L'objectif du jour était simple, payer une dette. Ou donner un coup de main à celui qui n'était pas un ami mais qui à la plus grande surprise de tous et surtout d'eux-mêmes, était possiblement en chemin pour le devenir. Leo qui lui avait demandé de l'aide sur une affaire dont Connor était pratiquement devenu expert au fil des années grâce à ses magouilles et son business. Entrer dans une salle commune qui n'était pas celle de Connor était plutôt compliqué et tout était fait pour que ça le soit. Aussi étrangement qu'on puisse l'imaginer, c'était les serdaigles, avec leur système d'énigme qui étaient pratiquement la porte ouverte du moment que Connor écoutait d'une oreille furtive les jeunes années se donner le mot de passe. Il savait que tous les premiers jeudis de chaque mois celle-ci changeait, il ne lui suffisait alors que de se poster à des endroits stratégiques et laisser traîner ses oreilles pour en retenir l'information. Ce n'était pas bien différent pour les mots de passe – toujours plutôt ringards du côté de Gryffondor et pompeux à souhait pour Serpentard – qui avaient même tendance à se répéter par période, comme si les directeurs de maisons étaient souvent à court d'idées. Il lui avait donc fallu attendre un certain nombre de jours avant d'envoyer un parchemin à Leo afin de le prévenir que la voie était libre. Connor l'avait attendu dans les cachots, près du couloir menant aux serpents et sa baguette avait changé les couleurs de son uniforme pour du vert et argent, ses traits s'étaient aussi quelque peu transformés grâce à sa métamorphomagie pour donner une impression du mélange de deux visages d'élèves de serpentard. Evidemment, pas des sang-purs, Connor n'avait pas envie d'être dégoûté de lui-même. Lorsque Leo prononça le mot de passe avant lui, il fronça les sourcils. « vraiment ? » parce que si il avait su que le serdaigle avait ses entrées tranquilles au sein des serpents, alors il n'aurait pas tant préparé. Mais peu importait, ils étaient dans leur antre maintenant et il leur fallait donner au change. Etrangement, Leo sut parfaitement et rapidement où les mener et Connor relâcha sa métamorphomagie après que l'aiglon ait refermé la porte du dortoir visé derrière eux. Ils étaient pour le moment seuls, dans une chambre qu'il avait déjà fouillé pour la quête d'un bien volé donc Connor élimina d'office l'un des lits. « tu m'as toujours pas dit ce qu'il a bien pu te faire le nouveau pour que tu sois aussi remonté. » et Leo ne lui devait rien en réalité, mais Connor aimait bien avoir de quoi se mettre sous la dent. Il commença à inspecter une partie du dortoir pour tenter de trouver le lit et les affaires du serpent concerné par leur petite séance de vol du jour. « tu voulais lui prendre quoi déjà ? » quelque chose de bien précis ou de personnel il lui semblait. Ce que Connor comprenait parfaitement si le sorcier avait quelque chose contre lui. Il ne requestionnait pas les décisions de Leo en tout cas, présent en tant qu'aide supplémentaire et soutien après qu'il l'ait été il y a un peu plus de deux semaines, Connor s'agenouillait déjà près d'une malle pour commencer à en défaire la sécurité magique depuis ses mains quasi expertes.

Positionné devant la salle commune de Serpentard, Leo frappe nerveusement du pied par terre. Il est tendu, sur les nerfs, mais aussi quelque part impatient de mettre son plan à exécution, si tant est qu’il ait vraiment un plan. La vérité, c’est que s’il est là aujourd’hui, c’est parce qu’il en peut plus de voir Basil et son sourire suffisant se balader dans les couloirs. Il en a ras le bol de lui, de sa fausse gentillesse à laquelle il ne croit pas, de sa façon de tourner autour de tous ses proches – surtout Ophelia – mais au-delà de ça, il y a cette drôle d’impression qui ne le quitte pas, celle que son nouveau frère cache un lourd secret. Il faut dire que Basil se garde bien de révéler la moindre information sur lui. Il est secret, presque trop – même s’il faut reconnaître que l’Américain n’a pas cherché à le connaître et ne le fera jamais – et Leo n’a aucune confiance en lui, si bien que sa méfiance vire doucement à la paranoïa. Depuis quelques jours, l’idée de fouiller dans sa vie et dans ses affaires l’obsède au point qu’il a demandé l’aide non pas d’un ami, parce qu’ils sont loin de l’être, mais d’un camarade lui devant un service. Il ne sait pas ce qu’il espère trouver, mais il veut à tout prix tomber sur quelque chose qui pourra lui en apprendre plus sur Basil et ses réelles intentions, le brun qui s’est convaincu tout seul que celui-ci cache quelque chose. Lorsqu’il rejoint Connor et voit ses traits changés, il hausse un sourcil impressionné, reconnaissant plus ou moins le Poufsouffle, mais admirant sa capacité à changer ses traits. Il a son cœur qui bat un peu plus fort lorsqu’il prononce le mot de passe, haussant les épaules avec un sourire arrogant à la réflexion du sorcier. Il a ses quartiers chez les serpents depuis un moment déjà, y passe pas mal de temps près de ses amis qui sont presque exclusivement tous vert et argent, au point qu’il en regrette presque parfois être dans la tour des aigles. Toujours est-il qu’il est favorisé et qu’il a ses entrées dans les cachots et qu’il en profite, tout en jetant quand même un regard prudent dans la salle commune pour s’assurer de ne pas être dérangé. Ni une, ni deux, l’Américain marche d’un pas pressé mais sûr jusqu’au dortoir qu’il connaît bien pour y avoir habité, et un sentiment de nostalgie le gagne d’ailleurs au souvenir des semaines qu’il a passé ici à dormir quand sa propre salle commune était inaccessible. Il est concentré, un peu fébrile alors qu’il referme la porte derrière lui et va directement vers le lit visé pour y chercher une preuve, un objet de valeur, n’importe quoi qui pourrait confirmer sa drôle d’impression sur son nouveau faux frère. Sa tête se relève à la question de Connor et il hésite un moment à lui répondre, parce qu’il sait qu’il passerait pour un fou pour quiconque, et que si sa sœur apprenait ce qu’il fait, elle l’incendierait. Ses amis quant à eux n’approuveraient sûrement pas ses actes non plus. « C’est compliqué. C’est un abruti de première. » il lève les yeux au ciel en veillant à remettre chaque objet touché à sa place. « J’ai pas confiance en lui, j’suis presque sûr qu’il cache un truc. » il marque une pause, soupire, passe une main dans ses cheveux indisciplinés. « C’est le fils du nouveau mec de ma m… » il se retient au dernier moment, incapable de qualifier cette femme de mère, parce qu’elle n’en a jamais été une. « C’est censé être mon nouveau frère. » – « Mais j’lui fais pas confiance, il cache un truc. » il sait qu’il paraît sûrement fou, mais c’est la vérité à laquelle il croit et dont il est sûr. « J’cherche n’importe quoi qui pourrait m’en apprendre plus sur lui. Je sais pas, un livre, un carnet, un objet personnel ou de valeur, quelque chose à quoi il pourrait tenir. » et c’est presque mission impossible d’y arriver sans connaître le sorcier, il en a douloureusement conscience mais il ne renonce pas et quand il voit Connor occupé avec une malle et réussir à l’ouvrir, il le rejoint sans attendre pour fouiller à ses côtés. Des bijoux, un paquet de cigarettes, des chemises soigneusement pliées, quelques babioles supplémentaires, mais rien de concluant. « Fais chier. » il se relève et donne un coup de pied dans la malle. « J’ai contacté des gens de son ancienne école pour essayer d’avoir des infos sur lui mais ça suffit, il me faut plus que ça. » son instinct lui souffle qu’il ne doit pas lâcher, et il se penche alors sur une autre malle qu’il fouille avec plus d’acharnement. S’il ne trouve aucune information compromettante, il n’est quand même pas question qu’il reparte les mains vides. « Merci d’m’aider au fait, t’étais pas obligé. » il pointe une table de chevet près du lit. « Regarde là peut-être » il commence à désespérer et s’impatienter, d’autant plus que bientôt, leur présence ici deviendra suspecte, alors il redouble d’efforts pour trouver quelque chose contre ce frère tant haï. « Et ton mec ça va ? » la lettre de Levi qu’il a reçu quelques semaines plus tôt mais il n’a pris de nouvelles depuis, et alors que la tension monte en lui, il ne peut qu’essayer de penser aussi un peu à autre chose.

Si aujourd'hui le business de Connor se reposait avant tout sur de la revente et des échanges de bons services, une part plus déviante aux règles et à la morale subsistait. Lorsqu'il se laissait convaincre par le projet de l'un de ses clients ou amis – généralement les deux pour accepter d'aller aussi loin – alors le poufsouffle révélait ses talents en vol. Compétences acquises au fil de sa jeunesse au sein des différents foyers et des villes qu'il avait côtoyé, sa vie bien souvent menée par la débrouille lors de ses nombreuses fugues. Il avait appris à crocheter, de façon moldue mais également sorcière, à se faire discret, user de sa métamorphomagie et affiner ses talents de voleur à bien des reprises. Il reprenait alors du service en aidant Leo aujourd'hui, parce qu'il lui en devait une belle après l'avoir aidé il y a quelques semaines lorsqu'il s'était lancé dans une vengeance plutôt brutale auprès de ceux ayant attaqué son petit-ami, c'était Leo qui l'avait prévenu, Leo qui l'avait rejoint pour l'aider. Il avait vu et senti sa colère et surtout, s'était étonnement un peu reconnu en lui. Et aujourd'hui, ils pénétraient ensemble dans la salle commune des serpentards sans la moindre autorisation, persuadé que si on lui avait dit quelques semaines plus tôt qu'il serait aux côtés de Leo pour faire la moindre chose, Connor ne l'aurait pas cru un seul instant. Pourtant leur fine équipe fonctionne bien là, à fouiller ce dortoir pour trouver quoi ? Il ne savait pas très bien mais Leo non plus ne semblait pas être très sûr de lui. Il l'écoutait lui raconter ses motivations qui, il fallait l'admettre, semblaient plus se reposer sur une animosité qui ne s'expliquait pas vraiment entièrement mais Connor n'avait haussé qu'une épaule. « si tu l'sens pas c'est qu'il y a surement quelque chose. » et pas seulement une profonde jalousie, ce que le poufsouffle ressentait aussi mais bon, c'était pas ses affaires. Et puis il imaginait que lui aussi à sa place, il se sentirait mal si au sein de sa famille on ajoutait un nouveau frère au tableau qui puait de suspicion. Connor déverrouille la malle devant laquelle il s'est accroupi et un sourire fier hante ses lèvres alors qu'il est plutôt content d'avoir réussi à l'avoir fait sauter ce verrou là. Il n'avait pas perdu la main mais Leo ne trouva malheureusement pas grand chose. Connor fit attention de refermer le verrou de la même façon dont il l'avait été fait et parti en direction du lit en passant sa main sous les lattes. Quand Leo lui affirme avoir même contacté des anciens camarades à lui, ses sourcils se haussent. « et tu crois pas que leur premier réflexe ça va être de le lui dire ? Tu d'vrais faire gaffe.. » un pli soucieux se forme sur son front lorsqu'il repère quelque chose et l'en tire. Connor lâche alors un léger rire avant de montrer à Leo un magasine de nu qu'il replace ensuite. « tu connais pas quelqu'un d'assez proche de lui qui pourrait te refiler une info ou deux ? » maintenant près de la table de chevet, Connor recherche tout ajout de faux fond qui aurait pu être installé. Il repose chaque objet à sa place après les avoir manipulé. « on sait tous les deux que j't'en devais une. » et puis ça le dérangeait pas, ça lui permettait même de pas perdre la main. A sa question sur Levi, Connor a une douce pensée pour son petit-ami. « ouais ça va mieux, il a juste pas été fan des doigts cassés. » il ne s'épanchait pas parce qu'il gardait pour lui toute leur intimité, ces moments tristes qu'ils avaient traversé ensemble pour s'en remettre. Ca avait été éprouvant pour Levi, pour lui aussi mais ça allait mieux maintenant, ça le devait. Connor trouve une boîte fermée par un sortilège. « J'suis sûr qu'il y a un truc important là dedans. » il la pose sur le lit du serpent et commence à la manipuler afin de l'ouvrir. Au moment où c'est le cas et qu'il laisse Leo la saisir, un petit parchemin plié en forme d'oiseau arrive jusqu'à lui. « Shit, va falloir qu'on s'casse. » mais Leo était trop concentré sur le contenu de la boîte et Connor posa sa main sur son épaule afin de le presser. « mec, si il nous trouve là c'est mort pour toi. » pour lui aussi, mais la situation de Leo était bien plus délicate et ils le savaient tous les deux. Ils devaient encore reposer la boîte où il l'avait trouvé et trouver un moyen de s'éclipser avant que le nouveau ne débarque et ne les remarque.