Tout s'était enchaîné à une vitesse folle ces dernières heures, de l'inauguration de Spellcraft à l'attentat qui avait tant détruit sur son passage en faisant de nombreux blessés, de leur poste d'observation avec Miles où tout semblait tranquille pendant un moment au véritable chaos entraîné par les explosions, Vesper avait l'impression de n'avoir reprit sa respiration qu'à l'instant, lorsque le médicomage lui avait demandé d'inspirer et expirer pour prendre sa tension. Secouée comme tous ceux présents sur les lieux, elle avait fait de son mieux pour aider à évacuer les sorcières et sorciers venus écouter un discours qui n'était pas venu, pour faire son travail et répondre à la mission confiée par ses supérieurs seulement elle s'était un peu oubliée dans le processus, et tandis que l'homme au stéthoscope passa une main sur les coupures ornant le visage de la blonde, elle attrapa celle-ci par réflexe pour le bloquer avant de s'excuser de ce geste, auror visiblement encore tendue et remuée par les évènements. C'était l'horreur qui avait accompagné ce jour pourtant spécial pour les sorciers d'Ecosse et de toute l'Angleterre et V ne parvenait pas tout à fait à remettre les choses en ordre dans sa tête, uniquement à s'inquiéter pour Miles qui l'avait protégée à de nombreuses reprises y compris quand les débris d'une boutique avaient éclaté à côté d'eux, s'inquiéter pour Marcus et Alicia qu'elle n'avait vu que quelques secondes avant d'arriver à Sainte-Mangouste et surtout, s'inquiéter pour le bébé. Le bébé qu'elle ne pouvait nommer autrement puisqu'il était trop tôt pour savoir s'il s'agissait d'une fille ou d'un garçon, le bébé qu'elle portait depuis plusieurs semaines maintenant mais qu'elle semblait avoir placé au second plan pendant cette agression d'une rare lâcheté, la pensée d'avoir été la pire mère possible - alors qu'il n'était pas encore né - en négligeant sa sécurité qui provoqua une boule d'émotions amère au creux de son estomac et dans le même temps elle dégagea une larme non-autorisée à couler le long de sa joue. Culpabilité que le médicomage parut comprendre en la rassurant un peu et en l'envoyant directement au service obstétrique pour une échographie. Lui était certain que tout allait bien mais souhaitait s'assurer médicalement que c'était bien le cas et la Millers ne cacha pas son soulagement, bien qu'entre deux on ne lui permit pas de voir ses amis devant patienter depuis un moment. Une bonne demi-heure plus tard et les papiers en main, elle se sentit logiquement plus apaisé mais l'angoisse pour Miles persistait et on l'accompagna rapidement pour le voir. Elle poussa un long soupir en le voyant assis sur un lit, un grand bandage sur l'épaule et une partie du dos, infirmier l'autorisant à sortir un peu plus tard, pour laisser le temps aux potions d'agir et s'assurer d'aucune infection. Avant qu'il ne quitte la chambre, Vesper lui demanda de prévenir leurs amis et leur dire de les rejoindre - ce qui ne leur prendrait donc que quelques minutes - et elle approcha de Miles pour s'asseoir à côté de lui. « Comment tu te sens ? » demanda t'elle en accrochant son regard et être certaine qu'il lui dirait la vérité. « Je suis contente que tu n'aies pas été blessé plus gravement. Miles, t'aurais pas dû - » V s'arrêta en voyant que le brun allait rétorquer et reprit plus doucement, reconnaissance dans la voix. « Merci. Merci d'avoir été là et de m'avoir protégée comme tu l'as fait » Dans ce qu'elle ne disait pas le ça aurait pu être pire pour l'un comme pour l'autre, chose qu'il devait deviner. Maudissant intérieurement les hormones une énième fois de la rendre si émotive en sentant ses yeux picoter, elle posa une main sur le bras du Bletchey en guise de remerciement pour éviter un câlin des plus awkward et ajouta : « Je vais bien et ils ont fait une - » Avec la porte ouverte et toutes les aller et venues, elle chuchota presque les prochains mots : « Une échographie et le bébé va bien aussi. C'est certainement grâce à toi d'ailleurs » Pour ça, elle lui en devrait toujours une. « Je vais lui dire » confia t'elle à l'ancien serpent avant de préciser. « A Marcus, je vais lui dire. Je pense qu'il est temps » Et c'était même trop tard sans doute si elle était honnête mais il y avait eu toute cette histoire avec Augustin et Caïn qui l'avait empêché de le faire, le traumatisme évident de Marcus après ça, leur dispute qui avait aussi joué, tellement de choses qui avaient repoussé ce moment, d'abord par nécessité et ensuite par cette appréhension venant d'elle. « Je ne dirais pas que tu savais » lui promit parce qu'il devait savoir qu'elle ne le mettrait pas - plus - dans la pagaille. Et elle allait ajouter quelque chose, Vesper, lorsque la voix de leurs amis l'interrompit, les deux déjà dans la chambre alors que, instinctivement, elle se releva du lit comme si elle avait fait quelque chose de mal. « Hey » lâcha t'elle en se fustigeant mentalement et en approchant d'eux pour les scruter de plus près. « Vous allez bien ? Est-ce que quelqu'un vous a ausculté ? » Il y avait peut-être d'autres urgences en provenance de Spellcraft mais c'était tout aussi important pour elle. Une main posée sur le bras d'Alicia dans un geste de soutien, pour tout ce qui était arrivé bien sûr mais également par rapport à la présence de Miles dans la pièce et ce qu'elle savait, elle attrapa ensuite Marcus dans ses bras et sentit un soupir de soulagement la quitter, son réconfort qu'elle ne pensait pas avoir eu besoin jusqu'à ce qu'il entre dans la pièce, jusqu'à ce qu'elle le voit et ressente l'envie de le serrer contre elle, de s'assurer qu'il était entier et en bonne santé. Il avait des égratignures comme Alicia, comme elle et ce n'était rien en comparaison de ce qu'il avait vécu le mois dernier au manoir des Flint mais la blonde ne pouvait pas empêcher son palpitant de s'emballer et d'avoir eu peur pour lui. Et sans doute qu'il battait aussi très fort pour ce qu'elle s'apprêtait à lui dire, mais il lui fallait prendre une seconde pour elle avant ça. Peut-être même deux, ou dix.

Il serre les dents, Miles, alors que le médicomage lui retire les bouts de verre ancrés dans sa peau. Heureusement rien n’était vraiment profond, en dehors d’une entaille un peu plus grande couvrant son omoplate, mais là encore, il avait évité le pire selon l’homme qui s’occupait de lui. Il acquiesce sans rien dire de plus, se contente d’acquiescer ou de répondre brièvement, totalement ailleurs. Il s’inquiète surtout pour Vesper qui était partie passer une échographie, espère qu’elle n’aura aucune séquelle des suites de l’explosion. Il s’inquiète pour Marcus, même s’il l’a croisé brièvement, pour Alicia, même s’il aurait aimé que ce ne soit pas le cas. Il avait besoin de tous les voir, de s’assurer qu’ils allaient tous bien pour pouvoir souffler et arrêter d’imaginer le pire. Le médicomage qui termine et applique une crème sur les différentes petites entailles pour aider à la cicatrisation, avant de recouvrir le tout d’un bandage. Puis, pour finir, il lui fait boire une potion qui évite les infections éventuelles tout en lui prescrivant d’autres fioles pour les jours à venir. Miles qui le remercie et enfile son débardeur à nouveau, grimaçant légèrement lors du mouvement. Il soupire quand le médicomage lui indique devoir attendre avant de partir au moment même où Vesper le rejoint, agacé de perdre plus de temps encore au sein de cet hôpital. Il se contente toutefois d’acquiescer, conscient qu’il ne servirait à rien d’essayer de négocier de toute façon. Sa collègue s’installe à ses côtés et s’inquiète tandis qu’il tente d’analyser ce qu’il voit, qu’il est rassuré quelque part par le fait qu’elle ne semblait pas souffrir. « Ça va. C’est pas si grave que ça. »dit-il en haussant les épaules. L’auror qui pense réellement ce qu’il dit – il avait déjà vu pire par le passé et ce sera probablement le cas à l’avenir aussi, métier qui comportait de nombreux risques qu’il était prêt à affronter. Miles qui fronce les sourcils, s’apprête à protester aux mots de Vesper mais elle ne lui en laisse pas l’occasion, remerciements qu’il n’attendait pas mais qui font toutefois naître un léger sourire sur ses lèvres. « T’as pas à me remercier V, vraiment. » Il avait fait ce qui était juste, avait cherché à protéger celle qui était sa partenaire alors mais également son amie. C’était particulier, quelque part, de se dire qu’à tout instant, ils pouvaient risquer leur vie pour protéger celle d’un autre des aurors, mais c’était là une confiance nécessaire à posséder pour pouvoir partir en mission en étant un minimum rassuré. Ils n’étaient pas seuls, jamais, et ils devaient veiller les uns sur les autres, qu’importe les conflits qui pouvaient éclore – c’était probablement ça aussi qui l’avait attiré dans ce métier, cette impression de pouvoir se reposer sur l’autre alors même qu’il n’avait jamais connu ça au sein de sa propre famille. Un soupir de soulagement aux mots de Vesper, il se penche un peu vers elle pour mieux entendre ses mots, chuchotés afin de s’assurer que personne ne les entende. Il secoue la main d’un air désinvolte, l’air de chasser ce qu’elle sous entendait. S’il avait aidé à faire en sorte que le bébé se porte bien, elle n’avait pas besoin de le souligner pour autant. Soulagement plus grand encore quand la blonde déclare tout avouer aujourd’hui alors que sorcier s’en voulait encore de mentir à son meilleur ami par omission mais qui se devait de respecter la volonté de sa collègue. « Ça me dérange pas. Tu peux leur dire. » Miles était prêt à assumer les reproches que pourraient formuler Marcus s’il venait à apprendre qu’il était au courant lui aussi. Quelque part, ça l’arrangerait même qu’il le sache, parce qu’il n’avait pas envie de garder ça secret aussi. Le regard qui se relève vers l’entrée en voyant son meilleur ami et Alicia entrer dans la salle, il se sent mieux en voyant qu’ils ont l’air d’aller bien. Il laisse Vesper parler et son regard s’attarde malgré lui sur la brune, à la recherche de la moindre blessure, besoin de s’assurer qu’elle se portait bien malgré tout ce qu’il pouvait éprouver à son égard ces derniers temps. Qu’importe à quel point il pouvait la détester ces dernières semaines, elle restait Alicia et jamais il ne voudrait qu’il lui arrive quoi que ce soit. Le regard qu’il détourne quand il croise le sien, il préfère se concentrer sur Marcus, énonce un « ce n’est rien. » en sentant les regards sur les bandages traversant son épaule. Vesper et Marcus qui s’enlacent et il y a ce drôle de pincement au cœur qui le saisit alors parce qu’il ne pourrait plus jamais serrer dans ses bras la seule ayant réellement compté pour lui. Pour s’occuper, il récupère sa veste pour l’enfiler et cacher les pansements qui ont été réalisés, gardant ses distances alors qu’il se racle la gorge, s'efforçant de garder un air impassible en dépit de tout ce qu'il éprouvait alors. « On a des nouvelles de Silverthorn ? » Il n’est pas sûr de s’en soucier vraiment mais il a besoin de se changer les idées, de penser à autre chose qu’à cette tension qu’il éprouvait de par la simple présence d’Alicia dans la pièce.

Alicia avait du mal avec le fait de se laisser ausculter là après tant d'attente du côté des urgences pour les civils alors que Vesper et Miles étaient entrepris dans une toute autre aile de l'hôpital qu'elle n'avait que l'envie de rejoindre. Mais Marcus était là près d'elle et encore une fois, elle ne se voyait pas le quitter. Elle l'avait protégé à Spellcraft, de façon aussi inconsciente que pensée parce que finalement, Alicia ne lui souhaitait pas le mal que l'on pourrait penser en les voyant se comporter l'un envers l'autre. Mais ils n'étaient pas amis, ils étaient.. autre chose. Le genre d'entre deux qui la poussait à partager des regards en disant long sur son agacement avec lui car pour une fois, ils vivaient amplement la même chose. La frustration d'être encore séparés du reste du quatuor qu'ils formaient avec les deux autres, même si ces dernières semaines Alicia n'était plus certaine qu'il existe encore. Ils n'étaient pas blessés eux, ne souffraient que de quelques griffures au niveau des bras ou autres égratignures vraiment peu importantes en comparaison à l'état des deux aurors qu'ils avaient pu attester un peu plus tôt et c'est en sentant Marcus être très proche de perdre son sang froid qu'Alicia agit alors en métamorphosant discrètement sa tenue pour celle des aurors et en l'attirant à sa suite en le tirant par la manche. Elle les faisait emprunter de multiples couloirs en espérant vraiment ne pas se tromper et évitant au mieux les regards des soignants poussés au scepticisme en les voyant. « nous y sommes presque. » qu'elle annonçait alors plus pour la forme et qu'ils soient laissés tranquilles que pour vraiment informer Marcus jusqu'à ce qu'ils n'arrivent enfin dans l'aile désirée. Et Alicia avait cette désagréable sensation qu'il s'était passé bien trop de temps avant de pouvoir les rejoindre. A peine arrivaient-ils que leurs noms furent appelés et si le soulagement ne l'atteignit pas, un soupir se dévoila pourtant à ses lèvres. Elle croisa le regard de Marcus pour vérifier qu'il soit suffisamment calme, pour s'appuyer aussi en quelque sorte sur lui en se demandant si il la ressentait aussi, cette sensation désagréable d'estomac tordu si fort que ça en faisait mal.
Ils pénètrent dans une chambre au moment où ils interrompent une conversation et Alicia voit Vesper se relever du lit où était Miles. Son cœur s'emballe aussitôt, les sourcils qui se froncent à l'idée qu'il ait eu besoin d'autant d'attention, à l'image même des bandages lui traversant l'épaule. Et c'est la voix de sa collègue qui la ramène à la réalité et l'arrache de sa contemplation des deux à la recherche de la moindre blessure. « On va bien oui. J'aurais aimé être là avec vous. » en tant qu'amie mais surtout en tant qu'auror, pouvoir aider et les protéger, c'était ainsi qu'ils procédaient après tout. Elle s'en voulait Alicia, d'avoir été placée aussi loin d'eux dans la foule, de ne pas avoir pu empêcher le fait qu'ils aient du être ici. « et vous ? » sa voix est plus incertaine, fébrile et ça s'entend. Même si Miles semble lui répondre en le faisant à Marcus, son estomac ne parvient pas à se dénouer et lorsque son regard croise le sien avant qu'il ne le détourne, c'est sa gorge qui se resserre cette fois. Elle détestait qu'ils se soient disputés, elle détestait cette distance entre eux, elle détestait les mots qu'elle avait pu lui dire et puis les siens aussi. Lorsque Vesper et Marcus s'enlacent, c'est un peu plus difficile alors parce qu'Alicia sait ce qui lui est interdit et se mord l'intérieur de la joue, croisant les bras devant sa poitrine et se retournant pratiquement vers l'opposé de Milo et d'eux. Elle fuit leurs regards, la vue de leur affection parce qu'à ce moment ça lui fait bien trop mal qu'elle doit se rappeler de relâcher sa respiration et de continuer d'exister avec sa douleur. Même lorsque son collègue pose une question, elle ne préfère pas répondre parce qu'elle sait que sa voix n'est pas assez forte pour le faire et l'ignore alors en laissant Marcus prendre la parole. Une seule chose était positive à ce moment et était finalement la plus importante, c'était qu'ils allaient tous les deux bien.

Les dernières heures passées ont semblé tout à fait irréelles et Marcus a presque l’impression qu’un autre que lui a vécu ça à sa place. La peur, l’angoisse, l’attente se sont gravées en lui avec une telle force que même encore maintenant il a du mal à respirer et il sait que ce sera le cas tant qu’il n’aura pas vu Miles et Vesper, le sorcier qui n’arrive pas à les éloigner de son esprit plus de quelques secondes et fait preuve de plus en plus d’impatience à mesure que le temps passe. Il déteste l’idée d’être autant séparé d’eux, de pas pouvoir les voir et s’assurer lui-même qu’ils vont bien, il déteste encore plus qu’on l’empêche de les voir et son humeur s’embrunit de plus en plus. Même lorsque les médicomages viennent l'ausculter, Marcus n’arrive pas à penser à autre chose qu'à Vesper et Milo qui sont dans une autre aile de l'hôpital à se faire soigner. Il est incapable de penser à lui, ses blessures qui sont d'ailleurs superficielles et dont il se fiche éperdument parce que seuls les aurors comptent et avec eux son désir de les retrouver et de pouvoir vraiment s’assurer qu'ils vont bien. Ce n'est que parce qu’Alicia est à ses côtés qu'il parvient à garder les pieds sur terre et à ne pas trop s'impatienter, la sorcière à laquelle il s’est étonnement un peu raccroché depuis le début des évènements et sans qui il serait sûrement encore là-bas au milieu des débris à ronger son frein. C'est étrange de penser que c'est grâce à elle qu'il va bien et qu'il a pu garder la tête froide – dans la mesure du possible. Ils ne sont toujours pas amis, mais pas totalement ennemis non plus et sont dans un entre-deux assez étrange et inexplicable qui lui convient ainsi pour l'instant, parce qu’elle reste Spinnet et lui Flint, parce qu’ils sont incapables de s’entendre vraiment, et parce qu’elle a brisé le cœur de son meilleur ami et que c’est quelque chose qu’il ne peut pas accepter. Il s’efforce toutefois de le mettre de côté parce que ça ne compte pas maintenant et parce qu’il est trop occupé à s’angoisser et à s’impatienter de plus en plus au point de frapper frénétiquement du pied par terre, ce qu’Alicia semble comprendre puisqu’il la voit bientôt métamorphoser sa tenue en un habit plus officiel. Il lève un sourcil intrigué en sa direction et la questionne du regard mais elle ne dit rien et se contente de le tirer par la manche alors Marcus ne bronche pas, persuadé qu’elle les mène jusqu’à eux en trichant un peu pour accélérer les choses et il ne peut que s’en réjouir. Il n’a aucune pique à lui lancer le long du trajet, cloîtré dans un silence anxieux alors qu’ils traversent de nombreux couloirs jusqu’à enfin trouver leur chemin et être appelé près de leurs amis. Son regard croise celui de la Spinnet et Marcus retient soudain son souffle, le ventre tordu par tout un tas de sensations et d’émotions au point qu’il en a presque mal à l’estomac mais il garde un masque impassible alors qu’il entre dans la chambre, où son regard tombe enfin sur les deux apprentis-aurors. Quand il s’approche, Marcus a la désagréable impression d’avoir interrompu quelque chose et il fronce alors les sourcils, son regard allant de Milo à Vesper d’un air suspicieux mais il n’a pas le temps de questionner ni de vraiment se demander ce qu’il se passe, parce que la blonde noie le poisson en prenant de leurs nouvelles et le banni pose le regard sur son meilleur ami pour s’assurer qu’il va bien, détaillant des yeux ses blessures et poussant un léger soupir quand il affirme que ce n’est rien. Puis, c’est finalement sa blonde sur qui il pose les yeux pour pouvoir s’assurer lui-même qu’elle va bien mais elle ne lui en laisse pas le temps qu’elle l’attire dans ses bras et il ne s’en plaint pas. Ses bras se referment instinctivement autour de sa taille, et il vient poser la joue sur son épaule et fermer les yeux pour profiter des sensations que lui procurent cette étreinte. Après des heures à perdre son souffle et s’inquiéter, il a l’impression de pouvoir enfin respirer maintenant qu’il la serre tout contre lui, et il a presque l’impression que des nœuds se dénouent dans son estomac. Il la serre un peu plus fort, une de ses mains venant se poser à l’arrière de son crâne pour la rapprocher de lui et attester qu’elle est bien là, dans ses bras. « I was scared for you » il souffle à voix basse près de son oreille, de façon à ce qu’elle soit la seule à pouvoir l’entendre, émotion qu’il révèle alors qu’il n’en a pourtant pas l’habitude mais il est incapable de s’en empêcher. Il a vraiment eu peur pour elle, Marcus et quand il y repensera plus tard, il réalisera que finalement ça lui fait un peu peur d’une certaine manière parce que ça illustre à quel point il s’est attaché à elle, d’une manière qu’il n’aurait jamais cru possible. Il n’a d’ailleurs pas envie de rompre leur étreinte et reste accroché à elle quelques instants encore, bercé par son odeur et sa présence et il finit par se séparer d’elle, mais pas totalement puisqu’il lie sa main à la sienne et entremêle leurs doigts, non sans s’approcher de Milo pour poser sa main sur son bras dans un geste fraternel. « Heureusement que vous avez rien. » maintenant qu’il est avec eux, il peut enfin se détendre et s’apaiser, ses épaules qui se détendent au fil du temps mais il secoue la tête à la mention de Silverthorn. « Pas eu de nouvelles de ce qu’il s’est passé, j’imagine qu’on en saura plus dans la gazette ou que vous serez prévenus. » à vrai dire, c’est peut-être égoïste mais Marcus s’en fout de tout ça, parce qu’il est avec ceux qui comptent le plus et le reste du monde ne lui importe plus autant maintenant. « Vous allez pouvoir sortir de l’hôpital bientôt ? » Marcus qui veut juste sortir de là, rentrer chez eux, serrer encore Vesper dans ses bras et oublier tout cet événement. Il s’apprête à leur proposer de venir chez lui une fois sortis mais des coups se font entendre à la porte et l’ex sang-pur se retourne vers celle-ci pour voir un médicomage entrer. « Ah Mlle Millers vous êtes encore là. Vous aviez oublié votre échographie, je pense qu’elle vous sera utile. » un regard poli adressé à Vesper, puis au reste de leur groupe et le médicomage repart, les laissant à nouveau tous les quatre dans la chambre. Un silence s’installe, seulement quelques secondes avant que Marcus attire la blonde pour la mettre face à lui et la détailler sous tous les angles d’un air soucieux, inquiète qu'elle soit blessée « Pourquoi t’as fait une échographie ? T’as été blessée pendant l’explosion c’est ça ? Merde V, c’est grave ? T’as mal quelque part ? » ses mains glissent sur ses bras, entourent son visage, puis se posent sur ses hanches, ne pensant qu'au pire sans imaginer une seule seconde la vérité. Il la détaille avec attention en cherchant la moindre petite blessure partout sur son corps et avance même la main pour soulever son tee-shirt et voir ce qu’il en est, mais elle ne le laisse pas faire. « Sérieux V c’est juste nous, montre-moi, qu’est-ce qu’il y a, c’est grave c’est ça ? Je croyais que vous alliez bien » il s’impatiente un peu, l’inquiétude revenant se loger dans sa poitrine. C’est à peine s’il la laisse respirer ou s’il lui laisse le temps de s’expliquer, et son regard glisse vers leurs amis pour qu’ils lui viennent en aide afin d’éclaircir la situation et il prend alors ses mains dans les siennes, plantant son regard dans le sien en espérant seulement qu’elle aille bien et qu’ils puissent rentrer ensemble pour qu’il ne la quitte plus de la soirée.

Les sourcils froncés à ce que Miles qualifiait de pas si grave que ça, elle ne pouvait pas vraiment s'empêcher de s'inquiéter, V, parce que ce qu'ils venaient tous de vivre était terrible. Elle se demandait même où ils en étaient du côté de Spellcraft, eux qui étaient partis avant seulement parce que le Bletchey l'y avait forcé et il avait eu raison, bien sûr, mais ils avaient laissé tout le monde derrière eux et ça ne lui plaisait pas. Ils avaient laissé Alicia et Marcus, et sans avoir à en parler ensemble elle savait que l'auror y pensait forcément. S'il y avait l'angoisse autour du seul petit être pas encore né, celle qui les avait mené ici en premier lieu, ils étaient aussi inquiets les uns pour les autres parce que quoiqu'il arrive entre eux, ils formaient ce groupe rattaché par les amitiés et les liens pas tout à fait clairs mais présents, forts, et c'était l'une des raisons qui faisait qu'elle ne pouvait plus cacher ce qu'ils avaient appris avec Miles, il y a quelques semaines. Elle ne pourrait plus le dissimuler longtemps de toute façon et aujourd'hui, la peur qu'elle avait eu pour ce bébé, ne rendait que la chose plus réelle. Elle offrit un sourire à son ami à sa réponse, reconnaissante une nouvelle fois pour la façon dont il l'avait protégé lors de cette attaque mais aussi pour les petites attentions qu'il avait eu sans possiblement le réaliser ces derniers temps, pour son soutien et pour n'avoir rien dit à sa demande. Elle le remercierait certainement encore, V, même contre son gré mais se força à ne pas le redire, et l'interruption des deux absents du quatuor eut le mérite de lui faire lâcher un gros soupir de soulagement. Ils étaient là, ils allaient bien - ou ne semblaient pas être physiquement blessés en tout cas - et c'était tout ce qu'elle avait eu besoin de savoir. « Tu étais là, Ali » Avec ou sans son badge, la blonde était persuadée que sa collègue et amie avait fait tout ce qu'il fallait. Elle les avait ramené en vie, en sécurité, comme elle pouvait l'attester en regardant Marcus et la tenue qu'il arborait. « Je.. on va bien » assura t'elle à la jolie brune en comprenant sans difficultés le malaise entre elle et Miles, cette distance qui lui faisait de la peine parce qu'elle savait qu'ils n'allaient pas vraiment bien tous les deux, elle le voyait dans leur attitude, avait tenté d'effacer les larmes de sa colocataire aussi. Pourtant elle oublia presque tout en plongeant dans les bras du Flint dans ce besoin de le toucher, de l'avoir près d'elle, d'être sûre et certaine qu'il était là. Elle en aurait pleuré de joie si elle n'était pas aussi stressée, si son cerveau n'en était pas déjà à penser à plus tard, à savoir si elle attendrait qu'ils soient chez elle ou chez lui pour lui faire cette annonce qui changerait leur vie et peut-être leur relation à tout jamais. Pendant de longues secondes elle s'accrocha à lui, V, à ce Marcus là qui ne savait encore rien et qui avait eu peur pour elle selon ses mots. Elle le serra plus fort à cette confession rien que pour elle, nicha sa tête dans son cou avec l'envie que ce moment dure encore, toujours, seulement ils n'étaient pas seuls et elle s'en rappela, relâchant le sorcier qui garda sa main dans la sienne, la chaleur de sa paume contre la sienne comme geste rassurant, presque salvateur. « Personne ne s'attendait à... ça » dit-elle en fronçant les sourcils, se remémorant les heures précédentes. Les aurors avaient eu droit à une mise en garde sur de probables esclandres, pas à un attentat. « Miles doit encore patienter un peu » commença t'elle avant l'entrée du médicomage dans la pièce que V reconnut bien évidemment aussitôt. Alicia plus proche de la porte, la blonde la laissa récupérer son papier, Vesper elle un peu sous le choc et même incapable de dire quoique ce soit d'autre que merci avant de le voir partir et qu'un silence s'installe dans la pièce. Elle s'attendait désormais à tout, l'auror, et surtout à la réaction de Marcus après ce qui lui paraissait être clair et le parfait lapsus pour dévoiler son secret cependant il fut bien le premier à parler mais pas pour ce qu'elle croyait. « C'est... non, non, ça va, je vais bien, je - » Les mots lui manquaient clairement, elle ne savait pas quoi dire et répondre, elle ne savait pas si c'était maintenant le moment qu'elle avait repoussé depuis des semaines ou s'il valait mieux qu'ils quittent l'hôpital avant. Elle sentit les regards de ses deux autres amis sur elle, Miles qui savait déjà, Ali qui devait avoir deviné avec l'échographie en mains, et comprit qu'elle n'avait plus le choix lorsque le Flint insista en voulant voir son ventre et qu'elle repoussa son bras. « Marcus, je ne suis pas blessée, je te le jure » Secouée, sans aucun doute, mais il y avait plus important. « Grâce à Miles, je n'ai rien eu » Et elle profita de cette mention du garçon pour poser les yeux sur lui et chercher son soutien, puiser le courage dont elle avait besoin pour formuler ses prochains mots. Les mains du sorcier dans les siennes, Vesper resserra son emprise sur celles-ci avant de prendre une inspiration et avouer, le coeur battant : « Je suis enceinte » L'émotion se fit plus puissante qu'elle ne l'avait imaginé et elle sentit ses yeux s'embuer de larmes qu'elle ne laissa pas tomber. « Cette échographie, c'était pour vérifier que tout est en ordre parce que les risques peuvent être conséquents pour le - » Elle se stoppa une seconde, le terme coincé dans sa gorge, celui-là qu'elle avait elle-même eu du mal à dire et penser la première fois mais il le fallait. C'était réel. « Pour le bébé » Elle respira enfin, l'auror, osa un regard vers Alicia pour discerner sa réaction même si c'était celle de Marcus qu'il lui fallait d'abord jauger. Elle respira mais il y avait encore cette appréhension au creux de son ventre et son rythme cardiaque qui ne décélérait pas. Le brun qui sembla sans voix alors elle continua, que cette solution soit la bonne ou non. « J'ai voulu te le dire cent fois avant aujourd'hui mais ce n'était jamais le bon moment. J'allais le faire mais il y a eu ce drame avec ton frère et tu étais si mal, et je sais que tu l'es encore, je voulais attendre que ça aille mieux » Une excuse parmi d'autres mais une grande partie de la vérité aussi. V qui après cette petite tirade releva enfin des iris suppliantes vers Marcus pour qu'il dise quelque chose, n'importe quoi, avec comme seul souhait celui qu'il ne la déteste pas.

Il s’est tellement inquiété pour Miles et pour Vesper que Marcus a l’impression que son cœur a raté un millier de battements depuis que les bombes ont explosé. C’est presque douloureux de respirer à nouveau correctement maintenant qu’il est prêt d’eux et qu’il peut s’assurer de lui-même qu’ils vont bien et qu’ils ne sont pas blessés, mais tout ça lui semble aussi un peu irréel. Il y a Miles sur qui son regard se pose et pour qui il a eu si peur, qui est blessé mais vivant, son frère de cœur avec qui il a un échange silencieux et en qui il puise un peu de courage. Et puis il y a Vesper, sa blonde dont il n’arrive plus à se détacher une fois qu’il croise son regard, Vesper qui se jette dans ses bras dans un besoin désespéré de contact et de réassurance dont lui-même avait terriblement besoin dans le savoir. Il y a Vesper, et Marcus la serre tout contre lui, ses bras enveloppant son corps avec tendresse sans arriver à la lâcher ou à s’éloigner d’elle. Il respire enfin, ses épaules s’allègent d’un poids et maintenant qu’il peut attester lui-même qu’elle est en sécurité contre lui, il a enfin l’impression qu’une nœud immense se dénoue dans sa poitrine. Elle est contre lui, et il n’a plus aucune envie de la lâcher au point que s’il s’écoutait, il la prendrait et transplanerait jusqu’à chez lui pour s’allonger près d’elle, veiller sur elle, et rester tout près d’elle pendant des heures, jusqu’à oublier toute cette inquiétude qu’il a accumulée et qui commence doucement à s’évaporer. Il aurait voulu la garder dans ses bras pour l’éternité, l’embrasser jusqu’à en perdre son souffle une fois de plus mais d’une manière bien plus agréable, s’accrocher à elle au point de tout oublier, se laisser bercer par son odeurs et la douceur de sa peau encore un moment, seulement il revient brutalement à la réalité en se rappelant où il est. Alors, il se sépare d’elle à regret tout en gardant sa main nouée à la sienne pour rester ancré encore un peu à elle et ne pas la perdre, pour garder un peu de sa chaleur et effacer ses propres tracas par ce simple contact. Il n’est pas totalement connecté à la conversation, se contente de vagues hochement de tête la plupart du temps, incapable de trouver les mots pour exprimer sa propre confusion et sa peur. Il n’avait pas pu les rejoindre pendant l’attentat, se pouvant que regarder impuissant le chaos se dérouler autour d’eux, alors maintenant qu’ils sont réunis, il ne sait pas comment réagir et a du mal à faire le tri dans ses pensées. Il répond alors distraitement à la mention de Silverthorn parce que ça ne compte pas pour l’instant. Il est peut-être égoïste, mais il se fiche du reste du monde, préfère se concentrer sur Vesper, sur Miles et sa sortie de l’hôpital et même un peu sur Alicia dont le regard semble hanté par quelque chose qu’il n’arrive pas à déterminer. Il n’y a qu’eux qui comptent, et le reste du monde pourrait bien être en train de cramer que Marcus ne voudrait pas les quitter. Aussi, lorsque le médicomage entre dans la pièce, l’ex sang-pur observe le médecin avec une indifférence distante, son esprit encore trop accaparé par les récents événements pour se concentrer pleinement mais ce n’est que lorsqu’il comprend que Vesper a fait des examens plus poussés que son esprit se réactive et que son attention lui est toute adressée. Il ne connecte pas les indices, Marcus, peut-être qu’une part de lui n’a simplement pas envie de le faire pour ne pas rendre les choses réelles, peut-être qu’il est encore trop enfoncé dans son inquiétude pas tout à fait disparue pour faire les connexions et comprendre la réalité. Toujours est-il qu’il ne comprend pas, qu’il est seulement bouffé par une nouvelle angoisse à l’idée qu’elle soit blessée et qu’il ne l’ait pas vu, alors il la détaille, l’analyse, la scrute sous tous les angles à la recherche de la moindre petite éraflure sans même lui laisser le temps de parler. C’est à peine s’il l’écoute quand elle dit qu’elle va bien, il n’y croira pas tant qu’il ne s’en sera pas assuré lui-même mais lorsqu’elle lui affirme avec plus de force qu’elle n’est pas blessée, il se calme enfin un peu et la regarde, a envie de la croire et de passer à autre chose et il sent même une bouffée de soulagement l’envahir. Mais ce soulagement est de courte durée, car il a soudain une autre angoisse qui s’empare de lui, le pressentiment que quelque chose se trame et ses sourcils se froncent d’ailleurs quand il capte le regard entre elle et Miles. Il a l’impression qu’on lui cache quelque chose, et se soudain pris au piège. Ses sourcils se froncent un peu, et il baisse les yeux sur ses mains dans les siennes qu’elle serre un peu plus fort avant qu’elle ne lâche ces trois mots qui lui font relever subitement de grands yeux vers elle. Je suis enceinte. Les mots résonnent dans sa tête comme un écho lointain, et il sent le sol se dérober sous ses pieds. Sa propre poitrine le fait souffrir, un violent tournis le prend de court et une boule se forme dans sa gorge. Je suis enceinte. Il n’arrive pas à assimiler cette nouvelle, à comprendre ce que ça signifie pour lui, pour eux. Je suis enceinte. Il a le réflexe d’ouvrir la bouche pour dire quelque chose, veut poser des questions et comprendre comme c’est arrivé, mais sa gorge est tellement serrée qu’aucun son n’en sort. Je suis enceinte. Ses pensées sont embrouillées, et s’il n’arrive pas totalement à faire remonter l’information jusqu’à son cerveau, son cœur lui semble avoir compris puisqu’il lui fait mal à force de battre si fort dans sa poitrine. Je suis enceinte. Trois mots qui changent une vie, et Marcus se les passe en boucle sous son crâne jusqu’à ce qu’ils perdent leur sens et qu'il ne sache plus ce qu'ils veulent dire. Je suis enceinte. Il lève des yeux remplis d’incompréhension vers Vesper, incapable de formuler une réponse cohérente. Il se sent dépassé, submergé par un mélange d’émotions contradictoires. Je suis enceinte. Une part de lui a envie de la prendre dans ses bras, la serrer contre lui et lui dire que tout irait bien, mais à cet instant précis, il a l’impression que ça n’est pas la vérité. Je suis enceinte. Il a tellement de choses à dire mais à la fois si peu. Il aurait dû être fort, être celui sur qui Vesper pouvait compter, mais il se sent complètement impuissant. Je suis enceinte. Il aurait voulu être ailleurs, loin de cette chambre d’hôpital, loin de cette réalité qui le dépasse. Je suis enceinte. Mais il est là, face à Vesper, confronté à une nouvelle qui est sur le point de changer leur vie à jamais. Je suis enceinte. Il voit ses yeux s’embuer de larmes, il voit ses lèvres bouger et il entend ce qu’elle dit, mais il est complètement figé et n’arrive pas à réagir à quoi que ce soit. Le bébé. Ça l’étouffe, ça l’étrangle, ça le serre de l’intérieur d’imaginer que quelque chose est en train de grandir en elle. Il baisse les yeux sur son ventre, plus parce qu’il n’arrive plus à la regarder elle que pour une autre raison et un frisson le parcours. Le bébé. Il a les jambes qui tremblent, le regard vide et l’esprit complètement noircit par un entremêlement de pensées. Le bébé. Il n’arrive plus à respirer, a l’impression que le monde tourne tout autour de lui et qu’il stagne sur place. Ses émotions sont en ébullition, si bien qu’il finit par ne plus savoir vraiment ce qu’il ressent. Je suis enceinte. Le bébé. Il a l’impression d’être dans un désagréable rêve éveillé. Tout lui semble irréel, faux, étranger. Il n’est plus maître ni de son corps, ni de ses pensées. Elle ajoute quelques mots, une excuse pour expliquer pourquoi elle n’a pas révélé sa condition avant aujourd’hui et au lieu de simplement la regarder, il la dévisage. Je suis enceinte. Il se demande depuis combien de temps elle lui ment, depuis combien de temps elle sait, des mois peut-être. Il regarde à nouveau son ventre, et il ferme les yeux, pris d’un vertige encore plus puissant. Quand il les rouvre, c’est pour d’abord regarder Milo, son meilleur ami qui ne semble pas surpris et un sentiment de trahison se loge dans sa poitrine à l’idée qu’il sait sûrement déjà tout depuis un moment. Je suis enceinte. Il détourne le regard, incapable de le regarder plus longtemps et contre tout attente, c’est vers Alicia que son regard se dirige, et c’est à elle qu’il s’accroche. Le bébé. Ils sont pas amis, ils se détestent, mais il est déboussolé et perdu, et il n’y a qu’à elle qu’il peut se raccrocher pour ne pas penser aux mensonges de ceux qui comptent le plus. Je suis enceinte. Ils ne sont pas amis, mais c’est en elle qu’il puise la force de ne pas s’effondrer totalement par terre. Le bébé. Un nouveau frisson le parcourt et il rompt finalement le contact entre lui et Vesper. Il relâche ses mains et les ramène contre lui, a même un mouvement de recul qui le pousse à s’éloigner de quelques pas. Je suis enceinte. Il titube et ce n’est que parce qu’il se raccroche au dossier d’une chaise qu’il ne tombe pas par terre. Le bébé. Il ne respire plus, et sent bientôt que ses poumons manquent d’air. Crise d’angoisse qu’il ne reconnaît pas mais qui l‘attaque violemment, il ressent des fourmillements dans tout son corps, une nausée violente, des vertiges à la chaîne, l’impression que ses jambes vont lâcher et qu’elles ne vont pas supporter son poids plus longtemps. Tout ça lui donne l’impression d’étouffer dans son propre corps et il doit faire l’effort de se diriger vers la fenêtre et l’ouvrir pour ne pas totalement suffoquer. Il tente de reprendre le contrôle sur son corps, sur sa respiration et sur ses pensées, mais cela s’avère bien plus difficile que prévu, et finalement, il doit fournir un effort surhumain pour ignorer la boule dans sa gorge et parler et s’il y arrive, c’est uniquement parce qu’il est dos à elle et qu’il ne la vois pas. « Je… Comment c’est… Depuis quand ? » incapable de préciser sa question, il s’attend à ce qu’elle la prenne au sens large : depuis quand sait-elle, depuis combien de temps l’est-elle ? Je suis enceinte. Il ferme à nouveau les yeux, espérant que la brise d’air emporte avec elle tous ses tracas. Je suis enceinte. Il a un faible rire nerveux qui le secoue, et il glisse un nouveau regard vers Alicia, cherchant une espèce de force ou n’importe quoi qui pourrait l’aider à passer au-dessus. « Tu peux pas être.. Je peux pas… » ses mots sont hachés, ses phrases entrecoupées. Le chaos dans sa tête est tel qu’il n’arrive pas à formuler une phrase complète. « On peut pas… Je peux pas faire ça. » il rouvre les yeux, et à l’extérieur, son regard est tout de suite attiré par un couple s’extasiant autour d’un nourrisson. Il en a la nausée, et se détourne de la fenêtre, mais sans regarder les autres adultes, incapable de croiser leurs regards. « C’est pas possible, je peux… » comment pourrait-il devenir père alors qu’il n’a jamais eu de modèle ? Comment peut-il attendre un enfant alors qu’il s’est battu toute sa vie contre ses propres parents. Comment pourra-t-il être un bon père pour un enfant quand lui-même n’a jamais reçu l’amour paternel ? Cette nouvelle pensée lui donne encore le tournis, alors qu’il pense aux dernières semaines, à son altercation avec son propre géniteur. « Je peux pas faire ça. » si Augustin est aujourd’hui dans un état végétatif, Marcus a pourtant pris la vie de son père, et hérite d’un enfant en échange, et n’est-ce pas terriblement ironique comme concept ? Une vie, pour une vie.

L'incompréhension dans les iris de Marcus était réelle, logique aussi et Vesper ne pouvait pas l'en blâmer. Sa réaction avait été similaire lorsqu'elle avait appris la nouvelle et depuis le temps - de longues semaines tout de même - elle avait eu le temps d'encaisser le choc, cette annonce qui allait changer toute sa vie et qui commençait déjà à le faire. Elle n'avait pas été prudente aujourd'hui et le regrettait vraiment, culpabilité lui étreignant le coeur quand elle y pensait, cet innocent qui comptait sur elle pour prendre soin de lui et elle ne l'avait pas fait, bien que soulagée que tout soit finalement en ordre. Si elle pensait pouvoir encore assurer au ministère et dans sa fonction d'auror pour l'instant, la blonde était consciente que ça ne durerait pas, qu'il lui faudrait prévenir ses supérieurs et ralentir la cadence voire totalement arrêter mais le timing rendait les choses compliquées, et ce n'était définitivement pas le moment d'y réfléchir. Elle savait qu'en laissant son cerveau divaguer à d'autres pensées, c'était un moyen de s'égarer du présent, de cette bombe qu'elle avait finalement lâché au futur père et aussi à Alicia, amie et colocataire en qui elle avait entièrement confiance. Elle se sentait presque coupable de ne rien lui avoir dit avant alors qu'elles vivaient ensemble depuis quelques temps, lâcheté dont elle avait fait preuve dans l'unique but de se protéger, de repousser ce jour à cause de l'appréhension. Son regard accroché au visage de Marcus, elle ne parvenait plus à s'en détacher, dans la peur réelle et peut-être irrationnelle de le voir disparaitre. Son rythme cardiaque qu'elle n'arrivait pas non plus à calmer, elle choisit de continuer à parler pour tout expliquer - ou l'essentiel - et faire en sorte que le Flint ait toutes les informations pour comprendre, qu'il ne se fourvoie pas, se doutant du chaos qui devait régner dans sa tête actuellement. C'était une information importante, cruciale même, et en elle, l'espoir que ça se passe bien. Que le sportif lui pardonne de n'avoir rien dit, qu'il accepte le fait de devenir bientôt parent avec elle, qu'il la prenne dans ses bras peut-être et la soutienne, qu'ensemble ils fassent les choses bien. Elle avait besoin de ça, V, besoin de lui, de sa force, de son réconfort, de son approbation aussi. Elle avait besoin de savoir que tout irait bien comme Milo l'avait fait avant lui, besoin qu'il sèche ses foutues larmes pas seulement causées par les hormones mais aussi l'émotion, celle de réaliser que dans quelques mois, elle serait une mère et lui un père. Elle se doutait de ce qui se jouait dans la tête du brun et pourtant, la Millers était bien loin de la vérité. Parce qu'il ressentait tout très fort, Marcus, elle l'avait maintes fois remarqué alors peut-être aurait-elle dû anticiper mais c'était difficile dans un cas comme celui-là et de toute façon, elle était trop prise par ses propres émotions pour y arriver. Les mains du sorcier la lâchèrent et elle tenta de les rattraper sauf qu'il était trop tard et dans sa poitrine, son coeur se serra d'une angoisse bien puissante. Il y avait l'envie vicérale de se raccrocher à lui, de l'aider à surmonter cette panique que Miles l'avait aidée à surmonter elle aussi mais il était fermé, le bouclé, et elle ne visualisait aucune entrée, aucun indice qui pouvait l'inciter à revenir vers lui, plus encore quand il lui présenta son dos, signe évident de refus. Ce qu'elle prenait comme un rejet qui n'en était peut-être pas un pourtant V le ressentait ainsi, sanglot qu'elle ravala mais qu'ils purent tous entendre, ses yeux croisant ceux de la seule personne au courant jusque là. Elle réussit à répondre d'un « Quelques semaines.. » fébrile parce que sa réaction l'était toute autant et qu'elle avait maintenant peur de dire quelque chose qui puisse l'énerver. Sans doute que les détails les plus approfondis pouvaient attendre. Elle chercha du soutien en son amie, Ali qui devait aussi accuser le coup d'ailleurs et trouva son regard une seconde avant de revenir au bouclé. Les mains moites qui rejoignirent ses bras dans une habitude qu'elle détestait, ses manches longues l'empêchèrent d'achever son geste mais elle attrapa tout de même le tissu entre ses doigts. Le rire de Marcus la fit frissonner, il n'avait rien de joyeux, mais il évitait toujours son regard et cette constatation la peina davantage. Elle ne pouvait pas éxiger une meilleure réaction cependant, pas quand elle avait gardé ce secret si longtemps. Ses mots répétés, elle secoua tout de même la tête, V, pas d'accord avec lui, pas d'accord avec cette décision qu'il semblait prendre sans elle quand ils étaient tous les deux concernés. Et elle ne savait pas si elle était triste ou contrariée, certainement les deux à la fois. « Je sais.. je sais que c'est beaucoup à encaisser Marcus mais - » Elle reprit une grande inspiration pour empêcher sa voix et tout son corps de trembler, seul un murmure franchit la barrière de ses lèvres. « On peut le faire » Elle y croyait, avait besoin d'y croire, pour lui mais pour elle aussi, parce que sans lui, elle se sentait incapable de faire quoique ce soit. « Ce n'est pas non plus ce que je voulais, tu sais, ce n'est pas... je ne m'attendais pas à ce que ça m'arrive, à ce que ça nous arrive mais il ou elle est là et on ne peut pas l'ignorer » Pas comme ils le faisaient avec leurs sentiments ou même leur relation, parce que cette fois il y avait beaucoup plus important en jeu. « Je suis désolée » glissa t'elle doucement sans savoir si elle s'excusait de ne pas lui avoir dit avant ou juste de le mettre dans une situation si complexe et inconcevable - c'était sûrement pour les deux et bien plus encore.