@Eleanor Baker & @Sirius Black

Ce soir est particulièrement lent, épuisant, sans fin. Une histoire entre deux dépravés a animé légèrement les bas-fonds du Chaudron Baveur, il y a quelques heures, mais jusque-là, rien de bien très intéressant. Cela fait quelques heures maintenant que tu te trouves derrière le bar à préparer, cocktails et cafés à gogo pour les passants de quelques heures, ou d’une nuit. Tu passes un long moment à te martyriser l’esprit, car oui, Sirius, il t’arrive encore de trop réfléchir, trop penser, trop espérer. Bon employé, détermination à vouloir faire tes preuves, à vouloir bien faire. Il t’arrive de voir rouge, car tu es peu patient et très vite impulsif, vestiges de ce passé de prisonnier innocent que tu as vécu pendant treize années durant. Tu divagues dans tes pensées…D’ailleurs, le propriétaire n’est pas là ce soir, il t’a laissé les rênes de son échoppe avec un sourire forcé et une envie de te foutre à la porte. Mais tu sais gérer.

Des verres cabriolent entre tes mains. Des tasses fumantes de café sont déposées sur le rebord du comptoir. Rapidement, arrive l’heure de la fermeture. Minuit sonne, tu glisses la pancarte du bar pour indiquer que tu quittes ton poste et t'affaires à ranger, nettoyer. Tu n’as pas tellement envie de rentrer ce soir. Quelles seraient les raisons de le vouloir ? Être seul dans cet appartement tandis que Harry n’est pas là pour la nuit. Ton jeune filleul va bientôt reprendre le chemin des vacances et s’offrir du bon temps dans la chambre d’amis qui lui a été préparée il y a déjà trois semaines.

Tu pousses un énorme soupir quand tu entends un bruit de porte. L’entrée du bar et accès à l’hôtel doit rester systématiquement ouverte alors tu ne tournes même pas la tête vers l’inconnu arrivant dans les lieux assombris par la nuit noire. Tu as éteint quelques lampes laissant simplement le chemin jusqu’à l’escalier des chambres visible. Dans la pénombre de ton bar, tu finis par ranger quelques tasses avant de te sortir une bouteille de scotch et de te verser un verre.

Tu pousses un nouveau soupir aussi puissant que le suivant.
Tu poses tes fesses sur le rebord d’un tabouret, t’accoudes au comptoir et fermes les yeux.
La fatigue fait son apparition, il serait temps de rentrer, mais…
Encore une fois, tu n’en as pas envie ce soir.
Tu pourrais dormir ici, en buvant ta bouteille entière si tu le voulais.

@Eleanor Baker & @Sirius Black

Une nuit horrible, éreintante. Eleanor a perdu une patiente, une jeune adulte qu’elle n’a pas pu sauver. Ce n’est pas qu’elle ait commis une quelconque erreur médicale – l’enfant était déjà dans un état trop critique lorsqu’elle a été amenée à l’hôpital. Plusieurs lacérations déchiraient son épiderme, et elle avait perdu trop de sang pour être sauvée. Son cœur a lâché avant même qu’Eleanor commence les incantations pour refermer les plaies. Perdre un patient est toujours un immense échec aux yeux de la guérisseuse qui a bien du mal à se le pardonner. Devoir annoncer la nouvelle à la famille de la patiente lui brise le cœur, et c’est complètement abattue qu’elle se réfugie dans la salle réservée aux employés. Elle laisse les larmes couler librement sur ses joues alors qu’elle se repasse le film de la dernière heure. Aurait-elle pu agir différemment, mieux comprendre l’urgence de la situation? Est-elle responsable de la mort de cette jeune femme qui avait la vie devant elle? Rationnellement, elle sait qu’elle ne doit pas réfléchir ainsi, mais elle n’arrive tout simplement pas à penser différemment.

En temps normal, elle ferait une dernière ronde pour s’assurer que ses autres patients sont entre bonnes mains. Mais ce soir, elle n’en a pas le courage. Elle confie donc ses dossiers à une collègue, et quitte Ste-Mangouste. Normalement, elle transplanerait directement dans son appartement, mais ce soir elle a envie de marcher. L’air frais de la nuit lui fait le plus grand bien, et elle continue de laisser les larmes couler sur son visage.

Elle arrive finalement au chaudron baveur. Comme elle a un appartement juste en haut de celui-ci, elle doit passer par le couloir du bar pour rentrer chez elle. Normalement, elle passe en coup de vent sans s’attarder, mais ce soir elle n’a pas envie de retrouver la solitude de son appartement. Elle passe rapidement ses mains sur ses joues pour en chasser l’humidité, mais se doute qu’elle a les paupières légèrement enflées et que son mascara a peut-être coulé un peu. Peu lui importe, vu les circonstances. Elle laisse ses pas la mener vers le bar et prend place à un tabouret. Elle tourne gracieusement la tête vers l’homme qui se trouve à ses côtés, qui visiblement semble aussi éreinté qu’elle. « Dure soirée? », demande-t-elle d’une voix douce, un sourire furtif étirant ses lèvres.

@Eleanor Baker & @Sirius Black

Une jolie blonde au minois fatiguée s’assoit à tes côtés, dans la pénombre intense des lieux. Le bar est vide. Pas un chat, pas un bruit. Seulement le cliquetis du goutte-à-goutte de la tireuse à bière au beurre. Tu pousses un énorme soupir en entendant la douceur de la voix de la jeune femme à tes côtés. C’est agréable, ce timbre qui glisse et qui résonne tes à côtés. Cristalline et légère. À vrai dire, la dernière fois que tu as échangé quelques mots avec une jeune femme revient à loin, très loin. Amélia est sûrement la dernière, non ? Une hésitation se perd dans tes pensées et un nouveau soupir plus profond, plus ancré en toi, s’échappe tandis que ton regard se pose sur elle. C’est là qu’un éclair surgit de nulle part dans ton esprit. Non, il n’y a pas d’orage. Non, ce n’est pas la tempête. Mais tu as l’impression de connaître ce visage fatigué qui se trouve à tes côtés. Tu as l’impression que tu la connais, que tu la déjà aperçu, vu quelque part. Malheureusement, tes souvenirs sont brouillés ce soir. Tu ne sais pas d’où vient cette impression, d’où tu pourrais connaître une beauté pareille. Faut le dire, Sirius, elle est très jolie la blondinette à tes côtés. Assise sur son tabouret, elle semble aussi éreintée que toi. Tu ne sais pas quel métier elle exerce, mais tu l’imagines avec des responsabilités bien plus importantes que toi évidemment. Tu es le vilain petit canard qui n’a pas le droit au bonheur et à la richesse d’une vie intéressante, bien évidemment. Merci aux treize années à Azkaban.

Assez oui. Vous voulez boire quelque chose ? J’viens de fermer, mais je peux vous préparer quelque chose.

Serviable, agréable, gentil. Voilà les quelques qualités qui font de toi un homme à marier. Malheureusement, du haut de tes quarante ans, tu es seul, triste, et le coeur transformé en pierre à force de ne plus rien attendre des femmes. Passez treize ans à Azkaban et vous verrez si vous espériez pas un tant soit peu de tendresse. Passez treize ans à Azkaban et vous verrez que ce n’est pas si simple à détenir, après ça.

Surtout quand on s’appelle Sirius Black… Tu te lèves lentement de ton tabouret et contournes le bar pour faire face à la jeune femme. Blondinette te dit vraiment quelque chose. Les traits de son visage. Cette petite mine. Ce regard. Tu hausses les épaules intérieurement. Ne cherche pas plus Sirius, un jour, tu auras la réponse. Peut être aujourd’hui, qui sait…

Je fais de très bons cocktails si ça peut vous requinquer.

Tu lui lances ton plus beau sourire, en allumant la petite lampe posée sur le rebord du comptoir.

@Eleanor Baker & @Sirius Black

L’homme relève le visage vers elle, et le cœur d’Eleanor rate quelques battements. Elle le reconnaît immédiatement, évidemment. Qui, dans le monde magique, ne connaît pas Sirius Black? Son histoire a fait la une de la gazette, deux fois plutôt qu’une. Mais ce n’est pas tout, elle l’a autrefois connu à Poudlard. Elle avait d’ailleurs eu un sacré béguin pour lui, malgré leur petite différence d’âge. Mais encore une fois, qui n’avait pas le béguin pour Sirius Black…

Elle avait été tellement triste d’apprendre la mort de James et de Lily, qu’elle connaissait de loin. Elle avait discuté à quelques reprises avec la jolie rousse, car elles étaient toutes les deux membres du club de potions. Mais d’apprendre que Sirius avait été responsable de leur mort avait profondément choqué la jeune femme qu’elle était à l’époque, tout comme la mort de Peter l’avait chagrinée. Puis, treize ans plus tard, la vérité avait enfin éclaté au grand jour. Elle avait pensé envoyer un hibou à Sirius pour lui manifester son soutien, avant de se rappeler qu’il n’avait probablement pas la moindre idée de qui elle était. Même si elle était assez populaire pendant ses années à Poudlard, Sirius était plus âgé qu’elle de quelques années et n’avait sans doute aucun souvenir de cette ancienne préfète de Poufsouffle.

Sourire aux lèvres, elle s’efforce de détourner le regard pour ne pas paraître intrusive avec un regard trop insistant. À la longue, il doit être épuisé d’être dévisagé chaque fois qu’on le reconnaît. À ses mots, elle sursaute légèrement - elle n’avait pas remarqué que l’heure était si tardive, ou peut-être supposait-elle simplement que le bar restait ouvert toute la nuit. Elle s’apprête à s’excuser et à se retirer dans son appartement, mais il semble sincèrement honnête dans sa proposition de lui préparer un verre. Si bien qu’elle répond à son sourire radieux, se sentant déjà d’une bien meilleure humeur que lorsqu’elle est arrivée. « Je veux bien un cocktail. Surprenez-moi. » Elle le suit du regard alors qu’il s’affaire à sélectionner ses ingrédients, s’amusant à détailler les traits de son visage. Il a évidemment vieilli depuis la dernière fois qu’elle l’a vu, mais il demeure toujours tellement charmant…

« Tu ne te souviens sans doute pas de moi, mais nous étions à Poudlard en même temps. Enfin, j’avais deux ans de moins que toi. » Elle a l’impression d’être ramenée des années en arrière, alors qu’elle fondait chaque fois que leurs regards se croisaient - assez rarement, pour être parfaitement honnête. « Je t’ai déjà envoyé un souafle en pleine tête pendant un match de Quidditch, si ça peut t’aider à te rappeler de moi. », ajoute-t-elle en pouffant d’un rire timide, ses joues se teintant de rose. « C’était un accident, bien entendu. »

@Eleanor Baker & @Sirius Black

Sur le moment, t’as eu un doute, effectivement, sur la jeune femme qui se présente sous tes yeux, à une heure aussi tardive. Tu as un doute sur son identité. A vrai dire, cette chevelure, ce sourire, tu as des bribes de souvenirs qui refont surface. Quelques souvenirs de Poudlard, notamment, de Lily Evans à l’époque. Lily avait beaucoup d’amis au sein du collège. Elle était appréciée de tous, contrairement à toi, le casse-cou de la famille Black qui se retrouve pourtant chez les rouges et or, aussi vite que d’avoir été flanqué à la porte de sa propre maison familiale. Tu t’affaires à préparer un cocktail à la jeune femme, suite aux quelques mots prononcés d’une voix légère et douce, te faisant frissonner au passage. Merde, c’est quoi cette réaction ? Tu hausses les épaules pour toi-même. Qu’est-ce que tu pourrais bien lui préparer ? Un Pixie ? Une Harpie Rouge ? De drôle de noms pour des cocktails maisons, au sein du Chaudron Baveur, mais c’est le patron qui a choisi, pas toi… Tu relèves le regard vers elle, quelques instants. Ce doute s’efface aussi vite, quand elle annonce avoir été élève à Poudlard, comme toi, et qu’elle était l’heureuse responsable de ce souafle qui t’a offert un cocard pendant une semaine entière. Tu poses le verre sur le rebord du plan de travail, les yeux ronds, la bouche ouverte.

Alors, c’était toi ?

Tu échappes un rire rauque, fluide. Tu fronces les sourcils quelques instants, versant deux liquides dont le nom est inconnu pour tous, dans un verre à cocktail. Tu y ajoutes quelques touches sucrées, notamment quelques bonbons de Honeydukes et une touche de sirop de sucre de canne. Oui, il peut arriver que le monde des sorciers utilise des ingrédients moldus, il n’y pas de honte à cela. Logiquement, le cocktail devrait avoir un goût fruité. Enfin… Si tu l’as réussi.

Tu poses le verre sur le comptoir en plongeant ton regard dans le sien.

Alors, c’est Eleanor, ton prénom, non ?

Non, Sirius, ne te mord pas la joue intérieure.
Non, Sirius, elle n’est pas jolie.
En plus, elle doit être mariée, arrête tes conneries.

Mais tu souris déjà, bêtement, car Eleanor Baker est divine, et que tu viens de lui faire ton meilleur cocktail à plus de minuit passé du soir.

@Eleanor Baker & @Sirius Black

Qu’il se souvienne du souafle n’étonne pas particulièrement Eleanor. Sirius était le genre de jeune homme très cool, à qui la vie semblait sourire, qui était constamment admiré par ses pairs. Ainsi, l’humiliation de recevoir une balle en pleine figure et le magnifique cocard qui avait orné son visage pendant les jours suivants avaient dû être difficiles à oublier. Elle joint son rire au sien, soulagée qu’il ne lui en tienne pas rigueur, et le remercie d’un sourire lorsqu’il glisse un verre devant elle. La réelle surprise, c’est lorsqu’il prononce son prénom. Jamais elle n’aurait cru que Sirius Black aurait eu conscience de son existence à ce point! Elle hausse les sourcils, un petit sourire fier aux lèvres, et hoche doucement la tête. « Oui, c’est bien Eleanor. Tu as une bonne mémoire! » Elle soutient son regard quelques instants, avant de sentir la timidité s’emparer d’elle.

Elle se détourne donc pour plutôt s’intéresser à ce verre face à elle, qui dégage des effluves absolument divins. Elle y trempe ses lèvres et ferme les paupières, savourant visiblement cette première gorgée. « Délicieux. », confirme-t-elle alors qu’un nouveau sourire étire ses lèvres. « Tu travailles ici depuis longtemps? » Elle l’aurait sans doute vu avant, non? Après tout elle vit juste en haut… mais il faut dire qu’Eleanor prend rarement du temps pour elle. Elle se dévoue tellement à son métier et à ses patients qu’elle est souvent trop crevée pour sortir, même si le bar en question se trouve en bas de son appartement. Si ça se trouve, Sirius bosse à quelques pas d’elle depuis sa sortie d’Azkaban et elle n’en sait rien.

Quand même, elle ne peut s’empêcher de ressentir de la compassion pour lui. Il était un jeune homme tellement brillant, destiné à un si bel avenir… Cette nuit là, Peter Pettigrew n’a pas seulement aidé à assassiner deux de ses meilleurs amis. Il a également gâché l’avenir de celui qui se trouve juste en face d’elle, et qu’elle contemple avec un regard étrangement brillant. Elle se ressaisit, et prend une nouvelle gorgée pour se redonner une contenance. Mais elle a du mal à cesser de l’observer avec insistance. C’est que son regard est attiré par lui comme le serait un aimant. Sirius a toujours eu un charme absolument irrésistible, et les années n’ont fait que renforcer cet aura qu’il dégage. « Ça te plaît, ici? » Quelle idiote elle fait. Une question tellement basique, tellement ennuyante! C’est qu’elle a envie de discuter avec lui, de provoquer une conversation, mais elle ne sait comment s’y prendre. Décidément, elle est rouillée en relations interpersonnelles, et si ça se trouve, Sirius attend impatiemment le moment où elle aura terminé son verre pour retrouver la paix…

@Eleanor Baker & @Sirius Black

. C’est une palpitation que tu ressens au fond de ta cage thoracique, Sirius ? Tu dois être un peu fatigué, rien de plus. Eleanor est une jeune femme un peu plus jeune que toi. Vous avez participé aux mêmes matchs de Quidditch à Poudlard, mais tu ne te rappelles que très peu d’elle. En réalité, tu as l’impression qu’elle n’a pas changé, contrairement à toi, et ta barbe de quelques jours, dont il faudrait vraiment que tu t’occupes. Tu échappes un léger rictus en observant une légère timidité dans la voix et sur le visage de la jeune femme. Autant dire que tu es assez surpris de tomber sur elle à une heure si tardive, mais cela te fait un peu de compagnie avant de te décider à rentrer, alors…

Evidemment, c’est moi qui l’ai fait.

Tu te lances des fleurs tandis qu’elle approuve le côté délicieux du cocktail que tu lui as concocté en quelques minutes. Tu attrapes une chope et te serres un peu de bièraubeurre pour l’accompagner discrètement. La journée est terminée, t’as bien le droit à une récompense. Tu plonges ton regard dans le sien. Elle t’envahit étrangement, c’est indéniable.

Quelques mois, voir une année, à vrai dire je ne compte plus trop. Ca fait bien cinq ans que je cherche un endroit à m’approprier, et il n’y a qu’ici que je me sens bien.

Elle doit bien connaître ton passé, ton histoire, la jeune Eleanor. Car tout le monde la connaît, ta stupide histoire. Cette trahison qui t’a valu un tour à Azkaban gratuit. Cette traîtrise qui a fait de toi un parias, un monstre alors que ton innocence se reflétait dans ton regard.

Moui. J’ai un appartement là-haut que je partage avec-

Tu te stoppes.
Est-ce que tu devrais parler de Harry ?
Est-ce que tu devrais divulguer des infos ?
Qui est-elle après tout…

Et toi, tu te sens bien ici ?

Tu changes de sujet radicalement. Il vaut mieux oui.

@Eleanor Baker & @Sirius Black

Elle pouffe de rire, s’étouffant presque avec sa gorgée. Ce genre d’humour faussement vantard lui plaît. Le regard pétillant, elle soutient le sien alors qu’il se sert une bièraubeurre. Un sourire nostalgique étire les lèvres de la jolie blonde, ce breuvage lui rappelle l’époque de Poudlard et les sorties à Pré-au-Lard. C’était toujours tellement agréable de quitter l’école le temps d’un après-midi pour aller faire les boutiques! Se gaver de friandises chez Honeydukes, s’offrir quelques babioles chez Zonko, puis terminer la sortie avec une ou deux bièraubeurres aux Trois Balais. Ça fait bien des années qu’elle n’en a pas bu, il faudra vraiment qu’elle s’en offre une la prochaine fois. Pour l’instant, elle continue de se délecter de son excellent cocktail.

Un sourire de circonstance étire les lèvres d’Eleanor lorsqu’il fait référence aux cinq dernières années. Elle se sent un peu mal à l’aise, car elle ignore à quel point Sirius est confortable à l’idée de parler de ce qu’il a vécu. En même temps, s’il ne l’était pas, il n’aurait sans doute pas fait référence au passé, pas vrai? « J’espère que ce n’est pas déplacé de ma part, mais je suis tellement désolée de ce qui t’est arrivé. Tu ne méritais pas ça… » Ce seront peut-être des paroles vides de sens pour lui, mais Eleanor avait besoin d’exprimer cette compassion qu’elle ressent envers lui. « Je n’ose même pas imaginer à quel point ça doit être difficile de reprendre le contrôle de ta vie et de découvrir de nouveaux repères… », ajoute-t-elle d’un ton de voix où transperce son empathie.

Son sourire se fige légèrement lorsqu’il mentionne cette personne avec qui il vit. Évidemment, il a quelqu’un dans sa vie! C’était à prévoir, un homme si charmant… Serait-ce de la déception qu’elle ressent? Quelle idiote elle fait. Il n’a fallu que quelques minutes pour que son béguin d’adolescente revienne la happer de plein fouet. Elle meurt d’envie de le questionner davantage à ce sujet, parce qu’il s’est montré étrangement évasif, mais Sirius change de sujet, retournant plutôt la conversation vers elle. « J’habite en haut, moi aussi. », confie-t-elle. Le fait qu’ils ne se sont jamais croisés pourrait être surprenant, mais Eleanor transplane souvent directement de son appartement vers l’hôpital, ainsi elle ne croise pas beaucoup de gens. « Ça fait plusieurs mois. J’aime beaucoup mon appartement, mais j’avoue que je n’y passe pas énormément de temps. » Rares sont les journées où elle ne travaille pas plus de dix heures, et elle passe souvent ses jours de congé auprès de sa mère qui se fait de plus en plus vieille.

« Je suis mariée à... » mon travail, aurait-elle dit, si ce n’était du chien à l’extérieur qui aboie avec force. Eleanor sursaute avec force, passe à un cheveu de renverser son verre qu’elle rattrape de justesse. Son visage semble perdre un peu de ses couleurs et elle entend les battements de son cœur résonner avec force sur ses tempes. Malgré cet affolement qu’elle ressent, elle tente de se calmer en rationalisant la situation. Mais cette peur bleue qu’elle a des loups et des chiens ne s’est jamais résorbée depuis l’attaque qui a coûté la vie de son père. « Pardon… Qu’est-ce que tu disais? »

@Eleanor Baker & @Sirius Black

Tu grimaces, Sirius. Intérieurement. Car, tu sais faire abstraction du choses. Tu sais comment faire pour bloquer chaque émotion qui pourrait parcourir ton visage, ton corps tout entier. Au bout de treize années à la prison d'Azkaban, tu as réussi à réunir assez de courage qui te restais pour tenir bon, pour ne plus rien laisser transparaitre. Malheureusement, Eleanor appuie sur une corde sensible, sans vraiment le vouloir. Et puis, c'est toi qui a lancé la perche, Sirius. Bravo... Tu échappes un énorme soupir, en avalant une nouvelle gorgée de ton breuvage préféré depuis l'âge de raison.

Oh, je m'habitue à ma nouvelle vie.

Tu échappes un rire rauque, qui résonne dans la pièce immense, vide et sombre derrière Eleanor. Les tables sont vides, les chaises sont rangés, la pénombre s'insinue dans chaque recoin du Chaudron Baveur. T'aurais sûrement aimé avoir une autre vie, vivre différemment, mais ce n'est pas toi qui a demandé au destin de souffrir autant pendant treize ans. Si c'était à refaire, tu aurais sauver tes amis, sauver ta vie entière. Rien que d'y penser, tu frissonnes, car au fond, ça t'affecte toujours autant. Tu bois encore une gorgée de ta choppe et te concentre sur elle. La jolie blonde que tu avais déjà remarqué à plusieurs reprises lors de tes années Poudlard. Elle a changé. Elle a vieilli, tout comme toi. Sans doute est-elle mariée, sans doute a-t-elle des enfants... Loin de tout ce que toi, tu aurais pu désirer au plus profond de ton être.

Alors nous devons être voisins, je présume ?

Tu fronces les sourcils, le regard rieur. A vrai dire, tu n'y crois pas vraiment. Quelle serait la probabilité pour que Eleanor Baker soit devenue ta voisine de palier ? Très mince, cette chance, Sirius. Ne rêve pas trop.

J'habite au troisième étage, appartement 599.

Tu hausses les épaules, et te resserres un nouveau verre. Tu as une bonne descente ce soir, Sirius, mais ça fait du bien. T'as l'impression que c'est une... échappatoire ? Au moment où tu finis de remplir ton verre, un aboiement retentit et tu sursautes, relâchant immédiatement ta choppe qui s'écrase au sol. Tu jures violemment, ton regard se plante Eleanor.

Je- Euh-

Incapable d'aligner trois mots, tu pousses un grognement avant d'aller attraper une serpillère et une balayette à quelques pas du comptoir.

@Eleanor Baker & @Sirius Black

Est-ce l’aboiement qui a ainsi fait sursauter Sirius, ou la réaction démesurée qu’elle a eue? Eleanor sent encore son cœur battre à toute vitesse dans sa poitrine. Elle aimerait tellement pouvoir calmer sa phobie face aux loups et aux chiens, mais depuis la mort de son père, il s’agit d’une peur viscérale. Elle n’y peut rien, et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Elle a tenté plusieurs thérapies, et si elle arrive à côtoyer des canins dans un environnement contrôlé, dès qu’elle est prise par surprise elle perd tous ses moyens. « Je suis désolée! », s’exprime-t-elle en se levant de son siège. Sourcils froncés, elle offre à Sirius une moue sincèrement navrée. Elle voudrait bien l’aider à nettoyer le dégât pour lequel elle se sent responsable, mais Sirius s’affaire déjà avec la serpillère. Elle l’observe, un sourire aux lèvres, avant d’attraper sa baguette. « Evanesco. » Un simple sortilège accompagné d’un mouvement de la main, et le verre brisé ainsi que le liquide disparaissent d’un coup. Sirius a dû longtemps vivre sans sa baguette magique, peut-être a-t-il ainsi perdu quelques réflexes qui auraient normalement été imprégnés profondément en lui?
 
« Tu disais l’appartement 599? C’est incroyable. Je suis au 598. » Non seulement ils vivent dans le même immeuble, mais ils partagent un mur. Encore une fois, elle est surprise qu’ils ne se soient pas croisés plus tôt, mais la chose s’explique facilement entre leurs horaires incompatibles et le transplanage qu’elle utilise régulièrement pour ses allées et venues.
 
« Tu m’accompagnes pour un autre verre? Je te l’offre. » Ça compensera pour cette choppe éclatée au sol par sa faute. Si ça se trouve, Sirius lui fait la conversation seulement par politesse, parce qu’il se doit de bien accueillir les clients du Chaudron Baveur. Mais Eleanor ne se sent toujours pas prête à rentrer chez elle, encore abattue par cette journée qu’elle vient de vivre, et bouleversée par ce chien qui a en quelque chose ravivé ses pires souvenirs. Elle maintient un sourire aux lèvres, mais quelque chose au fond de ses yeux semble vouloir la trahir. Comme une étincelle en moins, un filtre de tristesse qui voile son regard azur.

@Eleanor Baker & @Sirius Black

Tu te retournes vers le comptoir et entends la petite formule magique prononcée par la demoiselle. T'échappes un sourire en coin, suivit d'un soupir en fronçant doucement les sourcils. Tu utilises un peu trop de méthode moldue, en ce moment, Sirius, qu'est-ce qu'il t'arrive, toi le grand sorcier ? Tu reposes ton balai dans le coin du comptoir. La jeune femme n'est séparé de toi que par le comptoir et à vrai dire, tu ne sais pas pourquoi tu as envie de franchir cette étrange distance entre vous. Qu'est-ce que tu racontes, Sirius, voyons. Tu te racles la gorge doucement.

C'est vrai ? Mais je ne t'ai jamais... Jamais vu sur le palier. Depuis quand sommes nous voisins ?

Tes yeux s'écarquillent. Ta voix rauque est surprise. Tu souris, non, tu ris légèrement Sirius. C'est probablement une coïncidence, mais, le destin se jouerait bien de toi, encore une fois. Tu hausses les épaules. Tu aimes bizarrement cette coïncidence, Sirius. Car la jeune femme, tu t'en rappelles. Car vos quelques années partagés à Poudlard, tu t'en rappelles. Car ce fameux match de Quidditch, tu t'en rappelles.

Allez, et j'espère que je vais pas encore faire une catastrophe. Tu veux la même chose ? Ou une bièreaubeurre ?  

Elle a déjà terminé le fameux cocktail délicieux que tu lui as concocté quelques minutes plus tôt. Il faut dire que cela fait déjà un bon quart d'heure que vous discutez ensemble. Le temps passe à une vitesse... La nuit sombre est toujours présente. Et non, Sirius tu n'as pas du tout envie de quitter le Chaudron Baveur ce soir, finalement.

Ta main se glisse sur le verre vide.
Tes doigts frôlant ceux de la jeune femme.
Tu tressailles.
Ton regard se fixe sur elle.
Puis ton sourire se dessine davantage.
Merde....

@Eleanor Baker & @Sirius Black

Eleanor hausse les épaules, elle habite l’appartement depuis quelques années déjà. Depuis qu’elle a rompu ses fiançailles, en fait, ce qui remonte déjà à une dizaine d’années. Elle réalise alors à quel point il est triste d’être totalement anonyme à l’endroit où on vit. Eleanor se tapit trop souvent dans l’ombre, s’efface pour laisser les autres briller. Il n’y a qu’à l’hôpital où elle est à l’aise de prendre sa place, parce qu’elle n’a aucun doute sur ses capacités en tant que guérisseuse. Mais dans la sphère de sa vie privée, la jolie blonde manque clairement de confiance en elle.

« C’est de ma faute, je préfère transplaner directement dans mon living room. », explique-t-elle en souriant. Elle se promet d’ailleurs de remédier à cette habitude, parce qu’elle devine qu’elle aura envie de croiser son voisin de nouveau… « Avoir su, je serais venue te demander une tasse de sucre ou un truc du genre. » Elle tente déjà de chercher des excuses pour le revoir.

« Une bièraubeurre, ce sera parfait. Merci. » Elle l’observe alors qu’il décapsule les bouteilles et qu’il les verse dans des choppes. Lorsqu’elle y trempe ses lèvres, une vague de nostalgie la saisit. Le goût est tellement familier et agréable, elle en frissonne de plaisir. La jeune femme fait glisser son verre vide vers lui, au même moment où il approche la main pour s’en saisir. Leurs doigts se frôlent, et le cœur d’Eleanor rate quelques battements.

Instinctivement, elle lève le regard vers Sirius, mais cela n’aide en rien à ce trouble qui semble la saisir. Au contraire… le regard pétillant et le sourire charmeur de Sirius coupent le souffle à la jeune femme qui sent ses joues se teinter de rouge. Mais elle soutient le regard, n’arrivant pas à détacher ses doigts de ceux du sorcier. Peu à peu, le sourire d’Eleanor se fane alors que son visage devient plus sérieux, plus… troublé. Et, inconsciemment, elle se mordille la lèvre inférieure, le regard toujours plongé dans celui de Sirius.

@Eleanor Baker & @Sirius Black

C'est étrange cette sensation violente qui t'assaille juste en croisant le regard d'une femme innocente, n'est-ce pas Sirius ? Depuis quand tu ne t'es pas offert une once de bonheur dans ta vie déjà ? Trop longtemps. T'échappes un sourire, léger, doux, et d'une intensité si profonde que chacun de tes sens sont en ébullition à la seconde où ta peau frôle celle de la jeune femme. Le temps ralentit, se stoppe net. Tes prunelles plongeants immédiatement dans celles de Eleanor. Qui aurait pu croire que tu es capable de ressentir encore des choses, Sirius ? Ce genre de sensation qui ne te traverse pas tout les quatre matins, évidemment. Le coeur battant. La bouche sèche. L'envie de fuir, car tu n'es pas un gentil homme. Tu n'es plus un gamin, Sirius, mais au fond de toi, le miroir se brise en mille morceaux. Et tu as peur de laisser transparaitre ta douleur et ton passé. Tu retires ta main d'un geste vive, tel une brûlure étrange se glissant sur ta peau vieilli et rêche.

Pardonnez moi, ce n'est pas-

Tu rougis. Oui, Sirius Black est bel et bien en train de rougir face à une jeune femme. C'est à croire que tu en perds tes moyens. Tu ne sais plus comment draguer, Sirius ? Tu ris au fond de toi, car tu es stupide d'agir comme un enfant, un adolescent de quinze ans. Tu as perdu tellement de temps... Tu as tellement peur de ne jamais finir ta vie heureux....

Ecoutez, il se fait tard, vous.... Je réouvre demain matin, il faudrait peut-être que...

Tant de phrases commencés, non terminés.
Tant de doutes, tant de sensations.

Tu soupires, avales une gorgée ou deux de ta boisson. Peut-être qu'elle va fuir, elle-même, en voyant que le célèbre Sirius Black ne sait pas aligner trois mots ?

Désolé, je suis incorrigible, je n'arrive même pas à vous aligner trois mots. A vrai dire... Je n'avais pas prévu de faire une jolie rencontre ce soir, surtout avec une journée comme celle que j'ai passé.

Cherche des excuses, Sirius.
Tu grimaces, passes ta main dans tes cheveux.
Punaise, elle te trouble vraiment !