses sourcils se froncent, quelque chose de frénétique dans le comportement de son ami l'inquiète encore plus mais il ne sait pas pourquoi ni ce qu'il se passe, seulement que là aux pieds du château tandis que l'air froid frappe ses joues en des brises glaciales, Alec ne le veut vraiment pas à ses côtés. Seamus laisse un silence lourd d'incompréhension entre eux deux tandis que son regard détaille le visage de son ami et son cœur s'emballe. L'évidence qui hurlait au fond de ses pensées n'arrivait plus à rester totalement tue, il n'arrivait pas à passer outre le fait qu'il semblait épuisé, agité sous cette pleine lune qui ne tarderait pas à éclairer les cieux et ses hazels sont remplies d'appréhension, de doute et de trouble. « il se passe quoi Alec ? » sa respiration est plus courte, il a peur de la réponse, qu'il n'évoque une maladie grave, une malédiction intraitable, un mal que Seamus ne pourrait jamais l'aider à se débarrasser, il a peur d'un plus gros secret encore que l'incendie et de l'enfant déchu, il a peur pour son ami qu'il n'a jamais vu comme ça, il a surtout peur de le perdre. « l'entière vérité, cette fois. » il ne lui laissait pas le choix finalement et savait très bien que l'une de ses hypothèses serait vérifiée si jamais Alec cédait et partait en courant comme cela semblait lui démanger de le faire. Mais la voix qui raisonnait au fond de sa tête ne pouvait pas avoir raison, non c'était impossible, pas avec Alec. Derrière eux, les grandes portes du château finissent de s'entrouvrir à nouveau et il remarque la présence nouvelle et réconfortante de Lavender à qui il adresse un regard équivoque. Elle aussi s'inquiétait énormément pour Alec et quand Seamus le regarda à nouveau, alors leur ami put aisément lire qu'ils ne comptaient pas le laisser seul, cette fois.

elle soupire une énième fois, lavender pas le moins du monde intéressée par l’ouvrage ouvert sur ses genoux qui retrace l’histoire du ministère de la magie et de ses différents départements. elle est censée le lire avec application et prendre des notes afin de pouvoir rédiger les trois parchemins demandés par leur professeur sur un résumé analytique, mais son esprit qui ne cesse de divaguer. elle relève les yeux et évite le regard de parvati à ses côtés qui semble également avoir du mal à se concentrer, et les pose plutôt sur les garçons installés un peu plus loin dans la salle commune. seamus semble songeur, son propre manuel devant lui et son parchemin de notes qu’il n’a pas touché depuis un moment. pourtant elle le sait particulièrement concentré sur sa scolarité ces derniers temps, le lion déterminé à réussir ses examens de fin d’année, et lisa et padma qui n’hésitent pas à l’aider à rester attentif lorsque son énergie habituelle l’empêche de le rester trop longtemps. elle s’empêche de le rejoindre malgré l’envie qui ne manque pas, sachant d’avance qu’ils n’arriveront pas à avancer sur leur devoir si elle le fait, les deux lions impatients se tirant bien souvent vers le bas lorsqu’ils doivent travailler ensemble, n’arrivant pas à se concentrer. elle se laisse captiver à la place par les conversations autour d’elles, et capte bientôt deux élèves parler de la cabane hurlante. ayant toujours été intriguée par les histoires racontées dessus et à la recherche d’un sujet à exploiter pour le prochain numéro du daily hogwarts, elle s’apprête à demander plus d’informations quand seamus les coupe pour démentir leurs dires. elle fronce les sourcils devant son ton qu’elle trouve presque agressif sans comprendre pourquoi, mais oublie rapidement face à la scène suivante. alec qui traverse d’un pas pressé la salle commune et seamus qui l’apostrophe d’une manière qu’elle trouve tout aussi étrange. elle sent l’attention de parvati se détourner de son devoir pour rejoindre celle de lavender sur les garçons, les filles clairement intriguées par la réponse évasive et hésitante d’alec sur ce qu’il compte faire en dehors de leurs dortoirs aussi près du couvre feu, puis par ce qu’elle interprète comme une tentative de se débarrasser de seamus. ils quittent la salle commune et elle attend quelques secondes, interdite, avant de se lever et de ranger ses affaires à son tour, qu’elle confie à parvati. « je vais aller vérifier qu’ils font pas de bêtise. » en réalité elle est bien plus inquiète que ça, et elle s’empresse de sortir de la pièce à leur suite. elle entend leurs voix au loin, plus bas dans les escaliers, et elle les descend discrètement mais le plus vite possible afin de pouvoir se rapprocher et entendre ce qu’ils disent. les deux garçons qu’elle trouve particulièrement étrange ces derniers temps, alec qui semble très souvent fatigué, et elle se souvient avoir fait remarquer à seamus que ça semble cyclique, récurrent. le spinnet qui s’isole aussi régulièrement, lavender qui sent qu’elle le dérange lorsqu’elle le cherche dans le domaine du château pour passer du temps avec lui et ne pas le laisser seul. le lion qui se renferme et qui prétend pourtant que tout va bien, et elle arrive pas à comprendre ce qu’il se passe lavender, tout comme elle arrive plus à comprendre parvati. même seamus est devenu étrange aussi ces derniers temps, coupant court aux inquiétudes du reste du groupe au sujet d’alec, trouvant toujours des excuses aux absences de leur ami. elle a bien remarqué certains regards qu’ils s’échangent parfois, toujours discrets, mais la lionne qui redouble d’attention à leurs sujets dernièrement, inquiète. persuadée qu’ils lui cachent quelque chose, elle continue à les suivre dans les escaliers et retient un juron lorsque tout un pan de marches se met à bouger lorsqu’elle pose le pied dessus et à changer de direction, lui faisant prendre un détour et perdre un temps précieux, manquant de lui faire perdre la trace des garçons. lorsqu’elle parvient dans le hall, elle remarque les portes de l’entrée du château se refermer dans un claquement, et court jusqu’à elles, se faufilant à l’extérieur. un frisson la traverse face au froid de la soirée, et elle observe ses deux amis se faire face, la multitude d’émotions qui traversent leur visages. l’inquiétude, l’incompréhension, le doute chez seamus ; l’impatience, la panique, la peur chez alec. « qu’est-ce qu’il se passe ? » cette vision qui l’effraie, qui pousse son coeur à battre un peu plus vite et pas seulement à cause de sa course de quelques secondes pour les rattraper. « qu’est-ce que vous faites dehors dans le froid ? » son ton un peu trop aigu, qui trahit sa propre inquiétude, tandis qu’elle essaie de comprendre ce dont il peut bien s’agir. alec qui cherche visiblement à fuir seamus, ce dernier qui tente de le retenir et de vouloir lui aussi comprendre. la tension qu’elle ressent dans cet air froid qui lui instille une sensation d’urgence dans les veines, et elle s’avance aux côtés de seamus, détaille des yeux le visage de leur ami. « alec, are you okay ? » elle vient prendre ses mains dans les siennes, désireuse de le toucher, de s’assurer qu’il aille bien. ce n’est pas le cas pourtant, elle le voit bien. « you know we’re here if you need it. » car il en a visiblement besoin, et elle comprend pas pourquoi il leur dit rien, pourquoi il les évite, alors même qu’ils sont tous prêts à tout pour chacun d’entre eux, une vraie famille qui s’est constituée à poudlard et qui n’est pas prête de se séparer.

Alec grogne intérieurement de voir que Seamus ne lâche pas l'affaire et sent une pointe de désespoir et d’urgence enfler en lui alors qu'il se creuse la tête pour trouver une idée, n'importe laquelle, pour se débarrasser du lion. Il l'adore, Seamus, ils sont amis depuis longtemps maintenant et Alec à appris à le considérer comme un frère au fil des années seulement a cet instant précis, il déteste son insistance. L'approche de la pleine lune le rend davantage instable, irritable, et lorsque le lion persiste à le suivre et à le questionner, Alec gronde malgré lui un « Seamus » agacé sur un ton d'avertissement qu'il espère saura repousser un peu le lion. Il se sent acculé et oppressé, fébrile par ses émotions qui commencent à partir en vrille à mesure que la lune monte dans le ciel et il y a cette agitation qui ne le quitte pas à mesure que la situation avance vers l'urgence. « Il se passe rien,  y’a rien à dire. » réflexion lancée sur un ton plus brusque qu'il ne l'aurait voulu, il ferme les yeux et tape nerveusement du pied par terre en tentant des exercices de respiration tels que le professeur Lupin lui a appris pour garder le contrôle de ses émotions. Mais c'est dur, c’est même presque impossible tant il est à fleur de peau et tant ses émotions semblent mille fois plus fortes que d’ordinaires. Même ses sens sont exacerbés, et tout l'environnement autour de lui devient une véritable source d’hyperstimulation avec le stress qu'ajoute sa confrontation avec Seamus. Il ressent tout, Alec, et trop fort. La brise pourtant légère devient une véritable tempête qui le fouette, le hululement lointain d’une chouette lui parvient avec une intensité désarmante et le tissu de son pull lui fait presque mal en plus de l’étouffer. Une goutte de sueur coule le long de sa tempe et il jette un regard angoissé derrière lui, priant Merlin que Maya débarque et mette fin à son supplice mais elle n’arrive pas, et Alec doit faire face au lion qui n'en démord pas et exige la vérité. « Seamus » son ton est cette fois presque suppliant. « Me fait pas ça s’il te plaît » il a envie de fuir, de courir dans la direction opposée et il y songe sérieusement quand il voit les portes du château s’ouvrir et Seamus se tourner dans cette direction mais il a un bref doute, une fraction de seconde durant laquelle il se fait la réflexion que peut-être, il n’a pas besoin de fuir, que ce sera plus facile de tout avouer mais sitôt qu’il voit Lavender apparaître dans leur champ de vision, il regrette instantanément de pas s’être enfui. Il voit dans leurs yeux que leur démarche est sincère, qu’ils s’inquiètent vraiment pour lui et ça rend le tout encore plus difficile pour lui parce qu’une part de lui est touchée, bouleversée même par le soutien qu’ils lui montrent, mais il est aussi terrifié par cette vérité qu’il a tant refoulé et qu’il a encore envie d’ignorer. « Il se passe rien du tout. » déni qui s’accroche à lui, il tente d’adresser un sourire réconfortant à Lavender mais retire ses mains des siennes dès qu’elle les prend, parce qu’il est tellement sous pression qu’il n’arrive même pas à supporter le moindre contact physique. « Tu devrais rentrer te mettre au chaud. Vous devriez le faire tous les deux. » il insiste sur les derniers mots en posant son regard sur Seamus cette fois. « Je vais bien, je veux juste être un peu seul. J’ai besoin de.. » seulement il ne va pas bien et sa posture et son regard parlent pour lui. De ses yeux vitreux à ses tremblements en passant par les perles de sueur sur son front, il sent son coeur se mettre à battre plus fort, plus vite et il se sent submergé par ses émotions et une agitation qui grandit. « Je veux… Je peux pas rester. Vous pouvez pas rester non plus. » son ton est pressé, et il recule de quelques pas pour mettre de la distance entre eux, d’une part parce qu’il sait qu’il devra bientôt s’enfuir, et de l’autre parce qu’il se prépare déjà à l’inévitable, à leurs réactions quand ils apprendront la vérité et il souhaite alors mettre des barrières invisibles entre eux. « Please. » nouvelle supplique, il jette un coup d'œil discret vers la lune arrondie qui continue son ascension dans le ciel, et qui annonce sa transformation imminente, et son stress s'accroît davantage, Alec qui n’arrive alors plus à faire le tri dans ses pensées. « Ecoutez je vois bien que vous voulez m’aider, que vous avez envie d’être là pour moi et tout mais c’est vraiment pas le moment là, je vais juste finir par vous faire du mal si vous restez. » il se rend même plus compte de ce qu’il dit, Alec, souffre véritablement de la situation et de cette hyperstimulation de toute part qu’il subit. Il ferme les yeux et se recroqueville un peu sur lui-même en voyant qu’ils ne lâchent pas l’affaire, laissant échapper un gémissement plaintif alors que cette fois, c’est tout son corps qui commence à se tendre et à se faire douloureux à l’approche de la transformation. « Vous devez partir. » il renifle et rectifie. « Vous devez me laisser partir avant que la, avant que ça commence. » son regard s’accroche aux deux visages inquiets devant lui et ses yeux se remplissent de larmes alors qu’il sent une boule se former dans sa gorge. « J’ai été mordu, ok ? Par un… Je suis un… » il fait trois nouveaux pas en arrière et détourne le regard pour ne pas avoir à affronter les leurs. Il n’arrive pas à prononcer les mots, mais ils sauront, il est presque sûr que Seamus savait déjà et que c’est pour ça qu’il a tant insisté pour rester. Il ravale un sanglot et fait un énième pas en arrière, incapable de les toucher, de les regarder, ou même de se supporter lui-même à cet instant précis.

Il sent bien que quelque chose ne va pas, ni ce soir, ni ces derniers jours et si il devait être honnête, cela faisait sans doute des semaines que c'était le cas. Mais Seamus avait été patient pour son ami, ce frère de cœur qu'il voyait là ce soir le plus vulnérable possible sans comprendre pourquoi. Multitude de scénarios envahissant son esprit, aucun à la hauteur de l'insistance d'Alec pour qu'il parte, aucun qui ne valait ces tremblements, cet état second dans lequel le brun semblait se confondre. Et l'arrivée de Lavender le réconforte lui mais semble presque empirer les choses lorsque Seamus remarque bien que quelque chose de différent s'éveille dans le regard de celui leur faisant face. De la peur peut-être, ou était-ce une terreur sous-jacente ? « Alec.. » s'esquisse dans un murmure plus prudent maintenant, il se sentait mal pour lui, émotion qui le prenait lui-même à la gorge et ça s'en ressentait dans le timbre de sa voix et à la façon dont il accrochait son regard à celui qui était le plus confus, face à eux. Il ne savait pas ce qu'il avait, il ne savait que le fait qu'il voulait l'aider à se libérer de la peur qui hantait ses yeux bien sombres ce soir. Et c'est probablement lorsque le Spinnet évoque le fait qu'il pourrait leur faire du mal que Seamus commence alors à réaliser, écraser ces remparts de déni qui entouraient cette idée là qui lui avait forcément effleuré l'esprit ces derniers temps. Il se tait alors, déglutit aussi parce que tout devient bien trop réel et tragiquement réel surtout. Il déteste ce à quoi il pense, ce qui s'impose à lui, il déteste en voir tous les signes maintenant alors qu'Alec jette un regard en direction de la lune et surtout de la forêt qu'il semble vouloir rejoindre. Et il est probablement trop choqué pour dire quoique ce soit Seamus, pour réagir de la bonne façon aussi en le libérant et l'empêchant de s'épuiser à justifier son départ, il a besoin d'une minute pour réaliser, pour se positionner en faveur de son ami ou l'inverse. Il ne savait même plus ce qui se passait, seulement que peu à peu, il réalisait les mots qu'Alec n'arriva pas même à prononcer à son sujet. Il avait été mordu et cela expliquait son comportement différent et frénétique, ses absences, son appétit, sa nouvelle force, sa terreur, la douleur qu'ils lisaient dans ses yeux. Et le cœur de Seamus n'en finit plus de battre à toute vitesse, il comprend désormais l'urgence comme une claque et sursaute presque en achevant lui-même ce moment. « Vas-y, vas-y maintenant ! » le ton est urgent mais le regard compréhensif et ce sera probablement la seule chose qu'Alec aura de lui ce soir comme souvenir face à sa réaction. Seamus n'aura pas eu le temps de lui dire de ne pas s'inquiéter, de lui dire qu'il restait son frère et il détestera cette idée dès lors qu'il la réalisera. Mais son ami part pour devenir loup-garou et ses hazels attristées tombent à son adresse, sur cette silhouette qui s'éloigne en courant et s'efface dans la pénombre. Alors lorsqu'ils ne le voient plus, l'irlandais réalise qu'il retenait son souffle tout ce moment et il s'effondre sur les marches du château en s'y asseyant pour prendre sa tête dans ses mains. Il ferme les yeux et imagine Alec se transformer, il pense à toute la douleur qu'il a du ressentir, à cette attaque qu'il leur a caché, à ce secret qui a du être si lourd à porter. Et il ne peut pas s'empêcher de se sentir mal et d'avoir mal aussi, là dans son ventre, sensation désagréable qui remonte le long de sa trachée et lui donne envie de pleurer. Pleurer pour son ami qui traversait l'une des pires épreuves qui soient, qui le faisait seul et qui devait sans doute souffrir sans le dire depuis tant de temps. Il s'en veut de l'avoir retenu autant, il a peur pour lui Seamus, que tout ne vrille avant qu'il ne soit en sécurité et ses phalanges se crispent dans ses cheveux tandis qu'il renifle avant de relever son regard vers Lavender. Un long regard soutenu d'un silence en disant long. « il était seul pendant tout ce temps. » est la seule chose qu'il parvient à dire non sans que sa voix ne s'enraye. Seamus qui ne peut rejeter Alec pour sa nouvelle nature et qui a encore du mal à comprendre qu'il soit différent, qui reste prostré là sur les marches du château jusqu'à ce que le hurlement du loup au loin ne lui fasse relever la tête. Un air grave traversant son visage et Lavender qu'il enlace fort contre lui comme pour la soutenir et se soutenir en même temps, dans l'attente de pouvoir retrouver ce frère qui ne méritait pas ce qui lui arrivait et qu'ils aimaient.