(tw : agression verbale et physique, homophobie, sang, blessures, insultes)
« Je reviens après, j’ai mal au crâne là. » Le regard que lui lance son meilleur ami sous-entend qu’il n’était pas dupe et qu’il savait bien que ce n’était pas qu’un mal de crâne, que son empathie faisait des siennes. « Je te promets que ça va. J’ai juste besoin d'être un peu seul. » Il ne ment pas, Levi, parce que même si son don se montre un peu capricieux, ce n’était rien comparé à certaines journées. Il avait seulement besoin de souffler, de prendre un peu de temps pour lui loin des autres. Pluie abondante qui l’empêche de sortir, il profite de cette fin de journée pour pouvoir s’installer dans une alcôve du premier étage, tranquillité qui l’aide à souffler et à s’isoler du reste du monde. Il en avait besoin, parfois, de ces petites pauses qui suffisaient à ce qu’il se recentre sur ce qui était présent et tangible et non sur ce qu’il ressentait et qui pouvait l’envahir. Le sorcier en profite pour répondre à la dernière lettre de ses sœurs qui l’avaient évidemment bombardé de questions sur Connor, qui avait facilement réussi à les conquérir lors de son passage chez eux pendant les vacances d’avril. Un sourire spontané étire ses lèvres quand il repense à ces quelques jours idylliques qu’ils avaient partagé tous ensemble. Une part de lui ne peut que rêver que tout soit toujours ainsi, qu’ils puissent être libres de s’aimer et de passer du temps ensemble sans avoir à se séparer ni à supporter les regards de certains sorciers. S’il faisait avec sans réel problème, il devait avouer que certains jours, c’était plus agaçant que d’autres. Ils ne faisaient rien de mal à part s’aimer, pas vrai ? Pensées interrompues par la présence d’autres sorciers – il ne se souvient plus de leurs prénoms, sait seulement qu’ils font partie de ces étudiants qu’il n’appréciait pas beaucoup de par leur attitude hautaine et souvent méprisante. Des chuchotements lui parviennent et le poussent à relever les yeux au moment où le brun – Wilson, si ses souvenirs sont exacts, prend place à ses côtés et passe son bras sur ses épaules dans un mouvement qui pousse le blond à se tendre aussitôt. « Qu’est-ce que tu fous ici tout seul Kowalski ? » Son regard qui se tourne vers le sorcier, perplexe, alors qu’ils ne s’étaient jamais échangés plus de deux mots en dehors des cours. « Hey je crois bien qu’il écrit des lettres à sa copine. » ajoute l’autre alors qu’il indique du montant les parchemins entre les mains de Levi. Il souffle, lève les yeux au ciel et se lève, bien plus à l’aise loin de l’emprise du sorcier à ses côtés. « J’ai pas de copine. J’ai un copain. » affirme-t-il en soutenant le regard du blond face à lui – Walsh, nom qui lui revient brusquement. Et il sent cette vague l’envahir, celle du dégoût, de la haine, sentiments qui lui viennent des deux étudiants à ses côtés. « Ouais comment ça marche d’ailleurs ? » Levi qui n’a déjà plus l’envie ni la patience de gérer leurs idioties, s’apprête à partir quand il sent la main de Wilson entourer son poignet. « Hey tu vas où ? On fait que discuter. On veut juste savoir lequel d’entre vous fait la fille. » « La quoi ? » « Ben ouais, il y en a bien un qui fait la fille non ? Tu fais comment ? T’empruntes la robe d’une des filles de ta maison ? » Sourcils qui se froncent alors que la colère grimpe en entendant les rires idiots des imbéciles face à lui, il perd patience, Levi, n’a plus que l’envie de s’éloigner loin des sentiments négatifs que lui témoignaient les deux sorciers et qu’ils cachaient à peine. « Faut bien que t’expliques parce que c’est pas normal, votre truc, c’est pas naturel. Deux mecs ont rien à faire ensemble. » C’est plus que ce qu’il peut supporter alors il se tourne vers Wilson, accroche son regard au sien. « On demande à ta mère. » Cette fois, c’est l’autre qui semble confus, les deux qui arrêtent de rire. « Pourquoi tu parles de ma mère ? » « Parce que quand on a envie de coucher avec une sorcière, on demande à ta mère. » lance-t-il le plus calmement du monde. Il n’en faut pas plus pour que tout n’explose, Wilson qui le pousse contre un mur et le corps de Levi qui percute la pierre. « Mais tu te prends pour qui à parler de ma mère comme ça ? » Le blond le pousse en retour mais Walsh attrape ses bras pour les maintenir derrière son dos. « Franchement, tu devrais t’estimer heureux parce qu’on a été sympa avec toi et ton petit copain mais je vois qu’on aurait du vous donner une bonne leçon il y a un moment, peut-être que ça t’aurait remis les idées en place. » La colère de Levi qui enfle à mesure qu’il ressent celles des deux sorciers, ses mains toujours retenues qui l’empêche de se défendre comme il le voudrait. Pourtant il refuse d’attendre sans rien faire, son pied qui frappe de toutes ses forces dans l’estomac du sorcier face à lui qui se plie de douleur. Il ne peut rien faire pourtant quand il revient à la charge, les coups qui pleuvent et contre lequel il tente de se défendre, sans grand succès. Il ne sait pas ce qui est le plus douloureux, Levi – les coups de poings qui viennent frapper sa peau ou les émotions ressenties, le dégoût qui le frappe en même temps que les insultes dégradantes ne lui sont envoyées au visage. Il ne comprend pas pourquoi ils le détestent tant alors qu’il ne faisait rien d’autre qu’aimer, pourquoi il fallait qu’ils s’en prennent à lui sous prétexte qu’il était amoureux, à leurs yeux, de la mauvaise personne. Pourtant, il n’y a rien de mauvais dans sa relation avec Connor. Au contraire. Elle était tout ce qu’il y avait de plus beau sur cette Terre. C’était l’amour qu’il éprouvait pour le sorcier qui lui faisait se sentir plus heureux que jamais, ce même amour auquel il ne renoncerait pour rien au monde, cet amour auquel il s’accroche tandis qu’on le frappe parce qu’il ose aimer au grand jour celui qui faisait battre son cœur avec une telle intensité. Il pouvait tout endurer pour lui, pour eux, pour pouvoir être son petit-ami et tant pis si cela signifiait devoir gérer des idiots aux idées arrêtées. Les grognements de douleur quittent les lèvres de Levi alors qu’il ne peut rien faire d’autre qu’encaisser, tenu trop fermement par l’autre sorcier qui prenait plaisir à encourager son ami et à lancer quelques insultes au passage. Il tente de ne rien montrer mais c’est plus fort que lui, douleur qui se répand dans tout son cœur, jusqu’à ce qu’une voix au fond du couloir ne lui apporte enfin le répit dont il avait besoin. L’autre relâche sa prise en entendant des pas se diriger vers eux, Levi qui en profite pour se reculer et percuter la mâchoire de l’autre de son poing. « Putain tu vas.. » Mais sa phrase est interrompue tandis qu’on semble les interpeller, les deux qui se mettent à courir pour partir non sans lui promettre qu’ils n’en ont pas fini. Un juron glisse entres les lèvres du blaireau tandis qu’il serre les dents et se redresse, croise des sorciers qui le dévisagent mais qu’il ne connaît pas. Il aperçoit Leo qu’il ignore, trop concentré sur ce qu’il ressent, sur la douleur mêlée à la honte et à la colère.

C’est dans sa salle commune qu’il s’empresse de se rendre, croisant les doigts pour ne croiser personne dont il était proche. L’heure du repas était arrivé, ce qui l’aide à se glisser dans son dortoir pour récupérer des affaires avant de trouver refuge dans leur salle de bain. Il s’appuie sur un lavabo et souffle, reprenant ses esprits alors que peu à peu, il réalise ce qui était arrivé. Il avait agi par instinct, Levi, s’était réfugié ici dans un réflexe qui avait maintenu un certain degré d’adrénaline chez lui. Maintenant, alors qu’il relève le visage vers le miroir et constate l’étendue des dégâts, il réalise ce qui était arrivé. On l’avait agressé parce qu’il aimait, concept qu’il ne comprenait toujours pas et pourtant c’était bien arrivé. Il se déshabille, rince son visage. Un peu de sang coule avec l’eau. Sa lèvre inférieure est fendue et il sait d’avance qu’un coquard viendra garnir son œil droit le lendemain. Quelques traces de coups sont visibles sur son torse et formeront sans doute de gros bleus dans quelques heures plus tard, trace d’une agression qu’il aurait voulu effacer au plus vite sans en être capable. Levi qui se réfugie sous la douche, laisse l’eau chaude couler sur son corps alors que les larmes qu’il avait maîtrisé jusque là ne s’échappent brusquement et ne glissent le long de ses joues. C’est toute sa colère qui ne se faufile alors, sa colère et la tristesse aussi, celle qui est liée à cette réalisation dont il n’avait pas forcément pris conscience jusqu’à présent. S’il savait que certains pouvaient chuchoter au sujet de sa relation avec Connor, il ne s’était jamais imaginé qu’on pouvait le détester au point de l’agresser pour cette seule raison. Pourtant, alors qu’il s’effondre sous cette douche, il reste sûr d’une chose ; il refuse de se cacher. Il était hors de question qu’il ne laisse la haine gagner. Il continuera à aimer de toutes ses forces et à affronter quiconque pourrait avoir un problème avec ce qu’il éprouve.

Il peine pourtant à se défaire des émotions encore accrochées à lui. Il a l’impression que le dégoût et la haine restent collés à lui comme une seconde peau dont il n’arrive pas à se débarrasser, empathie qui le pousse à ressentir encore et encore ces sensations désagréables envoyées par les deux sorciers. C’est ça finalement, le plus difficile à accepter, se dire que son don ne l’aiderait pas mais qui lui ferait ressentir la haine des autres même quand ils ne sont plus là. Il frotte, pourtant, sans doute un peu trop fort, comme si ça suffirait à faire partir le dégoût mais il reste là, prêt à le dévorer. Levi qui sort de la douche et enfile un pantalon de survêtement et un hoodie qui appartenait à Connor, son odeur qui chatouille ses narines et qui l’aide un peu à s’apaiser. Et alors qu’il se glisse sous sa couette et qu’il la remonte jusqu’à être emmitouflé sur celle-ci, il ferme les yeux et se concentre sur l’odeur de son petit-ami, sur les souvenirs qui l’envahissent et viennent peu à peu prendre place jusqu’à remplacer les pires émotions possibles. Il sait que c’est comme ça qu’il y arrivera, Levi. En s’accrochant au positif, en pensant à celui qu’il aimait et tout ce qu’il y avait de beau entre eux, jusqu’à ce que les ombres ne s’éloignent pour ne laisser plus qu’eux.