Seul dans la tente qu’il a louée pour l’occasion, Hal observe ses valises grandes ouvertes, éparpillées tout autour de lui. Il est un peu vain parfois, le lion, il aime avoir l’attention sur lui et épater ses amis. Il a préparé toute une panoplie de vêtements et, même s’il s’était décidé sur une tenue avant de venir, le voilà à changer d’avis et tergiverser pendant de longues minutes. Une énième chemise colorée qu’il enfile devant son reflet, une moue insatisfaite, et il recommence. Il a beau être confiant, il faut que tout soit parfait pour cette première journée de festival. Son ticket réservé bien à l’avance, Hal s’est assuré que tout soit prêt pour la meilleure semaine de l’été. Une tente luxurieuse louée pour l’occasion pour ne pas avoir à faire des allé-retours tous les soirs, des tonnes de nourriture et de snacks achetés et des tenues plus exubérantes et éclatantes les unes que les autres. Malgré les remontrances de sa famille qui n’approuve pas ce festival décadent, Hal les avait convaincu de le laisser y aller en leur rappelant la présence de membres de l’élite britannique avec lesquels il pourra fraterniser. Sa seule déception étant que Damian ne serait pas là pour l’entièreté des festivités. L’amertume de savoir son meilleur ami en train de travailler au lieu de s’amuser avec lui l’empêche d’apprécier complètement ce début de festival mais, éternel optimiste, ce n’est pas ça qui va empêcher au lion de profiter de chaque journée. Social tel qu’il est, il a forcément contacté tout un tas d’amis qu’il veut voir avant de retourner dans la campagne perdue où réside sa famille. Il trépigne d’impatience tant il a hâte de voir les surprises que la semaine leur réserve, mais avant tout il trépigne de voir la première personne à qui il a donné rendez-vous. Ce premier rencard lui fait même oublié la déception de ne pas avoir Damian ou Emily près de lui pour cette première journée. Une ultime fois, il contemple son reflet et, enfin satisfait par ce qu’il voit, un grand sourire se dessine sur ses lèvres. Ses cheveux blonds ébouriffés, les petites rides autour de ses azures lorsqu’il sourit, et ses pommettes saillantes. « You look great… » Un murmure qu’il se répète, surtout quand sa confiance en lui commence à vaciller. Un peu nerveux pour ce date, même si ce n’est pas la première fois qu’il invite une fille qu’il aime bien, il veut que tout se passe parfaitement. Ce n’est qu’après un long soupir que Hal daigne jeter un coup d’œil à l’heure. Son cœur manque un battement, la réalisation qu’il est déjà en retard lui tombe dessus tout d’un coup. Une série de jurons s’échappe de sa bouche, alors qu’il enfile ses chaussure, attrape sa baguette et sort en trombe de la tente. Le premier concert à beau ne pas encore avoir commencé, la petite île britannique est déjà bondée. Sous le soleil écrasant, des foules de personnes s’activent et se préparent pour la performance du premier artiste. Hal salue des visages familiers lorsqu’il en croise tout en continuant sa course – beaucoup d’élèves profitant des concerts pour se voir avant la rentrée. Par chance la plage à laquelle ils se sont donnés rendez-vous n’est pas bien loin et Hal y arrive, essoufflé mais presque à temps. "J’suis là..." Abigael se retourne vers lui. Évidemment qu’elle est à l’heure. Et en plus elle à l’air parfaite. Le lion maudit son manque de ponctualité et son étourderie, tout en essayant d’ignorer les papillons qui virevoltent dans son ventre à la vue de la blairelle. "J’suis désolée, j’ai pas vu l’heure passé ! Enfin tu me connais, rien de nouveau." Il tente de blaguer, un sourire forcé sur ses lèvres et ses joues rougissantes rendent évident son embarras. Il passe une main dans ses boucles blondes et les ébouriffe encore davantage, une habitude qu’il a lorsqu’il ne sait pas faire de ses mains. L’espoir qu’elle ne lui en veuille pas trop lui donne le courage d’enchaîner. "Je te dois une glace pour me faire pardonner d’être la personne la moins ponctuelle que tu connaisses." Un sourire charmeur ponctue sa phrase. Il tente de se convaincre que ça n’a pas d’importance de toute façon si tout ne se passe pas comme prévu, qu’il trouvera quelqu’un d’autre avec qui s’amuser. Mais face à la jaune et noire, il est forcé de constater qu’être avec elle lui plaît plus qu’il ne veut l’avouer.
Les sentiment servent l'amour pour atteindre le firmament
Abigael avait mis un moment à convaincre ses parents de la laisser aller à ce festival. Trop de bruits, trop de gens, trop de tout. Et la savoir là, au milieu de cette foule ne les rassurait pas. Elle avait bataillé longtemps, après tout, elle avait bien dix-sept ans maintenant. La poufsouffle pouvait bien avoir quelques libertés, non ?
Et elle avait réussi. La jeune fille ne savait pas si son frère et sa sœur s’y rendraient aussi mais cela ne faisait que peu d’importance. Elle était attendue. Lorsqu’elle pensa à lui, son sourire se fit plus doux, ses pommettes rosissaient et elle ressentait un drôle de sentiment qu’elle n’avait connu qu’une fois. Abi se regarda encore une fois dans le miroir, pas certaine du choix de sa robe. Elle voulait se faire belle et se mettre en valeur. Du moins, elle voulait essayer. Vêtue d’une robe aux couleurs de l’été, avec de beaux motifs rouges, et un sac assorti, Abigael prit sa baguette, chaussa ses sandales et se dépêcha d’aller rejoindre le point de rendez-vous.
Elle n’aimait vraiment pas être en retard et faisait toujours pour arriver à l’heure, voir en avance. Abi savait qu’elle serait de toute façon la première, Henry n’était jamais à l’heure. Mais cela ne la dérangeait pas. Elle aimait bien le voir réfléchir pour trouver des excuses, lui sortir ce sourire qui la faisait tant craquer depuis la fin juin. Elle le connaissait depuis longtemps, et l’avait rencontré grâce à Damian, et c’est seulement maintenant qu’elle le voyait vraiment. Pendant l’année, il y avait eu Arthur avec qui elle s’était bien entendue. Qu’elle avait embrassé plusieurs fois. La poufsouffle ressentit un pincement au cœur en pensant à lui ; il était parti. Était-ce à cause d’elle ? Non, elle ne pouvait décidemment pas croire ça.
S’arrêtant sur la petite plage, elle retira ses sandales pour sentir le sable sous ses pieds. Elle ne devrait pas car elle savait qu’elle aurait du mal à remettre ses sandales au vu de ses pieds pleins de poussière. Mais elle aimait tant la sensation du sable sous ses orteils qu’elle ne pouvait résister. Abigael profita également du soleil pendant un instant. Elle croisa quelques élèves qu’elle salua sans bouger.
Henry arriva enfin, essoufflé. Sans doute s’était-il dépêché car il était parti en retard. Comme toujours. Cela fit sourire la jaune et noir.
« J’en ai profité pour prendre un peu le soleil. »
Dit-elle en marchant vers lui. Elle ne savait pas si elle devait l’enlacer ou si elle devait s’abstenir. Encore réservée, ne sachant pas ce qu’il en était, elle préféra s’arrêter à ses côtés. Son sourire la fit fondre et elle préféra se concentrer sur les gens autour pour lui répondre.
« Si tu devais m’offrir quelque chose à chaque fois que tu es en retard ! »
Elle se mit à rire de bon cœur en le regardant et se perdit un instant dans son regard. Plus elle le regardait, et plus elle se sentait toute drôle. Abigael détourna le regard avant d’observer le monde qui affluait vers la scène. Elle n’était jamais allée à un tel événement et l’idée la fit frissonner. Il y avait vraiment beaucoup de monde.
« Tu ne me lâcheras pas, hein ? » demanda-t-elle inquiète. « Je ne savais pas qu’il y aurait tant de monde. »
Mais elle était prête à vaincre cette appréhension pour passer encore un peu plus de temps avec lui. Timidement, elle lui prit la main, enroulant ses doigts aux siens. Abi croisa son regard et elle sourit. Elle essayait de faire un pas et c’était déjà beaucoup. Ils se mirent à marcher l’un à côté de l’autre, toujours ses sandales dans l’autre main, vers le monde qui affluait et la musique qui commençait doucement à chanter.
Le rire angélique de la blairelle fait fondre encore davantage le cœur déjà charmé de Henry. Elle est si belle, sous le soleil rayonnant de l’été. L’étendue de sable et la mer donnent un air paradisiaque à ce rendez-vous. Hal est soulagée qu’elle ne soit pas en colère contre lui, qu’elle comprenne que la ponctualité n’est pas son point fort. D’autres auraient sauté sur l’occasion pour le critiquer, ou prendraient son retard comme une insulte. Pas Abi. Sa gentillesse n’a d’égal que son empathie, et Hal se sent chanceux d’être tombée sur quelqu’un d’aussi compréhensif. Sa personnalité apaisante et calme plaît au lion qui, quant à lui, a un caractère aux antipodes de celui d’Abi. Peut-être est-ce pour ça qu’elle réussit à le charmer – elle le surprend un petit peu plus à chacune de leur rencontre. Avec sa douceur et son côté réfléchi, son attitude discrète et ses rêveries. Elle est à ses yeux encore un mystère. Une énigme qu’il veut résoudre, un challenge qui en vaut la peine. Un sourire soulagé se dessine sur ses lèvres, alors qu’il la dévore des yeux. Ils ont beau se connaître depuis des années, il la découvre sous une forme complètement différente ces derniers mois. Ou alors il est aveugle depuis tout ce temps. Mais à présent, il lui est presque impossible de la quitter des yeux. Il ne suffit à Abi que d’un sourire, d’un geste amical, d’un regard pour que le lion soit hypnotisé. Ses amis se moqueraient de lui sans fin s’ils le voyaient ainsi, même si ce n’est pas la première fois. Son cœur tombe si facilement sous l’emprise de l’amour. Hal se laisse emporter par ses émotions en un rien de temps. Malgré les mauvaises expériences, les cœurs brisés – que ce soit le sien ou celui d’autres filles – et les amitiés perdues dû à ces expériences amoureuses bancales, le lion n’apprend pas de ses erreurs. Il aime trop. Ses émotions débordent. Il a besoin de quelqu’un pour les recevoir. Des amourettes, il en a eu. Alors avec Abi il prend son temps. Depuis plusieurs mois déjà qu’ils se côtoient plus souvent, il aurait eu des dizaines d’opportunités de lui avouer qu’elle lui plaît. Mais la blairelle n’est pas n’importe qui, son amitié importe aux yeux du lion, mais ce dernier est incapable de ne pas tomber sous son charme, de résister à cette attirance qu’ils ont l’un pour l’autre. Même si continuer de la voir, leur donner une chance, pourrait détruire leur amitié, il refuse d’y penser. Il évite de se poser trop de questions, malgré les dizaines qui lui passent par la tête. Un peu inquiet, il ne veut pas réfléchir aux conséquences de cette histoire. Elle lui a volé son cœur, et c’est tout ce qui importe. Hal vit dans le moment présent ; les conséquences, il ne préfère pas y penser. Future me problem. Il chasse toutes ces idées de sa tête pour se concentrer sur la magnifique blairelle qui se tient à ses côtés. Il perçoit qu’elle est un peu nerveuse, qu’elle ne sait pas comment le saluer. La voir hésiter à l’enlacer fait sourire le lion, qui préfère lui laisser de l’espace, qu’elle ne se sente pas inconfortable autour de lui. Ils auront tout le temps du festival pour baisser leur garde, être vulnérables. Hal suit le regard de son amie vers la foule, des centaines de spectateurs prêts à répondre présent au premier concert de la semaine se dirigent tous vers la scène. Le Fawley a hâte, trépignant d’impatience à l’idée de les rejoindre et de commencer les festivités, tant et si bien qu’il ne remarque pas immédiatement l’anxiété sur le visage d’Abi. C’est seulement lorsqu’il sent sa main délicatement se poser dans le creux de sa paume qu’il sursaute légèrement et remarque son regard inquiet. Ses doigts se resserrent autour de ceux de la blairelle. "T’inquiète pas, je te perdrais pas de vue." Il espère que son ton est rassurant. C’est sa zone de confort, les grandes foules, les endroits bondés. Il est prêt à protéger Abi s’il le faut. "Faut qu’on les rejoigne si on veut pas manquer le concert mais si tu le sens pas, on fais demi-tour. Tu n’as qu’à demander." Il la tient près de lui alors qu’ils se mêlent aux autres festivaliers, sa main se resserre encore un peu plus autour de la sienne s’assurant qu’ils ne se lâchent pas, qu’elle sente sa présence. La musique se fait de plus en plus forte alors qu’ils arrivent près de la scène. La foule se resserre, mais Hal s’assure que personne ne s’approche trop de la belle jaune et noire. Il est grand, Hal, surtout comparé à son amie, alors il garde un œil autour, prêt à s’interposer si on commence à la bousculer. Il lâche sa main pour une fraction de seconde, le temps de la prendre par la taille et de la serrer plus proche de lui. Au rythme de la musique, il commence à la faire danser, tout en la gardant près de lui. Il espère qu’en s’assurant qu’elle s’amuse, elle oublie la foule et que son anxiété disparaisse le temps du concert.
Les sentiment servent l'amour pour atteindre le firmament
Elle le sentait, son regard perdu sur elle. Elle sentait ses joues rosir et l’envie de le distraire quelques secondes pour qu’il arrête de la regarder comme ça. Ce n’est pas qu’elle n’aimait pas, c’est simplement qu’elle ne savait pas quoi faire. Abigael se sentait si stupide, tellement innocente lorsqu’il s’agissait d’amour. Parce que c’était bien de cela qu’il s’agissait. Elle savait tout de même reconnaitre les papillons qui virevoltaient dans son ventre. Elle souriait toujours un peu plus quand il était là et se sentait toujours dévorée par ce regard. Elle aimait son sourire, et sa façon d’être. Toujours débordant d’énergie, toujours amusé, toujours trop plein de sentiment. Elle aimait ça, Abi, elle le prenait comme il était. Mais elle ne savait pas comment faire. Elle espérait le découvrir tout en apprenant à l’aimer. La blairelle voulait faire au mieux, sortir un peu de sa zone de confort et lui montrer que, elle aussi, elle pouvait le regarder comme il la regardait.
C’est aussi pour ça qu’elle avait accepté de venir au festival avec lui, et uniquement avec lui. Pour passer du temps ensemble, loin des regards avides de potins de ses amies et pour s’amuser. Il était temps qu’elle s’assume, qu’elle grandisse, qu’elle ose. Mais cela viendrait petit à petit. Alors, et tandis qu’ils marchaient main dans la main, Abi l’observa à la dérobée. Il avait l’air tellement à l’aise parmi la foule. Son regard papillonnait déjà sur ce qu’ils pouvaient voir. Il était heureux. Et s’il l’était, alors Abi le serait également. Elle n’avait pas à lui gâcher le plaisir et puis… c’était aussi pour le festival qu’ils étaient venus ! La jeune et noir souriait face à sa remarque pleine de gentillesse. Il était prêt à manquer le concert pour elle. Elle pouvait bien faire un effort pour lui. Et puis, peut-être que ça lui plaira.
La foule était dense, et les gens ne cessaient d’arriver. Toujours inquiète, Abigael restait proche d’Henry. Il était bien plus grand qu’elle et pouvait voir où ils allaient et où ils étaient. Elle était bien plus petite et se sentait engloutie dans cette foule quand bien même le gryffondor prenait grand soin d’elle. Elle étouffait presque dans cette foule, ne sachant pas comment réagir lorsque les corps de centaine de personne se mirent à bouger en même temps. Henry lâcha sa main et ses prunelles se posèrent sur lui, ne sachant pas bien comment elle devait réagir. Il l’avait lâchée et si elle était emmenée plus loin ? Mais non, les mains du gryffondor s’attardèrent sur ses hanches et la poussèrent vers lui. Soulagée, elle se mit à bouger, comme lui, comme les autres autour d’eux. Elle devait apprendre à lâcher prise, elle le savait. Elle se sentait si proche de lui qu’ils se frôlaient et à chaque fois, les papillons virevoltaient dans son ventre. Abigael se mit à sourire, puis à rire, se sentant en sécurité aux côtés de son ami.
La poufsouffle se mit à fermer les yeux et à profiter du son et de l’ambiance. La musique était forte mais entrainante, la foule était plutôt dense mais elle ne la voyait plis et ne pouvait que se l’imaginer tandis que l’ambiance était un tout. Tout le monde s’amusait, profitait, dansait et riait. D’autres chantaient, parfois juste et souvent faux, quand d’autres encore s’enfilaient un verre ou deux. La Ponds n’était jamais allée à un concert comme celui-là, et elle savait que c’était une occasion unique. Son cœur faisait des bonds au rythme de la musique. Elle rouvrit les yeux et regarda Henry qui semblait s’amuser autant, voir plus qu’elle. Lorsqu’il accrocha son regard, elle lui souriait déjà, les prunelles pétillantes de joie. Elle ne pouvait pas vraiment lui parler car la musique était assez forte, mais elle aurait beaucoup aimé qu’il l’embrasse. Ou peut-être devait-elle initier le mouvement ? Elle n’en était pas certaine. Abi se colla un peu plus à lui, les joues autant rosies par l’envie que par la chaleur du festival. Elle ne voyait pas d’autres festivaliers s’approcher un peu plus près parce qu’au fond, elle n’avait d’yeux que pour lui.
Le temps est comme suspendu autour d’eux. Hal plonge son regard dans celui de sa belle, qui lui sourit enfin. L’anxiété précédemment peint sur le visage angélique de la blairelle disparaît lorsqu’ils se mettent à danser. Elle s’approche encore un peu plus de lui, presse sa peau contre celle du lion. Il ignore la chaleur étouffante, malgré ses longs cheveux collant à son cou en sueur et sa peau rougit par le soleil éclatant. Heureux d’être aux côtés de celle qui a volé son cœur cet été, il se fiche des températures excessivement hautes, il s’adapte à tout du moment qu’Abi est elle aussi contente de partager ce moment avec lui. Il écoute à peine la musique, s’assure seulement de faire valser la blairelle tant il n’a d’yeux que pour elle. L’angoisse dont il avait souffert avant ce rendez-vous a disparu. Le regard d’Abi quand ses yeux se posent sur le lion ne lui laisse aucun doute : elle aussi est tombée sous son charme. Il a beau avoir confiance en lui, Hal est surprit par cette réalisation. Tant les séparent, leur personnalité respective tellement différentes l’une de l’autre pourrait être une raison suffisante pour que la blairelle soit distante avec lui. Son caractère, il le sait, peut être exaspérant, bien qu’incroyablement attachant aussi. Elle est si discrète, si douce et réfléchie. Ce sont toutes ces caractéristiques qu’il apprécie chez elle – et qu’il envie même parfois ! Après plusieurs chansons qu’ils passent à danser ensemble, la timidité de la blairelle persiste encore, même si elle a l’air bien plus détendue qu’à leur arrivée. Contrairement à elle, le Fawley sait exactement quoi faire. Combien de secondes il peut garder ses yeux fixer sur elle, où placer ses mains sur ses hanches pour la faire danser. Il se sent confiant, complètement dans son élément, mais il ressent encore une certaine résistance de la demoiselle qui l’accompagne. Tout cela est probablement encore très nouveau pour elle, alors Hal ne s’aventure pas trop. Être vulnérable, admettre ces sentiments qu’ils les attirent l’un à l’autre, c’est un peu comme un saut en parachute – le lion connaît ce sentiment, ce saut dans le vide, et l’adrénaline lui plaît mais c’est aussi terrifiant, alors il laisse à Abi le temps qu’il lui faut. Lui, voudrait déjà l’embrasser, enlacer son corps frêle et la tenir proche de lui, danser jusqu’au bout de la nuit. Pendant un instant il suit sa tête plutôt que son cœur, parce qu’Abi compte à ses yeux. Plus qu’il ne veut bien l’admettre. C’est pourquoi, malgré son assurance, certains doutes persistent chez le lion. Sa confiance en lui à beau être inégalable, il s’inquiète encore de savoir si cette aventure est une erreur monumentale. Abi, il la connaît depuis si longtemps. Même s’ils ne sont proches que depuis peu, leur amitié elle date de plusieurs années. Le lien entre leur famille, toutes les deux de Sang-Pur, a fait en sorte qu’ils se côtoient régulièrement depuis qu’ils sont jeunes. Damian les avait présenté il y a des années, mais Hal n’aurait jamais imaginé qu’il puisse un jour avoir des sentiments aussi forts pour la jolie jaune et noire. Et si cette histoire ne fonctionne pas, et si il lui brise le cœur par accident, qu’elle commence à croire qu’elle n’est qu’un bout de viande aux yeux du lion dont la réputation de charmeur est bien établie ? Il pense aussi aux arrangement maritaux que ses parents ne cessent de planifier. Combien de temps lui reste-t-il avant que son futur ne soit plus entre ses mains ? Ces pensées tournent en boucle dans sa petite tête blonde, et il fait de son mieux pour les ignorer, car il n’a jamais été du genre à trop réfléchir ainsi. Il préfère profiter du moment présent. De la musique dont il ressent chaque battement. De la chaleur de l’été qui finira si vite. De la présence de celle qui occupe ses pensées à chaque instant. Elle est son complément, leurs différences les soudent, et il voit en elle tout ce qui manque chez lui. Ses hésitations continuent de le poursuivre, il développe une certaine frustration à l’encontre de ces doutes qui ne lui ressemblent pas. Lui, Hal, est décisif, audacieux, courageux. La fierté de ne pas se laisser freiner par la peur le pousse de l’avant. Il regarde Abi, se demande combien d’autres opportunités il aura d’être seul avec elle, d’être aussi heureux, porter par l’euphorie de la foule, du concert, de l’été. Une seule façon de se débarrasser de sa crainte – s’y confronter. Il attrape la main de la blairelle, la fait tournoyer une fois de plus pour la ramener au plus proche de lui, avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Doux, court, appréhensif. Son cœur palpite. Il préfère faire semblant que c’est parce qu’il a tant danser, mais en vérité il attend, le souffle court, la réaction d’Abi. De savoir s’il est allé trop loin. Il la tient encore dans ses bras, tandis que la seconde qui suit son audacieuse décision lui paraît durer une éternité.
Les sentiment servent l'amour pour atteindre le firmament
Elle aimerait bien prendre son courage à deux mains, Abigael, elle aimerait bien lui dire ou lui montrer. Mais elle a peur de ne pas y arriver, de ne pas être convaincante ou de ne pas faire comme il faut. Mais y a-t-il vraiment une manière de faire ? Ne faudrait-il pas qu’elle se laisse guider par son instinct, par ce que son cœur tente de lui faire comprendre ? Ce n’est pas la première fois qu’elle tombe amoureuse, mais c’est la première fois qu’elle sent que ça pourrait peut-être être quelque chose ; plus beau, plus grand. Et même si elle le connait depuis longtemps, elle sait bien qu’elle ne pourrait jamais lui en vouloir si ce quelque chose tournait mal. Elle n’a pas le cœur pour ça, Abi. Alors elle se laisse porter par l’instant, par les mains d’Henry sur ses hanches, par son visage détendu et attentif. Elle rougit, elle rit, elle laisse son corps se détendre. Mais elle n’a pas le courage d’un gryffondor, elle n’a que la loyauté d’une poufsouffle. Elle voudrait tenter de l’embrasser mais se retient. Et si elle se trompait ? Après tout, que savait-elle des sentiments de son ami ?
Henry lui attrape la main et la fait tournoyer, elle rit et ne se surprend pas lorsqu’elle se retrouve tout contre lui. Elle est surprise par le geste du lion ; à sentir ses lèvres sur les siennes. Un baiser doux et rapide. Abigael le regarde un instant en cherchant à comprendre ce que venait de se passer. Elle est encore tout contre lui, ses bras à elle l’entourant. Son cœur bat à cent à l’heure, et la sensation du baiser ne la quitte pas. Elle sourit, timidement et relève le regard vers lui. C’était à présent à elle d’agir. Abi aimerait lui montrer ce qu’elle ressent, elle aussi. Sa main droite glisse sur son corps jusqu’à sa nuque tandis qu’elle se met sur la pointe des pieds. C’est elle qui l’embrasse ; doucement, timidement et puis s’affirmant en fil des secondes. Il est long, ce baiser, parce qu’elle veut bien se laisser tenter par l’aventure, parce qu’elle sait qu’il est très différent d’elle mais cela lui plaît. Elle veut essayer, qu’importe la finalité. L’aventure valait la peine d’être vécue. Abi se détache lentement, une main trainant sur sa joue tandis que l’autre s’accroche au t-shirt du garçon.
C’est comme si l’instant avait duré une éternité, comme si finalement, ils étaient seuls à ce festival. Ils ne sont plus tant en accord avec la musique ni avec les pas des autres festivaliers. Mais elle s’en fiche, Abi. Elle aimerait bien profiter un peu de lui ce soir avant de laisser éclater cette bulle. Elle avait terriblement chaud mais ne savait pas si c’était à cause des lumières, de la foule dense ou de son baiser qu’elle venait de lui donner. Elle glissa sa main dans celle d’Henry avant de l’entrainer au-dehors de la foule. Elle le voulait pour elle, au moins juste ce soir. Même s’ils ne devaient que se promener sur la plage le long de la mer, l’un contre l’autre. Elle avait envie de tant de choses, Abi, mais surtout de lui.
Et alors qu’elle tente de le sortir de la foule, elle respire enfin sans laisser éclater la bulle de bonheur qu’ils venaient de se créer.
« Je voulais passer un moment rien qu’avec toi… »
Murmura-t-elle, gênée, tandis qu’ils s’éloignent du festival. Elle voudrait entendre son cœur battre, sentir à nouveau ses lèvres contre les siennes et se sentir plongée au cœur d’un univers qu’elle ne connaissait pas assez bien. C’était tout un monde de sensation qu’elle voulait découvrir avec lui et qu’elle était prête à essayer avec lui.
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