Mise littéralement dehors par les garçons qui, en plus, lui avaient interdit de prendre son sac avec elle au cas où elle y aurait caché des livres, Hermione leur offrit à tous les deux un regard noir, incapable de voir cette pause dans ses révisions comme méritée. Elle savait pourtant que c'était essentiel de prendre cinq minutes de temps à autre pour éviter le surmenage et en général, c'était ce qu'elle faisait mais à l'approche des examens, elle était une toute autre personne. La semaine prochaine ils enchaîneraient les devoirs en classe dans les différentes matières pour valider leur huitième année et évidemment qu'elle s'y préparait en travaillant dix fois plus que la plupart des étudiants seulement c'était plus fort qu'elle. Son besoin d'excellence et de perfection n'était pas nouveau et Harry et Ron l'avaient bien compris après tout ce temps à la côtoyer. Et si la Hermione stressée et préoccupée leur faisait plus souvent peur que rire - il fallait dire que parfois, elle ne mâchait pas ses mots et ne contrôlait pas ses nerfs - les lions parvenaient, avec des efforts, à lui faire lâcher prise quand elle devait trop intense. Ils lui avaient cette fois en plus mis un gâteau dans la main pour qu'elle se nourrisse et après avoir envoyé un parchemin magique à Ginny pour savoir où elle se trouvait, la Granger sortit du château en direction des terrains de Quidditch. Si elle ne l'avouerait ni à l'un ni à l'autre de ses meilleurs amis, elle aurait pu assumer que le grand air lui faisait du bien et que le printemps auquel ils avaient droit tous les après-midi depuis des mois était agréable. Le vent dans ses cheveux elle inspira profondément et profita du léger rayon de soleil pour se découvrir un peu, notamment son écharpe aux couleurs de sa maison qu'elle rétrécit d'un sort pour la mettre dans sa poche. Une pensée pour Theo en croisant quelques serpentards sur le chemin et le rendez-vous qu'ils s'étaient fixés le soir même, un petit sourire hanta ses lèvres et elle termina le trajet jusqu'aux gradins avec une mine presque rêveuse. Ginny qu'elle trouva facilement en train de regarder l'entraînement des Gryffondors avant le dernier match, elle lui offrit un sourire compatissant à la voir là sachant que sa meilleure amie ne pourrait pas jouer le lendemain à cause d'une blessure. « Hey » dit-elle en se posant à ses côtés et lui serrant doucement le bras en guise de réconfort. Hermione avait conscience que rien de ce qu'elle ne dirait serait suffisant pour apaiser la rousse, parce que c'était plus qu'une rencontre intermaisons. « Comment ils sont ? » demanda t'elle en jetant un oeil au reste de l'équipe, forcément handicapée avec l'absence de la Weasley. « Enfin ils sont sûrement très nuls puisque tu n'es pas avec eux » tenta t'elle pour la faire sourire en lui donnant un coup d'épaule. « Tiens, c'est au chocolat » ajouta t'elle en lui donnant le gâteau que finalement, elle n'avait pas envie de manger, appétit fort perturbé lorsqu'elle commençait à sauter les repas. « On bouge ? Quitte à me faire faire sortir de force par ton frère et Harry, je préfèrerais me balader avec toi plutôt que les regarder s'étirer pendant une heure » Et peut-être qu'en tant que capitaine, elle avait dirigé l'entraînement de sa place mais ils ne devaient plus avoir besoin de la lionne maintenant. Elle se releva, prête à aller n'importe où tant que ce n'était pas ici et tendit la main vers Ginny pour qu'elle la suive. Le domaine de Poudlard était grand, elles n'auraient aucun mal à trouver un coin tranquille pour discuter.

Le ciel au-dessus du terrain de quidditch était d’un bleu éclatant, mais pour Ginny, le monde semblait s’être assombri. Assise dans les gradins, elle observait ses coéquipiers s’entraîner sans elle avec un mélange de tristesse et de frustration. Son absence sur le terrain lui pesait énormément, mais elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. L’interdiction de jouer le dernier match de l’année la frappait durement, comme une punition injuste infligée par le destin parce qu’elle n’avait pas su interpréter les signes. Les battements des balais, le sifflement des cognards et chaque coup de batte résonnait comme un cruel rappel de ce qu’elle ne pourrait plus expérimenter pour le reste de la saison. Cela faisait des semaines qu’elle s’épuisait à la tâche sans lever le pied. Entre ses entraînements intensifs, ses cours, les examens en approche et sa vie sociale qu’elle continuait d’entretenir, elle était arrivée à un point de non retour de fatigue. Elle n’avait pas écouté les avertissements que son corps lui envoyait et avait persisté dans cette direction jusqu’à ce que l’impensable se produise. La veille, elle était tombée au cours d’un entraînement sans que quiconque ne puisse la retenir. Sa tête avait violemment heurtée le sol, son bras s’était fracturé sur le coup et elle avait dû être conduite d’urgence à l’infirmerie. Mme Pomfresh avait fait des miracles, son bras était déjà presque guéri même s’il continuait de la tirer un peu et elle avait évité le traumatisme crânien mais elle avait toujours quelques vertiges et était régulièrement en proie aux maux de tête. Alors, l’infirmière lui avait catégoriquement interdit de voler le lendemain, ce que le professeur McGonagall avait appuyé en dépit des protestations de Ginny qui avait pourtant espéré trouver du soutien auprès de sa directrice de maison. Elle en gardait un goût affreusement amer parce qu’elle savait que des recruteurs seraient présents à ce dernier match pour repérer les futurs membres de leurs équipes et elle avait la nausée et la gorge nouée en sachant qu’elle allait rater ça. Au-delà de ça, elle détestait l’idée de ne pas pouvoir finir sa scolarité sans jouer un dernier match en tant que capitaine et joueuse, et elle avait dû retenir ses larmes quand on lui avait annoncé qu’elle ne jouerait pas.

La voix douce d’Hermione tira Ginny de ses pensées sombres et elle papillonna des yeux en levant ses prunelles vers elle. « Hey. » la chaleur réconfortante de la main de son amie sur son bras était agréable dans ce tumulte d’émotions, et elle déposa sa main par-dessus la sienne. Elle était reconnaissante d’avoir la brune pour la soutenir, mais elle l’était plus encore pour sa compréhension. Elle savait que ce qu’elle dirait ne pourrait pas la consoler et elle n’essayait pas, ce que la rousse appréciait énormément. À la question de son amie, Ginny se mordit la lèvre, analysant de loin les performances de son équipe. Elle tenta d’esquisser un sourire à sa tentative de taquinerie, mais elle réussit seulement à afficher une grimace crispée. « Ils sont bons, je pense qu’ils ont leurs chances. » dit-elle, une barre d’émotions lui nouant la gorge. Elle détourna le regard du terrain pour accepter le gâteau que lui tendait sa meilleure amie, et le décortiqua, jouant avec les miettes au lieu de le manger. Elle était consciente que son propre appétit avait été troublé par son accident, alors elle en prit tout de même une bouchée qu’elle avala difficilement en essayant de savourer le goût sucré du chocolat. La proposition d’Hermione résonna comme une délivrance aux oreilles de Ginny, et elle prit sa main après une petite hésitation. Elle savait qu’elle se faisait du mal en restant ici elle savait également qu’ils n’avaient pas besoin d’elle parce qu’ils avaient déjà assimilé tout ce qu’elle avait essayé de leur transmettre. « D’accord, mais pas au château. Je n’ai pas envie de rentrer. » confia-t-elle à demi-mots à sa meilleure amie alors qu’elle s’éloignait à ses côtés en tournant le dos au château. Le domaine de Poudlard s’étendait devant elles, offrant un refuge loin des gradins et de l’agitation du terrain de Quidditch et elles marchèrent en silence un long moment. « Je n’arrive pas à croire que les garçons aient réussi à t’arracher à tes révisions. » lâcha-t-elle finalement après de longues minutes. Elle esquissa un sourire plus franc et enroula son bras à celui de sa meilleure amie. « Je suis désolée, je ne suis pas la meilleure compagnie qui soit aujourd’hui. » elle lui offrit cette fois un regard contrit. Devant elles s’étendait une grande colline qui donnait sûrement une vue imparable sur le parc et l’Ecosse, et Ginny la pointa du doigt. « On grimpe ? » proposa-t-elle avec envie. Elle était toutefois consciente de son état et se doutait qu’Hermione risquait de la sermonner, alors elle pressa sa main et la rassura d’un regard. « Ça va, je t’assure. Et si j’ai des vertiges je te le dirais et on fera une pause, c’est promis. » Ginny était fière mais elle gardait aussi un goût amer de cette expérience et n’aurait aucun mal à reconnaître sa faiblesse cette fois. « J’ai envie de sentir le vent et de voir le paysage. » elle réprima un frisson et entraîna sa meilleure amie à sa suite, alors qu’un constat la frappa soudain. « C’est bientôt la fin. » sa meilleure amie comprendrait sûrement où elle voulait en venir. Bientôt, Hermione quitterait Poudlard, Ron et Harry aussi, et Ginny n’était pas prête à leur dire au revoir. Elle était fière, mais pas assez au point de ne pas reconnaître qu’ils allaient lui manquer.

Elle n'avait aucun mal à imaginer l'état d'esprit de Ginny à ce moment, même si Hermione n'était pas à sa place, elle pouvait comprendre sa frustration et sa tristesse quant à son absence prochaine dans les airs pour le dernier match de la saison. Elle n'était pas sportive, elle n'aimait pas non plus voir sa meilleure amie - et les autres personnes à qui elle tenait - jouer sur des balais à un nombre de mètres inconsidérables du sol mais elle connaissait pourtant ce côté compétitif qui emballait le palpitant des plus joueurs et perfectionnistes parce qu'elle était la même dans d'autres contextes. Alors elle ne souhaitait pas rappeler à la Weasley ce qu'elle ratait, elle préférait se montrer présente pour elle et être prête à lui changer les idées parce que c'était important pour elle que d'être là pour la lionne aujourd'hui et les jours à venir, consciente que son temps à Poudlard était compté, consciente que l'année prochaine elle ne pourrait pas l'être autant. Evidemment elles se retrouveraient souvent à Pré-au-Lard et Hermione la forcerait à lui écrire au moins une fois par semaine pour savoir ce qu'il se passait dans la vie de la belle, pour s'assurer qu'elle allait bien aussi, mais ce serait différent et ça, personne ne pouvait lui dire le contraire. « Je suis sûre qu'ils donneront tout ce qu'ils ont, comme tu leur as si bien appris » commenta t'elle en resserrant sa prise sur son bras avant de lui tendre le gâteau au chocolat et surveiller du coin de l'oeil - pas très discrètement - que Ginny en mangerait au moins un morceau. Pour lui faire plaisir déjà et aussi parce que si elle était prise de vertiges parfois depuis sa chute, le sucre l'aiderait également. Hochant la tête à la proposition de rester dehors, les filles quittèrent doucement les gradins et la réflexion de la jeune sorcière sur les garçons la fit grimacer, se remémorant ainsi qu'elle n'était pas en train de réviser pour les examens qui commençaient la semaine prochaine. « Ils ont dû batailler un peu » Au regard de Ginny, elle reprit « Beaucoup » Elle ne pouvait rien lui cacher et surtout pas ça. « Ils m'ont mis à la porte de la salle commune sans mes affaires » râla t'elle plus pour la forme, dans le fond c'était peut-être légèrement amusant. Ce qui ne l'était pas, c'était le besoin de sa meilleure amie de s'excuser pour ce qu'elle disait être une mauvaise compagnie et Hermione secoua la tête, pas d'accord avec elle. « Ne dis pas ça, tu as tout à fait le droit de ne pas être de bonne humeur, Gin » « C'est aussi pour ça que je suis là » ajouta t'elle avec un clin d'oeil, leur amitié qui ne se concentrait pas uniquement sur les moments les plus joyeux et c'était ce qui la rendait plus authentique d'ailleurs. Les hautes collines de Poudlard et son domaine à perte de vue, elle se laissa entraîner par la Weasley, espérant que certains endroits seraient tout de même évités parce que non-synonyme de joie pour elle mais elle se tût, ce n'était pas le sujet. Ça n'était en grande partie même plus important aujourd'hui. « De toute façon, je le verrais parce que je ne vais pas te quitter des yeux » Elle ne plaisantait même pas, Hermione, ne ferait pas l'impasse sur le compte-rendu de l'infirmière non plus. Elle avança à sa suite en commençant à grimper, tout en essayant de ne pas ralentir Ginny qui allait un peu plus vite qu'elle. Elle se stoppa un peu à sa remarque, le « C'est bientôt la fin » qu'elle répéta sur le même ton, une vérité implacable qu'aucune des deux ne pouvait maîtriser. Elle inspira pour ne pas que la nostalgie la prenne trop violemment au coeur et à la gorge et reprit la route, sans pourtant cesser de penser à ses mots. « Et ça fait fichtrement peur » ajouta t'elle après quelques secondes, ce sentiment qu'elle avait essayé de repousser au maximum parce que la fin de Poudlard ne signifiait pas la fin de tout mais d'une partie quand même, et le début d'une autre aventure plus grande, plus intense, plus effrayante. « C'est bizarre. J'avais si hâte de connaître la suite, tu sais ? De découvrir le monde magique à l'extérieur parce qu'ici à Poudlard, on est à l'abri de tout. Mais maintenant qu'on en approche, ça me fait peur » Elle avait eu un avant-goût pendant son stage de ce qui l'attendait dehors, et ça lui donnait envie de se battre bien sûr mais sans savoir si ce serait suffisant quand elle ne manquait pas d'énergie ici. « Enfin je ne quitte pas encore totalement l'école.. Oxford a accepté ma candidature » confia t'elle à la lionne à qui elle ne l'avait pas encore dit. Et Ginny saurait qu'elle parlait aussi de la bourse demandée, pour les bons résultats. « Si j'obtiens mes examens bien sûr ! » Pas qu'elle en doutait réellement mais c'était la condition finale. « Tu viendras me voir hein ? Je ne serai pas là pour t'accorder les permissions de sortir mais tu auras le droit. Peut-être que ça te donnera même envie de poursuivre tes études aussi » Elle lui offrit un sourire, sachant que les rêves de Ginny étaient ailleurs et l'encourageant dans tous ses choix, il s'agissait surtout de la faire sourire aussi et de lui remonter le moral, elles en avaient besoin.  

Ginny était reconnaissante pour la présence de sa meilleure amie à ses côtés, aussi bien aujourd’hui que de manière générale. En ces temps troublés où son moral flirtait dangereusement avec la négativité, elle savait qu’elle pouvait compter sur elle pour la soutenir et lui changer les idées. Elle se faisait du mal en continuant d’observer son équipe s’entraîner sans elle mais c’était plus fort qu’elle, et personne d’autre qu’Hermione n’aurait pu l’arracher à sa contemplation. Elle sentit une boule se former dans sa gorge et eut toutes les peines du monde à arracher son regard aux silhouettes volantes de ses coéquipiers pour regarder la brune et picorer quelques bouts de son gâteau. Elle préféra ne pas s’attarder davantage sur le sujet délicat du Quidditch, la déception lui laissant toujours un arrière goût amer dans la bouche et se concentra plutôt sur la proposition d’Hermione de se balader. Elle n’avait aucune envie de rentrer au château pour l’instant, elle s’y sentirait enfermée et oppressée quand elle avait seulement besoin d’air et de liberté, aussi prit-elle une profonde inspiration avant d’enrouler son bras autour de celui de sa meilleure amie pour partir un peu plus loin en mettant derrière elle le terrain de quidditch dans l’idée de l’éloigner aussi de ses pensées. Elle se laissa porter par la présence rassurante d’Hermione, consciente que si elle ne pouvait pas changer ce qu’il s’était passé sur le terrain, elle pouvait au moins profiter de leur temps ensemble pour se ressourcer et se soutenir mutuellement. La mention de Ron et Harry arracha à Ginny son premier vrai sourire de la journée, imaginant totalement la scène et l'indignation de sa meilleure amie. « Tu devrais leur faire payer ça d’une manière ou d’une autre. » dit-elle d’un regard sérieux qui ne l’était pourtant pas vraiment, même si elle n’avait aucun mal à imaginer que sa meilleure amie pourrait le prendre au pied de la lettre. Elle profita du changement de conversation pour s’excuser pour son humeur maussade, la rousse étant plus habituée à faire rire les autres qu’à se plaindre et qui n’était pas de la meilleure compagnie aujourd’hui. Hermione, évidemment, la rassura et Ginny pressa sa main dans un remerciement silencieux. Elle reconnaissait sans mal que leur amitié ne se résumait pas qu’aux bons moments, elles se soutenaient aussi dans l’adversité et les moments plus compliqués, et c’était ça aussi qui rendait leur lien si précieux. Elles continuèrent leur chemin vers les collines, et Ginny darda son regard sur le paysage, appréciant la vue qu’elles avaient d’ici. L’Ecosse leur ouvrait ses bras et elles pouvaient en apprécier les contours du regard durant leur ascension, celle de la plus jeune Weasley surveillée par sa meilleure amie, ce dont elle ne se plaignait pas. Elle était un peu fatiguée, mais appréciait chaque seconde de leur marche, quoiqu’elle sentit bientôt un pincement au cœur en réalisant à quel point le temps d’Hermione à Poudlard touchait à sa fin. Elle, Ron, Harry, Neville, et une bonne partie de ses amis quitteraient bientôt le château diplômés et si Ginny était contente qu’ils pour eux et pour cette nouvelle étape de leurs vies, elle était égoïstement très triste aussi. Une vague de nostalgie la frappa violemment et une nouvelle boule se forma dans sa gorge : elle savait que les semaines à venir seraient remplies d’émotions à mesure que le grand départ se rapprocherait. Elle savait aussi que ça ne seraient pas des adieux et qu’elle continuerait à voir Harry et Hermione l’année prochaine, mais ils seraient séparés par les barrières de l’école, et elle devrait apprendre à évoluer dans un univers où ils ne seraient plus là, une perspective qui l’effrayait un peu en plus de lui serrer le coeur. La confession de Hermione fit écho à ses propres pensées et la rousse serra sa main dans la sienne pour leur donner du courage à l’une comme à l’autre. Même si sa peur ne ressemblait pas tout à fait à la sienne, Ginny la comprenait et ses mots résonnaient en elle. Elle se mura dans le silence quelques instants de plus, du moins jusqu’à ce qu’Hermione lui avoue que sa candidature à Oxford avait été acceptée, une confession qui poussa la rousse à s’arrêter net pour regarder sa meilleure amie. Une seconde s’écoula avant qu’elle ne se jette au cou de sa meilleure amie pour la serrer dans ses bras sans pouvoir refouler d’immenses bouffées de fierté pour elle. « Hermione, c’est GENIAL ! Je savais que tu réussirais, je savais que tu serais acceptée. T’es incroyable, je suis trop fière de toi. » Elle la serre dans ses bras quelques instants encore, communiquant dans son étreinte toute son affection et sa fierté pour sa meilleure amie. « Évidemment que tu vas réussir tes examens, personne au monde n’en doute, tu es la meilleure. » Elle s’éloigna enfin puis déposa un baiser sur la joue d’Hermione en gardant ses mains accrochées à ses bras dans un geste amical. « Vraiment, je suis trop fière de toi, mais j’en ai jamais douté. Ils sont trop chanceux de t’avoir dans leurs rangs. » Elle était ravie de voir sa meilleure amie réaliser ses rêves, même si cela signifiait qu’elles seraient séparées à l’avenir et qu’elles auraient moins de temps pour se voir. Cette pensée lui arracha un pincement douloureux au cœur remplacé par un sourire à la proposition d’Hermione de lui rendre visite à Oxford. « Je viendrais te voir au moins une fois par semaine, dès que je pourrais. » C’était idyllique et elle le savait, parce qu’elle serait occupée avec ses études et ses projets personnels et que la brune n’aurait pas autant de temps à lui accorder que maintenant, mais Ginny aimait à croire qu’elle pourrait continuer à la voir aussi souvent que possible. Un sourire aux lèvres, elle reprirent leur chemin pour atteindre leur objectif en haut de la colline  mais le cœur de la rousse battait d’une pointe de nostalgie douloureuse. Alors qu’elles atteignaient le sommet, Ginny ralentit le pas, un peu essoufflée et se tourna vers Hermione d’un air un peu hésitant. Elle était fière et forte et avait parfois toutes les difficultés du monde à exprimer ses émotions. « Tu sais… J’ai peur aussi. » Sa gorge se noua et elle prit une profonde inspiration. « J’ai peur de retourner à Poudlard sans toi, sans vous tous. » Elle fronça les sourcils, et si elle reconnaissait sa peur à voix haute, Hermione n’aurait aucun à comprendre qu’elle était aussi triste. « J’ai jamais connu Poudlard sans vous, vous avez toujours été là. Et Ron…  » c’était particulièrement difficile de quitter son frère. Si elle détestait la façon qu’il avait de la couver, elle l’aimait aussi profondément et avait du mal à imaginer un quotidien sans lui, la dernière fois remontant à près de 8 ans, lors de la première année de Ron pendant laquelle Ginny était restée au Terrier. « Vous allez vraiment me manquer. » Elle leva les yeux vers Hermione, puis en sentant monter les larmes elle détourna le regard pour regarder l’horizon. « Tu vas vraiment me manquer. » Elle et leurs soirées entre filles, leurs discussion jusque tard le soir, elle et sa présence tout simplement. Elle avait aussi une pensée pour Harry, son premier amour mais aussi et surtout son ami. Il était sa famille et même si ses sentiments pour lui s’étaient effacés, elle continuait de l’aimer et continuerait encore longtemps, et elle espérait aussi qu’elle pourrait continuer de le voir l’année prochaine. « Tu sais je crois que c’est normal d’avoir peur. Je pense que c’est même bien. » Elle prit une profonde inspiration pour remplir ses poumons de cet air délicieusement pur et laissa ses mèches voler avec le vent. « Puis tu ne seras jamais seule. Tu pourras toujours m’appeler, n’importe quand. Chaque fois que tu auras peur. » Elle prit la main de sa meilleure amie dans la sienne et malgré un léger vertige, elle reprit sa route un peu plus loin, s’éloignant un peu encore du château pour découvrir les alentours. À cet instant, malgré sa nostalgie, sa tristesse et sa peur, Ginny se sentait reconnaissante pour ce moment précieux passé avec Hermione. Peu importe ce que l’avenir leur réservait, elle savait qu’elles traverseraient ça ensemble, main dans la main. Et pour l’instant, c’était tout ce qui comptait.

Ginny devant elle sur le long chemin pour qu'Hermione puisse s'assurer que sa meilleure amie ne souffre pas, elle surveillait le moindre de ses pas et son regard se perdait plus souvent sur le visage de la lionne que sur le paysage toujours dans le but d'être sûre qu'elle ne se blessait pas davantage en grimpant les collines autour de Poudlard. Le panorama était tout aussi magique que Poudlard et c'était ce qui le rendait si spécial, certaine que chacun des élèves ayant foulé cet endroit s'en rappellerait à vie. Légèrement fatiguée par l'effort de monter, elle regretta de ne pas avoir pris un balai avant de se souvenir qu'elle détestait ça. La main de son amie qu'elle attrapa dans la sienne pour l'aider à gravir les derniers mètres, elles n'étaient pas encore arrivées en haut que déjà, Hermione lui confiait avoir reçu la lettre d'admission d'Oxford. Elle n'avait pas vraiment pu attendre, la fierté dans ses propres iris tandis que la sorcière la félicita en la serrant dans ses bras. Elle avait eu peur de ne pas être prise, non pas pour ses résultats frôlant l'excellence mais plutôt parce que le côté sorcier de cette université était réputé pour avoir dans ses rangs les élèves les plus prestigieux, par leur position dans la société, et surtout parce qu'il lui avait été difficile d'obtenir son stage il y a quelques semaines pour les mêmes raisons. C'était stupide et injuste, seulement c'était ce monde là qu'elle devait affronter, et si elle en avait vaguement parlé avec quelques personnes, ses appréhensions restaient encore là. « Merci beaucoup Ginny... c'est vrai que c'est incroyable ! Tu imagines ?! C'est Oxford. J'ai encore du mal à réaliser » dit-elle en secouant la tête, peut-être plus sous le choc que quand elle avait eu le papier entre les mains. Est-ce que sa meilleure amie se rendait compte ? Est-ce que tous, réalisaient qu'il s'agissait d'une faculté vraiment remarquable ? Petite, elle avait rêvé de cet établissement, de Cambridge et de l'Imperial puis Poudlard était arrivé, la magie aussi et c'était d'autres projets qui les avaient remplacé avant d'avoir cette chance, de découvrir que c'était toujours possible. Elle ne souhaitait pourtant pas en faire un gros deal parce que ce moment était le leur, pas uniquement le sien et que les craintes de Ginny étaient partagées. Quitter le château et ne plus se voir tous les jours, devoir s'organiser des semaines à l'avance pour pouvoir se retrouver à Pré-au-Lard ou ailleurs, c'était quelque chose qui l'angoissait un peu, avec Ginny comme avec Harry et Ron. « Ce serait super, on aurait presque l'impression que rien a changé » Mais tout changerait, en majorité pour le meilleur et même les filles ne pouvaient pas lutter. Leur cadence ralentie en remarquant combien elles étaient essoufflées, elles auraient pu s'arrêter juste là si le sommet était encore loin mais ce n'était pas le cas et quelques pas leur suffiraient à rejoindre le haut, dans quelques minutes. Ce n'était pas important, les sentiments de Ginny par contre l'étaient et Hermione tourna la tête pour l'écouter attentivement. Nostalgie qui menait souvent à l'émotion ces derniers temps, elle tenta de ne pas craquer et se permit même une petite plaisanterie pour ne pas le faire : « Ne t'inquiètes pas, je ne lui raconterais pas que tu as dit que tu l'aimais et qu'il allait te manquer » dit-elle en parlant de Ronald, tout en exagérant les paroles de la rousse dans le but de la faire rire. Elle comprenait parfaitement, bien que peut-être ne le pouvait-elle pas totalement parce qu'elle avait eu l'habitude d'être seule contrairement à Ginny entourée au moins de ses frères depuis sa naissance. « Il y a toujours Luna. Et tes autres amis » essaya t'elle de la rassurer sans savoir si ça fonctionnerait. « Mais je sais que ce ne sera pas pareil. Pour nous non plus, tu sais » La sorcière était l'une de ses meilleures amies, la première fille avec qui elle s'était réellement bien entendue. « Tu vas me manquer toi aussi. Et je sais que c'est la même chose pour les garçons, même s'ils ne le diront surement pas » Et elle leva les yeux au ciel, amusée par cette réflexion, ses principaux acolytes peu doués avec les émotions ; contrairement à elle. Les prochains mots de la Weasley résonnèrent en elle et elle serra sa main en continuant à monter, une cinquantaine de mètres qu'elles parcoururent en peu de temps pour enfin, se poser en haut. Elle profita de ce moment pour revenir sur les dernières paroles de la lionne, un petit sourire au bord des lèvres. « Je ne sais pas si c'est bien comme tu dis, c'est juste que... il y a beaucoup de choses que j'aimerais ne pas voir changer » Et elle parlait de ses amitiés bien sûr, de Theodore aussi, de la relation avec ses parents, de tout ce qu'elle avait construit ici à Poudlard, elle la petite fille solitaire à qui personne n'avait envie de parler quand elle était gosse. « Tu m'écriras souvent ? Il faudra que tu me racontes tout ce qui se passe ici ! » Si l'année prochaine était similaire aux précédentes, Ginny ne s'ennuierait pas en tout cas et peut-être n'aurait-elle même pas le temps de penser au fait que ses aînés lui manquaient. Une nouvelle fois elle resserra son emprise sur ses doigts telle une promesse réciproque de ne pas s'oublier, de sauvegarder leur amitié précieuse puis Hermione s'en détacha pour se rapprocher du bord, le domaine du château à perte de vue. « Huit ans ici et je crois que je ne suis jamais montée aussi haut » lâcha t'elle en secouant la tête, amusée par cette remarque. Ils en avaient faits avec ses meilleurs amis pourtant. « C'est magnifique. Je ne sais pas si je préfère cette vue à celle du haut de la tour d'astronomie » Et à cette pensée un sourire étira ses lèvres parce que la dernière fois qu'elle y était allée, c'était pour retrouver Theo et passer un moment privilégié en sa compagnie. Dans une inspiration, elle revint vers Ginny, fronçant les sourcils à ce qu'elle pouvait apercevoir derrière elle et qui sortait de l'ordinaire - ou tout au moins du paysage. « Qu'est-ce que c'est que ça ? » Elle pointa du doigt une sorte de petit monument recouvert de plantes et fleurs qui détonnait un peu avec le reste autour et s'approcha en incitant sa meilleure amie à en faire de même. « On dirait un puits » Elle se pencha par-dessus le trou en restant vigilante - on ne savait jamais ce qui pouvait arriver - mais tout ce qu'elle voyait était noir, évidemment. Elle trouva un gros caillou au sol à quelques pas et l'attrapa pour le faire tomber dedans sauf que le fond semblait trop loin et qu'aucun flop ne brisa leur contemplation. « Je n'ai pas le souvenir d'en avoir vu d'autres sur le domaine, et toi ? » Elle avait peut-être exploré un peu plus les alentours de Poudlard pour la renseigner ; Hermione se faisant la réflexion que malgré tout le temps passé dans cet endroit, elle n'y avait pas déceler tous les secrets et cette constatation la frustrait beaucoup.