Un sourire aux lèvres en quittant le cours de soins aux créatures magiques, elle salua Hagrid d'un grand signe de main, l'ancien garde-chasse qu'elle était toujours heureuse de retrouver. Sa matière était sans aucun doute la préférée d'Eris, nombreuses informations sur les animaux et autres créatures qu'ils échangeaient souvent et elle se surprenait d'ailleurs très souvent à en apprendre davantage avec lui que dans les livres pourtant complets qu'elle avait récupéré chez son grand-père - une partie, du moins, puisque Rolf avait le reste, tout nouveau magizoologiste. Elle l'admirait, ce cousin à la même passion qu'elle mais aux capacités plus élevées et quelque part, elle vivait par procuration cette profession rêvée grâce aux nombreuses lettres qu'il lui envoyait. Avec la fin de l'année approchant plus qu'à grands pas, les questions fusaient dans son petit esprit et si l'idée de rester encore un au château pour des cours supplémentaires et sur-mesure pouvait l'attirer, la blairelle savait pourtant qu'elle ne poursuivrait pas ici. Elle galérait déjà à ne pas se faire totalement engloutir par les leçons et devoir actuels, et même les examens à venir alors s'imaginer devoir redoubler d'efforts pour ne serait-ce que tenir à la surface, lui paraissait impossible. Elle avait accepté le fait de ne pas être une excellente élève, Eris, d'être seulement dans la moyenne et en réalité, cela lui allait tout à fait. Elle ne pouvait nier avoir peur de ne pas être à la hauteur aux yeux de sa mère parce qu'Anthony était plus sérieux et appliqué que n'importe qui d'autre, se sentait parfois à la ramasse en entendant les conversations entre Terry et Ethel mais son petit-ami la soutenait dans ses choix, elle le savait, et c'était suffisant pour que son coeur en soit apaisé, apaisé par cette décision qui l'éloignerait forcément un peu de sa meilleure amie. Sautillant dans tous les sens en rejoignant Poudlard, s'arrêtant même pour cueillir une de ses fleurs préférées pour la mettre derrière son oreille, l'approche de l'été avait cet effet salvateur sur elle et ce, même si Merlin se jouait encore des saisons dans l'enceinte de l'école. Remontant par la cour de l'Horloge où elle devait retrouver l'aiglon rentrant tout juste de stage, elle tomba à la place, nez-à-nez avec Eliott et quelques uns de ses amis. Le serpentard n'était pas un ami malgré les efforts d'Eris pour l'aider parce qu'évidemment qu'il avait fallut qu'elle se donne comme mission impossible de le comprendre. Plusieurs fois elle avait dû s'asseoir à côté de lui pendant les cours sur ordre des professeurs et chaque fois elle avait eu cette impression de ne pouvoir le cerner correctement. Et cela arrivait, notamment avec les personnes réussissant à compartimenter ou cacher leurs émotions mais ce n'était pas le cas avec Eliott alors elle avait essayé de comprendre. En vain. Le garçon l'avait presque logiquement repoussée, elle avait insisté, le faisait encore, résultat chaque rencontre se voyait alimenté d'insultes et de farces en tout genre qu'elle aussi, elle trouvait drôle au début. Ça ne l'était plus, raison pour laquelle elle fronça les sourcils en le voyant faire le paon devant ses camarades comme s'il avait préparé un mauvais coup. Naïve, elle passa à côté sans trop relever la tête et sans doute aurait-elle dû, Eris, puisqu'à peine quelques secondes plus tard elle se retrouva recouverte d'un liquide rouge vif, tombé d'elle ne savait où, mais il n'y avait plus aucune partie de son corps qui n'était pas humide et elle releva les yeux vers Eliott, vers ses amis, vers toutes les personnes les entourant et elle commença à hyperventiler. Les mains tremblantes, les yeux brûlant de larmes retenues, elle en eut la parole coupée, incapable de dire quoique ce soit, de penser à quoique ce soit d'autre que cette matière visqueuse et tiède. Le regard du garçon lui était froid lui, malgré les rires qui sortaient de sa bouche et de celles de tout le monde, et elle secoua la tête, dans l'incompréhension. Il se moqua en bafouillant des mots et croisa les bras devant lui, visiblement très fier. « Bah alors Goldstein, on a perdu sa langue pour une fois ?? » Certainement en référence à toutes ces fois où elle l'avait abordé. « Qu'est-ce que - » Elle se stoppa au milieu de sa phrase parce que c'était trop, tout était trop à cet instant, les émotions des autres se percutant aux siennes, tellement qu'elle ne parvenait plus à les mettre en ordre ou même, à respirer. « Tu veux savoir ce que c'est, c'est ça ? » Eliott se pencha près d'elle, comme pour lui murmurer un secret et lâcha : « Pas de la peinture » Ce qui laissa très peu de possibilité et Eris devina facilement la suite. Dans un geste apeuré - de désespoir peut-être - elle tenta d'enlever ce qu'elle pensait être du sang d'animal en frottant ses bras, ses jambes et tout ce qu'elle pouvait, et commença à pleurer sans même s'en rendre compte. Des plaintes qui n'eurent que le don de faire rire un peu plus les spectateurs de la scène, Eliott crachant un « T'es complètement tarée, Goldstein, il faut te faire soigner » que la brunette reçut comme un coup de poing dans le ventre, ces mots qu'elle s'était elle-même répété de nombreuses fois quand elle était plus jeune et ne comprenait pas sa sensibilité débordante - et maladive. Dans son malheur, elle ne pensa absolument pas à utiliser sa baguette magique pour s'aider et dans sa hâte, elle tomba même sur le sol à côté d'eux, sanglotant encore. Ce fut le moment que choisi Eliott et sa bande pour quitter la cour sans même un coup d'oeil en arrière, leurs rires résonnant encore dans ses oreilles et dans sa tête. Elle releva les yeux seulement en entendant son prénom, timbre de voix familier qui appartenait à son petit-ami ; et s'il devenait la personne la plus importante de sa vie, si elle avait envie de se blottir contre lui pour tout oublier, elle avait surtout honte et se releva toute tremblante, les paroles sortant difficilement de sa gorge mais suppliantes lorsqu'elle réussit enfin : « Enlève le, enlève tout, s'il te plait » Parce qu'elle n'y arrivait pas et qu'elle suffoquait, parce que jamais elle ne s'était sentie aussi mal et humiliée, elle qui comme Terry ne faisait pas attention aux remarques des autres et à leurs injures, parce qu'ils vivaient dans ce monde sans y voir le mal ni l'assimiler mais qu'aujourd'hui, on voulait lui faire comprendre qu'elle avait tort.

C’est avec un petit pincement au cœur que Terry quitte Ste Mangouste, conscient qu’il s’agissait d’une de ces de dernières journées. Bientôt, celui-ci sera terminé et s’il était ravi à l’idée de pouvoir retrouver un peu plus sa petite amie, il n’en restait pas moins déçu de quitter un monde qui lui plaisait un peu plus à chaque expérience rencontrée entre les murs de l’hôpital. Ce n’était que partie remise et il le savait, au fond, car il espérait retrouver l’hôpital très rapidement, dans quelques mois à peine, même, finalement. En attendant, il avait tout le loisir de profiter du temps qu’il lui restait à Poudlard, de ces derniers instants d’innocence avant d’être projeté dans un monde adulte qu’il appréhendait quelque peu, même si celui-ci signifiait aussi qu’il allait enfin retrouver ses meilleurs amis. C’est en pensant à eux qu’il retourne vers le château, l’esprit léger et optimiste pour ces semaines à venir en dépit des examens qui approchaient et de la douce mélancolie qui le saisissait par moment quand il pensait à la fin de sa scolarité à Poudlard. Le temps était doux et s’accordait à la bonne humeur qui était sienne, si bien qu’il ne pouvait s’imaginer ce qui l’attendait alors qu’il s’approchait de la grande horloge. Le sorcier aperçoit d’autres étudiants regroupés, ce qui le pousse à s’interroger sur la raison d’un tel rassemblement. Quand ils s’en vont, il aperçoit une silhouette au sol et ce n’est qu’en s’approchant un peu qu’il réalise qu’il s’agissait d’Eris. Sans réfléchir, il se met à courir vers elle, un « Eris ? » qui quitte ses lèvres. Il ne s’arrête qu’une fois à sa hauteur, le cœur battant à toute allure. Elle était recouverte d’un liquide rouge épais et sanglotait, assise sur les dalles. Il a mal pour elle, Terry, pour ce qu’elle doit ressentir, pour la tristesse qui semblait la dévorer. Un regard pour les sorciers venant de partir et il sait, le bouclé, qu’ils étaient les responsables, qu’ils venaient de s’en prendre à sa petite-amie. Une vague de colère l’envahit alors qu’il n’y est pas habitué, sorcier qui n’éprouvait jamais ou presque cette émotion désagréable qui réussissait pourtant à l’envahir, à lui donner envie de voir ces idiots payer – et s’il n’était pas du genre à s’en prendre à d’autres, il savait qu’il serait facile avec qui il pourrait discuter de ce qui venait d’arriver, sorcier qui tenait autant à Eris que lui et qui serait sûrement ravi de faire payer à ces trolls ce qu’ils avaient osé faire. Eris qui fait disparaître toute envie de vengeance parce qu’elle relève les yeux vers lui et qu’il voit dans son regard à quel point elle avait besoin de lui, gorge qui se serre alors qu’il ne l’avait jamais vu si dévasté. Parce qu’elle est solaire, la brune, qu’elle illumine tout le monde par ses sourires et son âme si pure qu’il se demandait encore comment c’était possible, d’être aussi bon et généreux qu’elle. Il n’était pas habitué à la voir aussi dévasté, vision qu’il déteste aussitôt et qu’il aimerait chasser au plus vite. Il s’agenouille à sa hauteur alors que sa voix brisée lui parvient, ses mains qui se posent sur ses joues pour l’inciter à le regarder lui et rien que lui. Qu’importait les envies de vengeance qu’il avait pu éprouver, rien ne comptait plus que sa petite amie, que de pouvoir lui remonter le moral et l’empêcher de sombrer davantage. « J’suis là Eris, j’vais m’occuper de toi ok ? Juste.. Respire doucement, ça va aller, j’te le promets. » Parce qu’il s’en assurera, d’une façon ou d’une autre, il y veillera aussi longtemps que cela sera nécessaire. Le sorcier qui se moque du rouge qui vient teinter ses propres mains, qui lui montre derrière celles-ci. « C’est de la peinture, tu vois, c’est rien. » Pourtant il s’empresse de s’emparer de sa baguette, de murmurer un « Tergeo » qui retire le plus gros de la peinture. Il en reste dans ses cheveux mais son visage est désormais dénué de toute trace et il espère que ça suffira, que ce serait assez pour lui remonter un minimum le moral. « Viens, on va s’occuper de ça ailleurs. » Il glisse sa main dans la sienne pour l’aider à se lever et, une fois debout, il passe un bras sur ses épaules. Il voulait la protéger du monde entier, Terry, de tout ce qui était négatif et qui pourrait un jour lui faire mal. Elle ne méritait pas de se sentir si triste et il comptait bien faire tout ce qu’il pouvait pour s’assurer que ça ne durerait pas. De sa main libre, il envoie un parchemin rapide vers Ethel en espérant qu’elle puisse lui répondre au plus vite afin qu’il puisse accomplir son idée. Heureusement, alors qu’ils arrivent au cinquième étage, un petit papier lui parvient avec l’information désirée. Le sorcier utilise le mot de passe donné pour entrer dans la salle de bain des préfets avec Eris, l’incitant à s’installer près des différents robinets. « On va s’occuper de tes cheveux, d’accord ? » Il dépose un baiser sur sa joue, Terry, alors qu’il cherche à être le plus délicat possible tandis qu’à l’aide de sa baguette et des robinets à disposition, il commence par mouiller les cheveux de la brune, s’attardant sur chaque mèche pour enlever les différents morceaux de peinture qui s’étaient parfois accumulés en un petit bloc. « Tu veux me dire ce qui est arrivé ? » Terry tente d’être le plus doux possible, de se défaire de l’énergie constante qui était sienne et qui pouvait être épuisante parfois. Il se focalisait sur Eris, sur elle et rien d’autre, déposant un baiser de temps à autre sur son épaule alors que ses doigts continuaient à s’occuper de ses cheveux. S’il ignorait comment on pouvait oser s’en prendre à une sorcière si douce et adorable qu’elle, il se jurait toutefois sur Merlin qu’il veillerait à ce que jamais plus celle qu’il aime ne souffre de la sorte.

Tarée. Le mot résonna plusieurs longues secondes en elle. Eris n'était pas vraiment folle, pas vrai ? Elle était différente, c'était certain, elle avait même longtemps cru qu'elle avait un problème parce que petite, un rien la faisait rire ou pleurer, parce qu'elle débordait d'énergie mais que quelques heures entourée de trop de personnes, d'âmes, et elle en était vidée. Parce qu'aussi elle avait des passions peu évidentes, un amour inconditionnel pour les petites et les grosses bêtes, trouvant la plupart des créatures belles et fascinantes, incomprises, exactement comme elle. Puis elle s'était fait ses premiers vrais amis à Poudlard et elle avait oublié à quel point elle pouvait être bizarre aux yeux des gens. Ethel qui l'adorait avec ses défauts et ses manies étranges en pôle position, puis Terry cette dernière année qui avait rendu la septième exceptionnelle, qui lui avait permis de vivre le départ d'Anthony plus sereinement et de penser à autre chose que ses lettres sans doute oubliées dans le fond de sa malle américaine. Terry qui l'avait invité au bal de novembre officialisant leur plus qu'amitié à tous, Terry qui était toujours là depuis, qui ne l'avait pas abandonné et qui, aujourd'hui encore, représentait ce pilier sur lequel s'appuyait quand elle avait l'impression d'étouffer sous cette couche de peinture rouge sang, d'être sale à l'extérieur mais à l'intérieur également sans comprendre comment, ni pourquoi. Terry sur qui elle releva un regard baigné de larmes impossibles à retenir, Terry son ancre et bien plus encore à cet instant. Angoisse l'empêchait de respirer correctement, il y avait ce poids sur son coeur qui l'empêchait de parler alors elle hocha simplement la tête aux mots de son petit-ami, s'accrochant à ceux-là comme à une bouée. « C'est - on dirait du sang » lâcha t'elle entre deux sanglots, de cette peur de réaliser qu'elle était recouverte d'un liquide tel que celui-ci mais le Boot fit disparaître les tâches de ses mains, sur ses avant-bras et son visage et un instant, elle se sentit presque mieux. « C'est de la peinture » répéta t'elle pour s'auto-rassurer parce qu'elle en avait besoin tout comme elle avait besoin d'inspirer et expirer à un rythme régulier pour ne pas replonger ou pire, s'évanouir. Elle ne savait pas où il l'emmenait, le bouclé, mais Eris lui faisait confiance à cent pour cent, constat qui ne l'étonna même pas lorsqu'elle y réfléchit. Il était devenu l'une des personnes les plus importantes de sa vie en si peu de temps finalement, eux qui passaient presque tout leur temps libre ensemble, au quotidien. Et ça commençait à l'effrayer de penser à ce que serait la prochaine année mais elle n'en parlait pas, repoussant ses idées. Quelques minutes plus tard et plusieurs escaliers montés, ses yeux se perdirent sur le nouveau décor, une salle de bain immense qui ne pouvait appartenir qu'au directeur ou aux préfets. Et elle préférait imaginer la seconde option. Assise près des robinets de la grande baignoire, elle se laissa guider par Terry qui prit les choses en main, angoisse qui disparaissait à mesure que les secondes défilaient. Il était si doux avec elle qu'Eris aurait pu en pleurer si elle ne sentait pas encore ses yeux la piquer autant. Elle fronça légèrement les sourcils en le voyant galérer avec ses cheveux, le « Je vais devoir les couper ? » au bout des lèvres, ses ondulations brunes qu'elle aimait particulièrement et même si elle ne faisait pas partie de ses filles attachées à leur apparence, peut-être que ça l'attristerait un moment. Surtout parce qu'elle ne l'aurait pas choisi. Et c'était stupide de s'attarder sur ce point plutôt que sur le réel problème que Terry releva d'ailleurs en une question simple. Elle ferma les paupières pour ne pas croiser son regard mais aussi sentir totalement ses gestes tendres et se redressa après une poignée de secondes, dans un soupir et en essayant de ne pas se laisser à nouveau submergée par ce qu'il s'était passé. « C'est ma faute » commença t'elle doucement, en pensant à tout ça, à Eliott, aux dernières semaines. « La professeur de sécurité magique m'avait prévenu que ça arriverait, qu'El » Elle reprit avant de prononcer le prénom du sorcier. « J'essayais juste de l'aider, tu sais ? Il ne semblait pas en paix avec lui-même, je le ressentais, et je voulais qu'il n'ait pas besoin de se cacher avec au moins avec une personne » C'était confus et sans doute que son petit-ami ne comprendrait pas mais elle ajouta : « Il n'a pas apprécié que je me mêle de ses affaires. Ce n'était la première fois mais jamais il n'avait été jusque là » murmura t'elle les derniers mots, honteuse. Eris avait été Eris dans toute sa splendeur mais cette fois là, elle était tombée sur plus tenace qu'elle. « Je me fiche que tout le monde se moque de moi, mais c'était - » Une nouvelle grande inspiration et elle souffla : « C'était horrible et je croyais que c'était du sang d'animal » Raison pour laquelle elle n'avait pas supporté en avoir partout, le sentait encore sur elle à travers ses vêtements, là où la magie de Terry n'avait pas pu l'atteindre.