C’était probablement l’une des dernières réunions qu’elles faisaient cette année – il ne restait déjà plus qu’un mois avant la fin de Poudlard et leurs échanges possédaient cette nostalgie propre à de nombreux étudiants de huitième année. Elle ne sait pas vraiment ce qu’il adviendra de leur groupe l’année prochaine, Ophelia, car elles partent vers des horizons différents pour certaines, que d’autres devaient faire leur huitième année et que donc, leurs réunions risquaient d’être trop compliquées à mettre en place. Elle appréhende forcément ça, la vipère, parce que ce groupe avait été sa bouée de sauvetage, c’était sur lui qu’elle s’était appuyée quand elle avait parfois eu l’impression qu’un système plus grand qu’elle ne tentait de broyer qui elle était pour la dévêtir de ses aspirations. Avec ces sorcières là, elle était libre d’être elle-même, de se défaire du masque qu’elle devait arborer si elle espérait pouvoir se faire une place dans une élite aux mœurs archaïque. Ophelia qui ne peut qu’encourager les septièmes années à continuer comme elles le font l’année prochaine, peut-être en tentant d’attirer d’autres sorcières aux mêmes desseins qu’elles tout en les incitant à maintenir la prudence qui était la leur. Tout au long de leurs échanges, son regard se porte vers Hannah qui semble ailleurs depuis qu’elle a reçu un bout de parchemin quelques instants plus tôt. Il suffit d’observer sa posture pour comprendre que quelque chose la perturbe, que ce bout de papier était à l’origine d’un trouble véritable chez la sorcière. Elle s’inquiète forcément pour elle après tout ce qu’elle a traversé, la vipère qui ne comprend que trop bien l’impact que peuvent avoir les rumeurs sur le bien-être de chacun, peut-être plus encore quand on était une sorcière. Elle espérait qu’il ne s’agisse pas de ça mais elle était surtout déterminée à découvrir de quoi il en retournait, refusant de laisser la blonde se sentir mal. La réunion se termine, chaque sorcière qui quitte peu à peu la salle de classe dans laquelle elles se trouvaient, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’Hannah et elle, rassemblant chacune leurs affaires. « Hannah je peux te parler un instant ? » demande-t-elle alors qu’elle range ses affaires dans son sac. C’est vers elle qu’elle se dirige alors, son regard scrutant la blairelle à la recherche de la réaction pouvant l’aider à comprendre ce qu’elle traversait. « Tu vas bien ? Tu as l’air un peu… ailleurs. » dit-elle, véritablement préoccupée. Si ses liens avec la sorcière restaient finalement relativement récents, ils n’en étaient pas moins sincères et elle désirait veiller sur elle comme elle le faisait avec chaque membre de leur groupe. « C’est depuis que tu as reçu ce parchemin d’ailleurs. » Elle le montre du menton, consciente qu’Hannah n’avait peut être pas envie de tout dévoiler.  Elle pouvait comprendre l’envie de garder son jardin secret mais elle voulait être présente, surtout si on venait s’en prendre à elle d’une façon ou d’une autre. « Tu peux essayer de prétendre que ce n’est rien et passer la journée à t’inquiéter seule, ou tu peux me montrer de quoi il s’agit et on peut gérer ça ensemble. » Proposition faite à la blonde avec autant de douceur de possible – même si sa voix se montre ferme, Ophelia qui sera inflexible concernant les sorciers qui pouvaient éventuellement s’en prendre à Hannah. Elle se moquait bien de qui il s’agissait, elle était prête à attaquer en retour, à faire en sorte que le sorcier qui la tourmentait regrette d’avoir eu même l’idée de s’en prendre à elle un jour.  

Un regard qui se voulait attentif sur la discussion en cours, Hannah appréciait toujours réellement ces réunions avec les filles. Conviée au début de l'année par Lavender à rejoindre leur petit groupe de sorcières incroyables, elle avait rapidement trouvé sa place parmi elles, parce qu'en plus d'être accueillantes avec les quelques nouvelles recrues - qui se faisaient rares, ce qui rendait l'enthousiasme de la blairelle plus grand encore - c'était leurs idées et idéologies qui lui plaisaient particulièrement. Sorcière élevée par une mère attachée à ses origines pures et l'éducation qu'elle avait elle-même reçue, il y avait heureusement eu le côté plus laxiste de son père pour contrebalancer le tout, Hannah qui comprenait donc les enjeux ici, les raisons de ce rassemblement et le caractère secret de ce qui pouvait s'y dire. Ses ancêtres se retourneraient certainement dans leurs tombes s'ils savaient qu'elle partageait les pensées de ses autres jeunes femmes, leur envie aussi de voir le monde dans lequel elles évoluaient changer. Sa mère lui rappellerait aussi sans doute sa place, elle qui aimait corriger son attitude au moindre faux pas, remémorant à Hannah combien cette dernière année avait été difficile. Elle s'était montrée la plus forte possible dès lors que sa tristesse s'était transformée en colère mais elle ne pouvait pas constamment l'être, la blonde, parce que la petite fille émotive pointait encore le bout de son nez parfois et que ses barrières n'étaient pas non plus totalement infranchissables comme elle le souhaitait pourtant. Alors il lui était compliqué d'ignorer le papier qu'elle avait reçu il y a une dizaine de minutes par parchemins ensorcelés, l'étudiante qui avait d'abord cru à un message d'Harry parce qu'il leur arrivait - très souvent - de flirter de cette façon en attendant de se voir mais elle avait déchanté en lisant les premiers mots, l'écriture identique à ceux qu'elle avait déjà eu et gardés dans un tiroir fermé de son bureau. Envoyés anonymement, évidemment, il n'y avait rien de très flatteur sur ses parchemins et si elle n'y avait pas fait attention ou en tout cas les mots n'étaient pas si récurrents pour qu'elle s'en inquiète, c'était plutôt un mélange de hargne et de lassitude qui s'emparait maintenant d'elle. Elle voulait ne pas y penser, préférait utiliser son énergie à autre chose comme ses examens à venir - réelle source d'angoisse si elle commençait à y réfléchir - ou profiter des derniers moments à Poudlard mais c'était aussi plus fort qu'elle, elle souhaitait découvrir qui était derrière tout ça et lui faire payer. Interpellée par Ophelia avant de sortir de la salle, Hannah fit un signe de la main aux autres filles avec un sourire et se tourna finalement vers la Burgess avec le même sourire, qui perdit de sa splendeur à ses premiers mots. « Tout va bien oui » lui assura t'elle, la plus convaincante possible, mais la vipère reprit et la Abbott fronça les sourcils, le parchemin dans sa poche devenant d'un coup beaucoup plus lourd. « Ce n'est rien, c'était juste - » Et elle allait mentir, Hannah, inventer une excuse, prétendre que c'était une note de Susan avant que sa remarque ne la fasse réagir, qu'elle réalise que peut-être, si une personne pouvait l'aider à gérer ce problème, c'était Ophelia. Elle lui tendit le papier en l'autorisant à le lire d'un geste du menton. Dessus, des insultes et allusions dégoûtantes dont une remarque qui se voulait flatteuse - sans l'être - sur son costume lors de la soirée clandestine en début de mois. « Ce n'est pas la première fois, j'en ai reçu d'autres cette année » Et elle ne désirait pas se sentir honteuse, ne l'était pas, elle assumait que les gens parlent de sa prise de confiance - et de conscience - depuis la rentrée, quand ils n'utilisaient pas des termes dégradants. « Et d'habitude, je m'en moque, enfin... j'essaie d'ignorer. Je pensais qu'il ou elle avait fini par se lasser en voyant que je ne réagissais pas, j'imagine que je me suis trompée » Elle reprit assez vite d'un « Il. Je suis sûre que c'est un garçon. J'ai même cru que c'était Just- Finch-Fletchley » Le prénom de son ancien meilleur ami qu'elle se maudit d'avoir presque prononcé. « Mais je lui en ai parlé - ou plutôt, ils s'étaient disputés - et je l'aurais vu s'il cherchait à me mentir » Parce qu'elle le connaissait, l'avait connu pendant sept longues années. Comme si le coupable avait entendu ce dont elles étaient en train de parler, un autre parchemin ensorcelé se posa sur la table devant elles où cette fois, il parlait de lui en son nom, en tout cas il confirmait certains soupçons. « J'aurais dû me douter depuis le début que c'était lui... » Elle secoua la tête, pas tellement prête à le confronter, ou plutôt à se confronter à l'idée que son ex y était peut-être lié, même en étant à l'extérieur du château par l'intermédiaire de son meilleur ami toujours là. Elle prit une inspiration pour ne pas se laisser atteindre émotionnellement. « Il n'a jamais démenti les rumeurs, maintenant je suppose que c'est parce que ça l'amusait juste » lâcha t'elle dans un rire sans-joie, toute cette histoire qui la ramenait en arrière, à une période qu'elle croyait avoir enterrée loin, mais qui la hantait toujours inconsciemment.

Hannah va mentir et elle le sait, Ophelia. Si elle continuait à découvrir la blairelle réunion après réunion, elle en savait assez sur elle pour savoir qu’elle allait prétendre que tout allait bien, qu’elle n’avait pas s’inquiéter pour elle. Elle se demande même combien de fois c’est arrivé. Combien de fois elle a pu mentir en disant qu’elle allait bien, alors qu’elle se sentait mal – sans doute trop souvent. Elle pouvait comprendre la vipère car c’était ce qu’elle faisait, elle aussi. C’était plus facile que de mentir et se mentir à soi même que d’admettre ce qui pouvait bien la troubler. Elle ne la lâche pas du regard alors qu’elle continue, jusqu’à arrêter d’elle-même. Elle voit bien l’hésitation dans le regard d’Hannah, espère qu’alors elle lui fera assez confiance pour se confier. Finalement, elle lui tend le parchemin qu’elle a reçu, Ophelia qui l’attrape pour en lire le contenu. Aussitôt, elle se tend, son corps qui bouillonne tandis que sa colère n’enfle au fil des insultes. Ses doigts se raffermissent sur le morceau de papier en même temps que son cœur ne se serre pour la blonde face à elle. Il était injuste qu’elle subisse si régulièrement de tels injures, qu’elle ne soit obligée de gérer ce qui devait forcément lui peser. L’américaine relève les yeux vers elle, l’écoutant sans dire un mot. « Tu en es sûr ? Je sais que c’est ton ami mais… On ne sait jamais vraiment. » Ne l’avait-il pas abandonné ? Du moins c’était ce qu’elle avait observé, ce qui n’était rien de plus qu’une preuve que ce sorcier n’était pas fiable. Toutefois, Hannah le connaît mieux que lui et si elle estime qu’il n’avait rien fait, alors ce n’était sans doute pas lui. « On trouvera qui a fait ça et je peux t’assurer qu’il paiera. » Comme si ce n’était pas assez, un nouveau parchemin arrive sur la table face à eux, cette fois-ci plus clair sur l’identité de la personne qui était à leur origine. Son sang ne fait qu’un tour – elle le connaissait, parce qu’il avait fait partie de ceux qui n’avaient eu aucun scrupule à lui lancer quelques remarques vis-à-vis de son père. Si en général, elle parvenait à faire taire ces sorciers, elle gardait toujours leur nom en tête, prête à se venger à la moindre occasion. Ce n’est pourtant pas d’elle qu’il s’agit mais bien d’Hannah, qui était bien plus touchée qu’elle par ce qui arrivait. Elle le voit à la lueur qui brille dans ses iris, qui reflétait ce qu’elle ressentait vraiment, quand bien même elle tentait de ne pas se laisser atteindre. « Ce n’est qu’un imbécile. Il s’amusait à tenter de me rabaisser, quand le scandale sur mon père a éclaté. » Elle aurait pu ne pas le lui dire, mais c’était une façon de se montrer vulnérable, en quelque sorte, de montrer à Hannah qu’elle n’était pas seule, même si les circonstances étaient différentes. « Tu ne peux pas le laisser s’en sortir comme ça. » dit-elle, se redressant. Déjà, tout s’agitait en elle, des idées qui se bousculaient et qui nourrissaient appétence qu’elle avait déjà pour la vengeance. « C’est trop facile. Tu dois supporter des remarques et des insultes ridicules pendant que lui continue à vivre sa vie comme s’il n’était pas coupable d’être pire encore qu’un fond de chaudron ? » Ophelia secoue la tête, agacée. « Tu dois te venger, lui faire payer ce qu’il a osé te faire. » Elle accroche son regard au sien, voulant lui transmettre un peu de sa détermination. « On peut faire tout un tas de choses pour se venger tu sais. Si t’as pas d’idée, j’ai une.. potion qui pourrait t’aider. Elle n’est pas nocive et les effets ne durent que deux jours, mais il verra son corps entier recouvert de boutons et de pustules.. Je peux t’assurer que plus aucune fille ne voudra l’approcher quand on le verra et que la rumeur se répandra. » offre-t-elle en haussant les épaules. Potion qu’elle avait préparé et qui était supposée reproduire les mêmes effets qu’une maladie sexuellement transmissible sorcière. Elle avait trouvé la recette dans un livre féministe dans lequel était donné quelques conseils pour se venger des attaques de ce genre. Puis, consciente que peut-être, ce n’était pas le genre d’Hannah, elle se radoucit et tente un petit sourire. « Je sais que c’est pas forcément ce que tu as envie de faire, que peut-être, tu te dis que tu ferais mieux de laisser tomber mais.. Mais il continuera. » C’était la triste vérité – sorcier qui semblait continuer jusqu’à ce qu’on ne lui tienne tête véritablement. Elle tend la main vers la sienne pour la serrer entre ses doigts. « Je ne vais pas me venger pour toi et je ne vais t’obliger à rien. C’est ton choix. Mais sache que tu n’es pas seule et que, quoi que tu décides, je suis là pour toi. » offre-t-elle, sincère.